- Verbe pronominal
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Définition
En grammaire française, un verbe pronominal est un verbe qui est toujours conjugué avec un pronom complément renvoyant au sujet, et qui a selon le cas un sens réfléchi, réciproque, passif, ou « essentiellement pronominal ». Les verbes pronominaux utilisent exclusivement l'auxiliaire être aux temps composés.
- Je me regarde dans le miroir
- Peigne-toi !
- Nous nous parlons pour passer le temps
- Ce livre se vend bien
- Elle s'est évanouie.
- N.B. : Une forme telle que : Tu la regardes n'est donc pas pronominale, les deux pronoms tu (sujet) et la (complément) n'ayant pas le même référent.
- N.B. : À l'exception du cas des verbes « essentiellement pronominaux », on préfère souvent parler de construction, de tournure ou de forme (parfois : de voix) pronominale que de verbe pronominal.
Les verbes pronominaux subjectifs
On appelle verbe pronominal subjectif, ou verbe essentiellement pronominal (ou : de sens lexicalisé) une forme verbale dans laquelle le pronom réfléchi n'a pas de fonction grammaticale précise.
Ce sont des verbes qui avaient un sens réfléchi ou réciproque en ancien français. Aujourd'hui, ces verbes n'ont pas ce sens, mais ils conservent toujours le pronom. C'est pour cette raison qu'il faut se remonter à l'ancienne langue et à l'étymologie pour analyser ce type de verbe pronominal.
- Elle s'en va laissant tout derrière elle
Classement des verbes pronominaux
Classement morphologique des verbes pronominaux
Les verbes essentiellement pronominaux
Les verbes essentiellement pronominaux sont des verbes qui s'emploient uniquement à la forme pronominale (on parle alors de verbes pronominaux lexicalisés) :
- Il se suicide (on ne peut pas dire « suicider quelqu'un », sauf dans un contexte ironique)
On range aussi dans cette catégorie les verbes pronominaux qui sont également employés à la forme non pronominale, mais avec une signification différente.
- S'apercevoir (« se rendre compte ») / Apercevoir (« voir »)
Certains verbes pronominaux lexicalisés peuvent recevoir un complément d'objet, direct ou indirect[1] :
- Elles se sont rappelé leur jeunesse (c.o.d. ; pas d'accord à rappelé)
- Je me doute du refus de Pierre (c.o.i.)
Les verbes occasionnellement pronominaux
Les verbes occasionnellement pronominaux sont des verbes transitifs qui sont normalement employés dans une construction non pronominale, mais qui peuvent être aussi employés à la forme pronominale.
- Je regarde la télévision ou Je la regarde (verbe non pronominal)
- Je me regarde dans le miroir (verbe pronominal)
Classement sémantique des verbes pronominaux
Les verbes pronominaux de sens réfléchi
On parle de verbe réfléchi quand l'être désigné par le sujet exerce une action sur lui-même (physiquement, mentalement...), ou dans son intérêt.
- Il se lave soigneusement (= il lave son corps)
- Vous vous cultiverez en fréquentant les bibliothèques (= vous cultiverez votre esprit)
- Elle s'est acheté un télescope (= elle l'a acheté pour elle-même)
Par extension, on dira par exemple :
- Je me gare ici tous les jours (en réalité, je gare ma voiture)
Habituellement le pronom précédant le verbe est de la même personne que le sujet.
- Je me lève
- Ils se regardent dans le miroir
Les verbes pronominaux de sens réciproque
Les verbes réciproques expriment une action qu'un sujet pluriel ou collectif exerce non pas sur lui-même, mais chacun sur chacun des autres êtres exprimés par le sujet.
- Les deux hommes se battaient à mort, pour l'honneur
- Nous nous parlons pour passer le temps
Les verbes pronominaux de sens successif
Un petit nombre de verbes pronominaux définissent des relations de consécutivité temporelle ou spatiale :
- Les jours se suivent
- Les révélations s'enchaînent
Les verbes pronominaux de sens passif
Les verbes pronominaux passifs sont utilisés quand le sujet est inanimé. Dans ce type de constructions, le sujet subit l'action sans l'accomplir lui-même. Ordinairement l'agent n'est pas indiqué et reste vague : la forme pronominale traduit alors la notion de décausatif :
- La porte s'est refermée brusquement
- Les petits appartements se vendent mieux que les grands
- Ce vin se boit très frais
- Tout s'oublie avec le temps
Cas particuliers
Dans le cas du verbe mourir, la forme pronominale se mourir insiste sur l'aspect imperfectif, ou inaccompli :
- Madame se meurt, Madame est morte ! (Bossuet)
Construction des verbes pronominaux
L’infinitif d’un verbe pronominal est toujours précédé par le pronom réfléchi se (s’): se coucher, se laver, s’appeler...
Pour un verbe à une forme simple, on utilise les pronoms réfléchis me (m’), te (t’), se (s’), nous ou vous :
- Je me lève [ʒəməlɛ:v]
- Tu te lèves [tytəlɛ:v]
- Il / elle / on se lève [ilsəlɛ:v] / [ɛlsəlɛ:v] / [õsəlɛ:v]
- Nous nous levons [nunuləvõ]
- Vous vous levez [vuvuləve]
- Ils / elles se lèvent [ilsəlɛ:v] / [ɛlsəlɛ:v]
Pour les verbes aux temps composés, on utilise l'auxiliaire être, qui est placé entre le pronom réfléchi et le verbe :
- Je me suis levé(e) [ʒəməsujləve]
- Tu t'es levé(e) [tyteləve]
- Il/elle/on s'est levé(e) [ilseləve] / [ɛlseləve] / [õseləve]
- Nous nous sommes levé(e)s [nunusomləve]
- Vous vous êtes levé(e)s [vuvuzɛtləve]
- Ils/elles se sont levé(e)s [ilsəsõləve] / [ɛlsəsõləve]
À l'impératif, le pronom est placé après le verbe avec un trait d'union :
- Couche-toi [kuʃtwa]
- Couchons-nous [kuʃõnu]
- Couchez-vous [kuʃevu]
Le verbe pronominal et la négation
Quand le verbe pronominal est conjugué à un temps simple, on met les marques de négation avant le pronom réfléchi et après le verbe.
- Je me lève avant dix heures du matin → Je ne me lève pas avant dix heures du matin
- Elles se réveillent de bonne heure → Elles ne se réveillent pas de bonne heure
Quand le verbe pronominal est conjugué à un temps composé, on met les marques de négation avant le pronom réfléchi et après les verbe auxiliaire.
- Je me suis réveillé → Je ne me suis pas réveillé.
- Il s'est dépêché → Il ne s'est pas dépêché
À l'impératif, on place le pronom réfléchi avant le verbe et on met les marques de négation avant le pronom et après le verbe.
- Cache-toi → ne te cache pas
- Approche-toi → ne t'approche pas
Le verbe pronominal et l'interrogation
Dans une phrase interrogative, le pronom réfléchi reste toujours avant le verbe et on utilise les formes habituelles de construction de l'interrogation: l'inversion, l'expression est-ce que et l'intonation.
- Il se peigne → Se peigne-t-il ?
- Il se peigne → Est-ce qu'il se peigne?
- Il se peigne → Il se peigne ?
Si on utilise l'inversion dans l'interrogation et le verbe est dans un temps composé, le sujet se place après le verbe auxiliaire:
- S'est-il peigné ?
Le verbe pronominal dans l'interrogation négative
Pour faire la négation d'une phrase interrogative, on place les marques de négation avant le pronom réfléchi et après le verbe.
- Il ne se peigne pas?
- Est-ce qu'il ne se peigne jamais ?
Si on utilise l'inversion pour la construction de l'interrogation, on doit placer les marques de négation avant le pronom réfléchi et après le sujet.
- Ne se peigne-t-il pas ?
- Ne se lève-t-il jamais avant dix heures du matin?
Si le verbe est à un temps composé, on place la première marque de négation avant le pronom réfléchi et la deuxième marque entre le verbe auxiliaire et le verbe.
- Est-ce qu'il ne s'est jamais peigné ?
Si on utilise l'inversion pour construire l'interrogation, la deuxième marque de négation est placée après le sujet:
- Ne nous sommes-nous jamais rencontrés ?
- Ne se sont-ils jamais rencontrés ?
Fonctions du pronom réfléchi
Les pronoms réfléchis peuvent jouer le rôle de:
- Complément d'objet direct (COD): Pierre se regarde dans le miroir (Pierre se regarde lui-même)
- Complément d'objet indirect (COI): Elle se parle toute seule (Elle se parle à elle-même)
Accord avec le participe passé
Il n'y a pas de règle absolue concernant l'accord ou non avec le participe passé. Habituellement, on fait l'accord quand il y a un complément d'objet direct avant le verbe. La difficulté réside donc dans le fait de savoir si le pronom réfléchi a la fonction du complément direct ou pas[2].
- Il s'est levé / Elle s'est levée
- Le perroquet s'est égosillé / Les perroquets se sont égosillés
- Les lettres qu'ils se sont envoyées
Si le complément d'objet direct est placé après le verbe ou s'il n'y a pas de complément d'objet direct, on ne fait pas l'accord.
- Il s'est acheté un télescope / Elle s'est acheté des télescopes
- Il s'est acheté une voiture / Elle s'est acheté une voiture
- Ils se sont parlé
Comparaison avec d'autres langues
Il n'y a pas d'équivalence absolue entre les utilisations des formes pronominales en français et dans d'autres langues. L'usage réciproque notamment est souvent traité différemment :
- (français) Ils se parlent → (anglais) They talk (are talking) to each other, (allemand) Sie reden miteinander, (russe) Oni govoriat (razgovarivaïout) droug s drougom
Le grec ancien, parmi d'autres langues, utilisait pour certains verbes la voix moyenne dans le sens pronominal ou réfléchi du français :
- λούομαι « je me lave », γυμνάζομαι « je m'exerce ».
Le russe connaît un pronom réfléchi spécifique (siebia), valable pour toutes les personnes :
- Ia siebia vylietchil(a), on siebia vylietchil « je me suis soigné(e) [moi-même], il s'est soigné [lui-même] »
L'espagnol peut utiliser une forme pronominale impersonnelle là où le français utilisera une autre tournure :
- Se vende (« À vendre »)
Notes
- ISBN 978-2081120037)) M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche, La grammaire d'aujourd'hui, Flammarion, 1985 (rééd. 1993, (
- L'accord du participe passé est détaillé notamment dans Grevisse et Goose, Le bon usage (voir Bibliographie), §§ 952-953.
Bibliographie
- Claire Chuilon, Grammaire pratique : Le français de A à Z, Paris, Hatier, 1986 (ISBN 978-2-278-03243-3)
- Monique Callamand, Grammaire vivante du français, Paris, Larousse, 1989 (ISBN 2-19-039307-3)
- Maurice Grevisse et André Goose, Le bon usage, Paris, DeBoeck Duculot, 1993 (ISBN 978-2-8011-1404-9)
- Suzanne-G Chartrand, Denis Aubin, Blain Raymon et Claude Simard, Grammaire pédagogique du français d'aujourd'hui, Québec, Graficor, 1999 (ISBN 2-89242-560-3)
- Sylvie Poisson-Quinton, Reine Mimran et Michèle Mahéo-Le Codiac, Grammaire expliquée du français, Tours, CLE International, 2004 (ISBN 978-2-09-033703-7)
- Y. Delatour, D. Jennepin, M. Léon-Dufour et B. Teyssier, Nouvelle grammaire du français : Cours de civilisation française de la Sorbonne, Paris, Hachette, 2004 (ISBN 2-01-155271-0)
Sources en ligne
- Synapse Developpement. Consulté le 17 février 2010
- SOS Grammaire. Consulté le 18 février 2010
- Français Facile
- La conjugaison
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