Jeanne de Larochefoucauld

Jeanne de Larochefoucauld

Madame d'Urfé

Jeanne de la Rochefoucauld, marquise d’Urfé
Nom de naissance née Jeanne Camus de Pontcarré
Surnom(s) Madame d’Urfé
Naissance 1705
Décès 13 novembre 1775 (à 70 ans)
Nationalité France France
Famille Honoré d'Urfé

Jeanne Camus de Pontcarré, par son mariage Jeanne de la Rochefoucauld, marquise d’Urfé (1705 - 13 novembre 1775[1]), était une veuve excentrique, férue d’occultisme et d’alchimie. Riche et crédule, elle est plus connue comme la Madame d’Urfé (parfois Madame Durfé) de la biographie d’aventuriers du XVIIIe siècle comme le comte de Saint-Germain, le comte de Cagliostro, et Casanova.

Sommaire

Biographie

Vie

Jeanne Camus de Pontcarré, née en 1705, est la fille de Nicolas Pierre Camus de Pontcarré, premier président du Parlement de Rouen.

Elle se marie le 11 septembre 1724 avec Louis-Christophe de Lascaris d’Urfé de la Rochefoucauld (1704-1734), marquis de Langeac (aussi appelé Louis Christophe de la Rochefoucauld-Lascaris, marquis de Langeac et d’Urfé ; ou Louis-Christophe de la Rochefoucaud de Lascaris d’Urfé, marquis d’Urfé et de Langeac). Ils ont trois enfants :

  • Alexandre-François (ou Jean-Antoine-François), marquis de Langeac (né en 1733 ; mort le 20 octobre 1742)
  • Adélaïde-Marie-Thérèse, marquise de Bagé et de Langeac, comtesse de Saint-Just (née le 6 août 1727 ; mariée le 7 mai 1754 avec Alexis-Jean, marquis du Châtelet-Fresnières (?-1761) ; morte en ?)
  • Agnès-Marie de la Rochefoucaud de Lascaris d’Urfé (née le 27 février 1732 ; mariée le 4 avril 1754 avec Paul-Édouard Colbert, comte de Creuilly (?-1756) ou Paul-Édouard d’Estouteville ; morte le 1er juillet 1756).

En 1734 son mari meurt, la laissant à vingt-neuf-ans la maîtresse de consacrer à sa guise son temps et sa fortune à ses entreprises alchimiques (elle est décrite par la Marquise de Créquy comme « la plus opiniâtre des alchimistes et la plus déterminée souffleuse de son temps »[2]), avant de la dilapider avec des aventuriers occultistes (« C’est une femme perdue, nous dit ma tante la Baronne ; elle en a la tête à l’envers, et tout son bien s’en ira par le soufflet. », rapporte encore la Créquy[2]).

Madame d’Urfé rencontre ainsi le Comte de Saint-Germain (voir section dédiée), puis le Comte de Cagliostro (voir section dédiée). En 1757, elle habite à Paris sur le quai des Théatins (quai Voltaire depuis 1791) à côté de l’hôtel de Bouillon (actuellement le 17 du quai Malaquais), où elle rencontre Casanova (voir section dédiée). En 1763, elle sera exploitée par Giacomo Passano, ex-complice de Casanova qui les a brouillés pour la récupérer.

En plus des ses recherches ésotériques, Madame d’Urfé entendait des voix et se croyait en communication régulière avec des esprits ; Casanova évoque plusieurs fois le fait dans ses Mémoires[3], ainsi que la Grande Landgrave, Caroline de Hesse (1721-1774, épouse de Louis IX de Hesse-Darmstadt), qui écrit le 7 avril 1758 « Il y a une Mme Durfé à Paris, femme d’esprit, mais qui se croit en commerce avec les Sylphes et les Génies. »[4].

Madame d’Urfé meurt le 13 novembre 1775[1] à soixante-dix ans.

Saint-Germain

« Elle a travaillé pendant quatre ans sur la cabale et la pierre philosophale avec le prétendu Comte de Saint-Germain, ce qui n’a pas laissé de lui coûter cent mille écus. » en dit la Créquy[5]

Cagliostro

« Le signor Alessandro Cagliostro lui fit dépenser, quelques années après, quatre ou cinq cent mille francs pour opérer l’évocation des ombres de Paracelse et de Moïtomut, qui devaient lui révéler la dernière Arcane du Grand-œuvre. » en dit la Créquy[5]

Casanova

Vers la mi-1757, Casanova soigne avec succès la sciatique de Nicolas de la Tour d’Auvergne (1720-?) avec un pentagramme et quelques paroles magiques ; enthousiasmé, ce dernier le présente à sa tante férue d’occultisme, la marquise d’Urfé.

D’après ses propres Mémoires, Casanova lui fait croire qu’il a des pouvoirs et accepte de chercher le moyen de la faire renaître dans un nouveau corps ; Mme d’Urfé, par ailleurs son amante occasionnelle, financera ainsi ses voyages et ses recherches, lui donnant aussi des adresses et des lettres de recommandation (« Elle a fini par tomber dans les mains d’un autre imposteur italien, nommé Casanova, lequel avait la délicatesse de ne jamais lui demander de l’argent, mais seulement de riches pierreries pour en former des constellations. » en dit la Créquy[5]).

En 1763, elle presse Casanova d’effectuer enfin sa régénération ; ce dernier lui propose de la mettre enceinte d’elle-même durant une cérémonie de triolisme magique, afin qu’elle accouche d’un mâle (censé détenir plus de pouvoirs occultes) dans lequel son âme transmigrera à l’accouchement. La rupture aura lieu la même année quand un ancien complice de Casanova lui dénonce toutes ses supercheries afin de devenir son nouveau sorcier. (Dans ses Mémoires, Casanova dissimule cette rupture en alléguant de la mort de Mme d’Urfé cette année-là.)

Sources

Sources générales
Généalogie et état-civil
Sources non consultées (pistes indicatives)
  • A. Compigny des Bordes, Casanova et la Marquise d’Urfé, éd. Champion, Paris, 1922
  • Lorenzo da Ponte, Mémoires, Jonquières, 1931, p. xx-xxi et 145
  • Charles Samaran, Jacques Casanova Vénitien, chap. XIII

Notes

  1. a  et b Une ancienne source donne le 18 novembre 1770 (Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, vol. 15 (1923), p. 100), mais toutes les autres sources donnent le 13 novembre 1775 (Louis J. Courtois, Chronologie critique de la vie et des œuvres de Jean Jacques Rousseau, 1924, p. 100[1] ; le « Répertoire » de l’éd. La Sirène des Mémoires de Casanova, 1924-1933, repris pour l’éd. Bouquins de Histoire de ma vie, 1993 ; Georges Martin, Histoire et généalogie de la maison de La Rochefoucauld, 1975, p. 125[2] ; André Vernet, Études médiévales, 1981, p. 85[3])
  2. a  et b Marquise de Créquy, t. I, chap. VIII
  3. Par exemple : Histoire de ma vie, éd. Laffont/Bouquins, 1993, t. III, vol. 9, chap. VI, p. 107.
  4. Répertoire, p. 935, citant Gugitz, Giacomo Casanova.
  5. a , b  et c Marquise de Créquy, t. III, chap. IV


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