Le Prisonnier

Le Prisonnier
Page d'aide sur les redirections Cet article concerne la série télé originale de 1967. Pour sa reprise, voir Le Prisonnier (télésuite, 2009).
Le Prisonnier
PennyFarthing.svg
Logo de la série, le Grand-bi
Titre original The Prisoner
Genre Série d'espionnage
Créateur(s) George Markstein (en)
Patrick McGoohan
Production David Tomblin (en)
Pays d’origine Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Chaîne d’origine ITV
Nombre de saisons 1
Nombre d’épisodes 17
Durée 48 minutes
Diffusion d’origine 1er octobre 1967 – 4 février 1968

Le Prisonnier (The Prisoner) est une série télévisée britannique en 17 épisodes de 48 minutes, créée par George Markstein (en) et Patrick McGoohan, qui en est l'interprète principal. La série suit un ancien agent secret britannique, retenu prisonnier dans un mystérieux village balnéaire, où ses ravisseurs essaient de savoir pourquoi il a brusquement démissionné de son poste.

Présenté initialement comme un thriller, du même moule que la série précédente de Patrick McGoohan, Destination Danger (Danger Man en anglais), Le Prisonnier utilise les ficelles du roman d'espionnage, teintées de science fiction, d'allégorie et du drame psychologique. La combinaison des thèmes de la contre-culture des sixties, et sa mise en scène surréaliste, ont fait du Prisonnier une série profondément influente sur la production des programmes de science fiction, du fantastique, et sur la culture populaire en général.

Sommaire

Historique

La série a été diffusée entre le 1er octobre 1967 et le 4 février 1968[1] sur le réseau ITV[2]. En France, elle a été diffusée à partir du 18 février 1968 sur la deuxième chaîne de l'ORTF, mais sans les 13e, 14e et 15e épisodes. L'ultime épisode a été diffusé en France, le 12 mai 1968[3].

En 2009, elle été reprise sous forme d'une mini-série en six épisodes, également intitulée Le Prisonnier. Il s'agit d'une adaptation américaine réalisée par Nick Hurran (en)[4], avec Jim Caviezel dans le rôle du numéro 6, diffusée sur chaîne câblée AMC les 15-17 Novembre 2009[5]. La presse s'est fait l'écho de l'étude pour une adaptation cinématographique par Christopher Nolan [6].

Synopsis

Une Lotus Seven comme celle utilisée par Le Prisonnier dans chaque générique de la série, au temps précédant son incarcération.

Un agent secret britannique démissionne brutalement de son poste et rentre chez lui au volant de sa Lotus Seven. Alors qu'il prépare ses valises dans son appartement londonien, un gaz anesthésiant est diffusé dans la pièce.

À son réveil, il se retrouve au Village, un lieu idyllique et esthétique dirigé par le Numéro 2 et habité par une communauté de villageois tous vêtus d'habits colorés et d'un badge numéroté les identifiant. Certains sont des prisonniers, les autres leurs geôliers et ne peuvent être différenciés les uns des autres.

Il sera désormais le Numéro 6 et n'aura de cesse de tenter de s'évader du Village.

Séquence d'ouverture

Portmeirion - Le clocher. Dans le premier épisode, c'est là que Numéro 6 se rend compte qu'il se trouve dans un endroit isolé et -peut-être- prisonnier.
Accroche du générique

"Où suis-je ?"
(Where am I?)
"Au Village."
(In the Village.)
"Qu'est ce que vous voulez ?"
(What do you want?)
"Des renseignements."
(Information.)
"Dans quel camp êtes-vous ?"
(Whose side are you on?)
"Vous le saurez en temps utile... Nous voulons des renseignements,
des renseignements, des renseignements."

(That would be telling. We want Information, Information, Information!)
"Vous n'en aurez pas !"
(You won't get it.)
"De gré ou de force, vous parlerez."
(By hook or by crook, we will.)
"Qui êtes-vous ?"
(Who are you?)
"Je suis le nouveau Numéro 2."
(The new Number 2.)
"Qui est le Numéro 1 ?"
(Who is Number 1?)
"Vous êtes le Numéro 6."
(You are Number 6.)
"JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN HOMME LIBRE !"
(I AM NOT A NUMBER, I AM A FREE MAN!)
– "(Rire sardonique)"

Les séquences d'ouverture et de clôture des épisodes du Prisonnier sont emblématiques de la série[7].

Elles débutent sur un ciel nuageux, accompagné du bruit du tonnerre, qui se transforme en bruit d'un moteur à réaction. Alors que le thème musical commence, la vue du ciel se dissipe pour laisser apparaître un homme (Patrick McGoohan, le futur Numéro 6), au volant de sa Lotus Seven, roulant à grande vitesse sur une route déserte.

Il passe près de la maison du ParlementLondres), et entre dans un parking souterrain.

Il pénètre avec un air décidé dans le bâtiment par une série de doubles portes indiquant la sortie ("Way Out"), progresse à grand pas dans un long couloir étroit et sombre menant à une autre série de doubles portes, en les ouvrant violemment, et entre dans un bureau derrière lequel et assis un bureaucrate.

Très agité, il exprime sa colère (inaudible, couvert par le bruit du tonnerre) à l'homme derrière le bureau, et dépose sèchement une enveloppe portant la mention «Privé-personnelle - à la main" ("Private, Personal, By Hands") (sans doute sa démission), et frappe le bureau avec son poing, brisant la soucoupe d'une tasse de thé. L'homme derrière le bureau (George Markstein (en)) ne le regarde même pas et semble jongler avec un stylo ; il n'est même certain qu'il ait écouté ce qui a été dit.

L'homme en colère rentre à son domicile, ne réalisant pas qu'il est suivi par un corbillard, immatriculé TLH858. Pendant ce temps, dans un lieu inconnu rempli de classeurs, un système automatisé barre la photo de l'homme avec une croix composée des lettres X, dépose la photo et son dossier dans un tiroir étiqueté «démissions».

Dans son appartement, l'homme fait rapidement ses valises, y range des tracts faisant apparaître des lieux de villégiature, on comprend qu'il part en vacances. Le corbillard s'arrête et un homme habillé comme un croque-mort[8] s'approche de la porte d'entrée. A travers la serrure, il inonde la pièce de volutes de fumées, le gaz rend notre héros inconscient, la dernière chose qu'il voit, ce sont des immeubles à travers de sa fenêtre. Il s'ensuit une panne momentanée (dans certaines projections, elle faisait l'objet d'une pause commerciale).

Le héros se réveille, dans un lieu apparemment identique, se lève, marche droit vers sa fenêtre, regarde dehors, mais la vue a changé : il voit un village. Au travers de la fenêtre, va se superposer le titre de l'épisode. Dans tous les épisodes, sauf quatre, nous voyons un montage de plans du prisonnier en train de courir, du village puis sur la plage, et nous entendons le dialogue suivant :

Distribution

  • Le personnage principal : le Numéro six interprété par Patrick McGoohan (VF : Jacques Thébault) :
  • Les personnages récurrents : Le maître d'hôtel (Angelo Muscat) & Le superviseur (Peter Swanwick (en)) :
  • Les « Numéro 2 » : Le Numéro deux, qui échouait à obtenir des renseignements du Numéro six, était remplacé et interprété par un comédien différent à chaque épisode. Toutefois, certains acteurs tiennent ce rôle à plusieurs reprises.
Portmeirion - Le dôme vert. Dans la série, c'est la résidence du n°2.

Épisodes

Épisodes du Prisonnier
  1. L'Arrivée (Arrival)
  2. Le Carillon de Big Ben (The Chimes of Big Ben)
  3. A, B et C (A, B & C)
  4. Liberté pour tous (Free for All)
  5. Double personnalité (The Schizoid Man)
  6. Le Général (The General)
  7. Le Retour (Many Happy Returns)
  8. Danse de mort (Dance of the Dead)
  9. Echec et mat (Checkmate)
  10. Le Marteau et l'Enclume (Hammer Into Anvil)
  11. L'Enterrement (It's Your Funeral)
  12. J'ai changé d'avis (A Change of Mind)
  13. L'Impossible Pardon (Do Not Forsake Me, Oh My Darling)
  14. Musique douce (Living in Harmony)
  15. La Mort en marche (The Girl Who Was Death)
  16. Il était une fois (Once Upon a Time)
  17. Le Dénouement (Fall Out)

Les amateurs de la série ne s'entendent pas sur l'ordre à considérer lors de la diffusion. Plusieurs tentatives ont été faites pour déterminer un ordre universel, sans succès vu que les diffuseurs, les propriétaires de la série, les créateurs et les amateurs ont un ordre bien à eux.

Lors de sa première diffusion en France, au printemps 1968, l'épisode The General fut traduit par Le Cerveau, pour éviter toute confusion avec Charles de Gaulle, alors président de la République. Cette précaution sera levée quelques années plus tard, après la mort de De Gaulle.

La série comporte 17 épisodes, bien que Patrick McGoohan n'en eût prévu que sept. Pour favoriser sa vente aux États-Unis, le producteur Lew Grade (en) demanda qu'elle en comporte 26, standard requis par les chaînes de télévision de l’époque[9]. Les décideurs de s’accordèrent finalement sur 17. Il y a cependant toujours un débat pour savoir si l’arrêt de la série fut le résultat d’un accord mutuel entre les parties ou si la série fut purement et simplement arrêtée.

McGoohan a déclaré que l'essence de la série se trouvait dans les 7 épisodes suivants[10]:

  1. L'Arrivée (Arrival)
  2. Le Carillon de Big Ben (The Chimes of Big Ben)
  3. Liberté pour tous (Free for All)
  4. Danse de mort (Dance of the Dead)
  5. Echec et mat (Checkmate)
  6. Il était une fois (Once Upon a Time)
  7. Le Dénouement (Fall Out)
Portmeirion - Autre vue de la place centrale.
Article détaillé : Liste des épisodes du Prisonnier.

Commentaires

Apparaissant dès le premier épisode, « Hercules », un bronze de William Brodie créé vers 1863. Il fut rapporté à Portmeirion en 1960 par Sir Clough Williams-Ellis. La thématique peut être rapprochée de celle du Titan Atlas supportant le monde. La boule qu'il porte sur le dos peut-être également être rapprochée du rôdeur.

La série a donné lieu à des interprétations abondantes, à des fan-clubs, a suscité des sites Web, la firme d'automobiles Renault a même repris le thème du Prisonnier pour faire une publicité pour la Renault 21, et cela n'est pas étonnant tant elle utilise habilement ce que Stanley Kubrick nommait « la zone fertile de l'ambiguïté » : en fait, chacun peut voir dans Le Prisonnier ce qu'il a envie d'y voir. Le Village ne serait-il pas le symbole de la condition humaine, et le Numéro 6 le pauvre humain qui cherche, sans toujours y parvenir, à lui donner du sens ? Ce Numéro 1 qu'on ne voit jamais (sauf au dernier épisode) n'est-il pas une allégorie de Dieu, et les Numéro 2 qui se suivent et ne se ressemblent pas une personnification, par exemple, de tous ceux qui de façon contradictoire au cours des âges ont affirmé agir en son nom ? C'est en tout cas l'une des hypothèses possibles parmi bien d'autres.

Pour certains, la série véhicule un message explicitement individualiste et libéral voire libertarien. La Libertarian Futurist Society, qui décerne chaque année des récompenses aux œuvres qui promeuvent selon elle le libertarianisme, lui a décerné une récompense en 2002, le prix Prometheus.

Les ressorts de l'angoisse reposent sur l'absurdité du système de fonctionnement de ce Village surréaliste sur lequel il n'arrive pas à agir. Proie permanente des interrogatoires du Numéro 2 : « Nous voulons des renseignements », il tente de lutter et de fuir pour échapper à cet univers angoissant. Cette série constitue sans nul doute une allégorie des régimes totalitaires, Numéro 6 essayant de lutter en respectant les règles.

Le soir une voix s'échappe des haut-parleurs disposés un peu partout dans le Village pour annoncer le couvre-feu : « Plus que cinq minutes avant l'extinction des lumières. » Le Numéro 6 est surveillé constamment par une quantité innombrable de caméras. Le Village a un indéniable côté 1984 d'Orwell, un côté kafkaïen et carcéral.

Le Village est également une caricature de notre monde quotidien, un univers esthétique et ludique (téléphone sans fil, porte automatique, carte de crédit, le journal Tally Ho), envahi par la publicité, une cage dorée dans laquelle seul Numéro 6 semble lucide et déterminé à en sortir, les habitants se saluent d'un Be seeing you ! traduit en français par Bonjour chez vous !. Le Numéro 2 incarne le pouvoir politique temporaire, la boule blanche représente les forces de l'ordre, cette boule nommée « le rôdeur » est sans forme, impersonnelle, inquiétante à l'image d'un mirador dans un camp de concentration. Le costume noir du Numéro 6 rappelle un habit de prêtre (Patrick McGoohan devait entrer dans les ordres, mais y a renoncé). Les autres habitants revêtent des costumes très colorés et ont souvent des comportements très excentriques. La plupart des villageois évoluent dans un système sans aucun sentiment et sans aucun amour.

« Le Prisonnier évoque une forme de psychose schizophrénique, car l'individu lutte contre le système tout en essayant d'y échapper : « Qu'est-ce que c'est ? » et « Qui est-ce ? » sont les deux grandes questions de la peur. La simple formulation de telles questions implique un tremblement du réel annonçant tous les fantasmes du double, tous les symptômes de la dissociation caractéristique de la schizophrénie : soit de cette décomposition de l'âme par laquelle Maupassant définit justement la peur... Mais c'est aussi un véritable éloge de la fuite. À la fin de la série, le Numéro 6 s'évade pour rentrer chez lui comme toute personne qui, ayant fini sa journée de travail, retrouve son logement douillet pour se ressourcer. »[11] Cependant, l'oeil avisé aura un léger frisson lors de la dernière image de cet épisode qui suggère bien des choses.

Selon Gilles Visy, dans le dernier épisode « le Numéro 6 jouera métaphoriquement une partie d'échecs contre l'énigmatique Numéro 1 via le Numéro 2. Ce n'est pas sans rappeler le chevalier du Septième Sceau qui combat la mort sur l'échiquier de la vie. »

Patrick McGoohan avait joué dans une série d'espionnage « normale » qui avait eu un succès international : Destination Danger (Danger Man en version originale). De cette série au Prisonnier, il ne change rien : ni son appartenance initiale aux services secrets, ni sa coiffure, ni son style. Tout se passe comme si on cherchait à nous faire comprendre que le Prisonnier est John Drake, ce qui accroît l'impression de basculement du réel que la série cherche - et réussit - à donner.

« La voiture de numéro 6 était une Lotus 7 S2 Cosworth, elle ouvrait tous les épisodes de la série. Pour le dernier épisode, la Lotus n'existant plus, il a été demandé à Caterham Cars de récréer cette voiture pour permettre à N°6 de s'enfuir à son bord... enfin libre ! »[12]

Pour l'anecdote, dans les épisodes "Le paysage qui accuse" et "Enterrons les morts" de Destination Danger (Danger Man en version originale), le village-hôtel de Portmeirion est utilisé. Et aussi, le thème du double (Schizoïd Man) avait été utilisé dans Destination Danger.

Logo de la série

Le grand-bi fut choisi par Patrick McGoohan pour contrebalancer l'ambiance futuriste de la série ; le grand-bi est comme un regard sur le passé, accentuant l'intemporalité. D'après la fin du générique des versions alternatives des épisodes L'Arrivée et Le Carillon de Big Ben, la petite roue du grand-bi symbolise la Terre et la grande roue, l'Univers.

Qui est le Numéro 1 ?

Portmeirion - La place centrale.
Portmeirion - A droite de l'arche, la maison du Numéro 6, que l'on voit depuis la place centrale.

Le Numéro 6 suppose toujours que quelqu’un nommé Numéro 1 est en charge du Village, mais seulement à deux reprises dans la série, quelqu’un des autorités du Village reconnaît directement l’existence du Numéro 1.

  • Dans la scène finale du 16e épisode Il était une fois, le Superviseur s'adresse au Numéro 6, ignorant le Numéro 2, et lui demande :

- Que désirez-vous ?
- Le Numéro 1.
- Suivez–moi.

  • À la fin du 13e épisode L'Impossible Pardon, le Colonel implore le Numéro 2 : « Vous devez contacter le Numéro 1 et lui dire que j’ai fait mon devoir »
    Il n’est pas clairement établi si le Colonel suppose juste que le supérieur du Numéro 2 est le Numéro 1 ou s’il a déjà rencontré le Numéro 1. Le Colonel n’est certainement pas un membre de la hiérarchie du Village et n’a pas de numéro. L'incapacité du Numéro 6 à interpréter cette phrase a certainement un sens précis.
  • Dans l’épisode final, le Numéro 1 apparaît comme une personne masquée et encapuchonnée. Lorsque son masque lui est retiré, il porte un masque de singe, mais quand ce masque lui est ôté, le visage du Numéro 6 est révélé. Il grimpe alors à une échelle et ferme une trappe derrière lui, en riant comme un fou.
  • Aucune affirmation claire et directe concernant le Numéro 1 n’est jamais clairement interprétable. Même quand c’est le sujet de discussion dans la série :
    • avec le Numéro 2 dans le 2e épisode: Le Carillon de Big Ben qui déclare : « cela n’a pas d’importance de savoir qui est le Numéro 1 ».
    • encore avec le Numéro 2 dans le 4e épisode : Liberté pour tous, quand le prisonnier et le Numéro 2 discutent des conséquences d’être élu Numéro 2, le vieil homme déclare : « le Numéro 1 ne sera plus un mystère pour vous, si vous comprenez ce que je veux dire ».

Les deux formulations pourraient s’accorder sur l’existence d’un véritable Numéro 1, ou simplement faire référence au désir du Numéro 6 de rencontrer le Numéro 1. Il est aussi possible que le Numéro 1 ne soit pas humain, comme Le Général. Dans leurs fonctions officielles, le Numéro 2 et les autorités du Village évitent même d’appeler le Numéro 1 par son titre. Certains ont interprété cela comme une indication qu’il n’y avait en fait aucun Numéro 1, dans le sens d’une personne, tout comme le non-existant Big Brother dans 1984 d’Orwell. Il est évident, cependant, que quelqu’un donne certainement des ordres directs aux Numéro 2, parce que dans plusieurs épisodes, les Numéro 2 apparaissent intimidés au téléphone par une personne à qui ils s’adressent seulement par « Monsieur ».

Selon le co-créateur George Markstein, « Numéro 1 est le vilain aux commandes ».

Le Numéro 1 pourrait aussi être à la fois le téléspectateur et le double du Numéro 6 (l'un est le côté pile et l'autre le côté face). Dans une interview pour la télévision conduite par Mike Smith dans les années 1970, Patrick McGoohan déclara :

« La raison pour laquelle c'était déroutant, et décevant pour les spectateurs, je pense, était qu'ils attendaient une fin similaire à celle d'un James Bond, avec un homme mystérieux, un grand chef ou ce genre de chose qu'on trouve dans ces films ; et bien sûr ce n'était pas du tout l'intention. L'objet était le plus grand mal dans l'être humain, l'essence humaine ; et c'est nous-mêmes, car en chacun de nous la plus dangereuse chose terrestre, c'est ce qui est en nous. Et c'est pour ça que j'ai fait le n°1 : soi-même, une image de soi-même qu'il essaye de battre[13]. »

À cet égard on peut interpréter des indices : l'ancien logement du héros à Londres porte le numéro 1, et dans le générique, à la question "qui est le numéro 1 ?", la réponse du numéro 2 peut certes s'interpréter comme une non-réponse "vous êtes le numéro 6", mais aussi, en anglais, comme "vous, numéro 6" (- "You are, No. 6.")

Antécédents

Une Mini Moke semblable à celles circulant dans le village.

Le thème d'un agent secret placé dans un environnement dont la logique semble absurde et qui lutte pour garder sa santé mentale avait déjà été évoqué dans trois films auparavant :

Le Village

Le Village est celui de Portmeirion au nord-ouest du Pays de Galles, créé par Sir Clough Williams-Ellis. Les styles espagnol, autrichien, italien et néoclassique sont représentés à Portmeirion.

La fanfare du Village défile à de nombreuses reprises autour du terre-plein central en interprétant la Marche de Radetzky de Johann Strauss père.

Suites

Adaptation en film

"Alerte jaune", expression familière de la série, quand le prisonnier dépasse une zone limite du village. Entraîne l'intervention de la sécurité.
"Alerte orange", expression familière de la série, quand le prisonnier tente de s'échapper. Entraîne l'intervention du rôdeur.

Patrick McGoohan, dans les années 1990, avait l'intention d'adapter le Prisonnier en long métrage, mais le projet n'a jamais abouti[14]. Ce projet de long métrage est resté dans un tiroir jusqu'à ce que Christopher Nolan, juste après la sortie de Batman Begins, évoque l'idée de réaliser ce long métrage.

Hommages dans la culture populaire

  • Le groupe de heavy-metal britannique Iron Maiden, dont les membres (et en particulier Steve Harris et Bruce Dickinson) sont admirateurs de la série, ont rendu hommage à la série dans une chanson intitulée The Prisoner, sortie en 1982 sur l'album The Number Of The Beast. Les textes de la chanson retracent ouvertement l'intrigue de la série et un extrait de celle-ci (l'accroche du générique) paraît même en exergue. En 1984, le groupe réitère son hommage au travers de la chanson Back In The Village sur l'album Powerslave.
  • La musique du Prisonnier, due au compositeur australien Ron Grainer, est également reprise par The Clash dans le titre The prisoner.

Parodies et hommages appuyés en séries

  • Le 6e épisode de la 12e saison des Simpson, intitulé Le Site inter-pas-net d'Homer, est en partie une parodie de la série. De même, l'épisode Un coup de pied aux cultes, 13e épisode de la 9e saison, fait allusion au mystérieux ballon gardien.
  • L'épisode Étrange Hotel (Wish you were here en version originale) de la saison 6 de la série Chapeau melon et bottes de cuir est une parodie du Prisonnier : Tara King part rejoindre son oncle dans l'hôtel où ce dernier passe ses vacances. L'hôtel est confortable, luxueux... mais elle va vite comprendre qu'il est impossible d'en sortir sous peine d'être victime de "malencontreux accidents"! (escaliers glissants, voitures à démarrage douteux...). Contrairement à la série d'origine, l'épisode verse largement dans la comédie. D'ailleurs, le réalisateur de l'épisode est Don Chaffey qui a lui-même réalisé certains épisodes du Prisonnier (comme l'Arrivée)
  • Dans la mini-série Histoire(s) de la télévision, du groupe comique Les Nuls, le personnage de Gilou Gilet, interprété par Dominique Farrugia, manifeste à plusieurs reprises sa passion pour Le Prisonnier. Dans le dernier épisode, Et la télé inventa le dernier épisode, le spectateur découvre que les protagonistes de la série sont en fait prisonniers du Village[15]. La dernière scène du dernier épisode a été effectivement tournée à Portmeirion par Alain Chabat, Dominique Farrugia et Chantal Lauby[16], et la toute dernière image reprend le gimmick pré-générique du Prisonnier : les visages des Gilet surgissent à l'écran derrière des barreaux, tout comme celui du Numéro Six.
  • Dans la série l'homme invisible, le 15e épisode de la deuxième saison est intitulé Les Prisonniers (A Sense of Community en version originale) et réutilise l'idée d'une communauté d'espions mis à la retraite et forcés de rester cloîtrés.
  • Deux séries produites bien des années plus tard semblent rendre hommage au Prisonnier de façon appuyée et explicite : la première, L'Homme de Nulle part (Nowhere Man, en VO), présentera deux clins d'oeil à la série, en plus de présenter un sujet de départ et une ambiance paranoïaque qui peuvent rappeler celui de la série de Patrick McGoohan. Thomas Veil, le héros de l'histoire, se retrouve en effet prisonnier dans un épisode d'un mystérieux village, où, sous une attitude bon enfant, on impose aux habitants certaines règles, de même que dans le Village. Dans un autre épisode, Thomas Veil se retrouve envoyé vers un camp d'entraînement militaire. Lui et ses compagnons se voient chacun attribuer un numéro, et Veil se verra hériter du numéro 6. La seconde série est Persons Unknown : Des personnes ne se connaissant pas se retrouvent prisonnières d'une ville américaine coupée du reste du monde, sans possibilité de s'échapper, sous le regard de caméras. Là encore, l'ambiance paranoïaque est de mise. Un des personnages féminins portera, dans un épisode, la même tenue vestimentaire que le Numéro 6.

Produits dérivés

DVD

Hélicoptère Alouette II semblable à celui utilisé par les autorités du village, toutefois sans les capacités d'amerrissage.
  • Editeur TF1 VIDEO :
  • Le Prisonnier : coffret 6 DVD (8 novembre 2000)
  • Le Prisonnier : coffret 6 DVD (26 avril 2007) ASIN B000PUB9NM
  • Le Prisonnier : coffret 7 DVD (14 octobre 2009) Image remastérisée, nouvelles pistes son 5.1

Voir aussi

Bibliographie

Études
  • Alain Carrazé et Hélène Oswald, Le Prisonnier, chef-d'œuvre télévisionnaire, 1990, NéO - Huitième Art
  • Francis Valéry, Le Prisonnier - retour au village, 1993
  • Patrick Ducher et Jean-Michel Philibert, Le Prisonnier - Une énigme télévisuelle, 2003, Yris, Collection « Télévision en séries »
  • Jacques Baudou et C. Petit, Les Grandes Séries britanniques, Paris, 1994, Huitième Art
  • S. Benasi, Série et feuilletons TV : Pour une typologie des fictions télévisuelles, Liège, 2000, Éditions du Céfal
  • Florence Livolsi, L'énigme du Prisonnier, maîtrise d'études cinématographiques et audiovisuelles, Paris 1- Panthéon Sorbonne, 1989.
  • Guillaume Granier, A study of the television series The Prisoner, mémoire maîtrise d'anglais, Tours; 2001.
Roman

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Séries télévisées

par période / genre / pays
Liste complète

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. The world broadcast premiere was on the CTV Television Network in Canada on 5 September 1967.Toronto Star, 5 September 1967, p. 22
  2. ^ As noted in Andrew Pixley's 2007 The Prisoner - A Complete Production Guide book, the first UK premiere was 29 September 1967 on ATV Midlands and the last episode first aired on 1 February 1968 on Scottish Television.
  3. Le dénouement (Fall Out)
  4. http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=4072.html
  5. http://www.amctv.com/shows/the-prisoner
  6. ^ Child, Ben (Thursday 12 February 2009). "Nolan signs to take Inception from script to screen" The Guardian (London)
  7. Mike Patterson. "The Prisoner - the classic British TV series".
  8. As described in White & Ali, page 9
  9. David Buxton, De « Bonanza » à « Miami Vice ». Formes et idéologie dans les séries télévisées, Éditions de l'Espace Européen 1991, p. 100, ISBN 2738801277.
  10. Réfléchir et Agir, n°16, hiver 2003, Le Prisonnier : le droit au silence, par Michel Philippe, p. 57
  11. Gilles Visy, Université de Limoges, pour Cadrage.
  12. Emmanuel Joucla, Lotus et Seven Passion.
  13. "The reason that it was confusing, and that [the viewers] were disappointed, I think, was that they expected the ending to be similar to a 'Bond' thing, with this mystery man, the head man or whatever they call him in Bond; and of course it wasn't about that at all. It was about the most evil human "being", human "essence"; and that is ourselves, because within each of us, that is the most dangerous thing on Earth, is what is within us. And so therefore that's what I made No. 1: One's 'self', an image of himself that he was trying to beat.
  14. Génération Série 6
  15. Référence à "Histoire(s) de la Télévision" dans "Le Parfum du Jour" n°52, sur "Le Rôdeur, le Fan-club du Prisonnier"
  16. "à propos du Prisonnier" sur Canalplus.fr

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Prisonnier de Wikipédia en français (auteurs)

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