John Paisley

John Paisley

John Arthur Paisley (né à Sand Springs, Oklahoma (en) le 25 août 1923 – officiellement décédé le 24 septembre 1978) était un agent de la CIA, puis de la NSA, mystérieusement disparu en 1978. Il était notamment chargé du contre-espionnage et de s'occuper des transfuges et des « taupes » venant du bloc de l'Est. Il avait été lié au scandale du Watergate, et les soupçons sur sa disparition ont durement affecté James Jesus Angleton, le chef du contre-espionnage américain.

Sommaire

Biographie

Paisley commença sa carrière en 1945 à l'OSS, l'ancêtre de la CIA, travaillant deux ans dans le port de Mourmansk pour l'OSS[1]. A 25 ans (soit en 1948), il est opérateur-radio pour l'ONU en Palestine[1], lors de la mission dirigée par le comte Bernadotte.

Il rencontre alors James J. Angleton, qui deviendra chef du contre-espionnage.

En 1971, il était directeur du Bureau de la sécurité (en) de la CIA, et était alors l'agent de liaison de la CIA avec l'unité spéciale d'enquête de la Maison Blanche, mieux connue sous le nom des Plombiers, qui fut notamment en charge du cambriolage donnant lieu au Watergate[1]. Il ne fut cependant pas inquiété par le Comité du Sénat sur le Watergate (en). A l'époque, ces contacts ont pu amener à le soupçonner d'être le mystérieux Deep Throat [1] (Joseph Trento spécula notamment là-dessus), dont la véritable identité ne fut découverte qu'en 2005.

Il quitte la CIA en 1974, année du Watergate et alors que le nouveau directeur de la CIA, William Colby, fait le ménage. Paisley devient alors consultant de la CIA, travaillant pour la société de comptabilité Coopers et Lybrand[1], qui a entre autres, pour client, Air America[1]. Quelques jours avant de disparaître, il avait demandé les services d'un consultant de la Nugan Hand Bank (en), impliquée en Australie dans des opérations douteuses de la CIA[1].

Depuis 1976, Paisley était l'agent de liaison de la CIA entre celle-ci et un groupe d'experts privés (l'équipe B) chargés d'évaluer les capacités nucléaires de l'URSS lors des négociations SALT [1]. Alors qu'il était encore à la CIA, il aurait été opposé au mythe du missile gap visant à surestimer les capacités soviétiques[2], mais aurait, après un séjour à l'Imperial Defence College à Londres et son retour en tant qu'analyste privé, tu ses réticences par la suite[2]. Sa disparition aurait été l'une des causes de la non-ratification du traité par le Sénat, puisqu'elle aurait compromis les capacités américaines de vérifier le respect de ces accords[1].

Or, approché par le KGB au début des négociations SALT, il a joué, sur ordre de ses supérieurs, le rôle d'agent double[1], « selon certains experts (...) pendant plus de vingt ans »[1].

Paisley vit d'ailleurs au 1500 Massachusetts Avenue, à Washington D.C., dans un immeuble qui abrite onze officiels de l'ambassade soviétique et huit agents du KGB[1]...

Selon Fabrizio Calvi et Olivier Schmidt (1988), il «  a joué un rôle central dans le développement » de l'avion U-2, des satellites espion KH-11, ou encore de l'avion espion SR-71 Blackbird[1].

Certains affirment qu'après avoir quitté la CIA, il a été en fait délégué de celle-ci à la NSA durant deux ans[1].

Disparition

Le 24 septembre 1978, il partit en mer avec son sloop d'une quinzaine de mètres, nommé Brillig (du nom d'un poème de Lewis Caroll), pour naviguer dans la baie de Chesapeake, au large de Hooper's Island (en), sur la côte est. Il émit un message radio à la marina pour lui demander de laisser les lumières sur le quai allumées au cas où il voudrait rentrer tard.

Le lendemain, les garde-côtes trouvèrent son bateau errant, sans Paisley, mais avec des documents top secret de la CIA et un burst transceiver (sorte d'émetteur-récepteur par satellite, permettant d'avoir accès à l'ordinateur de la CIA à Langley). Alertée, la CIA vint faire le ménage sur le bateau et au domicile de Paisley, empêchant tout aboutissement d'une enquête ultérieure sur les circonstances de sa disparition.

Quelques jours plus tard, on découvrit un corps sur la côte, lestée de deux ceintures de plongée et avec une blessure par balle à la tête. La police du Maryland, la CIA et la FBI l'identifièrent comme celui de John Paisley, et l'enquête conclut à un suicide.

Procès de sa femme et morts suspectes

Sa femme, Marianne Paisley, également agent de la CIA, ne crut cependant jamais à cette version, et, prenant comme avocat Bernard Fensterwald [1], fit un procès au gouvernement des États-Unis afin de découvrir la vérité - en pure perte. Aucune empreinte digitale n'avait pu être prélevée sur le cadavre, la blessure ne concordait pas avec le fait que Paisley ait été droitier, et le FBI aurait « égaré » par la suite plusieurs prélèvements biologiques[1].

Selon Marianne Paisley, sa disparition aurait en effet été liée à l'affaire du transfuge Youri Nosenko (en), que son mari avait été en charge d'interroger lors de son retournement[1]. Nosenko avait apporté des informations sur Lee Harvey Oswald, qui d'ailleurs ne cadraient pas du tout avec la conception de James Jesus Angleton qui pensait Oswald piloté par Moscou[1], ce pourquoi Angleton fut très suspicieux à l'égard de Nosenko[1]. Paisley avait aussi participé aux interrogatoires d'Anatoli Golitsine (en) [1],[2] et de Oleg Penkovsky (tué en 1963)[2].

Le domicile de Mariane Paisley fut « visité » à plusieurs reprises en 1980; en avril 1980, on découvre le cadavre d'un ami de Paisley et agent de la CIA, Ralph Madden, poignardé, et qui avait travaillé avec lui dans le renseignement électronique[1]. En juin 1980, Irène Yaskovitch, collaboratrice de Paisley qui lui servait d'interprète russe, est assassinée par balles[1].

Hypothèses sans réponses

Les fonctions importantes que Paisley a eu, notamment dans la chasse aux taupes de la CIA, a donné lieu à toutes sortes d'hypothèses: a-t-il joué triple jeu? a-t-il été enlevé par la CIA, ou le KGB, soit pour le protéger, soit pour l'éliminer[1].? Aurait-il été la taupe du KGB au sein de la CIA[1]? Ou aurait-il au contraire découverte celle-ci [2]? Toutes ces questions ont jeté la suspicion sur le travail mené des années durant par James Angleton, qui nia toujours l'avoir rencontré[1].

William R. Corson, Susan B. Trento et Joseph Trento ont notamment argué, en 1989, en faveur de la thèse selon laquelle John Paisley aurait été un espion soviétique (Widows: The Explosive Truth Behind 25 Years of Western Intelligence Disasters, 1989) [2], et qu'il se serait dissimulé en URSS après 1978[2].

L'ex-haut responsable de la CIA Victor Marchetti (en), quant à lui, prétendit que Paisley avait été assassiné parce qu'il en savait trop sur l'assassinat de John F. Kennedy, afin de l'empêcher de témoigner devant le House Select Committee on Assassinations[2].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w et x Fabrizio Calvi et Olivier Schmidt, Intelligences secrètes. Annales de l'espionnage, Hachette, 1988, chap. VI, p. 105-121
  2. a, b, c, d, e, f, g et h Biography: John Paisley, Spartacus Educational, [lire en ligne]

Sources

  • Hougan, Jim (1984), Secret Agenda, Random House, 1984
  • Biography: John Paisley, Spartacus Educational, [lire en ligne]

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article John Paisley de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • John Paisley — John Arthur Paisley (died September 24 1978) was an employee of the Central Intelligence Agency and has been linked in later years to both the John F. Kennedy assassination and the Watergate scandal.In 1971 while he was Direcor of the CIA s… …   Wikipedia

  • John Rabe — (23 novembre 1882 5 janvier 1950) est un homme d affaires allemand qui s efforça de protéger les habitants de Nankin lors du massacre de 1937 perpétré par les Japonais. La zone de sécurité qu il parvient à mettre en place permettra de… …   Wikipédia en Français

  • Paisley (Ecosse) — Paisley (Écosse) Pour les articles homonymes, voir Paisley. Paisley …   Wikipédia en Français

  • Paisley —    PAISLEY, a burgh, market town, and ancient parish, in the Upper ward of the county of Renfrew, of which it is the principal place, and the seat of a wide manufacturing district, 7½ miles (W. by S.) from Glasgow, and 50 (W. by S.) from… …   A Topographical dictionary of Scotland

  • Paisley Abbey — is a former Cluniac monastery, and current Church of Scotland parish kirk, located on the east bank of the White Cart Water in the centre of the town of Paisley, Renfrewshire, in west central Scotland.HistoryIt is believed that Saint Mirin (also… …   Wikipedia

  • Paisley Grammar School — Paisley Grammar School, situated on Glasgow Road, Paisley, Renfrewshire, Scotland, and dating from 1576, is a Scottish non denominational state school.Also known as the William B. Barbour academy due to a bequest by the former member of… …   Wikipedia

  • Paisley (design) — Paisley wallpaper Paisley or Paisley pattern is a droplet shaped vegetable motif of Indian, Pakistani and Persian origin. The pattern is sometimes called Persian pickles by American traditionalists, especially quiltmakers,[1] or Welsh pears in… …   Wikipedia

  • John Fullarton — (c.1645 1727), of Greenhall, Argyll, was a Scottish clergyman and nonjurant Episcopal Bishop of Edinburgh between 1720 and 1727.OriginsFullarton was the son of James McCloy, alias Fullarton, of Ballochindryan and Jean Stewart, the daughter of… …   Wikipedia

  • Paisley Terrier — A Paisley in 1903 Other names Clydesdale Terrier Nicknames Silky Country of origin Scotland Traits …   Wikipedia

  • Paisley Magnet School — John W. Paisley Magnet School is a Middle school/High school in Winston Salem, North Carolina. It is home to the International Baccalaureate Middle Years program for students in grades six through ten. Paisley is a part of the Winston… …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”