Lagash

Lagash
Lagash
(ar) لجش ou لكش
Localisation
Pays Drapeau d'Irak Irak
Province Dhi Qar
Coordonnées 31° 24′ 46″ Nord
       46° 24′ 30″ Est
/ 31.412696, 46.40831
Localisation des villes de l'État de Lagash (en rouge).
Localisation des villes de l'État de Lagash (en rouge).
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Lagash
Lagash

Lagash est une ancienne ville du pays de Sumer, en Basse Mésopotamie, et un royaume dont elle était au moins à l'origine la capitale. Cette ancienne cité-État comprenait, en plus de la ville éponyme, située sur le site actuel d'Al-Hiba, Girsu (le site actuel de Tello), ville sainte où se trouve le sanctuaire de la divinité tutélaire du royaume, Ningirsu, et d'où proviennent la plupart des découvertes archéologiques et épigraphiques qui nous permettent de connaître l'histoire du royaume de Lagash. La période couverte par les découvertes effectuées sur les deux sites principaux du royaume correspond à environ cinq siècles, de 2500 à 2000 avant J.-C. Cela recouvre trois périodes de l'histoire mésopotamienne : le Dynastique archaïque IIIB (DA IIIB, 2500-2340), la période d'Akkad (2340-2150), et la période néo-sumérienne (2150-2000). Cet État et sa région est le mieux connu de Basse Mésopotamie pour la seconde moitié du IIIe millénaire, nous fournissant une documentation inestimable sur la civilisation sumérienne, qui a principalement été redécouverte grâce aux fouilles de Tello accomplies à partir de 1877. Cela concerne aussi bien le domaine de l'art, grâce aux nombreuses œuvres exhumées sur place, ainsi que les conceptions religieuses et politiques sumériennes, et l'économie et la société, documentée par des milliers de tablettes administratives retrouvées à Tello.

Sommaire

Géographie de l'État de Lagash

Les principales villes de Basse Mésopotamie à la période des Dynasties archaïques.

L'État de Lagash est situé au sud-est du pays de Sumer. Durant le IIIe millénaire, son territoire est traversé par une branche de l'Euphrate qui va se jeter dans le golfe Persique, qui constitue la limite méridionale du royaume, le rivage étant alors plus avancé qu'aujourd'hui. C'est une région très marécageuse, notamment sur le littoral.

Le long du cours du fleuve se trouvent les trois cités principales du royaume. Lagash (site actuel de Al-Hiba), cité éponyme, se trouve en gros au centre. C'est à partir d'elle que s'est formé la cité-État qui porte son nom. Plus au nord, on trouve Girsu (Tello), qui est le lieu de résidence du dieu local Ningirsu, et donc en quelque sorte la capitale religieuse du royaume. Il est probable qu'elle soit devenue aux époques qui nous sont documentées la capitale politique du royaume en lieu et place de Lagash. Au sud enfin se trouve la ville de Nigin (Zurghul), troisième centre urbain du royaume, non fouillée, qui semble alors être un port ouvert sur le Golfe persique qui est parcouru par des circuits d'échanges dynamiques durant la seconde moitié du IIIe millénaire.

Les limites nord et sud du royaume sont deux espaces qui prennent une grande importance au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire par leur dynamisme. Au sud, le GU.ABBA, le « bord de la mer », est la région maritime. Au nord, le GU.EDEN.NA, le « bord de la steppe », est un espace irrigué très prospère contrôlé par Girsu. C'est l'espace frontalier avec le territoire de l'État d'Umma, âprement disputé au cours de la fin de la période des Dynasties archaïques.

Histoire

La Première dynastie de Lagash

Article connexe : Conflits entre Lagash et Umma.

Le roi Ur-Nanshe est vers 2520 le fondateur d'une nouvelle « dynastie » à Lagash (en fait une série de rois qui ne sont pas forcément liés par des liens familiaux). C'est avec lui et ses successeurs que l'on est pour la première fois bien renseigné sur l'histoire du pays de Sumer, grâce aux nombreuses inscriptions royales et archives retrouvées à Girsu pour cette période[1]. Lagash est alors apparemment l'une des cités-État les plus puissantes de Basse Mésopotamie, alors que Kish ou Uruk entrent dans une phase de déclin. Il faut toutefois prendre garde aux sources produites par l'entourage du roi, aussi bien visuelles qu'épigraphiques (les deux pouvant être associés comme sur la Stèle des vautours d'Eannatum). En dépit des qualités historiographiques de certaines d'entre elles (cônes d'Entemena et d'Urukagina notamment) elles sont toujours biaisées et présentent l'histoire dans le sens des souverains de Lagash, alors que de telles sources ne sont pas disponibles pour les autres royaumes contemporains.

Stèle des vautours, face, registre supérieur : la « phalange » de l'armée de Lagash triomphant des troupes d'Umma, sous le règne d'Eannatum.

Les rois de Lagash sont en lutte quasi-permanente contre son voisin septentrional, Umma, autre royaume qui s'affirme à cette époque, pour la possession d'un territoire frontalier[2]. Ce long conflit dure près de trois siècles, et Lagash connaît tantôt des victoires, tantôt des défaites. Le plus grand souverain de la période est Eannatum, qui écrase l'armée d'Umma et défait même une coalition regroupant la plupart des souverains de Mésopotamie. Lagash atteint alors son apogée. Son successeur Enannatum est quant à lui vaincu par le roi d'Umma, mais son fils Entemena le venge et prend la ville ennemie. Lagash connaît alors une phase de déclin, et vers 2350, un usurpateur monte sur le trône : Urukagina. Il aurait rétabli la paix sociale dans son pays, mais il connaît cependant la défaite face au roi Lugal-zagezi d'Umma.

Les derniers règnes des rois de la Première dynastie de Lagash sont abondamment documentés du point de vue des archives administratives retrouvées à Girsu. Ces archives sont essentiellement celles des temples de Ningirsu et de sa parèdre Bau.

L'Empire d'Akkad

La domination de Lugal-zagesi s'achève par sa défaite contre Sargon d'Akkad vers 2340. Il est possible qu'Urukagina se soit rallié à ce dernier, car une personne de ce nom est mentionnée dans l'obélisque de Manishtusu, petit-fils de Sargon, parmi les bénéficiaires de donations, donc un proche du roi.

Sous la domination d'Akkad, Lagash est la capitale d'une province dont les limites devaient correspondre à l'ancien royaume.

La Seconde dynastie de Lagash

Article connexe : Gudea.
Statuette du roi de Gudea de Lagash, XXIIe siècle.

L'empire d'Akkad s'effondre vers 2200. Lagash retrouve alors son indépendance, et une nouvelle dynastie est fondée par Gudea, qui règne vers 2120. Ce souverain est surtout connu par son patronage dans le domaine architectural et artistique que par ses actions militaires, seule une victoire contre l'Élam étant à mettre à son actif. Il a laissé plus d'une centaine d'inscriptions de longueurs variables, allant de longs textes jusqu'à des phrases laconiques, dont certaines sur des sculptures le représentant. Toutes ces réalisations cherchent à commémorer la gloire de son œuvre et des dieux qu'il honore[3]. À Girsu, Gudea a ainsi restauré la plupart des temples, et en a construit de nouveaux, dont le temple du dieu Ningirsu, l'Eninnu, qui n'a pu être dégagé en partie du fait de la maladresse des archéologues français ayant fouillé Tello. Restent en revanche les statues le représentant, qui se trouvent actuellement au Musée du Louvre et qui constituent le fleuron de la statuaire sumérienne, ayant préservé l'image et le discours de ce roi sur plusieurs millénaires.

Lagash sous la Troisième dynastie d'Ur et les périodes tardives

Le règne de Gudea précède de peu ou bien est contemporain de celui d'Ur-Nammu, qui fonde le royaume d'Ur III. Lagash passe sous son contrôle, et le royaume redevient une province. On sait par la documentation de cette période que la région qu'elle domine est l'une des plus prospères de l'Empire, notamment par sa participation importante au système du BALA.

Après l'effondrement de celui-ci un siècle plus tard, une nouvelle dynastie tente de faire revivre la grandeur de Lagash, mais elle se laisse vite subjuguer par les royaumes voisins. Dès lors, Lagash n'occupe plus une place importante dans l'histoire de la Mésopotamie. Les villes de l'État sont désertées au XVIIe siècle, avant d'être repeuplée plus tard. Quelques constructions datées du IIe siècle ont été retrouvées à Girsu, mais la ville est abandonnée peu après, alors que Lagash est déjà déserte depuis longtemps.

En dépit de son importance pour la période des Dynasties archaïques, le royaume de Lagash fait partie des oubliés de la tradition historiographique mésopotamienne : aucune de ses dynasties ne se retrouve dans la Liste royale sumérienne, et la mémoire de ses souverains s'est perdue.

Les sites

Les sources nous permettant de connaître l'ancienne région de Lagash proviennent en majorité du site de Tello, qui a livré de nombreuses inscriptions royales et tablettes d'argiles inscrites, ainsi qu'une quantité importante d'objets d'art. En revanche les restes architecturaux du site ont été anéantis par les fouilleurs du XIXe siècle qui ne savaient pas reconnaître les structures en brique crue (qui n'étaient de toute manière pas leur priorité). On a longtemps identifié ce site comme étant la ville de Lagash elle-même, mais il s'est finalement avéré qu'il s'agissait de Girsu, suite aux recherches de Thorkild Jacobsen[4]. Lagash se trouvait sous les ruines du vaste Tell Al-Hiba (480 hectares), plus au sud, déjà repéré à la fin du XIXe siècle par l'archéologue allemand Robert Koldewey, et a été fouillé plus tardivement, à partir de 1968.

Girsu/Tello

Le site archéologique de Tello est situé entre le Tigre et le Shatt el-Haï. Il est de forme ovale, couvrant environ 100 hectares. C'était la capitale religieuse, résidence du dieu dynastique Ningirsu, et probablement aussi la capitale politique, pour l'époque qui nous est bien documentée (à partir du Dynastique archaïque III, c. 2500 av. J.-C.).

Tello est fouillé à partir de 1877 par Ernest Choquin de Sarzec, vice-consul de France à Bassorah. La découverte de ce site et surtout des tablettes qui y reposaient a permis d’établir avec certitude l’existence de la civilisation sumérienne, dont certains (avant tout François Thureau-Dangin) supposaient déjà l’existence à la lumière des découvertes effectuées sur les sites datant des époques ultérieures. Les premières campagnes de fouilles sont souvent interrompues (en particulier de 1881 à 1888), notamment par la violence endémique dans la région de Bassorah. Pendant les arrêts des recherches, des clandestins exhument des objets et tablettes pour les revendre sur les marchés locaux. Cela, ajouté à la faible expérience des bâtiments en briques crues qu’ont les archéologues de l’époque, fait que les ruines du site de Tello ont été rapidement très dégradées, et sont de ce fait mal connues. C’est avant tout l’impressionnante masse d’objets d’arts et de tablettes qui fait de ce site un des plus importants de l’histoire de la redécouverte de la Mésopotamie antique. À partir de 1903, Gaston Cros, officier de l’armée française, prend la direction des fouilles, jusqu’en 1909. Après une longue interruption, l’abbé Henri de Genouillac fouille le site de 1928 à 1931, avant d’être relayé par André Parrot pour deux campagnes, en 1932 et 1933. En tout, Tello a connu vingt campagnes de fouilles[5].

Cône d'argile commémorant une victoire militaire du roi Eannatum, c. 2340 av. J.-C..

Un sondage effectué sous la direction de H. de Genouillac a révélé que le site était habité depuis l'époque d'Obeid, et encore à la période d'Uruk, dont on n'a cependant dégagé aucun édifice. La période suivante, celle des Dynasties archaïques (DA) est beaucoup mieux connue, tant par l'archéologie que par les textes. Au DA II et III, le cœur du site se trouve sur le « Tell K », au centre du tell. S'y trouve le temple du dieu local, Ningirsu (le « Seigneur de Girsu »). Le niveau le plus ancien du temple remonte au DA I : le temple est construit en briques planoconvexes typiques de la période, et est constitué de deux petites salles. Il est remanié par la suite, sans doute vers la fin du DA II, en étant enchâssé dans un massif en briques cuites. L'édifice est reconstruit par le roi Ur-Nanshe vers 2500, toujours selon la même organisation, autour de deux salles, et reste de taille réduite (10,80 x 7,30 m). Il est le premier à y laisser des briques inscrites commémorant son œuvre de construction. Plusieurs reliefs perforés à son nom, à vocation votive, ont été retrouvés. Ses successeurs aménagèrent les alentours du temple : construction de puits, de canalisations, bassins, ainsi qu'un « massif » construit par Enmetena, où on a exhumé un vase en argent au nom de ce souverain ainsi qu'un relief perforé voué par le prêtre Dudu, haut personnage du royaume de Lagash. Les premiers textes historiques importants de l'histoire mésopotamienne sont de ces périodes : la Stèle des vautours d'Eannatum, les cônes d’Entemena et d'Urukagina. Le règne de ce dernier marque la fin de la période des Dynasties archaïques. C'est de ces années-là que datent la plupart des archives administratives nous informant sur la vie économique et sociale du premier royaume de Lagash, dont environ 2 000 tablettes des archives du temple de Bau (voir plus bas).

Les conquêtes de Lugal-zagesi d'Umma et de Sargon d'Akkad marquent la fin de l’indépendance de Lagash, mais Girsu reste la capitale de la région, reléguée au rang de province. Si on a retrouvé des tablettes de cette période, aucun monument n’a été identifié comme spécifique à celle-ci. Quelques objets ont été exhumés, notamment un relief perforé au nom d’une fille de Naram-Sîn d'Akkad.

Stèle représentant le roi Gudea de Lagash.

Après le retour à l'indépendance, vers le milieu du XXIIe siècle le roi Gudea entreprend une série d'importantes constructions, qui nous sont connues par plus d'une centaines d'inscriptions de longueur variable les commémorant. Une partie se trouve sur la vingtaine de statues en diorite le représentant exhumées à Tello, ainsi que sur des stèles en calcaire. Sa plus grande construction, le temple de Ningirsu, l’E.NINNU, est à situer sur le « Tell du Palais », au nord de l'ancien temple. Néanmoins, l'édifice n’a pas survécu à l'épreuve du temps, de même que le reste des constructions de Gudea. Son successeur Ur-Ningirsu II édifie un bâtiment d’abord identifié comme étant un « hypogée » monumental, en briques cuites, composé de deux ensembles, chacun organisé autour d’une grande salle rectangulaire, séparés par un long couloir pavé de briques ; il s'agit en fait peut-être d’un aménagement hydraulique.

Par la suite, les rois Troisième dynastie d'Ur restaurent les temples de Girsu. Les nombreuses tablettes administratives retrouvées à Tello datant de cette époque montrent que la région est l'une des plus riches de ce royaume. Le début du IIe millénaire (période paléo-babylonienne) voit un lent déclin de la cité, finalement désertée vers le XVIIe siècle, quand elle fait partie du royaume de Babylone, alors qu'une crise frappe de nombreuses cités sumériennes (Eridu, Uruk, Nippur, etc.) et contribue de la même manière à leur abandon.

Girsu connaît un renouveau au IIe siècle av. J.‑C., en même temps que tout l'extrême sud de la Mésopotamie. Un petit potentat local, Adad-nadin-ahhe, y construit un petit palais, encore utilisé au début de notre ère (au moins jusqu’à l’époque des expéditions de Trajan), et le commémore par des inscriptions en alphabet araméen.

Lagash/Al-Hiba

Le vaste site de Al-Hiba (600 hectares, soit l'un des plus étendus de la Mésopotamie antique), la ville de Lagash, est situé à 25 kilomètres au sud-est de Tello. Exploré par l'allemand Robert Koldewey en 1887, il a fait l'objet de fouilles plus ambitieuses à partir de 1968 et jusqu'au début des années 1980 par une équipe américaine. Les découvertes épigraphiques et artistiques y furent moins fructueuses que celles de Tello, confirmant la prééminence de Girsu durant les époques qui nous sont bien documentées[6]. Mais en revanche des bâtiments d'un certain intérêt y ont été exhumés[7].

Le plus remarquable est le temple dédié à la déesse Inanna, l'IB.GAL, datant du DA III, enfermé dans une enceinte ovale, comme le temple contemporain de Khafadje dans la vallée de la Diyala. L'autre grand temple de la cité était celui du dieu local Ningirsu, l'É.BA.GARÁ. Des restes d'une vaste plate-forme en briques indiquent qu'une ziggurat avait peut-être été construite sur le site. Les niveaux les plus récents du site remontent à la période paléo-babylonienne (première moitié du IIe millénaire).

Nigin/Zurghul

La troisième grande agglomération de l'État de Lagash, Nigin, se trouvait sur l'actuel site de Zurghul à environ 10 kilomètres au sud de Al-Hiba. Ce tell d'environ 65 hectares a fait l'objet de quelques fouilles en 1887 sous la direction de Robert Koldewey en même temps qu'il explorait le site de la ville éponyme de l'État. Les trouvailles y furent de ce fait limitées : des objets des périodes d'Obeid et d'Uruk, et surtout des niveaux du IIIe millénaire comme sur les deux sites voisins. Des inscriptions de Enanatum Ier et Gudea indiquent qu'ils ont restauré le temple de la déesse Nanshe, divinité tutélaire de cette ville.

Organisation politique

La situation politique du royaume de Lagash varie bien entendu grandement selon si on est à une période d'indépendance politique ou au contraire à une période durant laquelle la région est incorporée dans un grand empire. Pourtant, le cadre territorial comme les structures d'encadrement restent relativement stables.

Quand Lagash est un royaume indépendant, il est dirigé par un roi, qui porte le titre sumérien d'ENSI, signifiant « vicaire ». Ceci reflète l'idéologie politique mésopotamienne : le pouvoir appartient en réalité aux dieux, dans ce cas, Ningirsu, considéré comme la véritable maître du royaume, et le souverain terrestre n'est que son représentant, il lui doit son pouvoir. Il arrive aussi que les souverains portent le titre de LUGAL, « grand homme », qui lui n'a aucune connotation religieuse. Les rois ont une épouse principale, qui occcupe une place importante dans la vie du royaume. Le reste des structures politiques du royaume de Lagash sont mal connues. Le gouvernement s'appuie sur une bureaucratie relevant du palais, mais également des temples, qui sont plus ou moins contrôlés par le pouvoir royal.

La conquête de Lagash par Sargon d'Akkad renvoie ce territoire au simple rang de province de l'Empire d'Akkad, et cette situation se reproduit au début de la Troisième dynastie d'Ur. Le cadre territorial reste inchangé, et le pouvoir est toujours exercé depuis Girsu, qui a livré des archives venant des gouverneurs provinciaux de ces deux périodes. Ceux-ci portent le titre d'ENSI, devenu dans ces empires un poste administratif. Ces personnages dirigent l'administration de la province, et se chargent des activités des grands organismes qui gèrent les activités économiques (avant tous les temples pour ce qui concerne Lagash). Ils s'assurent de la disponibilité des productions des grands domaines et ateliers pour l'administration centrale. La prospérité de la région de Lagash en fait en effet un pivot de chacun des deux Empires. Les épouses des gouverneurs s'inscrivent elles aussi dans la continuité des reines de l'époque archaïques, tant pour les fonctions administratives que religieuses.

Économie et société

Fragment de cône d'argile inscrit mentionnant le creusement d'un canal par Urukagina.

Les archives retrouvées à Girsu nous donnent une image de la prospérité économique de la région de Lagash au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire[8]. Les trois principales cités sont situées sur une branche de l'Euphrate, qui sert de source pour un important réseau d'irrigation qui donne naissance à une des plus riches régions agricoles du pays de Sumer. On sait par leurs inscriptions que les souverains ont activement participé à l'entretien de ce système si vital pour leur royaume, et c'est d'ailleurs autour d'un terroir irrigué que se noue l'intrigue des conflits opposant les souverains archaïques de Lagash à ceux d'Umma.

Tablette des archives du temple de Bau concernant la distribution de rations d'entretien.

Les structures et les activités économiques sont documentées pour la période des Dynasties archaïques par les archives du temple de la déesse Ba'u. Il s'agit en fait d'un domaine appartenant pour la période qui nous est documentée à la reine de Lagash, assimilée à la déesse tutélaire du royaume[9]. De la même manière le roi devait avoir à sa disposition le domaine de Ningirsu. Le temple avait à cette époque plus de 4 400 hectares de terres, et employait 1 200 travailleurs. Ces derniers étaient payés en rations d'entretien, à base de grain. Les activités concernent la culture céréalière, l'élevage, la pêche dans les marais entourant Girsu, et aussi l'artisanat.

La prospérité de la région de Lagash et de Girsu se voit également dans les archives du temple de Ningirsu à la période d'Ur III (XXIe siècle). Elles documentent également l'agriculture et l'élevage. La province de Lagash est la plus grosse contributrice dans le système du BALA mis en place à la fin du règne de Shulgi, et ce pour quelques années, qui organise les contributions en nature des diverses provinces de l'Empire. On est donc à chaque fois dans un cas d'économie et de société encadrée par de grandes institutions, en l'occurrence des temples, mais sur lesquels le pouvoir royal exerce un pouvoir fort : ils servent de base à l'organisation de l'Empire d'Ur. Leur personnel semble d'ailleurs plus tourné vers la gestion du domaine que le culte religieux, sous la direction d'un administrateur, le ŠABRA[10]. La propriété privée n'est pas documentée. On a également les traces de ce qui pourrait être une sorte de « zone d'activités » où travaillent conjointement des ouvriers agricoles et artisans issus des couches basses de la société et rétribués en rations d'entretien par l'administration[11].

Les terres agricoles des temples sont gérées de façon tripartite :

  • champs en régie directe, travaillés par des dépendants payés uniquement en rations d'entretien, évaluées en fonction des besoins des personnes (en grain, huile et laine, donc pour se nourrir, se laver et se vêtir) ;
  • champs confiés à des personnes contre l'exercice d'une fonction, en guise de rémunération ;
  • champs loués à des métayers contre redevance, d'en moyenne 1/3 de la récolte sous la période d'Ur III.

Les dépendants peuvent être réquisitionnés pour des corvées, de même que les métayers. Ils sont alors tous rémunérés par des rations, mais le système est plus généreux pour les seconds que pour les premiers.

L'élevage est bien documenté également, notamment pour la période de la Troisième dynastie d'Ur. L'élevage dominant est celui des ovins, mais on est bien documenté sur les bovins, un peu sur les porcins, et la volaille. Les tablettes de la période d'Ur III nous montrent en détail l'organisation de l'engraissement des veaux, surveillé de très près par une armée de scribes comptabilisant les rations distribuées, les entrées et sorties de bétail, l'abattage et les morts accidentelles.

Les activités artisanales sont peu documentées par les archives du temple de Bau : on y voit tout de même les activités d'un groupe d'une vingtaine de tisserandes, dirigées par un contremaître, et elles aussi payées en rations. Les archives de la période d'Ur III nous montrent un ensemble d'ateliers employant des milliers de travailleurs[12]. Le tout était coordonné par une administration très hiérarchisée et bureaucratisée, caractéristique de l'Empire d'Ur. Les ateliers les plus importants sont ceux consacrés à l'activité textile. Ils fonctionnent là aussi essentiellement avec un personnel féminin, évalué à plus de 5 000 personnes, regroupées en 26 ateliers, dirigées par des contremaîtres. Comme leurs lointaines ancêtres, elles sont payées en rations d'entretien. Elles peuvent également être réquisitionnées pour d'autres travaux : minoterie, moisson, entretien des canaux, halage de bateaux sur les canaux.

On voit donc se dessiner sur toute la période un groupe de personnes en étroite dépendance vis-à-vis des grands organismes, qui assurent leur entretien quotidien, et peuvent les soumettre à des sortes de corvées. D'autres personnes sont en revanche moins dépendantes, et la classe la plus aisée est celle qui occupe une fonction dans l'administration de l'institution, lui garantissant desrevenus plus conséquents. Tout ce système s'appuie en effet sur une bureaucratie qui doit être efficace. Les inscriptions d'Urukagina mentionnant l'œuvre de ce dernier pour le rétablissement de la paix sociale dans son royaume montrent d'ailleurs les abus que pouvaient exercer les membres de l'administration des temples et du palais à l'encontre des plus faibles.

La religion à Lagash

Le panthéon local

Si la religion pratiquée dans la région de Lagash s'inscrit dans le cadre religieux sumérien et sud-mésopotamien, les dieux vénérés y sont plutôt ceux d'une sorte de panthéon local, constitué de dieux propres à Lagash, constituant un véritable famille divine renvoyant à la famille royale[13]. Ils sont cependant liés aux autres dieux sumériens, auxquels ils sont parfois assimilés, et avec qui ils partagent parfois des liens familiaux.

Relief votif perforé d'Ur-Nanshe, fondateur de la première dynastie, le montrant lui et sa famille en train de participer à la restauration du temple de Ningirsu, musée du Louvre

Le dieu principal de la région de Lagash est Ningirsu[14], le « Seigneur de Girsu », qui dispose de son temple principal (l'É.NINNU, « Maison des cinquante ME ») dans cette dernière cité, mais en avait également un à Lagash. Il est considéré comme étant le fils de Enlil et Ninhursag. Ningirsu est perçu comme étant le vrai maître de l'État de Lagash, dont les souverains ne sont que les « vicaires » (ENSI). Il entretient cependant une relation privilégiée avec eux, et peut leur apparaître en rêve pour leur dicter ses volontés, comme c'est le cas pour Gudea.

La parèdre de Ningirsu est la déesse Bau[15], dont le grand temple, l'É.TAR.SIR.SIR, se trouvait également à Girsu. D'autres textes lui attribuent parfois comme parèdre une autre déesse, Gatumdug[16]. Ningirsu et Bau ont au moins deux fils, Shul-Shagana et Ig-alima. La famille royale semble dans son ensemble se reconnaître dans cette famille divine, comme le montre sous le règne d'Urukagina le fait que le roi s'attribue le domaine du temple du grand dieu, la reine celui de la déesse Bau, et probablement celui d'un fils du couple divin pour le prince du royaume. Les autres divinités locales importantes sont les sœurs de Ningirsu, Nanshe, vénérée à Nigin, et Nisaba, qui n'est pas spécifique à Lagash et est vénérée notamment à Umma[17].

Relief votif représentant l'oiseau-tempête Imdugud ; en albâtre, provenant de Girsu.

Un groupe de personnages mythologiques qui auraient été vaincus par Ningirsu apparaît dans certains textes, surtout des hymnes du règne de Gudea[18]. Parmi eux se trouvent le Roi-palmier, le Seigneur Saman, peut-être d'anciennes divinités mineures du pays de Lagash, et des animaux mythologiques comme le bélier à six têtes, le serpent à sept têtes, et l'oiseau Imdugud. Un autre mythe existait aussi sur l'affrontement entre ce dernier et Ningirsu, aprèsque l'oiseau mythique ait dérobé les Tablettes de la destinée à Enlil (version ancienne du mythe du combat de Ninurta contre Anzu). Imdugud est d'ailleurs devenu un animal-attribut de Ningirsu, et c'est sous sa forme que le dieu apparaît en songe à Gudea.

De la même manière que la tradition mésopotamienne postérieure a oublié les rois de Lagash, les dieux de la cité n'eurent pas de postérité : Ningirsu est assimilé à Ninurta, lui aussi fils d'Enlil, originaire de Nippur.

Les rois et le culte des dieux

Les « Cylindres de Gudea », Musée du Louvre.

De nombreuses œuvres d'art et des textes provenant du royaume de Lagash sont relatifs à la vie religieuse, et aux rapports entre hommes et dieux. La plupart des objets exhumés à Tello témoignant du travail des artistes de cet État étaient destinés à être donnés en offrande aux dieux (voir plus bas). Les rois entretenaient les grands temples du royaume et leur personnel, en leur concédant notamment des terres. Le roi était le premier pourvoyeur du culte des dieux locaux : il construisait et restaurait leurs temples, leur faisait de riches offrandes, notamment lors des grandes fêtes religieuses (EZEN) qui leur étaient dédiées, comme la fête du Nouvel An pour Bau mentionnée dans une inscription de Gudea[19]. C'est de ce dernier règne que provient le dossier le mieux connu concernant les rapports entre un roi et le couple Ningirsu-Bau. Gudea entreprend la reconstruction du grand temple du dieu tutélaire de son royaume, l'É.NINNU, en même temps qu'il restaure les autres temples principaux du royaume. Ce chantier nous est notamment connu par des documents exceptionnels, deux cylindres d'argile inscrits en cunéiforme relatant l'événement[20]. Le « Cylindre A » raconte l'apparition du dieu dans un rêve du roi, lui ordonnant de construire son temple, en réunissant des matériaux provenant de tout le monde connu alors, et comment le roi se met ensuite à l'ouvrage. Le « Cylindre B » prend la suite, et relate comment, après la construction du temple, une grande fête religieuse est organisée pour permettre l'installation de Ningirsu et de sa parèdre Ba'u dans le sanctuaire qui devient leur résidence terrestre, le rituel décrit prenant l'apparence d'une hiérogamie (Mariage sacré).

L'art royal de Lagash

Les fouilles de Girsu furent prolifiques en œuvres d'art. Parce qu'elles se sont concentrées dans les zones des bâtiments officiels, elles ont livré des réalisations artistiques pour la plupart issues de commandes royales ou bien de l'entourage du souverain.

La sculpture est le domaine le mieux représenté. La grande Stèle des Vautours d'Eannatum commémore la victoire de celui-ci sur Umma, et représente le dieu Ningirsu en train de capturer des ennemis, illustrant le fait qu'il est considéré comme le véritable maître du royaume, et de ce fait comme le principal artisan de sa victoire[21].

Lance massive en cuivre vouée par le roi Ur-Lugal de Kish.

D'autres bas-reliefs de plus petite taille ont été mis au jour : il s'agit d'objets votifs percés d'un trou en leur centre, très courant dans l'art sumérien archaïque. L'un des plus remarquables est celui réalisé à la suite de la construction d'un temple par le roi Ur-Nanshe, qui est représenté lui-même en train de participer à l'ouvrage, avec l'aide de sa famille[22]. D'autres de ces objets ont été réalisés pour des membres de la haute société de Lagash, comme Dudu, prêtre de Ningirsu sous Entemena[23].

Les sculptures les plus célèbres de Lagash sont les nombreuses statues en ronde-bosse réalisées sous le règne de Gudea[24], commémorant ses actes pieux : la construction de temples. Elles sont taillées pour la plupart en diorite, importée probablement de la Péninsule Arabique. Il s'agit de pièces parmi les plus remarquables de la statuaire mésopotamienne, dont on a souvent vanté la précision, témoignage de la grande maîtrise atteinte par les sculpteurs de Lagash.

Les Sumériens étaient également de brillants métallurgistes, et cela se voit dans les dépôts votifs des temples de Lagash. On y a ainsi retrouvé une lance massive en cuivre vouée par un roi de Kish, montrant que les rois d'autres cités amies faisaient également des présents aux dieux de Lagash[25]. Un vase en argent de rgande qualité, martelé dans une seule feuille de métal, et finement gravé, a été dédié à Ningirsu par le roi Entemena[26]. C'est l'une des œuvres d'art les plus abouties de la période des Dynasties archaïques, rivalisant avec celles des Tombes royales d'Ur.

Ces œuvres reflètent donc bien l'idéologie royale mésopotamienne du IIIe millénaire : un roi guerrier, mais surtout un roi pieux, premier des fidèles de ses dieux, dont il construit les temples et auxquels il fait les plus belles offrande. Plus largement, le sentiment religieux sumérien et les relations hommes-dieux nous apparaissent au travers des réalisations des artistes de Lagash.

Notes et références

  1. Voir notamment E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971 et (de) G. J. Selz, Altsumerische Verwaltungstexte aus Lagaš, 2 t., Stuttgart, 1989 et 1993
  2. (en) J. S. Cooper, The Lagash-Umma Border Conflict, Malibu, 1983
  3. (en) D. O. Edzard, The Royal inscriptions of Mesopotamia, Early periods, vol. 3/1, Gudea and His Dynasty, Toronto, 1997 ; (en) C. Suter, Gudea's Temple Building, The Representation of an Early Mesopotamian Ruler in Text and Image, Groningen, 2000
  4. (en) T. Jacobsen, « Girsu », dans Revue d’assyriologie et d’archéologie orientale 52, 1958
  5. Synthèse dans A. Parrot, Tello, vingt campagnes de fouilles (1877-1933), Paris, 1948
  6. (en) R. D. Biggs, Inscriptions from Al-Hiba-Lagash, Malibu, 1976
  7. (en) D. P. Hansen, « Royal Building Activity at Sumerian Lagash in the Early Dynastic Period », dans The Biblical Archaeologist 55/4, 1992, p. 206-211
  8. Voir la mise au point de B. Lafont dans l'article collectif « Sumer », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible 72, 1999, p. 162-172
  9. (en) K. Maekawa, « The Development of the É-MÍ in Lagash during Early Dynastic III », dans Mesopotamia 8/9, 1973-74, p. 77-144
  10. (en) K. Maekawa, « The "Temples" and "Temple Personnel" of Ur III Girsu-Lagash », dans K. Watanabe (dir.), Priest and Officials in the Ancient Near East, Heidelberg, 1999, p. 61-101
  11. (en) P. Mander, An Archive of Kennelmen and Other Workers in Ur III Lagash, Naples, 1994 ; (en) W. Heimpel, « The Industrial Park of Girsu in the Year 2042 B. C. Interpretation of an Archive Assembled by P. Mander », dans Journal of the American Oriental Society 118/3, 1998, p. 387-399
  12. (en) K. Maekawa, « Female Weavers and Their Children in Lagash, Pre-sargonic and Ur III », dans ASJ 2, 1980, p. 81-125
  13. (en) J. Black et A. Green, Gods, Demons and Symbols of Ancient Mesopotamia, An Illustrated Dictionary, Londres, 1998, p. 123
  14. Ibid., p. 138
  15. Ibid, p. 38
  16. Ibid., p. 86
  17. Ibid., p. 135 et 143
  18. Ibid., p. 164-165
  19. (en) D. O Edzard, op. cit., p. 44
  20. (en) D. O Edzard, op. cit., p. 68-106 ; Description sur le site du Musée du Louvre
  21. Description sur le site du Musée du Louvre, avec bibliographie, à laquelle on peut ajouter (en) I. Winter, « After the Battle is Over: The ‘Stele of the Vultures’ and the beginning of Historical Narrative in the Ancient Near East », dans H. Kessler and M. S. Simpson'dir.), Pictorial Narrative in Antiquity to the Middle Ages, Washington, l985, p. 11–32
  22. Description sur le site du Musée du Louvre
  23. Description sur le site du Musée du Louvre
  24. (en) C. Suter, op. cit.. Exemples commentés sur le site du Musée du Louvre : [1] et [2]
  25. Description sur le site du Musée du Louvre
  26. Description sur le site du Musée du Louvre

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001 ;
  • « Sumer », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 72-73, 1999-2002, col. 77-359 
  • (de) J. Bauer, R. K. Englund et M. Krebernik, Mesopotamien, Späturuk-Zeit und frühdynastische Zeit, Fribourg, 1998 ;
  • (de) W. Sallaberger et A. Westenholz, Mesopotamien, Akkade-Zeit und Ur III-Zeit, Fribourg, 1999.



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