Larbaa Nath Irathen

Larbaa Nath Irathen

Larbaâ Nath Irathen

Larbaâ Nath Irathen[1] est une ville du nord de l'Algérie située au coeur de la Haute- Kabylie, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Elle est à la fois le chef-lieu de la commune et de la daïra du même nom. La commune de L.N.I s'étend sur 39,27km2 et compte 31.133 habitants (2008) repartis entre un ensemble de villages dont Taourirt Amokrane qui serait l'un des villages les plus peuplés de Kabylie. La ville de L.N.I culmine à 927m d'altitude. Cette commune est limitée territorialement par Taɣiwant n Tizi-Raced Tizi-Rached au Nord, taɣiwant n At-Umalu Aït Oumalou et Taɣiwant n At-Ɛegwaca Aït Aggouacha à l'Est, Taɣiwant At-Yanni Beni Yenni au Sud, Taɣiwant At-Maḥmud Ait Mahmoud et Taɣiwant n Yirjen Irjen à l'Ouest.

Sommaire

Les villages de la commune de L.N.I

  • Abudid (Aboudid)
  • Aduz (Adhouz)
  • Afensu (Afensou)
  • Agni Tɣermin (Agouni Tghermine)
  • Agelmim (Aguelmime)
  • Agemun (Aguemoune)
  • At Ɛli (Ait Ali)
  • At Ɛtelli (Ait Atelli)
  • At Fraḥ (Ait Frah)
  • Iɛezzuzen (Azzouza)
  • Lḥemmam (El Hemmam)
  • Lqenṭra (El Kentra)
  • Iɣil n Yefri (Ighil Guefri)
  • Iɣil Tazert (Ighil Tazert)
  • Imɛinsṛen (Imainsren)
  • Imaɛtuqen (Imatouken)
  • Tagemut n Wedfel (Taguemout Boudfel)
  • Tansawt (Tansaout)
  • Tawrirt Meqran (Taourirt Amokrane)
  • Tawrirt Lalla (Taourirt Lalla)
  • Taza
  • Tiɣilt Lḥaǧ Ɛli (Tighilt Lhadj Ali)

La Sous-Prefecture (daïra) de L.N.I

La daira (sous-préfecture)de Larbaa Nath Iraten compte trois communes : Larbaa Nath Irathen, Aït Aggouacha et Irjen.

Divers

La région environnante est connue pour la beauté de ses paysages, la fabrication de poteries artisanales, la culture des cerises mais aussi, et surtout, pour sa tradition guerrière. L.N.I organise chaque année la fête nationale de la cerise.

Étymologie

Deux thèses s'affrontent quant à l'origine du nom des Ait Iraten.

La première est, dit-on, liée à l'histoire de cette confédération qui se composait au départ de quatre tribus (rebâa n At Yiraten) que sont les At Akerma, les At Irjen, les At Ousammer et les At Oumalou dont At Aggouacha faisait partie. Cette dernière faction s'est détachée pour constituer une tribu à part suite aux turbulences qui étaient nées des divergences entre les çofs (clans)existants dans la même tribu mère, celle d'At Oumalou. On prétend que cette scission remonte à l'époque de l'invasion hillalienne et son corolaire. D'ailleurs le nom d'At Aggouacha viendrait de celui des At Ouqacha qui étaient justement opposés aux envahisseurs arabes qu'ils combattirent sans succès, se résignant à la fin à se réfugier en montagne là où leurs ennemis ne pourraient jamais les atteindre pour les astreindre Le marché hebdomadaire instauré après que son déroulement fut décidé vers cette place centrale de choix à cause des troubles que connaissait la place d'Agouni Tberratt où il se déroulait le mercredi comme toujours.Il est peut-être utile de préciser que l'emplacement premier sur lequel se déroulait le marché confédératif chez les At Iraten, autrement Agouni Tberratt, se situe entre les actuelles agglomérations d'Aguemoun et d'Imaïnesren, non loin du suivant dénommé Souk Larbâa après qu'il fut connu sous le nom d'Agouni Tcharchourt (le plateau de la source)synthétisé après enquêtes sur le terrain.

La seconde thèse est la suivante : Son nom viendrait du terme d'origine arabe : al-ārbaā, أربع « quatre » inclus dans le langage kabyle d'où larbεa ), pour le quatrième jour de la semaine (mercredi) أربعاء, jour de marché, et d'appartenance et At Iraten, « des gens des At'Irathen », une grande confédération de tribus du Djurdjura faisant partie des Quinquegentiens et de même citée par le grand historien AbderrahmaneIbn Khaldoun dans ses œuvres sur l'histoire du Maghreb. Irathen (en Tamazight) signifie « les lions » (le lionceau se dit « izem » pl : izmawen*); par contre le lion a plusieurs appellations : iher (pl : ihran),abelhiret, ayrad (pl : ayraden), irat donnant le pluriel ira ou « iraten » : les lions.* De nos jours, non seulement on fait amalgame entre ces différentes appellations données au lion, mais il ne reste presque plus que izem pour désigner le grand félin, autrement le roi des animaux dont le souvenir de la présence était encore vivace chez les vieux villageois.

Nota: Il est important de souligner que nous retrouvons le nom Yarnaten figurant sur une carte intitulée : "Carte d’Algérie et les centres des tribus au VIIIe siècle de l’hégire". Cette tribu mentionnée sur la même carte-parchemin est située à mi-distance entre Ksar Boukhari et Boura Sahari. S'agit-il bien de la même qui, par glissement, comme c’est le cas pour plusieurs autres appellations du genre à travers la sphère nord-africaine, a pris une autre forme ou tournure ?

Histoire

L absence de sources scripturaires anciennes ne facilite pas l'écriture de l'histoire de cette contrée qui fait partie des plus remuantes confédérations du Djurdjura que l'histoire cite parmi les cinq tribus du mont Ferratus.

Située sur un relief tourmenté et très accidenté, la confédération des At Iraten est située au Nord de la chaîne montagneuse du Djurdjura, plutôt à ses avants-postes. Tous ses voisins, à l'image d'At Jennad, At Ouaguennoun au nord (en plaine), At Mahmoud, At Aissi, At Douala, à l'Ouest, At Yanni, au Sud-Ouest, At Manguellat, au Sud, At Fraoucen des alliés traditionnels, à l'Est, subissaient plus ou moins son influence pour avoir été solidaire quand se présente un danger extérieur. Tous les envahisseurs qui ont tenté s'installer dans le territoire proprement considéré kabyle ont en eu pour leur compte. Les belliqueux montagnards s'ils ne combattent pas soutiennent ceux des plaines dans leurs résistances et luttes de manière directe ou indirecte.

Les Turcs qui se prévalaient des protecteurs 'musulmans' venus prendre soin de leurs frères en cette contrée nord-africaine connurent différentes fortunes.

Seul le caïd turc Ali Khodja était parvenu à 'apprivoiser' un tant soit peu les Kabyles en créant des bordjs (fortins) qu'il a égrainé à des distances à peu près égales les unes des autres dans la plaine kabyle : nous citons Bordj Boghni, Bordj Sébaou, Bordj Ménaïel.. Mais jamais en montagne. Et justement, pour attirer afin de concurrencer l'économie des belliqueux il créa le marché du samedi, appelé Sebt El Khodja, dans l'actuelle cité de Tizi Ouzou.

Un de ses successeurs, en la personne de Mohammed Ed-Debbah voulut réussir là où les autres ont échoué : soumettre coûte que coûte et par la force cette montagne insolente. Pour ce faire, il décida de commencer sa campagne aventurière à la tête de son armée, lui qui venait d'être élevé au grade de bey du Titteri à partir de 1750, par les At Iraten qu'il croyait connaître comme personne pour avoir été élève dans l'une de leur zaouia (école coranique qu'il fréquenta dès son jeune âge à Adeni).

À peine s'était-il engouffré de quelques centaines de mètres, escaladant les escarpements du village d'Adeni, qu'il fut abattu par un commandos qui l'attendaient près de Tala n Semdha. Sa mort fut gardée secrète pendant quelques jours pour permettre à ses soldats, à qui on invoqua un malaise de leur chef, de se retirer dans la discipline. Mohammed Ed-Debbah (l'égorgeur ?) fut inhumé sur la route d'Alger, près de l'ex Rebeval (Si Mustapha). La maison de sa sépulture est de nos jours en ruines.

La seule puissance qui réussit à dominer les At Iraten, avec eux tout le Djurdjura mettant fin à leur sacrosainte indépendance est la France coloniale. Plusieurs expéditions et incursions furent organisées et tentées sur la région. Seules les tribus de plaine furent vaincues et encore; à chaque fois, sous l'impulsion et les encouragements des montagnards, elles se déclaraient insoumises. 1854 a vu Randon, alors gouverneur général de l'Algérie, conduire en personne une armée vers le cœur du Djurdjura, passant par Boubhir, poursuivant Boubaghla réfugié chez les At Illilten. Cette expédition échoua lamentablement et les contingents des montagnards, sous l'impulsion de Lalla Fadhma n Soummeur pourchassèrent l'ennemi jusqu'aux limites de Tizi Ouzou.

Après avoir doté le centre colonial de Tizi Ouzou d'une garnison assez rassurante en 1855 et une fois la guerre de Crimée terminée, Randon, qui a reçu le feu vert de son gouvernement pour une expédition d'envergure sur le Djurdjura, réunit un arsenal jamais égalé dans l'histoire du pays. Cette fois-ci, il était décidé à en finir pour toujours avec les belliqueux repliés sur cette zone de montagnes, la dernière citadelle indépendante dans le nord du pays qui continuait à narguer la puissance coloniale.

Cette dernière réunit mai 1857, trois divisions en face des montagnes des At Iraten. L'attaque a lieu le 24 mai à l'aube , jour de l'Aïd El Fitr (fête de rupture du jeûne chez les Musulmans). Les At Iraten sont battus après avoir livré de farouches combats qui causérent des pertes sensibles à l'assaillant puissamment armé ( artillerie et fusées de montagne) et doté d' effectifs considérables (35000 hommes de troupes sans compter les auxiliaires et autres supplétifs qui suivaient leur marche pour achever la manœuvre destructrice.

Le 28 mai, la place de Souk Larbâa est livrée par les At Iraten à leurs vainqueurs. Icharîouène, village situé au voisinage de la place forte des At Iraten payera lui aussi le tribut de la dépossession et du sequestre . Ses habitants, dont la famille du plus célèbre poète kabyle , Si Muh U M'Hand, seront déplacés, éparpillés dont le plus gros noyau s'installa au-dessus de l'actuel Tizi -Rached, transposant le nom de leur cité sur celui de Tachraïhit, les propriétés expropriées à la famille du chef incontesté des At Iraten lors de cette résistance : Cheikh Seddik Arab que Randon pourchassait depuis les premiers moments de son gouvernorat. Néanmoins, en dépit des tourments qu'il lui causa, dans ses mémoires il dit de Cheikh Seddik, à juste titre, être 'la tête et le bras des Beni-Raten'. En vérité il l'est au-delà des frontières qu'il voulait imposer à son influence guerrière plus que religieuse , étant un homme qui a toujours prôné la résistance contre tout envahisseur quelle que soit sa provenance.

Le 14 juin, jour anniversaire du débarquement français dans la baie de Sidi Ferredj en 1830, au milieu de ses milliers de soldats triomphants sur les montagnards, dans une solennité des grands jours pour une armée de conquête, dépose officiellement la première pierre, annonçant par là le départ des travaux de construction de la forteresse conçue suivant le système Vauban par le général du génie militaire, Chabaud-Latour, qui faisait partie du corps expéditionnaire.

Le 24 juin, on suspend tous les travaux pour attaquer la position kabyle retranchée d'Icherriden et le 25 les At Yenni puis la marche irrésistible des trois divisions commandées par les généraux d'expérience : Renault, la première, de Mac-Mahon, la seconde, Jusuf, la troisième sans se soucier de ce que la population endurait depuis le départ des hostilités.

En 1858, Fort-Napoléon (la forteresse baptisée du nom de l'empereur) fut érigé par décret impérial en cercle englobant quasiment toute la montagne du nord du Djurdjura. C'est en 1873 que furent créées deux communes : l'une mixte de Fort National (à la chute du régime impérial et la proclamation de la république en septembre 1870, cette ville-garnison avait été rebaptisée) en ceignant une bonne partie du territoire des At Akerma et celui des At Ousammeur dans son intégralité). L'autre, dite de Plein exercice (P.E) va de Kouriet chez les At Sedka jusqu'à Ighallen et At Khelili (en partie chez les At Fraoucen).


Ath Iraten opposa une résistance farouche à la conquête de l'Algérie. Elle est la dernière région du Nord de l'Algérie à tomber aux mains des Français. Le maréchal Randon finit ainsi la conquête de la Kabylie. Un arc de triomphe fut d'ailleurs construit pour célébrer cette victoire difficilement obtenue (l'arc de triomphe est toujours visible aujourd'hui, il porte le millésime 1857).

Située sur les flancs du Djurdjura à l'Est de Tizi Ouzou, idéalement perchée sur un piton rocheux, c'était le lieu stratégique pour construire un fort. C'est ainsi qu'en 1857, sous le régime de Napoléon III, lors de la conquête difficile de la Kabylie, le général Flattot de Chabaud-Latour décida de construire sur l'ancien village de Icharîwen où serait né le fameux poète berbère Si Mohand, un fort qu'il nomma le Fort-Napoléon et construisit une route pour le relier à la ville de Tizi Ouzou.C'est sur le territoire de cette grande confédération que vit le jour la première école ,au village de Tamazirt précisément.Grâce à la scolarisation précoce que connut la région elle fut une grande pourvoyeuse d'instituteurs qui accélérèrent son évolution parmi lesquels furent issus les tout premiers berbérisants Algériens Boulifa et Lechani originaires des Irjen.

Par la suite, la ville s'agrandit peu à peu et devint un centre de colonisation sensible .Elle fut débaptisée Fort-National sous la Troisième République et bénéficia en 1946 des premières franchises municipales à l'initiative de M S Lechani soutenu par le Gouverneur socialiste Chataigneau.Plus tard, à l'indépendance, la cité reprit son nom originel de Larbaâ Nath Iraten.

Larbaâ Nath Iraten a signé des accords de coopération avec la ville de Saint-Denis en France. En juin 2001, lors du printemps noir, la ville est le lieu d'affrontements entre la population et les gendarmes, qui font onze morts et une dizaine de blessés.


Personnages historiques de la région

Jumelages

Saint-Denis, France

Références

Voir aussi

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