Occitanie pendant la Revolution francaise

Occitanie pendant la Revolution francaise

Occitanie pendant la Révolution française

L'évolution historique du territoire occitan pendant la Révolution française, de 1788 à 1795.

Sommaire

Abolition des Etats historiques

Peu avant la Révolution française, en 1788, les nobles du Dauphiné demandèrent que de nouvelles Assemblées Territoriales soient substituées aux anciens États provinciaux. À la même époque, le Parlement de Bordeaux tentait d'empêcher la constitution de l'Assemblée du Limousin.

L'aristocratie provençale demanda la décentralisation et la prédominance locale. En 1787, Loménie de Brienne, archevêque de Toulouse, tenta d'empêcher les réformes de Calonne, qui voulait augmenter les impôts, abolir les douanes internes ainsi que la gabelle et réduire le pouvoir des parlements locaux. Le 5 mai 1788, Lamoignon, chancelier du parlement de Paris, tenta de modifier le système judiciaire en abolissant le tribunal des nobles.

En Provence, les fonctionnaires municipaux étaient choisis par une assemblée de communautés, ennemie du peuple[non neutre]. En décembre 1787, suite à des pressions, sont réunis les États de Provence. Mais la noblesse y dominait, de sorte qu'à l'hiver 1788-1789 éclatèrent des révoltes confuses à Aix, Toulon et Marseille. En même temps, le parlement de Béarn refuse d'accepter l'intendant militaire et l'expulse, défiant ainsi Paris.

En 1785, le Dauphiné (zone alors la plus industrialisée de la France) convoque des États Provinciaux, réunis entre le premier décembre 1788 et le 16 janvier 1789 à Grenoble, où se produisirent les premiers conflits pour la représentation. Mounier en fera partie, mais en juin 1789 les bandits assaillirent les magasins et emportèrent les denrées. Simultanément, en 1790 ils brûlèrent le palais du duc d'Aguillon à Agen et le Parlement de Plaintes vota son autodissolution.

Participation occitane à la Révolution

L'Occitanie participa assez activement à la Révolution. Depuis 1789 s'impose le parti girondin (ainsi nommé d'après la région de la Gironde, autour de Bordeaux, d'où beaucoup des dirigeants étaient originaires). C'était des voltairiens influencés par la révolution nord-américaine, qui réclamaient plus de pouvoir pour les provinces et les départements. Les principaux dirigeants girondins occitans étaient le limousin Pierre Vergniaud (1753-1793), président de la Convention en janvier 1793, et le marseillais Charles Barbaroux (1767-1794). Un autre groupe postérieur fut le Club des Feuillants, ainsi appelé car il se réunissait dans ce monastère aquitain, des jacobins modérés qui défendirent la constitution de 1791 et s'opposèrent à l'exécution du roi. Les principaux chefs étaient l'auvergnat marquis de La Fayette (1757-1834) - héros de la Guerre aux États-Unis -, le provençal Emmanuel Joseph Siéyès (1748-1836) - auteur des études Essai sur les privilèges (1788) et Qu'est-ce que le Tiers État ? (1789), qui en 1799 ferait partie du Directoire et serait complice du coup d'état de brumaire, et l'un des trois consuls -, le dauphinois Antoine-Pierre Barnave (1761-1793) - député de Grenoble exécuté par Robespierre - et le Français Jean Bailly, aussi exécuté en 1793.

D'abord, la révolution fut très bien reçue. Les Provençaux Mirabeau et Pascalis demandèrent le rétablissement des anciens droits et autonomies du Béarn et de la Provence, mais Pascalis fut lynché par la foule en 1790[1], et ses partisans, des bourgeois ruraux et des aristocrates ruinés, ne reçurent pas le soutien du peuple.

En 1790, Latrosne abolit l'ancienne division provinciale de la France en 25 généralités, 250 districts et 4.500 cantons, qui furent concrétisés en 1793 en 81 départements, dont 31 correspondaient au territoire occitan. Chacun d'entre eux avait un juge de paix, et de cette manière les Assemblées Provinciales de 1787 et les Fors furent définitivement abolis, considérés comme anachroniques.

Carte des régions françaises en 1789

D'autre part, la Déclaration des Droits de l'Homme supprima l'ancienne division de la France en cinq zones fiscales, de sorte que tous étaient égaux devant l'impôt. Le 12 juin 1790 le Comtat-Venaissin, qui s'était déjà soulevé contre les papes en 1659-1662 et en 1665, fut proclamé indépendant, et le 18 août 1791, par 70 votes contre 19, on décida de l'incorporer à la France.

En 1792, le girondin Barbaroux proposa à Pétion et Roland d'établir une République du Midi, et de là, plus tard, de conquérir le Nord, si les choses n'allaient pas bien. Ainsi, les volontaires marseillais arrivèrent à Paris et participèrent à l'établissement de la Convention Nationale (juillet 1792). Le montpelliérain Joseph Cambon (1756-1820) fut conseiller des finances en 1793.

En septembre 1792, le général français d'Anselme occupa Nice avec 7 000 Marseillais et en expulsa le comte de Saint-André. Le 3 janvier 1793, on approuva son annexion à la France, on y introduisit les lois et institutions françaises, et elle fit partie du département des Alpes-Maritimes. Trois ans plus tard, en 1796, et après ratification à la chute de Napoléon, elle revint à la Savoie.

Répression et Terreur

De même, la réaction à la Terreur suscitée par Robespierre et Georges Danton, comme la chute et l’exécution des dirigeants girondins, provoqua une spirale d’insurrections en pays occitan. Le 7 juillet 1793, se produisit une révolte fédéraliste à Bordeaux, étouffée dans le sang par les envoyés Ysabeau et Tallien, qui guillotinèrent le maire et 881 résistants. Mais cela excita la révolte de Toulon, où on exécuta le préfet jacobin Jacob Sevestre, et on appela à l’aide l’amiral britannique Hood. Napoléon Bonaparte conquit la ville le 18 décembre 1793 et réduisit la population d’un quart, en envoyant 12 000 Toulonnais aux travaux forcés. En même temps, du 12 juillet au 25 août, Marseille se souleva aussi, finalement reprise en main par Doppet et Carteaux. Les révoltes en général prirent fin, bien que le 9 août se produisît une nouvelle révolte de paysans à Toulouse, qui fut réprimée très durement.

Persécution linguistique

Pour donner le coup de grâce au pays, il ne manquait plus qu’à attaquer la langue. Déjà le 17 juin 1789 l’Assemblée nationale avait déclaré l’« unité linguistique de la France », sur proposition du gascon bigourdan Bertrand Barère de Vieuzac, qui proposa que désormais la langue officielle ne fût plus que le français.

Jusque là, le français était la langue de l’administration, et les autres parlers étaient discriminés, sans être l’objet de persécutions systématiques. Quelques rois aimaient même emmener des interprètes dans les provinces. La première proposition émana de gens du pays, comme Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun, qui dans un Rapport sur l’instruction publique affirmait qu’il fallait inculquer aux citoyens de nouveaux sentiments, de nouvelles coutumes, de nouvelles habitudes. Le décret du 14 janvier 1790, où se distinguait le languedocien Dugas, rédacteur du Point du Jour, prônait la traduction et la diffusion de messages dans les parlers régionaux. Mais le gascon Barère de Vieuzac s’opposa à lui, en publiant un rapport le 27 janvier 1794 où il affirmait : « le féodalisme et la superstition parlent bas-breton, l’émigration et la haine de la république parlent allemand, la contre-révolution parle italien, et le fanatisme parle basque ».

Pour finir, l’abbé lorrain Henri Grégoire, évêque de Blois, qui haïssait les patois, surtout provençaux, présenta à la Convention un Rapport sur la nécessité et les moyens d’anéantir les patois et universaliser l’usage de la langue française, où il traitait les parlers locaux avec un mépris sans précédent jusqu’alors, et en proposait l’élimination virtuelle, comme contre-révolutionnaires et réactionnaires. Ainsi, le 12 mai 1794, le conseil municipal de Marseille interdit la représentation de pièces de théâtre en provençal, au motif que l’unité des Français devait exister jusque dans le langage, et il supprima alors les Académies occitanes.

La Terreur finie, la politique de persécution contre les patois continua. Le 27 janvier 1794, le français devint par décret la langue obligatoire dans tous les actes publics, tandis que le 4 juin l’usage du patois y était interdit. Dans le rapport du 9 juillet 1794, le délégué du département du Var qualifiait l’occitan de jargon extravagant de cette contrée. De plus, le 4 juin 1794 fut publié le rapport de l’abbé Grégoire qui proposait l’usage exclusif du français dans les discussions municipales, comme la modification des écriteaux et des noms de rues.

Cependant, après la Terreur, la pression s’atténua. Le 25 octobre 1795, le fuxéen Joseph Lakanal modifia habilement le sens de la Loi d’enseignement du français, afin qu’il ne soit pas expressément en français. D’ailleurs, la république d’alors ne disposait ni de l’argent, ni des effectifs humains pour mener à terme cette réforme, qui nécessitera un siècle.

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Notes, sources et références

  1. page 1112 : Journal de la France et des Français - Chronologie politique, culturelle et religieuse de Clovis à 2000, éd. Quarto Gallimard, 2001, 2408 p. - (ISBN 2-07-073756-X)

(ca) Bibliographie

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