Alisa Zinov'yevna Rosenbaum

Alisa Zinov'yevna Rosenbaum

Ayn Rand

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Ayn Rand
Portrait d'Ayn Rand par l'artiste Fioleda Prifti
Portrait d'Ayn Rand par l'artiste Fioleda Prifti

Nom de naissance Alissa Zinovievna Rosenbaum
Naissance 2 février 1905
Russian Empire 1914 17.svgSaint-Pétersbourg (Russie)
Décès 6 mars 1982 (à 77 ans)
États-UnisNew York (États-Unis)
Nationalité russe puis américaine
Pays d'accueil URSSRussie puis États-UnisÉtats-Unis
Profession(s) écrivain et philosophe
Activité(s) principale(s) écrivain et philosophe
Autres activités scénariste de films
Formation philosophie
Ascendants Zinovy Zacharovich Rosenbaum (père) et Anna Borisovna Kaplan (mère)
Conjoint(s) Frank O'Connor
Famille Rosenbaum, de confession juive
Compléments
Œuvres principales :

Ayn Rand (prononcé [ˈaɪn ˈrænd]) (née le 2 février 1905 et morte le 6 mars 1982), née Alissa Zinovievna Rosenbaum (en cyrillique russe : Алиса Зиновьевна Розенбаум), est une philosophe[1], scénariste et romancière[note 1] américaine d'origine russe émigrée et de confession juive.

Ayn Rand est connue dans le monde entier pour sa philosophie rationaliste, proche de celle du mouvement politique libertarien, à laquelle elle a donné le nom d'« objectivisme ». Elle a écrit de nombreux essais philosophiques sur des concepts tenant de la pensée libérale, comme la liberté, la justice sociale, la propriété ou l'État et dont le principal, et le seul traduit en français, est La Vertu d'égoïsme (The Virtue of Selfishness en langue originale). Ses contributions principales s'inscrivent néanmoins dans les domaine de l'éthique, de la philosophie politique et de l'épistémologie.

Ayn Rand a également publié des fictions, telles que La Révolte d'Atlas (Atlas Shrugged), La Source vive (The Fountainhead ) et Nous, les vivants (We the Living), parmi les plus vendues aux États-Unis. Elle a par ailleurs écrit de nombreux scénarios pour le cinéma, dont des adaptations de ses propres fictions.

La pensée d'Ayn Rand a considérablement influencé la philosophie politique et économique libérale, surtout dans la sphère nord-américaine. Elle est ainsi considérée comme la théoricienne d'un capitalisme individualiste ainsi que d'un libertarianisme refusant tout forme de coercition et prônant les valeurs de la raison, de travail et de l'« égoïsme rationnel », son concept central. Figure de l'anti-communisme radical, Ayn Rand prône également l'indépendance et le « laissez-faire » face à toute forme de collectivisme ou de religion établis.

De nombreux penseurs, comme le psychothérapeute Nathaniel Branden, les économistes Alan Greenspan et M. Northrup Buechner[note 2], le romancier Terry Goodkind, le président Ronald Reagan, le philosophe et économiste Ludwig von Mises ou le fondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, se réclament de ses conceptions. Ayn Rand a aussi profondément nourri la vision libertarienne dite minarchiste, replaçant l'individu au centre de la société et de l'éthique.

Selon le spécialiste français de son œuvre Alain Laurent, Ayn Rand représente l'incarnation de la « self-made woman immigrée », « car elle réussit cet exploit tout en professant un athéisme radical (...) et critiquant violemment l'altruisme au nom de l'« égoïsme rationnel » »[2].

Sommaire

Biographie

Jeunesse russe et études

L'université de Saint Pétersbourg où Ayn Rand étudia.

Ayn Rand naît à Saint-Pétersbourg le 2 février 1905 (le 20 janvier du calendrier julien) dans une famille juive agnostique de la classe moyenne, composée de trois enfants dont elle est l'aînée[note 3]. Son père, Zinovy Zacharovich Rosenbaum, pharmacien, est né à Brestlitovsk le 18 novembre 1869 alors que sa mère, Anna Borisovna Kaplan, est née à Saint-Pétersbourg le 15 octobre 1880[3].

Elle s'intéresse très jeune à la littérature et au cinéma, écrivant dès l'âge de 7 ans des romans ou des scénarios. À 9 ans elle décide de devenir écrivain. Elle lit notamment Sir Walter Scott et Alexandre Dumas et s'enthousiasme pour le courant romantique. Elle lit avec passion le roman d'aventure La Vallée mystérieuse (1915) du romancier français Maurice Champagne. Son personnage principal, figure de l'homme héroïque et vertueux, marque l'imagination d'Ayn Rand. Ce type de personnage se retrouve dans toute son œuvre et, en particulier, à travers le personnage principal d'Atlas Shrugged, John Galt[4]. Elle découvre à 13 ans celui qui devient son auteur favori et qu'elle considère comme le plus grand écrivain : Victor Hugo. Au collège, elle se montre brillante en mathématique ; sa carrière universitaire semble alors toute tracée. En 1912, sa famille s'installe dans la Perspective Nevski, dans le quartier Znamenskaya. La jeune Ayn Rand y assiste à sa première exposition, consacrée aux images de films, en 1913. Le cinéma la passionne en effet toute sa vie.

La ville de Saint-Pétersbourg est l'un des foyers des troubles révolutionnaires qui agitent la Russie des Tsars. Rand soutient au début la révolution menée par le leader Alexandre Fedorovitch Kerensky mais, l'arrivée au pouvoir des Bolchéviques, à la suite de la révolution d'octobre 1917, puis la confiscation de la pharmacie de son père par le gouvernement révolutionnaire, contraint sa famille à fuir la Russie pour l'Ukraine puis pour la Crimée. Les Rosenbaum s'installent donc à Yevpatoria, jusqu'à ce que celle-ci soit envahie par les révolutionnaires en 1921[5]. Rand nourrit dès ce jour une haine pour les communistes, sentiment qui traverse tous ses écrits. Elle brûle alors son journal intime car elle a pris l'habitude d'y consigner des réflexions et des critiques sur les révolutionnaires.

Le 30 juin 1921, Ayn Rand est diplômée du lycée de Yevpatoria. L'année suivante, la famille Rosenbaum retourne à Saint-Pétersbourg, devenue Petrograd après la prise de pouvoir des bolchéviques[6]. Ayn Rand, qui a alors 16 ans, entame des études d'histoire et de philosophie à l'université de Petrograd et y découvre les œuvres d'Edmond Rostand, de Friedrich Schiller, d'Aristote et de Fédor Dostoïevski. Ses études lui donnent accès, selon ses mots, à une « culture millénaire » à travers laquelle elle juge l'influence des idées communistes sur la Russie d'alors comme étant néfaste. Ces dernières années en Union Soviétique, où elle est obligée d'intégrer la propagande communiste, formeront la base de sa critique des systèmes collectivistes.

Dispersion de la foule sur la perspective Nevski, pendant les journées de juillet 1917.

Rand sort diplômée de l'université le 13 octobre 1924. Elle continue à écrire et entre à l'Institut d'État des Arts Cinématographiques en 1924[7]. La jeune Rand y étudie l'histoire et la politique américaine et découvre aussi le cinéma nord-américain, dont les Western, mais aussi toute la culture des États-Unis. Elle devient alors une admiratrice de la société américaine et de ses valeurs d'individualisme et d'optimisme. Comprenant qu'elle ne peut réaliser son rêve d'écrire des romans en Union Soviétique en raison de la censure communiste, elle se résigne à quitter le pays pour les États-Unis[5]. En 1925 elle publie une brochure sur l'actrice de cinéma Pola Negri, à Moscou et à Léningrad, puis en 1926 elle publie un petit essai intitulé « Hollywood: American Movie City » à Moscou[8]. À la fin de l'année 1926, elle se voit accorder un visa pour rendre visite à des proches habitant aux États-Unis et ce pour une courte période, ce qui lui permet d'immigrer dans ce pays où elle s'installe pour le reste de sa vie.

Débuts aux États-Unis

Après s'être arrêtée dans plusieurs villes d'Europe de l'ouest, dont le port du Havre en France, d'où elle prend un bateau, le « De Grasse », Ayn Rand arrive à New York le 19 février 1926. Ses premières impressions devant les gratte-ciels la marquent profondément et inspirent les descriptions de La Source vive, un de ses romans. Elle rejoint ensuite Chicago, dans l'Illinois, où elle vit pendant 6 mois et apprend la langue anglaise. Elle commence également à mettre en forme ses idées de romans et de films et décide de devenir scénariste. Elle se voit accorder une extension de son visa par les autorités soviétiques. Rand choisit alors de ne pas retourner en URSS et part pour Hollywood où elle devient scénariste sous la direction du réalisateur et producteur Cecil B. DeMille, qui s'intéresse à elle par hasard, alors que Rand fait le pied de grue devant son studio[9]. Rand lui explique qu'elle est passionnée de cinéma américain et qu'elle arrive de Russie. DeMille travaille alors sur le film The King of Kings et l'emploie comme figurante. La jeune femme y rencontre également l'acteur Frank O'Connor dont elle dira qu'il était son « visage idéal »[4]. Ils se marient le 15 avril 1929, et le restent jusqu'à la mort d'O'Connor, en 1979.

Rand est naturalisée américaine le 13 mars 1931. Elle s'en montre fière et déclare ainsi en 1974, dans un discours aux élèves de l'académie militaire de West Point : « Je peux dire - et il ne s'agit pas d'une banalité patriotique, mais avec la complète connaissance des racines métaphysiques, épistémologiques, morales, politiques et esthétiques nécessaires - que les États-Unis d'Amérique sont le plus grand, le plus noble et, dans ses principes, le seul pays moral dans l'histoire du monde »[10]. C'est alors qu'elle change son nom en « Ayn Rand », en référence selon elle à la transcription en cyrillique du nom de sa famille. Une autre explication veut que c'est en référence à la machine à écrire Remington Rand mais celle-ci n'a été vendue qu'ultérieurement[11].

Rand travaille très dur comme lectrice de scénarii, pour DeMille, ayant à cœur de se faire une place dans le monde d'Hollywood[4]. Parallèlement, elle écrit afin de réaliser son rêve. Avant de vivre de sa plume, elle occupe divers emplois, notamment à la garde-robe de la RKO Radio Pictures[12] jusqu'en 1932, année où elle réussit à vendre le scénario de Red Pawn à Universal Studios. Son niveau de vie augmente alors de manière considérable, et Rand peut s'acheter une automobile, ce qui est pour elle à cette époque le signe d'une réussite sociale certaine qui contraste avec ses années en Union Soviétique[4]. Le producteur Josef Von Sternberg pense à donner le premier rôle à l'actrice Marlène Dietrich mais le thème anti-soviétique étant encore mal considéré à cette époque, le projet échoue[13].

Elle écrit ensuite en 1934 les pièces de théâtre Ideal et Woman on Trial, cette dernière étant jouée à Hollywood le 22 octobre. La pièce Woman on Trial, qui retrace le parcours peu commun de l'industriel et self-made man suédois Ivar Kreuger, est recomposée en 1935 puis produite sous le titre Night of January 16th qui est représentée d'abord à Hollywood puis à Broadway le 16 septembre. La pièce est originale : l'action consiste en un procès dont le jury, choisi parmi les spectateurs, pouvait déterminer la fin. Deux épilogues sont donc possibles, suivant la décision du jury populaire.

Le manuscrit de son roman Nous, les vivants (We the Living) lui demande beaucoup de travail. Achevé en 1933 elle ne parvient cependant pas à la faire publier avant le 18 avril 1936, après l'avoir fait parvenir à de nombreux éditeurs. Les éditions Macmillan pour les États-Unis et Cassell pour l'Angleterre acceptent son roman, qu'elle considère comme le plus autobiographique de ses fictions. En effet, le roman décrit la vie difficile d'une famille sous la domination communiste, sa pauvreté et son exil. Nous, les vivants ne reçoit cependant pas un accueil enthousiaste de la critique américaine, en partie à cause du fait que, dans les années 1930, période nommée la « décennie rouge » (Red Decade), le communisme étant encore relativement bien considéré dans les milieux intellectuels et artistiques américains[5]. Nous, les vivants est considéré par Rand elle-même comme davantage qu'une simple autobiographie néanmoins : « Ce n'est pas une autobiographie proprement dite, l'ouvrage a davantage un sens intellectuel. L'intrigue est inventée mais l'arrière-plan non »[14].

Le succès littéraire

Ayn Rand travaille dès 1935 sur son projet principal, la rédaction du roman La Source vive (The Fountainhead), à dimension plus philosophique.

En 1938, elle publie en Angleterre le roman dystopique Hymne (Anthem), qui décrit une société dans laquelle le collectivisme a triomphé. Hymne ne fut accepté par aucun éditeur aux États-Unis alors que We the Living ne rencontre pas non plus un grand succès. Stephen Cox, de l’Objectivist Center, considère que cela est dû à l’époque : « We the Living fut publié quand la popularité du socialisme russe était au plus haut parmi les faiseurs d'opinions américains » explique-t-il[15]. En 1939 Ayn Rand reçoit les dernières nouvelles de ses parents demeurés en URSS, elle a ainsi définitivement coupé toute relation avec son passé russe.

En 1940, Rand participe, avec son mari, à la campagne présidentielle américaine pour le candidat libéral Wendell Willkie à sa section de la ville de New York. Cet activisme lui permet de rencontrer des intellectuels favorables au capitalisme pur. Le journaliste du New York Times Henry Hazlitt et sa femme permettent à Rand et à son mari de rencontrer l'économiste autrichien Ludwig von Mises qui admire les travaux de Rand, en dépit de divergences théoriques[16].

La même année l'adaptation théâtrale de We the Living, The Unconquered, par George Abbott, est représentée à Broadway le 13 février. Abbott a néanmoins adouci la dimension critique du roman, le rendant davantage au goût du public, notamment en ajoutant des dialogues sentimentaux[4]. Son premier grand succès arrive avec la publication de La Source vive, le 8 mai 1943, après qu'elle eut passé sept années à l'écrire. Refusé par douze éditeurs, le manuscrit est finalement accepté par la maison d'édition Bobbs-Merrill grâce à l'insistance d'Archibald Ogden, membre du comité éditorial, qui menace de quitter son employeur s'il ne publie pas l'ouvrage[17]. Le livre devient un succès planétaire, vendu à six millions d'exemplaires (il s'en vend encore 100 000 par an) et adapté au cinéma en 1949 par les productions Warner Brothers, avec les acteurs Gary Cooper et Patricia Neal. Le film est distribué en France sous le titre Le Rebelle la même année.

Rand commence à pouvoir vivre de ses écrits. Elle travaille dès lors comme scénariste à mi-temps, toujours pour le producteur Hal B. Wallis. Sous sa direction, elle adapte en 1945 le roman Pity My Simplicity de Christopher Massie, nommé aux Oscars sous le titre Love Letters ainsi que You Came Along[18]. Rand travaille ensuite, en août 1943 à un article « The Moral Basis of Individualism » puis emménage en Californie pour rédiger le scénario de The Fountainhead.

Elle s'installe donc à la Von Sternberg house construite par l'architecte Richard Neutra. Elle rencontre par ailleurs le célèbre architecte Frank Lloyd Wright à Taliesin East, qu'elle admire beaucoup : « Wright fut un innovateur, défendant l’architecture moderne contre la tradition » dit-elle[19]. Rand y rencontre aussi que d'autres figures intellectuelles du moment comme Morrie Ryskind, Janet Gaynor, Gilbert Adrian et Leonard Read. L'architecte devient un fervent admirateur de son roman The Fountainhead ; il dessine pour elle une maison, qui ne n'est toutefois jamais bâtie. Rand rédige le scénario de Love Letters en septembre 1944. The Fountainhead est classé 6e best-seller de l'année par le New York Times le 26 août 1945[20].

Ayn Rand se lie d'amitié avec l'écrivain libertarienne Isabel Paterson (1886 - 1961). Rand apprend grâce à elle l'histoire des États-Unis. Leur amitié cesse par la suite, Rand n'ayant pas apprécié le comportement de Paterson lors d'une cérémonie à Hollywood. Les deux femmes entretiennent alors une abondante correspondance. Le biographe de Paterson, Stephen Cox, explique que les pensées des deux femmes se sont mutuellement influencées[21]. L'essai d'Isabel Paterson, The God of the Machine (1943), est ainsi considéré par Ayn Rand comme l'équivalent pour les défenseurs du capitalisme de ce qu'est Le Capital pour les communistes et la Bible pour les chrétiens[22].

Dès 1946, Ayn Rand travaille au manuscrit de son roman Atlas Shrugged, tout en assurant un emploi de scénariste pour le producteur Hal B. Wallis. En 1947, lors de la période du maccarthisme, elle témoigne à charge dans les procès des Dix de Hollywood, qui débouchent sur la constitution des « listes noires »[23], devant le United States House Un-American Activities Committee qui identifie les personnalités pro-communistes américaines[24]. Ayn Rand est l'une des premières intellectuelles américaines à dénoncer la propagande communiste dans le milieu du cinéma. En effet, elle écrit « Screen Guide for Americans » qui recommande 13 principes face au communisme et rejoint la « MPA » (la Motion Picture Alliance for the Preservation of the American Ideals) la même année[4]. Anthem est par ailleurs publié aux États-Unis, en juillet 1946.

En 1949 The Fountainhead est adapté à l'écran, le 23 juin. Commençant à vivre de ses écrits, Ayn Rand décide en 1951, en compagnie de son mari, de quitter Hollywood pour emménager à New-York (au 120 East de la 34e rue), sa ville préférée en raison de ses skycrapers qui la fascinent, et où elle travaille à plein-temps sur son nouveau roman, Atlas Shrugged, qu'elle n'achève que 6 ans plus tard. La rédaction de ce long roman provoque une dépression vite surmontée néanmoins[25].

Diffusion de l'objectivisme

En 1950, Ayn Rand et quelques proches créent un groupe qui prend par provocation le nom de « le Collectif », formé par Alan Greenspan, futur président de la Fed et le psychologue Nathanael Blumenthal (qui deviendra Nathaniel Branden, l'auteur de The Psychology of Self-Esteem), futur amant de Rand, sa femme, Barbara Branden, et Leonard Peikoff, profondément influencé par The Fountainhead. Par ce groupe, qui multiplie les conférences publiques, Rand compte diffuser sa philosophie et ses écrits. Le cercle d'amis prend ainsi un rôle de plus en plus important, aidant Ayn Rand à diffuser son système philosophique, auquel elle donne le nom d'« objectivisme ». Sous l'impulsion de Branden, le groupe fonde le Nathaniel Branden Institute (« N.B.I »), qui édite un périodique, The Objectivist, actif de 1962 à 1965. Le périodique devient ensuite The Objectivist Newsletter, de 1966 à 1971. Puis le groupe édite, de 1971 à 1976, une newsletter, The Ayn Rand Letter[note 4]. Ayn Rand y publie des articles, qui forment la base pour ces essais philosophiques, et en premier lieu l'ouvrage The Virtue of Selfishness qui développe sa théorie du point de vue éthique. L'essai Capitalism: The Unknown Ideal (1966) regroupe ses études économiques et politiques alors que Introduction to Objectivist Epistemology (1971) est une présentation de ses concepts clés. Rand écrit également une étude esthétique, The Romantic Manifesto (1969).

En 1957 est publiée sa principale œuvre, Atlas Shrugged (La Révolte d'Atlas), aux éditions Random House, un roman de plus de 1 000 pages qui met en scène des entrepreneurs en butte à l'étatisme d'une société socialiste pré-totalitaire. Le tirage initial est de 100 000 exemplaires et le livre devient rapidement un « best-seller » mondial puisque son tirage annuel est de 200 000 unités. Selon une étude de 1991 de la Bibliothèque du Congrès américain, le livre est cité par les Américains comme celui qui les a le plus influencés, après la Bible[26]. Le roman mêle divers thèmes et sujets de réflexion, passant de l'épistémologie à la métaphysique, suivant une action classique, centrée autour du combat du personnage, John Galt, contre l'étatisme. Il marque aussi la fin de l'activité romanesque de Rand, et le début de ses écrits philosophiques[27].

En 1958, Rand anime des séminaires d'écritures et le 6 mars elle fait sa première conférence au Queens College de New York. Elle prend la parole pour la première fois à la télévision américaine, sur le plateau de Mike Wallace en 1959[28]. Elle présente son essai « Faith and Force: Destroyers of the Modern World » à l'université Yale le 17 février 1960. Le rythme de ses lectures publiques mais également universitaires s'accélère. En 1961, Rand publie For the New Intellectual le 24 mars et fait une conférence au Ford Hall Forum, « The Intellectual Bankruptcy of Our Age » le 26 mars. Le Ford Hall Forum devient le lieu privilégié de ses conférences qui ont lieu de 1962 à 1976. Elle réalise également des allocutions et des ateliers (workshop) au Nathaniel Branden Institute qui ouvre en janvier 1962. Le même mois le premier numéro de The Objectivist Newsletter est publié.

La popularité de Rand s'accroît également. De plus en plus sollicitée par les journaux elle signe, 17 juin 1961, sa première intervention dans la « Weekly column » du Los Angeles Times qu'elle animera quelques années durant. Ses conférences sont toutes enregistrées et diffusées aux États-Unis et dans d'autres pays. Ayn Rand enseigne par ailleurs dans de nombreuses universités à partir de 1960, à Yale, à Princeton et à Columbia. Elle enseigne également à Harvard, à l'université du Wisconsin, à l'université Johns Hopkins et au MIT. Durant ses dernières années, Ayn Rand prend également position sur de grandes questions de société, s'opposant à l'engagement américain dans la Seconde Guerre mondiale, et soutenant Israël pendant la guerre du Kippour. Elle s'exprime sur tous les thèmes de société où sa morale objectiviste peut trancher : l'égalité des sexes et l'homosexualité, le racisme et le travail.

Le 2 octobre 1963 Rand reçoit un honorary doctorate de l'université Lewis et Clark et publie en décembre 1964 The Virtue of Selfishness (La Vertu d'égoïsme), l'essai qui présente le mieux sa pensée éthique et philosophique de l'objectivisme. En juillet 1966, elle écrit une autre étude, en plusieurs parties, publiée dans le périodique The Objectivist intitulé « Introduction to Objectivist Epistemology » destinée à donner une cohérence philosophique et scientifique à sa théorie.

Dernières années

La relation sentimentale de Rand avec le psychothérapeute Nathaniel Branden s'intensifie dans les années 1960. Branden publie également divers textes psychologiques dans la revue d'Ayn Rand. En 1968, le couple illégitime rompt, en partie à cause du fait que chacun était marié[29].

Dès mars 1969, Ayn Rand donne des cours d'écriture, pour les essais cette fois, à des membres du Nathaniel Branden Institute. Le 11 octobre, elle anime des ateliers autour de l'épistémologie objectiviste. Le 16 juillet elle assiste comme V.I.P au lancement de la fusée Apollo 11. Cet événement lui inspire deux essais[note 5] vantant le progrès technique permis par le capitalisme : « La signification fondamentale du triomphe d'Apollo 11 n'es pas politique ni même philosophique, elle est davantage épistémologique et morale »[30] dit-elle à cette occasion qui la marque beaucoup. Rand se lie par ailleurs d'amitié avec l'astronaute Michael Collins[31] ainsi qu'avec l'écrivain Mickey Spillane et le critique musical Deems Taylor avec qui elle entretient une longue correspondance[32].

La santé d'Ayn Rand se détériore au début des années 1970. Elle est opérée en 1974 pour un cancer du poumon car elle est une grande fumeuse. La fin de la relation avec Branden signe la fin de facto du Nathaniel Branden Institute et certains amis objectivistes s'éloignent d'elles. Rand publie une critique de Nathaniel Branden, dans The Objectivist, qu'elle considère comme malhonnête envers elle et de « comportement irrationnel dans sa vie intime »[33]. Le 6 mars 1974 Rand fait une conférence à West Point intitulée « Philosophy: Who Needs It », ouvrage parachevant sa philosophie de la réalité et de l'homme[34]. Le 14 avril elle reçoit sa sœur, Nora Drobysheva, qui a pu obtenir une autorisation de quitter l'URSS. Rand tente de lui proposer son aide pour qu'elle immigre aux États-Unis, mais sa sœur refuse et rentre en URSS après quelques jours.

En janvier 1976 Rand publie son dernier article dans le recueil The Ayn Rand Letter, « The Energy Crisis » qui traite des enjeux géopolitiques. Le 27 juillet elle est invitée à la Maison blanche pour diner avec l'homme politique libéral australien futur premier ministre de l'Australie Malcolm Fraser, signe d'une reconnaissance nationale. Le 10 avril 1977 elle est invitée au Ford Hall Forum pour un dîner en son honneur, avec tous les membres du Nathaniel Branden Institute.

En septembre 1979, Atlas Shrugged est scénarisé pour un projet de série télévisée puis, en avril, son dernier essai, Introduction to Objectivist Epistemology, est publié par la New American Library. Le 9 novembre, son mari Frank O’Connor décède et, dès lors les activités d'Ayn Rand au sein du mouvement objectiviste se raréfient. Sa santé décline par ailleurs. L'un de ses derniers projets est une adaptation télévisée d'Atlas Shrugged ainsi qu'un roman, To Lorne Dieterling, dont elle ne laisse que des brouillons préparatoires.

La tombe d'Ayn Rand et de Frank O'Connor au cimetière de Kensico, à Valhalla, New York.

En 1981 Rand anime ses dernière conférences : au Ford Hall Forum avec « The Age of Mediocrity », le 26 avril et « The Sanction of the Victims » à la Nouvelle Orléans le 21 novembre. Elle travaille aux dernières pages du scénario télévisé d'Atlas Shrugged, qu'elle achève en janvier. Elle meurt d'une insuffisance cardiaque le 6 mars 1982 chez elle, à New York.

De nombreux compagnons objectivistes se rendent à son enterrement dont Alan Greenspan et David Kelley qui lit lors des obsèques le poème If de Rudyard Kipling[note 6]. Rand est enterrée au cimetière de Kensico, à Valhalla, New York. Dans ses dernières volontés, elle désigne Leonard Peikoff héritier de sa propriété intellectuelle et le reconnaît également comme le meilleur spécialiste de sa philosophie[35]. Peikoff fonde le Ayn Rand Institute pour propager ses idées.

Son œuvre

Ayn Rand a, au fur et à mesure de ses écrits, constitué un mouvement philosophique intitulé l'« objectivisme »[note 7] reposant sur le postulat selon lequel « ma philosophie conçoit essentiellement l'Homme comme un être héroïque dont l'éthique de vie est la poursuite de son propre bonheur, la réalisation de soi son activité la plus noble, et la Raison son seul absolu. »[36].

Influences philosophiques

Citation tirée du roman The Fountainhead et gravée sur le mur de la rotonde à l'entrée de l'attraction The American Adventure du parc EPCOT de Walt Disney World Resort.

Ayn Rand a été influencée par de nombreux philosophes comme Aristote en premier lieu[37], mais aussi John Locke, Thomas d'Aquin, Friedrich Nietzsche, Henryk Sienkiewicz, Ludwig von Mises ou Isabel Paterson. Néanmoins, Douglas B. Rasmussen décrit son approche de l'enseignement d'Aristote comme étant « extrêmement imprécis », alors que sa connaissance de son système éthique est, elle, « très mince »[38].

L'influence de Nietzsche est, selon Ronald E. Merrill, auteur de The Ideas of Ayn Rand, réelle[39], notamment à travers la notion de « surhomme » qui se retrouve dans tous ses écrits.

Pour elle, au sein de l'histoire de la philosophie, seuls trois auteurs, dont elle-même, ont marqué l'éthique, qu'elle nomme les « trois A », pour Aristote, Thomas d'Aquin et Ayn Rand[40]. Parmi les philosophes, Rand éprouve un dédain particulier pour Emmanuel Kant, qu'elle dit être un « monstre » et « le plus mauvais homme de l'histoire » car il prône un système éthique fondé sur la responsabilité envers la collectivité. Elle critique la position de Kant, qui veut expliquer que la raison ne peut connaître la réalité en soi : pour Rand, sa philosophie est l'exacte opposée des positions kantiennes[41]. Pour les philosophes objectivistes George Walsh[42] et Fred Seddon[43], Rand n'a pas su interpréter l'apport de Kant ; pour le premier elle exagère l'ambition du philosophe allemand. D'autres critiques condamnent sa vision du kantisme comme étant simplement « ignorante et indigne »[44]. L'influence du courant libertarien fut également décisive sur la pensée d'Ayn Rand.

L'objectivisme

Article détaillé : objectivisme (Ayn Rand).

Rejetant la foi considérée comme opposée à la raison, Rand condamne toute forme de mysticisme, y compris les religions, et prône le réalisme philosophique[45]. Rand met en avant ce qu'elle nomme l'« égoïsme rationnel », ou « égoïsme de l'intérêt personnel », seul principe moral digne d'être suivi par opposition à l'altruisme, de mentalité collectiviste. L'individu est selon elle la base de toute morale, « il se doit d'exister pour lui-même » écrit-elle en 1962 et de « ne jamais se sacrifier pour les autres, ni sacrifier les autres pour lui-même »[46]. En 1976, Rand explique que sa contribution principale à la philosophie est sa « théorie et [s]es concepts, [s]on éthique, et [s]a découverte que, en politique, le mal - la violation des droits - consiste en un commencement de pouvoir et de force »[47].

Sculpture d'Atlas à New York, symbole du mouvement objectiviste.

Rand pose que le seul système moral pertinent est celui du « laissez-faire », le capitalisme. Elle est donc profondément individualiste et s'oppose à tout système collectiviste, en premier lieu au communisme. Elle critique de manière véhémente autant certains libéraux et conservateurs américains, comme les partisans du régime soviétique[note 8].

D'inspiration aristotélicienne, la philosophie d'Ayn Rand se veut profondément rationaliste et objectiviste, les émotions de l'homme se devant d'être soumises à sa raison, faute de quoi, l'homme baserait son existence sur des chimères issues de ses représentations du monde et non sur les faits. Elle ne renie pas pour autant la sphère émotionnelle mais considère que l'homme qui se perd dans ses émotions essaie de fuir la réalité au lieu de s'y adapter. Ayn Rand a ainsi défini la « psycho-épistémologie », socle de son système objectiviste, comme « l'étude des processus cognitifs humains vus à partir de l'interaction entre l'esprit conscient et les fonctions automatiques de l'inconscient »[48]. Harry Binswanger a continué ses travaux sur ce point. La vie de l’homme est considérée comme le fondement de toute valeur, et sa propre vie est le but éthique de tout individu. Le passage dit de l'allocution de John Galt (John Galt speaking), personnage principal du livre Atlas Shruggled, représente la quintessence de sa pensée à propos de l'individu[49].

Ayn Rand insiste de façon récurrente sur l'estime de soi et sur le fait que l'être humain n'a pas besoin de se justifier pour exister : il est une fin en soi. Ce faisant, elle rejette les courants de pensée en vogue à son époque, bâtis, selon elle, sur la culpabilité et le rejet des aspirations profondes de l'individu au profit d'un collectif aliénant et irrespectueux de la réalisation de chacun. Alain Laurent parle bien plutôt, à propos de sa philosophie, de conservative libertarian, Rand « défendant un individualisme classiquement libéral mais radical »[50].

Ayn Rand distingue quatre niveaux constituant l'objectivisme, explicités dans son article « Introducing Objectivism »[51] :

  1. un niveau métaphysique qui pose que la réalité est un fait objectif ;
  2. un niveau épistémologique fondé sur le primat de la raison ;
  3. un niveau éthique représenté par l'« égoïsme rationnel » ;
  4. un niveau politique qui est le capitalisme.

Selon Stephen R. C. Hicks, l'éthique de Rand est en droite continuité avec celle du libéralisme, dans la mesure où selon ce courant de pensée l'individu poursuit ses propres intérêts[5].

Principales œuvres

Signature d'Ayn Rand.

Ayn Rand est surtout connue pour ses fictions, principalement Atlas Shrugged, véritable best-seller, et The Fountainhead. Les personnages de ses romans sont ainsi devenus des références clés dans la culture américaine comme John Galt, Dagny Taggart ou Kira Argonouva[52]. Rand se dépeint elle-même comme une « romantique réaliste », et toute son œuvre reflète cette double tendance[53].

Atlas Shrugged

Article détaillé : La Révolte d'Atlas.

La Révolte d'Atlas est un roman de plus de 1 000 pages qui fit d'Ayn Rand une romancière populaire, dès sa publication en 1957. En 2007, soit cinquante années après la première publication du roman, près de 185 000 exemplaires furent vendus d'après le Ayn Rand Institute[54]. Selon un sondage réalisé par Freestar Media/Zogby conduit en 2007, 8 % des Américains ont lu Atlas Shrugged[55]. Le livre ne fut pourtant jamais traduit en français[note 9].

D'après l'auteur elle-même, Atlas Shrugged a pour thème « le rôle de l'esprit humain dans la société »[56]. L'intrigue met donc en scène des « hommes de l'esprit » (des scientifiques indépendants, des entrepreneurs honnêtes, des artistes individualistes, des hommes productifs en somme) qui disparaissent mystérieusement, provoquant crises et catastrophes, dans un futur (pour les années 1950) proche. Il s'agit d'un « roman à idées », par lequel Rand développe sa conception de la liberté et de l'égoïsme rationnel, tout en présentant les méfaits de l'étatisme. Atlas Shrugged présente la thèse de Rand selon laquelle sans ceux qui supportent le monde (tel le légendaire titan grec Atlas), la société s'écroule. Le système économique du capitalisme est tout entier glorifié dans ce roman qui tient par certains aspects de la science-fiction.

Le personnage principal du roman, John Galt, est l'archétype du héros vertueux et entreprenant. La première phrase du récit, « Who is John Galt? » a marqué la culture populaire américaine, de même que son allocution, long passage de 62 pages[note 10], qui est un « morceau majeur de la philosophie, car il expose les racines profondes de l'idéologie étatiste, qui sont à chercher en premier lieu, et dans l'ordre, dans les domaines de la métaphysique, de l'épistémologie et enfin de l'éthique. » explique le traducteur suisse, Pierre-Louis Boitel[57].

The Fountainhead

Article détaillé : La Source vive.

Publié en 1943 le roman La Source vive connut un grand succès et fut ensuite adapté au cinéma par King Vidor en 1949 sous le titre Le Rebelle. Le titre du livre fait référence à une déclaration d'Ayn Rand : « l'ego de l'Homme est la source vive du progrès humain  »[58]. Refusé par de nombreux éditeurs car non « commercial », le livre est pourtant parmi les plus vendus au monde au sein de l'œuvre de Rand[59].

Le récit décrit la vie d'un architecte individualiste, Howard Roark, dans le New-York des années 1920 qui ne parvient pas à faire accepter ses créations. Par lui, Rand développe les thèmes contenus dans sa doctrine objectiviste, à savoir l'intégrité, l'égoïsme rationnel, la vertu d'indépendance et la créativité. Chaque chapitre est dévolu à un personnage, emblème d'une valeur randienne. Ayn Rand y esquisse deux philosophies antagonistes, à travers les deux personnages en opposition. Le premier, incarné par Roark, est l’homme volontariste et libre, qui représente « l’égoïste absolu », et doté de liberté de jugement alors que Keating est l'archétype du parasite social.

The Fountainhead peut, selon Mimi Reisel Gladstein, être lu comme « une version moderne d'une pièce médiévale de moralité »[60].

Réceptions de ses écrits

Les romans de Rand furent l'objet de vives critiques lors de leur publication[61]. Selon Jeff Britting, la popularité des écrits de Rand doit beaucoup au « bouche à oreille »[62]. En effet, les milieux universitaires et littéraires ont longtemps ignoré les romans de Rand. Le philosophe John Lewis déclare cependant, dans sa Literary Encyclopedia de 2001, que « Rand a écrit les fictions les plus intellectuellement brillantes de sa génération »[63].

Les premiers comptes-rendus de la critique apparaissent avec sa pièce de théâtre Night of January 16th. Ses autres premiers écrits, We the Living et Anthem ont reçu une faible attention des critiques, seul son best-seller The Fountainhead mobilisa véritablement la presse et en particulier le New York Times[64], journal que Rand appréciait grandement[31]. C'est surtout son roman Atlas Shrugged qui reçut la plus grande critique, principalement négative. L'écrivain conservateur Whittaker Chambers de la National Review qualifia l'ouvrage d'« immature » et de « remarquablement stupide ». Il ajouta qu'« il peut être appelé roman seulement en dévaluant le mot »[65]. En plus de critiquer le style du roman, il accusa Rand de soutenir le même système politique athée que celui qu'elle récuse, à savoir le communisme.

Les travaux de Rand reçurent peu d'attention du milieu académique et universitaire[66]. La première étude sur son travail fut publiée en 1971 ; ce fut celle de William F. O'Neill, With Charity Toward None: An Analysis of Ayn Rand's Philosophy[67]. L'auteur fut vivement critiqué par ses pairs, qui condamnèrent son engagement déloyal et blâmèrent sa volonté de prendre Rand et ses écrits au sérieux. La revue The Personalist publia après sa mort de nombreux articles et l'économiste Robert Nozick y rédigea l'article « On the Randian Argument »[68] .

Comme le souligne Alain Laurent, la vogue consacrée à Ayn Rand a été telle qu'aux États-Unis, presque tout le monde l'a lue et a eu son « moment Ayn Rand » comme l'a confié Hillary Clinton[50]. Après sa mort, elle est « demeurée bien vivante dans le paysage intellectuel et politique américain », influençant le classical liberalism comme le Cato Institute.

Une éthique de l'égoïsme

Article détaillé : La Vertu d'égoïsme.

L'essai The Virtue of Selfishness, traduit en français sous le titre La Vertu d'égoïsme synthétise la pensée éthique d'Ayn Rand[note 11]. Publié en 1964, il s'agit de ses principaux textes issus des conférences. Annoncé par ses précédents écrits, la doctrine du « vivre pour soi » est le sujet de ce livre qui expose la plupart des axiomes objectivistes et en premier lieu le principe selon lequel l'« ego » est la seule référence éthique : « Aucune loi, aucun parti ne pourra jamais tuer cette chose en l'homme qui sait dire « je » »[69]. Ainsi résume Pierre Lemieux, « La nature de l'homme lui impose un code d'éthique rationnel (...) Les droits de l'homme se résument dans le droit pour un individu d'utiliser sa raison, à l'exclusion de toute coercition, pour mener sa propre vie. Raison et liberté vont de pair » pour Ayn Rand[70].

Le capitalisme est ainsi le seul système où les hommes productifs sont libres d'agir et de coopérer en vertu de leurs libertés. Contrairement à une critique répandue, Rand n'est pas anarchiste, ni anarcho-capitaliste, car elle considère que « l'anarchie en tant que concept politique, est une abstraction vague et naïve »[71]. Néanmoins Rand est souvent considérée comme une théoricienne anarchiste, notamment par Ulrike Heider qui la surnomme « the queen of reason »[72]. Par ailleurs elle ne prône pas une société sans État. Elle propose un système alternatif où l'État est limité à une activité judiciaire, via le monopole du contrôle des contrats entre citoyens. Selon Alain Laurent, Rand est minarchiste, c'est une adepte du limited government. L'État doit ainsi seulement « protéger l'individu de la violence physique, protéger son droit à la vie, à la liberté, à la propriété et à la poursuite de son propre bonheur ». Ces objectifs coïncident exactement avec les principes des Founding Fathers, les pères fondateurs des États-Unis[73]. L'éthique de Rand renoue avec le concept aristotélicien de « valeur » qui est ainsi pour elle « ce pourquoi l'on entreprend une action pour acquérir et (ou) conserver quelque chose »[74].

Ayn Rand voit dans la déclaration d'indépendance américaine une réussite de l'éthique rationnelle[note 12].

La méthode de Rand se fonde sur l'objectivité définie comme « Une méthode pour évaluer la connaissance basée sur sa conformité ou non à la réalité »[75]. La première partie de ce livre est consacré à démontrer en quoi la vie, et l'individu, est essentiellement rationnel, et que son existence doit être objective, c'est-à-dire conforme à la réalité. Le rationnel est donc le moyen de survie, et, par extension, l'éthique régulant son comportement et ses choix[76]. Rand s'oppose aux doctrines philosophiques et politiques qui posent que l'éthique est irrationnelle et donc que la raison n'est pas inhérente à l'homme, justifiant par là un altruisme au service de la collectivité. Ces doctrines justifient le recours à la force, caractéristique de l'État. La conduite éthique est donc celle de « la réflexion et du travail productif »[77]. Selon Alain Laurent, dans Le Libéralisme américain, « De ces prémisses [Rand] déduit une éthique anti-sacrificielle et anti-collectiviste affirmant la légitimité exclusive de la poursuite du « self-interest » calé sur le droit individuel de propriété, l'« échange librement consenti » et le principe de « non-initiation de la force »[78].

Prises de position et enjeux éthiques

Politique internationale

Ayn Rand s'est opposée à l'engagement américain dans la Première Guerre mondiale et dans la Seconde Guerre mondiale[79] puis lors de la guerre de Corée, considérant que la seule justification de la guerre doit être le principe d'autodéfense. Elle s'est ainsi publiquement opposée à la guerre du Vietnam en déclarant : « Si vous voulez voir l'ultime, suicidaire extrême de l'altruisme, à une échelle internationale, observez la guerre du Vietnam, une guerre où chaque soldat américain meurt sans raison d'aucune sorte »[80].

Rand s'oppose, au nom de la souveraineté, à toute politique d'intervention et d'ingérence. Elle interpréta la guerre du Kippour de 1973 comme une attaque contre un gouvernement défenseur des droits individuels et soutint en conséquence Israël. Elle déclara ainsi : « Les Arabes sont une des cultures les moins développées. Ils sont typiquement nomades. Leur culture est primitive et ils éprouvent du ressentiment contre Israël car c'est la seule tête de pont de la science moderne et de la civilisation sur leur continent. Quand vous avez des hommes civilisés qui combattent des sauvages, vous soutenez les hommes civilisés, peu importe qui ils sont. »[81].

Ayn Rand s'est opposée à la guerre du Vietnam, la considérant comme le résultat suprême de l'altruisme. Manifestation de protestation contre la guerre aux États-Unis le 21 octobre 1967.

Ses fondamentaux objectivistes proposent une vision tranchée de la politique internationale. Dans « The Foreign Policy of a Mixed Economy », Rand condamne le concept d'aide internationale, qui nourrit les guerres économiques et diminue les libertés humaines, contribuant à balkaniser, selon le titre de son article « Global Balkanization », les pays, notamment par la notion d'« ethnicité ». Selon Rand, l'irrationnel (dont l'aboutissement historique et meurtrier est le communisme, thèse qu'elle développe dans son article « Capitalism vs. Communism ») se propage, conduisant à un nouveau fascisme, celui du culte du consensus (« The New Fascism: Rule by Consensus ») et de l'administration publique, toujours plus dépensière. Rand y voit par ailleurs la cause de la volonté de certains États, comme les États-Unis, de conduire des guerres d'ingérence injustes (« The Wreckage of the Consensus ») car altruistes, c'est-à-dire non respectueuses des libertés individuelles.

Genre, sexe et race

Plusieurs des ouvrages de Rand présentent les femmes et les hommes comme égaux sur le plan intellectuel. Toutefois, elle a, à plusieurs reprises, affirmé que les différences physiologiques entre les deux sexes conduisaient à des différences psychologiques fondamentales, sources d'une différenciation naturellement sexuée des rôles sociaux. Il s'agit là d'un des postulats de ce qu'elle nomme la « psycho-épistémologie », la science qui examine le rapport du psychisme humain à la réalité. Rand affirma par exemple que, si les femmes sont compétentes pour occuper la fonction de Présidente, aucune femme rationnelle ne devrait chercher à atteindre cette position ; elle expliqua plus tard qu'une telle fonction serait psychologiquement perturbante pour une femme[82]. Rand pense ainsi que l'« essence de la féminité est la vénération - le désir d'admiration de l'homme », qu'une « femme idéale doit vénérer les hommes, et qu'un homme idéal est le plus haut symbole de l'humanité »[83]. Le sexe est pour elle « l'expression de l'estime de soi »[84].

Ayn Rand s'est exprimée publiquement à une unique occasion sur le thème de l'homosexualité, lors d'une conférence au Ford Hall Forum de 1968. En 1971, elle publia un recueil d'essais, The New Left, dans lequel elle attaque les mouvements féministes et gay estimant que la discrimination positive menée par l'État n'est pas éthique et explique que l'homosexualité est immorale en soi. En dépit de cette critique, elle estime que « la loi ne doit pas intervenir dans une relation entre deux adultes consentants ». Dans des conversations tenues en 1980 avec le philosophe Harry Binswanger, elle nuança sa position, revenant sur le terme d'immoral sans retirer sa critique[85]. Rand défendit par ailleurs le droit des entreprises de discriminer sur la base de l'orientation sexuelle, de la race ou de n'importe quel autre critère. Elle estimait qu'aucun droit n'est violé par le refus d'une personne ou d'une organisation de traiter avec un autre parti, même si la raison avancée est irrationnelle, raciste ou homophobe[86].

Dans ses articles « Racism » et « Balkanisation globale », Rand estime que le « racisme est la forme la plus basse, la plus crûment primitive de collectivisme »[87]. Que cette notion implique qu'un homme soit jugé non sur ses propres actions mais sur celles d'un collectif d'ancêtres apparaissait intolérable dans son système de pensée[88] car le racisme, permis par l'État absolu, nie les deux aspects de la vie de l'homme : sa raison et sa moralité pour y substituer un déterminisme génétique. Elle était opposée à toute intervention gouvernementale à ce sujet, estimant que « le racisme n'est pas un problème légal mais un problème moral et ne peut être combattu que par des moyens privés, tels que le boycott économique ou l'ostracisme social. »[89].

Culture et environnement

« Le Capitalisme est un système social basé sur la reconnaissance des droits individuels, y compris sur celle des droits de propriété »[90].

« La culture n'est pas le produit anonyme de masses indifférenciées, mais la somme des réalisations intellectuelles d'hommes individuels »[91] selon Ayn Rand qui fait de la culture et du progrès scientifique des domaines éthiques. Cependant, dans son article « Our Cultural Value-Deprivation » (1966), elle note la perte de valeur dans la culture et notamment la valeur individualiste. Son essai « The Intellectual Bankruptcy of Our Age » (1961)[92] a pour but de condamner une culture de masse mondialisée, celle du XXe siècle qui refuse l'héritage libéral du siècle précédent.

En matière d'écologie et d'environnement, Rand y voit une manipulation des gouvernements, destinée à réduire les libertés et à faire primer l'émotion sur la raison. Critiquant l'environnementalisme, dans « Against Environnementalist », elle considère que l'écologie est un retour du religieux et de l'irrationnel, alors que seul le progrès technique peut améliorer la condition humaine[93].

L'étatisme

Fondatrice du minarchisme et d'un libertarisme anti-État, Rand oppose l'étatisme à l'intérêt privé de l'individu. Selon elle l'État qu'elle qualifie d'« absolu » lorsqu'il ambitionne de régenter toute la sphère sociale et économique fait en sorte de changer les règles du jeu éthique. « L'étatisme a toujours été le corollaire politique du collectivisme »[94] explique-t-elle, sa démesure culminant dans le communisme.

Ses jugements sur les formes de gouvernements sont très véhéments et ont suscité des admirations dans tous les mouvements anti-étatiques. La phrase « L'État absolu n'est simplement qu'une forme institutionnalisée du banditisme, quel que soit le gang particulier qui prend le pouvoir »[94] résume au mieux sa pensée. Cependant, Rand n'est pas pour l'anarchisme, qui prône la disparition de l'État. Elle considère qu'il doit veiller à ce que les citoyens jouissent de toute leur liberté de choix et de raison : « Le gouvernement agit seulement comme un agent de police qui protège l'homme des droits, il utilise la force physique uniquement et seulement à titre de représailles contre ceux qui prennent l'initiative de son utilisation, tels que des criminels ou des envahisseurs étrangers. »[95]. En d'autres termes, l'État doit veiller à la conservation des droits individuels (la liberté et la propriété), dont « la source est la nature de l'homme » car : « la seule justification valable de l'existence d'un État [est d'] assurer les Droits des hommes en protégeant ceux-ci de la violence physique »[96].

Seul le système du « laissez-faire » capitaliste peut garantir les libertés individuelles, en d'autres mots, Rand préconise un État minimal. La société doit veiller à ce qu'une complète séparation de l'État et l'économie existe, de la même manière et pour les mêmes raisons que la séparation de l'État et l'Église existe[97].

Influence

Les écrits d'Ayn Rand continuent d'être largement vendus et lus, à travers le monde, avec plus de 25 millions d'ouvrages vendus en 2007, et près de 800 000 de plus chaque année selon le Ayn Rand Institute[98], y compris dans le milieu scolaire[99]. Selon une étude conduite par la Library of Congress américaine et par Book of the Month Club (« le club du livre du mois ») dans les années 1990, Atlas Shruggled est le livre le plus influent après la Bible aux États-Unis[5].

Influence sur la société et sur des personnalités

L'économiste George Reisman, dans Capitalism: A Treatise on Economics 1996) tente de concilier objectivisme et méthodologie autrichienne.

Une certaine branche du mouvement féministe américain se revendique des travaux de Rand. Dans Feminist interpretations of Ayn Rand[100] Mimi Reisel Gladstein et Chais Matthew Sciabarra analysent la nature de cette influence et expliquent même en quoi la philosophe peut être qualifiée de « féministe avant l'heure »[101].

Ayn Rand a eu également une profonde influence sur des penseurs et des personnalités contemporains tels John Hospers (le premier candidat du parti libertarien aux élections présidentielles américaines de 1972), George Hamilton Smith (pédagogue et auteur libertarien), le philosophe et épistémologue Allan Gotthelf, les philosophes et universitaires Robert Mayhew (auteur de Essays on Ayn Rand's Atlas Shrugged) et Tara Smith, l'économiste George Reisman, le psychologue comme Edwin A. Locke, créateur de la goal-setting theory, l'historien Robert Hessen, et les politologues Charles Murray (créateur de l'American Enterprise Institute) et Peter Schwartz[note 13]. Selon Pierre Lemieux Rand, en dépit de son aversion pour l'anarchie, est également un modèle des mouvements anarcho-capitalistes[70]. Les théoriciens anarchistes et minarchistes Murray Rothbard et Robert Nozick reconnaissent l'apport de Rand dans le champ éthique surtout. L'écrivain Mario Vargas Llosa est un de ses admirateurs[note 14]. Alain Laurent, citant une confidence Alan Greenspan explique même que le président russe Vladimir Poutine non seulement connaît ses écrits mais de plus aime à en discuter[50].

L'ancien président de la « Fed », Alan Greenspan, a beaucoup été influencé[note 15] par Rand et déclara à son propos : « Elle m'a montré que le capitalisme n'est pas seulement efficace, mais aussi moral »[102]. Ayn Rand a aussi eu une influence sur James Clavell, George Reisman, Alan Greenspan, Terry Goodkind et le professeur de marketing Jerry Kirkpatrick. L'ancien président des États-Unis, Ronald Reagan se dit lui-même un admirateur de Rand, dans sa correspondance privée[103]. Le dessinateur de comics Steve Ditko est un lecteur de Rand[note 16]. Parmi d'autres personnalités publiques, l'actrice Angelina Jolie et son mari et acteur Brad Pitt, Frank Miller, Vince Vaughn ou Ron Paul, ancien candidat à la Présidence américaine, se disent influencés par l'objectivisme d'Ayn Rand.

Ayn Rand est admirée par le fondateur de l'encyclopédie libre Wikipédia. Ayant lu The Fountainhead, Jimmy Wales se qualifie lui-même de libertarien : « La catégorie de personnes dans laquelle je peux le mieux me considérer serait celle des libertariens »[104] dit-il. La pensée de Rand « colore tout ce que je fais et tout ce que je pense »[105]. Wales a ainsi animé, de 1992 à 1996 une mailing list électronique nommée Moderated Discussion of Objectivist Philosophy. Il donna une interview qui fit la première page du numéro de juin 2007 du magazine libertarien Reason[106].

Jimmy Wales : « Me concernant, l'un des principes qui forme le cœur de ma vie est la vertu d'indépendance »[107].

Un groupe d'entrepreneurs décidés à fonder une cryptarchie en 1998, baptisée « Laissez Faire City » d'abord en Indonésie, sur l'île de Bintan, puis au Costa Rica voulaient mettre en application les directives objectivistes. Le projet échoua faute de trouver un territoire libre et en-dehors de tout contrôle étatique[108].

Les héritiers d'Ayn Rand

Dès ses débuts Ayn Rand a su réunir autour d'elle une génération de penseurs considérés comme « objectivistes »[109]. Plusieurs d'entre eux continuent, après sa mort, à promouvoir sa philosophie, aux États-Unis et dans le monde.

En 1985, Leonard Peikoff, en qui Rand avait totale confiance pour représenter sa philosophie, fonde le Ayn Rand Institute (ARI), qui a pour but de « faire connaître la pensée de Rand aux jeunes générations, de soutenir et développer ses idées, et de promouvoir les principes de la raison, de l'intérêt privé rationnel, des droits individuels et du capitalisme du laissez-faire le plus largement possible ». En 1989, David Kelley crée quant à lui l’Institute for Objectivist Studies, devenu The Atlas Society, et qui s'intéresse davantage à la dimension philosophique et universitaire des travaux d'Ayn Rand. En 2000, l'historien John McCaskey organise l’Anthem Foundation for Objectivist Scholarship, qui offre des bourses et des récompenses pour des écrits universitaires liés à l'objectivisme, pour les universités de Pittsburgh et du Texas à Austin. L'association américaine Rebirth of Reason fondée en 2005 par Joseph Rowlands et qui siège à Santa Clara, en Californie regroupe la plupart des continuateurs de l'objectivisme[110].

En France, Alain Laurent, philosophe et essayiste, fonda la Ayn Rand French Society, avec José Luis Goyena. Laurent a écrit La Philosophe Libérale et Le Libéralisme américain : Histoire d'un détournement et fut directeur de la collection « Bibliothèque des Classiques de la Liberté » aux éditions Belles Lettres ; il est considéré comme le spécialiste français des écrits de Rand. La Ayn Rand French Society organise des conférences pour présenter la pensée libérale et réalise des articles, tous publiés dans le périodique numérique Le Nouvel 1dividualiste[note 17].

Influence sur d'autres mouvements de pensée

Jim Powell, du Cato Institute, considère Ayn Rand comme l'une des trois plus importantes femmes du mouvement libertarien moderne américain, aux côtés de Rose Wilder Lane et d'Isabel Paterson[111]. Alain Laurent parle lui des Founding Mothers (« les mères fondatrices ») du néo-libéralisme[112]. Pourtant, Rand a toujours refusé d'être considérée comme une théoricienne du mouvement libertarien.

Le mouvement philosophique pro-technologique dit de l'« extropianisme », ainsi que celui du transhumanisme, reconnaît dans les concepts d'égoïsme et de productivité de Rand des valeurs ontologiques fondatrices. Dans ses Principles of Extropy, le fondateur de ce courant de pensée, Max More définit l'« optimisme pratique » (« practical optimism »), l'« auto-transformation » (« self-transformation »), ainsi que l'« auto-direction » (« self-direction ») en référence aux considérations de l'Objectivisme ; les parallèles étant en effet nombreux[113]. L'Objectivisme étant une philosophie qui vante le progrès scientifique et technique, à la manière du scientisme, des courants technophiles comme celui dit du Neo-Tech et qui a pour but l’élimination du mysticisme de la pensée humaine, se revendiquent « néo-Objectiviste »

La doctrine de l'égoïsme radical et de l'individualisme d'Ayn Rand a été récupérée par nombres de personnalités sectaires ; Rand est ainsi l'un des principaux auteurs cités dans la Bible de Satan d'Anton LaVey, qui explique que sa religion est « uniquement la philosophie d'Ayn Rand à laquelle a été ajoutée des cérémonials et des rituels »[114],[115].

Critiques

Les écrits et la philosophie d'Ayn Rand ont été la cible de diverses critiques, tenant soit à sa personnalité, à son système d'idées ou à son style littéraire.

La présentation de la vie d'Ayn Rand est elle-même sujet à controverse. Dans The Passion of Ayn Rand's Critics[116], James Valliant axe son étude sur les manipulations biographiques possibles faites par Nathaniel Branden et sa femme de la vie de la philosophe après sa mort. Pour Valliant, les héritiers de Rand ont embelli son parcours et dissimulé certaines notes de son journal[117].

L'économiste et philosophe libertarien Murray Rothbard.

L'anarcho-capitaliste Murray Rothbard, dans The Sociology of the Ayn Rand Cult (1972), après avoir soutenu Rand[118], décrit les rouages de la société objectiviste, la comparant à un culte : « non seulement le culte d’Ayn Rand était explicitement athée, anti-religieux, non seulement il glorifiait la Raison, mais il professait une dépendance de type maître-esclave envers le gourou au nom de l’indépendance, une adoration et une obéissance au chef au nom de l’individualité de chacun et une croyance aveugle dans le gourou au nom de la Raison »[119]. Les critiques universitaires et politiques anti-libertariennes sont nombreuses[120]. Le célèbre psychologue américain Albert Ellis considère le mouvement randien comme une religion dans son article « Is Objectivism A Religion? »[121](1968).

D'autres considèrent que le raisonnement philosophique de Rand est sophistique, détournant le concept de rationalité, tel Scott Ryan dans Objectivism and the Corruption of Rationality : A Critique of Ayn Rand's Epistemology qui s'attaque, lui, aux fondements épistémologiques de la pensée randienne, considérée comme une pseudo-philosophie[122].

La pensée de Rand continue à gagner des défenseurs, en dépit de la critique continuelle la qualifiant de « mal construite et peu méthodique »[123]. Son style est ainsi décrit, même au sein de ses partisans, comme étant « littéraire, hyperbolique et émotionnel »[124]. Le philosophe Jack Wheeler note « la grandiloquence incessante et la décharge continue de haine des écrits de Rand », en dépit de cela, il voit son système éthique comme « le plus achevé et le plus fécond des études contemporaines »[125]. Enfin, le populaire et satirique The Philosophical Lexicon réalisé par les philosophes Daniel Dennett et Asbjørn Steglich-Petersen, définit le « rand » comme « une tirade énervée due à une erreur philosophique occasionnelle et/ou une preuve d'une corruption morale ineffable. Quand je questionne cette seconde prémisse, je tombe dans un rand »[126].

Ayn Rand dans la culture populaire

De nombreux dessins animés américains font référence à Rand. Un épisode de Futurama imagine Rand dans le futur alors qu'elle vit dans les égouts. Un épisode de South Park parle d'Atlas Shrugged comme d'un « morceau de déchet » alors que de multiples références sont faites dans Les Simpsons, particulièrement dans l'épisode « Four Great Women and a Manicure » où une allusion critique est faite au livre The Fountainhead.

Des jeux télévisés font également référence à Rand, Jeopardy! mais aussi des séries dramatiques, Gilmore Girls (2000) et Mad Men (2007), ou des émissions comiques (The Colbert Report...)[127].

Le groupe de rock canadien Rush, dans l'album 2112 fait référence au monde décrit dans Anthem. En littérature, l'écrivain objectiviste Kay Nolte Smith présente un roman à clef, Elegy for a Soprano inspiré par le groupe du Collectif avec Rand et Branden. Le roman de William F. Buckley, Getting it Right fait également allusion à Rand. Le jeu vidéo BioShock utilise des éléments de l'action du livre Atlas Shrugged.

Le visage de Rand apparaît sur un timbre crée le 22 avril 1999 à New York par le United States Postal Service[128].

Œuvres d'Ayn Rand

Fictions

  • (fr) Nous, les vivants (We the Living, 1936) éditions Rive droite, 1996, (ISBN 2841520285).
  • (fr) Hymne (Anthem, 1938), consultable en ligne éditions Rive Droite, Collection Mega, 2007, (ISBN 978-2841521029).
  • (fr) La Source vive (The Fountainhead, 1943), éditions Omnibus, Collection Feux Croisés, 1999, (ISBN 978-2259185219).
  • (fr) La Révolte d'Atlas (Atlas Shrugged, 1958-1959), (ISBN B0014QJW5S), composé de trois tomes :
    • Tome 1 : Les Requins, éditions Jeheber Saverne, 1958.
    • Tome 2 : Les Exploités, éditions Jeheber Saverne, 1959.
    • Tome 3 : La Revanche, prévu chez Jeheber Saverne mais jamais édité.
  • (en) The Early Ayn Rand, éditions Plume, 1985, (ISBN 978-0452257665).
  • (en) Three Plays (Night Of Janurary 16th, Ideal, Think Twice), Signet Book, 2005, (ISBN 978-0451214669).

Essais

Du vivant d'Ayn Rand

  • (fr) La Vertu d'égoïsme, Les Belles Lettres, coll. « Bibliothèque classique de la liberté », 1993 (ISBN 2251390197).
    titre original : The Virtue of Selfishness (1964), préface d'Alain Laurent, traduction de Marc Meunier.
     
  • (en) The Objectivist Newsletter 1962 - 1966, Second Renaissance, 1990, 224 p. (ISBN 978-1561141494) 
  • (en) The Objectivist 1966 - 1971, Second Renaissance, 1990, 400 p. (ISBN 978-1561141487) 
  • (en) Capitalism: the unknown Ideal, Signet, coll. « PGMJ », 1994, 316 p. (ISBN 978-0451147950).
    Première édition en 1966
     
  • (en) Return of the Primitive, Penguin Putnam Inc, 1971, 352 p. (ISBN 978-0452011847).
    En collaboration avec Peter Schwartz.
     
  • (en) Letter of Ayn Rand 1971 - 1976, Plume Books, 1997, 704 p. (ISBN 978-0452274044).
    Sous la direction de Michael S. Berliner, introduction de Leonard Peikoff
     
  • (en) Introduction to Objectivist Epistemology, Signet Books, coll. « Mentor », 1979 (ISBN 978-0451621719) 
  • (en) For the New Intellectual, Dutton Signet, 1992, 224 p. (ISBN 978-0451163080) 
  • (en) The Romantic Manifesto. A Philosophy of Literature, Signet Books, coll. « Signet Shakespeare », 1992, 200 p. (ISBN 978-0451149169).
    Première édition en 1969.
     

Publications posthumes

  • (en) Philosophy: Who Needs It édité par Leonard Peikoff, 1984, (ISBN 978-0451132499)
  • (en) The Ayn Rand Column édité par Peter Schwartz, 1992 (ISBN 978-1561140992)
  • (en) The Ayn Rand Lexicon: Objectivism from A to Z édité par Harry Binswanger, 1986, (ISBN 978-0452010512)
  • (en) The Voice of Reason: Essays in Objectivist Thought édité par Leonard Peikoff, 1990, (ISBN 978-0452010468)
  • (en) Ayn Rand’s Marginalia. Her Critical Comments on the Writings of over 20 Authors, 1997, (ISBN 978-1561142507)
  • (en) Journal of Ayn Rand édité par Leonard Peikoff et David Harriman, 1999, (ISBN 978-0452278875)
  • (en) Russian Writings on Hollywood édité par Michael S. Berliner, 1999, (ISBN 978-0962533631)
  • (en) The Ayn Rand Reader édité par Gary Hull et Leonard Peikoff, 1999, (ISBN 978-0452280403)
  • (en) Why Businessmen Need Philosophy édité par Richard E. Ralston et Leonard Peikoff, 1999, (ISBN 978-0962533624)
  • (en) The Art of Fiction, édité par Tore Boeckmann, 2000, (ISBN 978-0452281547)
  • (en) The Art of Nonfiction. A Guide for Writers and Readers , édité par Robert Mayhew et Peter Schwartz, 2001, (ISBN 978-0452282315)
  • (en) The Ayn Rand Sampler, 2002, (ISBN 0451208110)
  • (en) Ayn Rand Answers.The Best of Her Q & A, édité par Robert Mayhew, 2005, (ISBN 978-0451216656)

Principaux articles

  • (en) « Introducing Objectivism », dans The Objectivist Newsletter, vol. 1, no 8, août 1962 [Article disponible en audio texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « The Objectivist Ethics », dans The Objectivist Newsletter, article publié lors de la conférence du 9 février 1961 à l'université du Wisconsin, Symposium intitulé Ethics in Our Time [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (fr) « Man’s Rights », dans The Objectivist Newsletter, publié dans Capitalism: The Unknown Ideal, vol. 2, no 4, avril 1963 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (fr) « Collectivized Rights », dans The Objectivist Newsletter, vol. 2, no 6, juin 1963 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « The Nature of Government », dans The Objectivist Newsletter, vol. 2, no 12, décembre 1963 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (fr) « The New Fascism: Rule by Consensus », dans The Objectivist Newsletter, vol. 4, no 5, mai 1965 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « Screen Guide for Americans », dans [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « The Only Path to Tomorrow », dans Readers Digest, janvier 1944, p. 88-90 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « Philosophy: Who Needs It », dans The Ayn Rand Letter, article lu lors de la conférence à West Point, New York, 6 mars 1974, vol. 3, no 7, 31 décembre 1973 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « Through Your Most Grievous Fault », dans The Objectivist Newsletter, vol. 1, no 10, octobre 1962 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « The Cult of Moral Grayness », dans The Objectivist Newsletter, vol. 3, no 6, juin 1964 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « Racism », dans The Objectivist Newsletter, vol. 2, no 9, septembre 1963 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « Who is the Final Authority in Ethics? », dans The Objectivist Newsletter, vol. 4, no 2, février 1965 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « What Is Capitalism? », dans , vol. 4, no 11, novembre 1965 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 
  • (en) « About Barry Goldwater », dans The Objectivist Newsletter, 1963 - 1964 [texte intégral (page consultée le 13 juillet 2009)] 

Filmographie et adaptation

Références

  1. Ayn Rand est mentionnée dans l'ouvrage de référence (en) de Gregory Salmieri et d'Allan Gotthelf, The Dictionary of Modern American Philosophers, London, Thoemmes Continuum, 2005, (ISBN 1-84371-037-4), entrée « Rand, Ayn ».
  2. Alain Laurent, Introduction.
  3. (en) Biographie chronologique d'Ayn Rand, Ayn Rand Institute.
  4. a , b , c , d , e  et f Michael Paxton.
  5. a , b , c , d  et e Stephen R. C. Hicks.
  6. Jeff Britting, p. 14-20.
  7. (en) Michael S. Berliner, « Introduction » in Russian Writings on Hollywood, Los Angeles, 1999, Ayn Rand Institute Press, p. 10, (ISBN 0-9625336-3-7), résumé en ligne.
  8. (en) « A Brief Biography of Ayn Rand » sur le site du Ayn Rand Institute. Les deux textes sont réédités en 1999 par la Russian Writings on Hollywood.
  9. (en) About Ayn Rand: Biography.
  10. « I can say—not as a patriotic bromide, but with full knowledge of the necessary metaphysical, epistemological, ethical, political and aesthetic roots—that the United States of America is the greatest, the noblest and, in its original founding principles, the only moral country in the history of the world », in (en) Discours d'Ayn Rand à West Point.
  11. (en) Explication de l'origine du nom d'Ayn Rand dans la newsletter « Impact » du Ayn Rand Institute de juin 2000.
  12. Jeff Brittings, p. 35-40.
  13. Jeff Britting, p. 40-44.
  14. « It is not an autobiography in the literal, but only in the intellectual sense. The plot is invented, the background is not », Ayn Rand, (en) « Forward », in We The Living, Dutton, p. 18, (ISBN 0-523-94054-5).
  15. (en) « Anthem, an appreciation » par Stephen Cox.
  16. Barbara Branden, p. 188-189.
  17. (en) Historique du roman sur le site Cato institute.
  18. Barbara Branden, p. 183-198.
  19. Cité par Barbara Branden, p. 140.
  20. (en) Essays on Ayn Rand's The Fountainhead par Robert Mayhew, Lexington Books, 2006, p. 73.
  21. (en) Stephen Cox, The Woman and the Dynamo, Transaction, 2004, pp. 218-222, 287-289, 302-314 et 357-359.
  22. (en) Our Forgotten Goddess. Isabel Paterson and the origins of libertarianism par Brian Doherty, février 2005, critique de l'ouvrage de Stephen Cox, The Woman and the Dynamo.
  23. « La Vertu d'égoïsme » : Ayn Rand ou le devoir d'égoïsme, in Le Monde des livres, 31 janvier 2008.
  24. (en) Le témoignage d'Ayn Rand.
  25. (en) « The Heirs of Ayn Rand » par Scott McLemee.
  26. (en) Le classement sur le site du New-York Times.
  27. (en) Voir sur ce point la préface de Edward Younkins à Atlas Shrugged, Aldershot, Ashgate, 2007, p. 1, (ISBN 0-7546-5549-0) : « Atlas Shrugged (...) is the demarcation work and turning point that culminated [Rand's] career as a novelist and propelled her into a career as a popular philosopher » soit : (« Atlas Shruggled est le point culminant de la carrière romanesque de Rand, il est le tournant vers son activité de philosophe populaire ») explique-t-il.
  28. (en) Mike Wallace's interview, première partie et seconde partie.
  29. Barbara Branden, p. 344-358 qui sera d'ailleurs très critique sur la relation de la philosophe avec son époux. Nathaniel Branden a également écrit une autobiographie focalisée sur sa relation avec Ayn Rand : My Years With Ayn Rand, Jossey-Bass, 1999, (ISBN 978-0787945138).
  30. (en) « The fundamental significance of Apollo 11’s triumph is not political; it is philosophical; specifically, moral-epistemological », in « Apollo 11 ».
  31. a  et b « Lettre à M. Collins », pp. 648.
  32. Barbara Branden, p. 308.
  33. (en) Ayn Rand, « To Whom It May Concern », in The Objectivist, New York, mai 1968, n°7 (5), pp. 1–8.
  34. (en) Article consultable en ligne.
  35. Leonard Peikoff, p. 13-15.
  36. (en) « the concept of man as a heroic being, with his own happiness as the moral purpose of his life, with productive achievement as his noblest activity, and reason as his only absolute », Ayn Rand, in Atlas Shrugged, Random House, New York City, 1957, (ISBN 0394415760), Appendice.
  37. Ayn Rand, « About the Author », in Atlas Shrugged, New York City, Random House, 1957, (ISBN 0394415760).
  38. Douglas B. Rasmussen et Douglas J. Den Uyl, The Philosophic thought of Ayn Rand, Urbana, University of Illinois Press, 1984, p. 10, (ISBN 0-252-01033-7).
  39. (en) Voir le commentaire du livre de Ronald E. Merrill, The Ideas of Ayn Rand, par Robert Wilfred Franson qui traite des diverses influences et particulièrement celle de Nietzsche sur la pensée de Rand.
  40. Chris Matthew Sciabarra, p. 12.
  41. « Brief Summary », in The Objectivist, 4 septembre 1971.
  42. (en) George V. Walsh, « Ayn Rand and the Metaphysics of Kant » in The Journal of Ayn Rand Studies 2 (1), 2000, pp. 69-103, consultable en ligne.
  43. (en) Fred Seddon, Ayn Rand, Objectivists, and the History of Philosophy, Lanham, Maryland, University Press of America, 2003, pp. 63-81, (ISBN 0-7618-2308-5).
  44. Cité par Chris Matthew Sciabarra, p. 149.
  45. (en) George H. Smith, Atheism: the Case Against God, Prometheus, 1989.
  46. (en) Ayn Rand, The Voice of Reason, Dutton Plume, 1989, chapitre « Introducing Objectivism », p. 3. Cet article est paru dans le Los Angeles Times, numéro du 17 juin 1962.
  47. (en) Ayn Rand et Robert Mayhew, Ayn Rand Answers, the Best of Her Q&A, New York, New American Library, 2005, p. 166, (ISBN 0-451-21665-2).
  48. (en) Entrée « psycho-epistemology » sur le Ayn Rand Lexicon.
  49. Ayn Rand, Atlas Shrugged , New York, Signet Books, 1996, p. 924-925 :
    « Non, vous n’êtes pas tenus de vivre si vous ne le voulez pas ; mais si vous choisissez de vivre, vous devez vivre en êtres humains – par l’effort et le jugement de votre esprit.


    Non, vous n’êtes pas tenus de vivre en êtres humains : c’est un acte de choix moral. Mais vous ne pouvez pas vivre autrement – et l'alternative est cette vie pire que la mort que vous observez maintenant en vous et autour de vous, cette situation impropre à l’existence, qui vous rabaisse en dessous de l’animal, une situation qui vous entraîne d’année en année à travers une douloureuse agonie, vers une absurde et aveugle autodestruction.
    Non, vous n’êtes pas tenus de penser : c’est un acte de choix moral. Mais il a fallu que quelqu’un pense pour vous maintenir en vie. Si vous choisissez de vous dérober à la pensée, vous vous dérobez à l’existence en en transmettant la charge à un être moral, en espérant qu’il sacrifiera son bien-être pour vous permettre de survivre dans votre vice.

    Non, vous n’êtes pas tenus d’être des hommes ; et il est vrai que les hommes véritables ne sont plus parmi vous aujourd’hui. J’ai éloigné vos moyens de survie – vos victimes. »
  50. a , b  et c Alain Laurent, Introduction, p. 29.
  51. Article sur le site du Ayn Rand Institute, voir également une explication détaillée de ces points sur le même site. Un résumé explicatif de ces points est formulé dans l'essai « Ayn Rand : Savez-vous vraiment ce qu’est l’Objectivisme ? » sur Catallaxia.
  52. Sur les raisons du succès populaire des écrits de Rand et en particulier de ses fictions et de ses personnages, voir : (en) « Concept Formation and the Fiction of Ayn Rand » par K. Minsaas.
  53. « Je suis une romantique dans le sens que je présente les hommes comme ils devraient être. Je suis une réaliste dans le sens que je les place sur terre » dit-elle in The Romantic Manifesto, 1969.
  54. (en) Annonce « Sales of Atlas Shrugged at All-Time Record » du Ayn Rand Institute, 10 mars 2008. Les ventes se sont accrues considérablement durant la crise économique de 2007, lors du crack dit du « rationnement du crédit » en raison des parallèles avec l'intrigue.
  55. (en) [pdf] Résultats du sondage et éléments statistiques.
  56. (en) Cité par la présentation du livre sur le site atlasshrugged.
  57. Notes du traducteur Pierre-Louis Boitel.
  58. « Man's ego is the fountainhead of human progress ».
  59. Mimi Reisel Gladstein, p. 41.
  60. Mimi Reisel Gladstein, p. 42.
  61. (en) Steve Chapman, « The Evolution of Ayn Rand », in The Washington Times, archives du 2 février 2005, consultable en ligne.
  62. Jeff Britting, p. 87.
  63. (en) John Lewis, « « Ayn Rand » », in Literary Encyclopedia, consultable en ligne, 20 octobre 2001.
  64. (en) Lorine Pruett, The New York Times, numéro du 16 mai 1943.
  65. (en) Whittaker Chambers, « Big Sister is Watching You », in National Review, pp. 594–596, consultable en ligne, numéro du 8 décembre 1957.
  66. Chris Matthew Sciabarra, p. 1.
  67. (en) William F. O'Neill, With Charity Toward None: An Analysis of Ayn Rand's Philosophy, New York, Littlefield, Adams & Company, 1977, p. 3, (ISBN 0-8226-0179-6).
  68. (en) Robert Nozick, « On the Randian Argument », in The Personalist, n°52, pp. 282-304.
  69. Ayn Rand, Nous les vivants, p. 409.
  70. a  et b Pierre Lemieux, p. 65-66.
  71. (en) « Anarchy, as a political concept, is a naive floating abstraction », in « The Nature of Government ».
  72. Ulrike Heider, Anarchism: Left, Right, and Green, City Lights Books, 1994, (ISBN 978-0-87286-289-0) (sommaire.
  73. Alain Laurent, Introduction, p.25.
  74. Ayn Rand, p. 36
  75. (en) « A method of evaluating knowledge based on whether it conforms to reality or not », in Glossaire des termes objectivistes.
  76. Ayn Rand, p. 51.
  77. Ayn Rand, p. 52.
  78. Alain Laurent, p. 200.
  79. (en) Ayn Rand, extrait de « The Roots of War », in The Objectivist, numéro de juin 1966, consultable en ligne.
  80. (en) Ayn Rand, « The Wreckage of the Consensus », in The Objectivist, numéro d'avril 1967.
  81. (en) Ayn Rand Ford Hall Forum lecture, 1974, texte publié sur le site du Ayn Rand Institute et consultable en ligne.
  82. (en) « An answer to readers (about a woman president) », in The Objectivist, 1968, vol.7, consultable en ligne.
  83. (en) « About a woman President », in The voice of reason: essay in objectivist tought, New York, New american library, 1969.
  84. (en) « sex is an expression of self-esteem—a celebration of himself and of existence », entrée « Sex » du Ayn Rand Lexicon.
  85. (en) Ayn Rand biographical FAQ.
  86. (en) « Ayn Rand and Homosexuality » de Paul Varnell publié le 3 décembre 2003 dans The Chicago Free Press.
  87. Ayn Rand, p. 145.
  88. (en) « Racism » in Return of the Primitive: The Anti-Industrial Revolution, p. 179.
  89. (en) « Racism » in Return of the Primitive: The Anti-Industrial Revolution, p. 182.
  90. (en) « Capitalism is a social system based on the recognition of individual rights, including property rights », in « What Is Capitalism? », in Capitalism: The Unknown Ideal, p. 19.
  91. Ayn Rand, p. 147.
  92. (en) Article disponible en lecture audio.
  93. (en) Against Environnementalist.
  94. a  et b Ayn Rand, p. 149.
  95. (en) « The government acts only as a policeman that protects man's rights; it uses physical force only in retaliation and only against those who initiate its use, such as criminals or foreign invaders » in « Introducing Objectivism », consultable en ligne.
  96. Voir la démonstration faite dans Ayn Rand, chapitre « Les Droits de l'homme ».
  97. (en) Entrée « Government »
  98. (en) Ayn Rand Institute, Sales of Ayn Rand Books Reach 25 million Copies.
  99. « Ayn Rand Institure estimates that more than 1 million students studied Ayn Rand’s novels in 25,000 classrooms this year », communiqué du ARI en date du 18 mai 2009.
  100. (en) Mimi Reisel Gladstein et Chais Matthew Sciabarra, Feminist interpretations of Ayn Rand, Pennsylvania State University Press, University Park, 1999, consultable en ligne.
  101. (en) Chapitres « Was Ayn Rand a Feminist? » par Nathaniel Branden et « The Female Hero: A Randian-Feminist Synthesis » par Thomas Grandstad notamment.
  102. « Alan Greenspan, deux décennies de succès pour une politique monétaire non orthodoxe », in Le Monde, numéro du 15 août 2007.
  103. Cité par Skinner et Anderson, in Reagan: a Life in Letters, New York, Free Press, 2003, pp. 281-282.
  104. (en) « the category people would fit me in that's most accessible would be libertarian », in Q & A
  105. « The free-knowledge fundamentalist », in The Economist, numéro du 7 juin 2008, p. 25
  106. Wikipedia and Beyond. Jimmy Wales' sprawling vision par Katherine Mangu-Ward.
  107. « I think for me one of the core things that is very applicable to my life today is the virtue of independence », entretien avec Brian Lamb du 25 septembre 2005, consultable en ligne.
  108. Charles Gilbert, « L'île introuvable des ultralibéraux », L'Express, 4 janvier 1996.
  109. (en) Scott McLemee, « The Heirs of Ayn Rand », Lingua Franca, septembre 1999, consultable en ligne.
  110. (en) Site du « Rebirth of Reason ».
  111. (en) Article de Jim Powell publié dans The Freeman: Ideas on Liberty, n°5, mai 1996, intitulé « Rose Wilder Lane, Isabel Paterson, and Ayn Rand: Three Women Who Inspired the Modern Libertarian Movement ».
  112. Alain Laurent, p. 171.
  113. (en) Voir pour une étude approfondie des parallèles entre l'Objectivisme et l'Extropianisme l'article The Objectivist-Extropian Synthesis de G. Stolyarov II, in A Journal for Western Man, n° 27 du 14 octobre 2004.
  114. (en) Anton La Vey cité par Bill Ellis, in Raising the Devil: Satanism, New Religions, and the Media, The University Press of Kentucky, Lexington, 2000, p.  180.
  115. Voir l'essai de l'Église de Satan intitulé « Satanism and Objectivism ».
  116. (en) James Valliant, The Passion of Ayn Rand's Critics, Durban House, 2005, (ISBN 978-1930754676).
  117. (en) Résumé critique du livre de James Valliant, par l'objectiviste Matthew Sciabarra, intitulé « Reason, passion, and history ».
  118. « Dès 1958, l'un de ses autres tout premiers admirateurs, Murray Rothbard, rompt avec elle avec fracas » explique Alain Laurent, p. 201.
  119. (en) Murray Rothbard, The Sociology of the Ayn Rand Cult, 1972, résumé critique de l'ouvrage.
  120. (en) Recueil de critiques sur Rand et ses travaux consultable en ligne.
  121. (en)Albert Ellis, « Is Objectivism A Religion? », Lyle Stuart, Inc., New York, (ISBN B0006BV6Y2), résumé de l'article.
  122. (en) Scott Ryan, Objectivism and the Corruption of Rationality: A Critique of Ayn Rand's Epistemology, IUniverse, 2003, consultable en ligne.
  123. (en) Chandran Kukathas, « Rand, Ayn (1905–82) », in Edward Craig, Routledge Encyclopedia of Philosophy, New York, Routledge, 1998, pp. 55–56, (ISBN 0415073103).
  124. (en) Douglas Den Uyl et Douglas B. Rasmussen, « Nozick On the Randian Argument », in The Personalist, n°59, avril 1978, p. 203.
  125. (en) Douglas B. Rasmussen et Douglas J. Den Uyl, The Philosophic thought of Ayn Rand, University of Illinois Press, 1984, p. 96, (ISBN 0-252-01033-7).
  126. (en) The Philosophical Lexicon, entrée « rand ».
  127. (en) Chris Matthew Sciabarra a étudié la réception d'Ayn Rand dans la culture télévisuelle, dans son intervention au cours du Centennial Celebration of Ayn Rand's Legacy de 2004, intitulé The Illustrated Rand [pdf] .
  128. (en) Présentation du timbre à l'effigie d'Ayn Rand.
  129. Fiche et analyse du film.
  130. (en) Fiche du film sur The Internet Movie Database.
  131. (en) The death of Ayn Rand sur le site de la Virago Company.
  132. (en) Fiche du film sur The Internet Movie Database. Le film est librement visionnable sur Google Video.
  133. (en) Récompense du film sur le site du New York Times.
  134. (en) Récompenses de The Passion of Ayn Rand sur le site Internet Movie Database.

Notes

  1. Rand est classée parmi les romanciers du siècle par l' American Writers de 2002.
  2. Fiche de présentation de M. Northrup Buechner.
  3. (en) Pour plus de précisions sur le Saint-Pétersbourg d'Ayn Rand, avec des photographies des lieux actuels, voir « Ayn Rand Sites in Saint Petersburg ».
  4. (en) Liste des articles parus dans The Ayn Rand Letter.
  5. Ayn Rand, « Apollo 11 », in The Objectivist, Sept. 1969 et « Apollo and Dionysus », in The Objectivist, décembre 1969 et janvier 1970.
  6. Le poème If de Rudyard Kipling.
  7. L'« objectivisme » est à distinguer du concept d'« objectivisme », renvoyant à la question philosophique de l'objectivité.
  8. En 1964, en réponse à une question sur Richard Nixon, Rand répond : « I'm opposed to him. I'm opposed to any compromiser or me-tooer, and Mr. Nixon is probably the champion in this regard » : « Je suis opposée à lui. Je suis opposée à n'importe quel compromis ou « moi aussi » et M. Nixon est probablement le champion de ce genre de discours », in (en) « Ayn Rand », The Playboy Interview Vol. II, G. Barry Golson, Perigee, 1983, p. 24.
  9. Une édition suisse existe, publiée en 1958 par les éditions Jeheber à Genève. Il existe par ailleurs des projets de traduction, privés, du roman.
  10. (en) Le discours de John Galt intégral [pdf] .
  11. L'ouvrage rassemble plusieurs articles : « The Objectivist Ethics », « Man’s Rights », « Collectivized Ethics », « Government Financing in a Free Society », « Racism », « The Ethics of Emergencies », tous publiés entre 1961 et 1964 dans le périodique The Objectivist Newsletter.
  12. [image] John Trumbull, Declaration of Independence, 1819.
  13. (en) Biographie et travaux en lien de Peter Schwartz avec l'Objectivisme.
  14. Il la fait apparaître dans son roman libertin Les Cahiers de Don Rigoberto, 1997.
  15. Dans ses mémoires, Le Temps des turbulences aux éditions J.-C. Lattès, publiées en 2007, Alan Greenspan explique l'admiration qu'il a gardée depuis sa jeunesse pour Ayn Rand.
  16. Biographie de Steve Ditko.
  17. « Créativité et Envie dans La Source Vive d’Ayn Rand » par José Luis Goyena.

Voir aussi

Articles connexes

Concepts et mouvements

Personnalités objectivistes

Liens externes

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Instituts liés aux travaux d'Ayn Rand

Articles sur Ayn Rand et ses ouvrages

Bibliographie

  • (en) Mimi Reisel Gladstein, The new Ayn Rand companion, Greenwood Publishing Group, 1999, 162 p. (ISBN 9780313303210).  
  • (en) Barbara Branden, The Passion of Ayn Rand, Doubleday & Company, Garden City, New York, 1986 (ISBN 0-385-19171-5) 
  • (en) Stephen R. C. Hicks, « Ayn Rand (1905-1982) », dans [Internet Encyclopedia of Philosophy], 2009 [texte intégral (page consultée le 23 juin 2009)] 
  • (en) Jeff Britting, Ayn Rand, Overlook Duckworth, coll. « Overlook Illustrated Lives », New York, 2004 (ISBN 1-58567-406-0) 
  • (en) Leonard Peikoff, Objectivism: The Philosophy of Ayn Rand, E. P. Dutton, New York, 1991 (ISBN 0-452-01101-9.) 
  • (en) Michael Paxton, Ayn Rand: A Sense of Life : The Companion Book, Gibbs Smith Inc, Layton, Utah, 1998 (ISBN 978-0879058456).
    Ouvrage tiré du film documentaire Ayn Rand: A Sense of Life
     
  • (fr) Pierre Lemieux, L'Anarcho-capitalisme, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je? », Paris, 1988, 126 p. (ISBN 2-13-041778-7).  
  • (fr) Alain Laurent, Le Libéralisme américain, Les Belles Lettres, Paris, 2006, 271 p. (ISBN 2-251-44302-9) 


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