François II Franque

François II Franque
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François II Franque
Présentation
Naissance 7 février 1710
Avignon (Vaucluse)
Décès 28 octobre 1793 (à 83 ans)
Paris
Nationalité Royaume de France Royaume de France
Mouvement(s) architecture classique
Activité(s) architecte du roi, contrôleur général de l'hôtel royal des Invalides
Ses élèves Joseph Bénard
Œuvre
Réalisations Logis abbatial de Villers-Cotterêts
Château de Magnanville (1750-1753)
Château de Bry (1764-1766)
Distinctions Académie royale d'architecture (1767)
Entourage familial
Père Jean-Baptiste Franque
Famille Jean-Pierre Franque (frère)
Esprit-Joseph Brun (beau-frère)

François II Franque est un architecte français né à Avignon (actuel département du Vaucluse) le 7 février 1710[1] et mort à Paris le 28 octobre 1793[2]. Issu d'une dynastie d'architectes provençaux, il s'établit à Paris après 1748. Il eut une importante clientèle et construisit dans toute la France.

Sommaire

Biographie

François II Franque, fils de l'architecte Jean-Baptiste Franque (1683-1758), était issu d'une famille de constructeurs avignonnais réputés pour leur talent d'appareilleurs, dont des voûtes célèbres peuvent être admirées à Beaucaire, Villeneuve-lès-Avignon et Valbonne.

Il fut admis comme élève à l'Académie de France à Rome en 1733, où il fut le camarade de Jacques-Germain Soufflot et s'associa à son relevé de la basilique Saint-Pierre. Son ami le peintre Claude Joseph Vernet, comme lui originaire d'Avignon, le rejoignit à Rome. « Fort de sa position familiale, il savait que des travaux importants l'attendaient à son retour en Provence et il envisageait l'avenir avec optimisme. [...] Son insouciance étonnait le directeur de l'Académie[3] qui écrivait au directeur des Bâtiments : “C'est un architecte de province qui dessine passablement, avec un génie très modéré. Je ne pense pas qu'il puisse faire carrière à Paris.” »[4]

Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, l'œuvre de François II est souvent difficile à distinguer de celle de son père. Les relations épiscopales et monastiques familiales lui procurèrent des chantiers dans toute la France. Candidat à la première classe de l'Académie en 1767, il dressa à l'intention du marquis de Marigny une liste de 95 projets dont 80 réalisations dans laquelle il récupéra l'œuvre familiale depuis la date de son retour de Rome[5].

Dans le sud de la France, son intervention est signalée à Avignon, Alès, Beaucaire, Viviers-sur-Rhône, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, Carcassonne, souvent aux côtés de son père ou à la suite de celui-ci. En Bourgogne, « son influence a balancé un moment celle des Caristie » à Autun[6] et il a travaillé à l'abbaye de Vauluisant près de Sens et au château de Sully en Saône-et-Loire. Son intervention est mentionnée à Bourges, à l'abbaye de Corbie dans la Somme, chez les Bénédictins de Saint-Jean-d'Angély en Charente-Maritime, chez les Prémontrés de Villers-Cotterêts, à l'abbaye de Saint-Denis où il a continué l'œuvre de Robert de Cotte.

Autour de Paris, il a reconstruit le château de Bry (1764-1766) pour le contrôleur général des finances Étienne de Silhouette ; cette construction peut donner une idée de son chef-d'œuvre, démoli au début du XIXe siècle, le château de Magnanville construit de 1750 à 1753 pour le garde du Trésor royal Charles Savalette.

Franque était passé maître dans l'art de tirer parti d'un terrain aux contours irréguliers en distribuant des suites où les espaces s'articulent de manière pittoresque et imprévue grâce au bon usage de la technique des rotules, perfectionnée pendant plusieurs siècles par l'école française, reposant sur l'utilisation de pièces circulaires.

Après la paix de 1748, Franque s'établit comme architecte à Paris où il bénéficia de l'appui de son confrère Jean-Sylvain Cartaud. Il fut admis dans la seconde classe de l'Académie royale d'architecture en 1758 et devint contrôleur général de l'hôtel royal des Invalides. En 1767, il postula pour la première classe de l'Académie. Dans le Midi, son beau-frère, l'architecte Esprit-Joseph Brun (1710-1802), prit sa relève[7].

Franque avait 80 ans lorsque la Révolution éclata et il était l'un des doyens de l'Académie royale, « qui achevait de se réunir, alors qu'elle se savait condamnée et attendait sa dissolution. Pour tromper l'inquiétude générale, Franque apportait à chaque séance un portefeuille et commentait à ses confrères les projets de son œuvre immense. »[7]

Réalisations et principaux projets

Architecture religieuse et monastique

  • Église Notre-Dame des Pommiers, Beaucaire (Gard) : François II Franque s'est attribué la construction de cette église, « dont la façade est une des plus réussies de l'art classique »[4], mais qui est plus souvent donnée à son père Jean-Baptiste Franque.
Palais épiscopal de Viviers (Ardèche).
  • Palais épiscopal (actuelle mairie), Viviers-sur-Rhône (Ardèche) : La construction fut menée de 1732 à 1737 par Jean-Baptiste Franque pour Mgr François-Renaud de Villeneuve, évêque de Viviers[8]. L'intervention de François II est mentionnée par Michel Gallet[9], peut-être sur d'autres bâtiments. Construit entre cour et jardin, il comporte une grande cour d'honneur de plan ovale. À l'intérieur, un salon à l'italienne, ouvert sur deux étages, est décoré de peintures murales en camaïeu de gris-vert. À la suite d'un échange avec l'évêché, l'édifice sert d'hôtel de ville depuis 1986.
  • Église abbatiale, Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime) : Engagé en 1741 par les Bénédictins, le grandiose projet de reconstruction de l'abbatiale ne fut jamais achevé. « Le squelette de son portail et ses tours qui dominent la ville en font une des ruines modernes de la France. »[10]
  • Chapelle du collège de l'Arc, Dole (Jura), 1742 : transformation de la chapelle et construction du retable associant marbres de Sampans et Damparis et, peut-être, Audelange[11].
  • Grand séminaire, Bourges (Cher), 1743 : transformation d'un bâtiment construit sur des plans de Pierre Bullet en 1682[12].
  • Séminaire Saint-Charles (actuel service d'archéologie du département du Vaucluse), no 4 rue Saint-Charles, Avignon (Vaucluse), 1749-1757 : Franque y collabora d'abord avec son père, puis il construisit la chapelle, le cloître et la façade sur la rue[13].
  • Hôtellerie de l'abbaye dominicaine (actuelle mairie), Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) : Commencé en 1750 par Jean-Baptiste Franque[14]. « Sa cage d'escalier dramatique, le caractère de ses menuiseries et de ses ferronneries en font un chef-d'œuvre du rococo provençal ; c'est l'un des plus beaux édifices du midi de la France, qui en compte beaucoup, même si les chapiteaux doriques des façades sont restés à l'état d'épannelage. »[6]
  • Palais épiscopal (actuelle préfecture), Carcassonne (Aude), 1760 : Construit pour Mgr de Bezons, évêque de Carcassonne, il se compose de trois corps de logis de style Louis XV encadrant une cour fermée. À l'est, la façade est agrémentée d'une terrasse d'où la vue sur le parc se prolongeait jusqu'au fossé et au mur d'enceinte de l'ancienne bastide aujourd'hui détruit[15].
Logis abbatial de Villers-Cotterêts.
  • Logis abbatial (actuelle mairie), Villers-Cotterêts (Aisne), 1763[16] : Construit pour l'abbé prémontré Pierre Richard, élu en 1758, remarquable par l'ingéniosité avec laquelle l'architecte a tiré parti d'un terrain exigu, aux contours irréguliers, en intégrant des constructions existantes dans un nouvel ensemble. Ce bâtiment est reproduit dans le Cours de Blondel qui y voit « un exemple de ce que peuvent le génie et l'expérience »[17]. La construction coûta 60 000 livres. L'hôtel est bien préservé. Franque a créé une façade cintrée en fond de cour et évasé les ailes en retour. La façade principale est doté d'un avant-corps orné de refends et sommé d'un fronton triangulaire. Un perron de cinq marches donne accès à un vestibule voûté précédant l'escalier qui a conservé une remarquable rampe en fer forgé desservant l’étage où se trouvent trois appartements. À gauche, on trouvait la salle à manger, et à droite, un salon de compagnie de 8,45 x 8,10 m, à pans coupés, qui a conservé de beaux dessus-de-porte peints encadrés de moulures dorées de style rocaille, notamment une scène de naufrage. Cette salle commandait sur la gauche un petit appartement pour un hôte de qualité, et à droite un appartement complet destiné à l'abbé. Ce dernier disposait notamment d'une vaste bibliothèque de 11,90 x 3,80 m. Les deux ailes plantées de biais qui encadrent la cour d'honneur ne comportent qu'un rez-de-chaussée. Toutes les fenêtres sont en arc segmentaire[18].
  • Abbaye de Vauluisant, Courgenay (Yonne) : Construction de l'escalier[6].
  • Abbaye de Corbie, Corbie (Somme)[19].
  • Abbaye de Saint-Denis, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : Franque y fut le continuateur de Robert de Cotte[6] et il construisit sous le règne de Louis XVI les bâtiments de la cour d'honneur[20].
  • Prieuré Saint-Pierre et Saint-Paul, Abbeville (Somme) : Les bâtiments réguliers médiévaux, en grande partie ruinés, furent totalement détruits en 1770 et remplacés par un ensemble (hôtel prioral et église) élevé selon les plans de François II Franque de 1773 à 1777. Le corps de logis est en brique et pierre. L'église est très dépouillée extérieurement, mais richement décorée à l'intérieur avec une voûte à caissons construite de 1774 à 1777[21].
  • Palais abbatial (actuel hôtel de ville), Lézat-sur-Lèze (Ariège), 1774 : Les bâtiments monacaux bénédictins furent reconstruits et le palais abbatial fut édifié par Franque[22].

Architecture civile

Hôtel Desmarets de Montdevergues, Avignon.
Façade nord et gradins du château de Sully.

Projets non réalisés

  • Hôtel de Villefranche, Avignon (Vaucluse) : Projeté pour un beau-frère du marquis de Sade et gravé parmi les planches de l’Encyclopédie, assorti d'un commentaire élogieux de Blondel. Ce bâtiment est remarquable par l'ingéniosité avec laquelle l'architecte a tiré parti d'un terrain aux contours irréguliers : la ville d'Avignon racheta le vieil hôtel et fit construire à la place ses nouvelles boucheries et poissonneries, dont le dessin était dû à Jean-Baptiste Franque.
Abbaye de Penthemont. Projet de Franque. Elévation sur la rue de Grenelle.

Galerie d'images

Iconographie

Références

  1. François II Franque en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae. 1709 selon Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle, p. 209
  2. François II Franque en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae. 1794 selon Michel Gallet, Op. cit., p. 209
  3. le peintre Nicolas Vleughels (1668-1737)
  4. a et b Michel Gallet, Op. cit., p. 209
  5. Arch. nat., O1 1073 179
  6. a, b, c, d et e Michel Gallet, Op. cit., p. 210
  7. a, b, c, d, e, f, g et h Michel Gallet, Op. cit., p. 211
  8. Hôtel de ville (Viviers) en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae.
  9. Op. cit., p. 210
  10. Michel Gallet, Op. cit., p. 210 ; V. Les Tours sur www.valsdesaintonge.fr. Consulté le 13 février 2010
  11. Laurent Poupard, « Marbres et marbreries du Jura » sur www.futura-sciences.co, 26 janvier 2004. Consulté le 13 février 2010 ; Jean-Pierre Jacquemart, Architectures comtoises de la Renaissance : 1525-1636, Presses universitaires de France-Comté, 2007, 318 p. (ISBN 978-2-84867-163-5) [lire en ligne], p. 227 
  12. Michel Gallet, Op. cit., p. 210 ; Notice no PA00096947, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  13. Le service d'archéologie du Conseil général sur www.vaucluse.fr. Consulté le 13 février 2010 ; Chapelle Saint-Charles-de-la-Croix en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae.
  14. Sources : Un peu d'histoire sur www.st-maximin.fr, Ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. Consulté le 13 février 2010 ; Hôtel de ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae.
  15. La Préfecture de l'Aude sur www.aude.pref.gouv.fr, Préfecture de l'Aude. Consulté le 13 février 2010
  16. 1765 selon Blondel
  17. Blondel, Cours d'architecture, tome IV, pp. 357-360 et 367-382
  18. Philippe Bonnet, Les constructions de l'ordre de Prémontré en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Genève, Droz, 1983 [lire en ligne], p. 218  ; A la découverte de Villers-Cotterêts sur www.mairie-villerscotterets.fr, Ville de Villers-Cotterêts. Consulté le 13 février 2010 ; Notice no PA00125660, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  19. « aujourd'hui hôtel de ville » (Michel Gallet, Op. cit., p. 210)
  20. La Maison d'éducation de la Légion d’Honneur sur www.ville-saint-denis.fr. Consulté le 13 février 2010
  21. Notice no PA80000005, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  22. Notice no PA00093805, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  23. Passage couvert à Autun sur www.petit-patrimoine.com. Consulté le 13 février 2010
  24. François Chassenet (beau-frère de François II), Le Fléau Aquatique, Avignon 1756. De la place de l’Horloge à la maison Jean Vilar sur www.avignon.fr. Consulté le 13 février 2010 ; Hôtel Desmarets de Montdevergues en français, allemand et anglais sur le site Web Structurae.
  25. Ric Berger et Jean-Gabriel Linder, La Côte vaudoise, Morges (Suisse), Editions Cabédita, 1989, 172 p. (ISBN 2-88295-010-1) [lire en ligne], p. 56  ; ou 1760 : Blonay sur www.swiss-riviera.com. Consulté le 13 février 2010
  26. Ric Berger et Jean-Gabriel Linder, La Côte vaudoise, Morges (Suisse), Editions Cabédita, 1989, 172 p. (ISBN 2-88295-010-1) [lire en ligne], p. 55-57 
  27. Michel Gallet, Op. cit., p. 210. V. Le château de Rennaz sur www.swisscastles.ch. Consulté le 13 février 2010. La date de 1764 est donnée par : Rennaz - Historique sur www.rennaz.ch. Consulté le 13 février 2010 ; celle de 1765 est donnée par : Liliane Desponds, « Rennaz », Dictionnaire historique de la Suisse sur www.hls-dhs-dss.ch, 26 novembre 2009. Consulté le 13 février 2010
  28. Michel Gallet, Op. cit., p. 210. V. Château de Bry sur fr.topic-topos.com. Consulté le 13 février 2010 ; Notice no IA00049916, sur la base Mérimée, ministère de la Culture ; M.-A. Férault, « Une œuvre inconnue de François II Franque, le château de Bry-sur-Marne », dans Congrès archéologique de France, vol. 149, no 3, 1991, p. 299-330 
  29. Op. cit., p. 210. V. Paul-Jean Roux, La Cathédrale Saint-Jean d'Alès, Avignon, Aubanel aîné, 1953, 223 p. 
  30. François Pugnière, « Une reconstruction lente et difficile, la cathédrale d'Alès aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Congrès archéologique de France, vol. 157, 1999, p. 88-99 . Curieusement, l'intervention de Franque pourtant bien documentée, est restée ignorée de l'auteur.
  31. Bernard Sournia, Ghislaine Fabre et Marie-Sylvie Grandjouan, Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, Montpellier, Inventaire général des monuments et richesses de la France, 1980, 81 p. 
  32. Procés-verbaux de l'Académie Royale d'Architecture, publiés par H. Lemonnier, T. VII, p. 204 à 233. - 6 et 23 décembre 1765 : « Notre façon de penser et celle que nous estimons que la Compagnie doit suivre dans ses décisions ne nous permettent pas de lui dissimuler le doute où nous sommes qu'un membre de l'Académie, qui de plus a été nommé l'un des commissaires pour l'examen des anciens projets, ait dû se charger d'en faire un nouveau. Nous pensons que ce procédé pourroit altérer la confiance que l'Académie s'est si dignement acquise par ses avis désintéressés de la part de ses membres sur les consultations de cette nature qui lui ont été faites. »
  33. Jean-Jacques Gloton, Renaissance et baroque à Aix-en-Provence : recherches sur la culture architecturale dans le Midi de la France, de la fin du XVe au début du XVIIIe siècle, Rome, École française de Rome, 1979, XXIX-473 p. 

Voir aussi

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Sources

  • Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, 1995, 494 p. (ISBN 2-85620-370-1) 

Liens externes

Bibliographie

  • H. Chobaut, « Études biographiques sur les Franque et les Brun, architectes », dans Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 1932 (ISSN 11497130) 



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