Tacheles

Tacheles

52° 31′ 33″ N 13° 23′ 20″ E / 52.52575278, 13.38883889

Façade du Tacheles, Oranienburger Straße, Berlin

Le Tacheles est l'un des plus célèbres squats de Berlin, en Allemagne, occupé depuis 1990 par des artistes[1]. Autrefois part du quartier juif (Scheunenviertel) de Berlin à proximité de la synagogue, il était initialement appelé Friedrichstadtpassagen[2]. Après avoir été utilisé comme prison nazie, le bâtiment a été réapproprié par des artistes qui l'ont baptisé « Tacheles » (« franc-parler » en yiddish)[2]. Le bâtiment sert actuellement de lieu artistique et risque d'être démoli.

Sommaire

Histoire

Vue arrière du Tacheles

Le bâtiment fût construit en 15 mois entre 1907 et 1908, sous la supervision de Franz Ahrens du bureau impérial des bâtiments (kaiserlicher Baurat). Le complexe s'étendait de Friedrichstraße jusqu'à Oranienburger Straße. Un passage sous le bâtiment permettait donc de connecter ces deux rues importantes. Le Friedrichstraßenpassage était le second plus important dans la ville, et le dernier exemple d'architecture en passages d'Europe. Le coût de construction fût d'environ 7 million de Deutschmark.

Haut de 5 étages, le bâtiment était construit en béton armé et doté d'un important dôme, la façade étant supportée par la structure de béton. Il y avait plusieurs petits commerces des deux côtés du passage couvert. Le bâtiment est considéré comme un exemple typique des débuts de l'architecture moderne bien qu'il présente des aspects de l'architecture classique et gothiques. Le complexe était également doté d'un système de tubes pneumatiques permettant l'envoi de courriers et matériaux d'une partie à l'autre du bâtiment.

Un groupe d'actionnaires privé espérait bénéficier de cette construction commune. Les magasins n'étaient pas strictement séparés les uns des autres mais comprenaient des zones partagées. Ceci était rendu possible par l'existence d'un unique point de vente où les clients pouvaient payer pour toutes les marchandises achetées. Six mois seulement après l'ouverture, le passage dut déclarer faillite, en août 1908. Le complexe fut alors loué par Wolf Wertheim qui y ouvrit en 1909 un grand magasin. Celui-ci cessa son activité en 1914 et le bâtiment fut vendu peu avant la première guerre mondiale.

L'usage fait du bâtiment entre 1914 et 1924 n'est pas connu. En 1924, le bâtiment fût modifié et, entre autres, une grande cave fût construite. Elle existe encore à ce jour et est connue sous le nom de Tresorraum. La hauteur de plafond du passage principal fût diminuée et l'apparence générale du bâtiment changea alors complètement.

Maison de la technique

Tacheles 1998

Après 1928, le bâtiment est utilisé comme salle d'exposition par l'Allgemeine Elektrizitäts-Gesellschaft (compagnie d'électricité). Il est alors renommé Haus der Technick par le propriétaire d'alors, la Berliner Commerz- und Privatbank. L'AEG utilise l'espace pour y afficher ses produits et conseiller les clients. Couvrant 10,500 mètres carrés, l'espace comprenait 20 zones d'exposition et on y présenta l'une des premières transmissions télévisées allemandes dans les années 1930.

Utilisation par le NSDAP

Au début des années 1930, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands utilise le bâtiment. Au milieu de la décennie, le Deutsche Arbeitsfront y établit des bureaux et devient propriétaire du bâtiment en 1941. Il devient alors le bureau central des SS.

En 1943 les parties vitrées du toit sont retirées afin qu'on puisse retenir les prisonniers de guerre français dans le grenier. Lors de la Bataille de Berlin, la deuxième cave est inondée par les nazis et le reste encore aujourd'hui. Le bâtiment a été considérablement endommagé durant la deuxième guerre mondiale, mais une grande partie demeure intacte.

Utilisation par le GDR

En 1948 le bâtiment est acquis par le Freier Deutscher Gewerkschaftsbund et se détériore au cours des années suivantes. De nombreux commerçants et artisans s'installent temporairement dans les ruines, en particulier du côté de Friedrichstraße. On y recense entre autres une école d'arts, une école technique pour le commerce international et l'économie, des bureaux du RTF. La cave est alors occupée par la Nationale Volksarmee.

Le cinéma Camera, installé du côté de Friedrichstraße doit quitter le bâtiment en 1958 à cause de l'état empirant du bâtiment. La salle de présentation est désaffectée, mais ré-ouvrira plus tard sous le nom d'Oranienburger Tor Lichtspiele. Lors de travaux pour la reconstruction, la façade du bâtiment est partiellement transformée et un lobby est crée afin d'accueillir des caisses pour les commerces. Le toit est également reconstruit. C'est alors que l'entrée du bâtiment prend sa forme actuelle. Le cinéma est toujours utilisé de nos jours en tant que théâtre et est renommé Camera après reconstruction en 1972.

Démolition Partielle

Cage d'escaliers

Bien qu'il n'ait accusé que des dégâts modérés durant la seconde guerre mondiale, deux rapports d'ingénieurie recommandent la destruction du bâtiment en 1969 et 1977. Aucune rénovations n'avaient encore été entreprises malgré l'usage continu du bâtiment. Une nouvelle rue est alors prévue à sa place qui aurait amélioré la liaison entre Oranienburger Straße et Friedrichstraße.

La démolition commence en 1980, le dôme est alors détruit et le cinéma fermé. Il est prévu de détruire ce qui reste du bâtiment en 1990.

Künstlerinitative Tacheles

Le 13 février 1990, deux mois avant la destruction prévue, le groupe Künstlerinitative Tacheles (initiative d'artistes Tacheles) occupe le bâtiment. Ils tentent d'éviter la destruction en négociant avec l'organisme de Berlin-Mitte qui est alors responsable du bâtiment. Leur but est d'inscrire le complexe comme lieu historique. La démolition n'est pas retardée et ce n'est au dernier moment que le groupe réussit à obtenir une annulation.

Le groupe mandate alors une autre étude de l'intégrité structurelle du bâtiment. L'étude déclare que le bâtiment est en étonnamment bonne condition et il est rapidement déclaré lieu historique, un statut qui ne sera officiellement reconnu qu'après une seconde étude en 1992.

Le bâtiment est alors peint en couleurs vives et une grande cour derrière le bâtiment accueille de nombreuses sculptures composées de gravats, débris et autres objets. Les artistes d'Allemagne de l'Est et d'Allemagne de l'Ouest ne parviennent pas à s'entendre sur l'utilisation à faire de l'espace qui leur est offert. Pourtant, le Tacheles devient durant cette époque un point central de la vie artistique et activiste de Berlin. On y assiste alors à de nombreuses expositions et performances. En 1996 et 1997, des politiciens, sociologues, architectes et artistes discutent de la préservation et du futur du Tacheles lors de l'évènement Metropolis Berlin, Hochgeschwindigkeitsarchitektur.

Utilisation actuelle

Le Tacheles accueille aujourd'hui plusieurs artistes qui présentent leurs œuvres et leurs ateliers à de nombreux touristes. En effet près de 400.000 d'entre eux visitent annuellement ce qui est devenue une galerie d'art très courue. La communauté artistique y est internationale et on entend parler allemand, anglais, français, espagnol, etc. dans les divers ateliers.

Références

Liens externes

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