- Chö-yon
-
La relation de Chö-yon (tibétain: མཆོད་ཡོན ; Wylie: mchod-yon, contraction de མཆོད་གནས - ཡོན་བདག, mchod gnas - yon bdag, équivalent au sanscrit bhikshu-dānapati, Lama officiant - Précepteur donataire) était une entente politico-religieuse entre un maître spirituel et un bienfaiteur laïc, dite prêtre-patron, mise en place par les lamas du bouddhisme tibétain et qui était courante dans la politique en asie centrale[1].
Histoire
Certains lamas, en particulier de branches Kagyupa, s'étaient engagés avec les souverains du Royaume tangoute dans une relation prêtre-patron qui préfigure celle que les Mongols établiront avec les Sakyapas[2].
Après l’invasion du Tibet par les armées mongoles au XIIIe siècle, les Tibétains répondent en mettant en place d’un traité politique sans équivalent dans le monde. Le traité de chö-yon définit une répartition des rôles sans prévalence d’une autorité sur l’autre. Les Khan mongoles s’engageaient à respecter et à protéger la religion des Tibétains et à recevoir les enseignements bouddhistes et à les intégrer dans le domaine politique. En retour, le pouvoir tibétain confiait à ces monarques la sécurité de son territoire et prenait en compte leurs conseils pour la représentation extérieure[3]. Pour autant, le Tibet n’est pas mentionné comme partie du domaine impérial dans les "annales des Yuan" de l’époque[4].
Cette relation se poursuivit de manière bien moins forte avec certains empereurs de la dynastie Ming, qui ne considéraient par ailleurs pas le Tibet comme appartenant à leur territoire[5].
Cette relation de maître spirituel à bienfaiteur laïc perdura jusqu’à la fin de la dynastie mandchoue des Qing en 1911[6]. Elle était cependant comprise différemment par les Tibétains et par les Mandchous. Pour les Tibétains, elle était uniquement religieuse, alors que les Mandchous l'utilisaient pour se concilier les Tibétains et les Mongols. De nos jours, selon Katia Buffetrille, cette relation est présentée comme une relation de subordination par les Chinois et ils l’utilisent pour revendiquer une légitimité sur le Tibet[5]
Voir aussi
Notes et références
- Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-lama ? Biographie et témoignages, Éditions Claire Lumière, 1993, (ISBN 2905998261). p. 110
- The Hsia Origins of the Yüan Institution of Imperial Preceptor. in "Asia Major, 3rd ser.", 5.1: 85-111, 1992, Institute of History and Philology of the Academia sinica, Taiwan Ruth Dunnel
- Dossier "Pour préserver la paix dans le monde et en nous" - Septembre 2001 La résistance Tibétaine et la non violence.
- Jean-Paul Ribes, Le dernier maoïste de France, Réponse à Jean-Luc Mélenchon, 14 avril 2008.
- Katia Buffetrille, Chine et Tibet, une si longue histoire.
- Fabienne Jagou, Histoire des relations sino-tibétaines.
Wikimedia Foundation. 2010.