Jamaat al Muslimeen

Jamaat al Muslimeen
Trinité-et-Tobago
Coat of arms of Trinidad and Tobago.png
Cet article fait partie de la série sur la
politique de Trinité-et-Tobago,
sous-série sur la politique.


v · arabe : جماعة المسلمين) est un groupe religieux musulman se trouvant à Trinité-et-Tobago, une île des Caraïbes. Il a tenté en 1990 de prendre le pouvoir dans le pays par un coup d'État.

Sommaire

Identité

Le Jamaat al Muslimeen (جماعة المسلمين) signifie littéralement le « Parti des musulmans ». Il peut être aussi appelé "JAM", terme utilisé par Chris Zambelis[1].

Ce groupe est une organisation musulmane sunnite, formé d'Afro-trinidadiens, venus des quartiers et des classes défavorisés du pays.

Le leader de ce groupe est l'Imam Yasin Abu Bakr[2]. Né Lennox Philip, il se convertit à l'islam alors qu'il fit des études au Canada. Lorsqu'il retourna à Trinité-et-Tobago, il créa ce groupe en référence à The Jamaat.

Ce groupe a depuis des liens avec le dirigeant libye Mouammar Kadhafi.

Contexte religieux

Trinité-et-Tobago est un pays multiconfessionnel, où les chrétiens (catholiques et protestants) sont majoritaires. Une minorité représentant 5,8% de la population trinidadienne suit l'Islam.

Colonie espagnole à majorité de population d'origine française, le pays devient en 1797 une colonie britannique. Du 16e au 19e siècle, les européens font venir sur l'île des esclaves provenant d'Afrique, puis des travailleurs indiens qui importent leurs religions. Du fait de cette migration, les Hindous représentent 22% de la population et forment la deuxième communauté religieuse du pays derrière les chrétiens. Or les immigrants originaire de l'Inde ne sont pas tous hindouistes, une minorité importante au nord de l'Inde suivent la religion musulmane, une part de cette population a migré pour trouver du travail, parmi les destinations figurent Trinité-et-Tobago. Ces travailleurs en s'établissant dans le pays y ont ainsi amené l'Islam avec eux.

Selon un recensement officiel, en 1990, 29,4% de la population trinidadienne est catholique, 23,8% est hindoue, 10,9% est anglicane, 5,8% est musulmane, 3,4% est presbytérienne et 26,7% se réclament d'une autre religion.

On recense six groupes musulmans à Trinité-et-Tobago :

  • Anjuman Sunnat-ul-Jamaat Association
  • Tackveeyatul Islamic Association
  • Trinidad Muslim League
  • United Islamic Organisation of Trinidad and Tobago
  • Jamaat al Muslimeen
  • TriniMuslims - Rassemblement de Ahlus Sunnah wal-Jamaa'h (Sunnite / Salafiste) Musulmans

Le pays, indépendant, vis-à-vis du Royaume-Uni depuis 1962, est majoritairement chrétien, connait en 1987 l'élection du premier président musulman du pays et continent américain, Noor Mohammed Hassanali (1918-2006). Il est élu président de la République deux fois de suite (deux mandats de cinq années, de 1987 à 1997).

La tentative de coup d'État en 1990

Le vendredi 27 juillet 1990, 114 membres de la Jamaat al Muslimeen, commandés par Yasin Abu Bakr et Bilaal Abdullah ont pour but de faire un coup d'État contre le gouvernement en place à Trinité-et-Tobago.

42 insurgés prennent d'assaut la Maison Rouge ou The Red House (siège du parlement) à Port d'Espagne et prennent en otage le premier ministre Arthur Napoleon Raymond Robinson, ainsi que les membres de son cabinet.

Dans le même temps, 72 autres attaquent les bureaux de la Trinidad and Tobago Television (TTT), la seule station de télévision dans le pays et la Trinidad Broadcasting Company (société radio-trinidadienne en français), l'une des deux seules stations de radio dans le pays.

À 18 heures, Yasin Abu Bakr apparait à la télévision et annonce que le gouvernement est renversé, et qu'il est en négociation avec l'Armée de terre. Il appelle au calme et dit qu'il n'y a pas lieu de pillages.

La Trinidad and Tobago Defence Force (les Forces de défense de Trinité-et-Tobago) et la police réagissent en bouclant la zone autour de la Maison Rouge.

Des pillages et des incendies criminels ont lieu à Port d'Espagne et d'autres parties du corridor est-ouest, mais le reste du pays est calme. Par conséquent, un état d'urgence est décrété par Emmanuel Carter et la loi martiale est imposée. Plusieurs membres du Conseil des ministres, qui n'étaient pas présents dans la Maison Rouge au moment de l'attaque, restèrent dans le bureau de l'hôtel Hilton.

Dans la nuit du 27, l'Armée prend le contrôle de l'antenne de la Trinidad and Tobago Television (TTT) à Cumberland Hill, puis le contrôle de tout le bâtiment.

Après six jours de négociation, les preneurs d'otages se rendent le 1er août, et sont placés en garde à vue. Le Conseil privé fait invalider l'amnestie, mais aucun des membres de ce groupes n'est arrêté une nouvelle fois.

Environ 24 personnes sont mortes au cours de la tentative de coup d'État, avec des millions de dollars en pertes de biens[3]. Parmi les victimes figure Leo Des Vignes, un membre du Parlement.

Beaucoup de gens ont vu la tentative de coup d'État comme le dernier clou dans le cercueil de l'Alliance nationale (National Alliance for Reconstruction, le parti qui est au pouvoir entre 1986 et 1991) pour la reconstruction du gouvernement.

Ce coup d'État se produit au moment où le pays accueille la Coupe de la Caraïbe, pendant le mois de juillet. De plus, du 22 au 27 juillet 1990, le Cyclone tropical Arthur touche le pays. Ces événements provoquent l'annulation du tournoi de football.

Depuis 1990

Depuis l'échec du coup d'État, ce groupe s'est investi dans le trafic de drogues et est très lié à des gangs criminels.

En mars 2007, trois membres de ce groupe ont confirmé leur participation à l'enlèvement et au meurtre de l'indo-trinidadienne, Vindra Naipaul-Coolman.

Actuellement, le Jamaat al Muslimeen est sous la surveillance des autorités trinidadiennes ainsi que de la CIA, suspecté de relations avec des organisations terroristes au Moyen-Orient. En 2007, des membres de ce groupe sont suspectés d'avoir préparer des attentats contre des avions dans l'Aéroport international John-F.-Kennedy.

De plus, pour reprendre une citation de Robin Walker, rédacteur de la BBC, « security analysts have suggested the region could be attractive as a base for terrorist groups because of its proximity to the United States, its porous borders and because of the widespread poverty on the islands », ce qui signifie que la région pourrait être attrayante comme base pour les groupes terroristes en raison de sa proximité avec les États-Unis, de ses frontières poreuses et en raison de la généralisation de la pauvreté sur les îles.

Sur le site internet de The Jamestown Foundation, Chris Zambelis[4] intitule son article daté du 30 juillet 2009 : "Jamaat al-Muslimeen: The Growth and Decline of Islamist Militancy in Trinidad and Tobago", c'est-à-dire la santé et le déclin du militantisme islamique à Trinité-et-Tobago. Il affirme l'échec de la politique menée par Yasin Abu Bakr, mais il précise aussi que le groupe n'est pas mort, c'est l'ambiguité de ce groupe sur lequel il insiste.

Références

Liens externes



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jamaat al Muslimeen de Wikipédia en français (auteurs)

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