Les castes dans la politique indienne

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Castes dans la politique indienne

Inde

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Cet article fait partie de la série sur la
politique de l'Inde,
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L'Inde doit affronter un paradoxe : modèle de démocratie notamment pour les pays du Tiers-monde, elle est également l'héritière d'un système complexe de stratification sociale, ancien, le système des castes, qui évolue de façon progressiste dans la société indienne moderne.

Sommaire

Depuis l'indépendance

Entre 1997 et 2002, les Indiens ont eu pour la première fois de leur histoire un président de l’Union d’origine intouchable, en la personne de Kocheril Raman Narayanan. Les « caste no bar » (« aucune préférence de castes ») qui terminent les annonces matrimoniales se multiplient comme les relations exogames ou les relations d’amitiés intercastes. Les intouchables ont accès aux temples, comme ils ont légalement accès aux autres institutions publiques comme l’école et le Parlement en vertu de la Constitution promulguée en 1950. L’accès aux métiers est de moins en moins décidé en fonction de la caste.

Alexandra David-Néel, dans L'Inde où j'ai vécu, faisait paraître son optimisme sur les bouleversements sociaux qui se sont produits pendant l’écriture de son livre en 1951. Selon elle, le système des castes périrait dès lors qu’on le déconsidérerait.

Une égalité de droit inscrite dans la constitution

En Inde, depuis l’indépendance en 1947, tous les citoyens sont égaux en droit. Il n’existe donc plus d’inégalité juridique. En rompant avec un système vieux de trois millénaires, par nature inégal, l’Inde a effectué, il y a environ 50 ans, une véritable révolution. Désormais, tout le monde est égal aux yeux de l’État, qu’il soit brahmane ou dalit. Dans le même temps, la toute nouvelle nation indienne s’est dotée des libertés individuelles fondamentales à une démocratie de type libéral : liberté de s’exprimer, d’opinion, de mariage, de travail etc., contradictoires avec les valeurs des castes. Ce tournant dans l’histoire indienne s’apparente à ce qui s'est passé en France, toute proportion gardée, la nuit, du 4 août 1789, date de l’abolition des privilèges.

Cependant, le système des castes a simplement été considéré comme non-existant, et n'a pas été aboli, ni déclaré illégal. En effet, beaucoup d’Indiens, tout comme Gandhi, sont très attachés à leur culture, c’est-à-dire, à l’hindouisme et aux castes, qu'ils considèrent comme consubstantiel. Détruire le système des castes serait pour beaucoup, détruire l’Inde tout simplement puisque la religion hindouiste, est le seul lien unificateur de la nation. Cela ne veut pas dire que ces législateurs n’étaient pas attaché à l’égalité et à la reconnaissance des plus bas (Gandhi renomma les intouchables, "Harijan", "fils de Dieu" en hindi afin de les reconsidérer). Tous ces principes énoncés ci-dessous ne font pas partie d’un quelconque code civil, mais de la constitution (1950), véritable socle de la nation indienne « quasi vénéré ». L’article 15 interdit toute discrimination basée sur la caste, le sexe, le lieu de naissance ou la religion (L’Inde est en cela une nation véritablement laïque et multireligieuse, au même titre que la France). C’est ainsi que les lieux qui étaient jusqu'ici interdits aux intouchables comme les puits, et surtout les temples furent ouverts à tous. Désormais, chacun a également le droit de se marier avec celui ou celle qu’il désire. L’article 16 abolit l’intouchabilité. Cette décision vint surtout d'un juriste d'origine "intouchable" Ambedkar, qui participa à la rédaction de la constitution indienne. L’État a mis en place des lois qui punissent les infractions, comme la discrimination de castes ; la police veille pour la protection de chacun, quelles que soient ses origines sociales. En bref, l’Inde, en tant que pouvoir politique, n’est plus complice d’un système inégalitaire et restrictif qu’il a coordonné pendant plusieurs siècles. Les lois et règles sont du domaine de l’État et non plus des castes et de la religion. La nation indienne est donc démocratique.

Les politiques de discriminations positives

L’égalité juridique n’est pas un gage d’égalité des conditions, bien au contraire. Les parias sont égaux par rapport aux autres, ce qui ne les empêche pas d’être toujours défavorisés. Afin de rendre plus juste le système et d’améliorer les conditions de certains, l’État s’est lancé dans des actions plus actives et moins théoriques, partant sur le principe d’équité énoncé dans l’article 46 de la constitution qui stipule que l’État veillera à défendre les intérêts sociaux et économiques des plus bas. L’État indien octroie des aides différenciées rompant ainsi avec le principe d’égalité. La mesure la plus notoire reste sans nul doute les « affirmative actions » (traduit en français par « discrimination positive »), qui existaient déjà sous la colonisation et ont été généralisées dès l’indépendance, ce qui traduit la prise en compte de ces problèmes par l’État. La discrimination positive concerne les SC, « scheduled castes » ("castes répertoriées" : c'est-à-dire "les intouchables") et les, ST, « scheduled tribes » ("tribus répertoriées" : les populations aborigènes), qui ont un certain nombre de places réservées au parlement, et dans les universités et autres corps de l’État (en fonction de leur poids démographique respectif, c’est-à-dire des quotas de respectivement 15% et 7%). Il existe aussi des OBC, « other backward castes » ("autres castes arriérées" : les basses castes), par opposition aux FC, « forward castes » ("castes avancées" : les hautes castes), qui sont choisies ici par les États fédérés en tenant compte de leurs spécificités ; ce sont en général tous les sudras. C’est ainsi qu’à Mysore, toutes les castes sont des O.B.C., à l’exception des brahmanes. Ce regroupement des castes « arriérées » était un moyen de dire que l’État s’intéressait aux castes plus élevées que les intouchables, mais néanmoins tout aussi défavorisées. Ces OBC, qui constituent 52% de la population indienne ne bénéficient pas de quotas, ils sont juste protégés par l’État. Toujours dans le même registre, le gouvernement octroie des bourses d’aides aux études au S.C. et S.T. Ces mesures ont finalement permis de garantir à tous une vraie représentation et un poids dans la vie politique et sociale.

Des opprimés qui font valoir leurs droits et libertés

Cependant, l’État ne peut pas régler tous ces problèmes de société liés aux castes, qui sont aussi des problèmes moraux. Ainsi, il délègue en partie son pouvoir d’action à des particuliers touchés ou non par le problème. C’est ainsi que furent créés depuis les années 1950 des associations et partis politiques dont l’objectif s’inscrit dans la défense et l’émancipation des O.B.C. Ces mouvements ont permis d’aller au-delà des actions étatiques, en reconsidérant les défavorisés ; en faisant pression sur l’État afin qu'il poursuive ces actions de discrimination positive ; en dénoncant aussi bien les cas de violence, que la passivité de l’État dans ces affaires ; en encourageant l’insertion professionnelle et sociale des " intouchables " par le biais de l’école ; et aussi lutter contre la tendance des basses castes à se convertir au bouddhisme, au christianisme ou à l’islam, évolution qui à plus ou moins longue échéance, pourrait remettre en cause les bases même de la société indienne traditionnnelle. C’est ainsi qu’au fil du temps se sont formés des partis politiques ayant pour but la défense exclusive des " intouchables ". Il en existe aujourd’hui deux, le R.P.I. (parti républicain de l'Inde, fondé par Ambedkar et divisé en plusieurs factions), et le B.S.P., « Bahujan Samaj Party » (parti de la plèbe. Le BSP a réussi à mettre l’un des siens à la tête du gouvernement d'Uttar Pradesh(Mayawati, une ancienne institutrice) à trois reprises entre 1995 et 2002. Aux élections de 2002, le B.S.P., s’est hissé à 22% des voix. Petit à petit, se crée une véritable élite d'ex-"intouchables". La voix des parias s'est donc entendue au niveau national et de manière efficace. Cependant, tous les parias ne votent pas pour ces partis. Il existe un petit paradoxe dans la démocratie indienne : les indiens dits « très pauvres » ont un taux de participation de 2,9 point de plus que la moyenne ; les OBC, de 1,9 point en plus ; les ruraux, de 1,1 points de plus. Le plus étonnant est que le taux de participation électoral des hautes castes, normalement plus éduquées, est légèrement moins élevé que la moyenne (environ 70%). Ce qui démontre les désirs d'émancipation des classes défavorisées et leurs confiance en la démocratie indienne.

De la même façon, il existe des associations d’« intouchables », qui ne sont pas organisées en partis. Ce sont en quelque sorte des lobbies qui œuvrent pour la même cause que les partis cités précédemment, mais avec des moyens différents : Journaux, manifestations, campagnes de diverses sortes, propagande, et que l’on a pu voir en action lors du forum social mondial (FSM), à Bombay. Il existe des actions individuelles, réduites à un village ou une communauté urbaine, dans laquelle des hommes, seuls ou regroupés, tentent de briser les tabous par divers moyens. De même, il existe des avocats spécialisés dans la défense des basses castes et des parias. Si toutes ces actions se battent de manières différentes, le but reste le même : défense et promotion des intouchables (et parfois même des OBC).

Un problème persistant

Peut-on cependant affirmer que le système a totalement disparu ? Sûrement pas. À l’inverse de l’optimisme de Marx ou de Neel, se trouve Ambedkar, lui-même "intouchable", qui pensait que « l’édifice de la [notre] démocratie restera comme un palais reposant sur un tas de fumier » et que « rien ne pourra émanciper les hors-castes, si ce n’est par la destruction du système ». En effet s’il existe tout de même des changements notables, la situation n’a guère évolué surtout envers les défavorisés, c’est-à-dire les "parias" mais aussi les "sudras". Soyons tout de même réalistes, la société ne peut pas changer en une moitié de siècle ce qui a été construit et intégré en trois millénaires. La réalité est là, aussi bien dans le milieu rural qu’urbain, c’est encore la loi des castes qui prédomine sur le civil, c’est l’appartenance à une caste qui est déterminante (un citoyen indien quel qu'il soit ne peut pas cacher son appartenance à une caste). Les "intouchables" sont encore relégués aux emplois considérés comme les plus dégradant (ouvrier, éboueur, égoutier...), travaillant dans les pires conditions, alors que les hautes castes s’occupent de la direction économique, financière et politique du pays. Les "intouchables" ont abandonné la dénomination surréaliste et paternaliste d’"harijan" pour désormais se nommer eux-mêmes "dalits" (les "opprimés" en hindi). Un président "intouchable" a certes été élu en 1997, mais son pouvoir n'est qu'honorifique et protocolaire, et la chance de voir un premier ministre issu du rang des "parias" est encore plus hypothétique. Même chez les gens cultivés et éduqués, la caste joue encore un rôle prépondérant, comme le rappelle le parlementaire S.Yadav, à la tribune, en 1990 : « Y a-t-il quelqu’un dans cette assemblée, en dehors de Rajiv Gandhi [qui a épousé une italienne], qui se soit marié en dehors de sa caste ? » La culture de caste, d’endogamie, de répulsion... se fait dès l’enfance, les parias sont encore privés de temple. Les actes de violences physiques (coups, meurtre, jets d’acides...) et verbales (insultes, humiliation...) se produisant en toute impunité sont à déplorer. Des lois existent, ainsi que des envies de changements. Quels sont les autres facteurs hormis le temps d’adaptation qui expliquent cette lente évolution ?

Les castes fortement ancrées dans la culture indienne

Les Indiens sont très attachés à leur système de stratification sociale, car fortement impliqués dans la religiosité. Les opposants du système sont rares et minoritaires. Les Indiens n’ont, pour la plupart, pas conscience de l’inégalité engendrée par le système. Ceux qui militent pour la dignité des "intouchables" sont plus des Gandhi que des Amdedkar, qui voulut tout simplement supprimer le système, bien qu'il soit très lié à la religion. Les Indiens, en respectant la division du monde en castes, pensent vivre en harmonie avec l’univers. (Cette relation se nomme "darmha"). Ainsi, il serait pour eux insensé de rompre cette harmonie, en remettant en cause l'existence des castes. Cela cependant n’empêche pas certains de se battre aux cotés des "intouchables" (Gandhi par exemple).

Il serait aisé de croire que les "intouchables" luttent avec vigueur contre leurs misérables conditions. Cette affirmation pourrait reposer sur des exemples comme celui d’Amdedkar, ou ceux des mouvements ouvriers européens du XIXe siècle, mais en réalité ces actions sont très restreintes. Les luttes entre parias et les castes supérieures n’ont presque jamais existé.

Pour le comprendre, il faut remonter à la nature même de la religion professée par 80% des indiens : l’hindouisme. Celle-ci, contrairement aux religions monothéistes -qui ont imprégnées nos civilisations-, ne voit pas de vie après la mort, mais des vies après la mort. Dans le christianisme, par exemple, le croyant se voit dans une vie mortelle en attendant une vie immortelle. L’hindouiste, lui, croit à un cycle de renaissance (le « Karma »), où après chaque vie, il renaît dans un autre corps, et cela indéfiniment (sauf s’il atteint le nirvana, degré de pureté ultime).

Cette description ne saurait être complète si l'on omettait de dire que la vie prochaine est déterminée par celle que l’on vit. Et c’est là qu’interviennent les castes : en effet un indien n'est, par exemple, "brahmane" que si et seulement s’il a respecté les règles religieuses dans la vie précédente. Donc s'il est "intouchable", c'est qu'il n'a pas respecté ces règles. Ainsi les "parias" ont tout intérêt à bien se comporter, en particulier en ne s’apitoyant pas sur leur sort et en ne se révoltant pas face à leur condition. Ce principe de métempsycose influence considérablement les mentalités. Se révolter serait une faute absurde. Cette autre vision de la vie modifie les manières de penser et de réagir. Ainsi, l’"intouchable" voit sa condition comme une punition et une fatalité à laquelle il ne peut rien.

Les villes reproduisent les systèmes de castes

Comme toujours, c'est dans les villes que les changements sociaux sont les plus rapides. L’Inde respecte cette « loi » puisque la notion de castes a pratiquement disparu dans certains quartiers. Cependant, on observe que les évolutions ne sont pas aussi rapides que l’on pourrait le croire. Deux raisons expliquent ce phénomène. La ville indienne n’est pas vraiment coupée de la campagne, haut lieu de conservation du casteisme. En effet la famille indienne traditionnelle n’a pas une forme "nucléaire" comme en Europe (parents + enfants), mais plutôt élargie aux autres membres de la famille. C’est ce que l’on appelle la « joint family ». En fait, la famille installée en ville ne représente qu’une petite partie d’une plus grande famille qui, elle, est installée à la campagne. Ainsi, la population urbaine ne s'est pas vraiment libérée de l'influence des populations rurales. Le processus d’urbanisation est assez récent en Inde. Le passage entre un monde rural et urbain ne se fait pas sans difficulté. Il est particulièrement important de pouvoir être aidé. Ainsi, les nouveaux urbanisés se regroupent généralement selon leur appartenance à une caste. Aujourd’hui dans une ville indienne, on peut voir par exemple : une rue de "fleuristes", un quartier de "tisserands", une école de "tanneurs"... C'est ainsi que le village et le casteisme ont été transposés à la ville sans pratiquement aucun changement. De plus, l’obtention d’un emploi sera plus facile, si on appartient à la même caste que l’employeur (c’est une des raisons de la fixation de quotas dans l’administration). Dans les villes, les castes assument un certain nombre de services que l’État n’assure pas (police, sécurité sociale, école), permettant ainsi au système des castes de persister.

Un système politique profondement marqué par l'appartenance de caste

Les castes ont porté atteinte au fondement même de la démocratie en instaurant le vote de caste. S’il n’existe pas de parti de caste "proprement dit", hormis pour "les intouchables", certains y sont assimilés : les deux partis communiste pour les "parias" et OBC ; Le BJP (ultra nationaliste hindou) pour les hautes castes. Ceci implique que les électeurs votent de plus en plus pour un candidat de leur caste, et non plus pour un parti.

Les échecs et les effets pervers de la discrimination positive

Outre les effets pervers de la discrimination positive, on peut observer des problèmes liés aux O.B.C., les basses castes n'étant pas autant choyées que les "parias" ; on cherche depuis 1955 à inverser cette tendance. En décembre 1980, la commission Mandal (du nom du son président) rend son rapport : il propose que les O.B.C. aient 27% de sièges réservés au parlement, dans l’administration et dans les universités. Cette revendication est normale, les OBC sont deux fois plus nombreuses que les S.C. et S.T., et n’ont pas de quotas. Seulement, si on additionne le nombre « d’emplois réservés » des O.B.S, des S.C. et des S.T., on atteint quasiment la moitié des postes offerts dans l'administration indienne soit 49,5%. Mandal respecte donc la constitution en ne dépassant pas le seuil psychologique des 50%, mais commet une erreur qui sera lourde de conséquences. En effet, le Premier ministre V.P. Singh, au pouvoir en 1990, décida pour la première fois en dix ans (ses prédécesseurs n’ayant jamais osé le faire) de mettre en place ces quotas. Ceci provoqua la colère des hautes castes qui, comme en 1981, décidèrent d’organiser une sanglante révolte. Après de nombreux morts, la cour suprême donna, en 1992, un coût d’arrêt au dangereux projet. Depuis, cette question n’a jamais été remise à l'ordre du jour, mais pour combien de temps ? Ce sujet a une forte capacité de mobilisation électorale : celui qui propose ce type de réforme, a la garantie d’obtenir le maximum de voix chez les OBC. On assiste depuis ce projet, à une « castéisation » du discours politique. On n’a jamais entendu autant qu'aujourd'hui des discours démagogiques à l'égard des basses castes. Le but est, bien sûr, de faire avant tout du marketing politique. Par exemple, le Premier ministre de l’État de l’Uttar Pradesh (le plus peuplé et regroupant le plus grand nombre d’ "intouchables") cherche à créer une nouvelle catégorie d’individu nommé M.B.C., « most backward castes », les castes les plus de défavorisées, en vue de sa réélection . Il faut aussi ajouter que la catégorie des OBC est un ensemble très hétérogène. Nous avons vu précédemment que la notion de castes n’était pas lié à la richesse. On peut ainsi être OBC mais aussi très riche et puissant, ce qui est le cas de certaines castes paysannes. Les mesures d’aide aux O.B.C. ne concernent en fait que la minorité fortunée qui cherche à conquérir le pouvoir. Désormais, on tente donc d'exclure les membres riches des OBC, ce qui ne fera qu’accélérer le processus de division, et de stigmatisation au sein de la nation. Les mesures visant à générer l’équité dans le pays ont montré leurs failles : stigmatisation, oublis des principales personnes concernées (les "intouchables") au profit d’autres groupes, électoralement plus rentables (électoralisme), illusion d’une société égalitaire.

Un système scolaire qui ne réussit pas à changer les conditions et les mentalités

En Inde, l’école est gratuite et ouverte à tous. Elle permet l’ascension sociale des plus défavorisés. Depuis 50 ans, des "intouchables" ont donc réussi à se hisser dans la société de façon équitable. En fait, malgré son caractère socialisant, l'éducation n'a jamais été vraiment une préoccupation majeure de l’État indien (sur les 400 pages de sa constitution, le droit à l’éducation n’est mentionné qu'une seule fois). Cependant, l’Inde compte 50% d’analphabètes, et pour cause : seule la moitié des enfants de 6 à 14 ans vont à l’école primaire, 10% vont dans le secondaire, et seulement 4% suivent des études supérieures. De plus, le système éducatif hérité du modèle britannique, qui est en partie, occupé par des "public schools" (qui sont paradoxalement des écoles privées) creuse les inégalités. Ainsi, les filles, les basses castes, les aborigènes et les "intouchables" sont les plus touchés par les conséquences de cette politique. Très peu de "parias" suivent de vraies études, on en déduit alors que les quotas dans les universités ne servent à rien et font figure d’illusion. En conséquence, l’Inde a d'énormes progrès à faire en matière d’éducation pour tenter de diminuer l’influence des castes dans ce domaine. Cependant, au niveau local, les gouvernements de différents états mênent une politique incitative pour encourager les enfants issus des castes inférieures et des hors-caste à aller à l'école. Ainsi, les gouvernements du Tamil Nadu et de Pondichéry par exemple, nourrissent ces enfants à l'école, leur offrent des vêtements, des livres et autres fournitures scolaires, et même un vélo pour se déplacer. Ceci ne représente qu'un petit pourcentage des aides offertes par le gouvernement indien.

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