Amban

Amban
Youtai, amban de Lhassa, et le colonel Francis Younghusband

Amban (pluriel: ambasa) est un mot mandchou signifiant "haut responsable," qui correspond à de nombreux titres officiels dans le gouvernement impérial de la dynastie Qing. Par exemple, les membres du Grand Conseil ont été appelés Coohai nashūn-i amban (Coohai1.png) en mandchou et les Gouverneurs généraux Qing ont été appelés Uheri kadalara amban (Uheri1.png).

Le mot amban a été transcrit en Chinois 昂邦 (angbang).

De loin, les amban les plus connus étaient les résidents impériaux Qing (mandchou : St amban1.png Seremšeme tehe amban; chinois : Zhùzhá Dàchén 駐劄大臣; et tibétain : Ngang pai) au Tibet, en Mongolie et auTurkestan oriental, qui ont reconnu l'autorité des Qing, mais n'ont pas été gouvernés comme les provinces régulières chinoises et ont conservé de nombreuses institutions d'origine. Les résidents impériaux Qing peuvent être comparés à peu près à un résident européen dans un protectorat (par exemple un État princier des Indes britanniques).

Au Tibet

Article principal : Histoire du Tibet.

Selon le ministre conseiller de la République populaire de Chine Hong XiaYong, de 1727 à 1911, ce sont en tout 57 amban (ministres chargés des affaires tibétaines sous la dynastie Qing) qui sont en poste au Tibet où ils ont la haute main sur l'administration locale pour le compte de l'autorité centrale[1].

Selon Michael Harris Goodman qui cite Perceval Landon (en), l’amban, sans pouvoir réel, se contentait d’une observation des formalités[2],[3].

Selon l'universitaire chinois Rong Ma[4], sous la dynastie Qing, la principale mission échue aux deux ambans et à leurs troupes était de s'assurer de la subordination du Tibet au pouvoir impérial, de maintenir le Tibet en paix et de le défendre contre toute invasion étrangère. Il y avait 3 000 soldats (han, mongols et mandchous) à Lhassa au début du XVIIIe siècle, leur nombre croissant jusqu'à 10 000-15 000 pendant la guerre contre les Gurkhas en 1791. « Il ne saurait y avoir aucun doute quant à la subordination du Tibet à la Chine gouvernée par les Mandhous dans les premières décennies du XVIIIe siècle (Melvyn C. Goldstein) »[5].

Les commissaires (ambans) de Lhassa étaient par ailleurs chargés d'organiser le commerce entre le Tibet et les autres régions. La régulation de ce commerce se faisait surtout par voie administrative. Ainsi, pendant le règne de l'empereur Qianlong (1736-1795), le gouvernement tibétain acheta du cuivre provenant de la province de Yunnan à trois reprises par l'intermédiaire des commissaires chinois de Lhassa. Lorsque le gouverneur du Yunnan Li Sirao refusa de fournir du cuivre au Tibet en 1779, le dalaï-lama s'en plaignit auprès des commissaires et Qianlong fit des remontrances officielles au gouverneur[6].

Peu avant l'Expédition militaire britannique au Tibet (1903-1904), les Britanniques proposèrent en 1903 au gouvernement chinois une rencontre au hameau nommé Khampa Dzong, où un accord de non-agression et commercial serait négocié.[réf. nécessaire]

Le gouvernement chinois accepta et ordonna au dalai-lama de s'y rendre, mais il refusa et ne voulut pas davantage fournir à l'amban sis à Lhassa moyen de le faire. George Curzon en conclut que la Chine ne disposait d'aucun pouvoir ou autorité sur le gouvernement tibétain et obtint de Londres autorisation de déclencher une opération militaire appelée expédition militaire britannique au Tibet de 1903-1904, commandée par le lieutenant-colonel Francis Younghusband. La Chine ne porta pas la moindre assistance militaire aux Tibétains, qui durent faire face seuls à l'armée britannique.[réf. nécessaire]


Notes et références

  1. (en) Hong XiaYong, Let Truth Speak Louder, The Straits Times, 23 avril 2008 :« From 1727 to 1911, altogther 57 Ambans (ministers in charge of Tibet affairs in the Qing Dynasty) were stationed in Tibet to supervise local administration on behalf of the central authority. »
  2. Michael Harris Goodman, Le dernier Dalaï-Lama ? Biographie et témoignages, Editeur Claire Lumière, 1993, (ISBN 2-905998-26-1)
  3. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 179 « les amban mandchous affectés à Lhassa avaient été des observateurs et des conseillers, mais ne jouaient aucun rôle dans le gouvernement du pays. (« Nous pouvions enfin évaluer l'autorité des suzerains chinois et l'influence de l'amban lui même. Ni l'une ni l'autre n'existaient ») »
  4. (en) http://en.nsd.edu.cn/article.asp?articleid=6997
  5. Ma Rong, Population and Society in Tibet, Hong Kong University Press, 2010, (ISBN 9622092020 et 9789622092020), 350 pages, p. 155 : « The main goal of the Qing Dynasty with respect to Tibet was to maintain the subordination of Tibet, keep Tibet peaceful and defend Tibet from foreign invasions. That was the mission of its two commissioners (Ambans) and troops in Lhassa in the early 18th century, although at times they reached 10,000 to 15,000 during the war against the Gurkhas (Grunfeld, 1996:45-46) in 1791. "There can be no question regarding the subordination of Tibet to Manchu-ruled China in the first decades of the 18th century (Goldstein, 1989a:44)." »
  6. Ma Rong, Population and Society in Tibet, op. cit., p. 155.

Bibliographie

  • Ho, Dahpon David. The Men Who Would Not Be Amban and the One Who Would: Four Frontline Officials and Qing Tibet Policy, 1905-1911. Modern China 34, no. 2 (2008): 210-46.
  • Kolmaš, Josef. The Ambans and Assistant Ambans of Tibet, Archiv Orientální. Supplementa 7. Prague: The Oriental Institute, 1994.
  • Mayers, William Frederick. The Chinese Government: A Manual of Chinese Titles, Categorically Arranged and Explained, with an Appendix. 3rd edition revised by G.M.H. Playfair ed. Shanghai: Kelly & Walsh, 1897; reprint, Taibei: Ch'eng-Wen Pub. Co., 1966.
  • Newby, Laura J. The Empire and the Khanate: A Political History of Qing Relations with Khoqand C. 1760-1860. Leiden; Boston: Brill, 2005.
  • Norman, Jerry. A Concise Manchu-English Lexicon. Seattle: University of Washington Press, 1978.
  • Shakya, Tsering. The Dragon In The Land Of Snows (1999) Columbia University Press. (ISBN 0-231-11814-7)

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