Isis

Isis
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Isis
Divinité égyptienne
Image illustrative de l'article Isis
Nom en hiéroglyphes
st t
H8
B1

ou
st t

y
I12
Translittération unicode Ȝs.t
Représentation Femme coiffée d'un siège
Parèdre Osiris
Groupe divin Ennéade d'Héliopolis
Principale ville de culte Memphis
Autres villes de culte Abydos, Philæ

Isis est le nom grec (en grec ancien Ἶσις / Îsis) d'Aset (ou Iset), la déesse protectrice et salvatrice de la mythologie égyptienne. Elle fait partie de la grande Ennéade d'Iounou (Héliopolis).

Isis semble avoir été aux temps anciens la personnification du trône ; son nom en hiéroglyphes signifie le siège. Dans les inscriptions, elle est représentée sous les traits d'une femme coiffée d'un siège (qui ressemble à un escabeau à trois marches).

Plus tard, sa représentation change ; on la voit comme une femme portant les cornes de la vache enserrant un globe lunaire (à ne pas confondre avec Hathor).

Sommaire

Déesse-mère

Peinture murale d'Isis —Musée de Karnak—

Il se peut qu'elle soit l'héritière d'une déesse-mère préhistorique vénérée dans le delta du Nil où, d'après le mythe, elle éleva l'enfant Horus. On a aussi supposé sa parenté avec une démone mésopotamienne, la Lilith du mythe de Gilgamesh. À la fin de la Ve dynastie, elle est mentionnée dans les textes des pyramides, où elle protège le roi défunt de la putréfaction. Les Ramessides lui construisirent des sanctuaires à Memphis et à Abydos notamment. À l'époque gréco-romaine, elle devint la déesse universelle, invoquée tant en Égypte que dans tout le bassin méditerranéen et au-delà. On lui bâtit le temple de Philæ, sur le Nil, qu'il fallut déplacer sur l'île d'Agilkia à la construction du barrage d'Assouan.

Isis est la Grande Déesse par excellence.

Dans le mythe osirien, elle est l'épouse et sœur exemplaire qui, grâce à ses pouvoirs magiques et avec l'aide de sa sœur Nephtys, réussit à ressusciter Osiris, son frère et époux, le temps d'une union d'où naquit le dieu Horus.

Seth voulut se débarrasser de son frère Osiris dont il était jaloux. Il fit construire un coffre en bois précieux et déclara au cours d'un banquet qu'il l'offrirait à celui dont le corps s'ajusterait exactement à ses dimensions. Osiris, qui était très grand, s'y installa, et aussitôt Seth, aidé de 72 complices -les 72 génies des demi-décans du zodiaque­- referma le lourd couvercle sur lui et le scella avec du plomb fondu. Puis Seth et ses complices portèrent le coffre sur le Nil et le firent descendre jusqu'à la mer.

Le coffre d'Osiris, porté par les courants de la mer Méditerranée, se retrouva en Phénicie, à Byblos, où il vint s'encastrer dans le tronc d'un tamaris. Isis, partie en barque à la recherche de son époux, arriva jusqu'à Byblos. S'étant fait reconnaître auprès du roi, elle se fit donner le tronc avec le cercueil et retourna en Égypte où elle cacha le cercueil dans les marais du delta.

Mais, alors qu'il chassait au clair de Lune, Seth retrouva le corps qu'il coupa en quatorze morceaux et les dispersa de tous côtés.

Isis remonta alors sur sa barque de papyrus à la recherche des morceaux du corps de son bien-aimé, à travers le labyrinthe du marais, mais elle n'en retrouva que treize sur les quatorze. La seule partie introuvable, malgré tous ses efforts et l'aide des obligeants crocodiles, fut le membre viril car il avait été mangé par des poissons. Toutefois il avait eu le temps de donner au fleuve sa force fécondante.

Isis et Horus
Musée du Louvre

Isis se résolut à fabriquer un phallus artificiel en argile et le consacra. Elle insuffla à Osiris le souffle de la vie, et lui donna un fils, Horus.

C'est du mythe osirien que venait en Égypte pharaonique la coutume d'arranger des mariages incestueux dans la famille royale, non seulement pour préserver le sang pur familial et royal, mais également pour perpétuer ce rite divin qui faisait d'eux des dieux (car Pharaon et la reine étaient des dieux au même titre que ceux énumérés ci-dessus).

Symbole de la féminité, c'est par elle que s'accomplit le mystère de la vie. En langage freudien, on pourrait même dire qu'Isis représente la matrice, la coupe féminine qui reçoit le principe masculin. Le mythe osirien relate comment elle a ramené Osiris à la vie.

En tant que magicienne ayant ramené Osiris à la vie, elle est aussi déesse guérisseuse et protectrice des enfants. Les malades portaient parfois des amulettes à son effigie.

En tant que mère d'Horus, elle est dispensatrice de vie et déesse gardienne qui veille sur son enfant. Dans ce rôle, elle est souvent représentée en Isis lactans à l'époque romaine, portant l'enfant Horus dans ses bras et lui donnant le sein. La Vierge allaitant le Christ n'est certainement pas sans rapport avec le souvenir de l'épouse d'Osiris et les vierges noires chrétiennes sont autant de réminiscences d'elle.

En tant que veuve d'Osiris, elle est une divinité protectrice du défunt. Avec Nephtys, Neith et Serket, elle est gardienne du sarcophage qu'elle protège de ses bras déployés, alors qu'Imsety, fils d'Horus, veille sur l'un des quatre vases canopes renfermant les viscères du défunt : le vase à tête d'homme qui contient le foie.

Attributs

Isis prit l'aspect et les attributs de plusieurs autres déesses comme Serket, Hathor, Neith et Nout, pour les fondre en une seule et unique divinité.

Ses attributs, qu'elle partage avec d'autres divinités, sont :

  • l'ânkh, la croix ansée symbole de vie ;
  • le sistre et le collier menat d'Hathor ;
  • le disque solaire et les cornes d'Hathor ;
  • la coiffe en forme de vautour, attribut des déesses célestes ; avant d'être représentée avec la coiffe en vautour, elle portait une couronne en forme de trône royal.
  • le nœud Tyt, symbole de fécondité.

Panthéons grec et romain

Statue d'Isis provenant de la Villa Adriana à Tivoli
Une prêtresse d'Isis, Statue romaine du IIe siècle
Musée archéologique régional, Palerme
Isis allaitant Harpocrate, statue romaine. Galerie Pio Clementino, Vatican

Les Grecs, puis les Romains, l'ont fait entrer dans leur panthéon respectif.

Voici ce qui serait écrit, gravé en lettres sacrées sur une colonne qui lui est dédiée et qui se trouverait à Nysa en Arabie, selon Diodore de Sicile :

« Je suis Isis, la reine de l'Égypte,
éduquée par Mercure.
Ce que j'ai institué par des lois, personne ne le désagrégera.
Je suis l'épouse d'Osiris.
Je suis la première inventrice des productions.
Je suis la mère du roi Horus.
Je resplendis dans la constellation du chien.
C'est pour moi que la vile de Bubaste a été fondée.
Réjouis-toi, réjouis-toi, Égypte, toi qui m'as nourrie[1]. »

Grèce antique

Sous les Lagides, Isis franchit les frontières de l'Égypte. Elle fut assimilée à de nombreuses déesses grecques ou romaines telles que Déméter, Perséphone, Diane de Dictys, Séléné, Cérès ou Minerve Cécropienne[2].

Selon Plutarque, la statue assise de Neith, divinité honorée à Saïs, et qui était identifiée à Isis en Égypte, à Athéna en Grèce, comportait une célèbre inscription :

« Je suis tout ce qui a été, qui est et qui sera, et mon voile, aucun mortel ne l'a encore soulevé »

— Isis et Osiris, 9

Rome antique

Rome l'adopta officiellement à l'époque impériale. À Pompéi, elle était adorée avec Osiris-Sérapis et Anubis. L'empereur Caligula était un dévôt d'Isis. Dans sa villa à Tivoli, Hadrien fit construire un temple dédié à l'époux de la déesse, Osiris-Sérapis ; Caracalla édifia un temple d'Isis à Rome même.

Provinces romaines

Le culte de la déesse salvatrice se répandit dans les provinces romaines, autour de la Méditerranée, mais aussi en Pannonie, en Gaule, donnant parfois son nom à certains sites tel celui d'Izieux (lieu d'Isis) au sud-ouest de Saint-Chamond dans le département de la Loire, comme sur les bords du Rhin ou en Bretagne. Comme la Déméter d'Éleusis, Isis, dans ses Grands Mystères, assurait l'immortalité aux initiés[3]. Au Bas-Empire, seul le culte initiatique du dieu iranien Mithra surpassera le sien par le nombre des fidèles. Bien après l'avènement du christianisme, on continua à adorer Isis, dans le temple de Philæ et ailleurs. Son culte ne s'éteignit à Philæ que vers 535, sous l'empereur Justinien.

Isis est à l'origine d'un des mythes les plus riches de l'humanité, dont la tradition est restée vivante dans les arts et la littérature.

Lieux de cultes d'Isis

Article détaillé : temple d'Isis.

L'un des sanctuaires majeurs de la déesse en Égypte et ultime lieu de culte de la déesse est à Philæ. Il a été construit c. -380 à 100. La fermeture du temple est ordonnée par l'empereur Justinien en 550. Un autre sanctuaire majeur est le temple d'Isis à Behbeit El-Hagara.

Hors de l'Égypte, les temples se retrouvent ailleurs en Afrique, en Libye, Tunisie et au Soudan ; au Proche-Orient, en Jordanie, Turquie et au Liban ; ainsi qu'en Europe, en Grèce, Italie, France, Allemagne (Sanctuaire d’Isis et de Mater Magna à Mayence) et Espagne.

Dans les arts et la littérature

En musique
  • Jean-Baptiste Lully composa en 1677 une tragédie lyrique intitulée Isis, retraçant les aventures de la nymphe Io qui devient grâce à Jupiter la déesse Isis à la fin de l'opéra, reliant ainsi mythologies grecque et égyptienne. Cet opéra, baptisé aussi l'opéra des musiciens, du fait d'une écriture harmonique particulièrement riche, se caractérise par un prologue triomphant avec trompettes timbales et tambours, célébrant la gloire de Louis XIV après les victoires de celui-ci aux Pays-Bas. Un passage remarqué est le chœur des trembleurs.
  • Isis est le nom choisi par le compositeur Georges Enesco pour l'un de ses poèmes symphoniques (1923).
En littérature
  • La Quête d'Isis est le troisième tome de Les perspectives dépravées de Jurgis Baltrusaitis, essai sur la légende d'un mythe.

Prénoms liés à Isis

  • Isidore, dont l'étymologie grecque « Ἰσίδωρος » (Isídôros), signifie « cadeau d'Isis ».

Notes

  1. Cf. Michael Maier, Arcana arcanissima, 1613, trad. française: «Les Arcanes très secrets», éd. Beya, p. 40.
  2. Apulée, Les Métamorphoses, dans : Romans grecs et latins, Bibliothèque de la Pléiade, p. 352
  3. op. cit., p. 359

Bibliographie

Inscriptions

  • L. Vidman, Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae (SIRIS), Berlin, 1969.
  • L. V. Zabkar, Hymns to Isis in her Temple at Philae, Hanovre et Londres, 1988.
  • Laurent Bricault, Recueil des inscriptions concernant les cultes isiaques (RICIS), Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2005, 3 vol., (ISBN 2-87754-156-8)

Études

  • Laurent Bricault, Atlas de la diffusion des cultes isiaques, Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2001.
  • Laurent Bricault, Isis, dame des flots, Liège, Université de Liège, 2006
  • Laurent Bricault (dir.), Sylloge nummorum religionis Isiacae et Sarapiacae (SNRIS), Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2008.
  • Laurent Bricault, P.-J. Franceschini, Isis, la dame du Nil, Paris, Larrousse, 2008.
  • (de) J. Bergman, « Isis », in Lexikon der ägyptologie, t. III, 1978, p. 186-203.
  • Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, 1998, p. 660-663.
  • Françoise Dunand, Le culte d'Isis dans le bassin oriental de la Méditerranée, Leyde, 1973, 3 t. T. I : Le culte d'Isis et les Ptolémées ; t. II : Le culte d'Isis en Grèce ; t. III : Le culte d'Isis en Asie Mineure. Clergé et rituel des sanctuaires isiaques.
  • Françoise Dunand, Isis, mère des dieux, Paris, Errance, 2000.
  • F. Le Corsu, Isis. Mythe et Mystères, Paris, Les Belles Lettres, 1977.
  • R. Turcan, Les cultes orientaux dans le monde romain, Les Belles Lettres, 1992.
  • Tran Tam Tinh, Isis lactans, Corpus des monuments gréco-romains d'Isis allaitant Harpocrate, 1973, (ISBN 90-04-03746-2)

Annexes

Articles connexes

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