Bellebranche

Bellebranche

Abbaye de Bellebranche

Abbaye de Bellebranche
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Pays France France
Région Pays de la Loire
Département Mayenne
Ville Saint-Brice
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Début de la construction ~ 1150
Fin des travaux ~ XVe siècle
Classé(e) 21 mai 1986 (N° notice MH : PA00109583)

L'ancienne abbaye cistercienne Notre-Dame de Bellebranche est située à Saint-Brice dans le sud du département de la Mayenne, dite Mayenne angevine.

Sommaire

Étymologie

  • Abbas B.-M. de Bellabrancha, 1175 [1] ;
  • Abbas Belle Branchie, 1180 [2] ;
  • Abbas de Bella Branca, 1189 [3] ;
  • Abbas Bellebranchiæ, 1197 [4] ;
  • Beata Maria de Bella Branchia, 1218 [5] ;
  • Abbas Beatæ Mariæ de Bellabrancha, 1232 [6] ;
  • Abbas et conventus de Bellabrancha, 1265 [7] ;
  • Les religieux, abbés et couvent de Bellebranche, 1412 [8] ;
  • Monasterium beatæ Mariæ de Bellabrancha, ordinis cisterciensis, 1446 [9].

Histoire

L'abbé de l'Abbaye de Louroux en Anjou, envoya, en 1150, une petite colonie de moines cisterciens au lieu dit de Bellebranche, situé dans le Haut-Anjou mayennais. L'établissement devint définitif par la donation de Robert III de Sablé le 27 juillet 1152.

Robert IV de Sablé, à l'occasion de la mort de Clémence de Mayenne, sa femme, et de son départ pour la Terre Sainte (1190), confirma et augmenta les donations paternelles.

Notre-Dame de Bellebranche, 389è fondation de l'Ordre de Citeaux, fut approuvée par les papes Alexandre III (1165), Urbain IV (1264), Clément IV et Boniface VIII.

On mentionne parmi les privilèges des religieux, celui de se choisir un abbé et un prieur; ils eurent soin de se faire confirmer dans ce droit, en 1498, par Louis XII. L'abbaye fut en peu de temps la plus riche des maisons cisterciennes de l'Anjou et du Maine, grâce aux libéralités des seigneurs de Sablé, de Château-Gontier, de Laval, de Craon, de Sillé, Anthenaise, de Rohan.

Le domaine de l'abbaye

Autour de leur monastère, les religieux avaient créé 7 étangs, 2 magnifiques bois de haute futaie, sans compter les bois taillis du Fourneau, des Nortrons, et les Grands-Bois ; ils avaient planté 53 quartiers de vigne en trois clos, aménagé 10 métairies en Saint-Brice et Beaumont, dont ils possédaient la seigneurie paroissiale.

50 métairies et de beaux fiefs dans la sénéchaussée de l'Anjou, le fief et le manoir de la Gaulerie en Chemiré-sur-Sarthe, trois métairies à Brissarthe, la terre de Cernée, avec maison abbatiale et chapelle, à Écouflant, celle de Châteauneuf-sur-Sarthe, un hôtel à Angers, etc... composaient au XVe siècle le domaine de Bellebranche. Toutes ces possessions éloignées, mises à ferme, étaient d'ailleurs d'un petit rendement pour la maison : « Elles ne sont trop suffisantes, disent les moines au XVe siècle, pour l'entretenement de nostre abbaye et couvent, à l'aliment et vestement de nous qui suismes en nombre XXXV religieux, et faire les aumosnes aux pauvres qui se trouvent en grand nombre de jour en jour, mesme quand est temps de stérilité. »

« Une mieche de la forme et ordonnance du couvent » était en outre distribuée à tous les pauvres, le premier mardi de carême, et un dîner avec une aumône honnête servi le jeudi-absolu à toutes personnes qui se présentaient et qui voulaient avoir « autant comme un religieux de l'abbaye ».

Les offices claustraux, priorat, sous-priorat, chanterie, sacristie, cellerie, procure, aumônerie, infirmerie, avaient chacun leur dotation particulière.

Guerre de Cent Ans

La publication du Père Denifle sur la Désolation des églises de France [10] confirme les détails déjà donnés sur l'état de dévastation de l'abbaye dans la première période de la guerre de Cent Ans. Couvents, maisons, édifices, résidences, presque tout avait été saccagé, brûlé pendant les guerres par les ennemis du roi et du royaume. Les revenues étaient tellement réduits qu'ils ne pouvaient qu'à peine suffire à l'entretien des religieux, la moitié de l'année, et rendaient impossible la restauration de l'abbaye si le pape n'y subvenait.

L'abbaye de Bellebranche du XIVe au XVIe siècle

L'abbaye quitta au XIVe siècle la stricte observance des Bernardins pour acceptéer la règle mitigée, dite Clémentine[11], qui réduisait l'abstinence à 4 jours par semaine.

Un collège établi rue du Godet à Angers, près du chevet de l'église Notre-Dame[12], donnait aux jeunes religieux toute facilité pour suivre les cours de l'Université, et pouvait même servir d'asile à la communauté en temps de guerre. Ce n'était pas une précuation inutile : une lettre de Charles V, du 4 avril 1365, atteste que les religieux ont perdu « par les ennemys qui longuement ont esté et sont encore au païs, et par la prise du chastel de Sablé, croix, calices, sanctuaires, livres et ornements, blé, vin, avoines; et aussi par ceulx qui prisrent le fort de Saint-Brice qui est près de leur abbaye, au quart de lieue, qui par plusieurs fois les ont mys à très grans et excessives rançons et ont arses et détruictes leurs maisons, manoirs, mestayries et granges ».

Les lettres de sauvegarde que les religieux achetèrent des Anglais en 1433, et sans doute les années précédentes et suivantes, n'empéchèrent pas les bandes de ruiner presque complètement l'abbaye. La paix revenue par l'expulsion des ennemis du dehors, Jean d'Hierray[13], évêque du Mans, voulut s'occuper de la restauration du monastère. Il avait le droit d'y faire visite en vertu d'un règlement, intervenu vers 1320, entre le cardinal Arnaud et l'abbé de Citeaux, en annonçant son arrivée, par une lettre dont les termes avaient été longuement discutés : « Significamus vobis, vestrum monasterium intendimus declinare ; unde pro nobis, nostra familia et equitatura nostra generose providere curetis ».

Jean Rocher, abbé de Bellebranche en 1451, malgré ce droit incontestable, n'en avait pas moins manifesté l'intention de fermer la porte du couvent à l'évêque ; il eut au moins le bon esprit de reconnaître sa faute et d'aller trouver Jean d'Hierray à Sablé pour lui faire ses excuses (1451). Deux commissaires envoyés par l'évêque à Bellebranche trouvèrent l'église « toute découverte, les autels renversez, les clîtres rompus, une partie des dortoirs brulez, et tous les riches sépulchres des seigneurs de Sablé et de Chasteau-Gontier, fondateurs et bienfaicteurs de cette abbaye, brisez et mis en pièces ; de sorte qu'il n'estoit resté que quelques logements pour l'habitation de cinq ou six religieux. »[14] Pendant cette période calamiteuse, les religieux s'étaient retirés au château de Sablé. Jean d'Hierray supplia avec larmes l'abbé d'employer une partie de ses revenus à relever le monastère de ses ruines et d'y faire refleurir l'ancienne discipline.

La commende introduite à Bellebranche un siècle plus tard (1552) compromit comme partout l'esprit religieux de l'abbaye. Elle eut à souffrir à la fin du XVIe siècle, plus qu'aucune autre, des troubles et de la guerre civile. Pillée par les Huguenots, dès 1567, et par le féroce René de la Rouvraie qui fit pendre plusieurs religieux, prise et reprise par tous les partis, elle ne sortit de cette période désastreuse que gravement compromise même dans son existence.

L'abbaye de Bellebranche aux XVIIe et XVIIIe siècles

Aussi, quand Henri IV eut fondé le collège de La Flèche, songea-t-il à lui annexer la mense abbatiale. Il y eut résistance ; mais cependant, après la résignation de François de Donnadieu, le pape Paul V promulgua le décret d'union dans une bulle du 11 juin 1607, en faveur du collège des pères jésuites, « dont le zèle, la science, les aptitudes pour l'enseignement devaient procurer une éducation chrétienne et solide à la jeunesse de la ville et du royaume ». Le monastère ne devait donc plus être gouverné désormais que par un prieur triennal. Dès l'année suivante (1608), le roi voulut, pour compléter le revenu qu'il avait promis à son collège, supprimer même la mense conventuelle. Ce projet souleva une véritable tempête ; le roi dut écrire à M. de Brèves, son ambassadeur à Rome, de faire arrêter l'expédition du bref ; mais en même temps, il manda à Paris Nicolas Boucherat, abbé de Citeaux, et lui fit accepter en échange de Bellebranche l' Abbaye de la Buxière, au diocèse d'Autun (26 juin 1609). L'opposition vint alors des religieux, qui portèrent plainte devant l'official du Mans et appelèrent comme d'abus au Parlement. Ils eurent gain de cause, prirent même à bail des Jésuites la mense abbatiale; ils reçurent des novices comme par le passé, et leur nombre s'éleva encore jusqu'à 30 profès[15], sans compter les convers.

Ils n'étaient plus que quatorze, et la maison criblée de dettes, en 1683. Pour se soustraire à la réforme qu'exigeait le général de l'Ordre, et menacés d'être transférés dans un autre monastère, ils traitèrent avec les Jésuites, qui promirent une pension au prieur, Jean du Hardas Blason famille du Hardas.svg, ainsi qu'aux autres religieux (11 février 1684). Le 23 mars 1684, l'abbé de Chaloché et le prieur de l'Abbaye de l'Epau vinrent au nom des supérieurs protester contre cette convention, et le Conseil privé devant lequel l'affaire fut portée unit la mense conventuelle au collège (arrêt du 26 octobre 1686), à charge par lui de payer toutes les dettes, d'entretenir le monastère, d'acquitter les fondations et d'assurer une rente aux religieux. Ceux-ci, dans l'acte passé devant François Ivert, notaire à Grez-en-Bouère, par lequel ils acceptaient les conventions précédentes, se réservaient le droit de faire chasser sur les terres de l'abbaye et d'y nourrir chacun un cheval. Ils continuèrent d'habiter une partie du couvent, sauf le Père Jean du Hardas qui devint intendant du marquis de Sablé; le reste du couvent était à la disposition des Pères Jésuites comme maison de campagne.

Ont dit que Jean-Baptiste Gresset y composa Le Lutrin vivant (1734), ce que rend vraisemblable l'allusion à la fête patronale de saint Brice.

Six chapelains remplacèrent les derniers religieux ; les Doctrinaires succédèrent aux Jésuites, à Bellebranche comme à La Flèche ; puis la Révolution acheva l'œuvre de destruction.

Quelques insermentés furent internés dans les vieux bâtiments en attendant qu'on les réunît à leurs confrères, à Laval. Les derniers chapelains refusèrent aussi le serment schismatique. L'un d'eux, Joseph Lemercier[16] fut enfermé à Patience, transporté à Bordeaux, arrêté de nouveau le 18 janvier 1798, et détenu à l'Abbaye Notre-Dame d'Évron. Un autre, François-Anne Gouzay[17], arrêté par les gendarmes le 4 mars dans le pays de Saint-Loup qu'il évangélisait, enfermé à Patience, transporté à Rambouillet, mourut au Mans. Le 2 décembre 1794, les Chouans, qui s'étaient casernés dans la maison abbatiale, furent attaqués par la garnison de Sablé; l'affaire fut chaude et les pertes sensibles de chaque côté.

La vente nationale du domaine de Bellebranche eut lieu le 19 février 1793, celle de l'église le 1er juin 1794.

Liste des abbés

Abbés réguliers


Abbés commendataires


Prieurs claustraux


Architecture

À la fin du XIXe siècle le propriétaire, M. de Sars, construit un château élégant à partir des ruines de l'ancien logis abbatial du XVe siècle, entièrement défiguré, et auquel il rend son aspect primitif. Les sculptures des fenêtres à meneaux, des frontons, des portes, sont exécutées par un artisan du Mans, M. Gaullier.

Un cadran solaire daté de 1711 et le millésime 1733 gravé sur un arrêtier, indiquaient l'époque des modifications (ou mutilations) antérieures. La chapelle à porte ogivale en grès roussard a retrouvé ses anciennes fenêtres, qui avaient été murées ; l'une d'elles est même surmontée désormais de l'écusson de l'abbaye sur lequel on voyait une aigle portant une branche de chêne. Un grand arc ogival en grès roussard de 6m x 6.60m a été rouvert sur la façade est : il était peut-être le point de départ d'un cloître conduisant à l'église ou à l'abbaye proprement dite ; peut-être aussi était-ce l'ouverture d'un de ces porches intérieurs souvent utilisés dans les châteaux du XVe siècle.

On a trouvé de petites croix de fer de 0,20m de longueur dans les murs, et, ça et là, des pierres calcinées témoins des incendies du XVIe siècle, quand l'abbaye tomba aux mains des huguenots. Le corps de logis est flanqué d'une aile à l'est et de la chapelle à l'ouest. La façade nord a une tour engagée dans l'angle intérieur et logeant l'escalier.

Sont inscrits au patrimoine des Monuments historiques depuis le 21 mai 1986 (N° notice MH : PA00109583): l'ancienne chapelle du logis abbatial, le bâtiment romain (aile des convers, réfectoire), le logis dit chapelle Saint-Michel; l' emplacement et les vestiges des églises et cloître disparus (cad. A 13, 18, 29, 30, 408, 410).

Notes et références

  1. Cartulaire de la Couture, p. 103.
  2. Archives départementales de la Mayenne, II.
  3. Province du Maine, t. IV, p. 126
  4. Maison de Laval, t. I, p. 51
  5. Louis-Julien Morin de la Beauluère, Guillaume Le Doyen, p. 301
  6. Cartulaire de la Couture, p. 255
  7. ibid., p. 291
  8. ibid., p. 355
  9. ibid., p. 357
  10. t. II/1, p. 229, d'après Supplem. Urbani V, n°37, fol. 155, ad annum 1363, 4 julii
  11. Du nom du pape Clément V qui l'avait autorisée.
  12. Actuellement, église de la Trinité dans le quartier de la Doutre.
  13. ou Jean D'Ansières évêque du Mans de 1439 à 1451 ?
  14. La publication du Père Denifle sur La désolation des églises de France (t. II/1, p. 229, d'après Supplem. Urbani V, n°37, folio 155, ad annum 1363, 4 julii), confirme les détails déjà donnés sur l'état de dévastation de l'abbaye dans la première période de la guerre de Cent Ans. « Couvent, maisons, édifices, résidences, presque tout avait été saccagé, brûlé pendant les guerres par les ennemis du roi et du royaume. Les revenus étaient tellement réduits qu'ils ne pouvaient qu'à peine suffire à l'entretien des religieux, la moitié de l'année, et rendaient impossible la restauration de l'abbaye si le pape n'y subvenait. »
  15. Source Wiktionnaire : profès masculin (féminin : professe)= Celui ou celle qui a fait les vœux par lesquels on s’engage dans un ordre religieux, après que le temps du noviciat est expiré. Religieux profès, Religieuse professe. Substantivement, Un jeune profès, Une jeune professe. Maison professe = Maison dans laquelle résident les religieux profès.
  16. Né à La Chapelle-d'Aligné en 1733.
  17. Né à Ville-Dieu (diocèse de Chartres) en 1729.
  18. Un religieux nommé Jean de Bartinellis est autorisé par le pape Nicolas V à passer à l'Ordre de Saint Benoît le 15 décembre 1450.

Liens internes

Abbayes de la Mayenne :


Bibliographie

  • Archives départementales de la Sarthe : Chartrier de l'abbaye (44 registres, une liasse et 35 chartes); fds. mun., 840.
  • Gilles Ménage : Histoire de Sablé, p. 165.
  • Cartulaires de l'abbaye d'Évron et de ND. de la Couture au Mans
  • Gallia Christiana, t. XIV, p. 441.
  • Archives départementales de la Mayenne, deux registres de la série H.
  • Pierre-Jean Le Corvaisier, Histoire des évêques du Mans, p. 457, 729.
  • Mémorial de la Mayenne, t. II, p. 279.
  • Bibliothèque de l'Arsenal, p. 925.
  • Bibliothèque nationale, fonds français, 22.450, f.303; fds. lat. 5.441/2, f.451.
  • Archives nationales, L. 975, KK. 324.
  • Revue du Maine, t. II, p. 115.
  • Chart. de Juigné, de saint-Brice.
  • De Rochemonteix, le Collège de La Flèche.
  • O. de Poli, Hist. des Courtin, p. 293.
  • Registres paroissiaux de Saint-Brice, Grez-en-Bouère, Bouère, Saint-Denis-d'Anjou.

Source

  • « Abbaye de Bellebranche », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition], t. IV, p. 51. Idem pour François de Donadieu et Jean du Hardas.
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