Pterocarpus officinalis

Pterocarpus officinalis
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 Pterocarpus officinalis
Pterocarpus officinalis
Classification de Cronquist
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Fabales
Famille Fabaceae
Genre Pterocarpus
Nom binominal
Pterocarpus officinalis
Jacq., 1763
Classification APG III
Ordre Fabales
Famille Fabaceae
Sous-famille Faboideae

Pterocarpus officinalis est une légumineuse de la famille des Fabacées, qu'on trouve en Amérique centrale et en Amazonie.

Plusieurs synonymes furent utilisés dans la littérature : Pterocarpus draco L., Moutouchi suberosa Aubl., Lingoum officinale Kuntze.

Les noms vernaculaires font assez souvent référence à la couleur rouge sang de sa gomme, « dragon's-blood » (anglais médical ancien), « blood-wood » (Panama), « sangre de drago » ou « sangregado » (Guatemala et Nicaragua), « sangrillo » (Costa Rica), « Pallo de poyo » (Porto Rico). En Guadeloupe, il est nommé sang-dragon, mangle-médaille, palétuvier ou mangle-rivière. En Guyane on l'appelle moutouchi-marécage (créole guyanais), mutusi sĩ (Wayampi), muhut (Palikour), mututi-branco (portugais du Brésil), wata-gwegwe, sabana-gwegwe (nengue tongo), mutusi (kalina).

Sommaire

Description

Toutes les espèces du genre Pterocarpus sont arborescentes. Le genre comprendrait 20 espèces distribuées à travers les tropiques, notamment en Afrique centrale et dans l'archipel malais. La plupart des espèces sont inféodées aux milieux humides.

P. officinalis est un arbre qui peut atteindre 30 m de hauteur et possède de larges contreforts s'élevant parfois à 5 m sur le tronc. Adulte, il peut avoir une base de 5 ou 6 m de largeur. Le système racinaire est toujours superficiel et limité dans son extension horizontale aux buttes générées par l'accumulation de litière au pied des grands arbres. Le modèle architectural du genre Pterocarpus est celui de Troll. Les arbres de ce modèle ont des axes entièrement plagiotropes, tous équivalents, ce qui entraîne une très grande souplesse morphogénétique. La croissance d'axes surnuméraires (réitérés) forme de nombreuses fourches. Cette capacité à réitérer, confère à P. officinalis un avantage sélectif en termes de restauration du couvert forestier après des dégâts de cyclone.

Les feuilles sont alternes, composées de 5 à 9 folioles de 5 à 17 cm de longueur. Les fleurs sont petites (10 à 15 mm) marbrées de brun-rouge, regroupées en panicules lâches de 5 à 20 cm de long. Le fruit est une gousse suborbiculaire, uniséminée, brièvement pédonculée, ailée d'un côté, et d'un diamètre de 3 à 5 cm.

Le bois ne montre pas de différence de coloration entre l'aubier et le duramen. À l'état frais, il est jaune clair alors que sec il a une couleur crème. Sa densité varie de 0,3 à 0,6 et sa rétractabilité au séchage est relativement élevée. Le bois se scie et se travaille facilement, étant tendre, léger et non siliceux. Il n'a aucune résistance vis-à-vis des insectes xylophages et des champignons de pourriture.

Le rythme de la reproduction sexuée paraît être gouverné par le régime pluviométrique. En Guadeloupe, la floraison est mentionnée en fin de saison des pluies, de fin août à mi-novembre. La survie des semis naturels est influencée par le régime hydrique et la microtopographie. La graine hydrochore peut germer alors que le fruit flotte sur l’eau, mais l’enracinement ne peut se réaliser si la profondeur d’eau dépasse 3 ou 4 cm. La phase d'enracinement des plantules requiert une humidité suffisante, une faible salinité et des conditions d’éclairement faibles. Les monticules naturels à la base des arbres favorisent l'implantation des plantules et sont entretenus par l’accumulation de litière.

Adaptations morphologiques et physiologiques

Adaptations au déficit en oxygène et à l'instabilité du substrat

L'échange des gaz entre l'atmosphère et la partie inondée du système racinaire s'effectue grâce aux lenticelles situées à la surface des contreforts (ouvertures formées dans le liège permettant le passage des gaz mais interdisant une éventuelle intrusion d'eau), et par l'intermédiaire de tissus lacuneux spécialisés, les aérenchymes qui assurent la circulation des gaz (CO2, O2, N2). Les larges contreforts qui caractérisent P. officinalis fournissent une importante surface d'échange avec l'air.

Dans le sol, l'oxygène n'est disponible qu'en surface (zone de contact à l'air) à cause de la saturation du sol en eau. Le caractère superficiel du système racinaire de P. officinalis apparaît donc comme une adaptation à l'hypoxie permettant de maximiser l'aération des tissus racinaires mais aussi l'absorption des minéraux, puisque les éléments nutritifs utilisables par les plantes, issus de la dégradation de la litière par les micro-organismes aérobies, sont plus abondants en surface.

Les contreforts permettent d'augmenter la stabilité des arbres particulièrement dans les sols marécageux. En ce qui concerne P. officinalis, aucune relation entre direction du vent dominant et disposition des contreforts n'a été mise en évidence. Une corrélation entre longueur du contrefort et rayon de la couronne a en revanche été démontrée.

Adaptation à la salinité et à la carence en éléments nutritifs des sols

P. officinalis n'est pas à proprement parler, un arbre des milieux salés (contrairement aux arbres de mangrove se développant en zone littorale), mais cette espèce tolère jusqu'à 12 g/l de sel dans le sol. Le caractère superficiel du système racinaire est interprété comme une stratégie potentielle d'évitement d'un stress salin violent que l'arbre pourrait subir en profondeur.

Des nodosités sphériques, à croissance déterminée, sont observés en abondance à la base des contreforts des gros arbres et sur les racines fines non immergées. Le taux de nodulation des racines semble corrélé avec la combinaison de conditions hypoxiques minimales et la prolifération des racines fines non subérisées. La fixation symbiotique de l'azote chez P. officinalis en conditions naturelles a été montrée par le test ARA (Acetylene reduction assay), et la présence de bactéroïdes dans les cellules de la partie centrale des nodosités a été confirmée par observation microscopique.

La quantité d'azote fixée (estimation : 0,8 mmole éthylène /h/arbre) constitue un apport important qui peut être considéré comme un facteur d'adaptation supplémentaire de P. officinalis à son milieu, expliquant sa dominance dans la strate arborée des marais tropicaux des Antilles. Les espèces réalisant une fixation symbiotique seraient favorisées en milieu inondé.

Utilisations

Le bois de P. officinalis, blanchâtre, tendre et léger, n'a ni la résistance, ni la valeur commerciale des certaines espèces du même genre comme P. dalbergioides, P. indicus ou P. soyauxii, par exemple.

En Guadeloupe, de Montaignac suggère de l’utiliser en caisserie ou en bois de déroulage. Dans cette île, la forêt à P. officinalis a été exploitée pour alimenter les distilleries en bois de chauffage jusqu'au milieu du XXe siècle. A Porto Rico, cette espèce est utilisée comme bois de feu, en particulier dans les fours à chaux. La gomme de P. officinalis était autrefois exportée du Guatemala, du Nicaragua, de Colombie et de Porto-Rico vers l'Espagne notamment, en raison de ses propriétés hémostatiques et astringentes.

En Guyane, il ne faut pas confondre cette espèce appelée "moutouchi-marécage" avec les "moutouchi-montagne" (Paramachaerium ormosioides et Paramachaerium schomburgkii) que les menuisiers Saramaka utilisent pour leurs qualités esthétiques recherchées.

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