Jacques Focard

Jacques Focard

Jacques Foccart

Jacques Koch-Foccart (31 août 1913, Ambrières-le-Grand, aujourd'hui Ambrières-les-Vallées, Mayenne19 mars 1997, Paris), dit Jacques Foccart, était un conseiller politique français, secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974.

Sommaire

Biographie

Jacques Foccart était le fils d'Elmire de Courtemanche, une créole guadeloupéenne de Gourbeyre (Guadeloupe), et de Guillaume Foccart, qui devint maire de cette dernière commune. Le jeune Jacques a six ans lorsqu'il quitte la Guadeloupe avec ses parents. Il conservera toujours des liens forts avec cette colonie devenue département d'Outre-mer.

La Résistance

Il prend contact avec la Résistance en 1942 sur sa terre natale. Après des faits de résistance en Mayenne, il rejoint Londres et le BCRA.[1] Le 27 avril 1944, il franchit sous les balles un barrage de la Feldgendarmerie dans l'Orne. Son adjoint, Roger Le Guerney, est tué en le protégeant de son corps. Au moment du débarquement de Normandie, il est chargé du plan « Tortue »[2], mais le commandant Mazeline, chef départemental des FFI de l'Orne, à ce titre chargé à ce niveau du plan Tortue, qualifie l'action de Foccart de fantomatique dans Clandestinité. Les ordres de mission de établis pendant cette période par le BCRA établissent cependant la réalité de son action. Il est en octobre 44 en Angleterre comme lieutenant-colonel car il a rejoint les services spéciaux alliés. Il monte l'opération Viacarage[3]. Son nom est évoqué par la SRPJ de Rouen en 1953 comme étant lié à deux énigmes criminelles, l'affaire François Van Aerden à Rânes et l'affaire Emile Buffon à Joué-du-Plain en 1944.

L'homme politique

D'abord membre du conseil national, puis secrétaire général adjoint, il remplace en 1954 Louis Terrenoire comme secrétaire général du RPF sous la IVe République.

Monsieur Afrique

En 1952, il est coopté par le groupe sénatorial gaulliste pour participer à l'Union française, censée gérer les rapports de la France avec ses colonies. En 1953, il accompagne de Gaulle dans un périple africain. Il fait la connaissance à Abidjan d'Houphouët-Boigny. Il revient au pouvoir en 1958, en étant nommé par de Gaulle au poste de conseiller technique à l'Hôtel Matignon, chargé des affaires africaines.[4]

C'était le « Monsieur Afrique », homme de l'ombre du général Charles de Gaulle, puis de Georges Pompidou. Homme de réseaux, il joue un grand rôle dans la politique étrangère africaine à partir de 1960, au point qu'on a pu dire qu'il était, après de Gaulle, l'homme le plus influent de la Ve République. Il a été souvent considéré comme étant l'instigateur de nombreuses conspirations et coups d'État en Afrique durant les années 1960[5]. De Gaulle devant recevoir Ben Barka le lendemain de sa disparition pour s'entretenir de la Tricontinentale il est cependant très peu probable qu'il soit mêlé à cette affaire. En ce qui concerne les "coups d'Etat" qui lui sont attribués, il faut noter que les plus connus visaient soit à maintenir au pouvoir des présidents légitimes (Léon M'Ba au Gabon), soit à rétablir des présidents victimes de coups d'État (Emile Derlin Zinzou au Bénin). Considéré comme un proche du Maréchal Mobutu au Congo-Kinshasa, il fut également dès 1967 un acteur important du soutien apporté par la France à la sécession du Biafra, par livraisons d'armes et mercenaires interposés (dont Bob Denard et Jean Kay). Il recevait régulièrement les chef d'État africains « amis » soit dans l'appartement rue de Prony, dans le XVIIe arrondissement de Paris, soit dans la « case à fétiches », sous les combles de sa villa Charlotte à Luzarches.

Des critiques du gaullisme aiment à insinuer que deux bureaux se faisaient face au gouvernement : le bureau du Premier ministre pour la métropole, et celui de Foccart pour la Françafrique. Ce qui a été appelé les « réseaux Foccart » était constitué d'un carnet d'adresses très fourni qui faisait remonter jusqu'à lui les diverses tendances composant les relations franco-africaines, et de liens étroits avec les services secrets (SDECE, DST). Philippe Evanno en a fait partie [6].

Foccart ne se limitait pas à l'Afrique, puisqu'il était chargé par de Gaulle à la fois des services secrets et du suivi des élections, et en particulier des investitures durant les années 1960. Pendant les campagnes électorales, il fut accusé à plusieurs reprises d'utiliser barbouzes et blousons noirs contre les candidats de gauche. En 1969, pendant le bref passage d'Alain Poher à l'Élysée, une commode qui permettait d'enregistrer les autres pièces du palais fut découverte. L'affaire fut dévoilée par le Canard enchaîné et connue sous le nom de commode à Foccart.[7] Pierre Péan, dans sa biographie de Foccart ne donne pas crédit à cette affaire.

Jacques Foccart a été l'un des initiateurs principaux d'une certaine politique française en Afrique appelée « Françafrique » par ses détracteurs - terme emprunté à Houphouët-Boigny, repris par François-Xavier Verschave dans ce sens dans son ouvrage La Françafrique, le plus long scandale de la République - et qui se serait poursuivi sous François Mitterrand avec le fils de ce dernier, Jean-Christophe, surnommé Papa-m'a-dit.

Il fut le cofondateur du Service d'action civique (SAC), service d´ordre du mouvement gaulliste. Il est aussi à l'origine de la création des l'Union Nationale Interuniversitaire UNI, mouvement universitaire créé à la suite de mai 1968.

Notes et références

  1. Il est enregistré sous le nom de Binot, référence au Boulevard Bineau, de Neuilly-sur-Seine, où il a habité
  2. Il faut ralentir par des attentats l'acheminement des blindés allemands vers le front de Normandie.
  3. . son unité est connu sous l'acronyme SAARF. Son objectif est la libération des camps de prisonniers et de concentration : la plupart des hommes ayant participé sur le terrain à cette mission périlleuse y laisseront la vie.
  4. Dès lors, il dirige les services secrets pour tout ce qui concerne l'Afrique : chaque mercredi, il reçoit le général Paul Grossin, directeur du Sdece, pour lui transmettre sur ce dossier les consignes de l'Elysée
  5. Il n'est pas un coup ayant eu lieu en Afrique qui ne lui ait été attribué, jusqu'à l'assassinat de Ben Barka, en 1965, avec la fameuse formule répétée à l'audience : Foccart est au parfum.[réf. nécessaire]
  6. Pierre Haski, Irak : c'est officiel, l'UMP Julia n'est pas un « pied nickelé », Rue 89, 9 mai 2009.
  7. En première page du Canard enchaîné du 4 juin 1969, on peut lire en surbandeau L'histoire de la commode à Foccart, qui renvoie à la page 2, où il est question de la découverte de ladite commode. Le journal ajoute : « Cette découverte a eu l'avantage de mettre en évidence un petit fait qui en dit long : les propos tenus dans les propres bureaux de De Gaulle étaient écoutés et enregistrés par Foccart ». Foccart porte plainte contre le journal, relevant entre autres « les insinuations malveillantes lancées contre lui de manière épisodique, le présentant comme le chef d'une police parallèle, ou comme l'éminence grise du chef de l'État ... » Durant dix semaines, le Canard instruira à l'avance le procès de M. Foccart, avec une page d'enquête et d'échos chaque semaine. Fin janvier 1970, le tribunal de Grande Instance de Paris se déclare incompétent et condamne Foccart aux dépens, au motif que Le Canard avait attaqué Foccart, homme public, sur la manière dont il exerçait ses fonctions, et que c'était Foccart privé qui s'estimait diffamé. Le 4 novembre 1970, la cour d'appel déboute Foccart.

Bibliographie

  • Jacques Foccart, Foccart parle, entretiens avec Philippe Gaillard, Fayard-Jeune Afrique
    • tome I, 1995, 500 pp., ISBN 2213594198
    • tome II, 1997, 523 pp., ISBN 2213594988
  • Jacques Foccart, Journal de l'Élysée, Fayard-Jeune Afrique
    • tome 1 : Tous les soirs avec de Gaulle (1965-1967), 1997, 813 pp. ISBN 2213595658
    • tome 2 : Le Général en mai (1968-1969), 1998, ISBN 2213600570
    • tome 3 : Dans les bottes du Général, (1969-1971), 1999, 787 pp., ISBN 2213603162
    • tome 4 : La France pompidolienne (1971-1972), 2000, ISBN 2213605807
    • tome 5 : La Fin du gaullisme (1973-1974), 2001
  • Antoine Glaser et Stephen Smith, Ces messieurs d'Afrique, deux vol., éd. Calmann-Lévy, 1994 et 1997
  • Pierre Péan, Affaires africaines, éd. Fayard, 1983 [sur les relations franco-gabonaises] ; L'Homme de l'ombre, éd. Fayard, 1990 [l'unique biographie de Jacques Foccart]
  • Claude Faure, "Aux Services de la République. Du BCRA à la DGSE", Fayard, 2004.
  • Jean-François Miniac (préface de Alain Lambert), Les Grandes Affaires criminelles de l'Orne, Éditions de Borée, coll. « Les Grandes Affaires criminelles », Paris, 2008, 336 p. (ISBN 978-2-84494-814-4).
    Sur l'affaire Van Aerden et l'affaire Émile Buffon.
     
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