Laurent Fabius

Laurent Fabius
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Laurent Fabius
Laurent Fabius - Royal & Zapatero's meeting in Toulouse for the 2007 French presidential election 0538 2007-04-19.jpg
Laurent Fabius en 2007

Mandats
Député de la 4e circonscription de la Seine-Maritime
Actuellement en fonction
Depuis le 1er juin 2002
2 avril 198627 avril 2000
3 avril 197823 juillet 1981
Prédécesseur Olivier de Sarnez
Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie
(36e ministre de l'Économie de la Ve République)
(23e ministre des Finances de la Ve République)
28 mars 20007 mai 2002
Président Jacques Chirac
Gouvernement Lionel Jospin
Prédécesseur Christian Sautter
Successeur Francis Mer
10e président de l'Assemblée nationale
(102e président de la Chambre basse française)
12 juin 199728 mars 2000
Législature XIe législature
Prédécesseur Philippe Séguin
Successeur Raymond Forni
Président du groupe socialiste
à l'Assemblée nationale
19951997
Prédécesseur Martin Malvy
Successeur Jean-Marc Ayrault
7e président de l'Assemblée nationale
(99e président de la Chambre basse française)
23 juin 198821 janvier 1992
Législature IXe législature
Prédécesseur Jacques Chaban-Delmas
Successeur Henri Emmanuelli
9e Premier ministre français
(157e chef du gouvernement)
17 juillet 198420 mars 1986
(&&&&&&&&&&&&06111 an, 8 mois et 3 jours)
Président François Mitterrand
Gouvernement Laurent Fabius
Législature VIIe législature
Majorité PSMRGPSU
Prédécesseur Pierre Mauroy
Successeur Jacques Chirac
Ministre de l'Industrie et de la Recherche
23 mars 198317 juillet 1984
Président François Mitterrand
Gouvernement Pierre Mauroy III
Prédécesseur Jean-Pierre Chevènement
Successeur Hubert Curien
Ministre délégué au Budget
22 mai 198123 mars 1983
Président François Mitterrand
Gouvernement Pierre Mauroy I
Pierre Mauroy II
Prédécesseur Maurice Papon
Successeur Henri Emmanuelli
Biographie
Date de naissance 20 août 1946 (1946-08-20) (65 ans)
Lieu de naissance Drapeau de la France Paris (France)
Parti politique PS
Diplômé de ENS Ulm
IEP de Paris
ENA
Profession Conseiller d'Etat

Laurent Fabius, né le 20 août 1946 à Paris, est un homme politique français.

Membre du PS depuis 1974, député de la 4e circonscription de la Seine-Maritime de 1978 à 1981, puis de 1986 à 2000 et enfin depuis 2002, il occupe diverses fonctions gouvernementales sous la présidence de François Mitterrand : ministre du Budget de 1981 à 1983, puis de l'Industrie et de la Recherche de 1983 à 1984, il devient cette même année Premier ministre. Il occupe cette fonction jusqu'à la défaite de la gauche aux élections législatives, deux ans plus tard, en 1986.

Après la réélection du président Mitterrand et la victoire de la gauche aux élections législatives, en 1988, il est élu président de l'Assemblée nationale par ses pairs. Il occupe cette fonction jusqu'en 1992, année au cours de laquelle il devient le premier secrétaire du PS, à l'occasion du congrès de Bordeaux. Il quitte sa fonction un an plus tard, après la défaite de la gauche lors des élections législatives.

De 1995 à 1997, il occupe la présidence du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. En 1997, la victoire de la « Gauche plurielle » aux élections llégislatives lui permettent d'accèder à nouveau à la présidence de l'Assemblée. Trois ans plus tard, en 2000, il est nommé ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie dans le gouvernement du Premier ministre Lionel Jospin.

Il retrouve ses fonctions de député de la 4e circonscription de la Seine-Maritime en 2002, après les élections législatives. En 2006, Laurent Fabius se porte candidat à la primaire socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2007, mais est défait par Ségolène Royal.

Sommaire

Biographie

Laurent Fabius[1] est le fils d’André Fabius (1908-1984)[2], antiquaire, d'une famille de religion juive, d'origine ashkénaze, et de Louise Mortimer (1911-2010)[3],[4], américaine. Laurent Fabius a été baptisé dans la religion catholique, en l'église Notre-Dame-de-Grâce de Passy, dans le XVIe arrondissement.

Il est élève au lycée Janson-de-Sailly, dans le XVIe arrondissement de Paris. Après le baccalauréat, il s’inscrit en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Il est admis à l’École normale supérieure, où il est reçu major à l'agrégation de lettres modernes[5] et intègre parallèlement l’Institut d’études politiques de Paris.

Lors de ses études à Sciences-Po, il est responsable de la Conférence Olivaint, organisation catholique plutôt conservatrice. Élève de l’École nationale d’administration, promotion François Rabelais (1971-1973), il effectue son stage en préfecture dans le Finistère et il sort dans les trois premiers et devient auditeur au Conseil d’État. Il est nommé maître des requêtes en 1981.

En 1970, il participe à l’émission télévisée Cavalier seul où il se révèle un excellent cavalier et candidat.

Il est, aujourd'hui, divorcé de la productrice Françoise Castro, psychosociologue de formation, avec qui il a eu deux enfants :

Carrière politique

Débuts politiques (1974-1984)

Remarqué par des proches de François Mitterrand dont Georges Dayan, c’est peu après sa sortie de l’ENA, en 1974, qu’il adhère au Parti socialiste et rencontre François Mitterrand dont il devient le directeur de cabinet sur la recommandation de Jacques Attali en 1979. Il travaille à ses côtés jusqu’à sa victoire de 1981 : c’est ainsi qu’il le défendra vigoureusement au congrès de Metz en avril 1979, en affirmant contre Michel Rocard que : « entre le Plan et le marché, il y a le socialisme ».

Parallèlement, il est élu premier adjoint au maire du Grand-Quevilly en 1977, puis député de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime (Elbeuf, Le Grand-Quevilly). Il pose ainsi les bases de ce qui deviendra son fief électoral.

Il est inculpé en 1979 pour sa participation à Radio Riposte, radio libre du PS[7].

À la suite de la victoire de François Mitterrand en 1981, il est nommé ministre du Budget, fonction lors de laquelle il instaure l’Impôt sur les grandes fortunes, aboli en 1987 par le gouvernement de Jacques Chirac et ancêtre de l’Impôt de solidarité sur la fortune. Les œuvres d’art étant exclues de l’assiette de recouvrement de l’impôt nouvellement créé, une polémique le visant débuta : en effet, la fortune familiale de ses parents est bâtie sur le commerce des œuvres d’art. Il conteste être à l’origine de cette mesure. Selon la biographie de Jean-Gabriel Fredet[8], c’est Jack Lang, alors ministre de la Culture, qui aurait obtenu cette exonération, contre l’avis de Fabius.

En 1983, il est chargé par François Mitterrand d'examiner l'opportunité d'une sortie du Système monétaire européen (SME). Il en montre les inconvénients, François Mitterrand décidant finalement de maintenir la France dans le SME[9].

Puis à partir de 1983, il devient ministre de l’Industrie et de la Recherche, puis ministre de la Modernisation industrielle du temps où les plus importantes entreprises industrielles étaient dans le giron de l'État. Dans cette fonction, il a entrepris de profondes restructurations socialement difficiles, mais qui lui ont acquis l'estime de nombreux dirigeants d'entreprise. Deux anciens membres de son cabinet, Louis Schweitzer et Serge Weinberg, ont depuis fait carrière dans le monde de l'entreprise.

Premier ministre (1984-1986)

« Moderniser et rassembler »

À la suite de l’échec du projet de réforme de l’éducation mise en œuvre par Alain Savary, François Mitterrand décide de changer de Premier ministre, et remplace Pierre Mauroy par Laurent Fabius le 17 juillet 1984 à ce poste. À 37 ans, il est le plus jeune Premier ministre de la République. Arrivé dans une situation de crise, il poursuit la « politique de la rigueur » afin de maîtriser la dette de l’État et l’inflation. Dans son discours d'investiture, il propose de « moderniser et rassembler » le pays[10]. Le Parti communiste, qui depuis 1983 critiquait la politique suivie, refuse de participer à son gouvernement.

Une nouvelle politique étrangère, tournée vers les droits de l'homme

Sur le plan diplomatique, Laurent Fabius empiète parfois sur le domaine de François Mitterrand. Ainsi, en 1985, il prend fait et cause pour la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud : il rencontre l’évêque anglican Desmond Tutu lors d’une grande réunion à Paris en mai 1985, et obtient que la France impose des sanctions au régime de Pretoria : embargo commercial, suspension de tout nouvel investissement français en Afrique du Sud, rappel de l’ambassadeur de France. C'est également à la demande de son gouvernement que les écuries françaises de F1 Ligier et Renault décident de ne pas participer au Grand Prix d'Afrique du Sud 1985. En juillet 1985, lors d'une interview donnée au quotidien Le Matin, il se définit ainsi : « Au jeu des définitions, je dirais que je suis un socialiste moderne, pragmatique et amoureux de la liberté ».

Au cours de cette même année 1985, en décembre, il s’oppose au président qui invite le général Jaruzelski, chef de la République populaire de Pologne, alors que ce dernier réprime la contestation du syndicat Solidarność, conduit par Lech Wałęsa. Il fait part de son trouble à la tribune de l’Assemblée nationale, puis à la télévision, ce qui provoque le mécontentement de Mitterrand. Contrairement à ce qui est généralement publié, la célèbre formule de Laurent Fabius à propos de ses relations avec François Mitterrand (« Lui c'est lui, moi c'est moi ») date de septembre 1984 et n'est donc pas liée à l'épisode de la venue en France du général Jaruzelski.

Enfin, il dénonce les excès du régime de Fidel Castro, alors même que les proches du président (Danielle Mitterrand et Jack Lang) sont régulièrement invités par le chef de l’État cubain.

Scandales

Son passage à l’hôtel Matignon est aussi marqué par deux scandales retentissants :

  • Le scandale de l’affaire du sang contaminé viendra aussi entacher le bilan du passage de Laurent Fabius à Matignon : selon ses détracteurs, des retards dans la mise en œuvre de mesures préventives auraient entraîné la contamination par le virus du sida de patients ayant subi une transfusion sanguine. Suite à la révélation de l’affaire en 1991, et suite à la déclaration de François Mitterrand du 9 novembre 1992 : « Les ministres doivent rendre compte de leurs actes ». Il est un des rares hommes politiques qui demande la levée de son immunité parlementaire pour être jugé. Finalement, il est relaxé du délit d'« atteinte involontaire à la vie » le 9 mars 1999 par la Cour de justice de la République, qui affirme, dans ses attendus, que « Compte tenu des connaissances de l’époque, l’action de Laurent Fabius a contribué à accélérer les processus décisionnels. » Laurent Fabius est innocenté.

Malgré ce verdict, ce scandale a été et est régulièrement évoqué à son encontre. Laurent Fabius avait alors dénoncé un complot mené par une « droite haineuse » la même selon lui qui s'en était pris avant-guerre à Roger Salengro, à Léon Blum et à Jean Zay.

Député, puis président de l'Assemblée nationale (1986-2000)

Suite à la défaite de la gauche aux législatives de 1986, Laurent Fabius quitte Matignon le 20 mars 1986. Il retrouve son siège de député lors de ces élections. Un incident notable, par ailleurs, marque sa campagne électorale : le 27 octobre 1985, pendant un duel télévisé avec Jacques Chirac, celui-ci le rabroue en le comparant au « roquet ». Laurent Fabius le reprend alors en ces termes, avec un geste de la main : « Je vous en prie, vous parlez tout de même au Premier ministre de la France ! » ; une répartie pour laquelle il sera très critiqué[11].

Il est élu président de l’Assemblée nationale en 1988 après la dissolution qui suit la réélection de François Mitterrand.

Fichier:Laurent Fabius AN.jpg
Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale, durant une séance.

Il conduit la liste socialiste lors des élections européennes du 18 juin 1989 : il est élu et le Parti socialiste réalise un score de 23,61%[12], l'un des meilleurs scores du PS à cette élection[13].

Il s’engage à la fin des années 1980 et au début des années 1990 dans une rivalité avec Lionel Jospin pour s’assurer le contrôle du Parti socialiste, et échoue à deux reprises :

Finalement, Laurent Fabius est élu premier secrétaire du Parti socialiste en janvier 1992, et le restera jusqu’au congrès du Bourget, qui suit la défaite de la gauche aux législatives de 1993. Cependant, le PS subit une perquisition menée par le juge Renaud Van Ruymbeke, le jour même de son installation au siège du parti, le 9 janvier 1992. En octobre 1993, la défaite de la gauche aux législatives l'oblige à céder la place à Michel Rocard.

Estimant qu'il ne peut se présenter lui-même à l'élection présidentielle en raison de l'affaire du sang contaminé, il se range derrière Henri Emmanuelli contre Lionel Jospin. Élu maire du Grand-Quevilly en 1995, il devient président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale la même année, poste qu’il quitte pour retrouver la présidence de l’Assemblée en 1997, suite à la victoire de la Gauche plurielle aux législatives et la nomination de Lionel Jospin au poste de Premier ministre.

Fichier:Laurent Fabius et Shimon Pérès.jpg
Laurent Fabius recevant Shimon Peres à l'hôtel de Lassay, résidence officielle du président de l'Assemblée nationale.

Lors de cette nouvelle traversée du désert, il prend le temps de voyager et de mesurer les problèmes soulevés par la mondialisation, envisageant même de postuler au Fonds monétaire international. À l'époque, des rumeurs médiatiques, qui précèdent son retour au gouvernement et sur le premier plan de la scène politique, annoncèrent effectivement son intention de prendre la direction de cette grande institution financière internationale.

Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde du 25 août 1999, il dénonce l'emballement de la machine fiscale responsable de la fameuse « cagnotte » et pronostique : « La gauche ne court pas beaucoup de risques d'être battue par la droite, mais elle peut l'être par les impôts et par les charges ». Le 3 février 2000, dans une entretien accordé au quotidien La Tribune, il déclare : « Nous devons aussi alléger l'impôt sur le revenu, à mon avis, pour l'ensemble du barème : en bas, afin d'éviter les « trappes d'inactivité », au milieu pour réduire la charge des classes moyennes, en haut, afin d'éviter la fuite ou la démotivation des contribuables aux revenus les plus élevés » précisant le 7 mars 2000 dans un entretien accordé aux Échos : « Nous devons pour 2002 ramener les prélèvements obligatoires, qui ont considérablement gonflé, à leur niveau de 1995 ».

Ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie (2000-2002)

Non intégré dans les premiers gouvernements Jospin, il redevient ministre suite à la démission du successeur éphémère de Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter, victime d’une fronde des agents de son ministère, celui de l’Économie, face à un projet de réforme interne dont le but était d'établir un lien « entre les rémunérations et la manière dont les tâches sont accomplies » et qui fut considéré comme une provocation par les syndicats. C'est la période du grand remaniement ministériel où Lionel Jospin nomme dans son gouvernement Jack Lang et Laurent Fabius. Il est nommé ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie le 27 mars 2000. Le Premier ministre fait entrer au gouvernement Jean-Luc Mélenchon, Catherine Tasca, un représentant des Verts (Guy Hascoët) et un communiste (Michel Duffour).

Laurent Fabius enterre le projet de son prédécesseur et à Bercy, il met en œuvre la deuxième phase de la réforme des 35 heures, tente de poursuivre la politique de réduction de la fiscalité et de maîtrise des dépenses menée depuis 1997, prônant l'application du principe de sincérité dans les comptes de l'État. Sa politique lui est immédiatement reprochée par ses adversaires plus à gauche, estimant qu’il sacrifie ainsi le social, ce qui renforce la critique de son libéralisme, souvent exercée à son encontre. Cependant, même si le Premier ministre donne l'impression d'écouter son ministre de l'Économie en déclarant : « Je retiens donc l'idée avancée par Laurent Fabius et par quelques autres que nous devons poursuivre cette politique d'allègement des impôts. Et l'objectif que je fixe au gouvernement, c'est que d'ici à la fin de la législature nous revenions à un taux de prélèvement qui soit celui qui existait en 1995 », il refuse finalement de conditionner la baisse des impôts à celle des dépenses, et considère les cadeaux fiscaux comme des prélèvements sur les surplus dégagés par la croissance et non pas comme les vecteurs d'une réforme fiscale de fond. Il concentre la baisse des impôts sur les deux tranches les plus basses — les « trappes d'inactivité » évoquées par Laurent Fabius et rien pour les revenus moyens et les tranches les plus élevées — et autorise une large progression des dépenses portée par les investissements dans les hôpitaux, de nouveaux recrutements dans l'Éducation nationale et plus généralement dans toute la fonction publique.

Laurent Fabius est également le ministre du passage à l'euro, de la création du géant industriel Areva (créé le 3 septembre 2001), et du vote de la LOLF (Loi organique sur les lois de finances), promulguée en août 2001. Il fut partisan d'une taxation des flux de capitaux. Premier ministre de l'Économie à accepter de dialoguer avec les représentants de l'organisation anti-libérale ATTAC, il participe aussi au Forum social européen aux côtés de José Bové. En 2001, il supprima la vignette pour les véhicules particuliers. La loi relative aux nouvelles régulations économiques, dite « Loi NRE », marque également son passage à Bercy.

Laurent Fabius reste en poste jusqu’à la défaite de Lionel Jospin à l’élection présidentielle d’avril-mai 2002. Quelques mois avant la nomination de ce dernier, Laurent Fabius avait pronostiqué : « Lionel Jospin aura deux haies à franchir. S'il perd les législatives, la présidentielle sera aussi perdue » et en décembre 1999 il déclara « Pour gagner, il faut un bilan, mais il faut aussi un projet ».

Dans l'opposition (depuis 2002)

Le n°2 du Parti socialiste

Lionel Jospin ayant annoncé au soir du premier tour de l'élection présidentielle, le 21 avril 2002, qu’il se retirait de la vie politique, Laurent Fabius est la principale tête d'affiche pour mener les élections législatives qui suivent, difficiles pour la gauche. Dès lors, il affiche ses ambitions présidentielles. C’est François Hollande qui est réélu premier secrétaire du Parti socialiste tandis que Laurent Fabius devient son second au Congrès de Dijon. Il affiche alors une ligne marquée à gauche et par le rejet du libéralisme : il estime que c’est le rejet massif du libéralisme qui explique la défaite socialiste aux élections de 2002. Il prône également ce qu’il nomme une « opposition frontale » à la droite, et exclut toute alliance future avec l’UDF qui, après la réélection de Jacques Chirac et la création de l'UMP, commence à prendre son autonomie.

Le référendum constitutionnel

Au cours de l’année 2004, il se fait remarquer en devenant le plus important responsable socialiste à s’opposer à la Constitution européenne. Dès fin 2003, il évoque son hésitation à l’égard du projet qui prend forme, évoluant ensuite d’un « non sauf si », en juin 2004, à un non définitif qu’il défend au sein du parti socialiste. Ce faisant, il déclenche une vive polémique au sein de l’ensemble des partis socialistes européens, dont la plupart sont acquis au « oui ». Par référendum interne, les militants socialistes décident toutefois le 2 décembre 2004 de soutenir le « oui » par 55 % des voix.

Lors du référendum national du 29 mai 2005, le « non » l’emporte. Le « non » est majoritaire, non seulement dans le pays, mais également au sein de l'électorat de Gauche et en particulier du Parti socialiste[15]. Le « oui » est ratifié par 16 pays sur 25 (dont 14 par procédure parlementaire sans consultation de la population) et est rejeté par les 2 derniers scrutins directs en France et aux Pays-Bas, les autres scrutins directs prévus (dont celui de la Grande-Bretagne) étant alors annulés.

Passage dans la minorité du PS

Laurent Fabius, en compagnie de ses partisans, le 10 janvier 2006, lors de l'annonce de sa candidature à la primaire présidentielle socialiste.

Son positionnement contre le traité constitutionnel européen a fait l’objet de nombreuses critiques, à droite et à gauche. Ses détracteurs voient dans cette décision une manœuvre opportuniste de positionnement en vue de la présidentielle de 2007. Selon ses partisans, elle est conforme à son évolution dès le lendemain de la défaite historique du PS le 21 avril 2002 et à son engagement en faveur d'une Europe différente[16].

Le 4 juin 2005, alors que le 'non' l'a emporté à gauche et dans le pays, le Conseil national du PS vote son exclusion, ainsi que celle de ses amis ayant prône le « non », des instances du secrétariat national du PS (les autres instances étant représentées à la proportionnelle des voix du congrès et étant non touchées). Ce faisant, le Parti socialiste veut clarifier sa ligne politique, tout en prenant le risque de la division, en interne et avec son électorat.

Laurent Fabius au colloque Axe Seine, Acte II organisé par la CREA, le 23 mai 2011.

Lors du congrès du Mans de novembre 2005, Laurent Fabius dépose une motion contre la majorité sortante, à laquelle il avait appartenu, avec le soutien de Jean-Luc Mélenchon, André Laignel, Alain Vidalies et Marie-Noëlle Lienemann. Avec le score de 21,21 %, elle arrive en troisième position derrière la motion défendue par la direction sortante (53,6 %) et celle du Nouveau Parti socialiste (23,6 %). Au congrès du Mans, il accepte de voter un texte destiné à faire la synthèse entre les motions, texte qui inclut certains de ses amendements. Il se retrouve ainsi dans la majorité du Parti socialiste. Il choisit cependant de ne pas réintégrer la direction du parti, laissant ce soin à d’autres membres de son courant.

Le 10 janvier 2006, Laurent Fabius se déclare candidat à l’investiture du Parti socialiste pour l’élection présidentielle de 2007. Sa candidature est officialisée le 1er octobre 2006 lors d’un discours prononcé à Fleurance(Gers)(vidéo de la déclaration de candidature) en marge d’un congrès de chercheurs. Étaient en lice pour l’investiture avec lui, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn. À l’issue de la primaire interne du 16 novembre 2006, vainqueur dans son département de la Seine-Maritime, en Haute-Corse et à Mayotte, il arrive en troisième et dernière position avec 18,66 % des voix des militants et annonce dès le lendemain son ralliement à Ségolène Royal, désignée candidate du Parti socialiste dès le premier tour avec 60,65 % des voix.

Pendant la campagne de 2007, alors qu'il avait auparavant durement critiqué Ségolène Royal, il a pris sa défense au moment où elle a rencontré les premières difficultés[réf. nécessaire]. Il démissionne du bureau national du PS en juin 2007.

Il est réélu au second tour député de la quatrième circonscription de la Seine-Maritime en juin 2007, en obtenant 67,54% des voix, après en avoir rassemblé 49,87% au premier tour (meilleur score socialiste à ces élections législatives)[17]. Il contribue à cette occasion au redressement de la gauche entre les deux tours des élections législatives en ayant mis le doigt sur le projet gouvernemental de TVA sociale contre lequel l'opposition s'est mobilisée (Vidéo du dialogue entre Laurent Fabius et Jean-Louis Borloo).

Au plan local, le 3 avril 2008, il prend la tête de la communauté d'agglomération de Rouen, qu'il avait déjà occupée entre 1989 et 2000, avec comme objectif de la faire évoluer en communauté urbaine[18]. Celle-ci devient Communauté d'agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe (CREA) le 1er janvier 2010. Regroupant un peu moins de 500 000 habitants et 71 communes, c'est la première communauté d'agglomération de France par sa taille.

Retour des fabiusiens dans la majorité du PS

À l’occasion de la désignation du candidat PS pour la présidentielle de 2007, de nouveaux militants, issus notamment du courant Nouveau Parti socialiste se rallient à Laurent Fabius, comme le groupe Nouvelle Gauche de Benoît Hamon et une partie des anciens soutiens d’Arnaud Montebourg. Ces rapprochements se concrétiseront ultérieurement dans l'initiative des « Reconstructeurs » puis de la motion D du Congrès de Reims, dont la première signataire Martine Aubry est élue première secrétaire : les fabiusiens se retrouvent, pour la première fois depuis des années, dans l'axe central de la majorité. À l'occasion de la composition du secrétariat national, il reproche à Claude Bartolone de ne pas avoir obtenu suffisamment de représentants pour son courant, ce qui affaiblit la réputation de complicité entre les deux hommes[19].

Laurent Fabius intervient à l'Assemblée nationale au nom du groupe Socialiste, radical, citoyen et divers gauche, sur des sujets politiques stratégiques. Le 17 mars 2009, il défend avec force l'opposition à la réintégration de la France au sein du commandement militaire intégré de l'OTAN[20]. La sortie de ce commandement intégré avait été décidé, le 7 mars 1966, par le Général de Gaulle au nom « d'une certaine idée de la France. » Il mène également la bataille politique contre les projets gouvernementaux de réforme territoriale et de réforme des retraites (vidéo de l'intervention de Laurent Fabius sur les retraites).

Le 8 juillet 2009, Laurent Fabius défend la motion de censure visant le Gouvernement Fillon 2[21]. À cette occasion, il qualifie Nicolas Sarkozy de « monsieur chômage et monsieur déficit »[22].

Le courant des Fabiusiens

Au sein du Parti socialiste, Laurent Fabius dispose d'un courant et de nombreux soutiens attachés à sa personne. Les proches de Laurent Fabius ou ceux partageant ses idées politiques sont appelés « fabiusiens » ; ses principaux « lieutenants » sont Guillaume Bachelay, Pascale Boistard, Thomas Lardeau et de nombreux parlementaires et élus locaux.

Historiquement, les fabiusiens se sont opposés aux « rocardiens », puis aux « jospinistes », aux « hollandais », et plus récemment à Ségolène Royal.

Lors du référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005, le courant des fabiusiens a défendu le « non », malgré le vote des militants du PS en faveur de ce texte. Des fabiusiens comme Jack Lang ont à cette occasion rompu avec Laurent Fabius, pour s'en rapprocher ensuite à nouveau[23].

Les fabiusiens et les proches de Jean-Christophe Cambadélis sont les initiateurs de l'initiative des « Reconstructeurs » qui fédérera des courants épars, caricaturés d'abord comme « l'alliance de la carpe et du lapin », mais qui trouveront une cohérence aboutissant à la motion D du Congrès de Reims, dont la première signataire Martine Aubry est élue première secrétaire, replaçant les fabiusiens dans l'axe central de la majorité.

Fonctions administratives

Laurent Fabius a été élu administrateur de l'Institut François-Mitterrand.

Détail des mandats et fonctions

Mandats électifs

Mandats locaux

Mairie
Conseil général
  • Du 1er juin 2000 au 1er août 2002 : membre du conseil général de Seine-Maritime
Conseil régional

Mandats nationaux

À l'Assemblée nationale
  • Du 3 avril 1978 au 22 mai 1981 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 2 juillet 1981 au 23 juillet 1981 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 2 avril 1986 au 14 mai 1988 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 6 juin 1988 au 1er avril 1993 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 2 avril 1993 au 21 avril 1997 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 1 juin 1997 au 27 avril 2000 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Du 1er juin 2002 au 18 juin 2007 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime
  • Depuis le 19 juin 2007 : député de la 4e circonscription de Seine-Maritime

Mandat européen

Au Parlement européen

Fonctions ministérielles

  • Du 22 mai 1981 au 22 juin 1981 : ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget
  • Du 23 juin 1981 au 22 mars 1983 : ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances, chargé du Budget
  • Du 22 mars 1983 au 17 juillet 1984 : ministre de l’Industrie et de la Recherche
  • Du 19 juillet 1984 au 20 mars 1986 : Premier ministre de la République française
  • Du 27 mars 2000 au 5 mai 2002 : ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie

Fonctions politiques

Au PS
  • 1979 : Secrétaire national du PS
  • 1977 : Membre du comité directeur au titre de la motion 1 (F. Mitterrand)
  • 1978 : Délégué général du PS Membre de la commission « projet socialiste »
  • 1978 : Secrétaire législatif au sein du groupe socialiste à l’Assemblée nationale
  • 1979 : Secrétaire national à la presse et porte parole. Membre du bureau national et du comité directeur.
  • 1981-1986 : Membre du bureau national et du comité directeur
  • 1986-1988 : Secrétaire national à l’éducation
  • 1988-1992 : Membre du bureau national et du comité directeur
  • 1992-1993 : Premier secrétaire du PS
  • 1993-2002 : Membre du bureau national et du conseil national
  • 2002 - 2005 : Secrétaire national du PS, chargé des élus et du territoire
  • 2006 - 2007 : Membre du bureau national
  • Depuis 2009 : Membre du bureau national

Bibliographie

Ouvrages de Laurent Fabius

  • La France inégale (1975)
  • Le Cœur du futur (1985)
  • C’est en allant vers la mer (1990)
  • Les Blessures de la vérité (1995) : prix du livre politique en 1996
  • Cela commence par une balade (2003)
  • Une certaine idée de l’Europe (2004)
  • La reconstruction de la gauche ?, avec Alain Finkielkraut, Forum Libération de Grenoble, sur CD audio (2008)
  • Le Cabinet des douze (2010) - Prix Montaigne de Bordeaux 2011[24]

Ouvrages sur Laurent Fabius

  • Les Brûlures d’une ambition, de Jean-Gabriel Frédet, Hachette Littérature, 2002.
  • L’Homme qui voulait être président, de Jean-Michel Helvig, Robert Laffont, 2006.

Décorations

Notes et références

  1. « …Le nom de Fabius, explique Laurent dans Les Blessures de la vérité (Hachette Littératures, Paris, 2002), remonte à son arrière-arrière-grand-père Joseph, né en Moselle, commis-marchand de son état, qui s'appelait en réalité Lion et choisit de prendre Fabius comme patronyme lorsqu'en 1808 les Juifs reçurent le droit de porter un nom de famille… » [1]
  2. Marie-Odile Mergnac, Histoire familiale des hommes politiques français, p. 100, Archives & culture, 1997.
  3. Marie-Odile Mergnac, Histoire familiale des hommes politiques français, p. 100, Archives & culture, 1997
  4. Décès de la mère de Laurent Fabius, paris-normandie.fr, 12 mai 2010.
  5. Laurent Fabius, Les Blessures de la vérité (Hachette Littératures, Paris, 2002)
  6. http://fr.linkedin.com/pub/victor-fabius/11/7b1/698
  7. Robert Prot, Précis d'histoire de la radio et de la télévision, L'Harmattan, 2007, p. 209.
  8. Jean-Gabriel Fredet, Les Brûlures d’une ambition, Hachette Littératures, 2002
  9. http://www.mitterrand.org/1983-affronter-la-crise.html
  10. http://www.archives.premier-ministre.gouv.fr/villepin/acteurs/premier_ministre/histoire_chefs_gouvernement_28/laurent_fabius_245/discours_politique_generale_laurent_50371.html
  11. Marianne2007.info
  12. France-politique.fr
  13. Interieur.gouv.fr
  14. Laurent Fabius dit : « Avoue que tu as des ambitions présidentielles et que c'est pour ça que tu cherches à m'éliminer » ce à quoi Jospin réplique « Nous allons devoir nous supporter encore longtemps. À moins que les hasards de la vie n'en décident pour nous. » en faisant allusion à l'accident de voiture dans lequel Jean-Pierre Stirbois, le numéro deux du Front national venait de trouver la mort le 5 novembre 1988.
  15. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_fran%C3%A7ais_sur_le_trait%C3%A9_%C3%A9tablissant_une_Constitution_pour_l%27Europe
  16. Une certaine idée de l'Europe, Essai, Plon, 2004
  17. Résultats des élections législatives, Ministère de l'Intérieur, 17 juin 2007. Consulté le 9 mars 2010
  18. « Avec un projet de vaste Communauté urbaine, Laurent Fabius reprend les commandes de l'agglomération de Rouen », DrakkarOnLine, 3 avril 2008
  19. Les humeurs de Laurent Fabius, Le Parisien, mardi 10 février 2009, page 6.
  20. http://dai.ly/dneaTL
  21. voir LeMonde.fr: « Laurent Fabius va défendre la motion de censure contre le gouvernement »
  22. voir nouvelobs.com: « L'Assemblée rejette la motion de censure du PS »
  23. http://www.paris-normandie.fr/actu/presidentielle-2012-jack-lang-voit-fabius-comme-le-meilleur-candidat-du-ps
  24. Le prix Montaigne récompense Laurent Fabius sur http://www.livreshebdo.fr, 6/04/2011. Consulté le 6/04/2011

Voir aussi

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Articles connexes

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