Théorie de construction de la pyramide de Khéops par Jean-Pierre Houdin

Théorie de construction de la pyramide de Khéops par Jean-Pierre Houdin

L'architecte français Jean-Pierre Houdin et l'égyptologue américain Bob Brier défendent une théorie de construction de la pyramide de Khéops basée sur l'utilisation d'une double rampe frontale et d'une rampe intérieure. Née en 1999, la thèse fait partie des nombreuses théories sur la méthode de construction des pyramides égyptiennes.

Sommaire

Explications

En 2005, Jean-Pierre Houdin est soutenu par les ingénieurs de la société Dassault Systèmes qui simulent l'ensemble de sa théorie dans le monde virtuel et démontrent que tous les processus décrits par la théorie sont plausibles et permettraient de reconstruire avec les contraintes de l’époque (hommes, matériaux, outils.) une pyramide identique (volume, parement en pierre de Tourah, chambre du Roi avec sa série de poutres monumentales allant jusqu’à 60 tonnes) en une vingtaine d'années.

L'équipe va plus loin en 2006 en démontrant grâce aux logiciels de simulation par éléments finis utilisés notamment dans la simulation de crash tests dans l'industrie automobile comment les poutres de la chambre du roi ont craqué. Cette étude soutient que les poutres n'auraient pas pu craquer au moment de la construction de la chambre du roi. Les poutres auraient craqué à cause de la conjonction de deux facteurs, à savoir la présence de 80 mètres minimum de pierres au-dessus des plafonds et l'affaissement de trois centimètres du mur sud.

La rampe frontale

Jean-Pierre Houdin suppose l'utilisation d'une rampe frontale à double voie construite avec les mêmes matériaux que la pyramide pour la construction des 43 premiers mètres de l'édifice, soit le niveau de la base de la chambre du Roi : une voie est utilisée pour monter les blocs de pierre pendant que l'autre voie est rehaussée, permettant ainsi la continuité des travaux. Le premier tiers en hauteur de la pyramide, soit les deux tiers de son volume, serait construit de cette manière. Pour construire au-delà de 43 mètres, la rampe extérieure aurait été beaucoup trop volumineuse, donc inadaptée au chantier.

La rampe interne

C'est pourquoi il avance l'hypothèse de la construction d'une seconde rampe à l’intérieur de l’édifice qui aurait permis de monter les blocs pour la suite des travaux : cette rampe en forme de spirale, construite depuis la base de la pyramide, aurait ainsi couru à quelques mètres des faces de la pyramide, en 21 tronçons et sur 1,6 km. À chaque rencontre de l'une des arêtes, un espace ouvert aurait permis de tourner les blocs de pierre[1].

La partie supérieure de la pyramide aurait été ainsi construite avec les matériaux récupérés du démontage de la rampe extérieure, ce qui expliquerait l’absence sur le terrain de résidus importants qu’une rampe extérieure unique n’aurait pas manqué de créer.

L'architecte met en exergue les défauts des autres théories afin de soutenir la sienne. Ainsi une rampe frontale allant jusqu'au sommet de la pyramide nécessiterait une pente trop forte ou un volume trop important. La rampe en spirale préconisée par l'égyptologue Georges Goyon aurait manqué de stabilité, n'aurait offert que trop peu de liberté aux haleurs et n’aurait pas permis de contrôler la parfaite exécution de la pyramide, sans oublier que la construction de la Chambre du Roi impliquait le transport de poutres de granit de plus de 60 tonnes jusqu’à une hauteur de 60 mètres.

Jean-Pierre Houdin étaie son hypothèse sur plusieurs indices archéologiques. Parmi ceux-ci, la présence dans le socle de l'obélisque maçonné du temple solaire de NiouserrêAbousir de ce qu'il qualifie de « rampe interne ». Le site, datant de la Ve dynastie et méticuleusement étudié par Ludwig Borchardt, présente une structure interne en colimaçon qui ne semblait indiquer jusqu’à présent qu’un simple escalier d'accès à la terrasse du premier tronc de l'obélisque. Pour Houdin, cette structure prouve que le concept de couloir en spirale à angle droit était un élément architectural utilisé par les bâtisseurs égyptiens à peine plus d’un siècle après la construction de la Grande pyramide ; mais surtout, en étudiant de près les vestiges visibles, on découvre les traces d’une rampe d’origine beaucoup plus large que le couloir définitif lui-même et que les premiers rangs de blocs des murs latéraux visibles sont posés parallèlement à la pente de cette rampe, suivant le même principe que ceux de la grande galerie de la pyramide de Khéops. Cela laisse à penser qu’une rampe en spirale non couverte à l’intérieur du socle aurait été utilisée pour la construction de celui-ci et qu’ensuite un couloir couvert d’accès à la terrasse aurait été construit dans l’emprise de cette rampe.

Un argument fondamental est le contrôle de l’élévation de la pyramide qui ne peut être assuré, selon l’auteur, qu’en posant les blocs de parement en calcaire fin déjà surfacé en premier et ce niveau après niveau ; les arêtes, façades et diagonales sont alors parfaitement contrôlables. La seule façon d’y parvenir est d’introduire les blocs de façade dans le périmètre de l’édifice et de les positionner ensuite en façade, de l’intérieur vers l’extérieur. La rampe extérieure permet de le faire pendant toute la durée de son utilisation, mais seule la rampe intérieure permet de continuer le processus jusqu’au sommet. D’après Jean-Pierre Houdin, le calcaire de Tourah est d’ailleurs un des éléments fondamentaux, avec l’invention de la technique de l’encorbellement, qui ont conduit à la construction des grandes pyramides lisses de la IVe dynastie (pyramide rhomboïdale, pyramide rouge, 3e étape de la pyramide de Meïdoum, pyramide de Khéops et pyramide de Khéphren). En effet, ce calcaire a une particularité remarquable : il est tendre à l’état naturel dans la carrière, mais il durcit très vite à l’air libre après son extraction. Les Égyptiens, ne disposant que d’outils en cuivre, avaient compris tout l’intérêt de les façonner définitivement dès l’extraction. Il était donc impératif de pouvoir mettre en place ce parement en premier, niveau après niveau. Le parement encore visible de la pyramide rhomboïdale en serait une preuve, les nombreuses réparations effectuées sur les blocs de façade montrent bien que ceux-ci ont été posés déjà surfacés. Durant leur transport ces blocs recevaient des chocs, particulièrement aux arêtes ; une réparation était donc nécessaire juste avant la pose définitive. Plus important, sur certains blocs les réparations montrent qu’elles n’ont pu être réalisées qu’avant la pose du bloc immédiatement au-dessus de ceux-ci.

Les mesures micro-gravimétriques effectuées par EDF en 1986 lors de l'étude de l'architecte français Gilles Dormion ont révélé des différences de densité dans l'infrastructure. Ce dernier interprète ces mesures comme l'évidence de la présence de gradins dans le corps de la pyramide. Ces gradins ont déjà été constatés dans d'autres pyramides dans un état de ruine plus avancé, mais pas dans les grandes pyramides lisses de la IVe dynastie. Jean-Pierre Houdin, quant à lui, voit dans les sous-densités détectées plutôt le signe de la présence d'une structure interne évidée en colimaçon, ce que confirme Huy Duong Bui[2].

La présence d’une encoche dans l’arête Nord-Est de la grande pyramide semble correspondre parfaitement à la 9e encoche de la rampe intérieure proposée. En avril 2008, lors du tournage d’un documentaire de télévision réunissant Jean-Pierre Houdin et Bob Brier, ce dernier et un caméraman ont reçu l’autorisation d’escalader la pyramide pour aller filmer cette encoche. Bob Brier a eu l’énorme surprise de pénétrer dans une pièce construite (et non pas creusée) située immédiatement derrière les faces visibles de cette encoche. Cette pièce en L, dont chaque branche mesure environ 3 m par 3 m pour une largeur de 1,50 m et une hauteur de 2,25 m, est en retrait de près de 9 m des faces d’origine ; elle s’inscrit parfaitement dans la continuité des rampes intérieures au point de rotation des traîneaux. Les reconstitutions 3D numériques effectuées à partir des images vidéos haute définition tournées sur place confirment la possibilité qu’il s’agit là d’un élément du dispositif de rampe intérieure tel qu’avancé par Jean-Pierre Houdin et que le vide conservé est lié au processus de rebouchage de l’encoche. Cette pièce, bien qu’apparemment déjà visitée, n’avait auparavant jamais été répertoriée dans aucun document relatif à la pyramide de Khéops.

La conception de cette galerie interne longue de 1,6 km et dotée sur toute sa longueur d'une voûte en encorbellement n’aurait pas posé de problème constructif puisque les Égyptiens utilisaient cette technique depuis plus d’une centaine d’années ; Gilles Dormion a en effet mis au jour en 2000 la présence de vides en encorbellement au-dessus du couloir descendant et des logettes en bas de ce dernier dans la pyramide de Meïdoum.

Une telle rampe intérieure n'a pas encore été officiellement détectée ni dans la pyramide de Khéops, ni dans la pyramide de Khéphren, qui présente le même défi technique que celle de Khéops. Seule une étude plus poussée du monument à l'aide de techniques non-destructives (du type radar, thermographie infrarouge, micro-gravimétrie ou encore acoustique) permettrait de valider cette théorie.

Filmographie

  • Kheops révélé : DVD de Florence Tran, Gedeon, Dassault Systèmes, 2007 (ISBN 3760161740609)

Notes

  1. Théorie de Jean-Pierre Houdin, en 3D sur le site de Dassault Systèmes
  2. Huy Duong Bui, directeur de recherche à l’Institut polytechnique, Membre de l’académie des Sciences, a analysé sur ordinateur (Cray 1 d’EDF) les centaines de mesures micro-gravimétriques prises sur place à Gizeh

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Théorie de construction de la pyramide de Khéops par Jean-Pierre Houdin de Wikipédia en français (auteurs)

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