Bataille de la Bérézina

Bataille de la Bérézina
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54° 19′ 00″ N 28° 21′ 00″ E / 54.3167, 28.35

Bataille de la Bérézina
Napoleons retreat from moscow.jpg
Informations générales
Date Du 26 au 29 novembre 1812
Lieu Près de la rivière Bérézina
Issue Victoire tactique française
Retraite française
Belligérants
Drapeau de l'Empire français Empire français
Flag of Poland.svg Duché de Varsovie
Flag of Russia.svg Empire russe
Commandants
Napoléon Ier Koutousov
Forces en présence
80 000 à 100 000 hommes, dont 36 000 en état de combattre 50 000 à 60 000 hommes
Pertes
25 000 à 45 000 morts, blessés ou prisonniers 4 000 à 6 000 morts ou blessés
Sixième coalition
Batailles
Campagne de Russie (1812)

Mir — Moguilev — Ostrovno — Kliastitsy — Smolensk — 1re Polotsk — Valutino — Moskova — Moscou — Winkowo — Maloyaroslavets — 2e Polotsk — Czaśniki — Viazma — Smoliani — Krasnoi — Bérézina


Campagne d'Allemagne (1813)
Dantzig — Lützen — Bautzen — Hoyerswerda  — Gross Beeren — Katzbach — Dresde — Kulm — Dennewitz — Leipzig — Hanau — Sehested


Campagne de France (1814)
Metz —Brienne — La Rothière

Campagne des Six-Jours : Champaubert — Montmirail — Château-Thierry — Vauchamps
Mormant — Montereau — Bar-sur-Aube — Craonne — Laon — Reims — Arcis-sur-Aube — Fère-Champenoise — Paris
Front italien : Mincio

La bataille de la Bérézina eut lieu du 26 au 29 novembre 1812 près de la rivière Bérézina, aux alentours de la ville de Borissov dans l'actuelle Biélorussie, entre l'armée française de Napoléon Ier et les armées russes de Koutousov, de Wittgenstein et de Tchitchagov, après l'échec de la campagne de Russie.

Sommaire

Contexte

Cinq mois après le franchissement du Niémen le 24 juin 1812, la Grande Armée bat en retraite et se trouve devant une rivière marécageuse, la Bérézina. Les armées russes comptent sur cet obstacle naturel pour bloquer l'armée de Napoléon et ainsi l'anéantir.

La retraite de Russie se fait dans de mauvaises conditions : l’hiver est précoce et très rigoureux. Exposée sur son flanc aux coups de l'armée de Wittgenstein, poursuivie par celle de Koutousov, et bloquée par la Bérézina dont l'armée de Tchitchagov maîtrise le pont de Borisov depuis la veille, la Grande Armée se trouve, le 22 novembre 1812 au matin, dans une situation désespérée.

Déroulement

Le 23 novembre, les Russes attendent les Français à Borissov. Napoléon décide d'y organiser une manœuvre de diversion pour permettre le franchissement de la Bérézina 15 km en amont, face au village de Stoudienka, où le général Corbineau a identifié un passage possible.

Le succès de l'opération passe par la très rapide construction de deux ponts à Stoudienka. Travaillant dans l'eau glacée les 26, 27, 28 novembre, les pontonniers néerlandais du général Eblé réalisent et entretiennent ces deux ouvrages que la Grande Armée franchit le 26, dès 13 heures, malgré l'opposition des trois armées russes.

Dans la nuit, Tchitchagov se rend compte de son erreur mais ne peut intervenir immédiatement. Lui, Wittgenstein et l'avant-garde de Koutousov prennent l'offensive le 28 vers 8 heures du matin.

Le maréchal Victor avec 10 000 hommes, défend toute la journée les hauteurs de Stoudienka face à l'armée de Wittgenstein, dont les effectifs se renforcent à mesure que le temps passe. Fournier emmène 800 cavaliers à la charge à de multiples reprises pour repousser la cavalerie et l'infanterie russes. Alors que la traversée s'achève, la nuit interrompt les combats et Victor en profite pour passer à son tour sur la rive droite. Ce même jour (28 novembre), Tchitchagov attaque sur le côté droit. Là, la bataille se déroule dans une forêt de pins et se poursuit toute la journée du 28 : les maréchaux Oudinot et Ney à la tête de 18 000 vétérans dont 9 000 Polonais commandés par les généraux Joseph Zajonchek, Jean Henri Dombrowski et Charles Kniaziewicz, culbutent l'amiral Tchitchagov qui se replie sur Bolchoi Stakhov et lui font 1 500 prisonniers, ce qui permet à la Grande Armée de passer le fleuve. Pour que cette armée puisse se replier, le 126e régiment d'infanterie de ligne se sacrifie volontairement pour permettre aux éléments qui n'ont pas encore traversé de le faire, il n'y aura que quelques survivants.

Plus tard, alors que le gros de l'armée a déjà franchi la Bérézina, de nombreux retardataires sont encore sur l'autre rive. Eblé envoie plusieurs fois dire autour des bivouacs que les ponts vont être détruits dès l'aube du 29 pour protéger la retraite. Des voitures sont incendiées pour convaincre les retardataires de l'urgence à traverser, mais la plupart des traînards, épuisés, préférant attendre le jour, restent sourds à ces injonctions.

Après avoir autant que possible reporté l'échéance, les deux ponts sont incendiés sur l'ordre de Napoléon entre 8 h 30 et 9 heures. La rive gauche de la Bérézina offre alors le spectacle tragique d'hommes, de femmes et d'enfants se précipitant à travers les flammes des ponts ou tentant de traverser la rivière à la nage.

Les cosaques russes, trouvant le passage libéré après le départ de Victor, arrivent à 9 h 30. Ils s'emparent du matériel abandonné par la Grande Armée et font de nombreux prisonniers (les Russes prendront en tout environ 10 000 prisonniers).

Même si la Grande Armée évite l'anéantissement, après le passage de la Bérézina sa situation est critique. Il n'y a guère plus de quelques milliers de soldats en état de combattre (surtout des grenadiers de la Vieille Garde), alors qu'environ 50 000 traînards se replient sur Vilnius. Lors de la bataille, les soldats français et polonais ont fait preuve d'une grande bravoure et d'un esprit de sacrifice : malgré leur supériorité numérique et leurs initiatives les Russes n'ont pas réussi à anéantir l'armée impériale éprouvée par la retraite.

Les formations combattantes, l'état-major et l'artillerie de la Grande Armée ont franchi la Bérézina, mais ce succès militaire a couté de nombreuses pertes, évaluées à environ 45 000 morts ou prisonniers.

132 ans plus tard, en 1944, des soldats français collaborateurs de la Légion des volontaires français livrèrent bataille au même endroit avec les troupes allemandes nazies contre l'Armée rouge.

Conséquences

La blessure

Ces œuvres et les récits terribles des soldats ont fait de la traversée de la Bérézina le symbole de la tragique retraite de Napoléon et de la débâcle que fut la campagne de Russie. Au point que, les livres d'histoire français s'étendent très peu sur les deux campagnes suivantes (Allemagne et France) où le sort de la guerre a pourtant été sur le point de basculer à plusieurs reprises. La Bérézina est ainsi restée une profonde blessure dans l'imaginaire français, un désastre national au cours duquel la neige a enseveli les rêves de conquête de Napoléon. Le mot de « bérézina » est d'ailleurs passé dans le langage courant comme synonyme de déroute, d'échec cuisant, en dépit de la victoire de l'armée française lors de cette bataille.

Littérature

Napoléon traversant la Bérézina
Huile sur toile de Janvier Suchodolski, 1866, Musée national de Poznań

Cet épisode de l'histoire a inspiré de nombreux écrivains :

Honoré de Balzac : Dans la nouvelle Adieu publiée en (1830), il met en scène une femme séparée du militaire français qu'elle aimait lors du passage de la Bérézina, et devenue folle depuis. Le héros Philippe de Sucy brosse le tableau le plus effrayant du passage de la Bérézina : «  En quittant sur les neuf heures du soir les hauteurs de Stubzianka qu'ils avaient défendues pendant toute la journée du 28 novembre 1812 le maréchal Victor y laissa un millier d'hommes chargés de protéger jusqu'au dernier moment deux ponts construits sur la Bérézina qui subsistaient encore(…) ». Il décrit ensuite les soldats mourant de faim qui tuent son propre cheval (celui de Philippe), pour se nourrir et la mort du mari de Stéphanie de Vandières, tué par un glaçon[1]. La bataille de la Bérézina et la retraite de Russie sont aussi évoquées dans La Peau de chagrin, où le grenadier Gaudin de Witschnau a disparu. Dans Le Médecin de campagne, Balzac donne la parole au commandant Genestas qui en fait un récit apocalyptique. Il décrit la débandade de l'armée : « C'était pendant la retraite de Moscou. Nous avions plus l'air d'un troupeau de bœufs harassés que d'une grande armée[2]. ». On retrouve aussi cet affreux épisode guerrier dans le récit du général de Montriveau dans un recueil de nouvelles de Balzac : Autre étude de femme « L'armée n'avait plus, comme vous le savez, de discipline et ne connaissait plus d'obéissance militaire. C'était un ramas d'hommes de toutes nations qui allaient instinctivement. Les soldats chassaient de leur foyer un général en haillons et pieds nus[3]. ».

Victor Hugo dans le poème L'Expiation, tiré de Les Châtiments, décrit la terrible souffrance de la Grande Armée, exprimée par cette complainte lancinante : « Il neigeait ».

Léon Tolstoï dans Guerre et paix (1864), dont l'épopée d'une famille russe au XIXe siècle est l'occasion d'illustrer l'impuissance de l'homme face aux caprices de l'Histoire.

Patrick Rambaud : Il neigeait (2000), sur la campagne de Russie, de l'entrée à Moscou jusqu'au retour de Napoléon à Paris.

Notes et références

Bibliographie

Lien externe


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