Jean Sulivan

Jean Sulivan

Jean Sulivan, pseudonyme de Joseph Lemarchand, prêtre de l'Église catholique, est un écrivain français né le 30 octobre 1913 à Montauban-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, à quelques trente kilomètres à l'ouest de Rennes et mort le 16 février 1980 à Paris.

Christianisme et écriture, vécue comme un sacerdoce, se retrouvent intrinsèquement liés sous le nom de plume de Jean Sulivan, « prêtre-écrivain », dont l'œuvre singulière échappe à la classification dans l'époque d'après-guerre où elle commence de s'affirmer.

Dans les années 1960, Jacques Madaule dit de lui qu’il est « un auteur capable de continuer Bernanos»[1].

« Un jour, Abhis, j'ai su dans un éblouissement que Dieu voulait ma liberté par-dessus tout [...]. »

— Jean Sulivan, Le plus petit abîme, p. 226[2]

La conception d'une littérature « vécue » comme partagée avec les autres que sont les lecteurs (« Aux lecteurs [...] qui font mes livres avec moi », dit la dédicace de Miroir Brisé en 1969) donne aux livres de Jean Sulivan une présence en demeure d'accompagner le monde contemporain.

« Jean Sulivan avait de la littérature une vision accordée à sa liberté intérieure. [...] S’il fait trace aujourd’hui, comme sans doute pour demain, cela tient sans doute à la modestie de celui qui écrivait: "Ne cherchez pas un ordre en cet ouvrage (…) cherchez le centre. Où ? En vous-mêmes". Cette invite constante chez lui à oublier les auteurs, à rendre le lecteur coauteur d’une parole intérieure est un viatique précieux. »

— Bruno Frappat,« Jean Sulivan, contemporain », La Croix, 6 janvier 2011

Sommaire

Biographie

L'enfance, splendide, est immédiate; ensuite blessée, et les chemins sont plus obscurs, qui emmènent Joseph Lemarchand jusqu'à devenir « Jean Sulivan ».

De Fonténigrou à Rennes

Enfance, adolescence

Joseph Lemarchand, né en 1913 à Montauban-de-Bretagne, est le fils aîné d’Angèle Delaunay et Joseph Lemarchand, métayers au lieu-dit Fonténigou, les « Fontaines Noires ». Jean Sulivan, qui écrira en 1976 dans ses Matinales avoir renoncé à tout enracinement, précisera néanmoins : « Mais il est vrai que lorsqu'on a vécu son enfance et son adolescence dans un village, on le porte avec soi toute sa vie ». Dans sa biographie de Jean Sulivan, Édith Delos[3] évoque « le bonheur fondamental de cette immersion première dans la nature : la mère, la terre, les bêtes, l'eau, l'air, les arbres, l'herbe... ».

Le père du futur « Jean Sulivan » a été mobilisé et meurt au front en Algonne en 1916.

La mère se remarie en 1919. Pour l'enfant, c'est une blessure. Il aura trois frères et une sœur, nés du second mariage de sa mère.

L'école signifie aussi une rupture : « Petite mère dut me contraindre à aller en classe, me cogner dessus avec une gaule qu'elle avait arrachée à un fagot, me traîner hurlant. Pendant la première récréation je pris la fuite vers la forêt ». Jean Sulivan ne commence de parler des premières blessures mémorisées obscurément dans l'enfance qu'à partir de 1965-1966, dans Devance tout adieu, après la mort de sa mère.

Il entre au petit séminaire de Châteaugiron, à une vingtaine de kilomètres de Rennes, en 1926, et il ne revient plus alors à la ferme qu'aux vacances. Il a choisi le petit séminaire « dans l'idée d'être surveillé de moins près... pour faire plaisir à sa mère, pour ne pas déplaire aux prêtres, à cause de la lecture des vies de saints qui étaient une sorte de récits d'aventure, par manque de goût pour les métiers ordinaires...»[4].

Vers la prêtrise

Il entre au grand séminaire de Rennes en 1932, et est ordonné prêtre en 1938.

Il peut avoir accès un peu clandestinement à un certain nombre de lectures plus « libres » (il énumère dans Le plus petit abîme: « Maritain, Gilson, Gabriel Marcel, Heidegger, Kierkegaard; Claudel, Lubac, Montcheuil, Congar et quelques autres »)

En 1938, après son ordination, il devient professeur au collège Saint-Vincent de Rennes. Peut-être parce qu'il est le fils d'un « tué à la guerre », il est dispensé du service des armes.

Ce faisant, et indépendamment, après le séminaire : études universitaires

Il suit des cours de lettres et de philosophie à l'université : « L'université m'aura plus appris que le séminaire. [...] J'y ai trouvé la liberté spirituelle [...] ».

C'est une période de formation.

L'entrée en lice: culture et cinéma

En 1945, ce prêtre atypique fonde un centre de conférences, la « Résistance spirituelle », renommée ensuite la « Renaissance spirituelle ». Les rencontres ouvertes au public ont lieu tous les quinze jours au cinéma « Le Français ».

En 1946, Sulivan est nommé aumônier des étudiants.

Pour devancer une décision de l'évêché dans la nomination d'une personnalité plus « conforme », il donne sa démission en 1949. Le cardinal Roques lui donne cependant toute liberté pour continuer et développer ses activités culturelles: il crée un ciné-club d'art et d'essai, « La Chambre Noire », et un journal mensuel, Dialogues-Ouest.

Joseph Lemarchand est en train de muer; divers pseudonymes apparaissent: Jacques Moreuil, Jean des Houches...

Il a déjà eu deux accidents de moto, et a traversé l'expérience du coma et du lent retour à la vie après le premier qui a été grave.

Dialogues-Ouest cesse de paraître en 1954 au quarante-cinquième numéro, de par la volonté de celui qui l'a créé.

Jean Sulivan : voyages, et écrivain « terreux » à Paris

En 1958, Jean Sulivan a quarante-cinq ans lorsqu'il publie sous ce pseudonyme son premier livre, Le voyage intérieur.

Il écrira un jour: « Autour de quarante ans, je suis né à la lumière, à la jeunesse de l'écriture en Engadine, à Gaeta, Sorrente, en Sicile, comme à Taroudant, Tafraout, Zagora ».

Les voyages de Sulivan, à côté des courses en montagne, et des pélérinages littéraires sur les traces de Rainer Maria Rilke et de Nietzsche, comprennent également le travail en usine chez Salmson à Boulogne-Billancourt.

En 1964, en Inde, il rencontre Henri Le Saux, « Abhis » dans Le plus petit abîme : « Je suis né dans l'Inde du Sud, au bord d'un fleuve » ; « Soudain la chose est là, bondit, vous coupe le souffle, vous tord; un vent de panique vous secoue comme un arbre, vous dépouille, la fulgurante intuition de la contingence, de l'inimportance de tout, du vide, tandis qu'une joie inexplicable se déplie, vous ouvre... Il faut s'asseoir, se laisser aller aller tant le choc est brutal ». Édith Delos rapporte qu'à son retour en France, son frère Maurice Récan ne l'a pas reconnu, car « c'était un autre homme ».

En juillet 1965, la mère de Jean Sulivan meurt en refusant les « consolations » de la religion.

En 1967, Jean Sulivan s'installe définitivement à Paris: « Terreux. En tout homme des villes il y a un terreux [...] » (La traversée des illusions).

De 1970 à 1980, il fonde et dirige la collection Voies ouvertes chez Gallimard, puis Connivence chez Desclée de Brouwer.

II décède, le 16 février 1980, une semaine après avoir été renversé par une voiture à Paris en traversant une route du Bois de Boulogne.

De mémoire d'écrivain : l'Association des Amis de Jean Sulivan

L'Association des Amis de Jean Sulivan est fondée en 1985 « pour promouvoir la connaissance et la diffusion de l'œuvre de l'écrivain »; sa présidente statutaire est Édith Delos, légataire de Jean Sulivan.

Les autres membres fondateurs sont: Jacques de Bourbon-Busset(†), Jean Bousquet(†), Patrick Gormally, Gilles Farcet, Claude Goure, Henri Guillemin (†), Lucien Guissard, Jacques Madaule (†), Joseph Majault (†), Georges Morel (†), Jean-Claude Renard(†), Bruno Ribes(†).

L'Association a publié 13 numéros de sa revue « Rencontres avec Jean Sulivan ».

L'Association aura vécu vingt-cinq années, et aidé ainsi à faire connaître l'œuvre de l'écrivain en l'accompagnant jusqu'à son « passage » dans le troisième millénaire. Fin novembre 2010, à la demande de sa présidente Édith Delos, qui écrit dans sa biographie à propos de Jean Sulivan, ce « fils sans père, fils de tué » - comme il disait : « Personnellement, je l'aurai toujours vu saluer avec humour les monuments aux morts », l'Assemblée Générale des « Amis de Jean Sulivan » s'est prononcée sur la dissolution de l'Association, devenue nécessaire. Sûrement en toute fidélité aussi et au final à la mémoire de Jean Sulivan!

Au début de l'année 2011, Édith Clanet-Delos a déposé les archives de Jean Sulivan à l'I.M.E.C.. Édith Clanet-Delos est décédée à Paris le 13 mai 2011.

Œuvres

Fin des années 1950

  • Le Voyage intérieur, Plon, 1958; réédité dans Bonheur des rebelles, Gallimard, 1968
  • L'insurrection du prince, récit inédit, 1959, édité dans Bonheur des rebelles, Gallimard, 1968
  • Provocation ou la faiblesse de Dieu, Plon, 1959

Années 1960

  • Le bonheur des rebelles, Plon, 1960, réédité dans Bonheur des rebelles, Gallimard, 1968
  • Le Prince et le mal, Paris, Spes, 1960
  • Ligne de crête Plon, 1961, réédité et suivi de Les Hommes de souterrain, Desclée de Brouwer, Coll. « Connivence », 1978.
  • Paradoxe et scandale, Plon, 1962, réédité sous le titre Dieu au-delà de Dieu, Gallimard, 1968, puis aux éditions Desclée de Brouwer, 1982
  • Du côté de l'ombre, Gallimard, 1962
  • Mais il y a la mer, Gallimard, 1964 ; collection Folio, n° 628, 1974.
  • Le plus petit abîme, Gallimard, 1965
  • Devance tout adieu, Gallimard, 1966; collection Folio n° 1451, 1983. Prix des écrivains de l'Ouest 1988.
  • Car je t'aime, ô Éternité !, Gallimard, 1966
  • L'Obsession de Delphes, Gallimard, 1967
  • Bonheur des rebelles, Gallimard, 1968
  • Consolation de la Nuit, Gallimard, 1968
  • Dieu au-delà de Dieu, Gallimard, coll. « Les Essais », 1968 (réédition de Paradoxe et scandale, Plon, 1962, avec quelques ajouts), réédité aux Éditions Desclée de Brouwer, coll. « Connivence », 1982.
  • Les Mots à la gorge, Gallimard, 1969 et éditions Apogée, 2008
  • Miroir brisé, Gallimard, 1969

Années 1970

  • D'Amour et de mort à Mogador, Gallimard, 1970
  • Petite littérature individuelle suivi de « Logique de l'écrivain chrétien », Gallimard, Collection « Voies ouvertes » dirigée par Jean Sulivan, 1971.
  • Joie errante, Gallimard, 1974; coll. Folio n° 1917, 1988.
  • Je veux battre le tambour, Gallimard, 1975
  • Matinales I : Itinéraire spirituel, Gallimard, 1976; Folio essais n° 367, 2000
  • Matinales II : La Traversée des illusions, Gallimard, 1977. « Passez les passants », postface à Henri Guillemin, Sulivan ou la parole libératrice, Gallimard, 1977.
  • « La Dévotion moderne », introduction à L'imitation de Jésus-Christ, nouvelle traduction du latin par Michel Billon, Desclée de Brouwer, coll. « Connivence »,1979
  • L'instant l'éternité, Entretiens avec Bernard Feillet, Ed. du Centurion, 1978
  • Quelque temps de la vie de Jude et Cie, Stock, 1979

1980, et après

  • L'Exode, Desclée de Brouwer, 1980; réédition avec une préface de Jacques de Bourbon Busset, Cerf, 1988
  • Parole du passant, Le Centurion-Panorama Aujourd'hui, Paris, 1980, réédité aux Éditions Albin Michel, coll. « Paroles vives », 1991

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Archives de Jean Sulivan

Au début de l'année 2011, les archives de Jean Sulivan ont été déposées par Édith Delos, légataire de Jean Sulivan, à l'I.M.E.C. (Institut mémoires de l'édition contemporaine).

Situation de l'œuvre de Jean Sulivan

Au cours de la biographie[5], aussi précise qu'émouvante, qu'elle a rédigée de l'écrivain, Édith Delos rend compte de l'ensemble de l'œuvre du point de vue chronologique en ces termes :

« En 1958 il publie son premier livre, Le voyage intérieur, sous le pseudonyme de Jean Sulivan. À partir de cette date, chaque année (sauf entre 1971 et 1974) il publiera un ou deux ouvrages: essais, nouvelles et romans se succèdent. Cette abondance de publications ne doit pas cacher le mouvement intérieur qu'il trouve toujours pour avancer. Il semble que sa vie réponde à une impulsion »

— Jean Sulivan: biographie, par Édith Delos

Naissance de l'œuvre dans l'après-guerre français

Une page de synthèse littéraire, intitulée « Roman et idéologies d'après-guerre » au paragraphe « Orthodoxies et création », dans le volume Littérature XXe siècle de la collection Henri Mitterand - « Textes et documents »[6] situe Jean Sulivan au chapitre 19. « Années 50... Hussards et Chevau-légers », 2. « Romans de mal du siècle », en tant que romancier inspiré par le christianisme, aux côtés de Pierre-Henri Simon, Luc Estang, Paul-André Lesort, Roger Bésus, Henri Queffélec ou Gilbert Cesbron...

« Fils de tué » (Joie errante, 1974[7]) de la première guerre mondiale, ce doit être en effet le contraire du hasard qui se trouve après coup à l'origine de la vocation du « prêtre-écrivain » sous son nom de plume de Jean Sulivan :

«  [Guerre[8]:] Je crois n'avoir jamais vu un film des anciennes actualités de guerre sans avoir fermé les yeux de honte, comme s'ils pouvaient se voir les soldats, comme si j'étais parmi eux, les hommes arrachés à leur petite vie, pantins tressautant dans les boyaux des tranchées, bénis par leurs prêtres, mécaniques remontées par l'alcool aussi bien que par les propagandes monstrueuses où tout est confondu, l'argent, la patrie, la religion, Dieu... Ce sont toujours les vivants qui racontent les guerres. On aimerait connaître le point de vue des morts. Sans doute sont-ils devenus trop sérieux ou trop légers pour avoir un point de vue. »

— Jean Sulivan, Devance tout adieu, pp. 31-32

Liberté d'écriture et « rajeunissement » d'un christianisme « rebelle »

La liberté de plume, qui ne fait que s'accentuer au cours de l'évolution de l'œuvre, rend l'écrivain beaucoup plus inclassable que la mention de son nom dans le manuel scolaire de qualité signalé ci-dessus ne le laisserait supposer, selon un point de vue de l'histoire littéraire du XXe siècle en France n'excédant pas la fin des années 1980.

L'ouvrage d'Eamon Maher, Jean Sulivan, 1913-1980. La marginalité dans la vie et l'œuvre, par lequel l'auteur « entend mettre en lumière l’originalité d’un parcours et d’une écriture des marges », souligne le fait suivant : « le prêtre-écrivain Jean Sulivan est encore peu connu en France. Pourtant, Jacques Madaule a dit de lui dans Témoignage chrétien du 30 avril 1964 qu’il était ’un auteur capable de continuer Bernanos.’ »

Il y a une « transcendance » de l'œuvre de Jean Sulivan qui en transporte l'âme vers l'intérieur de son enracinement le plus terrestre, en deçà et au-delà du cœur du vingtième siècle où une telle œuvre s'accomplit entre les années 1950 et 1980.

Au-delà des fractures

Henri Guillemin, dans l'essai biographique de l'œuvre, qu'il consacre à Jean Sulivan, observe une certaine mutation dans la vie d'âme de l'écrivain vers 1970.

« Traversée d'un désert, après D'Amour et de mort à Mogador (1970). Silence; si l'on excepte Petite littérature individuelle (1971). Avec Joie errante (1974), une respiration, une expression inédites. »

— Henri Guillemin, Sulivan ou la parole libératrice, p. 54.

Ce moment de suspens sensible au début des années 1970 déterminerait dans l'après-coup un accent et un style plus intensément modernes de l'écriture, brillante, discontinue, à partir de Joie errante (1974). Jean Sulivan a lui-même relevé ce moment de « fracture » au travers du personnage d' « Imagine », lorsque, écrit Édith Delos dans sa biographie de l'écrivain, « entre 1971 et 1974 il ne publie rien: durant des mois " tout s'effondre ", " les mots flottent et ne s'emboîtent plus. " » : il vit alors « dans le vide d'Imagine », déraciné.

Au cours de son analyse, Henri Guillemin pousse alors un peu Jean Sulivan dans ses retranchements:

« On se prend à déplorer que Sulivan n'ait pas écrit les deux ouvrages que la vie lui proposait, l'un centré sur cette "Lucie" fugitivement sous nos yeux au début de Mogador, l'autre dont l'héroïne eût été celle qu'il a nommée "Imagine". Lucie la croyante, Lucie l'adultère et qui ne regrette rien; [...] Lucie qui ne demanderait qu'à s'enfuir avec son amant, mais "la femme qui partirait avec toi serait une autre"; leur séparation consentie dans le déchirement. Et l'aventure Imagine, ce déferlement de bonheur. [...] Pourtant, il l'avait avertie: "Le mariage, jamais"; et, à présent, ce désarroi; cette impression d'arrachement injuste; l'être éperdu qui saigne, et qui ment, laissant croire, quand il parle d'elle, qu'elle est morte, qu'elle s'est tuée. Puis il fait la connaissance de Joss et Géri [...] »

— Henri Guillemin, Sulivan ou la parole libératrice, p. 153-154.

Le romancier auteur de D'Amour et de mort à Mogador aura donné au personnage de « Lucie » le prénom d'une personne proche de sa mère, évoquant l'enfance et la première rencontre du corps féminin. Le récit le plus autobiographique de Sulivan, sur la mort de sa mère, est Devance tout adieu. Dans la biographie de l'écrivain rédigée par Édith Delos, celle-ci laisse Jean Sulivan raconter:

« Je vis Lucie, notre servante, parfaitement nue qui se considérait dans la glace. Je ne crois pas avoir éprouvé autre chose qu'un tranquille éblouissement, le même bonheur que me donnaient les arbres, les bêtes. Plus tard on m'expliqua que les images étaient un péché. Ou bien avais-je mal compris? En tout cas, je sais que je m'accusai souvent de ce péché, sans comprendre en quoi c'était un péché. Quand les images se mirent à naître du dedans. L'angoisse vint, puis la peur.  »

— Jean Sulivan cité dans la Biographie établie par Édith Delos.

« Ainsi parlait »... Jean Sulivan

Cependant chez Sulivan, les blessures de la vie doivent donner des ailes. Et le chrétien, qui n'est pas forcément un saint, est tout de même une sorte de héros qui saute par-dessus les abîmes à l'instar du Zarathoustra bondissant de Nietzsche.

Le caractère percutant et provocateur de cette parole de prédicateur jeté dans le siècle, qui s'entend à jouer avec un art consommé de l'aphorisme appliqué à une modernité de la « mort de Dieu », demeure prégnant, soutenu comme sur un fil tout au long de l'œuvre de l'écrivain chrétien « rebelle ». Jean Sulivan, poète et penseur, a bien fréquenté la philosophie et la danse joyeuse de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche, fréquentation dont on retrouve la trace inscrite du souvenir[9] dans maints de ses livres. Certains titres parlent d'eux-mêmes: Car je t'aime ô éternité!, L'instant, l'éternité... « Nietzsche se parle en moi », confie à ses lecteurs - « coauteurs », Jean Sulivan dans Miroir brisé[10].

L'éternité, c'est aussi la jeunesse d'esprit:

« La vraie jeunesse est au-delà de l'âge, conquise »

— Jean Sulivan, Provocation, p. 177[11]

Éternité de l'instant et « poésie » vécue du christianisme

Le « prédicateur », petit frère moderne des « pauvres en esprit » au sens évangélique des Béatitudes, est donc un poète. Ou du moins se compte-t-il, parmi les poètes dont il est le familier, comme l'un des leurs, en quête d'un instant de grâce.

« sous peine de devenir heureux comme un arbre »

Et voilà par exemple des clochards du Champ-de-Mars à Paris, en train de s'entretenir, par-dessus quelques abîmes nietzschéens du chant d'ivresse de Zarathoustra à 1800 mètres en Haute Engadine, avec un certain nombre d'oiseaux plus terre à terre:

«  Six heures du matin, au Champ-de-Mars. Quatre clochards au bord de la pelouse se font la barbe près d'une prise d'eau, tandis que deux autres cassent la croûte. C'est un dimanche de mai. Pigeons et moineaux se sont assemblés autour. Il y a des rires mélangés aux piaillements dans l'air léger. Un merle, un peu à l'écart, tente de s'envoler avec un morceau de plastique rouge. Et l'un des clochards qui mange, son couteau à la main, lui cause: Vlàti pas que tu te mets toi aussi au plastique asteure, tu f'rais mieux de piquer des brindilles et des plumes, p'tit connard... Mais le merle a réussi à s'envoler avec sa trouvaille, et les voici, tous les six, couteaux en main, rasoirs, visages savonneux, le nez levé sous un marronnier, pour voir, des fois, s'il n'aurait pas son nid par là l'oiziau. [...] J'aimerais bien engager la conversation avec tel ou tel. Je ne me sens pas assez pauvre ce matin. Ce sont des seigneurs, vous comprenez. [...] »

— Jean Sulivan, La traversée des illusions (Matinales II), pp. 60-61[12]


« Aveuglement et orgueil à refuser la finitude », écrit Sulivan dans Petite littérature individuelle. « À chaque pas » il doit « prendre terre pour aller plus loin ». « Aveuglement et orgueil à s'enraciner dans les mots, sous peine de devenir heureux comme un arbre. » [13] !

La foi en « la Sainte Église »

Plus chrétien que nietzschéen, Jean Sulivan reste cependant un prêtre complètement fidèle à l'Église catholique romaine:

« Je puis suivre Nietzsche quand il écrit: L'Église est exactement ce contre quoi Jésus a prêché — ce qu'il enseignait à ses disciples de combattre.Mais il y a une chose que Nietzsche à son époque, ne pouvait sans doute percevoir. Le "poème", la communion issus de la Parole et de la logique de l'Évangile, qui existent avec et contre l'entreprise, c'est aussi l'Église qui les garde, notre mère, Henri, la Sainte Église, dans sa réalité indivisible. »

— Jean Sulivan, Passez les passants, dans: Henri Guillemin, Sulivan ou la parole libératrice, pp. 209-210.

En fait, Nietzsche, comme beaucoup de grands poètes et penseurs allemands (Il suffit de songer à Hölderlin, dont la mère était une fille de pasteur), est un « fils de pasteur », né et élevé dans le milieu pastoral[14]. Et Jean Sulivan, qui n'est pas spécialement germaniste de formation [Parmi les « rencontres » de Jean Sulivan, c'est Roseline Bonnellier qui est la germaniste en question et apporte à Sulivan quelques nouvelles informations sur Hölderlin, Georg Heym... (évoqués dans Petite littérature individuelle , p. 61); voir plus bas 3.4.2 ], ne pousse pas l'analyse — laquelle analyse pourrait prendre alors une dimension théologique, jusqu'à envisager les points de doctrine profonds, où protestants et catholiques peuvent dialoguer en passant par la littérature: mais il s'agirait, dans l'histoire européenne et occidentale, de littérature allemande et non plus seulement de littérature française. Là encore, Jean Sulivan demeure un écrivain très français, presque sans trop le savoir. La France est toujours avec lui, et à juste titre, la « fille aînée de l'Église ».

Sous le nom de plume de « Jean Sulivan »

Qui habite à cette adresse de « Jean Sulivan »? Le pire n'est pas toujours sûr, a proposé, comme alternative en sous-titre de sa pièce Le soulier de satin, Paul Claudel, écrivain réputé comme très catholique.

« Jean Sulivan, contemporain »

Où est passé le « droit d'auteur »? Et le droit des autres « auteurs », celles et ceux que Bruno Frappat, dans son article du 6 janvier 2011 du journal La Croix, intitulé « Jean Sulivan, contemporain », estime être des « coauteurs », non sans avoir rappelé auparavant, selon lui, que chez Sulivan, « l'invite » était « constante [...] à oublier les auteurs » ? Voilà un paradoxe et ce qui rend en effet, et entre autres, Jean Sulivan très « contemporain », la condition ayant été posée que pour ce faire, il lui faut, à Jean Sulivan, « prêtre-écrivain » s'avançant « masqué » en citant Nietzsche, en référer à la religion catholique. La foi en Dieu représente le lieu « commun » de la « nouvelle alliance », l'adresse des « amis » de Jean Sulivan et d'un amour humain possible.

Jean Sulivan dans Wikipédia, problématique

Et là, ce n'est pas simple du tout, c'est même très compliqué, pour sacrifier dans cet article de l'Encyclopédie « libre » Wikipédia (fr) à un style plus « familier », moderne, voire « postmoderne ». Bref, « Jean Sulivan, un article de l'Encyclopédie libre Wikipédia », se doit d'être rédigé sous un aspect profane, mot que certaines langues (l'allemand, l'anglais) peuvent entendre comme « laïc» dans des pays plus marqués culturellement par le protestantisme. L'idée de laïcité est d'abord une idée religieuse, protestante, qui vient de « pays allemands » et de la Réforme, précisément de Luther au XVIe siècle, traducteur de la Bible pour « tous les hommes » (alle mannen: les « Allemands »). Faire apparaître « Jean Sulivan » sous forme d'article un peu plus développé qu'au départ dans l'Encyclopédie « libre » Wikipédia, trente ans après la mort de l'homme qui n'aura pas vraiment connu en pratique l'avènement d'une nouvelle ère, celle de l'application de l'Informatique à l'Internet dans le domaine de la communication, peut apparaître comme une gageure, d'inspiration « pas très catholique » (bon mot). L'article risque de devenir subversif au sens où Jean Sulivan aurait été farouchement, en tant que chrétien « rebelle », opposé au principe de Wikipédia:Neutralité de point de vue[15] qui fait office inquisitorial de Censure en matière de « travail inédit » interdit pour les humbles petits auteurs - contributeurs travaillant dans l'ombre sous « pseudonyme » pour le grand Auteur anonyme Wikipédia. Qu'on est tout de même prié de citer en tant que source d'information où « tout le monde » s'en va puiser aujourd'hui, même lorsqu'on s'appelle Michel Houellebecq[16].Toute l'œuvre de Sulivan est le contraire de la neutralité de point de vue, elle le dit, et le crierait tel Saint Jean Baptiste dans le désert culturel contemporain actuel, notamment le livre de 1971 d'avant le suspens qui va s'ensuivre de quelques années jusqu'à « Imagine » de Joie errante : Petite littérature individuelle.

Ceci dit, le Vatican a reconnu pour ses ouailles l'« Encyclopédie libre Wikipédia » comme « Encyclopédie sociale ». L'anthropologue Maurice Godelier, qui n'appartient pas au courant précédent du structuralisme appliqué en ethnologie, pense que les sociétés humaines fonctionnent sur la base de rapports « politico-religieux ».

Jean Sulivan et la littérature « française » des trente dernières années

Il s'agit ici de littérature, et plus particulièrement encore de littérature française au regard de son lieu plus autorisé de publication dans le monde médiatique, sur une certaine scène culturelle relativement localisée en France, mais qui peut prétendre aujourd'hui, du fait de la technique informatique appliquée au phénomène politico-économique de la mondialisation, à conquérir une audience planétaire par le moyen de l'Internet.

Le Monde des livres, daté du vendredi 14 janvier 2011, traite beaucoup du thème de « l'écriture » en quelque sorte de « la vie privée »[17], en extension aujourd'hui, ainsi que de son effet dans l'édition: « Une vraie question demeure: comment fait-on connaître un livre? [...] Si l'auto-édition a le vent en poupe, c'est aussi que son statut a changé. " Il y a encore dix ans, autoédition rimait avec compte d'auteur et arnaque, aujourd'hui les préventions sont tombées, constate Jean-Marc Savoye... »[18]. Un problème connexe, très actuel en France, d'une littérature depuis « les trente dernières années » de « l'autofiction » et de « l'écriture de soi », lié à un « retour du sujet » (Le Monde des livres, Spécial Salon, 26 mars 2010), où « la psychanalyse est passée par là » (Camille Laurens, ibidem et dans l'émission « Répliques » de Alain Finkielkraut sur France-Culture à propos de Romance nerveuse, toujours sur ce thème faisant suite au Salon du Livre de mars 2010), revient à la une et développé en pages 4 et 5 du même Monde des livres du 14 janvier 2011:« Les romanciers ont-ils tous les droits? »,à savoir le droit de transformer « des personnes réelles en personnages de leurs livres »[19] ?

Les écrivains « français(es) » [Le genre de « l'écriture de soi » est très féminisé, ce n'est pas par hasard] contemporains mettent comme argument imparable dans la balance, opposé au nouveau type de « censure modernisée »[20], leur seule « liberté » d'écrivain ou d'artiste. Quelle est la différence avec Jean Sulivan? L'idéal de liberté (liberté de plume) de ces écrivains contemporain(e)s ne repose que sur eux-mêmes, avec à l'occasion la vague « permission » donnée au « sujet » que « la psychanalyse est passée par là » (d'après Camille Laurens : ce n'est pas précisé, mais cette « psychanalyse » -là du « sujet » inconscient est française: lacanienne, plus que freudienne). L'idéal de liberté (liberté de plume) de Jean Sulivan s'enracine dans le christianisme, un christianisme confessé et agi ou pratiqué (c'est un sacerdoce) religieusement par rapport à l'Église catholique romaine. Et n'en déplaise aux mânes de Jean Sulivan lui-même qui s'en défendait en pourfendant les « idéalistes », il faut bien employer le mot « idéal » ici pour l'idéal chrétien représenté.

Jean Sulivan et la psychanalyse

Ce mot « idéal » requerrait cependant son analyse au niveau de la « psychologie des profondeurs », c'est-à-dire de la psychanalyse[21] : le concept en question est l'« Idéal du moi » chez Freud plus que chez Lacan, mais nous entrons alors dans une autre histoire que celle de l'écriture, pour en témoigner, de Jean Sulivan. Lequel Jean Sulivan ne s'est pas trop engagé vis-à-vis de la psychanalyse, la laissant tout de même « à d'autres » : Son dernier roman Quelque temps de la vie de Jude & Cie l'attesterait à l'endroit du personnage de « Julie », par lequel la psychanalyse est plutôt vue de l'extérieur.

Cependant d'autres passages de l'œuvre de Jean Sulivan indiquent l'ouverture d'esprit de celui-ci vis-à-vis de la psychanalyse qui aide à « élargir » en quelque sorte le travail de l'âme, comme peut le faire le christianisme: il n'y a pas de contradiction entre l'une et l'autre.

Jean Sulivan et la « déchristianisation » en France

L'aspect très « contemporain » pourtant de l'écriture de Jean Sulivan, qui fait de cet auteur un écrivain de plein droit en « littérature française » se trouverait là toutefois : dans le fait que le « rebelle » chrétien révèle à quel point la « déchristianisation », presque forcenée jusqu'à user de la propagande, qui actuellement est de mise et « fait la loi » en France (il n'était pratiquement pas « politiquement correct » de se reconnaître « chrétien » sur la scène culturelle, il y a peu de temps encore, bien que les choses soient en train d'évoluer « politiquement »!), le fait qu'il révèlerait à quel point donc cette soi-disant « déchristianisation » est factice et refoule en réalité une origine passionnément religieuse, un catholicisme français relativement identitaire de notre pays, et presque inextinguible, en tous les cas sous la forme de son refoulement en littérature « française » et chez nos « intellectuels », trop arrêtés dans leur quête d'une « exception française » laïque - sommée de les « identifier » sur leur scène culturelle «  politiquement correcte » - à l'obligation de ne jamais oublier au vestiaire leur « carte d'identité » rétroactive qui date de l'affaire Dreyfus.

Il n'est par conséquent « pas toujours sûr » que Jean Sulivan, paix à son âme - il a beaucoup combattu, c'était un soldat du Christ, gare à la Censure « neutralisante » de Wikipédia! - serait entièrement d'accord avec Bruno Frappat dans La Croix sur sa « contemporanéité » actuelle:

« C'est maintenant, se dit l'écrivain dont je parle, à peine né, que j'ai à regarder le monde dans sa vérité, à l'aimer et à dire ce quelque chose, consubstantiel à la vie, qui passe la vie, ici, maintenant. Refuser d'être contemporain c'est pêcher contre la chair du monde. »

— Jean Sulivan, Passez les passants, dans: Henri Guillemin, Sulivan ou la parole libératrice, p. 203.

La part de l'ombre

Comment Jean Sulivan travaillait-il, écrivait-il?

Dans Miroir brisé (1969) par exemple

En 1969, Jean Sulivan dédiait Miroir brisé « aux lecteurs » qui lui avaient « écrit depuis cinq années » et il ajoutait: « qui font mes livres avec moi. Parce que lire c'est faire avec, épouser l'intention originelle en ce lieu des profondeurs où tout est commun à tous. Pour les remercier d'avoir contribué à ma liberté ».

Ainsi retrouve-t-on dans Miroir brisé des « morceaux » de... que faut-il dire? Est-ce que ce sont des morceaux de « personnes » réelles ? Seules savent les personnes concernées, susceptibles d'y « reconnaître » quelques détails allusifs comme leur « nom de poète » ou leur prénom, leurs histoires telles que Jean Sulivan les « voit », plus ou moins transformées ainsi qu'éclatées en plusieurs personnages de fiction.

Dans certaines nouvelles, on peut trouver aussi des poèmes qui n'ont pas été écrits par Jean Sulivan, qui sont d'un autre auteur[22], un jeune poète « inconnue » pour laquelle l'auteur « officiel », sous son nom de plume de « Jean Sulivan », n'a pas mis de note en bas de page, comme il était obligé de le faire pour, par exemple, Jean Tardieu dans Quelque temps de la vie de Jude & et Cie (page 238). Après coup (c'est un concept important en psychanalyse), des décennies plus tard, le poète qui n'est pas obligée de partager la « théorie » de Jean Sulivan, pourrait avoir commencé de prendre conscience du choc plus inconsciemment reçu autrefois. D'un point de vue « profane », si l'on n'est pas chrétien, l'acte d'écriture alors commis par Jean Sulivan, peut être considéré comme étant de l'ordre du « plagiat », ce plagiat dont notre époque aujourd'hui se montre friande sur la scène culturelle « bien-pensante » (Ce ne sont plus les catholiques aujourd'hui qui sont les bien-pensants de notre culture!). Le plagiat est une chose grave qui touche au corps de l'écrivain, met ce corps à vif.

Ce faisant, sous son nom de plume, Jean Sulivan en reconnaissait une autre à venir, en fait d' « auteur », lui donnait voix, la faisait naître en écriture, la baptisait « écrivain » en quelque sorte, au nom de sa petite littérature individuelle, et dans son esprit, au nom de Dieu. La poésie en France et dans notre « culture » contemporaine est un genre devenu impubliable, complètement marginalisé dans la petite ou la micro édition: toute une part de cette littérature de l'ombre s'exposait à devoir en passer par le compte d'auteur plus ou moins déguisé, et méprisé par les « grands » de l'édition « classique »; aujourd'hui on assisterait à une forme d'auto-édition passée à l'ère de l'informatique, ce qui ne supprime pas la question: l'écrivain pour quoi faire? La question se creuse au contraire.

Dans Petite littérature individuelle (1971)

Une « rencontre » a eu lieu ici; on ne rencontre pas quelqu'un tous les jours, et il arrive qu'on ne rencontre jamais personne dans une vie. Cette rencontre célébrée dans la petite littérature individuelle de Jean Sulivan n'était pas fictive. Dans cet ouvrage, poème et extraits de lettres de ce poète et jeune femme d'alors sont plus littéralement encore incorporés au texte, un grand extrait notamment de poème sur le thème des oiseaux[23], qui relève de la métaphore initiatrice de l'oiseau propre à Roseline Bonnellier et à sa pensée ultérieure dans le domaine scientifique de la psychanalyse.

L'incorporation du poème des « oiseaux, les bariolés, les flamboyants, là-bas, de toutes les couleurs... »[24] au texte de Petite littérature individuelle témoigne sous la plume de Sulivan d'une « communion », et d'un sacrement célébré comme le « mariage » ou l'eucharistie. Dieu préside à une histoire d'amour, et le poème est vécu, « physique d'âme ». Le « poème-oiseau » de Roseline Bonnellier revient encore ailleurs dans ce livre.

Dans l'édition Millas-Martin en 1977, le poème de Roseline Bonnellier (dont le nom de poète était Runa dans les années 1960 et jusqu'aux années 1980 environ) se déploie au paragraphe intitulé « Ysolde », pages 53-59 du recueil Pétales. En voici certains extraits qui ont « inspiré » Jean Sulivan, en particulier dans Petite littérature individuelle. La mise en page, importante pour un poème, ne peut pas être respectée ici, alors qu'elle compte beaucoup chez Roseline Bonnellier - Runa qui travaille dans l'espace laissé « nu » de l'écriture :

« La question est de savoir' si tu peux m'aimer' morte déjà / Ysolde est un grand oiseau' Comment effleurer la soie de ses ailes / [...] / Et l'unique consolation de la mer' est-elle au-delà de l'oubli sa musique sacrée / Miroir brisé' Blessure rire ébloui' Mais où vont les oiseaux les merveilleux oiseaux / Hommes' Ignorez-vous que la terre' est tombée du soleil' est morceau de soleil' se souvient du soleil' et ne peut s'en abstraire' bien qu'arrachée une fois' - fille du père - Ah! la joie des volcans' se roulant d'allégresse' et leurs pourpres en pleurs' quand s'écoule de leurs flancs' que déchire leur corps' le glorieux mal d'amour / Et le sang qui s'échappe le soir' à gros bouillons' dans le ciel blessé' que tranche' l'horizon / Les météores comètes' astres qui filent' ne se tiennent plus de feu' [...] / Ah! quand les arbres craquent' que tout s'emplit d'orage' que les maisons vacillent' que la mer vient' que le déluge s'effondre' que l'animal fonce' et la femme pénétrée' hâche dans la bûche' sourire qui se fend' Boudha s'ouvre' livre violé' poème livré / Les feuilles s'envolent. Les roses éclosent. S'échappent les oiseaux les merveilleux oiseaux là-bas de toutes les couleurs [...] / La mort existe toi' j'ai goûté au fruit' Que dire?' [...] / [...] je te dévorerai toi' je te prendrai' t'arracherai la tête' le cœur' et toutes les mains' jusqu'à ce que tu me donnes les oiseaux' [...] »

— Roseline Bonnellier, alias « Runa », Pétales, pp. 53-59.

Le poème, faussé ici par manque de place pour être cité complètement, tronqué de sa « chair » spatiale, a dû être écrit après 1969, d'où la reprise du titre du livre de Sulivan Miroir brisé, comme dans un dialogue. Mais l'écriture de Roseline Bonnellier - Runa est spécifique, complètement distincte de celle de Sulivan. S'il y a une influence qui donne au poème son caractère hymnique, elle vient d'Allemagne, de la poésie de Hölderlin, dont R. Bonnellier dans sa correspondance a parlé à Jean Sulivan qui alors le cite, de même qu'il cite Georg Heym, en intégrant à son texte (p. 61 de Petite littérature individuelle) l'extrait d'une lettre de R. Bonnellier, qui lui écrivait d'Allemagne en 1969 et le lui faisait connaître. Il y a là un corps étranger, un autre écrivain en train de naître.

L'écrivain chrétien à venir

Toujours dans Miroir brisé (1969), marqué au reste par le printemps de mai 1968, notamment dans la nouvelle « La miséricorde », pages 61-89 — où interviennent, auprès du « bâtonnier Solage », (« Lucien Solage, 1,80m 62 ans »), le personnage de la jeune fille « Brune » (« Brunhilde ou Hildegarde, mettons 1,74m... ») et, avec celle-ci, les poèmes ci-dessus évoqués de... (Runa - Roseline Bonnellier innommée) —, Jean Sulivan, qui écrit « dans l'angoisse de l'inconnu », sait cependant, dit-il, « de science presque certaine », que « d'autres parlent par [sa] voix, écoutent déjà » [...] :

« Et enfin un dernier coup de cymbale. Les craquements qui se font entendre dans le monde entier, dans l'Église sont l'annonce d'un printemps après le dur et long hiver des siècles. Un nouveau type d'écrivain chrétien viendra lui aussi, guéri des conformismes, des moralismes et de l'idolâtrie, aussi bien que de tout ressentiment, sans peur des mots, sans message, sans clientèle. Ce serait une assez grande joie de pouvoir lui tracer la voie. »

— Jean Sulivan, Miroir brisé, pp. 52-53.

Bibliographie et documents

Anthologies

  • Pages, édition de Marie Botturi, Edith Delos, Marguerite Genzbittel,Gallimard, 1996.
  • Jean Sulivan. Libre sous le regard de Dieu, présentation par Patrick Gormally et Mary Ann Mannion, Fides, Quebec, 2006.
  • L'incessante marche. Extraits de Jean Sulivan, choix de Joseph et Maryvonne Thomas, Mine de Rien, Néant-sur-Ivel, 2003.
  • Jean Sulivan Abécédaire, Édition établie et présentée par Charles Austin, Gallimard, novembre 2010 (ISBN 978-2-07-013178-5)

À propos de Jean Sulivan

  • « Jean Sulivan », mentionné au chapitre « Roman et idéologies d'après-guerre. 2.:Orthodoxies et création » dans Littérature XXe siècle - Textes et documents, Collection Henri Mitterand, Editions Nathan, Édition revue et mise à jour - Impression février 2001, p. 525.
  • Henri Guillemin, Sulivan ou la Parole libératrice suivi de Passez les passants par Jean Sulivan, Paris, Gallimard, 1977.
  • « Le sacrement de l'instant. Présence de Jean Sulivan », Question de, N° 80
  • Rencontres avec Jean Sulivan, Revue de l'Association des Amis de Jean Sulivan, Directrice de publication: Édith Delos, Dr de rédaction: Claude Goure
  • Claude Lebrun, Invitation à Jean Sulivan, Le Cerf, 1981.
  • Jean Lavoué, Jean Sulivan, je vous écris, Éditions Desclée de Brouwer, 2000
  • Collectif, Yvon Transvouez (dir.), Jean Sulivan, L'écriture insurgée, Éditions Apogée, Rennes, 2007 [6][7]
  • Eamon Maher, Jean Sulivan, 1913-1980 : la marginalité dans la vie et l'œuvre, L'Harmattan, 2008.
  • Franck Delorme, « La parole vive de Jean Sulivan », dans Études - revue de culture contemporaine, mars 2010.
  • Jean Sulivan, une parole d'intériorité pour aujourd'hui , Actes du Colloque de Ploërmel des 24 et 25 avril 2010, Les Sources et les Livres, 2, rue de la Fontaine, 44410 Assérac.
  • Jean Lavoué, Jean Sulivan, la voie nue de l'intériorité, Editions Golias, Lyon, 2011.
  • Bruno Frappat, « Jean Sulivan, contemporain » - sur Jean Sulivan Abécédaire par Charles Austin (novembre 2010), Journal La Croix, 6 janvier 2011.

Documentation audio-visuelle

  • La flûte de Jean Sulivan, film de Patrick Chagnard, diffusé par TF1 le 18 février 1968, et « La parole inachevée », interview de Jean Sulivan par Marie-Thérèse Maltèse, diffusé sur TF1 le 24 septembre 1978 - Association des amis de Jean Sulivan, Les Films du Parotier et CFRT, 2006 (DVD).

Liens externes et sources de l'article

  • Association des Amis de Jean Sulivan, Jean Sulivan : Biographie par Édith Delos : [8].
  • Source d'information bibliographique, site Maurice Zundel: [9].
  • Nouvelle source bibliographique: Bibliographie mise à jour, dans « Appendices » de Jean Sulivan Abécédaire, Édition établie et présentée par Charles Austin, Gallimard, novembre 2010 (ISBN 978-2-07-013178-5).
  • Approche psychanalytique discrète par liens dans Wikipédia (fr.) sur les concepts et articles suivants : après-coup, incorporation, Idéal du moi, Jean Laplanche section 3 « Critique(s) et histoire » (confrontation avec la psychanalyse française des « années Lacan », émergence de l'auteur Roseline Bonnellier en psychanalyse, influence de la psychanalyse d'obédience lacanienne dans le contexte intellectuel d'une « pensée française »).
  • Sur Jean Sulivan par rapport à la littérature française « contemporaine » des trente dernières années, journaux: La Croix, article de Bruno Frappat, 6 janvier 2011 ; Le Monde des livres, Spécial Salon 26 mars 2010, et N° du 14 janvier 2011.
  • Article à venir Roseline Bonnellier : page encore à créer.

Notes et références

  1. Témoignage chrétien du 30 avril 1964.
  2. Cité dans Jean Sulivan Abécédaire,Édition établie et présentée par Charles Austin, Gallimard, novembre 2010, p. 153.
  3. Les repères biographiques donnés dans cet article « Jean Sulivan » sur Wikipédia-fr se fondent principalement sur le beau texte d'Édith Delos, Jean Sulivan : Biographie [1], qui se trouve sur le site de « Jean Sulivan » [2], consulté au 1er décembre 2010.
  4. Cité dans la biographie établie par Édith Delos.
  5. « Jean Sulivan: Biographie. Par Edith Delos » sur le site « Jean Sulivan » : [3]
  6. Collection Henri Mitterand, Littérature Textes et Documents XXe siècle, Bernard Lecherbonnier, Dominique Rincé, Pierre Brunel, Christiane Moatti, Introduction historique de Pierre Miquel, Paris, Editions Nathan, Edition revue et mise à jour , Impression février 2001, p. 525.
  7. Voir : Biographie de Jean Sulivan par Édith Delos sur le site de Jean Sulivan [4].
  8. Cité dans Jean Sulivan Abécédaire, éd. établie et présentée par Charles Austin, Paris, Gallimard, p. 130 (à la lettre G...).
  9. Jean Sulivan, au cours de ses « voyages », est « passé » à Sils Maria dans les Grisons, lieu d'écriture de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. L'écrivain devait en outre avoir l'habitude de faire envoyer par son éditeur certains de ses livres à Sils, car plusieurs ouvrages de lui se trouvent de facto à la bibliothèque (archives) du musée de la Maison de Nietzsche à Sils Maria [5].
  10. Jean Sulivan, Miroir brisé,p. 14.
  11. Cité dans Jean Sulivan Abécédaire, éd. établie et présentée par Charles Austin, Paris, Gallimard, p. 231 (à la lettre R... pour « rajeunir », « rebelles »...)
  12. Cité dans Jean Sulivan Abécédaire, édition établie et présentée par Charles Austin, Paris, Gallimard, novembre 2010, pp. 50-51 (à "Clochard").
  13. J. Sulivan, Petite littérature individuelle, p. 27.
  14. Sur l'importance du protestantisme dans la culture allemande (formation d'une intelligentsia) et la pensée occidentale née en Europe, plus précisément à l'endroit du « fils de pasteur » pris pour modèle et qui devient, au « temps de Goethe », « fils des muses », c'est-à-dire poète - écrivain (Dichter), voir l'essai incisif de Heinz Schlaffer, La Brève Histoire de la littérature allemande, Préface de Jean-Marie Valentin, Traduit de l’allemand par Marianne Rocher-Jacquin et Daniel Rocher, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 2004 (Die kurze Geschichte der deutschen Literatur, Munich, Vienne, Carl Hanser Verlag, 2002). En relation avec une remarque de Heinz Schlaffer à ce sujet, Roseline Bonnellier, au cours de ses travaux cités dans les bibliographies respectives des articles Hölderlin et Jean Laplanche, tisse le lien retrouvé sur ce topos du « mythe du héros » moderne où prend place « l'écrivain » passé dans le siècle : la psychanalyse est une branche de la littérature allemande moderne, telle qu'elle s'est après coup, historiquement, aussi transférée en France sous Lacan, lequel Lacan (voir sa biographie) était un psychanalyste d'inspiration catholique. Roseline Bonnellier, poète - écrivain d'abord, pense que là réside peut-être, entre autres causes plus anciennes encore et en remontant au Christ, « la » raison historique, pour laquelle, depuis Luther et la Réforme, une femme, à défaut d'avoir accès au sacerdoce dans l'Église catholique romaine, peut devenir « prêtre » quand même en France et partout dans le monde: en devenant une « femme psychanalyste ».
  15. Voir aussi l'article Wikipédia:Neutralité de point de vue/Débats.
  16. Voir l'article de Wikipédia sur La carte et le territoire sur ce type de « plagiat » soft communément admis dans le genre « relooké » de « trafic des indulgences ».
  17. Voir: Robert Solé, « La vraie vie privée, c'est l'écriture », à propos du « dernier enfant » de Roger Grenier (91 ans), Le palais des livres paru chez Gallimard, Cahier du « Monde » N° 20521 daté 14 janvier 2011, p. 1. Incipit de l'article: « Pourquoi écrit-on? Pourquoi des milliers de Français noircissent-ils du papier à longueur d'années, sans la moindre garantie d'être publiés? »...
  18. Alain Beuve-Méry, « La tentation de l'autoédition », Cahier du « Monde » N° 20521 daté 14 janvier 2011, p. 2.
  19. Raphaëlle Rérolle, « Les romanciers ont-ils tous les droits?  », « Christine Angot: "Le seul lieu de vérité" »,, Cahier du « Monde » N° 20521 daté 14 janvier 2011, p. 1 et p.4.
  20. Emmanuel Pierrat, « Au risque d'une censure modernisée - Les effets du droit sur l'écriture commentés par un avocat écrivain », Cahier du « Monde » N° 20521 daté 14 janvier 2011, p. 5.
  21. Le texte psychanalytique de référence par rapport au concept d'Idéal du moi au travail dans le façonnement du lien unificateur entre les individus pratiquant une même religion (même refoulée) serait chez Sigmund Freud, Psychologie des masses [ou "des foules"] et analyse du moi (1921), dans Oeuvres Complètes de Freud / Psychanalyse — OCF.P , XVI, Paris, PUF, 1991, ISBN 2 13 043472 X, pp. 1-83.
  22. Les poèmes, dans lesquels Jean Sulivan a pu parfois changer un mot, qui se trouvent dans Miroir brisé, pages 80 (« Cette haine profonde que j'ai de toi. Narcisse... »; « Dieu, je voudrais m'effacer... »), et pages 280-281 (« Je suis vague mouvante d'eau de lune... »), sont de Runa, « nom de poète », dans les années 1970-1980 environ, de Roseline Bonnellier, qui publia ses deux premiers recueils de poésie avec une « participation financière de l'auteur » chez José Millas-Martin aux Paragraphes littéraires de Paris: en 1975, Les prières à la pluie et le début du roman de l'oiseau (écrit en 1970); et en 1977, Pétales (poèmes écrits depuis 1965). En février 2011, avant de déposer à brève échéance les archives de Jean Sulivan à l'I.M.E.C. (Institut mémoires de l'édition contemporaine), Édith Delos, légataire de Jean Sulivan, a pu remettre à Roseline Bonnellier un certain nombre des ses écrits de jeunesse (1964-1970 : carnets, lettres, poèmes [manuscrits originaux d'avant la publication chez Millas-Martin]) adressés à Jean Sulivan à partir de 1969, date où Roseline Bonnellier commence de rencontrer Jean Sulivan en personne. Ce dernier y a laissé ses marques de lecture à l'encre rouge: traits verticaux, croix, un mot parfois, en marge.
  23. Il s'agit surtout des pages 61 et 62 de Petite littérature individuelle de Jean Sulivan, ainsi que, probablement du titre de chapitre page 53: « Entre toi et moi il y a un espace nu: j'écris dans cet espace ». Ces mots ont peut-être été écrits par Roseline Bonnellier : mais celle-ci n'a pas retrouvé la lettre à J. Sulivan où se trouverait cette phrase dans ses écrits d'il y a quarante ans, remis par Édith Delos, qui étaient dans les archives de Jean Sulivan avant le dépôt à l'I.M.E.C. (Institut mémoires de l'édition contemporaine) .
  24. Roseline Bonnellier / « Jean Sulivan », Petite littérature individuelle, pp. 62-63. Le manuscrit original de ce long poème se trouvait dans les archives de Jean Sulivan, comme il a été indiqué plus haut (note 22).

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean Sulivan de Wikipédia en français (auteurs)

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