Assemblée (Sparte)

Assemblée (Sparte)

L'Assemblée est l'une des institutions politiques de Sparte ; elle rassemble l'ensemble des citoyens et est chargée de voter les lois. Son rôle précis est mal connu.

Sommaire

Nom

Son nom officiel est mal connu. Hérodote emploie le terme d'ἁλία / halía[1], qui au sens strict désigne l'assemblée du peuple dans les États doriens. Thucydide[2] et Xénophon[3] utilisent quant à eux le générique ἐκκλησία / ekklêsía (assemblée).

Il ne semble pas que l'on puisse se fier à Plutarque, qui dérive son ἀπελλά / apellá (ou plutôt ἀπελλαί / apellaí, au pluriel) du verbe ἀπελλάζω / apellázô, figurant dans le passage de la Grande Rhêtra qu'il cite[4]. L'étymologie du terme est incertaine. Plutarque lui-même fait le rapprochement avec Ἀπέλλων / Apéllōn, nom dorien d'Apollon. Selon Hésychios d'Alexandrie, les apellai sont des enclos, par extension des bergeries, d'où l'emploi pour désigner une assemblée.

Rôle

Son rôle n'est pas mieux connu. On ignore l'âge minimal à partir duquel le citoyen spartiate pouvait y accéder : les âges de 20 ans (intégration dans l'armée et admission aux syssities) ou de 30 ans (possibilité de fonder une famille et d'être nommé magistrat) sont plausibles. On ignore également la fréquence précise des réunions. La Grande Rhêtra évoque une réunion « de saison en saison » sur le confluent des fleuves Eurotas et Oinous[5]. Une scholie à Thucydide indique pour sa part une réunion mensuelle, quand la lune est pleine[5].

Elle paraît avoir un rôle assez limité, au point qu'Aristote ne juge pas utile de la mentionner quand il énumère les éléments démocratiques du régime spartiate[5]. De fait, l'assemblée n'a pas l'initiative des textes qu'elle vote. Elle se contente d'élire éphores et gérontes et d'approuver ou non les textes qui lui sont soumis par ces derniers ainsi que les rois : les propositions de loi ne sont pas soumis à débat et ne peuvent pas faire l'objet d'amendement[6].

Néanmoins, aux termes de la Grande Rhêtra, « à l'assemblée du peuple victoire et prédominance » : on ne peut passer outre une décision de l'assemblée. Celle-ci s'exprime en effet sur les décisions les plus importantes, telles que le vote d'entrée en guerre ou de conclusion de paix. Ainsi, elle vote la participation à la guerre du Péloponnèse ou encore la paix du roi, en 371 av. J.-C.

Mode de suffrage

Son mode de suffrage est habituellement le vote par acclamations : des individus enfermés dans une pièce non loin de l'assemblée estiment le volume sonore des clameurs accompagnant l'énoncé du nom du candidat — procédé qui paraît « puéril » à Aristote[7], c'est-à-dire facile à manipuler[6]. Il arrive, rarement, que le vote se déroule par déplacement : les citoyens se rangent d'un côté ou de l'autre, suivant le camp qu'ils ont choisi. Thucydide en cite une occurrence en 432, à l'instigation de l'éphore Sthénélaïdas :

«  [Celui-ci] prétendit qu'il était impossible de décider de quel côté étaient les acclamations les plus nombreuses, et, voulant les pousser davantage à la guerre, en les obligeant à exprimer sans ambiguïté leur avis, il leur dit : « Lacédémoniens, que ceux qui estiment que la trêve est rompue et que les Athéniens sont coupables se rangent de ce côté » — et en même temps il joignait le geste à la parole — « que ceux qui sont d'un avis contraire se rangent de ce côté-là[8]. »

Dans les deux cas, le mode de décompte est relativement imprécis — de son côté, l'assemblée d'Athènes utilise des cailloux de couleur (blanc pour acquiescer, noir pour rejeter) ou des jetons pleins ou troués pour exprimer son vote.

Notes

  1. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 134.
  2. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], V, 77, 1.
  3. Xénophon, Helléniques [lire en ligne], II, 4, 38.
  4. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Lycurgue, VI.
  5. a, b et c Lévy, p. 211.
  6. a et b Cartledge, p. 35.
  7. Aristote, Politique [lire en ligne], II, 9.
  8. Traduction de Jean Voilquin. Thucydide, I, 87.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Paul Cartledge, Spartan Reflections, University of California Press, Berkeley, 2001 (ISBN 0-520-23124-4).
  • Edmond Lévy, Sparte : histoire politique et sociale jusqu’à la conquête romaine, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 2-02-032453-9)  ;
  • (en) Douglas M. MacDowell, Spartan Law, Scottish Academic Press, Édimbourg, 1986.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Assemblée (Sparte) de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Assemblee (Sparte) — Assemblée (Sparte) L Assemblée est l une des institutions politiques de Sparte ; elle rassemble l ensemble des citoyens et est chargée de voter les lois. Son rôle précis est mal connu. Sommaire 1 Nom 2 Rôle 3 Mode de suffrage 4 …   Wikipédia en Français

  • Sparte — Pour les articles homonymes, voir Sparte (homonymie). 37°4′27″N 22°25′53″E / …   Wikipédia en Français

  • SPARTE — Thucydide prédisait déjà à la fin du Ve siècle qu’il ne resterait rien de Sparte: «Supposons que Sparte soit dévastée et qu’il subsiste seulement les temples avec les fondations des édifices: après un long espace de temps, sa puissance… …   Encyclopédie Universelle

  • Sparte et Athenes au Ve siecle — Sparte et Athènes au Ve siècle Les relations entre Athènes et Sparte au Ve siècle av. J. C. ( 510 404) sont, symptomatiquement, les relations pragmatiques entre deux superpuissances locales. L opposition n est pas viscèrale et les deux cités …   Wikipédia en Français

  • Sparte et athènes au ve siècle — Les relations entre Athènes et Sparte au Ve siècle av. J. C. ( 510 404) sont, symptomatiquement, les relations pragmatiques entre deux superpuissances locales. L opposition n est pas viscèrale et les deux cités ne jouent pas une course à l… …   Wikipédia en Français

  • Assemblee — Assemblée Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom …   Wikipédia en Français

  • Assemblée locale — Assemblée Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom …   Wikipédia en Français

  • Sparte et Athènes au Ve siècle — Les relations entre Athènes et Sparte au Ve siècle av. J.‑C. ( 510 404) sont, symptomatiquement, les relations pragmatiques entre deux superpuissances locales. L opposition n est pas viscérale et les deux cités ne jouent pas une course… …   Wikipédia en Français

  • Assemblée — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Sur les autres projets Wikimedia : « Assemblée », sur le Wiktionnaire (dictionnaire universel) Une assemblée est la réunion dans un même… …   Wikipédia en Français

  • Histoire de Sparte — Sparte (en grec ancien Σπάρτη / Spártê, en dorien Σπάρτα / Spárta), ou Lacédémone (en grec Λακεδαίμων / Lakedaímôn) est, avec Athènes et Thèbes, l une des plus puissantes cités États de Grèce antique. C est aujourd hui une petite ville de …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”