Jean Antoine Capo d'Istria

Jean Antoine Capo d'Istria

Ioánnis Kapodístrias

Ioánnis Antónios Kapodístrias

Le comte Ioánnis Antónios Kapodístrias, plus connu en France sous le nom de comte Capo d'Istria, (né à Corfou le 11 février 1776 – assassiné à Nauplie le 9 octobre 1831), est un homme d'État d'une famille originaire de Capo d'Istria, un diplomate grec au service de l'Empire russe, puis premier chef d'État de la Grèce indépendante. Il fut plutôt libéral et démocrate, dans la mesure de ce que cela signifiait pour l'époque.

Il fut ministre des Affaires étrangères de l'Empire russe de 1816 à 1822.

(en grec Ἰωάννης Καποδίστριας - Ioánnis Kapodístrias, en français Jean Capo d'Istria, en italien Giovanni Capo d’Istria, comte Capo d’Istria, et en russe граф Иоанн Каподистрия - Ioann Kapodistria)

Sommaire

Jeunesse

Ioannis Kapodistrias naquit à Corfou (Kerkyra) dans les Îles Ioniennes, alors qu'elles appartenaient encore à Venise. Il était le fils du comte Antoine-Marie Kapodistrias. Un de ses ancêtres avait été fait comte par le duc de Savoie, Charles Emmanuel II. Le titre fut inscrit en 1679 sur le Libro d'Oro de la noblesse corfiote. Capo d'Istria ferait référence au port de Koper, maintenant en Slovénie. La famille de sa mère, les Gonemi, était inscrite sur le libro d'Oro depuis 1606. Il avait quatre frères : Viaro, Jean, Augustinos et Georges.

Il fit, comme son père, des études de médecine, il étudia également la philosophie et le droit d'abord à Corfou, puis à Padoue, comme l'y obligeait un décret du Sénat vénitien.

Âgé de 21 ans, en 1797, il s'installa comme médecin sur son île natale, Corfou. En 1799, lorsque les troupes russes reprirent Corfou aux Français, il devint directeur de l'hôpital militaire.

Gouverneur des Îles Ioniennes

En 1801, les Îles Ioniennes devinrent indépendantes : la République des Sept-Îles fut fondée. Capo d'Istria devint l'un de ses deux gouverneurs. Il calma par sa simple présence et ses discours une rébellion à Céphalonie. Il sut écouter la population et initia une révision allant dans le sens d'une démocratisation de la "Constitution Byzantine" imposée par les Russes et les Ottomans. Capodistrias fut alors désigné, à l'unanimité, comme chef de l'État des Sept Îles. Il fut ministre de cette république de 1802 à 1807.

Ses qualités furent remarquées lors de l'occupation russe des îles. Il fut alors invité à rejoindre l'administration russe des affaires étrangères en 1808[1].

Ambassadeur du tsar

En 1809, Capo d'Istria entra au service de l'empereur de Russie Alexandre Ier. En novembre 1813, il fut nommé ambassadeur non officiel de Russie en Suisse, où il devait aider le pays à se soustraire à l'influence napoléonienne. Il sut garantir l'unité, l'indépendance et la neutralité suisse. Il participa au Congrès de Vienne dans la délégation russe. Il fut plénipotentiaire de la Russie au traité de Paris en 1815.

Ministre des affaires étrangères du tsar

De 1816 à 1822 il fut ministre des affaires étrangères de Russie. Il dut quitter le service du tsar lors de la guerre d'indépendance grecque, en 1822.

Gouverneur de la Grèce

Il se réfugia à Genève. Dans la cité de Calvin, il œuvra ardemment pour l'adhésion de la République genevoise à la Confédération helvétique, et en raison également de son implication dans le traité de Vienne de 1815, il fut nommé citoyen d'honneur de cette ville. Capodistrias fut un des principaux artisans de la reconnaissance de la neutralité suisse.

Il se montra un partisan de la cause des Grecs lors de leur insurrection contre l'Empire ottoman. Cependant, il refusa de prendre la tête de la Filikí Etería en 1820, alors même que ses frères Viaro et Augustinos en était membres. Il fut élu président par la nation grecque dès qu'elle put se constituer (1827). Il fut désigné Kivernetis (κυβερνήτης — gouverneur en grec), Gouverneur du jeune État grec indépendant par l'Assemblée de Trézène. Après avoir parcouru l'Europe pour obtenir des soutiens pour le pays qu'il dirigeait, il débarqua à Nauplie en janvier 1828. C'était la première fois de sa vie qu'il mettait le pied en Grèce continentale. Il s'installa avec son gouvernement à Égine qui devint ainsi la première capitale de l'État grec.
Il fut vite découragé par la situation dans laquelle se trouvait la Grèce. Les oppositions de factions, qui avaient commencé lors de la Guerre d'Indépendance se poursuivaient. Surtout, la Grèce était ruinée et littéralement en faillite. Ce n'est que grâce au soutien de nombreux mécènes philhellènes que l'Etat pouvait survivre. Il fut un très grand ami du banquier genevois Jean-Gabriel Eynard qui donna beaucoup. Ce dernier introduisit Capodistrias dans les milieux philhellènes de l'Europe, et aussi dans le milieu genevois où de nombreux amis de la Grèce inspirèrent Capodistrias dans sa future réforme de l'éducation. Il projeta de se baser sur les idées de Rousseau. Caposdistrias lança un grand programme de modernisation du pays. Il mit fin à la guerre civile. Il instaura le système de la quarantaine qui permit de lutter contre les épidémies de typhoïde et de choléra. Il introduisit la culture de la pomme de terre en Grèce. Il employa tout son pouvoir à rétablir l'ordre et la prospérité, Il chercha à lutter contre les divers chefs de clans, héritiers des klephtes. Il se heurta au capétan de Laconie contre lequel il demanda l'aide des troupes russes. Il s'attaqua ensuite à Petrobey Michaelis, chef de la province du Magne, qu'il fit mettre en prison.

Assassiné

Mais, au milieu de ses efforts, il fut assassiné le 27 septembre (9 octobre) 1831 par le frère et le fils de Petrobey Michaelis qui l'assassinèrent sur les marches de l'église Saint-Spiridon à Nauplie. Georges et Constantin Mavromichali vengèrent leur père et leur frère, que Capo d'Istria avait emprisonnés. Son jeune frère Augustinos lui succéda à la tête de la Grèce.

Postérité

Source partielle

« Ioánnis Kapodístrias », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)


Références

  • Stella Ghervas, « Le philhellénisme russe : union d’amour ou d’intérêt? », in Regards sur le philhellénisme, Genève, Mission permanente de la Grèce auprès de l’ONU, 2008.
  • Stella Ghervas, Réinventer la tradition. Alexandre Stourdza et l'Europe de la Sainte-Alliance, Paris, Honoré Champion, 2008. ISBN 978-2-7453-1669-1
  • Stella Ghervas, « Spas' political virtues : Capodistria at Ems (1826) », Analecta Histórico Médica, IV, 2006 (with A. Franceschetti).

Notes

  1. David Brewer, The Greek War of Independence. The Struggle for Freedom from Ottoman Oppression and the Birth of the Modern Greek Nation., The Overlook Press, New York, 2001. (ISBN 1585673951), p. 31.
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Précédé de :
Charles Robert de Nesselrode
Ministre des Affaires étrangères de Russie
1816–1822
Suivi de :
Alexandre Gortchakov
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