Tramway de Paris

Tramway de Paris

Tramway d'Île-de-France

Tramway d'Île-de-France
TRAMWAY t 3paris.jpg
Situation Île-de-France
Type Tramway
Entrée en service 1992
Lignes 4
Écartement des rails 1 435 mm
Propriétaire RATP / RFF
Exploitant RATP / SNCF
Lignes du réseau (1) (2) (3) (4)
Réseaux connexes (M) Métro de Paris
(RER) RER d'Île-de-France
(T) Tramway d'Île-de-France
[T] Transilien
(BUS) Bus en Île-de-France

Le tramway d'Île-de-France contemporain est composé de quatre lignes distinctes à l'histoire particulière et aux matériels différents. Deux ont été créées de toutes pièces sur la voirie urbaine, et deux résultent de la modernisation de lignes ferroviaires sous-exploitées.

En plus du métro et du réseau de bus, Paris et sa région ont possédé un important réseau de tramways qui a fonctionné entre 1855 et 1938 à Paris et jusqu'en 1957 à Versailles. Face à la congestion chronique provoquée par l'automobile, une nouvelle politique de transports tournée vers les transports en commun a été mise en place durant les années 1970, incluant le retour du tramway. Une première ligne renaît en 1992 entre Saint-Denis et Bobigny dans le département de la Seine-Saint-Denis. Une seconde apparaît en 1997, née de la reconversion de la ligne des Coteaux, dans les Hauts-de-Seine. Deux autres sont ouvertes en 2006, une marquant le retour du tramway à Paris, et une ligne hybride dite de tram-train en Seine-Saint-Denis. Depuis, plusieurs lignes supplémentaires sont en projet annonçant un fort développement de ce mode de transport durant les années 2010.

Sommaire

Histoire

Historiquement, un grand nombre de tramways circulent dans Paris, puis en proche banlieue (notamment dans l'ancien département de la Seine) et précédent le métro de plusieurs décennies. Ce réseau a fonctionné entre 1855 et 1938 à Paris et dans sa proche banlieue ; il a subsisté jusqu'en 1957 pour ce qui est des tramways versaillais. D'autres lignes isolées du réseau parisien ont également existé en grande banlieue et ont également toutes disparu à la même époque.

Au cours de son histoire, ce réseau, exploité par de nombreuses compagnies telles que la Compagnie générale des omnibus (CGO), a fait appel à diverses technologies de propulsion au fur et à mesure de l’évolution des techniques : d’abord hippomobile, puis à traction à vapeur et ensuite à air comprimé. Le réseau fut finalement électrifié, mais dut faire appel pour l’alimentation des motrices à diverses technologies, telles que plots et caniveaux, afin d’éviter l’installation de caténaires dans Paris, considérées comme inesthétiques par le Conseil municipal.

Le réseau de tramways de la région parisienne est démantelé au cours des années 1930 lorsqu'il est jugé inadapté et contraignant vis-à-vis du développement de l'automobile et de l'autobus, sous la pression des lobbys pétrolier et industriel automobile. Mais par une ironie de l'histoire, les encombrements routiers ont provoqué le retour du tramway, aujourd'hui considéré comme un mode de transport moderne et écologique. En 1992, la première ligne du tramway moderne est ouverte entre Saint-Denis et Bobigny. En 2008, quatre lignes sont en fonctionnement dans la région, avec la perspective de nombreux prolongements et ouvertures de ligne au cours de la décennie 2010.

Le chemin de fer américain de Loubat

À partir de 1828 existe à Paris une offre de transport public constituées par des omnibus et des fiacres.

Les omnibus sont des véhicules à traction hippomobile inspirés des diligences et circulant à des horaires déterminés sur des lignes fixes, ce qui les distingue des fiacres, ancêtres des taxis, qui, loués par une personne ou une famille, se rendaient à la destination souhaitée par ses clients. Compte tenu de l'état des chaussées de l'époque, ces transports sont lents, peu confortables et de capacité limitée[1].

Dès 1830 à Baltimore, puis 1832 à New York, il existe des lignes de tramway hippomobile, plus performants puisque les véhicules circulent sur des rails, mais ceux-ci, saillants sur la chaussée, provoquent de nombreux accidents. Cet inconvénient aboutit finalement à arrêter le développement de ce mode de transport. En 1852, Alphonse Loubat, un ingénieur français établi aux États-Unis, met au point un rail à gorge, c'est-à-dire en creux et ne dépassant pas le niveau de la chaussée, et réhabilite le tramway de Broadway, qui connaît alors un grand succès[2].

Rentré en France, il dépose un brevet sur un rail en « U » permettant d'escamoter complètement le rail dans la chaussée. Il fait valoir les avantages de ce mode de roulement, qui nécessite un effort moindre de traction et en conséquence une vitesse et un confort accrus avec une cavalerie plus réduite. En 1853, il est autorisé à construire une première ligne d'essai de deux kilomètres à Paris sur le Cours la Reine, qui est mise en service le 21 novembre 1853[2]. Le tramway de l'époque, qui est rapidement surnommé « chemin de fer américain », est un véhicule roulant sur des rails mais tiré par des chevaux. Il emporte quarante-huit voyageurs : dix-huit à l'intérieur, vingt-quatre sur l'impériale et six debout sur la plate-forme réservée aux fumeurs[3].

Les premiers essais sont concluants et, devant le succès rencontré, une concession trentenaire est accordée par la Ville de Paris en 1854, approuvée par décret impérial du 18 février 1854, pour la construction d'une ligne entre Vincennes et Sèvres (Pont de Sèvres) en passant par la Concorde. Cette concession, accordée à titre précaire et révocable, prévoit que l'entretien des voies est obligatoire pour le concessionnaire, mais ne contient aucune prescription pour la chaussée. Une redevance est prévue au profit de la Ville de Paris[4].

« Malgré toutes ses instances, Loubat ne put être autorisé à construire effectivement et à exploiter la partie de sa concession comprise entre la place de la Concorde et Vincennes. Le gouvernement craignait que les tramways ne fussent une cause d'accidents aux passages des ponts et surtout dans la rue Saint-Antoine. L'expérience a démontré depuis combien ces craintes étaient chimériques[4]. » Le premier tronçon relie donc le pont de l'Alma au rond-point de Boulogne.

Toutefois, en 1855, Haussmann oblige les entreprises gérant les omnibus parisiens ainsi que le nouveau tramway à se regrouper. Alphonse Loubat doit céder son entreprise ; il reçoit en échange des actions de la nouvelle compagnie, la CGO (Compagnie générale des omnibus). Pourtant, Alphonse Loubat n'est pas le premier à ouvrir une ligne de tramway en France : il est précédé - de peu - par une ligne reliant le centre de Rueil-Malmaison à sa gare, qui ouvre le 1er août 1855. Cette ligne est plus tard prolongée jusqu'au Port-Marly le 18 juillet 1856[5].

En 1856, la ligne de Loubat est prolongée de l'Alma à la Concorde et exploitée par la CGO. Une troisième ligne de tramway fait son apparition entre Sèvres et Versailles en novembre 1857. Une branche raccordant les deux lignes par la porte de Saint-Cloud est ouverte à cette occasion[6]. En 1862, la ligne de Sèvres à Versailles est également exploitée par la CGO. La desserte est ensuite étendue vers le Louvre afin d'assurer une meilleure diffusion des voyageurs, mais cette extension est réalisée... les véhicules roulant sur les pavés, l'autorisation de poser des rails dans le centre de Paris ayant été refusée. Les voies sont doubles dans Paris, mais uniques en banlieue, avec des évitements réguliers. Aux terminus, les voitures sont retournées sur une plate-forme ou elles parcourent une boucle, quand l'espace est suffisant. On trouve également des voitures réversibles et des véhicules à caisses pivotantes. Les arrêts sont réalisés à la demande[7].

L'essor du tramway hippomobile

Un tramway hippomobile de la Compagnie générale des omnibus.

Sous le Second Empire, les transports parisiens sont en partie assurés par voie fluviale, mais pour l'essentiel par les omnibus hippomobiles de la Compagnie générale des omnibus. Hormis l'apparition du tramway américain, aucune évolution technique significative n'a lieu. Seule la ligne de Petite Ceinture est ouverte pour assurer la desserte de l'exposition universelle de 1867. Toutefois, les quinze millions de visiteurs de l'exposition mettent en lumière l'insuffisance des transports parisiens, les omnibus étant inaptes au transport de foules importantes par leur capacité réduite et leur lenteur[8].

En banlieue, la situation est encore moins reluisante. Bien que traversée par plusieurs lignes de chemin de fer, les tarifs élevés et l'absence de gares intermédiaires sur les réseau nord, est et sud-est rend la desserte ferroviaire de banlieue négligeable, à l'exception de quelques lignes adaptées à la banlieue résidentielle, en particulier en banlieue ouest. Ailleurs, les transports demeurent pour l'essentiel assurés par quelques omnibus de rabattement vers les portes de Paris[9].

La guerre franco-allemande de 1870 décime la cavalerie de la CGO. En 1871, la CGO perd 2214 chevaux, tués ou réquisitionnés[10]. En 1872, dans l'attente d'un hypothétique réseau de métropolitain, et face à l'insuffisance notoire de l'offre de transports à Paris et en région parisienne, les pouvoirs publics étudient le développement d'un réseau de tramway, mode de transport qui connaît un grand succès ailleurs en Europe.

Sans attendre la planification d'un réseau, les trois lignes existantes sont prolongées jusqu'au Louvre le 15 juin 1873 : la ligne de Boulogne (TA), celle de Sèvres (TB) et celle de Versailles (TAB). Une ligne nouvelle est ouverte le 25 août 1875 entre le Louvre et Vincennes (TC)[10]. Dès 1873, les études pour la mise au point d'un réseau aboutissent à un projet de concession au département de la Seine : une ligne circulaire desservirait les quartiers périphériques de Paris, et dix lignes radiales reliraient seize communes de banlieue à travers le centre de la capitale. Le président de la République Mac-Mahon signe le décret de concession le 9 août 1873.

Le cahier des charges précise que le Département peut « passer des traités avec une ou plusieurs compagnies pour l'établissement et l'exploitation des lignes ». Ce réseau de onze lignes est en conséquence divisé en trois parties : les lignes circulaires et les tronçons parisiens des lignes de banlieue sont concédées à la CGO, le réseau extérieur nord est confié à la compagnie des Tramways Nord, et le réseau extérieur sud est confié à la compagnie des Tramways Sud[11].

En pratique, les deux compagnies Nord et Sud exploitent la totalité de leurs lignes pour des raisons pratiques ; en compensation, la CGO reçoit un dédommagement financier annuel de six mille francs par kilomètre pour les Tramways Nord, et quatre mille francs pour le Sud, en raison de la perte de trafic subie. La compagnie des Tramways Sud reçoit de la CGO l'exploitation des trois lignes circulaires sud, moyennant une somme de six mille francs du kilomètre.

Un tramway à impériale découverte et traction hippomobile, sans doute exploité par la Compagnie générale des omnibus.

Les Tramways Nord inaugurent leur première ligne, Pont de Neuilly - Étoile le 3 septembre 1874. Le 18 juin 1875, c'est au tour de la CGO de mettre en service la ligne Étoile - La Villette, puis le 3 novembre suivant, les Tramways Sud ouvrent la ligne porte de Charenton - Saint-Germain-des-Prés. La plupart des autres lignes prévues sont ouvertes entre 1875 et 1878, année de l'exposition universelle. Les véhicules employés sont généralement à impériale, et déraillables, les roues de gauche étant dépourvues de boudin ce qui leur permet de quitter la voie pour rouler sur les pavés, contourner des obstacles ou dépasser d'autres véhicules. Les voitures de la CGO de 1874 comptent quarante-neuf places[12]. Les voies sont à écartement normal de 1,44 mètre, à double voie dans Paris et à voie unique hors de la ville. Il n'y a pas d'arrêts fixes : la montée et la descente s'effectuent à la demande, voire en marche vu la faible vitesse.

Ces lignes nécessitent une importante cavalerie : il faut deux chevaux pour tracter une voiture, soit environ cent-quarante chevaux pour faire fonctionner une ligne, ce qui impose un nombre élevé de dépôts et un personnel nombreux. Durant les années 1880, la CGO entretient une cavalerie pléthorique de seize mille cinq cents chevaux, ce qui constitue la cavalerie privée la plus importante au monde[13]. Les problèmes d'intendance constituent d'ailleurs un frein au développement de la traction hippomobile et poussent à mettre au point des techniques de traction mécaniques, à l'exemple des chemins de fer secondaires. Dans Paris, les tarifs sont de trente centimes en première classe et quinze centimes en seconde classe, ou trente centimes pour les deux classes pour une correspondance. Une tarification par section est appliquée hors de Paris[14].

La traction mécanique

La traction hippomobile demeure lente et nécessite une importante cavalerie, particulièrement onéreuse. Ce constat amène les compagnies à étudier la mécanisation des lignes par souci de vitesse et de rentabilité.

Tramway Mékarski à la gare de l'Est.

Les compagnies recherchent par conséquent des modes de traction propres, silencieux et économiques. Les Tramways Sud sont les premiers à tenter l'aventure le 8 novembre 1875 entre la porte de Châtillon et Saint-Germain-des-Prés, avec une machine à vapeur anglaise tractant une remorque à impériale[15]. Les essais sont concluants et dès août 1876, la première ligne à vapeur est ouverte entre la gare de Paris-Montparnasse et la gare d'Austerlitz. Mais le procédé est à ses débuts et peu rentable ; l'expérience est donc rapidement abandonnée. Plusieurs autres tentatives sont expérimentées les années suivantes ; les industriels français s'intéressent à cette technique, mais les engins restent rudimentaires et considérés comme peu sûrs. Mais la perspective de l'exposition universelle de 1889 accélère les recherches[16].

Les compagnies exploitent tout d'abord à partir de 1876 la technique de la traction par air comprimé mise au point par l'ingénieur Louis Mékarski. Puis la traction vapeur est essayée avec divers types de motrices. Un ingénieur des usines Cail met au point une locomotive fonctionnant sur le principe de l'accumulation de chaleur. Elles sont chargées de vapeur sous pression sur le parcours et restituent l'énergie mécanique au cours du trajet. Ce système a l'avantage d'être non polluant, ce qui constitue un sérieux atout. Les locomotives Francq avec remorques sont testées en 1878 avec succès sur la ligne de Rueil à Port-Marly. Mais le système se révèle d'une fiabilité médiocre et les détresses en ligne de tramways ne sont pas rares[17],[18].

Puis on voit circuler des locomotives Purrey, obtenues par transformation d'engins à air comprimé, mais surtout des automotrices Purrey, Rowan ou Serpollet[16]. Les automotrices à vapeur de l'ingénieur Rowan sont mises au point à Copenhague en 1876, puis circulent à Stockholm et Berlin. Elles apparaissent à Paris pour l'exposition universelle de 1889. Quatre automotrices sont testées sur la ligne de la porte de la Muette au Trocadéro, mais elles achèvent leur carrière en banlieue, les parisiens appréciant peu le panache de vapeur dégagé[19].

Toutefois, les tramways à vapeur ne détrônent pas la traction hippomobile qui demeure très majoritaire à la fin du XIXe siècle. C'est la traction électrique qui finit par supplanter toutes ces techniques, grâce à sa performance.

Le tramway électrique

Le tramway électrique connaît deux techniques distinctes : le captage du courant par le biais d'un fil aérien ou par le sol, ou les tramways à accumulateurs.

Le premier tramway électrique est mis au point par Werner von Siemens en Allemagne et Frank J. Sprague, aux États-Unis. Lors de la première exposition internationale d'Électricité, en 1881 à Paris, Siemens présente une ligne de tramway qui relie la place de la Concorde au palais de l'Industrie, à l'emplacement de l'actuel Grand Palais. La même année, un omnibus électrique, captant le courant par le biais d'un fil aérien, est mis en service à Berlin. Franck Sprague met au point un système de commande unique de motrices pour la marche en convoi, système d'unités multiples qui est plus tard employé sur les réseaux de métro[13].

Tramway à traction électrique système Thomson Houston, ligne de l'Etoile à la Villette (ligne TD). La traction électrique est assurée par des accumulateurs, installés sous la caisse de la motrice.

Mais les pouvoirs publics sont très réticents face aux fils aériens, considérés comme inesthétiques dans les centre-villes. Le principe de l'alimentation par accumulateurs est donc développé. C'est la Compagnie des tramways de Paris et du Département de la Seine (TPDS) qui ouvre une première ligne à accumulateurs entre Madeleine et Saint-Denis, en avril 1892. Mais les accumulateurs sont lourds, encombrants, et leur charge est particulièrement longue[20]. Dès les premiers signes de faiblesse en ligne, le conducteur dirige sa motrice jusqu'au dépôt, sans arrêt intermédiaire pour laisser descendre les voyageurs. Les arrêts deviennent alors fixes, afin d'économiser les batteries, et divers systèmes palliatifs sont mis au point, comme la recharge en ligne sur des bornes alimentées par câbles souterrains, ou les accumulateurs à charge rapide, d'environ quinze minutes[13].

Le système d'alimentation par accumulateurs étant d'une utilisation trop complexe et assez peu fiable, les ingénieurs réalisent un nouveau système de captage en ligne par le biais de plots. En juin 1896, une ligne de tramways à plots est ouverte entre la place de la République et Romainville. Les véhicules sont dotés d'un frotteur, qui capte le courant sur des plots, émergeant légèrement de la chaussée. Ceux-ci sont uniquement mis sous tension au passage de la rame... du moins, en théorie. En pratique, les incidents d'exploitation sont nombreux, soit parce que le captage ne fonctionne plus, soit parce que les plots restent alimentés après le passage du tramway, ce qui provoque des accidents. Cette technique peu fiable connaît pourtant un franc succès : trois millions de personnes sont transportées sur cette ligne en moins de sept mois[21].

Lourde motrice à bogies N°43 des TPDS sur la ligne sDS (Saint-Denis-Barrage - Stains). Chaque entrée dessert une classe différente.

Le captage aérien par fil trolley, bien plus efficace et fiable, provoque un essor du tramway en banlieue, mais ce système d'alimentation demeure interdit dans Paris intra-muros pour des raisons esthétiques. La TPDS demeure la compagnie en pointe pour la mise en place de lignes de tramway électriques à fil aérien. En 1898, elle met au point des véhicules hybrides permettant de circuler sous fil aérien en banlieue et grâce à des accumulateurs dans la capitale[22]. Mais c'est la Compagnie générale parisienne de tramways (CGPT) qui obtient la première l'autorisation d'employer le fil aérien dans Paris, en promettant une pose la plus discrète possible et son interruption sur les places pour ne pas altérer les perspectives. Le captage du courant s'opère ici grâce à une nouvelle technique, celle de rails électriques placés dans un caniveau. La première ligne du genre est ouverte le 9 novembre 1898 entre Bastille et Charenton. Elle connaît immédiatement un grand succès et ouvre la voie à la généralisation de cette technique[23].

Le développement des tramways électriques se révèle assez lent. Toutefois dès 1898, sur soixante-dix lignes, neuf voient circuler des trams à accumulateurs et deux autres cumulent accumulateurs et captage par fil aérien.

Le tramway en 1900

À l'aube du XXe siècle, la région parisienne est sillonnée d'un vaste réseau d'omnibus et de tramways avec un trafic en pleine croissance. Cet ensemble est toutefois géré dans la plus grande anarchie, par une multitude de compagnies à l'aide de matériels et de techniques totalement disparates. En 1900, on compte pas moins de treize compagnies desservant Paris et sa proche périphérie[24],[25] :

Une motrice type 500 de la CGPT de 1907.
  • la Compagnie générale des omnibus (CGO) avec un réseau de 258 km et 33 lignes hippomobiles, à vapeur, à air comprimé ou à accumulateurs ;
  • la Compagnie des tramways de Paris et du Département de la Seine (TPDS), 130 km et 22 lignes à traction vapeur et électrique ;
  • la Compagnie générale parisienne de tramways (CGPT), 124 km et treize lignes, exclusivement à traction électrique ;
  • les Chemins de fer nogentais (CFN), 52 km et neuf lignes, toutes électriques ;
  • la Compagnie du tramway à vapeur de Paris à Saint-Germain ;
  • la Compagnie des chemins de fer sur route de Paris à Arpajon (PA), 17 km ;
  • la Compagnie des tramways de l'Est parisien (EP), 130 km, treize lignes, dont les réseaux des tramways de Saint-Maur, le tramway de Romainville et le tramway du Raincy à Montfermeil qu'elle a repris ;
  • la Compagnie des tramways mécaniques des environs de Paris (TMEP), 56 km et six lignes (nord-ouest parisien) ;
  • la Compagnie du chemin de fer du bois de Boulogne (CFBB), une ligne de quinze kilomètres de la porte Maillot à Suresnes ;
  • la Compagnie des tramways de l'Ouest parisien (OP), 23 km et quatre lignes destinées à l'exposition universelle de 1900 ;
  • la Compagnie électrique des tramways de la rive gauche de Paris (RG), 35 km et deux lignes ;
  • la Compagnie des tramways électriques du Nord-Est parisien, une ligne de Paris à Épinay-sur-Seine ;
  • la Compagnie des tramways de Vanves à Paris et extensions.

Le réseau de Paris et de la Seine totalise alors cent huit lignes pour huit cent quatorze kilomètres[26].

Il faut ajouter le tramway funiculaire de Belleville à Paris et le funiculaire de Bellevue à Meudon. En outre, plusieurs petites compagnies opèrent des lignes urbaines ou rurales en Seine-et-Oise et en Seine-et-Marne. Parmi les principales, on peut citer la Compagnie des chemins de fer de grande banlieue (CGB) assurant une vaste desserte en zone rurale, et des lignes de desserte communale comme le tramway de Fontainebleau, la ligne de tramway de Villiers-le-Bel, la ligne de tramway Enghien - Montmorency, ou la ligne de tramway de Livry à Gargan.

Les conditions de travail pour le personnel sont difficiles — la journée de travail est de douze heures depuis la grève de 1891 — mais il bénéficie en contrepartie de plusieurs progrès sociaux, comme l’assurance maladie, la retraite à soixante ans, un jour de congé payé mensuel et la sécurité de l'emploi[27].

Un décret du 16 février 1900 détermine plusieurs obligations : la traction mécanique est imposée, le fil aérien n'est autorisé qu'en dehors de Paris, la vitesse limite des matériels est fixée à 16 ou 20 km/h, le chauffage et l'éclairage des véhicules est obligatoire, et le ratio de places en première et seconde classe est fixé respectivement à un tiers et deux tiers.

Montage d’une voie de tramway à caniveau, avenue d’Antin. On notera la complexité du système. Une automotrice à vapeur circule sur une voie provisoire, à droite.

Mais en juillet 1900, un redoutable concurrent apparaît enfin après des décennies de palabres et menace directement de nombreuses compagnies parisiennes : le métropolitain[28]. Le développement de son réseau, cumulé à la concurrence sauvage entre compagnies risque d'acculer plusieurs d'entre elles à la faillite. La CGO elle-même est victime de la situation, une partie importante du trafic de ses lignes les plus rentables passant au métro. Les pouvoirs publics finissent par s'émouvoir de la situation. Ils imaginent de réorganiser le réseau en fusionnant les petites compagnies, avec au final seulement trois compagnies exploitantes : le réseau de la CGO de 191 km dont 159 dans la capitale, un réseau nord de 342 km dont 102 dans Paris, et un réseau sud de 225 km dont 96 km intra-muros.

Mais le mécontentement des petites compagnies poussées à disparaître fait privilégier une solution plus pragmatique : en 1903, les tarifs sont augmentés et le sectionnement est introduit dans Paris, afin de ne pas pénaliser les voyageurs par rapport au métropolitain, quant à lui à tarif unique. Les progrès sociaux font néanmoins rapidement augmenter les charges des entreprises, et leurs bilans financiers redeviennent négatifs. L'expiration des concessions en 1910 permet d'envisager une réforme structurelle de plus grande ampleur[29].

Quelques années plus tard, les tramways purent utiliser des alimentations par caténaire.
Les voies étaient implantées dans la circulation générale, avec des tracés gênant la circulation des autres véhicules.

Par le décret du 19 août 1910, les pouvoirs publics réduisent le nombre de compagnies du département de la Seine de treize à dix. Une concession unique est accordée par l'État à la ville de Paris pour la CGO, et au département de la Seine pour les cinq principales compagnies. La renumérotation des lignes est décidée pour plus de cohérence, avec des modifications d'itinéraires et des créations de lignes. L'électrification totale des lignes est également décidée, avec l'autorisation du fil aérien dans les quartiers périphériques de Paris, et le sectionnement est généralisé tandis que le tarif de correspondance est supprimé, pour une simplification de la tarification[29].

Avant la Première Guerre mondiale, les transports de l'agglomération parisienne évoluent fortement, avec le développement du métro, l'apparition des premiers autobus à partir de 1906, et l'électrification complète du tramway dans le département de la Seine. Le 20 avril 1913, le dernier tramway hippomobile circule sur la ligne Pantin - Opéra de la CGO. De 1910 à 1914, suite au renouvellement des concessions, de nombreuses avenues sont en chantier et interdites à la circulation, avec la pose de voies de tramway, le plus souvent à caniveau à Paris. Durant cette période, neuf cent motrices et trois cent cinquante remorques neuves sont mises en service, elles disposent d'une plate-forme centrale et possèdent des cabines de conducteurs ouvertes sur la rue. Le public en apprécie le confort et les larges baies vitrées[26].

Durant la Première Guerre mondiale, le tramway assure l'essentiel des transports de surface à Paris. Durant cette période, les femmes remplacent les hommes partis au front, et assurent tant la conduite que le contrôle à bord ou l'entretien dans les ateliers[26].

La création de la STCRP

Un tramway de la STCRP, au musée des transports urbains.

Les difficultés financières persistantes des compagnies contribuent à condamner le régime de la concession. Après de nombreux débats, le principe de la régie intéressée est préféré à celui de la régie directe, car selon une décision du Conseil général de la Seine de décembre 1918, elle « allie le contrôle des pouvoirs publics et les avantages de la recherche du profit, moteur de l'activité et de l'initiative individuelles ».

Cette nouvelle méthode de gestion suppose cependant l'unification totale des réseaux de surface, et le désistement de la ville de Paris au profit du département de la Seine. Le 20 septembre 1920, les conventions de rachat sont signées, entre le Département et la CGO d'une part, et les six autres compagnies de tramway, d'autre part. L'exploitation des réseaux est confiée le 1er janvier 1921 à une nouvelle personne morale, la société des transports en commun de la région parisienne (STCRP). L'ancien directeur général de la CGO, André Mariage, en devient le premier président. Elle exploite les anciens réseaux de la Compagnie générale des omnibus (CGO), de la Compagnie des tramways de Paris et du Département de la Seine (TPDS), de la Compagnie générale parisienne de tramways (CGPT), de la Compagnie des tramways de l'Est parisien (EP), de la Compagnie des chemins de fer nogentais (CFN), de la Compagnie électrique des tramways de la rive gauche (RG). En 1922 puis 1924, l'Ouest parisien (OP) et l'Arpajonnais (PA) sont également absorbés.

Lors de sa création, la STCRP exploite 112 lignes de tramway, numérotées de 1 à 128, formant un réseau de 960 kilomètres, mais également 41 lignes d'autobus. Le parc comprend 1775 automotrices et 785 remorques. La ligne 8 (Montrouge - Gare de l'Est) est la plus fréquentée, avec 28,3 millions de voyageurs annuels en 1921[30]. Les principaux axes parisiens voient circuler des tramways, à l'exception de certaines artères prestigieuses, comme les Champs-Élysées, l'avenue de l'Opéra ainsi que les Grands Boulevards[26].

Mais le matériel est hétéroclite ; des lignes forment doublon sur les mêmes parcours et les méthodes d'exploitation sont à unifier. Un important travail est alors réalisé pour harmoniser le réseau. Des lignes mal tracées sont supprimées tandis que d'autres sont modifiées ou encore prolongées en banlieue. De 1921 à 1932, 1000 km de voies sont modernisées, avec en particulier une simplification du plan des voies, le remplacement d'aiguillages, l'extension de la signalisation ou la modernisation des dépôts.

Mais le plus gros effort porte sur le remplacement du matériel roulant. Celui-ci est en effet hérité de nombreuses compagnies et pose de nombreux problèmes de maintenance, les divers modèles étant le plus souvent incompatibles. Les matériels en bon état sont rénovés, tandis que de nouveaux matériels sont commandés. Une centaine de motrices Gs1, version améliorée des motrices G de la CGO, sont mises en service dès 1922 et accompagnées de remorques As1 avec loge de conduite. Mais la plus importante évolution est apportée par les motrices L, comme légère. Elles pèsent 2,5 tonnes de moins que les motrices G et permettent de substantielles économies en courant de traction et une réduction de l'usure des voies. Ces motrices sont livrées à hauteur de 475 exemplaires et accompagnées de 395 remorques A, ce qui permet de constituer des rames réversibles. L'ensemble du parc reçoit une livrée unifiée en vert et crème.

En 1925, le réseau des tramway atteint son apogée, avec 1111 km de réseau et 122 lignes, 2298 motrices et 928 remorques entretenues dans 41 dépôts et ateliers, et transporte 720 millions de voyageurs par an. Des projets sont mis à l'étude, comme la création de lignes de tramway express en site propre en banlieue, ou l'exploitation à agent seul, plus économique, avec un machiniste-receveur et la montée des voyageurs à l'avant des véhicules. L'avenir semble radieux mais ce réseau, un des plus importants du monde, est déjà menacé[31].

La disparition du tramway

Au milieu des années 1920, le développement de la circulation automobile, et la puissance des lobbys pétrolier et industriel automobile entraîne une attaque virulente contre le tramway, considéré comme archaïque et gênant. La Préfecture de Paris envisage déjà de « dégager » le centre de Paris des lignes de tramway pour laisser plus de place à la circulation automobile. Si cette volonté n'est alors pas soutenue par la STCRP qui investit dans la modernisation de son réseau, elle reçoit en revanche un accueil très favorable de la part de conseillers municipaux et d'une partie de la presse.

En 1929 par exemple, un article du Petit Parisien attaque « ces stupides et pesantes et bruyantes machines qui représentent au point de vue de la circulation, le comble de la bêtise et de l'absurdité »[31].

Ligne 11b des tramways de la STCRP à Pierrefitte-sur-Seine. En banlieue, les lignes sont généralement tracées en accotement et ne gênent pas la circulation automobile.

En 1927, un rapport de la Direction générale des transports de la Préfecture de la Seine préconise la suppression totale du tramway à l'intérieur du boulevard des fermiers généraux. En 1929, le Conseil général décide la suppression du tramway dans Paris dans un délai de cinq ans. Ce choix est rendu possible par la mise au point des autobus TN par Renault, de grande capacité et à deux agents[32].

Outre la pression de plusieurs lobbys, ce choix s'appuie sur un constat : les lignes de la capitale sont souvent mal tracées, circulant à contre courant sur des voies importantes. Elles sont en outre victimes d'une réglementation qui n'a pas évolué. Le changement du mode de captage du courant à l'entrée des quartiers centraux de la capitale provoque des pertes de temps importantes. Tandis que les autobus circulent à 45 km/h, les tramways sont limités à 20 km/h à Paris et 30 km/h en banlieue, ce qui les rend de moins en moins compétitifs. En revanche, les lignes de banlieue sont le plus souvent tracées en accotement, leur situation en bordure de route ne gêne donc pas la circulation automobile croissante. Ces lignes auraient pu connaître une profonde modernisation, mais ici, la décision de leur suppression relève plus d'un choix idéologique que de dysfonctionnements techniques.

À partir de 1930, sous l'effet de cette pression politique, la STCRP, qui soutient désormais sans réserve ce choix, supprime rapidement les lignes de tramway et les remplace par des lignes d'autobus. En 1930, on compte 1700 autobus pour 3700 tramways, en 1934, on compte 1600 tramways pour 2900 autobus[33]. Enfin en 1936, on ne compte plus que 348 tramways pour 3600 autobus. Le 15 mars 1937, circule le dernier tramway parisien sur la ligne 123/124 entre Porte de Vincennes et Porte de Saint-Cloud. Puis, il disparaît à son tour en banlieue le 14 août 1938 ; le dernier tramway circule sur la ligne 112 entre Le Raincy et Montfermeil[34].

Le dépôt de la Compagnie des tramways de l'Est parisien, absorbée depuis 1921 par la STCRP, à Pantin.

Pour rendre tout retour impossible, les rails sont le plus souvent arrachés, des motrices et remorques parfois neuves sont ferraillées. En moins de dix ans, disparaît un des plus importants réseaux de tramway du monde. Il ne subsiste plus aucune ligne dans le département de la Seine ; seuls existent encore — pour peu de temps — plusieurs lignes en grande banlieue et le réseau versaillais. Ce dernier disparaît à son tour en 1957 et marque la fin de la présence du tramway en Île-de-France. Les anciens dépôts de tramway sont détruits ou progressivement reconvertis en dépôts d'autobus : le premier est le dépôt Mozart en 1930, le dernier, le dépôt de Montrouge en 1936.

Cette politique de suppression a pourtant de graves conséquences, et à très court terme : dès 1940 avec l'Occupation, les transports de surface sont presque réduits à néant à cause de la pénurie d'essence et de pneumatiques. Seul le métro permet encore d'assurer les besoins de transport, avec un taux de saturation record, alors que durant la Première Guerre mondiale, le tramway avait assuré, tant bien que mal, les déplacements des Parisiens.

La suppression du tramway n'est pas spécifiquement parisienne : à la même époque, le tramway de Londres est supprimé pour des raisons similaires, de même que le réseau du grand-duché de Luxembourg par exemple. Pourtant, de nombreuses villes comme Bruxelles, Lisbonne, Vienne et la plupart des villes suisses conservent, modernisent leurs réseaux et en assurent plus ou moins facilement la pérennité. La plupart des villes du bloc communiste conservent et développent également leurs réseaux de tramway.

L'éradication du tramway est ensuite généralisée à la plupart des villes de France, qui s'empressent d'imiter l'exemple parisien[35]. Toutefois, un aspect essentiel est oublié par les édiles de ces villes : le tramway parisien est, en quelque sorte, devenu souterrain et en site propre intégral, sous la forme du métropolitain. Les grandes agglomérations du pays subissent d'autant plus l'absence de transports durant la Seconde Guerre mondiale, faute d'alternative.

Le retour du tramway en Île-de-France

La politique du tout automobile des années 1960 et 1970 provoque des encombrements de plus en plus importants. Les politiques d'élargissement des rues, souvent au détriment des piétons, ou de création de nouveaux parcs de stationnement ne permettent pas d'endiguer cette hausse constante, ces aménagements amenant encore plus de véhicules dans un cycle devenu infernal. Le réseau d'autobus est lui aussi victime de cette paralysie croissante de la voirie et ne constitue plus une solution alternative efficace. Toutefois, la mise en place des premiers couloirs réservés donne des résultats encourageants.

Après le premier choc pétrolier de 1973, une réflexion est menée sur la politique des transports urbains. En 1975, le rapport de Marcel Cavaillé, secrétaire d'État aux Transports, marque une date importante dans le renouveau du tramway en France. Ce dernier est envoyé aux villes de Bordeaux, Grenoble, Nancy, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse, et leur demande d'étudier la création de lignes de tramway en site propre. Dans le même temps, un concours est lancé pour la conception du tramway français standard auprès de plusieurs constructeurs de matériel roulant ferroviaire. Mais c'est, en fin de compte, une ville qui n'avait pas été contactée, Nantes, qui devient la pionnière du tramway moderne en France. La première ligne du réseau nantais est mise en service en 1985. Grenoble ouvre sa première ligne en 1987. Toutes les villes concernées ont créé depuis un réseau moderne de tramway, Nancy ayant fait le choix du tramway sur pneumatiques, en dépit de ses inconvénients.

Le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région parisienne évoque en juillet 1976 la création de lignes de rocade au nord et au sud de l'agglomération pour faciliter les liaisons de banlieue à banlieue en croissance constante. Un schéma directeur des sites propres est dessiné par la RATP à la demande de la direction régionale de l'équipement, notamment le long de la N 186 dont le trafic routier doit être, à terme, fortement délesté par la mise en service progressive de l'autoroute A86. En 1977, l'institut d'aménagement et d'urbanisme de la région d'Île-de-France (IAURIF) reçoit pour mission de la direction régionale de l'équipement d'Île-de-France d'étudier la création de deux lignes de rocade structurantes en banlieue, dont une relierait le quartier d'affaires de La Défense, à l'ouest, à la préfecture de la Seine-Saint-Denis, Bobigny, à l'est. L'institut propose le tramway, dont la capacité est supérieure au bus, et dispose de plusieurs autres avantages, dont le faible bruit, l'absence de pollution directe et l'adaptation possible au trafic ainsi qu'aux handicapés grâce au plancher bas. Le tramway semble parfaitement adapté aux liaisons de banlieue à banlieue, dont le trafic ne justifie pas la création d'une ligne de métro, mais dont le trafic est trop élevé pour une simple ligne de bus[36].

Une rame TFS de la ligne 1 (Saint-Denis - Bobigny) marque l'arrêt à la station Hopital Avicenne, à Bobigny.

En 1980, l'IAURIF étudie plus particulièrement la liaison Saint-Denis - Bobigny, première étape de la rocade, en partenariat avec la RATP, qui reste pour sa part assez réservée quant au mode de transport, le seuil de trafic attendu semblant incertain pour assurer la rentabilité d'un tramway. Le Conseil général de Seine-Saint-Denis s'engage alors fortement en faveur du projet, d'autant que le changement politique national intervenu en mai 1981 portant la gauche au pouvoir favorise son aboutissement[37]. En 1982, la RATP met en œuvre avec la DDE 93 une première étude de faisabilité d'un projet de tramway.

La ligne entre Bobigny et Saint-Denis, dans le département de la Seine-Saint-Denis, est déclarée d'utilité publique et finalement mise en service en deux étapes au cours de l'année 1992 après plusieurs péripéties administratives. La nouvelle ligne 1 du tramway d'Île-de-France, longue de neuf kilomètres, connaît très vite un important succès et marque le retour du tramway en Île-de-France après trente-cinq ans d'absence.

En 1997, l'ancienne ligne ferroviaire des Coteaux, dans les Hauts-de-Seine à l'ouest de Paris, est convertie en ligne de tramway et connaît, elle aussi, un grand succès. Fin 2006, la ligne des Coquetiers en Seine-Saint-Denis est à son tour convertie, mais cette fois en ligne hybride de tram-train. Un mois plus tard, le T3 marque le grand retour du tramway à Paris, après soixante-neuf ans d'absence. En 2008, divers projets d'extension sont en cours.

Le réseau moderne

Réseau de tramways

En 2009, il existe quatre lignes de tramway en activité en Île-de-France, toutes situées à la périphérie de la ville de Paris ou dans la proche banlieue parisienne. Chaque ligne demeure jusqu'à présent isolée, et chacune possède son propre dépôt et son matériel spécifique, parfois incompatible avec les autres lignes[38]. Ces quatre lignes ne constituent donc pas de fait un véritable réseau cohérent.

T1 : Saint-Denis — Noisy-le-Sec

Rame du tramway francilien T1

La ligne T1 relie Saint-Denis à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris. Elle est mise en service en 1992 entre Saint-Denis et Bobigny et marque le grand retour du tramway dans la région après trente-cinq ans d'absence. La ligne est prolongée à l'est jusqu'à Noisy-le-Sec en décembre 2003 et dessert depuis cette date vingt-six stations. La ligne qui a rencontré un rapide succès transporte en moyenne 100 000 voyageurs chaque jour de semaine.

Son prolongement à l'ouest jusqu'à la station de métro Asnières - Gennevilliers - Les Courtilles va être mis en chantier début 2009 pour une mise en service prévue en 2012 ; une autre extension est prévue au sud-est jusqu'à Montreuil, mais reste bloquée depuis plusieurs années par l'opposition de la municipalité de Noisy-le-Sec qui conteste le tracé prévu.

La ligne est équipée de trente-cinq rames du matériel Tramway français standard (TFS), entretenues par les ateliers de maintenance de Bobigny, communs à ligne 5 du métro.

T2 : La Défense — Issy-les-Moulineaux

Rame du tramway francilien T2 en gare d'Issy-les-Moulineaux

La ligne T2, dite « Trans Val-de-Seine » relie le quartier de La Défense à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris. Elle est mise en service en 1997 sur le trajet d'une ancienne ligne SNCF remise en état et adaptée.

Deux extensions sont prévues, l'une en 2009 au sud-est jusqu'à la Porte de Versailles, permettant la correspondance avec la ligne 12, ainsi qu'avec la ligne T3, l'autre en 2011 au nord-ouest avec la création de huit nouvelles stations jusqu'à Bezons (Val-d'Oise), permettant une correspondance avec la gare de La Garenne-Colombes.

L'un des projets d'extension proposé au sud-est, aurait permis au T2 de reprendre la tracé de la ligne de Petite Ceinture ; toutefois, les communes concernées par le prolongement et le syndicat des transports d'Île-de-France (STIF) lui ont préféré un tracé plus urbain, desservant les quartiers nord d'Issy-les-Moulineaux avec un terminus à la Porte de Versailles.

Pour faire face au succès de la ligne, fréquentée quotidiennement par 80 000 personnes, les vingt-six rames Citadis 302 ont été doublées en 2005, portant ainsi la capacité maximale de chaque tram à 440 places. Elles sont entretenues par les ateliers d'Issy-les-Moulineaux.

T3 : Pont du Garigliano — Porte d'Ivry

Une rame à porte de Gentilly

La ligne, surnommée « Tramway des Maréchaux Sud » car elle emprunte les boulevards des Maréchaux au sud de Paris, relie le Pont du Garigliano (ouest du 15e arrondissement) à la Porte d'Ivry (au sud-est du 13e arrondissement) depuis le 16 décembre 2006. Elle remplace une portion de la ligne d'autobus PC (Petite ceinture) et marque le grand retour du tramway à sur le territoire de la ville de Paris après soixante-neuf ans d'absence. Les vingt et une rames Citadis 402 sont entretenues par les ateliers de Lucotte.

Le trafic atteint en moyenne 100 000 voyageurs par jour ouvrable. Une extension ultérieure est prévue vers Porte de la Chapelle avec une mise en service escomptée fin 2012, puis éventuellement vers Porte d'Asnières. Cette extension se réalisera toutefois pour l'essentiel sous la forme d'une seconde ligne, en correspondance directe avec le T3 à porte de Vincennes, une ligne unique étant trop longue pour assurer une exploitation fiable. L'indice de cette future ligne n'est pas encore connu[39], bien que le STIF présente celui-ci sous le nom de « T3est » dans ses campagnes de communications de 2009[40].

Le tour complet de Paris n'est plus envisagé en raison de l'opposition des habitants du 16e arrondissement et de l'existence d'une desserte, pourtant très médiocre, assurée par la ligne C du RER.

T4 : Aulnay-sous-Bois — Bondy

Une rame à Livry-Gargan

La ligne 4 de tramway est une ligne dite de tram-train exploitée par la SNCF, mise en service le 20 novembre 2006 entre Aulnay-sous-Bois et Bondy, dans le département de la Seine-Saint-Denis en Île-de-France.

Reliant les réseaux ferrés Nord et Est, elle est issue de la transformation et de la mise à double voie de la ligne des Coquetiers ouverte en 1875. Victime d'une importante désaffection du public due à la faiblesse de sa desserte et de ses performances, source de nombreux problèmes de circulation à cause de ses passages à niveaux, la ligne a été fermée en décembre 2003 avant de renaître après d'importants travaux de réhabilitation sous une forme hybride à mi-chemin du train et du tramway urbain. Elle est ainsi devenue la première ligne française de tram-train, concept qui prendra pleinement son sens lors de ses éventuels prolongements en mode tramway sur la voirie urbaine. Les objectifs fixés à 40 000 voyageurs par jour à terme ne sont pas encore atteints : ils n'étaient que 29 000 en octobre 2007[41].

Les quinze rames Avanto sont entretenues par les ateliers SNCF de Noisy-le-Sec.

Tarification et financement

La ligne T3 à la station Porte d'Ivry.

La tarification du tramway est identique à celui de l'essentiel des lignes de bus et accessible avec les mêmes abonnements. Un ticket t+ permet un trajet simple quel que soit la distance avec une ou plusieurs correspondances possibles avec les lignes de bus et de tramway pendant une durée maximale de 1 h 30 entre la première et dernière validation, mais pas avec le métro ou le RER.

Sur le T4, les billets origine/destination sont toujours vendus par la SNCF. Contrairement aux trois autres lignes de tramway d'Île-de-France, la validation des titres de transport se réalise sur les quais, les rames ne comportant pas de composteurs.

Le financement du fonctionnement des lignes, entretien, matériel et charges de personnel, est assuré par la RATP pour les T1, T2 et T3. Sur le T4, le financement est assuré par RFF pour l'infrastructure, ou la SNCF pour le personnel et le matériel. Cependant, les tarifs des billets et abonnements dont le montant est limité par décision politique ne couvrent pas les frais réels de transport. Le manque à gagner est compensé par l'autorité organisatrice, le STIF, présidé depuis 2005 par le président du Conseil régional d'Île-de-France et composé d'élus locaux. Il définit les conditions générales d'exploitation ainsi que la durée et la fréquence des services. L'équilibre financier du fonctionnement est assuré par une dotation globale annuelle de 3,5 milliards d'euros aux transporteurs de la région grâce au versement transport payé par les entreprises et aux contributions des collectivités publiques[42].

Conduite et signalisation

Article connexe : Signalisation Tramway.

La conduite sur les lignes se fait en « conduite à vue », on n'y trouve que des panneaux de limitation de vitesse, des signaux de protection d'itinéraires et des signaux protégeant le franchissement des carrefours. Pour ces derniers, la voirie est équipée de signaux tricolores classiques de type R11 tandis que la ligne est équipée de signaux de type R17 et R18 associés à la signalisation routière.

Sur un fond noir, une barre horizontale de couleur blanche signale l'arrêt, un rond blanc annonce un signal d'arrêt et une barre verticale blanche la voie libre. Une signalisation d'aide à l'exploitation complète ces signaux, un losange lumineux signalant la prise en charge de la demande de priorité au carrefour.

Les signaux de protection d'itinéraires ou signaux d'exploitation se situent où se trouvent les appareils de voies (aiguillages). Les panneaux de limitation de vitesse se présentent quant à eux comme des panneaux carrés avec des chiffres noirs sur fond blanc sur les T1, T2 et T3, carrés avec des chiffres noirs sur fond jaune sur le T4. Enfin, les indicateurs de coupure de courant sont implantés en amont de chaque secteur d'alimentation de la ligne aérienne de contact (LAC). Deux ronds blancs alignés en position verticale annoncent une ligne alimentée, alignés en position horizontale une ligne non alimentée[43].

L'avenir du tramway en Île-de-France

En 2008, plusieurs projets de lignes sont planifiés, certains sont déclarés d'utilité publique et en phase de travaux ou proches de l'être, tandis que d'autres demeurent assez hypothétiques. Contrairement à l'essentiel des réseaux de province ou à l'ancien réseau parisien, ces lignes ne sont pas destinées à réaliser un réseau structuré de tramway. En effet, le métro, le RER et les lignes ferroviaires de banlieue Transilien assurent l'essentiel des déplacements en Île-de-France, avec une forte capacité plus en adéquation avec la demande d'une région de onze millions d'habitants. Les futures lignes de tramway ont donc essentiellement pour vocation d'assurer une meilleure desserte en banlieue que les lignes de bus actuelles, soumises aux aléas des encombrements automobiles, par un rabattement efficace vers les axes « lourds ».

T5 : Saint-Denis - Garges-Sarcelles

Le tramway T5 remplacera sur la route nationale 1 les bus souvent surchargés des lignes 168 et 268, ici à Pierrefitte-sur-Seine, à proximité d'un pont de la ligne de Grande Ceinture remplacé pour la construction de la ligne.

Une ligne de tramway Saint-Denis - Garges-Sarcelles ou ligne 5 du tramway d'Île-de-France, dite aussi « TCSP-RN1 » reliera Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Sarcelles et Garges-lès-Gonesse en 2011. Le tracé est long de 6,6 km et comporte 16 stations. La ligne déclarée d'utilité publique le 4 février 2005 sera réalisé sous la forme d'un tramway sur pneumatiques. Ce choix peut paraître contestable au vu des problèmes techniques connus par ce système à Nancy ou Caen, d'autant plus qu'il sera totalement incompatible avec la ligne T1 en correspondance au terminus méridional marché de Saint-Denis[44].

T6 : Châtillon - Viroflay

Une ligne de tramway sur pneumatiques dite ligne 6 du tramway d'Île-de-France de 14 km (dont 1,6 km en tunnel) et 21 stations dont 2 souterraines, parfois dénommée avant l'heure « T8 », reliera Châtillon - Montrouge, terminus de la ligne 13 du métro, à Viroflay - Rive Droite (Transilien Paris Saint-Lazare).

Déclarée d'utilité publique le 9 février 2006, les travaux préparatoires ont commencé durant l'été 2008, et l'inauguration totale de la ligne est prévue pour 2011 et 2012[45].

T7 : Villejuif - Athis-Mons

Une ligne de tramway Villejuif - Athis-Mons dite ligne 7 du tramway d'Île-de-France de 11 km et comportant 18 stations reliera Villejuif, terminus de la ligne 7 du métro, Rungis et Orly à Athis-Mons. La ligne a été déclarée d'utilité publique le 1er février 2005 et sa mise en service est prévue courant 2014. À terme, la ligne sera prolongée au sud jusqu'à Juvisy-sur-Orge[46].

T8 : Saint-Denis - Épinay-sur-Seine/Villetaneuse

Le T8, anciennement Tram'y, est une ligne en fourche longue de 8,46 km et comportant 17 stations, devant relier en 2012 Saint-Denis (Porte de Paris) à Épinay-sur-Seine (Quartier d'Orgemont) et à Villetaneuse (future gare de la Tangentielle Nord). La ligne a été déclarée d'utilité publique le 26 décembre 2007. Un prolongement vers la future gare Évangile du RER E à Paris avait été présenté dans le dossier de candidature de Paris pour l'organisation des Jeux olympiques d'été de 2012[47].

Projets

Trois autres lignes sont en projet, mais n'ont pas encore été déclarées d'utilité publique :

  • Tramway Antony - Clamart : ligne reliant la station du RER B, et terminus du Trans-Val-de-Marne, Antony-Croix de Berny à Clamart-Place du Garde. Elle permettera notamment de désenclaver le sud des Hauts-de-Seine, qui est plutôt pauvre en matière de transports en commun, comparé au reste des Hauts-de-Seine, et de desservir des zones d'activités et d'emplois, telles que le parc d’activités de Plessis-Clamart, ainsi que différents équipements d'enseignements et de recherche et des zones denses d'habitat[50],[51].

Annexes

Articles connexes

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Pour le détail de l'histoire des compagnies, des lignes et de leur exploitation, se reporter aux articles spécifiques.

Réseaux de grande banlieue :

Bibliographie

  • Jean Robert, Les tramways parisiens, Jean Robert (réimpr. 3e édition 1992) 
  • Jean Tricoire, Le tramway à Paris et en Île-de-France, La Vie du Rail, 2007 (ISBN 978-2-915034-66-0) 
  • Marc Gaillard, Du Madeleine-Bastille à Meteor, histoire des transports parisiens, Martelle éditions, 1991, 223 p.
  • Clive Lamming, Paris Tram, Parigramme, 2003 

Liens externes

Notes, sources et références

  1. Jean Robert, Les tramways parisiens, p. 32
  2. a  et b Jean Robert, « Cent vingt cinq ans de tramways en France », dans La Vie du Rail, 26 novembre 1981 
  3. Jean Robert, op. cit, p. 38
  4. a  et b Daniel Kinnear Clarck et M.O. Chemin, Tramways - construction et exploitation, Dunod, 1880, 462 p. 
  5. Jean Robert, op. cit., p. 39
  6. Jean Robert, op. cit., p. 42
  7. Marc Gaillard, Du Madeleine-Bastille à Meteor, histoire des transports parisiens, p. 56
  8. Jean Robert, op. cit, p. 44
  9. Jean Robert, op. cit., p. 45
  10. a  et b Jean Robert, op. cit., p. 47
  11. Jean Robert, op. cit., p. 48
  12. Jean Robert, op. cit., p. 49
  13. a , b  et c Marc Gaillard, op. cit., p. 58
  14. Jean Robert, op. cit., p. 51-52
  15. Jean Robert, op. cit., p. 59
  16. a  et b Jean Tricoire, op. cit. p. 17
  17. Jean Robert, op. cit., p. 61
  18. Marc Gaillard, op. cit., p. 62
  19. Marc Gaillard, op. cit., p. 64
  20. Jean Robert, op. cit., p. 73
  21. Jean Robert, op. cit., p. 81
  22. Jean Robert, op. cit., p. 85
  23. Jean Robert, op. cit., p. 86
  24. Jean Robert, op. cit., p. 128
  25. Jean Tricoire, op. cit. p. 22
  26. a , b , c  et d Marc Gaillard, op. cit., p. 74
  27. Marc Gaillard, op. cit., p. 72
  28. Jean Robert, op. cit., p. 93
  29. a  et b Jean Tricoire, op. cit. p. 25
  30. Jean Tricoire, op. cit. p. 35
  31. a  et b Jean Tricoire, op. cit. p. 39
  32. Marc Gaillard, op. cit., p. 76
  33. La liste des lignes exploitées par la STCRP en 1935 peut être consultée ici
  34. Jean Tricoire, op. cit. p. 43
  35. Lille-Roubaix-Tourcoing, Marseille et Saint-Étienne sont les trois seules agglomérations à conserver des lignes de tramway en France.
  36. Jean Robert, Les tramways parisiens, p. 521
  37. Jean Tricoire, Le Tramway à Paris et en Île-de-France , p. 65-66
  38. Les rames Citadis 402 du T3, larges de 2,65 m, sont trop larges pour les lignes T1 et T2, prévues pour un matériel de 2,30 m.
  39. RATP - Extension réseau : Prolongement du tramway des Maréchaux (T3) Porte d'Ivry / Porte de la Chapelle
  40. Les campagnes de communication 2009 sur le site du STIF consulté le 12 avril 2009.
  41. Le Parisien, édition 93, du 19 novembre 2007
  42. Site officiel de la RATP - Le STIF
  43. Jean Tricoire, Le Tramway à Paris et en Île-de-France , p. 140
  44. RATP - Extension réseau : Création de ligne Saint Denis / Garges-Sarcelles
  45. Site officiel du projet - Calendrier
  46. RATP - Extension réseau : Création de ligne Villejuif / Athis-Mons
  47. RATP - Extension réseau : Création de ligne St-Denis (Porte de Paris) / Epinay/Villetaneuse
  48. RATP - Extension réseau : Creation de ligne Meudon / Boulogne/Saint-Cloud
  49. Projet de SDRIF adopté le 25 septembre 2008, projet non encore approuvé en Conseil d'État, voir notamment page 81
  50. Hauts-de-Seine.net : Quatre nouveaux grands projets
  51. [pdf] Le Parisien : Antony - Clamart : Les deux villes seront bien reliées par un tramway


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