Mohamed Mhalla

Mohamed Mhalla

Mohamed Mhalla (محمد محله), né en 1905 à Monastir et décédé le 25 octobre 1951 à Tunis, est un jurisconsulte et homme politique tunisien.

Sommaire

Biographie

Ascendance

Mohamed Mhalla est issu d'une famille de tradition sunnite malékite, descendante du prophète Mahomet, ayant trouvé alternativement refuge en Anatolie, au Liban puis en Andalousie[réf. nécessaire]. Historiquement, la famille obéit à une tradition militaire forte : lors des Croisades, les aînés de la famille étaient des kabir al-mahalla, chefs arabes à la tête d'expéditions militaires. Ils gardent ce titre en guise de nom de famille qui connaît beaucoup d'évolutions au cours des siècles : M'hallah, Mehalla, Mahalla, M'halla, Mhalla. De nos jours, plusieurs orthographes restent admises.

Sous l'Empire ottoman, les Mhalla s'installent finalement en Tunisie, l'une des provinces les plus prospères de l'empire, jouissant d'une grande autonomie vis-à-vis du pouvoir d'Istanbul. Là, ils s'établissent comme de grands propriétaires terriens et de riches commerçants.

Le père de Mohamed Mhalla, Ahmed, est un négociant en matières premières et un notable reconnu, mort en 1926.

Formation

À Tunis, Mohamed Mhalla reçoit une formation en sciences humaines et en droit à la prestigieuse Université Zitouna. Il est également formé aux sciences musulmanes traditionnelles, comme le tafsir et les hadiths. Il se lie d'amitié avec de nombreux promoteurs d'une renaissance arabo-musulmane et y conforte également ses idées indépendantistes, héritées de son père.

Carrière et engagement politique

À la sortie de l'université, en 1927, il occupe plusieurs postes dans l'administration judiciaire tunisienne. Ses idées le rapprochent de Moncef Bey, nationaliste notoire, qui devient alors l'un de ses plus proches amis.

Il est rapidement nommé cadi de Tunis et exerce un pouvoir s'étendant sur un large éventail de compétences, qui vont du domaine administratif au domaine économique, en passant par le droit civil ou militaire. Il est nommé jurisconsulte par la résidence générale de France.

Au début des années 1930, parallèlement à ses fonctions publiques, il milite dans les milieux nationalistes auprès de son ami d'enfance, Habib Bourguiba. En 1934, il rejoint le bureau politique du Néo-Destour aux côtés de ses amis Salah Ben Youssef, Bahi Ladgham, Mahmoud El Materi et Mohamed El Karoui entre autres. Il apporte une grande aide financière au parti. Grâce à ses nombreux appuis politiques, il évite à Bourguiba l'enfermement et le cache dans sa demeure familiale, Dar Lekbira, à plusieurs reprises lorsque ce dernier est pourchassé par les forces françaises.

Dans les années 1940, Mohamed Mhalla joue un rôle important de médiateur dans les coulisses du pouvoir et fait le lien entre le palais beylical, la résidence générale de France et le Néo-Destour.

En 1949, le gouvernement de la IVe République française entreprend des négociations avec le Néo-Destour auxquelles Mhalla participe. En 1950, un gouvernement est formé sous la direction de M'hamed Chenik. Ben Youssef, alors ministre de la Justice, le charge de réformer et de réorganiser l'ensemble du système judiciaire tunisien. Un titre est alors spécialement créé pour cette fonction : celui de « cadi des cadis »[1], la plus haute fonction du pouvoir judiciaire tunisien.

À l'automne 1951, il est pressenti pour devenir ministre de la Justice ; il en reçoit la confirmation au début du mois d'octobre et doit prendre ses fonctions au début de 1952. Mais, le 25 octobre, il meurt brutalement dans des circonstances obscures, à l'âge de 46 ans.

Hommage

Au début des années 1960, l'État tunisien rend hommage au parcours et au combat de Mohamed Mhalla en attribuant son nom à la plus importante avenue de sa ville natale, Monastir. Quelques années plus tard, le président Habib Bourguiba ordonne que la dépouille de son ami défunt soit transférée dans un tombeau en marbre blanc dont il commande la construction dans une annexe du mausolée qu'il se fait construire. Sur la pierre tombale, on peut y lire un poème rendant hommage au « respectueux et vénérable cheikh Mohamed Mhalla ».

Notes et références

  1. Nada Auzary-Schmaltz, La justice française et le droit pendant le protectorat en Tunisie, éd. Maisonneuve et Larose / Institut de recherche sur le Maghreb contemporain, Paris / Tunis, 2007, p. 170

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mohamed Mhalla de Wikipédia en français (auteurs)

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