Juan Ginés de Sepúlveda

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Juan Ginés de Sepúlveda

Juan Ginés de Sepúlveda (Cordoue, v. 1490 - id., 17 novembre 1573) était un humaniste et théologien dominicain espagnol du XVI^e siècle. Il est également connu pour être historiographe de Charles Quint.

Biographie

Sepulveda commence ses études à Cordoue puis à partir de 1510 les continue à Alcala de Henares où il obtient son baccalauréat des beaux-arts et en Théologie.

Venu à Bologne en 1515, il obtient un doctorat dans les deux disciplines, se lie avec l'humaniste Luis de Lucena ainsi que Jules de Médicis et Adrien VI et entre chez les Dominicains où il est remarqué pour son érudition.

Son intérêt pour Aristote l'amène à traduire La Politique (1548) et la possibilité qu'y défend le philosophe grec d'encadrer des civilisations dès lors qu'elles sont moins développées, l'influencera et l'amènera à soutenir la légitimité de la conquête espagnole de l'Amérique à partir du moment où cela permettra d'inspirer aux Indiens des valeurs chrétiennes et humanistes qu'elles n'auraient pas.

Après le pillage de Rome en 1527, Sepulveda part pour Naples aux côtés du cardinal Cajetan qui le charge de la révision du texte grec du Nouveau Testament. Il rencontre Charles Quint et plaît à l'empereur qui le nomme son chroniqueur. Il combat les idées d'Erasme, réfute Luther et défend le cas de Catherine d'Aragon, épouse répudiée d'Henri VIII d'Angleterre.

Revenu en Espagne, il est précepteur du futur Philippe II d'Espagne. L'évêque de Ségovie fait condamner une de ses œuvres où étaient soutenues ses idées sur la conversion des infidèles par les universités de Salamanque et d'Alcala de Henares. Sepúlveda se retire dans son village natal de Pozoblanco où il meurt après avoir consacré ses dernières années à l'écriture d'ouvrages historiques.

Son œuvre

Chroniqueur de l'empereur Charles Quint, son œuvre De rebus Gestae Caroli Quinti revêt un caractère aussi panégyrique. Son Histoire de la conquête du Nouveau Monde (De rebus hispanorum gestis ad Novum Orbem Mexicumque) l'amène à devenir le défenseur quasi officiel de la conquête, de la colonisation et de l'évangelisation des populations autochtones de l'Amérique.

Influencé par la philosophie d'Aristote, il y justifie, par le but de les élever au même niveau, un droit des peuples de civilisations plus développées à soumettre les autres et s'oppose en cela aux idées de Francisco de Vitoria.

Il s'oppose à Bartolomé de las Casas et publie son De justis belli causis apud un indium pour répliquer aux Trente propositions très juridiques de ce dernier. Cela amène la réunion de théologiens à Valladolid (Controverse de Valladolid) en 1550 destinée à discuter de la légitimité ou non d'une colonisation institutionnelle des Amériques par l'Espagne du fait des caractères contraires à la Loi Naturelle observés chez les Indiens.

Sepulveda, partisan du concept aristotélicien de la Loi Naturelle autant que de l'idée de Raison d'Etat de Machiavel, défend ses idées sur la Juste Guerre contre des Indiens pratiquant des actes antinaturels tels que le cannibalisme et les sacrifices humains et pour éviter des guerres entre ceux-ci.

L'école de Salamanque et Francisco de Vitoria s'étaient déjà opposées à ces arguments en distinguant Loi naturelle et Droit naturel déclarant que l'établissement d'une société, d'une civilisation est une chose naturelle à l'Homme et que toutes les sociétés étant égales en dignité, nul ne peut se fonder sur l'infériorité de leur développement pour les soumettre.

Son rival Las Casas défend l'égalité générique des êtres humains en marge de toute position politique et la nécessité de se limiter à envoyer des prédicateurs pour évangéliser, sans aucun appui militaire.

Les deux protagonistes s'accordent donc sur le changement moral qui doit s'opérer dans les mentalités indiennes mais diffèrent sur les moyens.

Il n'y a pas eu de conclusion à ses travaux et chacun des concurrents s'est considéré comme vainqueur.

Liens externes

• (de) Publications de et sur Juan Ginés de Sepúlveda dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB)
• Juan Ginés de Sepúlveda dans le Scholasticon