Abdelaziz Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika
عبد العزيز بوتفليقة
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Abdelaziz Bouteflika, le 26 février 2006.

Mandats
5e président de la République algérienne démocratique et populaire
7e chef de l'État algérien
Actuellement en fonction
Depuis le 27 avril 1999
&&&&&&&&&&&0458412 ans, 6 mois et 17 jours
Élection 15 avril 1999
Réélection 8 avril 2004
9 avril 2009
Premier ministre Smail Hamdani
Ahmed Benbitour
Ali Benflis
Ahmed Ouyahia
Abdelaziz Belkhadem
Ahmed Ouyahia
Prédécesseur Liamine Zeroual
5e Ministre de la Défense
Actuellement en fonction
Depuis le 5 mai 2003
Gouvernement Ouyahia III, IV, V, VI, VII et VIII
Belkhadem I et II
Prédécesseur Liamine Zeroual
(indirectement)
5e président d'honneur du Front de libération nationale
Actuellement en fonction
Depuis le 28 janvier 2005
Prédécesseur Chadli Bendjedid (indirectement)
2e ministre d’État,
Conseiller auprès du président de la République
8 mars 197915 juillet 1980
Président Chadli Bendjedid
Gouvernement Abdelghani I
Prédécesseur Ahmed Taleb Ibrahimi
Successeur Ahmed Taleb Ibrahimi
Membre du Conseil de la Révolution
20 juin 196510 juillet 1965
Président Houari Boumedienne
Gouvernement Boumédiène I
2e ministre des Affaires étrangères
4 septembre 19638 mars 1979
Président Ahmed Ben Bella
Houari Boumédiène
Rabah Bitat (par intérim)
Gouvernement Ben Bella I, II et III
Boumediène I,II, III et IV
Prédécesseur Mohamed Khemisti
Successeur Mohamed Seddik Ben Yahia
1er ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme
27 septembre 19624 septembre 1963
Président Ahmed Ben Bella
Gouvernement Ben Bella I
Prédécesseur Poste créé
Successeur Sadek Batel (Jeunesse et Sports)
Kaid Ahmed (Tourisme)
Député de Tlemcen
Élection 1962
Réélection 1964
Président de la 29e Assemblée générale des Nations unies
Élection 1974
Biographie
Date de naissance 2 mars 1937 (1937-03-02) (74 ans)
Lieu de naissance Flag of Morocco.svg Oujda, Maroc
Nationalité Flag of Algeria.svg algérienne
Parti politique Front de libération nationale
Conjoint Amal Triki
Profession Haut fonctionnaire
Religion Islam
Résidence Palais d'El-Mouradia, Alger

Algeria emb (1976).svg
Présidents de la République algérienne
démocratique et populaire

Abdelaziz Bouteflika (en arabe عبد العزيز بوتفليقة, Prononciation du titre dans sa version originale), né le 2 mars 1937 à Oujda au Maroc, est un homme d’État algérien.

Haut fonctionnaire de profession, élu député de Tlemcen en 1962 et réélu en 1964, il est ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme dans le premier gouvernement Ahmed Ben Bella, de septembre 1962 à septembre 1963. Il occupe ensuite les fonctions de ministre des Affaires étrangères de septembre 1963 à mars 1979, dans les trois gouvernements Ahmed Ben Bella et les quatre gouvernements Houari Boumédiène. Par la suite, il est ministre conseiller du président de la République de mars 1979 à juillet 1980, dans le gouvernement Abdelghani I.

Candidat indépendant, Abdelaziz Bouteflika remporte l'élection présidentielle de 1999 avec 73,8 % des suffrages et devient le cinquième président de la République algérienne démocratique et populaire le 27 avril 1999 et ministre de la défense le 5 mai 2003. Il est réélu chef de l'État dès le premier tour du scrutin présidentiel de 2004, avec 84,99 % des voix, puis de l'élection de 2009 avec 90,24 % des voix. Il est par ailleurs président d'honneur du Front de libération nationale depuis le 28 janvier 2005.

Sommaire

Biographie

Vie familiale

Son père, Ahmed Bouteflika, né à Tlemcen en Algérie, émigre très jeune au Maroc[1]. Il a deux épouses : Belkaïd Rabia et Ghezlaoui Mansouriah, gérante d’un hammam, qui donne naissance à Abdelaziz à Oujda, le 2 mars 1937[1]. Ahmed Bouteflika est mort en 1958.

Abdelaziz Bouteflika a quatre frères (Abdelghani, Mustapha, Abderahim et Saïd Bouteflika), une sœur (Latifa) ainsi que trois demi-sœurs (Fatima, Yamina et Aïcha). Il est le premier enfant issu de sa mère et le second enfant issu de son père - Fatima, sa demi-sœur, étant son aînée.[réf. nécessaire]

Abdelaziz Bouteflika vit et étudie à Oujda, puis quitte l’école en 1950 pour rejoindre l’école Hassania de Scout, avant de devenir moniteur. Il se marie, en août 1990, avec Amal Triki, fille d’un ancien ambassadeur, Yahia Triki[2].

Engagement militaire

Durant la guerre d'Algérie, en 1956, l’Armée de libération nationale (ALN), branche militaire du parti indépendantiste Front de libération nationale (FLN), ordonne à tous les étudiants algériens de rejoindre ses rangs. Abdelaziz Bouteflika rejoint l’Armée des frontières au Maroc à l’âge de 19 ans. Il fit son instruction militaire à l’École des cadres de l’ALN de Dar El Kebdani (Maroc, ville de Nador), puis il devint « contrôleur » pour la direction de la Wilaya V. Sa tâche consistait « à plaider la cause de l’ALN » auprès des populations rurales algériennes pour en obtenir le ralliement. Il se consacra à cette fonction de contrôleur durant dix mois, entre 1957 et 1958.

En 1958, il fut promu par Houari Boumédiène et devint secrétaire administratif au sein du poste de commandement de la Wilaya V, puis secrétaire particulier de Boumédiène au PC de la Wilaya V, mais aussi au PC de l’état-major Ouest et au PC de l’état-major général (1960).

En 2002 et 2005, l’homme politique français Pierre Messmer, ancien ministre des Armées de Charles de Gaulle et ancien Premier ministre, l’accuse d’avoir planifié en 1962 le massacre des Harkis[3]. Selon l'historien Pierre Vidal-Naquet, ce massacre s'inscrirait dans une logique de vendetta non planifiée, résultat de la vindicte populaire[4].

Carrière politique

À l'indépendance de l'Algérie, en septembre 1962, il devient, à 25 ans, ministre de la Jeunesse et du Tourisme dans le gouvernement du président Ahmed Ben Bella. Membre de la première Assemblée constitutionnelle, il est élu député de Tlemcen aux première et deuxième Assemblées législatives. Après le congrès du FLN d’avril, il est nommé membre du Comité central et du bureau politique du FLN.

À partir de l’année 1963, il est appelé à effectuer de nombreuses missions à l’étranger comme ministre des Affaires étrangères par intérim. En juin 1963, il est confirmé dans ses fonctions. Dès lors il s’ensuit une période durant laquelle le jeune ministre des Affaires étrangères (à l’époque plus jeune ministre de ce département au Monde) dirigea la diplomatie algérienne qui faisait de l’Algérie un pays porte-parole du Tiers monde et l’interlocuteur privilégié dans les rapports entre le Nord et le Sud. Au cours de la même période il obtint sa plus grande consécration en présidant la 29e session de l’Assemblée générale des Nations unies en 1974[5]. Il conclut avec la France, au nom de la République algérienne, l’accord du 27 décembre 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leurs familles, pierre angulaire de la politique de grande émigration algérienne. Il conserva son poste jusqu’à la mort du président Houari Boumédiène.

Le président Chadli Bendjedid le nomme ministre d’État en 1979. Bouteflika est néanmoins peu à peu écarté de la scène politique, qu’il quitte en 1981 ; il est traduit devant le conseil de discipline du FLN et est poursuivi par la Cour des comptes. Il avait détourné l’équivalent de 60 millions de francs, sur les trésoreries des différentes chancelleries algériennes à l’étranger, qu’il avait placé dans deux comptes ouverts auprès de la Société de banque suisse [6].

Il choisit alors de s’exiler pendant six ans dans un contexte politique hostile et d’incrimination par la Cour des comptes de sa gestion du ministère des Affaires étrangères.

De retour en Algérie en janvier 1987, il prend part au congrès du FLN de 1989, qui l’élit membre du Comité central. Pressenti pour occuper des fonctions de ministre, il décline ces propositions, comme il ne donne pas suite, en 1994, aux sollicitations dont il est l’objet en vue de son accession aux fonctions de président de la République.

Présidence

En décembre 1998, il fait part de sa décision de se présenter, en qualité de candidat « indépendant » à l’élection présidentielle anticipée. Bouteflika est élu président de la République avec près de 74 % des voix à l'issue d’un scrutin au cours duquel ses adversaires se retirèrent pour dénoncer les conditions d’organisation du vote. Il succède ainsi à Liamine Zéroual, le 27 avril 1999.

Politique intérieure

Affiche d'Abdelaziz Bouteflika dans la banlieue d’Alger.

Les deux premiers mandats du président Bouteflika sont marqués par une ferme volonté de « civiliser » le régime. La professionnalisation de l’armée, la mise à la retraite de hauts gradés et la promotion d’hommes neufs, proches du chef de l’État, vont dans ce sens. Mais la répression des émeutes de Kabylie (Printemps noir) entre avril 2001 et 2002 discrédite l’image de l’État. En août 2005, la nomination au poste d’ambassadeur à Rabat du général Larbi Belkheir, ex-directeur de cabinet de Bouteflika, traduit également une reprise en main de l’armée par le pouvoir civil.

La presse écrite se trouve fragilisée avec l’arrestation de journalistes en 2004 : parmi eux Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, condamné en juin 2004 à une peine de prison. Quelques mois auparavant, ce dernier publie un livre dans lequel il dresse un portrait critique du président : Bouteflika, une imposture algérienne[7]. Et en 2007 Mohamed Benchicou écrit un autre livre après sa sortie de prison qui est intitulé Les gêoles d'Alger et Bouteflika est vivement critiqué par l’association Reporters sans frontières qui l’accuse de tenter de mettre au pas la presse privée du pays. Bouteflika promettait en 1999 de respecter la liberté de la presse.

Il est réélu en avril 2004, au 1er tour de scrutin d'une élection multipartite, avec 84,99 % des voix.

En 2005, nommé président d'honneur du FLN par le 8e congrès du parti au mois de janvier, le président Bouteflika convoque pour le mois de septembre un référendum pour faire adopter un ensemble de mesures dont le but est de « restaurer la paix civile en Algérie ». Il propose ainsi de reconnaître le droit à des réparations aux familles de disparus, d’accorder une forme d’amnistie pour les membres de groupes armés non coupables de massacres, de viols et d'attentats à la bombe et de créer une aide pour les veuves et orphelins de membres de groupes armés tués. Ces mesures prévoient aussi une amnistie complète pour les membres des forces de sécurité (toutes composantes confondues) responsables de graves violations des droits humains[8]. Depuis toute plainte contre eux est considérée comme irrecevable. L'article 46 de l'ordonnance d'application prévoit une peine de prison de 3 à 5 ans pour « quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international. »[9] Durant la campagne pour le référendum, l’opposition et les familles des victimes ainsi que les associations des Droits de l’homme sont écartées du débat. Les médias restent hermétiques à toute contestation et entretiennent une confusion entre le droit de refuser et la trahison du pays. L’État utilise dans cette campagne tous les moyens matériels y compris les fonds publics pour le seul bénéfice des partisans du président. Ce référendum pose tout de même le problème des personnes disparues, dont le sort ne peut pas faire l’objet d’une enquête indépendante ou internationale. L’opposition critique une mascarade électorale où, selon elle, les résultats sont connus d’avance (97,36 % de oui et 79,76 % de participation, sauf en Kabylie avec seulement 12 % de participation).

Le 2 mars 2006, il fait fermer les 42 établissements francophones afin de lutter contre la « déviation linguistique ». En juillet 2006, Abdelaziz Bouteflika signe un décret pour gracier les journalistes poursuivis pour diffamation.

Le Parlement algérien vote à main levée, le 12 novembre 2008, la modification de la Constitution (500 oui, 21 non, 8 abstentions). Parmi les changements figure le retrait de la limite de deux mandats consécutifs qu'un président peut exercer[10],[11].

Abdelaziz Bouteflika annonce lors d'un rassemblement à Alger, le 12 février 2009, qu'il est candidat à sa succession lors de la prochaine élection présidentielle[12]. Il est réélu pour un troisième mandat dès le premier tour, le 9 avril 2009, avec 90,24 % des voix[13].

Le 15 avril 2011, alors que des émeutes et manifestations ont lieu depuis plusieurs mois en Algérie dans un contexte de protestations et révolutions dans le monde arabe, il annonce la mise en place d'une commission chargée de modifier la Constitution, une révision de la loi électorale, de la loi sur les partis politiques et du code de l'information[14]. Ces annonces jugées tardives et peu novatrices ne convainquent pas la presse indépendante et la société civile[15],[16].

Politique économique

L’Algérie profite depuis 1999 d’une conjoncture économique très favorable due à la hausse du prix du pétrole, l’État en profite pour mener une politique de grands travaux : réalisation de grands chantiers, construction de grandes infrastructures publiques. Peuvent être cités la construction d’un nouvel aéroport à Alger, les projets urbains de circulation dans les métropoles, l’autoroute est-ouest, ainsi que le parc mobilier qui a donné un boom sans précédent.

Cette politique de grands travaux semble relancer l’économie, mais certains observateurs restent méfiants par rapport à cette politique qui n’encourage pas l’entrepreneuriat privé. Le pays est devenu un immense chantier de construction, ainsi plusieurs entreprises étrangères s'y installent dans l'espoir d'être mandaté dans le cadre du programme économique de 150 milliards de dollars qui vise la création d'un million de logements pour la période de 2004 à 2009 ainsi que la construction, pour un investissement de 16 milliards de dollars, de l'autoroute Est-Ouest d'ici fin 2010.

Politique extérieure

Abdelaziz Bouteflika en compagnie du président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedev et du président des États-Unis, George W. Bush le 7 juillet 2008.

Étant lui-même diplomate de carrière, il se donne la gageure de réhabiliter l’image de l’Algérie dans le concert des nations. Il procède aussi à une médiation entre l’Érythrée et l’Éthiopie (en guerre depuis 1997) qui est couronnée par la signature de l’accord de paix d’Alger en 2000.

Le problème du Sahara occidental lui fait du surplace, le Maroc et l’Algérie se cramponnant chacun sur leurs positions respectives. Si l’Afrique du Sud a reconnu la République arabe sahraouie démocratique, Madagascar, le Tchad la Serbie-et-Monténégro, le Kenya et le Costa Rica ont retiré ou gelé la leur, et ce conflit ne semble pas sur le point d’être résolu à court ou moyen terme, obérant par là même la construction d’un ensemble économique cohérent au Maghreb. Les relations avec le voisin marocain restent très tendues.

Il se préoccupe aussi des relations de son pays avec les États-Unis, avec lesquels il entend coopérer dans tous les domaines. Après les attentats du 11 septembre 2001, Bouteflika propose au terme d’une entrevue avec le président George W. Bush, la coopération de son pays dans le domaine de la lutte antiterroriste, domaine de coopération qui s’avère fructueux eu égard à l’expérience acquise par l’Algérie dans ce domaine (cf. Guerre civile algérienne).

Avec la France, le président Bouteflika cherche à établir une politique d’apaisement[réf. nécessaire], l’entrevue qu’il a avec le président français Jacques Chirac en 2003 à Alger, débouche sur une entente pour la signature d’un traité d’amitié entre les deux pays, mais le vote de la loi du 23 février 2005 par le parlement français (reconnaissant en particulier le rôle positif de la colonisation), constitue une pierre d’achoppement pour la signature de ce traité, Bouteflika dénoncera de son côté cette loi qu’il qualifie de cécité mentale, confinant au négationnisme et au révisionnisme.

Hospitalisations

Hospitalisé au Val-de-Grâce le 26 novembre 2005, il est, d’après le bulletin de santé officiel, opéré d’un ulcère de l’estomac. Durant cette période, les informations sont très rares et l’état du président fait l’objet de spéculations dans l’opinion et la presse de son pays. La sortie du président Bouteflika a lieu le 17 décembre. Un document télévisuel vise alors à rassurer l’opinion, bien qu’il doit suivre une convalescence d’une durée indéterminée. Il montre le président fatigué en compagnie de son médecin traitant Messaoud Zitouni qui donne des informations sur la nature de la maladie et des soins qui lui ont été prodigués. Il vise par ailleurs à contredire et mettre un terme aux spéculations et rumeurs ayant circulé à ce sujet, notamment celles qui évoquent un cancer de l'estomac (cette hypothèse sera plus tard corroborée par les révélations de télégrammes de la diplomatie américaine par WikiLeaks)[17]. Le président rentre en Algérie le 31 décembre 2005.

Il est de nouveau hospitalisé au Val-de-Grâce le 20 avril 2006 pour une « visite de suivi médicale » selon le ministère des Affaires étrangères. Depuis le président algérien a repris ses fonctions, et a effectué des visites à l'extérieur et à l'intérieur du pays.

Les « affaires »

Abdelaziz Bouteflika et le président brésilien Lula.

La Cour des comptes

Le 22 décembre 1981, Bouteflika est poursuivi pour « gestion occulte de devises au niveau du ministère des Affaires étrangères» (entre 1965 et 1978) par la Cour des comptes. Dans son arrêt définitif du 8 août 1983, la Cour des comptes donnait son verdict : « M. Abdelaziz Bouteflika a pratiqué à des fins frauduleuses une opération non conforme aux dispositions légales et réglementaires, commettant de ce fait des infractions prévues et punies par l’ordonnance n° 66-10 du 21 juin 1966 et les articles 424 et 425 du Code pénal. »[18]. La Cour des comptes évaluait à « plus de 6 milliards de centimes » (l’équivalent de 100 milliards de centimes actuels) le montant dont Bouteflika restait redevable auprès du Trésor.

Pour sa défense, Bouteflika invoque aux magistrats de la Cour des comptes la construction d’un nouveau siège du ministère des Affaires étrangères pour laquelle il destinerait la trésorerie amassée sur les comptes suisses. La réponse de la cour : « Ce motif fallacieux ne peut être pris en considération sachant qu’une opération d’investissement obéit à des règles bien précises qu’aucun ordonnateur ne peut ignorer et que l’éventuelle construction d’un nouveau siège du ministère des Affaires étrangères doit être financée par des crédits normalement inscrits au budget de l’État.»[18].

La question berbère et les événements de Kabylie

Dès sa première élection, les deux partis politiques majoritaires en Kabylie (le FFS et Le RCD) boycottent les élections, le taux d’abstention atteignant 95 % dans cette région de l'Algérie.

Pour promouvoir sa politique de « concorde nationale », le jeudi 2 septembre 1999, il visite Tizi-Ouzou face à une foule hostile[réf. nécessaire]. Il dit : « Si le tamazight devait devenir langue nationale, elle ne sera jamais officielle. Si elle devait devenir langue nationale, ce serait par voie référendaire ». La foule proteste et Bouteflika rajoute « Si vous êtes venu faire du grabuge, je suis capable de faire autant de grabuge que vous ». En 2001, des émeutes éclatent en Kabylie (le Printemps noir). Un mouvement politique fédère les déçus du pouvoir: les Arouch. Le gouvernement de Bouteflika y voit là « la main de l’étranger ». La répression du mouvement par le pouvoir fait 126 morts et des milliers de blessés, finalement Bouteflika reviendra sur ce qu’il a dit en 1999 et fera de tamazight (« la langue berbère ») langue nationale sans passer par un référendum.

Juste avant le référendum sur la réconciliation nationale en 2005, le gouvernement de Bouteflika dirigé à l’époque par Ahmed Ouyahia trouve un accord avec les Arouch. Belaïd Abrika explique alors que « la plate-forme d'El Kseur sera bientôt satisfaite (...) y compris tamazight », mais la veille du référendum Bouteflika donne un discours à Constantine :« Il n’y a aucun pays au monde possédant deux langues officielles et ce ne sera jamais le cas en Algérie où la seule langue officielle, consacrée par la Constitution, est l’arabe»[19]. Il est vivement critiqué par la presse et le mouvement berbériste qui lui rappelle que de nombreux pays dans le monde, comme le Canada, l’Inde, la Suisse, la Belgique ou l’Afrique du Sud, possèdent plus d’une langue officielle. Le référendum est finalement boycotté par 95 % des Kabyles, le même nombre qu'auparavant.

En septembre 2006, intervenant alors pour la chaîne Al-Jazeera, le leader du Front des Forces Socialistes, Hocine Aït Ahmed, accuse sans le nommer Abdelaziz Bouteflika de nourrir des sentiments racistes vis-à-vis de la Kabylie en déclarant: «Certains responsables nourrissent des sentiments racistes envers cette région» [20]. Il accuse également Abdelaziz Bouteflika d'avoir brulée la Kabylie en faisant référence aux 123 jeunes assassinés par les gendarmes lors du printemps noir [21]

En mars 2009, lors d'une rencontre de campagne à Tizi Ouzou en vue de son troisième mandat, Abdelaziz Bouteflika est, contrairement aux années précédentes, (accueilli chaleureusement par les Tizi-Ouzéens)[non neutre][réf. nécessaire] , son discours est un mea culpa et une main tendue aux Kabyles[réf. nécessaire], un discours de réconciliation qualifié d'historique dans une relation gouvernement algérien-Kabylie, qui a trop souvent été tendue par le passé[22].

Revenant sur les événements du Printemps noir qu’a connus la Kabylie, le candidat à sa propre succession s’est incliné à la mémoire des martyrs, signe fort il les qualifie pour la première fois de « martyrs »[23].

Dans la foulée le gouvernement algérien annonce la création d'une académie berbère, d'un conseil supérieur pour la langue tamazight et d'une nouvelle chaîne de télévision publique (tamazight TV 4), émettant 24 heures sur 24 en langue berbère.

Annexes

Notes et références

  1. a et b Dalila Belkheirlien auteur=, « Bouteflika : Maquisard, Ministre et Président de la république », ennaharonline, 5 avril 2009. Consulté le 21.03.2010
  2. « Bouteflika - une imposture algérienne »
  3. Lien audio n°1 et Lien audio n°2
  4. Paulette Péju, Les Harkis à Paris, préface de Pierre Vidal-Naquet, Paris, La Découverte, 2000.
  5. Élu président de la vingt-neuvième session de l'Assemblée générale.
  6. Hocine Malti, Histoire secrète du pétrole algérien, La Découverte 2010, p 252
  7. [PDF] « Bouteflika, une imposture algérienne », livre de Mohamed Benchicou.
  8. Art. 45 de l'Ordonnance d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale
  9. Ordonnance n°06-01 du 28 Muharram 1427 correspondant au 27 février 2006 portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale
  10. « Le parlement algérien lève la limite des mandats présidentiels », Le Point, 12 novembre 2008.
  11. (en) « Algeria deputies scrap term limit », BBC News, 12 novembre 2008.
  12. Algérie : Bouteflika briguera un 3e mandat présidentiel, Agence Chine nouvelle, 13 février 2009.
  13. « Bouteflika réélu à la tête de l'État algérien », Le Monde, 10 avril 2009.
  14. « Le discours de Bouteflika fait pschitt », Europe 1, 16 avril 2011.
  15. « Algérie. Bouteflika n'a pas convaincu », Le Télégramme, 17 avril 2011.
  16. « Réactions mitigées après les promesses de réformes politiques de Bouteflika », dépêche AP, 16 avril 2011.
  17. « Révélations Wikileaks sur la santé du président : Bouteflika souffrait d’un cancer de l'estomac », dna-algerie.com, 24 février 2011.
  18. a et b El Moudjahid du 9 août 1983
  19. http://www.elwatan.com/archives/article.php?id=26775
  20. Hocine Aït Ahmed à Al Jazeera-Live|http://www.elwatan.com/archives/article.php?id=49553
  21. http://www.elwatan.com/archives/article.php?id=49553
  22. Il déclare entre autres : « Je suis un authentique Amazigh quand je sais quelque chose je le dis en toute franchise », « Je n’ai jamais imaginé l’Algérie sans la Kabylie pas plus que la Kabylie sans l’Algérie. »[réf. nécessaire], « L'Algérie est amazighe (...) », « Vous l'avez dit avec dureté et la faucille a coincé dans la jarre. Aujourd'hui, nous avons libéré la faucille de la jarre. », « L’accueil que vous m’avez réservé est digne de Tizi et du fier Djurdjura », « Vous m’avez rechargé les batteries elles étaient un peu vides », « La difficulté majeure dans la concrétisation des projets dans votre wilaya demeure le manque d'assiette de terrains mais nous sommes prêts à les acheter au prix coûtant pour construire des infrastructures d'utilité publiques », « Des programmes ont été faits ici, vous l'avez mérité et vous méritez plus, beaucoup plus ! », « Vous vous êtes sentis un peu déprimés par rapport à la communauté nationale, vous ne saviez pas si vous étiez fautifs où ce sont eux qui l'ont été avec vous ? Vous faites partie de la famille algérienne. », « Tébessa est à vous, Maghnia (...) comme Alger est à vous. », « Je peux aller dans les autres wilayas et leur dire que l’Algérie se porte bien », « Le patriote que je suis ne peux imaginer, un seul instant, que l’on puisse discuter en Algérie de l’unité nationale et de l’indivisibilité du pays », « Avec l’accueil que vous m’avez réservé aujourd’hui, je peux mourir tranquillement ».
  23. « Je suis interpellé par la mort et la chahada, je ne peux pas ne pas m'incliner devant les martyrs de 2001 », « Les Algériens les pleurent comme leurs propres enfants », Je ne sais pas jusqu'à l'instant ce qui a provoqué cette tragédie nationale », a affirmé le candidat. « Du poste où j'étais, je ne sais pas à ce jour qui, d'un côté ou d'un autre, a provoqué cette tragédie. »

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