Jean Soler

Jean Soler
Jean Soler.

Né en Roussillon, Jean Soler, après une carrière de diplomate culturel qui l’a conduit pendant huit ans en Israël, s’est consacré à la rédaction d’ouvrages qui bouleversent notre connaissance de la Bible, déchiffrent les origines de la croyance en un Dieu unique et expliquent pourquoi le monothéisme incline à la violence.

Parcours

Jean Soler est né en 1933 à Arles-sur-Tech, dans les Pyrénées-Orientales. Après des études secondaires au Lycée François-Arago de Perpignan et une khâgne à Montpellier, il est étudiant à la Sorbonne jusqu’à l’agrégation de lettres classiques (1959), tout en étant surveillant puis bibliothécaire au lycée Chaptal de Paris.

Sa carrière professionnelle débute à l’Education nationale. Il enseigne le français, le latin et le grec au lycée de Blida, en Algérie, après un passage dans l’armée (1959-1961) ; et au Lycée international de Fontainebleau (1961-1964).

Il entre au ministère des Affaires étrangères et est nommé directeur du Centre de civilisation française à l’université de Varsovie (1965-1968). Il devient ensuite conseiller culturel et scientifique à l’ambassade de France en Israël (1968-1973), et il occupera les mêmes fonctions à Téhéran (1973-1977) et à Bruxelles (1977-1981).

Le ministère de la Culture fait appel à lui et le nomme directeur régional des Affaires culturelles pour la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (1981-1985). Puis Jean Soler exerce la fonction interministérielle de secrétaire général du Conseil national des langues et des cultures régionales, organisme présidé par le Premier ministre (1985-1987).

De retour au ministère des Affaires étrangères, il est nommé en Israël, vingt ans après, dans le même poste de conseiller culturel auprès de l’ambassade de France (1989-1993).

En 1993, Jean Soler quitte la fonction publique et revient au pays catalan pour se consacrer à la rédaction de livres sur lesquels il travaille depuis des années.

En 2009, son nom est donné à la bibliothèque-médiathèque de son village natal, Arles-Sur-Tech.

Œuvres

« Sémiotique de la nourriture dans la Bible », Annales, 1973.[1] Cette interprétation originale des interdits alimentaires bibliques, qui fournit une voie d’accès à l’univers mental des Hébreux, a été cautionnée par l’université de Jérusalem et approuvée par Claude Lévi-Strauss. Elle a été traduite aux États-Unis et publiée trois fois :

  • dans un ouvrage collectif de l’université Johns Hopkins : « Food and Drink in History », 1979[2]
  • dans un numéro de la New York Review of Books, 1979[3]
  • dans une anthologie d’études considérées comme classiques sur les rapports de la nourriture et de la culture : « Food and Culture » (Routledge, New York et Londres, 1997)[4].


La notoriété acquise par Jean Soler dans les milieux spécialisés à la suite de cette recherche lui a valu de collaborer à deux ouvrages collectifs :

  • « Histoire universelle des Juifs » [5](Hachette,1992) sous la direction d’Elie Barnavi, directeur du département d’histoire à l’université de Tel-Aviv ;
  • « Histoire de l’Alimentation »[6] (Fayard,1996) sous la direction de Flandrin et Montanari.

Jean Soler a publié ensuite aux éditions de Fallois, sous le titre général « Aux origines du Dieu unique »[7], un essai en trois volumes :

  • « L’Invention du monothéisme », en 2002. Ce livre propose une explication tout à fait nouvelle, d’ordre historique et anthropologique, sans a priori religieux, des origines et des raisons d’être de la croyance en un Dieu unique. L’anthropologue Edgar Morin a salué « un livre important et salubre, éclairant et nécessaire. » Pour l’écrivain Claude Simon, c’est « un véritable monument, non d’érudition mais de culture, dans son sens le plus élevé. Un livre puissant. »
  • « La Loi de Moïse », en 2003. A l’encontre de l’idée reçue qui voudrait que la Bible soit au fondement d’une morale universelle, Jean Soler démontre que les lois attribuées à Moïse, à commencer par les Dix Commandements, ne s’adressent qu’aux Juifs et visent à assurer la cohésion de leur peuple.
  • « Vie et mort dans la Bible», en 2004. Ce troisième volume met en évidence l’usage symbolique de la nourriture dans l’alimentation, les jeûnes et les sacrifices des Hébreux.

La trilogie « Aux origines du Dieu unique » a été reprise dans la collection de poche « Pluriel » chez Hachette (2004, 2005, 2006).

En janvier 2009 paraît « La violence monothéiste »[8], aux éditions de Fallois. Comparant les civilisations des dieux multiples – celles de la Chine et principalement de la Grèce - avec les civilisations du Dieu unique, Jean Soler explique pourquoi le monothéisme peut conduire à l’intolérance et à l’extrémisme. Qu’ils soient réels ou imaginaires, les meurtres et les massacres collectifs ordonnés par le dieu de la Bible obéissent à la même logique totalitaire : un seul Dieu, un seul Chef et une doctrine unique au service d’un seul peuple. Cette idéologie, qui porte à l’élimination radicale des adversaires, à l’extérieur, et des déviants, à l’intérieur, pour peu que les circonstances le permettent, s’est transférée, sous des formes variées, religieuses ou non, dans les peuples devenus chrétiens ou musulmans.

Servi par un style limpide qui, bannissant tout jargon, rend son œuvre très accessible, Jean Soler revendique, en conclusion de "La violence monothéiste", un "scepticisme constructif" qui engage à la tolérance et s'accorde avec les valeurs de la laïcité. En cela, il apporte un éclairage indispensable aux grandes questions du moment.

REFERENCES

  1. J. Soler, 'Semiotique de la nourriture dans la Bible' in Annales: economies, societes, civilisations vol. 28 (1973) pp. 943-55,
  2. Soler, Jean. "The Semiotics of Food in the Bible." In Food and Drink in History, edited by Robert Forster and Orest Ranum. Baltimore: Johns Hopkins University Press, 1979.
  3. Jean Soler, translated by Elborg Forster The Dietary Prohibitions of the Hebrews, New York Review of Books, June 14, 1979
  4. Jean Soler, "The Semiotics of Food in the Bible." From Food and Culture: A Reader. Ed. Carole Counihan and Penny Van Esterik. New York: Routledge, 1997. 55-66.
  5. Histoire Universelle des juifs, dirigée par Elie Barnavi, Hachette, 1993
  6. Soler,Jean, Les raisons de Ia Bible: règles alimentaires hébraiques. Histoire de l'alimentation, sous la direction de Jean-Louis Flandrin et Massimo Montanari. Paris: Fayard, c1996. JFF 98-87.
  7. Jean Soler Aux origines du dieu unique. En trois tomes :1) L'invention du monothéisme (2002), 2) la loi de Moise (2003),3) Vie et mort dans la bible (2004). Editions de Fallois.
  8. Jean Soler La violence monothéiste. Fallois, 2008.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean Soler de Wikipédia en français (auteurs)

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