Michel-Jean Sedaine

Michel-Jean Sedaine
Michel-Jean Sedaine
Gravure de Henri Grevedon d’après un portrait par David
Gravure de Henri Grevedon d’après un portrait par David

Activités Dramaturge
Naissance 1719
Décès 1797
Langue d'écriture Français

Michel-Jean Sedaine, né le 2 juin 1719[1] à Paris où il est mort le 17 mai 1797, est un auteur dramatique français.

Sommaire

Biographie

Sedaine était le fils d’un maître maçon parisien qui avait obtenu le statut envié d’entrepreneur des Bâtiments du Roi avant de faire faillite. Orphelin à 13 ans, son fils avait dû quitter le collège des Quatre-Nations et, pour subvenir aux besoins de sa famille, se faire ouvrier, gagnant sa vie comme tailleur de pierre ou comme plâtrier. Il avait complété lui-même son instruction par ses lectures, et s’exerçait, dans ses moments de liberté, à composer des vers. Il fut remarqué par l’architecte et entrepreneur Jacques François Buron, qui le prit dans ses bureaux, d’abord comme employé puis comme chargé d’affaires. Les loisirs que lui laissaient cet emploi étaient occupés aux spectacles de la Foire et de la Comédie-Italienne.

Il a rapporté avec humour ces vicissitudes dans une des pièces de son premier recueil de poésies, l’Épître à mon habit (1752), poème qui fut remarqué, qui était à vrai dire le seul remarquable du recueil, et qui a conservé quelque notoriété. Avec naturel et sensibilité, l’auteur expose le pouvoir d’un bel habit en France et les changements qui survinrent dans sa vie lorsqu’il lui fut donné d’en revêtir un :

Ah ! mon habit, que je vous remercie !
Que je valus hier, grâce à votre valeur !

Cette pièce fut remarquée par un ancien magistrat nommé Lecomte (ou Le Comte), qui pensionna l’auteur à hauteur de 1 200 livres sous prétexte d’inspecter les maisons qu’il possédait. Délivré des soucis d’argent, Sedaine commença en 1756 une brillante carrière de librettiste qui devait durer près de quarante ans. Fréquentant les cafés littéraires et quelques salons, il se lia avec D'Alembert, qui avait été son condisciple, avec Favart et, surtout, avec Diderot, dont il partageait les conceptions sur l’art dramatique. Ainsi lié aux Encyclopédistes, Philosophes et réformateurs, il épousa leurs querelles et leurs principes.

Comme librettiste, Sedaine s’essaya à tous les genres : opéras-comiques historique ( Richard Cœur-de-Lion), amusants (Le Diable à quatre, Rose et Colas), graves (Le Roi et le Fermier), voire larmoyants (Le Déserteur).

Pour le théâtre proprement dit, il n’a composé que deux tragédies, sans grand intérêt, et deux comédies, qui sont restées célèbres et assurent aujourd’hui l’essentiel de la renommée de leur auteur : Le Philosophe sans le savoir (1765) et La Gageure imprévue (1768).

Grâce à sa plume, Sedaine acquit une honnête aisance et s’installa rue des Puits, dans le quartier du Marais. Grâce au marquis de Marigny, il devint secrétaire de l’Académie royale d'architecture en 1768, ce qui lui permit de disposer d'un vaste appartement au palais du Louvre et de jouir d'une pension de 1 800 livres. Protégé de Catherine II de Russie, il bénéficia de ses libéralités qui lui permirent d’acheter une petite propriété à Saint-Prix, près de Montmorency. Il fut convié par Marie-Antoinette à Versailles pour lui faire répéter certains de ses ouvrages[2]. Enfin, couronnement de sa carrière, il fut élu membre de l’Académie française le 9 mars 1786.

Il s’était marié tardivement en 1769 avec Jeanne Suzanne Sériny, dont il eut trois (ou quatre enfants)[3] pour qui il fut un père de famille exemplaire. Il recueillit également des orphelins, les jeunes Guéret, dont Anne et Louise, et protégea le peintre David, neveu de l’architecte qui l’avait aidé dans sa jeunesse, dont il encouragea les débuts artistiques. Néanmoins, bien qu’ayant accueilli favorablement la Révolution française, il récusa le jacobinisme et rompit avec le jeune peintre. Ceci lui valut d’être écarté de l’Institut de France lors de la création de ce dernier en 1795. Il n’eut aucune part aux événements révolutionnaires, même s’il lui arriva de secourir des personnes persécutées, et mourut sous le Directoire en 1797.

Postérité critique

Portrait de Mr. Sedaine fait d'après nature en 1749 par G. de St. Aubin.

Le caractère éminemment respectable et sympathique du personnage de Sedaine a souvent coloré le jugement porté pour son œuvre. Au XIXe siècle, une pièce comme Le Philosophe sans le savoir fut même mise au rang des ouvrages de génie. Depuis, on est beaucoup revenu de cette exagération, et si l’œuvre de Sedaine conserve quelque notoriété, elle le doit en grande partie au talent des compositeurs qui ont mis ses ouvrages en musique (François-André Danican connu sous le nom de François-André Philidor, Pierre-Alexandre Monsigny, André Grétry pour citer les plus célèbres). Pourtant, après les avoir beaucoup décriés, on admet aujourd’hui la qualité des livrets de Sedaine, à qui l’on reconnaît le mérite d’avoir fixé le genre de l’opéra-comique.

Son style est souvent incorrect, et généralement plat et fade. Jean-François de La Harpe s’est plu à le souligner dans son Cours de littérature. Sa poésie, assez abondante, reste généralement prosaïque, et l’auteur lui-même déclarait, à propos de son recueil de poésies fugitives publié en 1760 : « J’ai regret, au lieu de m’être livré à ces frivolités, de n’avoir pas donné une pièce de théâtre. »

Œuvres

  • Théâtre
    • L'Impromptu de Thalie ou la Lunette de vérité, comédie en 1 acte en vers, 1752
    • Anacréon, pastorale en 1 acte, 1754
    • Le Diable à quatre ou la Double métamorphose, opéra-comique en 3 actes, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 19 août 1756 (lire en ligne)
    • Blaise le savetier, opéra-comique en 1 acte mêlé d’ariettes, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 9 mars 1759 (lire en ligne)
    • L'Huître et les Plaideurs ou le Tribunal de la chicane, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 17 septembre 1759
    • Les Troqueurs dupés, comédie en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique de Charles Sodi, représentée pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 6 mars 1760
    • Le Jardinier et son seigneur, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 18 février 1761
    • Les Bons Compères ou les Bons Amis, opéra-comique en 1 acte, musique de Jean-Benjamin de Laborde, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Germain le 5 mars 1761
    • On ne s'avise jamais de tout, opéra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à la Foire Saint-Laurent le 14 septembre 1761
    • Le Roi et le Fermier, opéra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 22 novembre 1762 : Cette pièce est sur le même sujet que Le Roi et le Meunier de Charles Collé, première version de La Partie de chasse de Henri IV car elle est également inspirée d’un « conte dramatique » de Robert Dodsley, Le Roi et le Meunier de Mansfield (1736), qui avait été traduit en français en 1756.
    • L'Ouvrage du cœur, comédie en 1 acte en prose, représentée pour la première fois au Théâtre de Nicolet en 1763
    • L'Anneau perdu et retrouvé, opéra-comique en 2 actes, musique de Louis Claude Armand Chardin et Jean-Benjamin de Laborde, représenté pour la première fois au Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 20 août 1764
    • Rose et Colas, opéra-comique en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 8 mars 1764 (lire en ligne)
    • Le Philosophe sans le savoir, comédie en 5 actes et en prose, représentée pour la première fois sur le Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 2 décembre 1765 (109 représentations jusqu’en 1793)
    • Aline, reine de Golconde, opéra-ballet en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à la Salle des Machines le 10 avril 1766 (lire en ligne)
    • Philémon et Baucis, opéra en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à Bagnolet chez le duc d’Orléans, 1766
    • La Gageure imprévue, comédie en 1 acte en prose, représentée pour la première fois au Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain le 27 mai 1768 (102 représentations jusqu’en 1793)
    • Les Sabots, opéra-comique en 1 acte (avec Jacques Cazotte), musique d’Egidio Romualdo Duni, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 26 octobre 1768
    • Le Déserteur, opéra en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois sur le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne le 6 mars 1769 : cette pièce précède le drame de Louis-Sébastien Mercier publié sous le même titre l’année suivante (lire en ligne)
    • Thémire, pastorale en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique d’Egidio Romualdo Duni, représentée pour la première fois à Fontainebleau le 20 octobre 1770
    • Le Mort marié, opéra-comique en 2 actes, musique de Francescho Bianchi, représenté pour la première fois à Metz en 1771.
    • Le Faucon, opéra-comique en 1 acte en prose mêlée d’ariettes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représenté pour la première fois à Fontainebleau le 2 novembre 1771
    • Le Magnifique, comédie en musique en 3 actes, musique d’André Grétry, représentée pour la première fois à Versailles le 19 mars 1773
    • Ernelinde, princesse de Norvège, tragédie lyrique en 5 actes, musique de François-André Philidor, représentée pour la première fois à Versailles le 11 décembre 1773
    • Les Femmes vengées ou les Feintes infidélités, opéra-comique en 1 acte, musique de François-André Philidor, représenté pour la première fois à Toulouse, salle du Capitole, 1775
    • Félix ou l'Enfant trouvé, comédie en 3 actes en prose, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, représentée pour la première fois à Fontainebleau le 10 novembre 1777
    • Aucassin et Nicolette ou Les Mœurs du bon vieux temps, comédie mêlée d’ariettes, représenté pour la première fois à Versailles le 30 décembre 1779
    • Les Journalistes, comédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois à Tsarskoïe Selo, en Russie, le 28 avril 1781
    • Maillard ou Paris sauvé, tragédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois chez Madame de Montesson en janvier 1782
    • Thalie au nouveau théâtre, vaudeville en prose mêlée d’ariettes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 28 avril 1783
    • Richard Cœur de Lion, opéra-comique en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 21 octobre 1784
    • Amphitryon, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois à Versailles le 15 mars 1786
    • Le Comte d'Albert, drame en 2 actes en prose et en vers, mis en musique par André Grétry, représenté pour la première fois à Fontainebleau le 13 novembre 1786
    • La Suite du comte d'Albert, opéra-comique en 1 acte, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 8 février 1787
    • Raoul Barbe-Bleue, opéra-comique en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois le 2 mars 1789
    • Raymond V, comte de Toulouse ou l'Épreuve inutile, comédie en 5 actes en prose, représentée pour la première fois à la Comédie-Française le 22 septembre 1789
    • Guillaume Tell, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 9 avril 1791
    • Pagamin de Monègue, opéra-comique en 1 acte, musique de Pierre-Alexandre Monsigny et Bernardo Porta, représenté pour la première fois au Théâtre des amis de la patrie en mars 1792
    • Basile ou À trompeur, trompeur et demi, comédie en 1 acte, musique d’André Grétry, représentée pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 17 octobre 1792
    • Albert ou le Service récompensé, opéra en 3 actes, musique d’André Grétry, représenté pour la première fois au Théâtre Italien (salle Favart) le 9 janvier 1796
    • L'Amoureux goutteux, opéra-comique en un acte, musique de Stanislas Champein
    • Alcine, opéra en 3 actes
    • Protogène, opéra en 1 acte
    • La Noce de Nicaise, intermède
  • Varia
    • Épître à mon habit, 1751
    • Poésies fugitives, 1752
    • Le Vaudeville, poème didactique en 4 chants, 1758
    • Recueil de poésies, 1760
    • Bagatelle, 1770
    • Discours de réception à l’Académie française, 1786

Voir aussi

Bibliographie

  • Cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIIIe siècle, nouvelle. édition revue et mise à jour sous la direction de François Moureau, Paris, Fayard, 1995, p. 1233-1235

Liens externes

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Notes et références

  1. Certaines sources indiquent le 4 juillet 1719.
  2. La Reine aimait à jouer le rôle de la marquise dans La Gageure imprévue.
  3. Son fils, Anastase Henri Sedaine, fut architecte, et sa fille Agathe épousa le comte de Brisay.


Précédé par
Claude-Henri Watelet
Fauteuil 7 de l’Académie française
1786-1803
Suivi par
Jean-François Collin d'Harleville

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Michel-Jean Sedaine de Wikipédia en français (auteurs)

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