Le Rouge et le Noir

Le Rouge et le Noir
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Le Rouge et le Noir
Illustration de Henri Dubouchet, dans une édition parue en 1884 chez L. Conquet
Illustration de Henri Dubouchet, dans une édition parue en 1884 chez L. Conquet

Auteur Stendhal
Genre Roman
Pays d'origine France
Éditeur Levasseur
Date de parution 1830

Le Rouge et le Noir, sous-titré Chronique du XIX siècle, deuxième sous-titré Chronique de 1830 est un roman écrit par Stendhal, publié à Paris chez Levasseur en 1830[1]. C'est le deuxième roman de Stendhal, après Armance. Il est cité par William Somerset Maugham en 1954, dans son essai : Ten Novels and Their Authors parmi les dix plus grands romans.

Sommaire

Résumé

Le roman compte deux parties : la première retrace le parcours de Julien Sorel dans la petite ville de Verrières et plus particulièrement son entrée chez les Rênal, ainsi que son séjour dans un séminaire. La seconde, la vie du héros à Paris comme secrétaire du marquis de La Mole et son déchirement entre ambitions et sentiments.


Première partie

Stendhal, Le Rouge et le Noir, édition 1854

En épigraphe, Le Rouge et le Noir, Chronique du XIX siècle porte « La vérité, l'âpre vérité. DANTON » [2]. Aussitôt, Stendhal plante avec précision le décor de la petite ville franc-comtoise de Verrières (ville fictive), sur le Doubs, et la situation sociale et politique, définissant l'atmosphère dans laquelle se forme l'état d'esprit du héros.

Julien Sorel est le troisième fils du vieux Sorel, scieur, qui n'a que mépris pour les choses intellectuelles et donc pour Julien qui se révèle très tôt doué pour les études. Au contraire de ses frères, le garçon n'est pas taillé pour les travaux de force, et sa curiosité le pousse à s'instruire par tous les moyens possibles (ce que le père Sorel appelle flâner). Si le jeune garçon peut réciter par cœur le Nouveau Testament, s'il bénéficie de la protection du curé de son village, le curé Chélan, il connaît aussi tous les détails du Mémorial de Sainte-Hélène, car paradoxalement il voue une admiration sans bornes à Napoléon Bonaparte qu’il considère tout à la fois comme un Dieu et comme un modèle de réussite. Malmené dans sa famille qui le tourne sans cesse en dérision ou lui fait subir des violences, il est protégé par l'abbé Chélan qui le recommande au Maire de Verrières, Monsieur de Rênal, comme précepteur de ses enfants, puis le fait entrer au séminaire.

Ce sont là les débuts de Julien dans le monde de la bourgeoisie provinciale. Malgré sa timidité naturelle, il parvient peu à peu à séduire madame de Rênal, jeune femme assez belle, mais également d'une naïve timidité. La vie de Sorel chez les Rênal est donc marquée par sa vive passion pour madame de Rênal et par son ambition démesurée. Il rêve de devenir une sorte de nouveau Napoléon Bonaparte. Sa vie est donc dominée par l’hypocrisie. Au château de monsieur de Rênal, il doit cacher ses sentiments pour la maîtresse de maison, et à l'abbé Chélan son admiration pour Napoléon.

Au château, le jeune homme gagne rapidement le cœur des enfants et il prend l'habitude de passer ses soirées d'été en compagnie de Mme de Rênal qu'il surprend agréablement lorsqu'elle tente de lui faire un cadeau. La fierté du jeune homme plaît à cette provinciale rêveuse, qui tombe amoureuse de lui sans s'en rendre compte. Mais le tempérament fier et ombrageux de Julien va bientôt tout gâcher : il refuse une augmentation de salaire proposée par Monsieur de Rênal et repousse les avances d'Élisa, femme de chambre de madame de Rênal.

Élisa s'étant empressée de faire courir une rumeur (fondée) sur les sentiments qui animent sa maîtresse et Julien, les jaloux commencent à jaser à Verrières (Julien était devenu un homme à la mode) et du coup, Monsieur de Rênal reçoit une lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme. Bien que ces racontars lui apparaissent fantaisistes, le maire de Verrières décide de se séparer de son précepteur. Julien, sur les conseils de l'abbé Chélan, quitte le domaine des Rênal et entre au grand séminaire de Besançon. Avant de partir, il a une dernière entrevue avec Madame de Rênal qui lui paraît très froide alors qu'elle lui porte toujours un amour profond. De là le malentendu qui aboutira à la tragédie. Julien l'impatient confond réserve et indifférence.

Au séminaire de Besançon, Julien est haï par ses camarades, sortes de paysans affamés dont l'aspiration suprême est "la choucroute du dîner" ; il y fait la rencontre de l’Abbé Pirard qui percevra bien son ambition, mais qui le protégera aussi. Il passera bien des moments pénibles jusqu'au jour où l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du Marquis de La Mole. Il part alors pour Paris afin de prendre ses fonctions auprès de l'illustre aristocrate.

Seconde partie

Le marquis de La Mole, personnalité influente du faubourg Saint-Germain, remarque très vite l'intelligence de Julien, qui fait aussi la connaissance de Mathilde, la fille du marquis, une personnalité remarquable et remarquée de la jeunesse aristocratique parisienne. En dépit de ses nombreux prétendants de haut rang et des origines modestes de Julien, elle ne tarde pas à s'éprendre de lui en qui elle voit une âme noble et fière ainsi qu'une vivacité d'esprit qui tranche face à l'apathie des aristocrates de son salon. Une passion (ambition voire fuite de l'ennui pour Mathilde) tumultueuse commence alors entre les deux jeunes gens. Elle lui avouera ensuite qu'elle est enceinte et prévient son père de son souhait d'épouser le jeune secrétaire. Mathilde ne réussira pas à convaincre tout à fait son père de la laisser épouser Julien, mais, dans l'attente d'une décision, le marquis fait anoblir Julien et lui procure un poste de lieutenant de hussards à Strasbourg. Le fils de charpentier devient ainsi M. le chevalier Julien Sorel de La Vernaye.

C'est alors que Mathilde de La Mole appelle son amant à la rejoindre expressément à Paris : le marquis de La Mole refuse catégoriquement toute idée de mariage depuis qu'il a reçu une lettre de Madame de Rênal dénonçant (sur conseil impérieux de son confesseur) l'immoralité de son ancien amant rongé par l'ambition. Julien, impavide, se rend alors de Paris à Verrières, entre dans l'église et tire à deux reprises, en pleine messe, sur son ancienne maîtresse. Il ne se rend alors pas compte qu'il n'est pas parvenu à la tuer.

Julien attend ensuite en prison la date de son jugement, prison où Mathilde passe le voir une fois par jour mais ses poussées d'héroïsme finissent par lasser son amant. Mathilde de La Mole, sous un pseudonyme d'abord, puis sous son vrai nom ensuite, multiplie les tentatives pour le faire acquitter, notamment en faisant miroiter à l'ecclésiastique le plus influent de Besançon un poste d'évêque. Simultanément, madame de Rênal tente de faire pencher le procès en faveur de Julien en écrivant aux jurés que ce serait une faute de le condamner et qu'elle lui pardonne volontiers son geste « maladroit ».

Malgré une opinion publique acquise à la cause du jeune Sorel, monsieur Valenod (qui fait partie du jury) parvient à faire condamner Julien à la guillotine, notamment à cause d'un discours provocant dénonçant les castes et l'ordre établi. À l'issue de la sentence, Mathilde et madame de Rênal espèrent encore un recours en appel, mais Julien ne voit pas d'autre issue que le couperet. Madame de Rênal, qui s'est installée à Besançon malgré les réticences de son mari, est parvenue à obtenir l'autorisation d'aller voir Julien, qui retrouve pour elle une passion sans bornes. Malgré tous les sacrifices qu'elle est prête à consentir, Julien se résigne à la mort.

Juste après l'exécution de Julien, Fouqué (son ami de toujours) rachète son corps au bourreau. Mathilde demande à voir la tête du père de son enfant, puis empoigne la tête de Julien et l'embrasse au front. Elle enterrera elle-même la tête à côté de sa tombe, dans une grotte située non loin de Verrières où Julien avait l'habitude de s'installer. Leur enfant aurait dû être pris en charge par madame de Rênal, mais celle-ci meurt trois jours après Julien.


Le Rouge et le Noir et son époque

L'affaire Berthet

L'affaire Berthet (1827) représente la première source d'inspiration de Stendhal pour la trame de son roman. Ce fait divers le concernait d'autant plus qu'il se déroulait à Brangues, petit village de sa région : l'Isère. Jugée aux assises de l'Isère, elle se rapportait à l'exécution d'Antoine Berthet, fils de petits artisans, qu'un curé remarqua très tôt pour son intelligence et qu'il fit entrer au séminaire. De santé fragile, Berthet dut quitter le séminaire et ses conditions de vie trop dures pour trouver un emploi. Il devint le précepteur des enfants de la famille Michoud, puis très rapidement, l'amant de Madame Michoud, qu'il dut quitter très vite. Après un nouveau séjour dans un séminaire plus réputé que le précédent (celui de Grenoble), Berthet trouve une nouvelle place de précepteur, dans une famille noble cette fois : les Cordon, où il séduit la fille de son employeur, qui le chasse sans attendre. Très amer de n'avoir pas trouvé de débouché à sa grande intelligence, Berthet décide de se venger. Il entre dans l'église de son village au moment où le vieux curé dit la messe, et il tire un coup de pistolet sur son ancienne maîtresse, Madame Michoud. Son procès a lieu en décembre 1827, et il est exécuté le 23 février 1828. Il avait vingt-cinq ans[3].

Étude sociale, politique, historique

Le Rouge et le Noir est également un roman historique, car Stendhal tente de dévoiler les coulisses de la révolution de 1830, avec comme trame de fond la structure sociale de la France de l'époque, les oppositions entre Paris et la province, entre noblesse et bourgeoisie, entre les jansénistes et les jésuites.

Stendhal qui fréquenta l'Hôtel de Castries, en fait dans ce roman et cinq ans plus tard dans la Vie de Henry Brulard, une description précise[4]

Un roman psychologique

Selon Nietzsche, Stendhal est « le dernier des grands psychologues français ».

«  Stendhal, l'un des « hasards » les plus beaux de ma vie – car tout ce qui fait époque en moi m'a été donné d'aventure et non sur recommandation, – Stendhal possède des mérites inestimables la double vue psychologique, un sens du fait qui rappelle la proximité du plus grand des réalistes (ex ungue Napaleonem « par la mâchoire (on reconnaît) Napoléon »), enfin, et ce n'est pas la moindre de ses gloires, un athéisme sincère qu'on rencontre rarement en France, pour ne pas dire presque jamais (...) Peut-être suis-je même jaloux de Stendhal. Il m'a volé le meilleur mot que mon athéisme eût pu trouver : « La seule excuse de Dieu c'est de ne pas exister.»[5],[6] »

Dans Le Rouge et le Noir, Julien Sorel fait l'objet d'une étude approfondie. Ambition, amour, passé, tout est analysé. Le lecteur suit avec un intérêt croissant les méandres de sa pensée, qui conditionnent ses actions. Mathilde de la Mole et Madame de Rênal ne sont pas en reste. Leur amour pour Julien, égal l'un à l'autre, sont mis en perspective. Tout le monde est mis à nu sous la plume de Stendhal.

Adaptations

Le Rouge et le Noir a fait l'objet de plusieurs adaptations, au cinéma et à la télévision :

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. books.google.fr, Le Rouge et le Noir
  2. Le Rouge et le Noir. Reproduction de l'édition de 1830 retouchée par Stendhal et léguée à son ami Donato Bucci à Civitavecchia. Hachette livre. Grandes Œuvres p. 9.1981
  3. La Gazette des Tribunaux. Numéros des 28, 29, 30 et 31 décembre 1827
  4. René Servoise, Julien Sorel à l'Hôtel de Castries, dans les Cahiers de la Rotonde, N°16, Paris, 1995, p. 141-156, 8 fig.
  5. Ecce Homo,« Pourquoi j'en sais si long , section 3 » , et L'Antéchrist suivi de : Ecce Homo, Friedrich Nietzsche, Gallimard, 1900
  6. H.B. par Prosper Mérimée,citation de Stendhal



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Rouge et le Noir de Wikipédia en français (auteurs)

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