Évariste Carpentier

Évariste Carpentier
Évariste Carpentier
Portait de Évariste Carpentier

Naissance 2 décembre 1845
Kuurne
Décès 12 septembre 1922
Liège
Nationalité Belge Drapeau de la Belgique
Activité(s) artiste peintre et professeur de peinture
Formation Académie des beaux-arts de Courtrai
Académie royale des beaux-arts d'Anvers
Maître Henri De Pratere
Nicaise de Keyser
Mouvement artistique académisme, naturalisme et impressionnisme (luminisme)
Œuvres réputées Embuscade de Chouans
Les étrangères
La laveuse de navets
Le petit étang
Premiers beaux jours
Influencé par Jules Bastien-Lepage
Récompenses Officier de l'ordre de Léopold

Évariste Carpentier, né en 1845 à Kuurne et mort en 1922 à Liège, est un peintre belge de scènes historiques, scènes de genre et paysages avec figures, professeur et directeur à l'Académie des beaux-arts de Liège. Il n'eut de cesse, durant sa longue carrière, de faire évoluer sa peinture, de l'académisme de ses débuts au réalisme et enfin à l'impressionnisme.

« Sa carrière sera un long cheminement, une évolution lente et tenace dont l’aboutissement sera cette apothéose luministe, riche apport de sang neuf dans l’évolution de la peinture liégeoise. »

— Annick Lemoine[1]


Sommaire

Biographie

Les années de formation

Issu d’une famille de modestes cultivateurs de Kuurne, village proche de Courtrai en Flandre-Occidentale, Évariste Carpentier suit, dès 1861, des cours à l’Académie des beaux-arts de Courtrai sous la direction d'Henri De Pratere. Il y obtient plusieurs distinctions.

En 1864, Carpentier est admis à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Il y suit l'enseignement notamment de Nicaise de Keyser (1864-1868). Élève brillant du cours de peinture « d'après nature », il se voit attribué le prix d’excellence en 1865, ce qui lui permet, l’année suivante, de bénéficier d’un atelier privé au sein même de l’Académie.

Chouans en déroute (1883)
Huile sur toile, 60 x 90 cm
Musée d'art et d'histoire de Cholet

Le début d'une carrière

En 1872, Carpentier se fixe dans la métropole anversoise en y installant son propre atelier. Il y peint beaucoup d'œuvres de commande qui ne témoignent pas encore de sa personnalité d'artiste. Il commence ainsi sa carrière en abordant des thèmes religieux et mythologiques de même que des scènes de l’Antiquité et celles s’inspirant du « XVIIe siècle hollandais », mais c'est véritablement dans le domaine de la peinture d’histoire qu’il se fait surtout apprécié. Le tableau « Les premières nouvelles du désastre de la Grande Russie » exposé au Cercle artistique d'Anvers obtiendra d'ailleurs un grand succès.

Toujours dans le goût académique de l'époque, il aime peindre les animaux de la ferme et plus généralement des scènes de la vie à la campagne.

C'est au cours de cette période qu'Évariste Carpentier se lie d'amitié avec ses jeunes condisciples de l'académie parmi lesquels on trouve notamment Émile Claus, Théodore Verstraete, Frans Hens et Jan Van Beers ; les amis se rencontrent souvent aux expositions organisées par le Cercle artistique d'Anvers. On peut noter d’ailleurs qu’Émile Claus occupera, de 1874 à 1877, un coin de l'atelier d’Évariste Carpentier[2].

En 1876, une ancienne blessure au genou, occasionnée dans sa prime jeunesse, entraîne de graves complications le menaçant même d'amputation. Les douleurs l'empêchent de travailler. Il quitte alors Anvers afin de poursuivre sa convalescence durant trois ans à Kuurne.

Le séjour en France

En 1879, Carpentier rejoint à Paris son ami Jan Van Beers. Il se met alors à peindre avec réalisme le milieu feutré de la bourgeoisie parisienne. Quant à la peinture d'histoire, les scènes de l'époque de la Révolution française et les épisodes de l'Insurrection vendéenne sont ses principales sources d'inspirations. L'artiste, ayant toujours eu une prédilection pour les épisodes dramatiques, y affine son art de la composition en cherchant à rendre davantage le caractère pathétique de faits historiques mineurs, comme ceux que l’on voit dans « Chouans en déroute » (1883) ou dans « Madame Roland à la prison Sainte-Pélagie » (1886). Ses toiles lui valent un franc succès auprès du public et les commandes s'enchaînent.

Après le travail. Huile sur toile, 97 x 130 cm (Collection privée)

Cette réussite constitue cependant un frein à sa découverte de la peinture de « plein air ». À cet égard, l'année 1884 marque un tournant décisif dans sa carrière. Carpentier se dégage des conventions de l'académisme et trouve enfin sa véritable voie. En effet, c'est en découvrant l'œuvre de Jules Bastien-Lepage qu'il s'initie au pleinairisme et se tourne vers la nature par le biais du mouvement réaliste. Il séjourne alors durant deux saisons principalement à Saint-Pierre-lès-Nemours près de la forêt de Fontainebleau mais aussi à Tréport et à Saint Malo.

Le retour en Belgique

À son retour en Belgique en 1886 (Il abandonnera définitivement son atelier parisien en 1890), Carpentier assiste, lors des salons du Groupe des XX, notamment à la promotion dans son pays de l'impressionnisme. Il n'attend toutefois pas « Les Vingt » pour découvrir ce mouvement. En effet, pendant son long séjour en France, il rencontre bien les impressionnistes mais il est davantage marqué par le naturalisme de Jules Bastien-Lepage et de Jules Breton. Il n'empêche que depuis ses débuts de peintre de plein air, sa palette s'éclaircit déjà nettement et sa touche, dans une pâte parfois épaisse, devient progressivement plus souple.

Installé en Belgique, Carpentier continue cependant à voyager. De 1886 à 1896, il sillonne les campagnes, belges mais aussi françaises, à la recherche de nouveaux paysages. Il se rend fréquemment en Campine limbourgeoise avec ses amis, les paysagistes Franz Courtens et Joseph Coosemans[3], dans le Midi, mais aussi en Bretagne, région qu'il affectionne tout particulièrement.

En 1888, Carpentier épouse Jeanne Smaelen ; le mariage est célébré à Verviers. De cette union naîtront cinq enfants[4].

En 1890, le jeune couple s'installe dans le Brabant belge, à Overijse, où Carpentier peint sa célèbre « Laveuse de navets » acquise par le musée d'Art moderne de Liège.

L'ami farouche (c. 1893-1895). Huile sur toile, 65 x 81 cm (Collection privée)
Rêverie près du ruisseau. Huile sur toile, 50 x 60,5 cm (Collection privée)
Le goûter des dames. Huile sur toile, 65 x 100 cm (Collection privée)

En 1892, Carpentier déménage à nouveau pour s'établir à La Hulpe dans le Brabant wallon. C'est précisément à cette période que l'artiste s'épanouit et qu'il recherche maintenant la vérité de la nature selon des voies impressionnistes parallèles à celles de son ami Émile Claus. Il se tourne vers des tonalités délicates et une touche atmosphérique. Cette fois-ci, Carpentier prend résolument la voie de la modernité en devenant l'un des plus actifs propagateurs du luminisme.

« Carpentier fut un impressionniste en ce sens que ses toiles font un trou dans le mur où on les append, fenêtres ouvertes sur la saine vie ensoleillée.[...] Il est de ceux qui échappent aux étiquettes parce que leur inspiration est diverse comme la vie elle-même »

— Georges Simenon[5]


Le professeur et directeur

En 1897, Carpentier est nommé professeur de peinture à l’Académie des beaux-arts de Liège en remplacement d’Émile Delperée, décédé. C’est donc la même année, qu’âgé alors de 51 ans, il s’établit dans la Cité ardente, rue Mont Saint-Martin. Succédant à Prosper Drion, il assure les fonctions de directeur de l’académie de 1904 à 1910 tout en continuant l’enseignement. À partir de 1905, il va vivre rue Hors-château.

En venant s'installer comme professeur dans la Cité ardente, Carpentier détermine un tournant décisif dans l'évolution de la peinture liégeoise. Il libère la peinture de la grisaille et des conventions de l’art académique en installant l’esthétique impressionniste. En vingt-et-un ans d’enseignement, nombreux ont été les disciples qui côtoyèrent le maître. Tous ne suivirent pas la manière de Carpentier. Parmi les plus connus et ceux qui ont subi significativement l’influence de leur maître, on trouve notamment Armand Jamar, Albert Lemaître, José Wolff. D’autres artistes liégeois sont passés par sa classe comme Fernand Steven, Robert Crommelynck, Adrien Dupagne, Marcel Caron, Jean Donnay ou bien encore Auguste Mambour. Par ailleurs, il prodigue des conseils à des peintres qui ne fréquentèrent pas sa classe tels que Xavier Würtz. Le peintre de l’Ardenne, Richard Heintz, bénéficiera également de ses encouragements.

À partir de 1906, Carpentier passe dorénavant ses vacances d’été à Vieuxville dans la maison dite de « l'Abbé de Stavelot ».

Carpentier part à la retraite à la fin de la Première Guerre mondiale. Il décède à Liège le 12 septembre 1922.

L'artiste et son œuvre

Carpentier aura connu de son vivant un large succès. Au cours de sa carrière, il récolte de multiples récompenses et prix dans les expositions internationales d’Europe et des États-Unis (Chicago, Philadelphie...) dont les médailles d’or à Anvers, Munich, Berlin avec Soleil d’été (1896), Paris, Amsterdam, Barcelone, Nice. Oubliée peu après sa mort, son œuvre fut redécouverte tardivement vers la fin du XXe siècle. C’est maintenant que l’on se rend compte pleinement de l’importance de cet artiste non seulement en tant que professeur à l’Académie de Liège où il donne le départ d’une nouvelle manière de peindre dans la Cité ardente, mais aussi pour l’ensemble de son œuvre qui constitue un chaînon essentiel dans l’épanouissement de la peinture belge moderne. Nul doute que l’avenir lui réserve un regain d’intérêt.

Œuvres

Galerie

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Élèves

Quelques artistes connus furent les élèves d'Évariste Carpentier :

Hommage

Un buste en bronze réalisé par Rik Vermeersch est érigé et inauguré le 19 décembre 1998 sur l’esplanade de la Maison communale de Kuurne.

Annexes

Bibliographie

  • Annick Lemoine, Evariste Carpentier (1845-1922), Mecenart/Galerij Depypere, 1994.
  • Sonia Jérôme, Liliane Sabatini, Louis Maraite et Gaëtane Warzée, À la recherche de… Évariste Carpentier, cat. exp. Espace BBL Liège, 1997-1998.
  • Serge Goyens de Heusch, L’Impressionnisme et le Fauvisme en Belgique, Fonds Mercator, 1998, p. 144, 146, 278, 287, 288, 291
  • 500 chefs-d'œuvre de l'art belge du XVe siècle à nos jours, Collectif, Racine, 2006, p. 72
  • Vers la modernité, le XIXe siècle au Pays de Liège, catalogue d'exposition (Liège, 5 octobre 2001-20 janvier 2002), Liège, 2001
  • Gaëtane Warzée, Évariste Carpentier et le renouveau de la peinture liégeoise à l’aube du XXe siècle, in Actes I du XLVIIe congrès de la Fédération des cercles d'archéologie et d'histoire de Belgique, 2e congrès de l'Association des cercles francophones d'histoire et d'archéologie de Belgique, Nivelles 23-26 août 1984, p. 316-317.
  • Patrick et Viviane Berko, Dictionnaire des peintres d’animaux, belges et hollandais, nés entre 1750 et 1880, Knokke 1998, p. 168-171
  • Liliane Sabatini, Le Musée de l'Art wallon, collection "Musea Nostra", Ministère de la Communauté française de Belgique & Crédit Communal de Belgique, Bruxelles, 1988.
  • Jules Bosmant, La peinture et la sculpture au Pays de Liège de 1793 à nos jours, éd. Mawet, 1930.

Notes et références

  1. Annick Lemoine est historienne de l’art, auteur de nombreux ouvrages dont « Évariste Carpentier (1845-1922) » aux éditions Mecenart, 1994. Elle est conseillère chargée de l’éducation, des enseignements artistiques et de l’histoire de l’art au cabinet de Frédéric Mitterrand au ministère de la Culture et de la Communication. Responsable de la section d’histoire de l’art à l’Académie de France à Rome (2011)
  2. Citation de Léon Tombu dans « Peintres et sculpteurs à l'aube du XXe siècle », Liège, Aug. Benard, 1907, p. 82
  3. « L'École de Tervueren », par Herman De Vilder et Mauritz Wynants, A.S.B.L. Les amis de l'École de Tervueren, 2000, p. 103
  4. L'un de ses fils, Fritz Carpentier (1890-1978), docteur ès sciences naturelles, sera un éminent entomologiste belge, pionnier de la morphologie des insectes. Il deviendra Conservateur des collections de l'Institut de zoologie de Liège de 1922 à 1958, puis, à l'Université de Liège, chargé du cours de morphologie et systématique des invertébrés à la licence en sciences zoologique. (Prix Adolphe Crèvecœur, 1962)
  5. Extrait d'un article biographique, par le romancier belge Georges Simenon, et paru dans la Gazette de Liège, Noël 1922

Liens externes


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