Konon Molody

Konon Molody
Konon Trofimovitch Molody
Timbre soviétique de 1990 à l'effigie d’espion Konon Molody
Timbre soviétique de 1990 à l'effigie d’espion Konon Molody

Surnom alias Gordon Arnold Lonsdale, alias le nom de code "Ben", alais US Navy Commander Alec Johnson
Naissance 17 janvier 1922
Moscou, RSFSR
Décès 9 septembre 1970 (à 48 ans)
URSS
Origine RSFSR
Allégeance Comité d'information près le Ministère des affaires étrangères d'URSS - MGB - KGB
Arme Service des "illégaux" de l'espionnage extérieur soviétique
Grade Colonel
Années de service 1951 - 1970
Conflits Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale),Guerre froide
Commandement Rézidiente d'une Rézidientoura "illégale" du KGB, Réseau d'espions de Portland
Distinctions Ordre de l'Étoile rouge
Order redstar rib.png
Ordre de la Guerre patriotique
1ère classe
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2ème classe
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de multiples médailles, dont
Médaille "Pour les mérites de guerre"
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Médaille du Courage
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l’insigne du membre émérite des organes de sécurité d’Etat
Autres fonctions enseignant à l'Ecole du Drapeau rouge du KGB (1965-1970)
Famille épouse - Galina, le fils Trophime né en 1958. Galina avait une fille d'un mariage précedent - Lisa.

Konon Trofimovich Molody (en russe Конон Трофимович Молодый) (né le 17 janvier 1922 - mort le 9 septembre 1970), mieux connu en Occident comme Gordon Arnold Lonsdale, était un officier de carrière du Service des renseignements extérieurs du KGB soviétique, l'un des "illégaux" (agent secret sans couverture diplomatique) soviétiques les plus remarquables du XXe siècle, le chef du réseau d'espions d'Île de Portland au Royaume-Uni, ayant travaillé sous le nom de code "Ben[1]".

Sommaire

Biographie

Un homme de nulle part

Le 7 janvier 1961, les détectives du Département spécial de Scotland Yard sous la direction du commissaire de police (superintendant) George Gordon Smith ont arrêté à Londres cinq personnes, toutes faisant partie du réseau d'espions d’Île de Portland. L’une d’elles était un homme d'affaires canadien du nom de Gordon Lonsdale travaillant dans le commerce des juke-box, du bubble-gum et des machines à sous. Il voyageait souvent en Europe continentale, organisait beaucoup de fêtes et avait un grand nombre d'amies.

Le vrai Gordon Arnold Lonsdale

Gordon Arnold Lonsdale est né le 27 août 1924 dans le Cobalt, Ontario, Canada.

Son père, Emmanuel Jack Lonsdale, était un mineur et sa mère, Olga Elina Bousa, était une immigrante de la Finlande. Les Lonsdales s’étaient séparés en 1931 et une année plus tard Olga retourna avec son fils dans sa Finlande natale. Le jeune homme est supposé être mort vers 1943 à l'âge de 19 ans. Son identité usurpée avait permis aux soviétiques d’obtenir les papiers pour la réutilisation par leur agent secret Konon Molody[2].

Il y a peu de doute que le Lonsdale né dans le Cobalt en 1924 n'était pas le Lonsdale arrêté à Londres en 1961 : celui-là avait été circoncis, le dernier ne l'était pas.

La jeunesse de l’espion

Konon Molody est né à Moscou en 1922, dans la famille d'un scientifique. Son père est mort en 1929 et sa mère Evdokia Molodaya (en russe Евдокия Константиновна Молодая) avait du mal à élever toute seule deux enfants.

À l'âge de 10-11 ans le garçon est envoyé vivre en Californie pour y vivre avec sa tante Tatiana Piankova (en russe Татьяна Константиновна Пьянкова) et apprendre l'anglais[3].

L'adolescent parlant à la perfection l'américain est revenu en URSS en 1938 pour terminer ses études secondaires dans un lycée soviétique et y obtenir l'équivalent du bac.

La Grande guerre Patriotique

Après l'entrée de l'URSS le 22 juin 1941 dans la Seconde Guerre mondiale (voir détails Opération Barbarossa) contre le régime hitlérien et ses alliés, le jeune homme s'engage comme volontaire dans l'Armée rouge et suit avec gloire toute la guerre pour la finir à Berlin avec le grade d'officier subalterne lieutenant-en-chef.

Il a été décoré à plusieurs reprises y compris de: l'Ordre de l'Étoile rouge, l'Ordre de la Guerre patriotique (1re et 2e classes), de multiples médailles, dont Médaille "Pour les mérites de guerre, Médaille du Courage.

Institut du commerce extérieur

Après la guerre il a suivi la formation à l'Institut du commerce extérieur près le ministère du commerce extérieur d'URSS où il a commencé d'apprendre le chinois. En juillet 1951 Konon a reçu le diplôme no 8103503 avec mentions.

Pendant ses études supérieures il a été repéré par le Ministère de la sécurité d'Etat - futur KGB pour devenir candidat aux éléments opérationnels dans le Service de l'espionnage extérieur soviétique.

Formation d'espion

Il entre au département du service d'espionnage de l'URSS en 1951 et y suit une formation d’espion dans le service des "illégaux". Il se marie à cette époque avec une enseignante de russe[4].

Travail sous la direction de Wilhelm Fischer à New-York

Wilhelm Fischer sous le faux nom de Rudolf Abel sur un timbre commémoratif de l'URSS en 1990

Rapidement après sa formation d'espion, le Soviétique Konon Molody, devenu étranger sous un faux nom, émigre, via l’Allemagne fédérale, aux États-Unis où il est placé sous le commandement secret du colonel Wilhelm Fischer, qui dirigeait un réseau d’illégaux (en russe: нелегальная резидентура) à New York. Le jeune éclaireur Molody joue alors un rôle subalterne et remplit des tâches techniques dans la chasse secrète des nazis-criminels de guerre[5].

Début de la mission secrète autonome

Drapeau du Canada

En 1954, à bord d’un navire céréalier soviétique, Molody part illégalement pour le Canada où il utilise les vrais-faux papiers, afin de se faire passer pour Gordon Arnold Lonsdale. Sur place, le prétendu Lonsdale réussit à obtenir de vrais papiers canadiens y compris un passeport authentique pour partir à l'étranger.

L'année suivante, le faux Canadien était dans la capitale britannique, en prenant des cours de chinois à l'École universitaire d'Études Orientales et africaines. Son plus grand souci à cette époque était de cacher le fait qu'il parlait déjà très bien cette langue.

Couverture : capitaliste – millionnaire et aristocrate

Molody-Lonsdale est entré dans le commerce en vendant et louant des juke-box, du bubble-gum et des machines à sous aux pubs, clubs et cafés. Cela l’amenait souvent en Europe continentale où il a pu recruter d'autres agents et monter des boîtes à lettres pour les communications secrètes.

Assez rapidement ses affaires deviennent très florissantes. Il crée plusieurs entreprises et devient vite un vrai capitaliste, possédant une fortune de plusieurs millions de livres sterling. En 1960 une de ses créations industrielles a reçu la médaille d'or à la foire européenne de Bruxelles[6],[7].

Le faux canadien Gordon Lonsdale aurait été même anobli par la reine d’Angleterre et devenu Sir Gordon.

Épouse

Douze longues années, de 1952 à 1964, une petite femme, vivant en URSS avec sa mère et sa sœur, attendait dans une chambre d'un appartement communautaire au nord de Moscou son aristocrate et millionnaire de mari qui courrait les jupons en Angleterre pour consolider sa couverture de dandy. Elle s’appelait Galina Petrovna Péchikova (en russe Галина Петровна Пешикова) et était l'épouse légitime du vaillant éclaireur soviétique Konon Molody.

De rares lettres qu’elle recevait de lui avaient sur les enveloppes les caractères chinois. Même les gens de la famille ne savaient pas où il était en réalité : car afin de brouiller les pistes, y compris pour ses proches Konon Molody alias Gordon Lonsdale alias tovaritch "Ben" se trouvait au fin fond de la Chine profonde en train d’aider les camarades communistes de Mao Zedong dans la construction de la société meilleure[8],[9].

Ils se voyaient quant même de temps en temps, en général dans les pays du Pacte de Varsovie et en cachette. C’est ainsi que leur fils Trophime a été conçu. Molody n’a pas assisté à l’accouchement. Lorsque Lonsdale a reçu un télégramme secret du Centre : "Trophime … 53 cm", il n’a même pas compris au début qu’il s’agissait de la naissance de son fils.

Mais jusqu’à son arrestation, le procès et la condamnation en 1961, la femme de Molody était persuadée que son mari était diplomate en Chine.

Le réseau d'espions de l’Île de Portland

Vue en coupe du CSS H.L. Hunley

Lonsdale-Molody, agent illégal sous le le nom de code de Ben, avait pour tâche principale le rôle d’officier traitant d’une source anglaise recrutée auparavant par le KGB en Pologne communiste – Harry Houghton, sujet de sa Majesté britannique[10], considéré comme source de haute qualité et importance, dont le nom de code est le Chah.

L’ancien cryptographe au cabinet de l'attaché de l'Amirauté britannique près l'ambassade du Royaume-Uni à Varsovie, avait été rapatrié en Angleterre à cause de problèmes d'alcoolisme et nommé dans un centre de recherches de la marine militaire britannique spécialisé en conception de sous-marins.

Molody alias Lonsdale s’était présenté à Houghton en tant qu’ Alec Johnson commandant de la marine américaine. Houghton pensait travailler pour les services secrets amis américains qui, soi-disant, voulaient ainsi vérifier la fiabilité des données de leurs alliés britanniques[11]

Houghton avait réussi à recruter à son tour sa maîtresse en:Ethel Gee qui travaillait dans le laboratoire de photographie de la base navale[12]. En faisant les copies des blueprints dans le centre de dessin technique des sous-marins, elle faisait une copie supplémentaire qu’elle sortait secrètement et passait discrètement à son amant Houghton.

Mark IV, appareil photographique à micropoint

Lorsque les soviétiques ont constaté l’importance et le volume des documents ainsi copiés, ils ont transféré des États-Unis un couple américain des illégaux, Morris[13] et Léontine Cohen[14], sous les fausses identités néo-zélandaises de Peter et Helen Kroger. Ils s'occupaient de la miniaturisation des copies en faisant des photos micropoints pour ensuite les faire expédier secrètement en URSS au quartier général du KGB.

C'est ainsi que le Réseau d'espions de Portland a été constitué et a fonctionné pendant plus de cinq ans. Ainsi, les soviétiques en savaient sur les sous-marins britanniques autant que l'Amirauté de la Couronne.

Laboratoire chimique de Porton Down (Salisbury)

Flag Schutzstaffel.svg

Le réseau de Lonsdale en 1957 a reçu l’ordre d’infiltrer Porton Down, le centre militaire de recherches chimiques et biologiques dans la plaine de Salisbury (Angleterre) où les militaires britanniques et américains travaillaient sur les nouvelles armes bactériologiques et chimiques avec l’aide des anciens médecins allemands des Waffen-SS. Certaines recherches sur les humains avaient été initiées par les nazis dans les camps de concentration.

Lonsdale a réussi d’infiltrer la cible et provoquer un scandale en Grande-Bretagne en organisant les fuites dans la presse[15],[16].

La trahison

Le réseau de Lonsdale a été grillé par un traître officier de sécurité de la République populaire de Pologne. Michal Goleniewski, agent du département anglais du service de sécurité polonais a été recruté comme source sous le nom de code de Sniper par la CIA, en 1958.

Sans connaître tous les détails, le traître avait entendu parler que le service des renseignements du "frère soviétique", avait recruté une source anglaise en Pologne, ce que la CIA avait communiqué au MI5.

Après une longue enquête menée par Charles John Lister Elwell[17], le contre-espionnage britannique a fini par se mettre sur les traces de Harry Houghton et ensuite de tout le réseau dirigé par Molody-Lonsdale, sans toutefois avoir découvert la vraie identité de celui-ci.

Les enquêtes des Britanniques n’avaient pas encore abouti, lorsque le traître polonais prit la fuite pour les États-Unis. Craignant que les Soviétiques ne conservent le travail de tous les réseaux que pouvait connaître le transfuge, le MI5 et le Scotland Yard ont décidé de précipiter les arrestations du réseau du canadien Lonsdale.

Procès et condamnation

Placé en garde à vue au Département spécial de Scotland Yard, Molody-Lonsdale déclara au commissaire de police (superintendant) George Gordon Smith qu'il ne parlerait de rien, ne donnerait même pas son nom ni son adresse. Les services de renseignements occidentaux, y compris le MI5, la CIA et la Gendarmerie royale du Canada, ont dû recourir à des enquêtes approfondies pour apprendre quelque chose sur ce personnage. Ils n'ont pu trouver autre chose que le fait qu'il était Russe, avait un passé de marin et n'était pas l'homme qu’il prétendait être selon les papiers d’identité en sa possession. Lorsque lui et ses associés sont arrivés au procès à la Old Bailey (Cour d'assises centrale de Londres) le 13 mars 1961, personne ne savait qui il était vraiment.

Le Lonsdale qui était jugé à Londres en 1961 a été accusé d'espionnage, avec ses associés Harry Houghton, Ethel Gee, Peter et Helen Kroger. En refusant encore de révéler son identité réelle, "Gordon Lonsdale" a été condamné à 25 ans de prison. En purgeant leurs peines à la prison de Wormwood Scrubs, lui et Peter Kroger ont rencontré George Blake, autre traître condamné.

L'échange

En 1964 "Gordon Lonsdale" a été échangé contre l'espion britannique en:Greville Wynne qui avait été arrêté par les Soviétiques. Dans le cadre du processus d’échange, les Soviétiques ont reconnu que le prétendu canadien "Gordon Lonsdale" était bel et bien leur espion et ont révélé aux Britanniques son vrai nom, Konon Molody.

La légende romantique veut que l'échange fût initié par les épouses respectives des deux espions, mais la dure réalité d'espionnage du temps de la Guerre froide se marie mal avec le romantisme. Du fait de rideau de fer (censure totale de l’information venue de l’Occident), l’épouse de Molody a appris son arrestation et condamnation plusieurs mois plus tard. Lorsqu’elle a été amenée par les responsables du KGB en République démocratique allemande (RDA) pour y accueillir son mari d'espion de retour du Royaume-Uni, on ne le lui a même pas dit jusqu’au dernier moment pourquoi on lui faisait faire ce voyage.

L'échange s'est passé sur un pont entre la RDA et le Berlin-Ouest. La scène a été reproduite d'une manière artistiquement géniale dans le film de Savva Koulich la Saison morte paru en 1968.

La gloire amère du colonel du KGB de retour au bercail

A son retour en URSS de la prison britannique et une fois passée la procédure d’interrogatoires musclés pour être sûr de sa loyauté, le vaillant éclaireur Konon Molody a repris du service, avec le rang de colonel à la PGOU.

Vu le tapage médiatique en Occident autour de l’affaire Lonsdale, le pouvoir politique soviétique et le KGB ont décidé de faire de lui un exemple du travail héroïque d’un éclaireur. Molody a été autorisé à écrire un livre de Mémoires et a donné des interviews aux médias des pays du Pacte de Varsovie. Le tout bien évidemment scrupuleusement organisé et orchestré par le KGB.

Néanmoins, il ne pouvait pas être décoré des insignes de héros de l’Union soviétique, ni de l'Ordre de Lénine car, malgré tout, il avait échoué dans sa mission, même si cela l'avait été à cause de la trahison d’un autre. L'ex-canadien Lonsdale n'a été décoré, si l'on peut dire, que de l'Ordre du Drapeau rouge.

Konon Molody, sous sa fausse identité canadienne de Gordon Lonsdale, a publié à Londres en 1966 un livre intitulé Vingt ans au service secret soviétique avec une biographie totalement inventée. Au lieu d’éclaircir l’histoire, cette publication a été une arme de propagande et de désinformation pendant la guerre froide[18].

Le KGB a octroyé au colonel Molody et à sa famille un nouvel appartement sur le quai Frounzenskaïa, pas très grand, mais confortable et dans une résidence dite de qualité supérieure.

Bien évidemment, un espion grillé ne retourne quasiment jamais dans le service actif. Konon Molody comme beaucoup d'autres a dû se contenter de postes d'enseignant à l'Ecole du Drapeau rouge du KGB où il a côtoyé Wilhelm Fischer, Kim Philby, George Blake et d’autres espions grillés et transfuges connus.

On raconte que l’ancien aristocrate et millionnaire a eu beaucoup de mal à se faire à la vie d’un soviétique lambda et aurait été assez critique par rapport à la société en URSS de la période de la stagnation bréjniévienne.

Décès

Colonel du KGB et membre émérite des organes de sécurité d’État d'URSS Konon Molody est mort le 9 septembre 1970, officiellement suite à une hémorragie cérébrale foudroyante lorsqu'il s’est baissé dans la forêt pour ramasser un champignon.

La mort de Molody a été annoncée sur les radios subversives occidentales le lendemain, à croire qu’il était sous la surveillance des services secrets ennemis même en URSS.

Il a été enterré au cimetière du monastère Donskoï à Moscou[19],[20]. Son tombeau se trouve à côté de celui de Wilhelm Fischer[21]

Après la mort de son mari, son épouse Galina a été hospitalisée dans un asile psychiatrique et a passé le reste de sa vie en se cachant des médias.

Pratiquement aucun des membres du réseau d’espions de Portland n’a dépassé les 50 ans. L’un est mort de cancer à l’âge de 42 ans, l’autre – d’infarctus à 44 ans. Et enfin Molody – à 48 ans d’attaque cérébrale[22].

Les amateurs des théories du complot ont déclaré à maintes reprises que la mort subite d’un ancien illégal devenu quasiment dissident tombait trop bien pour ses employeurs pour ne pas y voir le spectre du tristement célèbre laboratoire n°12 ou la fabrique des poisons du KGB[23].

Faits curieux et anecdotes

  • Le responsable de l'NKVD Guenrikh Iagoda en personne aurait fait falsifier le passeport de l'enfant Konon Molody pour que le garçon puisse obtenir un visa d'entrée aux États-Unis pour y habiter avec sa tante de 1933 à 1938[24].
  • Le futur espion du KGB, Molody a été décoré de l'Ordre de l'Étoile rouge au printemps de 1945 pour avoir trouvé à Königsberg un bordel où les soldats et officiers nazis passaient le temps après de dures journées militaires. Plusieurs hauts gradés ont ainsi été capturés vivants par les Russes qui ont obtenu d’eux des renseignements précieux pour les batailles ultimes avant la victoire.
Svetlana avec son père Staline en 1935
  • Après la fin de ses études supérieures, Molody devient enseignant en langues chinoises et participe à l’écriture d’un manuel de mandarin[25].
  • Le jeune Konon Molody a rencontré sa future femme dans un appartement situé au-dessus de celui de la fille de Joseph StalineSvetlana Allilouïeva.
  • La super-malchance, connue de tous les espions, a failli griller le futur chef du réseau clandestin de Portland au tout début. Un jour que le prétendu canadien Gordon Lonsdale était à l’aéroport de Paris, un ami d’enfance de Konon Molody, Georges Maslov, lui a couru après en criant son nom russe. Il a fallu à Molody des nerfs d’acier pour calmer les effusions amicales du Soviétique un peu fada qui n’a pas compris pourquoi son copain lui avait froidement tourné le dos en parlant anglais avec mépris et étonnement.
  • La légende (biographie de couverture) de Lonsdale a été tellement bien faite par le KGB qu’un Irlandais l’a contacté parce qu’il l'avait, soi-disant, connu, ainsi que son père en Birmanie[26].
  • On dit qu’à son retour en URSS, l’ancien millionnaire canadien a dû s’acquitter des retards de cotisations au Parti communiste de l’Union soviétique en payant plusieurs milliers de roubles en devises étrangères[27].
  • Sous le faux nom de Constantin Panfilov, le colonel du KGB Konon Molody a consulté le metteur en scène Savva Koulich lors du tournage de son film Saison morte sur la vie d’un éclaireur soviétique dont Molody-Lonsdale avait été le prototype. Selon certaines publications, le futur président russe Vladimir Poutine, ex-lieutenant-colonel du KGB, aurait choisi la carrière au sein du KGB sous l’emprise du film Saison morte et de la biographie de Konon Molody[28].
  • Les conférences publiques données par l’espion Konon Molody en URSS ont soudainement pris fin, lorsque l'ancien millionnaire canadien Lonsdale pendant une rencontre avec les ouvriers de l’usine automobile ZIL de Moscou, a déclaré qu’il pouvait faire en un an de cet établissement soviétique piteux et délabré une vraie fabrique productive et exportatrice.
  • Selon Paul Brighton et Dennis Foy, parmi les actions de la fondation "Dignité et l'honneur" figurait ... la remise "d'un prix portant le nom du légendaire agent de renseignement soviétique Konon Molody, mieux connu sous le nom de Gordon Lonsdale, qui avait dirigé le réseau d'espions de l'Île de Portland dans les années 1950[29]."

Un peu d’histoire administrative

Une querelle subsiste chez les chercheurs et journalistes à propos de l'allégeance exacte de Molody-Lonsdale : était-il un "illégal" du KGB ou du GRU ? Nombreux sont ceux qui le disent plutôt espion militaire. Il y a beaucoup de véracité dans leur argumentation : il a commencé sa carrière d’officier de renseignement militaire encore pendant la Grande guerre Patriotique (pour la finir à la tête de l’état-major d’une petite unité de renseignements), il a travaillé principalement sur les questions militaires (chasse des nazis, sous-marins, chimie militaire, projets atomiques, etc.).

Le vrai problème se situe en réalité dans la genèse des organes de sécurité d’État soviétique. Pendant longtemps, la séparation des renseignements civils et militaires n’existait pas. Ou, plutôt, les deux organismes doublaient leur travail respectif. Dans le cas de Molody, c’est encore plus compliqué, car à l’époque où il devient élément opérationnel de carrière de renseignement (espion), les deux renseignements étaient "sortis" de la juridiction du Ministère de la sécurité d'Etat et réunis sous le même toit (et des très bizarres) : le Comité d’information auprès du Ministère des affaires étrangères. C’est seulement en 1954 qu’est apparu le KGB auprès du Conseil des ministres de l’URSS avec sa Première Direction générale (renseignement dit politique que l’on connait - la PGOU) et le renseignement militaire est parti au sein de la Direction générale des renseignements de l’état-major des forces armées soviétiques. Molody-Lonsdale a été définitivement rattaché au Département "S"(les "illégaux") de la PGOU du KGB.

Notes et références

  1. (ru)Biographie officielle de KonoMolody sur le Site du SVR - attention: site non neutre
  2. Arthur Tietjen, Soviet Spy Ring, publié par Pan Books en 1961
  3. (ru)Русская Тоска. Section du bas: Почти все
  4. (ru)Mon père s'appelait Ben interview avec le fils de Konon Molody
  5. (ru)Мертвый сезон
  6. (ru)"La saison pas morte de Konon Molody"
  7. (ru)ТИТУЛ РАЗВЕДЧИКА (12-2003)
  8. (ru)La bien-aimée de l'espion Lonsdale
  9. (ru)Un amour long comme une vie
  10. (ru)Dossier sur Houghton sur le Site du SVR
  11. (ru)Свой среди чужих
  12. (en)THE RING OF CONFIDENTIALITY: From the Echo, first published Friday 8th Dec 2000
  13. (ru)Dossier sur Morris Cohen sur le Site du SVR
  14. (ru)Dossier sur Léontine Cohen sur le Site du SVR
  15. (en)Porton Down - The Terrible Secret
  16. (fr)La guerre des microbes au Pentagone
  17. (en)Daily Echo (UK), 22nd January 2008, "MI5 man broke island spy ring"
  18. (ru)"Вестник" №26(259), 19 декабря 2000, Людмила ВАЙНЕР (Чикаго), КОНОН МОЛОДЫЙ, ОН ЖЕ - АРТУР ЛОНСДЕЙЛ
  19. La photo du tombeau du colonel Molody au cimetière du monastère Donskoï à Moscou - original
  20. (ru)La photo du tombeau du colonel Molody au cimetière du monastère Donskoï à Moscou - copie
  21. (ru)Le tombeau de Wilhelm Fischer au cimetière du monastère Donskoï à Moscou
  22. (ru)Le récit du docteur Korol sur la femme de Molody
  23. Фабрика ядов, Boris Volodarsky "The KGB poison factory: from Lenin to Litvinenko"
  24. (ru)Le réseau d'espions de Portland de l'homme d'affaires Lonsdale
  25. (ru)Le prototype du film Saison morte
  26. (ru)"После встречи Штирлица с женой я и появился на свет"
  27. ce qui était équivalent à l’impôt sur la fortune dans un pays communiste
  28. (ru)L'interview avec l'acteur Donatas Banionis qui a jouéle rôle de Molody dans le film
  29. "News Values" : Par Paul Brighton, Dennis Foy - Publié par SAGE, 2007 - ISBN 1412945992, 9781412945998 – Page 185, 186. "Dignity and Honour has a respectable front and a website, which names among its governors Evgeni Primakov, the former Russian prime minister, and former ambassadors to the US and UN. Its ambitions are modest and include 'help to veterans' and 'help to needy children', as well as organising a prize in the name of 'legendary Soviet intelligence officer' Konon Molody, better known as Gordon Lonsdale, who ran the Portland Spy ring in the 1950s"

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes


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