Le principe de l'égalité des races

Le principe de l'égalité des races

Principe de l'égalité des races

La proposition d’inscrire le principe de l’égalité des races (Race equality proposal ) est faite par le Japon pendant les travaux de la commission chargée de rédiger la Charte de la future Société des Nations (SDN) en marge de la Conférence de paix de Paris (1919).

Le président Wilson et les négociateurs américains
Le président Wilson et les négociateurs américains

Sommaire

La délégation japonaise

Les théories de l’inégalité des «races» dans le courant du XIXème siècle servent à légitimer l’expansion coloniale occidentale. Ce « présupposé » de l’inégalité ou de l’infériorité de certaines «races» forme également l’arrière-plan idéologique permettant de justifier le nouvel ordre du monde censé surgir des travaux de la Conférence de Paix qui se tient à Paris à l’issue de la Première Guerre mondiale. La Conférence de Paix qui s’ouvre en 1919 à l’initiative des vainqueurs a pour objet de négocier des traités de paix entre les Alliés et les puissances associées avec les représentants des nations vaincues (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Hongrie, l’empire Ottoman). Elle se déroule du 18 janvier 1919 au 21 janvier 1920. La décision de créer la «Société des nations» (League of Nations) est prise à cette occasion. Une commission est chargée de rédiger la Charte de la future institution. Les travaux de cette commission progressent simultanément à ceux de la Conférence.
La situation du Japon à la Conférence est particulière. Il a déclaré la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914 et les traités qui l’unissent à la Grande-Bretagne le placent du côté des vainqueurs. Pourtant le Japon semble prendre un malin plaisir à tester la sincérité des grands principes évoqués pour la création de cette SDN qui serait chargée d’établir une «gouvernance pacifique» du monde après le traumatisme provoqué par la «boucherie» qu’aura été la Première guerre mondiale. La délégation japonaise est conduite par le marquis Saionji Kimmochi, y figurent également parmi les 64 délégués, le baron Nobuaki Makino, le vicomte Chinda Sutemi (ambassadeur à Londres), Matsui Kenichiro (ambassadeur à Paris) ainsi que le prince Fumimaro Konoe[1].

Voici comment la participation du Japon à la Conférence de Paix est évoquée dans Histoire du Japon, un usuel de la bibliothèque de l’INALCO. Jean Esmein y brosse à la page 471 en une vingtaine de lignes, le tableau de l’histoire du Japon de 1868 à nos jours. Le passage cité ci-dessous se trouve au chapitre 32, il est titré : Les années de chance et d’inconscience 1912-1923. «Le premier ministre Hara nomma plénipotentiaires Saionji et Makino, à la tête de la délégation japonaise à la conférence de paix. Le Japon fut reçu comme l’un des cinq principaux vainqueurs de la guerre. Il avait trois objectifs de paix, les deux premiers à courte vue (droits allemands au Shandong, archipels allemands au nord de l’équateur) et le troisième tiré d’un chapeau (le principe de l’égalité des races) : en fin de compte, les «trois principes», comme on s’empressa de dire pour faire «bien». Les délégués chinois protestèrent contre le premier «principe», malséant à l’égard d’un autre pays vainqueur. La confirmation du transfert au Japon des droits allemands causa une grande agitation en Chine (le 4 mai fut désormais commémoré comme un jour de colère contre le Japon). Pour les archipels du Pacifique, le Japon obtint le mandat de la Société des nations (SDN), et pour l’heure, il pouvait s’en contenter. En ce qui concerne l’égalité des races, la Grande-Bretagne l’aida peu : l’Australie en désapprouvait le principe. Les envoyés japonais le rédigèrent alors différemment : égalité dans le traitement des nationalités dans tous les pays, et il fut approuvé dans ces termes par la commission compétente de la S.D.N. (par onze voix contre cinq), cependant Woodrow Wilson, qui présidait, lui-même objecta qu’il fallait l’unanimité, du moment qu’il s’agissait d’une question de «principes». L’affaire fut perçue par le Japon comme si les vainqueurs refusaient de mettre fin aux inégalités raciales. La diplomatie japonaise se reprocha de ne pas avoir mieux préparé la conférence de paix. En exposant l’amour-propre des Japonais, elle avait soulevé des passions qui contrariaient plutôt les orientations données à sa politique, son choix de partenaires en particulier.»

Compte rendu des débats

Shimazu Naoko dans son livre Japan, Race and Equality, The racial proposal of 1919 [2], se penche plus en profondeur sur cet épisode et apporte un éclairage documenté sur les enjeux de la fameuse proposition japonaise. Cinq explications sont couramment avancées pour rendre compte des motivations de la délégation japonaise : 1) Le désir de résoudre le problème épineux de l’immigration japonaise. 2) Une demande de reconnaissance universelle de l’égalité des races fondée sur un motif idéaliste et altruiste. 3) L’insécurité éprouvée par le Japon en tant que grande puissance «non-blanche» et son désir d’être reconnu comme une grande puissance sur la scène internationale («Great Power equality on the basis of Racial Equality»). 4) Des facteurs de politique interne au Japon, le Premier ministre japonais de l’époque, Hara Takashi, est un «pro-league» grâce à laquelle il pense trouver le moyen de sortir le Japon du danger que représenterait un isolement potentiel. 5) La «real politic» : la proposition japonaise aurait fait partie d’un marchandage afin obtenir le Shandong occupé jusqu’alors par l’Allemagne. Au-delà du grand principe «humaniste», la question de l’égalité raciale est explosive car elle touche au problème des immigrations transpacifiques (chinoise et japonaise)[3] . Selon l’étude de Shimazu qui se fonde sur des documents de première main, minutes, archives diplomatiques des pays concernés, le détail de la négociation montre que la proposition, qui visait d’abord la question de l’immigration, prend peu à peu un contenu plus «abstrait» (universel) ne pouvant que provoquer l’opposition des nations anglo-saxonnes, notamment de l’Australie en la personne de son premier ministre Billy Hughes[4] , avocat de la «White Australia Policy» (Politique pour une Australie blanche).

D’après Emile Joseph Dillon[5], les débats de la commission roulent sur la question de l’égalité des religions lorsqu’au détour d’un échange entre le colonel américain House et le baron Makino

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Le baron Makino Nobuaki

ce dernier, désireux de sortir de l’impasse dans laquelle s’engage la discussion propose d’élargir le champ d’application de cette «égalité» à celui des «races». «Le baron Makino déclara qu’il était tout à fait de l’avis du colonel House et des membres de la délégation américaine. L’égalité des religions (equality of religious confessions) n’était pas seulement souhaitable mais nécessaire afin d’assurer un bon déroulement des travaux chargés d’établir la «Société des Nations». Il ajouta que ce principe devait s’appliquer également aux races, cette extension étant également le corollaire du principe guidant d’un nouvel ordre mondial (new world ordering). Il proposa en conséquence l’insertion d’une clause proclamant l’égalité des religions et des races»[6] .

Les délégués restent dubitatifs et chacun y va de son couplet expliquant la situation respective de son pays concernant la question religieuse. Le représentant britannique affirme que les Catholiques dans son pays sont «bien» traités mais que la loi ne leur garantit pas les mêmes droits qu’aux Protestants. La France craint que l’introduction de ce principe ne ravive la querelle entre les Catholiques et l’État. L’Italien plaisante en disant qu’aucun autre représentant n’avait un Pape dans son pays… On propose finalement que les deux propositions soient retirées. Les Japonais refusent et maintiennent leur désir de voir adopté un amendement à l’article 21 garantissant le principe de l’égalité des races.

Émile Dillon rapporte la teneur de la discussion qui aurait alors opposé le Premier ministre australien Billy Hughes au baron Makino et au vicomte Chinda.

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La délégation australienne

Hughes aurait déclaré : « Je veux bien admettre l’égalité des Japonais en tant que nation, et aussi l’égalité des individus d’homme à homme. Mais je ne peux admettre les conséquences auxquelles nous devrons faire face si nous vous ouvrons notre pays. Ce n’est pas que nous ne les tenons pour être inférieurs à nous mais simplement parce que nous ne les voulons pas. Économiquement, ce sont des facteurs perturbants parce qu’ils acceptent des salaires bien inférieurs au minimum pour lequel nos compatriotes acceptent de travailler. Peu importe s’ils se mélangent bien avec notre peuple. Nous ne voulons donc pas qu’ils puissent épouser nos femmes. Ceci est une opinion personnelle. Je ne veux pas vous offenser. Notre législation n’est pas dirigée spécialement contre les Japonais. Les sujets britanniques en Inde subissent cela de la même manière. Il est impossible que nous puissions formuler une modification à votre amendement parce qu’aucune modification concevable ne saura jamais satisfaire chacun d’entre nous.»[7]

Ces propos sont confirmés en 1929 dans un livre du même Hughes évoquant l’idéal d’une «Australie blanche»[8] .

Le rejet de la proposition japonaise

L’opposition que rencontre le Japon se perçoit au travers des modifications successives que subit la rédaction de la proposition. La question est alors de trouver une formulation qui permette au Japon de «sauver la face». L’expression «equality of race» est progressivement remplacée par «equality of nations», mais en février 1919 à la commission, le baron Makino maintient cependant sa proposition où figure non plus seulement le principe de l’égalité des «races» mais des «nationalités»[9]. La proposition a été ainsi formulée : «L’égalité des nations étant un principe de base de la Société des Nations, les hautes parties contractantes acceptent d’accorder le plus rapidement possible à tous les ressortissants étrangers d’un État membre de la Société des Nations un juste et égal traitement dans tous les domaines. De ne faire aucune distinction dans leurs législations comme dans les faits sous prétexte de race ou de nationalité»[10]. Soumise à vote des participant le 11 avril 1919, la proposition reçoit une majorité de voix. Onze des dix-sept délégués (Japon, France, Italie, Brésil, Chine, Grèce, Serbie, Tchécoslovaquie) ont voté pour tandis que la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Portugal, la Roumanie n’ont pas pris part au vote et que le représentant belge est absent. Elle est cependant renversée par le président Woodrow Wilson arguant malgré la majorité qui s’est dégagée du vote, que subsistent de fortes oppositions et que seul un vote unanime pourrait permettre d’adopter l’amendement qui est en conséquence rejeté[11] .

Le rejet de la proposition est perçu comme un rejet du Japon. Et bien que le pays soit appelé à siéger parmi les quatre membres permanents du Conseil de la Société des Nations[12] aux côtés du Royaume-Uni, de la France et de l’Italie, la déception est rude. Shimazu écrit : «L’échec de la proposition sur l’égalité raciale contribua à la désillusion générale que le Japon éprouve à l’égard de l’Ouest, et plus particulièrement à l’égard des puissances anglo-saxonnes au début des années 1920»[13].

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Lecture du projet de charte pour la Société des Nations par le président Wilson

En témoigne selon notre auteur, la résurgence des mouvements pan-Asiatiques à la fin de la Première Guerre mondiale et le fait que les nationalistes radicaux au Japon se serviront de cet échec pour critiquer la politique japonaise. Kita Ikki (1883-1937) et Okawa Shûmei (1886-1957) furent deux des idéologues ultranationalistes qui voudront interpréter le sens de la Seconde Guerre mondiale comme une «lutte entre Blancs et Jaunes»[14] . Hirohito lui-même en fait directement dans ses mémoires dictées la cause de la Seconde Guerre mondiale.«Si l’on nous demande la raison de cette guerre, elle se trouve contenue dans les traités de paix signés à la fin de la Première Guerre mondiale. La proposition de l’égalité raciale demandée par le Japon n’a pas été acceptée par les Puissances. Le sentiment de discrimination entre les Blancs et les Jaunes demeura comme par le passé. Et le rejet de nos immigrants en Californie, voilà qui a suffi à nourrir la colère du peuple du Japon».[15]  »

Outre l’opportunisme de la mise sur le tapis d’un principe « universel » (occidental ?) dont il n’est pas certain que le Japon n’entendît pas uniquement l’appliquer à soi-même au titre de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale » et sans égard pour les autres nations asiatiques qu’il avait déjà colonisées[16] , il n’en reste pas moins patent que le rejet de la proposition ne pouvait avoir que des effets désastreux : rejeter le principe de l’égalité des races, c’est proclamer le fait de leur inégalité.

Contrairement à ce que laisse entendre Jean Esmein, un élément signalé par Michel Vié indique cependant que l’idée de cette «nécessaire proclamation de l’égalité raciale» n’était pas «sortie brutalement d’un chapeau» mais se trouvait déjà exprimée dans un article rédigé par Fumimaro Konoe paru le 15 décembre 1918 dans la revue Nihon oyobi Nihonjin (le Japon et les Japonais).

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Fumimaro Konoe dans les années 1920

Dans cet article Konoe entreprenait «une critique des justifications morales, à l’abri desquels les Alliés, vainqueurs des empires centraux, se préparaient, au nom d’un retour à la paix, à organiser un nouvel ordre mondial conforme à leurs seuls intérêts, et à utiliser habilement le succès du pacifisme dans l’opinion publique pour s’assurer le bénéfice d’un statu quo éternel»[17] . Car si la Conférence de Paix et l’établissement de la Société des Nations ne devaient servir qu’à légitimer l’hégémonie des nations victorieuses, Konoe redoutait l’isolement dans lequel le Japon risquait alors de se trouver plongé sur les plans économique et politique lors du grand marchandage à venir. Si jamais dans cet article, le «droit» des «nations» colonisées et des colonisés ne sont mentionné, cela démontre à l’évidence que le Japon entendait participer activement au partage et revendiquer son titre de grande puissance. "La paix à laquelle nous invite les Anglo-Américains n’est rien moins qu’un statu quo destiné à servir leurs intérêts… La vraie nature du conflit actuel (Première Guerre mondiale) est une lutte entre des puissances établies et des puissances non encore établies… Au début, l’Angleterre et la France colonisèrent des régions du monde «moins civilisées» et ont entretenu une situation de monopole sur leur exploitation. La conséquence fut que l’Allemagne et les nations venues après furent laissées sans terre à acquérir ni espace pour s’agrandir.(…) Si leur politique prévaut, le Japon qui est un petit pays sans ressource et incapable de consommer ses propres productions n’aura pas d’autre choix que de détruire ce statu quo pour espérer survivre, exactement comme l’Allemagne… Nous devons exiger tous les pouvoirs pour ouvrir les portes de leurs colonies aux autres, de sorte que toutes les nations puissent avoir un accès égal aux marchés et aux ressources naturelles des zones colonisées. Il est également impératif que le Japon insiste sur l’éradication des discriminations raciales.»

Dans ce contexte, la déception de la délégation japonaise est à la hauteur des attentes de Konoe comme de l’opinion publique japonaise de l’époque qui a été fortement mobilisée sur cette question. C’est que non seulement la décision de la commission compromet la possibilité d’une libre immigration des ressortissants japonais mais semble aussi menacer les ambitions japonaises sur les ex-possessions coloniales de l’Allemagne défaite dont le mandat ne lui sera officiellement confié, le 30 avril 1919, qu’après le rejet de la proposition[18] . La désillusion japonaise touche également aux grands principes, notamment ceux mis en avant par le Président Wilson dont les déclarations lyriques à la fin de la Grande guerre ont été dûment traduites et diffusées auprès de l’opinion publique japonaise[19] . Ces principes sont les principes moraux que la future Société des nations est supposée mettre en place. En soutenant, la demande de sa délégation, l’opinion publique japonaise croyait ou feignait de croire devancer les grands principes censés désormais gouverner le monde après la «boucherie» qu’avait été la guerre de 1914-18. Apportant au Japon, ancienne nation ermite (hermit nation) selon l’expression de Makino[20] , la reconnaissance tant attendue des puissances occidentales, ces grands principes devaient permettre de prévenir les humiliations qu’avaient subies[21] , que subissaient et durent encore subir les immigrants japonais aux États-Unis, en Californie en particulier. La réponse apportée à cette attente qu’elle fut conditionnée ou non par des considérations «pragmatiques» ou de realpolitik ne pouvait pas ne pas être perçue comme ouvertement «raciste» et discriminante. Les humiliations «symboliques» que connaîtra le Japon atteindront d’ailleurs un paroxysme en 1924 avec la publication aux États-Unis de l’Immigration Act limitant à une centaine le nombre de ressortissants japonais autorisés à pénétrer sur le sol américain, un chiffre qui plaçait le Japon au même niveau que l'Égypte ou l’Inde.


L’adoption du principe en 1948

La rhétorique du « péril jaune » qui berce l’Occident depuis la fin du XIXème siècle participe de l’habillage idéologique dont se parent les nations impérialistes occidentales dans leur lutte pour l’hégémonie. En Asie, elle visait au contrôle de l’Indochine, de la Chine, de la Mandchourie, de la Corée… Cette lutte pour l’hégémonie, un Gustave Le Bon comprenait en 1924 que la Société des nations serait incapable de la réguler et préférait attendre de l’affrontement qu’il départageât les plaignants. Car la guerre, écrit-il, « constitue le seul arbitre dont les décisions sont respectées »[22].

Le principe de l’égalité de «tous les êtres humains» sera finalement inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. Le principe figure explicitement dès 1945 dans le préambule de la Convention créant l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture) qui rappelle[23] que les causes de la Seconde Guerre mondiale se trouvent dans « l’exploitation de l’ignorance et d’un préjugé : le dogme de l’inégalité des races et des hommes ».

Références et notes

  1. Konoe Fumimaro était le secrétaire particulier de Saionji. Ancien élève de Kitaro Nishida à l’université impériale de Kyôto, il sera plusieurs fois Premier ministre du Japon entre 1937 et 1939, puis en 1940-1941. Il se suicide en 1946.
  2. Shimizu Naoko, Japan, Race and equality : The Racial Equality Proposal of 1919, Nissan Institure Routledge Japanese Astudies Series, 1998.
  3. Sur cette question consulter par exemple, le New York Times du 16 janvier 1921 et un article de Albert Bushnell Hart, professor of Governement at Haward University, intitulé Our Japanese Question. Cette longue analyse sur les rapports entre les États-Unis et le Japon concernant la question des émigrants japonais se termine ainsi : «If the Japanese are allowed to come to the United States at will, or in any considerable number, the eventual fate of California, Oregon and Washington will be the same as Hawaii. But for the barriers put up against the Chinese, forty years ago, there would now be from two to five million of them on the Coast. Unrestricted Japanese Immigration would easily bring a million within ten years, and the more industrious, thrifty and capable they proved to be, the more likely they would be to control the Governement. To receive a large body of resident foreigners incapable of naturalization under the laws is practically a denial of the principle of free governement ; and in any case their children will become the governors. To keep alive the present mutual suspicion between Japan en America is not only unwise but unnecessary. California would quiet down if assured against further Japanese Immigration. Japan will be satisfied if the humiliating discrimination between Japanese aliens and other aliens ceases. The plain, easy and adequate solution is a treaty between the United States and Japan under which laborers shall be forbidden to emigrate in either direction. How long would the Japanese Governement endure it if 70,000 or even 700 American farmers were to settle down in Japan, build American houses, continue the English language, wear their home clothes and proceed to compete successfully with the native rice growers ? Two hundred and fifty years ago they expelled all foreigners. The last thing that Japan desires or would permit is the free and unrestricted immigration of other races into their empire. Therefore such a provision as it suggested ought to, and would, satisfy their pride because based on reciprocal principle (…) Unless this controversy is settled soon and settled peaceably, it will, sooner or later, be settled in blood, for it strikes at the principles of national existence and the safety of American civilization»
  4. <«Japan proposed that the clause in the League of Nations Covenant providing for religious equality should be broadened to embrace racial equality. The principle of equality of all men might have been taken to mean all men, yellow and black, as weel as white, but consequences of such doctrine for domestic policies of powers – the treatment of negroes in United States, the «White Australian policy» - militated agaisnt its acceptation» John Vincent, Racial Equality, in Hedley Bull and Adam Watson (eds), The expansion of international Society, Oxford, Oxford University Press, 1984. Cité par Shimazu, op.cit, p 6.
  5. Emile Joseph Dillon, The Inside Story of The Peace Conference, Happer & Brother publishers, New-York and London. On consultera également le New York Times du 27 août 1922 revenant sur la proposition japonaise dans un long article titré «Japanese Crisis at Paris, New light on Japan’s two Main aims – Struggle that Bore most Heavily on President Wilson – Clash Over Race Equality Issue. America and the World Peace», par Ray Stannard Baker.
  6. Dillon, op. cit., p163.
  7. Dillon, op. cit., p163.
  8. «The ideal of a «White Australia», and one people in the main by men and women of British stock, reflects the traditions and achievement of our race. Racial purity pays in the long run. In Australia a certain percentage of the people of some European countries can be absorbed into our community, but we cannot assimilate these coloured peoples ; their ways are not ours. The racial and economics barriers between us and them are insuperable. We cannot marry their women nor they ours without producing a race of half-castes at which both races would spit contempt», W. M Hughes, The Splendid Adventure : A review of Empire Relations Within and Whitout the Commonwealth of Britannic Nations, London, Ernest Benn Limited, 1929, p 366, cité par Shimazu, op.cit., p 127.
  9. Voici comment Makino défend la position japonaise dans une interview donnée au New York Times parue le 3 avril 1919 sous le titre : «Says Japan must join as an equal, Could Not Tolerate Stigma of racial Inferiority in League, says Baron Makino, Would Not Force Immigrant on America – Asks Only Declaration of Equality». «For the United State, Japan has a very sincere, abiding and affectionate regard. We owe to her our place in the world, that is to say, the civilized world. Perhaps I should not altogether agree to that phrase, beacause you know, and evreryone should know, that Japan has enjoyed a civilization all her own for any ages. It was a civilization born of the highest sense of honor, of the sense which the West could not understand nor appreciate, beacause we had lived apart as a hermit nation. When through the expedition of Commodore Perry and the effots of Townsend Harris (the first American Consul-General to Japan), we joined, if I may say so, the league of nations of the world, we took on a new ambition, which was interpret the civilizations of the western nations which we has studied and recognized as better, although not all were honorable than our own. You will note here that America was the first country to agree to make a treaty with us abolishing extraterritoriality. You must remerber that we did not ask to join this first league of nations. We were forced to do so. Perry came to us with naval power and forces to compel us to open Japon to intercourse with Western world. We yielded, and I am glad, as it all Japan, that we did yield, beacause it has been of great benefit to our country. And now we are asked a second time to joint a League of Nations. But how ? As Equals ? If so, we are ready. We want to consider with the greatest care the interest of all our associate nations in such a League, because by no other policy can the League of Nations succeed. No Asiatic nation could be happy in the League of nations in which shrap racial discrimination is maintened. We are not to proud to fight but we are too proud to accept a place of admitted inferiority in dealing with one or more associate nations. We want nothing but simple justice »
  10. «The equality of nations being a basic principles of the League of Nations, the high Contracting Parties agree to accord as soon as possible, to all alien nations of States, members of the League, equal and just treatment in every respect. Making no distinction, either in law or fact, on account of their race or nationality». David Hunter, Drafting of the Covenant, Vol 1, p183, New-York, 1928. Cité également dans le New-York Times du 27 août 1922. 「人種平等決議案」各国民均等の主権は国際連盟の基本的綱領なるにより、締約国はなるべく速やかに連盟員たる国家における一切の外国人に対し、 いかなる点についても均等公正の待遇を与え、人種あるいは国籍の如何により法律上あるいは事実上、何ら差別を設けざることを約す。
  11. Les efforts de Wilson pour la création de la SDN lui vaudront le prix Nobel de la paix en 1919 même si les Etats-Unis ne ratifièrent jamais la Charte de la nouvelle institution à laquelle il ne siègèrent pas.
  12. La SDN tient sa première réunion à Londres le 10 janvier 1920.
  13. Shimazu Naoko, op.cit. p 175. «The failure of racial equality proposal contribued to Japan’s general desillusionment with the West, and especially the Anglo-saxon powers in the early 1920’s»
  14. Okawa fait par exemple de la notion de « renaissance de l’Asie » (アジア復興, ajia fukkō?) le slogan de son pan-Asiatisme Shimazu, Shimazu, op.cit., p 177.
  15. Shôwa tennô no dokuhaku hachi jikan : taiheiyô sensô no zenbu wo kataru, (mémoires dictées en huit heures de l’empereur Shôwa : tout sur la guerre du Pacifique), in revue Bungeishunjû, 1990, vol 12, p 94-144. Cité par Shimazu, op.cit., p 180.
  16. Shimazu, op.cit. p 186.
  17. Miche Vié, Le Japon et le monde au XXème siècle, éditions Masson, Paris, 1995, p 130.
  18. Shimazu, op.cit., p 36
  19. Message du Président Wilson le 2 avril 1917. Extrait : «Only a peace between equals can last. Only a peace the very principle of which is equality and a common participation in a common benefit. The right state of mind, the right feeling between nations, is as necessary for a lasting peace as is the just settlement of vexed questions of territory or of racial and national allegiance. The equality of nations upon which peace must be founded, if it is to last, must be an equality of rights; the guarantees exchanged must neither recognize nor imply a difference between big nations and small, between those that are powerful and those that are weak. Right must be based upon the common strength, not upon the individual strength, of the nations upon whose concert peace will depend. Equality of territory or of resources there, of course, cannot be; nor any other sort of equality not gained in the ordinary peaceful and legitimate development of the peoples themselves. But no one asks or expects anything more than an equality of rights. Mankind is looking now for freedom of life, not for equipoises of power.» Cité in Kiyoshi Kari Kawakami, Japan and the World Peace, The MacMillan Company, New York, 1919, p 45-62.
  20. Interview au New York Times du 3 avril 1919.
  21. Humiliations dont le Petit Journal illustré du 16 décembre 1906 se faisait déjà l’écho dans un article titré La grande querelle du petit Jap et de l'oncle Jonathan. «On connaît le point de départ de l'incident assez alarmant qui divise, en ce moment, les Japonais et les Américains, plus particulièrement les citoyens de l'État de Californie.
Les Américains, très entichés, comme on le sait, de leurs préjugés de races, entendent traiter les Japonais comme des barbares exclus de la civilisation occidentale ; ils ont interdit l'entrée des écoles publiques de San-Francisco aux enfants des Japonais, très nombreux en cette ville.
 Le Japon proteste contre cette exclusion. De leur côté, les autorités de l'État de Californie entendent la maintenir, sans que le pouvoir central ait le droit d'intervenir.
 Voici le fait qui a déterminé la querelle, mais on peut dire que les véritables raisons en sont surtout économiques. Les jaunes, Chinois et Japonais, ont envahi les villes de la côte du Pacifique. Ce sont des travailleurs admirables, sobres, ardents à la besogne et qui se contentent de salaires dérisoires. Ils causent donc un préjudice considérable à l'ouvrier yankee. Ajoutez à cela le préjugé de couleur si puissant chez les citoyens des États-Unis, et vous comprendrez l'état d'esprit des Californiens. 
L'incident n'est point sans gravité, mais il n'y a pas lieu, jusqu'ici, d'en conclure que la paix soit menacée - pour le moment du moins - entre les États-Unis et le Japon.
Au surplus, le gouvernement de Washington ne cache pas qu'il trouve exagérée les susceptibilités des citoyens de la Californie; et, dans son message, le président Roosevelt a donné, avec la franchise et la netteté dignes d'un véritable homme d'État, son avis absolument favorable aux Nippons.
« Il nous faut, a-t-il dit, nous rappeler nos devoirs envers les étrangers qui sont nos hôtes. C'est le signe certain d'une civilisation peu avancée que d' offenser, en quelque manière que ce soit, l'étranger entré aux États-Unis sous l'égide de la loi et se conduisant selon la loi..»
 Et, ayant rappelé les admirables progrès du Japon, l'humanité de ses soldats, la valeur de ses hommes de guerre, le président Roosevelt a ajouté :
« Dans tout le Japon, les Américains sont bien traités, et, chaque fois que les Américains commettent la faute de ne pas traiter ici les Japonais avec la même courtoisie et la même considération, il avouent, pour ainsi dire, l'infériorité de leur civilisation. »
  22. Tous les projets d'arbitrage international par une Société des Nations semblent devoir rester bien illusoires lorsqu'il s'agira de concilier des intérêts nettement inconciliables. Était-il un arbitrage possible entre Rome et Carthage à l'époque des guerres puniques ou entre l'Angleterre et la France quand elles se disputaient la domination de l'Inde ? Nul arbitrage n'est possible entre le Japon cherchant à déverser sur les États-Unis l'excédent de sa population et la grande République qui refuse l'invasion de la race jaune. De tels intérêts étant aussi différents que ceux du mouton et du boucher, du gibier et du chasseur, la guerre constitue le seul arbitre dont les décisions soient respectées. Gustave le Bon, Les incertitudes de l’heure actuelle (extraits),Chapitre II, Les guerres, les révolutions et le désarmement, II Lutte pour l’hégémonie, publié et imprimé par Les Amis de Gustave Le Bon, Paris, 1978, p 326. Le même écrit « Les guerres ne pourront disparaître qu'avec la suppression des causes qui les font naître : haine entre les races, besoin d'hégémonie des peuples forts, rivalités économiques, etc. La science devra donc d'abord découvrir un moyen de transformer complètement la nature de l'homme », p 305.
  23. «Que la grande et terrible guerre qui vient de finir a été rendue possible par le reniement de l’idéal démocratique de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine et par la volonté de lui substituer, en exploitant l’ignorance et le préjugé, le dogme de l’inégalité des races et des hommes…»
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