Xénocrate

Xénocrate
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Xénocrate, fils d'Agathénor, né à Chalcédoine

Xénocrate de Chalcédoine, né vers -396 à Chalcédoine (actuelle Kadiköy) en Bithynie (actuelle Turquie), mort en -314 à Athènes, est un philosophe platonicien grec, deuxième scholarque, recteur, de l'Académie de Platon, après Speusippe, de -339 à sa mort, en -315.

Il y eut cinq autres Xénocrate notables en Grèce antique.

Sommaire

Biographie

Né en Bithynie, Xénocrate gagne Athènes dans sa jeunesse. Il y suit d'abord l'enseignement d'Eschine, avant de rejoindre l'Académie de Platon en -376. En -360, avec Speusippe, il accompagne son maître en Sicile, à la cour de Denys l'Ancien, tyran de Syracuse : c'est le troisième et dernier voyage de Platon en Sicile[1]. Après la mort de Platon, il est invité à Atarnée en -346 avec Aristote. Il y reste cinq ans.

À la mort de Speusippe, en -339, il est élu scholarque, recteur, de l'Académie, devant Héraclide du Pont, Ménédème ... et Aristote, pour 25 ans.

Platon se plaignait de sa lenteur. Tous les Anciens louèrent son caractère, son austérité, son indépendance, sa douceur.

Philosophie

On attribue à Xénocrate la division de la philosophie en logique, physique et morale[2].

Comme Speusippe, c'est un platonicien pythagorisant, qui s'appuie surtout sur l'enseignement oral de Platon. Il distingua trois sortes d'essences, auxquelles il fit correspondre trois types de connaissances :

  1. Hors du Ciel, l'Intelligible ou les Idées connus par l'intellection pure ;
  2. L'opinable, ce qui est connu par l'opinion ;
  3. dans le Ciel, les objets sensibles, connus par les sens. Il pose deux principes, l'Un et la Dyade, irréductibles. Dieu est la Monade, l'Âme du monde est la Dyade. A la différence de Speusippe, qui remplaça les Idées par les nombres mathématiques, Xénocrate les assimila aux nombres : les Idées sont les Nombres[3] ; alors que Speusippe refusait de voir le Bien dans l'Un (comme Platon) parce que cela aurait obligé à voir le Mal dans le Multiple, Xénocrate pense que tous les êtres, dans la mesure où ils participent de l'Un et du Multiple, ont quelque chose à voir avec le Mal. Dieu est la Monade, l'Âme du monde est la Dyade. Le premier, il fait correspondre la ligne à deux (la dyade), comme Speusippe faisait correspondre le point à un. "À la différence de Speusippe qui remplaça les Idées par les Nombres mathématiques, Xénocrate les assimila aux Nombres" [4]. Pour Platon, le principe formel des grandeurs est la ligne insécable, pour Speusippe c'est le point, pour Xénocrate, ce sont les nombres mêmes : la dyade pour les longueurs, la triade pour les surfaces, la tétrade pour les solides.

Suivant Xénocrate, l'âme est "un nombre qui se meut de lui-même" (fragment 60 édi. Heinze ; Stobée)[5]. Elle n'a rien de matériel, c'est "un nombre sans corps" (Cicéron, Les Académiques, II, § 124). La matière que lui apporte la Dyade indéfinie est purement idéale. L'âme est éternelle comme les Idées et son mouvement est éternel comme elle. Que l'homme soit un nombre signifie que l'âme - selon la doctrine pythagoricienne - est une harmonie, un mouvement ordonnée, de sorte qu'on peut retrouver dans l'âme des intervalles musicaux (quarte, quinte, octave). Chez un Grec, "nombre" désigne toujours un nombre entier et signifie "système arrangé numériquement", "pluralité ordonnée", "chose structurée". Pour un pythagoricien l'âme est nombre en ce sens qu'elle est un mélange bien proportionné, une combinaison des propriétés composant le corps (Simmias dans le Phédon de Platon, 86d).

Notes et références

  1. Plutarque, Vies parallèles, Dion, 22.
  2. Pierre Hadot, "Les divisions des parties de la philosophie dans l'Antiquité", Museum Helveticum, 36, 1979, p. 201-223.
  3. David Ross, Plato's Theory of Ideas, Oxford University Press, 1951, p. 151.
  4. (Marie-Dominique Richard, d'après Aristote, Métaphysique, N, 3, 1090b28-32)
  5. Théorie de l'âme-nombre : Aristote, Les premiers Analytiques, I, 2 ; Les seconds Analytiques, II, 4 ; Jean Philopon, In Aristotelis Analytica Posteriora commentaria, édi. par M. Wallies, Berlin, 1909, p. 347-348.

Bibliographie

Fragments de Xénocrate

  • Xenokrates. Darstellung der Lehre und Sammlung der Fragmente, édi. par Richard Heinze, Leipzig, éd. Teubner, 1892, rééd. Hildesheim, éd. G. Olms, 1965, p. 157-197 (fragments en grec et latin, analysés). Édition de référence.
  • Senocrate-Ermodoro, édi. par M. Isnardi Parente, Naples, 1981. Xénocrate et Hermodore.

Sources sur Xénocrate

  • Aristote, Métaphysique, livre N.
  • Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres (vers 200), IV, 6-15.

Études sur Xénocrate

  • H. Dörrie, Xenokrates, apud Pauly, Realencyclopädie der klassischen Alterumswissenschaft, série II, vol. 9, Stuttgart, 1967, p. 1512-1531.
  • Richard HEINZE, Xenocrates. Darstellung der Lehre und Samlung der Fragmente, Leipzig, Teubner, 1892, xi-204 p. Réimpr.: Hildesheim, G. Olms, 1965, p. 1-156.
  • Stanford Encyclopaedia of Philosophy [1]
  • D. Whitehead, "Xenocrates the Metic", Rheinisches Museum, 124 (1981), p. 223-244.

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