Le Tombeur de ces dames

Le Tombeur de ces dames

Le Tombeur de ces dames

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Kathleen Freeman et Jerry Lewis

Titre original The Ladies Man
Réalisation Jerry Lewis
Acteurs principaux Jerry Lewis
Helen Traubel
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Sortie 1961
Durée 95 minutes (1 h 35)

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le Tombeur de ces dames (The Ladies Man) est un film américain réalisé par Jerry Lewis en 1961.


Sommaire

Synopsis

Herbert H. Heebert est un jeune diplômé. Au moment où il va l’annoncer à sa fiancée, il découvre cette dernière au bras d'un autre. Désespéré, il se jure de ne plus jamais avoir affaire aux femmes. Sa recherche d’emploi va le conduire tout droit dans une pension de jeunes filles. Après de nombreuses tentatives de fuites, il devient l’homme à tout faire de la maison. Sa maladresse et son manque de tact avec certains visiteurs font de lui une véritable catastrophe ambulante.


Le réalisateur

Jerry Lewis est né le 16 mars 1926 à Newark dans le New Jersey, de parents comédiens. Une anecdote pourrait expliquer sa vocation : à 15 ans, alors qu’il travaille dans un restaurant, il crée un court-circuit qui fait fuir tous les clients, sans payer… Sa carrière au cinéma commence en 1946, après une longue collaboration avec Dean Martin au théâtre.


Le genre comique

Dans ce film, Jerry Lewis mêle tous les genres de la comédie. On y trouve du pastiche avec des effets exagérés de la caméra, ironisant ainsi sur le cinéma dramatique, mais également un hommage à la farce avec les grimaces et le faciès loucheur de Jerry Lewis. Le genre le plus présent dans ce film est le burlesque.

Durant tout le film on assiste à une cascade de gags, assez gros mais ininterrompus. Le plus remarquable est probablement le slow-burn, forme particulière dont les productions Hal Roach et surtout Laurel et Hardy s’étaient fait une spécialité. Elle consiste à se placer à l’échelle de la séquence pour aggraver une situation initiale par une succession d’événements catastrophiques, et ce jusqu’à son explosion finale. Dans la pratique, cela revient à espacer chaque action d’un temps de relâche, un temps mort pendant lequel la tension monte d’un cran. Le slow-burn le plus connu de Lewis est la scène où l’on assiste à la destruction progressive par Herbert du chapeau d’un gangster menaçant. Le comique existe ici entre chaque tentative faite par Herbert pour ajuster le couvre-chef sur la tête de son propriétaire : le gangster, parce qu’il ne fait rien d’autre que contenir une rage grandissante, nous permet de prendre conscience que ce qui est drôle est non pas l’acte destructeur en lui-même, mais la possibilité qui nous est donnée de prendre toute la mesure de l’étendue des dégâts.

Fréquemment, le cinéaste fait reposer le gag sur le principe d’un décalage entre le temps de l’action et le temps de sa conséquence. On trouve également cet effet à retardement dans la scène où le technicien du son de l’équipe de télévision hurle dans le micro relié aux écouteurs que porte Herbert. Ce dernier ne cille pas, retire son casque pour faire quelques pas en souriant… puis s’écroule soudain, tétanisé.


Un cinéma référencé

Le réalisateur introduit l'aspect parodique dès le générique; une femme feuillette un magazine qui présente des photos de grands films hollywoodiens, et par le biais d'un photomontage, les acteurs célèbres sont remplacés par un Jerry Lewis grimaçant (il reprend notamment Cléopâtre, Ivanohé, etc.) Jerry Lewis s'amuse de l'héritage hollywoodien et en montre l'importance, on retrouve plus tard dans le récit, des photos d'acteurs ou de spectacles de cabarets accrochés au mur de la maison. On notera aussi la présence d'un acteur célèbre des années 30/40, George Raft, dans son propre rôle. Cet acteur, qui doit sa notoriété à son personnage de gangster dans Scarface, est malmené par Jerry Lewis qui s'amuse avec son image et la tourne en dérision; on citera pour exemple la scène où ils dansent ensemble un tango. Tout cela témoigne de la volonté du réalisateur d'évoquer les symboles du cinéma hollywoodien.

Il assume la facticité de son art par le biais de la distanciation, en effet la maison dans laquelle se déroule l'action est présentée comme un décor de cinéma, en supprimant le mur du foyer et proposant une vue en coupe, la caméra passe de pièce en pièce et présente des plans d'ensemble où on peut alors observer ce qui se passe dans plusieurs chambres à la fois. Le foyer se transforme en maison de poupée, renvoyant les personnages à leur côté fictif, personnages au service du divertissement, de la farce. Dans la deuxième moitié du film, une équipe de télévision s'installe dans la maison pour réaliser un documentaire, transformant ainsi la pension en plateau de tournage. Le cinéma est donc physiquement présent, il est intégré au récit. L'équipe filmée est une image déformée de l'équipe filmante et Jerry Lewis fait comme s'il nous invitait à voir les coulisses de son film. Le véritable espace du film n'est plus la maison de miss Welenmelon mais le studio de la Paramount qui contient cette maison; cette idée est renforcée par un plan large qui permet de voir les limites du décor. Un jeu de miroir, une mise en abîme qui permet au réalisateur de mettre en scène sa vision du cinéma et d'Hollywood.

Le cinéma de Jerry Lewis, celui qu'il aime comme celui qu'il fait, est celui de l'entertainement, un spectacle proche du cabaret. Il pastiche ainsi tout un pendant de l'histoire cinématographique américaine et ses icônes telles que Marilyn MonroeMarlène Dietrich. Les filles de la pension ont ce côté pin up, star de cinéma sexy et glamour mais en même temps elles sont désacralisées. Elles jouent du trombone, de la trompette, le récit est ponctué de moments musicaux ou chorégraphiés. Ainsi, tous les attributs du spectacle de cabaret sont présents, y compris les fauves ! Il n'est pas question de considérer le cinéma comme une mimesis, peu importe que le spectateur soit conscient des ficelles du spectacle, qu'il sache être face à quelque chose de faux. "Je ne crois pas qu'un couple qui a vécu toute sa vie dans un deux pièces pense à dépenser 8 dollars pour contempler pendant une heure un autre couple dans un deux pièces. Je crois qu'il est important pour eux de sortir de leur petit intérieur et de voir la-haut, sur l'écran quelque chose comme le glamour, la fantaisie, inaccessible, tout ce qui a fait Hollywood et ce que tout le monde oublie."

La mise en scène

La mise en scène de Jerry Lewis est difficile à cerner. Frustré dans les films où il n'est que simple acteur, il met, dès ses premières réalisations, tout son talent dans une mise en scène décalée et en dehors des normes de l'époque. Tout en utilisant les ressorts comiques les plus grossiers il tente d'illustrer la société dans laquelle il vit, les humains qu'il côtoie.

Dans tous ces films, Lewis utilise la même typologie de personnage confronté à des situations diverses. C'est avec ce personnage qu'il crée la plupart des situations comiques. On ne sait jamais ce qu'il va lui arriver, dès qu'il frappe à une porte, qu'il entre dans une pièce ou en sort, il provoque une réaction en chaîne de catastrophes qui empirent dès qu'il essaie d'arranger les choses. Cependant ce personnage qui paraît tout d'abord naïf provoque un malaise, il révèle de manière symbolique la difficulté d'exister dans une société américaine impitoyable, qui broie l'homme-enfant effrayé par le monde. Lewis installe le comique par l'incongruité d'une situation mais il provoque également le spectateur. Le rire naît du malaise mais le malaise est rapidement balayé par l'énormité de la situation. Tout au long du film il caricature les émotions de son personnage, sa peur des femmes étant vécue comme une réelle pathologie parfois proche de l'hystérie, notamment quand, sous le coup d'une émotion forte il appelle sa mère en hurlant.

Quelle que soit la situation qu'il met en scène, Jerry Lewis n'est jamais complaisant. On retient souvent de ses films seul l'enchainement effréné de chutes, de grimaces, de cris en oubliant qu'en filmant ce spectacle affolant Lewis le dénonce, le juge. Il impose sa vision du monde, son jugement sur ses contemporains. Jerry Lewis fait preuve d'une vraie audace dans sa réalisation. Il n'attache aucune importance aux règles traditionnelles de la fiction, il entasse dans un ordre aléatoire des séquences sans réelle cohérence entre elles mais qui fonctionnent toutes indépendamment les unes des autres. Jerry Lewis joue énormément sur les vides et les pleins, une scène où règne un calme apaisant précède presque toujours une scène de frénésie totale.

A travers sa mise en scène, Lewis se révèle être un plasticien inattendu. Il utilise des couleurs luxuriantes, criardes, parfois à la limites de la vulgarité, qui donne un effet plastique étonnant, renforçant l'idée d'irréalité du lieu. Ce lieu bien particulier lui permet également des audaces techniques, notamment en créant une sorte de polyvision dans la scène où la caméra passe de chambre en chambre au réveil des filles. Cet ensemble des couleurs et du décor paraît irrationnel mais l'utilisation audacieuse qu'en fait Lewis provoque l'adhésion du spectateur à ce monde extravagant. Jerry Lewis fait barrage à toute réflexion avec une mise en scène complétement dépourvue d'intellectualisme et en imposant une vision personnelle, désabusée et burlesque du monde dans lequel il vit.


L'avis des critiques

Jerry Lewis a toujours été un réalisateur controversé, déchaînant les extrêmes. Son œuvre est jugée par ses détracteurs comme vulgaire et grossière. On retrouve effectivement rarement trace de bon goût dans le déchaînement excessif des effets comiques et la répétition des mimiques outrancières ou sa gestuelle démesurée qui peuvent lasser. A la sortie de The Ladies'man, certaines critiques sont très dures, un critique de Libération parle d'un « gâtisme précoce qui doit donner bonne conscience au plus attardé des américains qui trouve […] plus bête que lui ». A l'inverse, ses fervents défenseurs trouvent que le génie de Lewis s'illustre dans l'excès même de la caricature. C'est par son absence de limites et son audace stylistique qu'il provoque le rire. Un critique belge résumera assez bien l'esprit du film : « Avec The Ladies'man, Lewis nous donne un chef-d'œuvre, bête et méchant, mais chef-d'œuvre »


Bibliographie

  • Docteur Jerry et Mister Love, dans L’Avant-Scène, n°35
  • Robert Benayoun, Bonjour Monsieur Lewis, Eric Losfeld, Paris, 1972
  • Jerry Lewis, « Dr Jerry et Mr Lewis », Stock-Cinéma, Paris, 1982
  • Jacques Lourcelle, Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont, Paris, 1992
  • Kral Petr, Le burlesque ou Morale de la tarte à la crème, Ramsay poche cinéma, Paris, 1991
  • Jean-Philippe Tessé, Le Burlesque, Cahiers du Cinéma, Les petits cahiers, Paris, 2007


Fiche technique

  • Titre Français : Le tombeur de ces dames
  • Titre original : The ladies man
  • Réalisateur : Jerry Lewis
  • Producteur : Jerry Lewis
  • Scénariste : Don McGuire
  • Directeur de la photographie : Haskell B. Boggs
  • Compositeur : Buddy Bregman
  • Monteur : Howard A. Smith
  • Directeurs artistiques : Hal Pereira et A. Earl Hedrick
  • Musique : Walter Scharf
  • Chef décorateur : Sam Comer
  • Costumière : Edith Head
  • Distribution : V.I.P
  • Langue : anglais
  • Durée : 95 Minutes
  • Sortie : Drapeau des États-Unis États-Unis 28 juin 1961

Distribution

Lien externe

Le Tombeur de ces dames sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Tombeur de ces dames de Wikipédia en français (auteurs)

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