Alliance franco-américaine

Alliance franco-américaine
Image de gauche: Drapeau de la France avant 1789.
Image de droite: Drapeau des États-Unis de 1777 à 1795.

L'alliance franco-américaine fait référence à l'alliance de 1778 entre la France de Louis XVI et les États-Unis, pendant la guerre d'indépendance des États-Unis.

Sommaire

Le contexte : les hésitations de Louis XVI

Réception de Benjamin Franklin à la cour de France en 1778.
Lafayette, blessé à la bataille de Brandywine en septembre 1777.
"La capitulation à Saratoga" montrant le général Daniel Morgan face au canon de Vallière

La France était resté profondément soucieuse suite aux succès britanniques pendant la guerre de Sept Ans[1] Elle redoutait qu'ils leur aient donné l'hégémonie navale. À partir de 1763, la France et son alliée l'Espagne, ont commencé à reconstruire leurs marines et à se préparer à une guerre future pour vaincre et envahir l'Angleterre. Comme les troubles dans les colonies américaines de la Grande-Bretagne s'intensifiaient au cours des années 1760, et ont finalement conduit à une rébellion ouverte en 1775, la France a commencé à chercher à établir une alliance avec les rebelles américains, malgré la méfiance de Louis XVI.

En septembre 1775, le Congrès continental a décrit l'assistance étrangère comme "sans aucun doute possible" et a commencé à chercher des fournitures et de l'assistance des puissances européennes hostiles à la Grande-Bretagne. La France a demandé "l'humiliation de l'Angleterre» et a commencé à donner secrètement de l'aide aux rebelles. La déclaration d'indépendance américaine a été préconisée par certains comme nécessaire dans le but d'obtenir un soutien européen contre la Grande-Bretagne [2]. Silas Deane, un émissaire à Paris, a proposé une grande alliance anti-britannique et l'invasion française de Hanovre et du Portugal, deux alliés britanniques[3].

L'alliance a été promue aux États-Unis par Thomas Jefferson, un francophile[4]. Fondée sur le Model Treaty de 1776, Jefferson a encouragé le rôle de la France comme partenaire économique et militaire aux États-Unis, afin d'affaiblir l'influence britannique[5].

En 1776, Latouche Tréville transféra des munitions de la France aux États-Unis d'Amérique. De nombreuses livraisons françaises ainsi que des armes du type de Vallière ont été utilisées durant la guerre d'Indépendance américaine, surtout les petits canons de campagne de 4 livres. Ces canons ont joué un rôle important dans de nombreuses batailles comme durant la bataille de Saratoga[6], et la bataille de Yorktown. George Washington a écrit sur les fournitures et les armes à feu dans une lettre au général Heath, le 2 mai 1777:

« "I was this morning favored with yours containing the pleasing accounts of the late arrivals at Portsmouth and Boston. That of the French ships of war, with artillery and other military stores, is most valuable. It is my intent to have all the arms that were not immediately wanted by the Eastern States, to be removed to Springfield, as a much safer place than Portsmouth …. I shall also write Congress and press the immediate removal of the artillery, and other military stores from Portsmouth. I would also have you forward the twenty-five chests of arms lately arrived from Martinico to Springfield." »

— Lettre de George Washington au général Heath, le 2 mai 1777[6].

Image de gauche: Traité franco-américain original, signé le 6 février 1778 Texte intégral.
Image de droite: Texte du traité franco-américain de 1778, dans une publication de 1782.

Le 13 juin 1777, le marquis de Lafayette atteint l'Amérique et rejoint George Washington dans l'Armée continentale comme major-général. Il a participé à la bataille de Brandywine où il fut blessé, et servit plus tard à la bataille de Rhode Island. Lafayette retournera plus tard en France pendant la guerre afin d'obtenir davantage de soutien pour la cause américaine.

Traité d'alliance

Article détaillé :Traité d'alliance (1778) (en)

L'alliance a été officiellement négociée par Benjamin Franklin et le traité d'alliance a été signée le 6 février 1778 après la victoire américaine lors de la bataille de Saratoga, sous la dénomination de "Traité franco-américain d'amitié et de commerce"[7]. Le traité a apporté le plein soutien de l'armée française, de la Marine et du Trésor, en contrepartie, les États-Unis étaient tenus de garantir "à partir du moment présent et pour toujours, contre tous les autres puissances (...) les possessions actuelles de la Couronne de France en Amérique », en échange d'une promesse de ne plus étendre ces possessions[7],[8].

Opérations

Bâtiments de ligne de la Marine royale lors de la bataille décisive de la Chesapeake en 1781
Cornwallis se rend aux troupes françaises (à gauche) et aux troupes américaines (à droite), à l'issue de la bataille de Yorktown en 1781

La force combinée des Américains et des Français garantissait pratiquement la victoire contre la Grande-Bretagne[9]. La France a soutenu avec succès la guerre d'indépendance américaine, parvenant à expulser les Britanniques et a obtenir la reconnaissance de l'indépendance américaine grâce à l'intervention de Rochambeau, de La Fayette, de Grasse, et de Suffren.

Front européen

Le conflit sur mer a commencé dans les eaux européennes avec la bataille d'Ouessant en juillet 1778, et a continué avec la tentative d'invasion de la Grande Bretagne avec l'Armada de 1779, l'Espagne étant entrée en guerre au côté de la France en espérant reconquérir Gibraltar et la Jamaïque.

Première campagne américaine

À l'été 1778, l'amiral français d'Estaing arriva avec une flotte de douze vaisseaux de ligne et quatorze frégates, et également avec un renfort d'infanterie pour la guerre. Après avoir refusé d'attaquer les forces britanniques de Richard Howe inférieure en nombre en dehors de New York, la flotte française a navigué vers le Rhode Island où ils devaient prendre part à une attaque contre Newport.

Le 6 juillet 1779, il sort vainqueur à la bataille de la Grenade contre l'amiral Byron, mais échoue au siège de Savannah en septembre 1779 avant de retourner en France. Les combats se poursuivent en avril 1780, lors de la bataille de la Martinique qui oppose Guichen à l'amiral Rodney.

Seconde campagne américaine

Débarquement de l'armée française à Newport (Rhode Island) le 11 juillet 1780, sous le commandement du comte de Rochambeau

En 1780, Rochambeau est arrivé avec une flotte et 6 000 soldats français pour rejoindre l'armée continentale, sous le commandement de George Washington, lors de l'« Expédition Particulière ». il débarqua à Newport (Rhode Island), le 10 juillet[10]. Dans la vallée de l'Ohio, les Américains français également s'allièrent aux troupes indiennes, comme lors de la bataille de Kekionga en 1780 sous le commandement d'Augustin de la Balme[11].

La marine française a joué un rôle décisif de soutien de l'armée américaine, puisque l'Amérique ne pouvait guère résister à la marine britannique. La marine française, sous le commandement de Grasse a réussi à vaincre une flotte britannique à la bataille de la baie de Chesapeake en 1781, assurant ainsi que les forces terrestres franco-américaines allaient gagner le siège de Yorktown en cours, la dernière grande bataille terrestre de la guerre d'Indépendance américaine. Les Anglais se sont rendus aux forces américaines et françaises à Yorktown en 1781.

La France a continué à se battre contre les Britanniques dans la guerre des Antilles de 1782.

Campagne en Inde

Suffren avec l'allié inidien Haidar Alî en 1783.

La France a par ailleurs soutenu l'effort de guerre contre la Grande-Bretagne en attaquant les possessions britanniques en Inde. En 1782, Louis XVI scella une alliance avec le Peshwâ Madhu Rao Narayan. Suffren est devenu l'allié d'Haidar Alî dans la seconde guerre anglo-mysore contre la domination britannique en Inde, en 1782-1783, combattant la flotte britannique sur les côtes de l'Inde et de Ceylan[12],[13].

Entre février 1782 et juin 1783, Suffren combattit l'amiral anglais Sir Edward Hughes, et a collaboré avec les dirigeants de Mysore[13],[14]. Suffren combatit à la bataille de Sadras le 17 février 1782, à la bataille de Provédien le 12 avril près de Trinquemalay, à la bataille de Negapatam le 6 juillet 1782 à l'extérieur de Gondelour, après quoi Suffren saisit l'ancrage de Trinquemalay et contraignit la petite garnison britannique à se rendre. Une armée de 3 000 soldats français ont collaboré avec Haidar Alî pour capturer Gondelour. Finalement, la bataille de Trinquemalay eut lieu près de ce port le 3 septembre. Ces batailles peuvent être considérées comme les dernières batailles du conflit franco-britannique qui ont entouré la guerre d'Indépendance américaine, et cesseront avec la signature du traité de paix en 1783.

Conséquences

Peinture de Benjamin West, représentant les délégations au traité de Paris. La délégation britannique a refusé de poser, et la peinture n'a jamais été terminée.

Finalement, le traité de Paris a été signé le 3 septembre 1783, reconnaissant l'indépendance américaine et la fin des hostilités.

Le traité de d'alliance de 1778, en promettant la défense des territoires français sur le continent américain, n'a pas été respecté par les États-Unis dès 1793, lorsque la France est entrée en conflit avec la Grande-Bretagne dans les Caraïbes. Ce que les États-Unis pouvaient faire était de maintenir la neutralité, mais cette neutralité a été si négative qu'elle interdisait aux Français le droit d'armer et d'équiper des navires corsaires dans les ports américains, ou niait le droit de disposer de prix français aux États-Unis. Ces réticences ont signé la fin de l'alliance[8].

Combat naval pendant la quasi-guerre entre le USS Constellation et de navire français L'Insurgente, le 9 février 1799.

Comme les États-Unis ont conclu un traité de commerce avec la Grande-Bretagne en 1794, la France a commencé à organiser des raids sur les bâtiments américains, saisissant 316 navires en 1796[15]. En 1796, le ministre Pierre Adet, complétement désillusionné, a expliqué :. "Jefferson est (...) Américain, et en tant que tel, il ne peut pas sincèrement être notre ami. Un Américain est un ennemi né de tous les peuples européens", et en 1798, l'affaire XYZ a considérablement aggravé les relations franco-américaines[16],[17].

Ces événements ont conduit à la quasi-guerre (1798-1800) entre la France et les États-Unis, avec de véritables rencontres navales qui auront lieu entre les deux puissances, la rencontre entre le USS Constellation et de navire français L'Insurgente, le 9 février 1799 au large l'île de Nevis, et l'USS Constellation et de La Vengeance en février 1800 au large de la Guadeloupe[15]. Un accord a suivi, dans lequel les États-Unis ont accepté de verser 20 millions de dollars en compensation, et la France a accepté d'abandonner ses revendications à propos du traité de 1778[15].

La Grande-Bretagne a aussi tenté d'interférer dans le commerce américain, par les ordres en conseil de 1807, qui interdit le commerce avec la France depuis la Grande-Bretagne, ses alliés, et toute nation neutre, ce qui veut dire les États-Unis. Les États-Unis ont protesté en disant que cet acte était illégal en vertu du droit international[18]. Cet acte a été un facteur contributif à l'animosité entre les États-Unis et la Grande-Bretagne qui a causé la guerre de 1812.

Bibliographie

  • Bemis, Samuel Flagg. The Diplomacy of the American Revolution (1935) online edition
  • Brands, H. W. The First American: The Life and Times of Benjamin Franklin (2002) excerpt and text search
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  • Chartrand, René, and Back, Francis. The French Army in the American War of Independence Osprey; 1991.
  • Corwin, Edward S. French Policy and the American Alliance of 1778 Archon Books; 1962.
  • Dull, Jonathan. A Diplomatic History of the American Revolution, 1985.
  • Dull, Jonathan R. The French Navy and American Independence: A Study of Arms and Diplomacy 1774-1787 (1975)
    • Kaplan, Lawrence S. "The Diplomacy of the American Revolution: the Perspective from France." Reviews in American History 1976 4(3): 385-390. Issn: 0048-7511 Fulltext in Jstor; review of Dull (1975)
  • Dull, Jonathan R. A Diplomatic History of the American Revolution (1985).
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  • Hutson, James H. John Adams and the Diplomacy of the American Revolution (1980).
  • Hoffman, Ronald, and Peter J. Albert, eds. Diplomacy and Revolution: The Franco-American Alliance of 1778 (1981)
  • Hoffman, Ronald, and Peter J. Albert, eds. Peace and the Peacemakers:The Treaty of Paris of 1783 (1986).
  • Hudson, Ruth Strong. The Minister from France: Conrad-Alexandre Gérard, 1729-1790. Lutz, 1994. 279 pp.
  • Kaplan, Lawrence S., ed. The American Revolution and “A Candid World (1977)
  • Kennett, Lee. The French Forces in America, 1780-1783. Greenwood, 1977. 188 pp.
  • Lint, Gregg L. "John Adams on the Drafting of the Treaty Plan of 1776," Diplomatic History 2 (1978): 313–20.
  • Perkins, James Breck. France in the American Revolution (1911) full text online
  • Pritchard, James. "French Strategy and the American Revolution: a Reappraisal." Naval War College Review 1994 47(4): 83-108. Issn: 0028-1484
  • Schiff, Stacy. A Great Improvisation: Franklin, France, and the Birth of America (2005)
  • Simms, Brendan. Three Victories and a Defeat: The Rise and Fall of the First British Empire. Penguin Books, 2008.
  • Stinchcombe, William E. The American Revolution and the French Alliance (1969)
  • Unger, Harlow Giles. Lafayette (2002)online

Voir aussi

Galerie des commandants français dans l'alliance

Notes

  1. Voir l'article en anglais su les succès britanniques dans la guerre de Sept Ans (en).
  2. Simms p.600-02
  3. Simms p.605-06
  4. Entangling alliances with none by Lawrence S. Kaplan p.24
  5. Entangling alliances with none by Lawrence S. Kaplan p.27
  6. a et b Springfield Armory
  7. a et b Encyclopedia of Tariffs and Trade in U.S. History: The encyclopedia by Cynthia Clark Northrup p.149 books.google.com
  8. a et b Entangling alliances with none by Lawrence S. Kaplan p.27-28
  9. Encyclopedia of Tariffs and Trade in U.S. History: The encyclopedia by Cynthia Clark Northrup p.150 books.google.com
  10. Samuel F. Scott, From Yorktown to Valmy sur Google Livres, p.6]
  11. Colin G. Calloway, The American Revolution in Indian country sur Google Livres, p.41
  12. The History Project, University of California
  13. a et b Jeremy Black, Britain as a military power, 1688-1815 sur Google Livres, p. 183]
  14. Cambridge Ilustrated Atlas of Warfare, p.159
  15. a, b et c Randier, p.217
  16. Entangling alliances with none by Lawrence S. Kaplan p.29
  17. Full Adet quote on Jefferson in Thomas Jefferson by Richard B. Bernstein p.140 books.google.com
  18. Caffery, pp.56-58


Voir aussi


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