Filosorma

Le Filosorma (Falasorma en langue corse) est une entité territoriale au sud de la Balagne, l'ancienne pieve de Chiomi devenue pieve de Filosorma, située sur la façade occidentale de l'île de Corse, dans le département de Haute-Corse.

Paglia Orba et Capu Tafunatu

Géographie

Le Filosorma c'est la vallée du Fango, petit fleuve côtier qui prend sa source sur le versant occidental du Capo Tafonato, a un cours long de 24 km^[1] et un bassin versant de 235 km²^[2].

Situation

Le Filosorma occupe le nord-ouest du Parc naturel régional de Corse, avec à l'ouest, une façade maritime ouverte sur le golfe de Galéria. Il occupe la plus grande partie des communes de Galéria et de Manso plus une partie méridionale de Calenzana.

Delta du Fango

Il est constitué par le bassin versant du Fango d'une superficie de 235 km². Il est composé :

• à l'ouest, du delta du Fango : 204 ha dont 116 appartiennent au Conservatoire du littoral et qui sont le site naturel protégé de Riciniccia,
• au nord, du Marsulinu, la vallée du ruisseau éponyme affluent du Fango,
• au centre, de la basse vallée du Fango et de la forêt indivise de Calenzana-Moncale (1 436 ha),
• au sud, de la forêt territoriale du Fango (4 352 ha), avec la forêt de Piriu qui borde l'antique chemin de transhumance « Da a piaghja à a muntagna »
• au nord-est, de la forêt indivise de Filasorma (6 390 ha), et
• à l'est, de la haute vallée du Fango.

Ce territoire va de l'altitude zéro (niveau de la mer) jusqu'aux 2 556 m de Punta Minuta. Il se situe dans la partie granitique de l'île. Il est partagé entre les communes de Galéria, Manso et Calenzana pour le Marsulinu. Les communes de Galéria et de Manso couvrent une vaste superficie de 256,18 km².

Accès

Ponte Vecchju sur le Fango

La vallée du Fango est traversée du nord au sud par la route D81. Une autre route, la D351, permet de remonter la vallée jusqu'au hameau de Montestremu où elle se termine en cul-de-sac. La jonction des D81 et D351 s'opère au lieu-dit "le Fango" sur le territoire de Galéria.

La route en bonne partie ombragée, longe le Fango aux eaux transparentes avec ses piscines naturelles creusées dans des roches polychromes (granit et porphyre rouges). Malgré les beautés naturelles et architecturales qu'elle renferme, la vallée se situe pour l'heure hors des circuits touristiques traditionnels.

Histoire

Le Filosorma est un territoire chargé de l'histoire de ces bergers du Niolu qui ont façonné et peuplé au long des siècles le Falasorma au rythme de la transhumance. En effet, les bergers niolins ont de tous temps franchi les hautes murailles formées par une chaîne de montagnes parmi les plus hautes de Corse, en empruntant des cols parmi les plus hauts comme le col de Serra Pianella (2 211 m) et le col des Maures (2 155 m) autour de la Paglia Orba (2 525 m), Bocca di Capronale (1 329 m), ou encore Bocca di Stagnu et Bocca Culaghia (2 034 m) reliant la vallée d'Asco au Filosorma.

Au Moyen Âge le Filosorma et le Marsulinu n'étaient habités que par les bergers niolins transhumants en hiver. Au XVI^e siècle siècle existait la pieve de Chiomi qui, hormis le village de Luzipeo^[3] (Calenzana) aujourd'hui rayé des cartes, était inhabitée vers 1520. Un pont génois datant du XVI^e siècle permettaient aux bergers de franchir avec leur troupeau le Fango au lieu-dit Ponte Vecchju, et de gagner des lieux habités comme Prezzuna, Cherchisani ou Pieve dans le Marsulinu, Chiumi ou encore des bergeries. La pieve de Chiomi prendra plus tard le nom de pieve de Filisorma. Celle-ci fusionnera au XVIII^e siècle après la cession de la Corse à la France, avec la pieve d'Olmia dont Calinzana constituait la principale agglomération^[3].

Filasorma-Marsulinu

Avec la création du Syndicat mixte du Parc naturel régional de Corse en 1970, suivi du projet solidaire validé par le décret du 9 juin 1999 qui classe le territoire en Parc naturel régional et en adopte la charte, le Filosorma est devenu un secteur opérationnel. Ce « territoire de vie » a été nommé Filasorma-Marsolinu‎. Y ont adhéré les communes de Galéria, Manso et Calenzana pour parties de son territoire, savoir le Cirque de Bonifatu et la vallée du Marsulinu.

La Réserve de Biosphère du Fango

Vallée du Fango en amont du pont de Manso

L'ensemble de la vallée, soit les 23,500 ha du Filosorma, constitue la réserve de biosphère de la vallée du Fango désignée par l'UNESCO le 1er mars 1977. Le cœur en est la forêt de Piriu, peuplée d'eucalyptus, de pins maritimes et larici ainsi que de remarquables chênes verts multiséculaires qui, dit-on, seraient les plus vieux du monde. La yeuseraie de Piriu (77,9 ha) n'est pas exploitée depuis 1850. Le fleuve est peu touché par les activités humaines qui résident en l'élevage et le tourisme. Toutefois, la fréquentation touristique s'est fortement développée ces dernières années le long du fleuve, en raison des baignades, créant de nombreuses nuisances au cours d'eau et à ses rives. Le périmètre du bassin versant du Fango est aussi désigné site Natura 2000.

Le Fango a des eaux très claires s'expliquant par leur très faible minéralisation. Les trois quarts des éléments dissous contenus dans les eaux du Fango sont issus de l'atmosphère, ce qui le rend sensible à la qualité de l'air et des pluies, à la pollution atmosphérique et à celle engendrée par les activités humaines proches.

Faune

Dans la haute vallée du Fango, les rochers abrupts sont le domaine des mouflons corses ; dans le ciel on peut voir L'aigle royal et le gypaète barbu.
On trouve dans le Fango :

• la truite endémique corse (salmo trutta de type macrostigma), une sous-espèce de la truite commune ;
• la blennie fluviatile (salaria fluviatilis), un poisson de petite taille (8 à 15 cm) présentant un corps mince et comprimé latéralement ;
• l'anguille (anguilla anguilla) abondante toute l'année ;
• la truite atlantique introduite par les pêcheurs et qui s'hybride avec la truite endémique corse.

Dans le delta du Fango, on trouve :

• la tortue cistude
• la delphinelle tachetée^[2].

Par ailleurs, la cordulie à taches jaunes (Oxygastra curtisii ?), une libellule commune dans le sud-ouest de la France, le nord de l'Italie, en Europe centrale et de l'Est, a été récemment découverte dans la vallée du Fango.

Voir aussi

• Balagne
• Galéria
• Manso
• Calenzana
• Riciniccia
• Liste des pievi de Corse
• Liste des territoires de vie du Parc naturel régional de Corse

Notes et références

1. ↑ Panneau Le Fango un fleuve côtier, au régime torrentiel - P SIMEONI technicien PNRC
2. ↑ ^{a et b} Panneau d'information du Parc naturel régional de Corse
3. ↑ ^{a et b} ADECEC - CORSE : Eléments pour un dictionnaire des noms propres