Histoire de Brest

Histoire de Brest
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Placée sur une rivière encaissée, en bordure d'une rade fournissant un abri sûr aux navires, le site de Brest est naturellement tourné vers des activités maritimes. Son histoire ne fera que le démontrer.

Sommaire

Histoire chronologique

Préhistoire

La topologie du Brest originel, c'est-à-dire celui du château actuel, est un promontoire, bordé d'un côté par la Penfeld, de l'autre par la mer. Il est probable que la faille rocheuse au pied de l'actuel bastion de Sourdéac existait déjà, fournissant donc une zone naturellement protégée sur une grande partie de son pourtour. Il est probable que l'homme se soit installé tôt sur cette zone. Il n'existe aujourd'hui toutefois aucune preuve de cette présence humaine à cet endroit.

Dès l’Âge du bronze, la pointe de Bretagne se trouve sur la route de l’étain.

Antiquité

Le site de Brest faisait partie du territoire du peuple gaulois armoricain des Osismes ou Osismii. Ils occupaient à peu près l’espace de l’actuel Finistère.

La naissance de Brest correspond à la construction d’un camp fortifié romain nommé Gesocribate[1], à la fin du IIIe siècle. Ce castrum est contemporain des murailles de Vannes, Nantes, Rennes et Alet érigées à chaque fois avec le matériau prélevé sur les monuments publics de ces villes démolies pour cette occasion, indice d’une grande urgence : il fallait d’une part se protéger des assauts répétés de pirates dits « Saxons » ou « Frisons », des bagaudes, qui pillaient les campagnes et attaquaient même les villes non défendues, et d’éventuelles troupes barbares dont on craignait l’arrivée. D’autre part, le gouvernement impérial mettait en place une organisation militaire qui s’appellera au siècle suivant le Tractus armoricanus et nervicanus avec constitution d’une flotte, la Classis armoricana pour le contrôle des côtes.

Il a été proposé que la capitale des Osismes eût été transférée de Vorgium (Carhaix) à Brest, pour des raisons de défense et de contrôle maritime, et qu’elle aurait vu emménager à l’abri de ses murs les élites carhaisiennes. Mais il a été établi récemment que si Brest a reçu le cantonnement d’une légion romaine dans ses murailles, Carhaix est demeurée chef-lieu jusqu’à la dissolution des structures administratives gallo-romaines due à l’immigration bretonne.

Les Coriosolites ont été dans le même cas, doublant leur capitale (dans les terres) de Corseul par le port nouvellement fortifié d’Alet (l’actuelle ville de Saint-Servan, entre Manche et Rance). L’absence d’évêché attesté à Carhaix et Corseul, mais aussi à Brest et Alet (avant le VIIIe siècle pour cette dernière ville) est aussi à rechercher dans l’organisation religieuse des premiers Bretons continentaux, basée sur des abbayes-évêchés (Landevennec, Saint-Pol, Tréguier, Dol…). La dépopulation de Brest au IXe siècle lui fera préférer naturellement Saint-Pol-de-Léon et Quimper pour siège d’un diocèse divisé désormais entre Léon et Cornouaille : le souvenir des Osismes s’était évanoui.

Le castrum romain du IIIe siècle endommagé et en partie ruiné fut renforcé d’une nouvelle construction, le Castellum, bâtie à l’intérieur du vieux Castrum par le comte Morvan de Léon pour se protéger des Normands qui ravageaient la région. Cette ville fortifiée deviendra château au XVIe siècle quand la population civile l’évacuera pour peupler les faubourgs. Le château sera modifié jusqu’au XXe siècle.

Moyen Âge

Issue du démembrement de l'ancienne paroisse de l'Armorique primitive de Ploubavas (Ploebeves), la paroisse de Lambézellec était très vaste, englobant toute la rive gauche de la Penfeld faisant actuellement partie de la ville de Brest[2] et incluait donc "Brest-même", y compris le prieuré des Sept-Saints, qui dépendait de l'abbaye Saint-Mathieu de Fine-Terre et érigé en paroisse pendant le règne de Henri II ainsi que la trève de (Saint-Marc) qui lui est rattachée à partir de 1681.

La ville de Brest dans ses limites de l'époque d'Henri II correspondait à la seule paroisse des Sept-Saints (elle devait son nom à une légende connue sur le pourtour de la Rade de Brest, la "légende des Sept-Saints"[3]), l'église paroissiale se trouvant au pied du château de Brest.

Au Moyen Âge, la configuration de la côte et des dangers du large obligent la totalité du trafic maritime entre le Nord et le Sud de l’Europe à passer au pied des falaises et de l’abbaye de saint Mathieu, dont dépend alors Brest, un des ports les plus importants de tout l’Occident.

En effet, la Penfeld a longtemps constitué par elle-même un excellent port naturel. Elle est abritée et presque dissimulée derrière un rocher d’environ 200 mètres dans sa plus grande longueur qui plongeait dans l’eau sur deux côtés et était isolé de la terre par un ravin sur son troisième côté.

Brest est tour à tour sous la domination du duc de Bretagne et du royaume d’Angleterre.

Ancien Régime

Vue cavalière (fin XVIIe siècle-début XVIIIe siècle)
La Maison de la Fontaine, dans le quartier de Recouvrance, est l’une des maisons brestoises les plus anciennes (fin XVIIe siècle, début XVIIIe siècle)

En 1593, Henri IV donne à Brest le titre de ville et en 1631, Richelieu fait de Brest un port militaire. Il crée alors le port et les arsenaux, sur les rives de la Penfeld. Ces constructions nécessitèrent une main-d’œuvre abondante qu’il fallut loger.

En 1683, Vauban fortifia la ville. À la fin du règne de Louis XIV la ville est désormais constituée et compte environ quinze mille habitants.

En 1686, venus par la mer à bord de l’Oiseau et de la Maligne, débarquent à Brest, trois ambassadeurs du roi de Siam accompagnés de six mandarins, trois interprètes, deux secrétaires et une vingtaine de domestiques, chargés de nombreux présents, ils venaient rendre visite au roi Louis XIV à Versailles. Empruntant à pied la rue Saint-Pierre, ils émerveillèrent les Brestois qui rebaptisèrent la rue en rue de Siam.

Au XVIIIe siècle, Brest faisait partie de l'archidiaconé d'Ac'h relevant de l'évêché de Léon et comprenait deux paroisses, Saint-Louis (le 29 octobre 1702, le culte fut transféré de l'ancienne église des Sept-Saints à l'église Saint-Louis) et Saint-Sauveur, devenue paroisse distincte en 1750, le quartier de Recouvrance qui dépendait auparavant de la paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon ayant été annexé par Brest en 1680. Le village de Saint-Marc, qui dépendait auparavant de Lambézellec était devenu en 1635 une trève de la paroisse brestoise des Sept-Saints. Afin d'agrandir le territoire de Brest, initialement minuscule, la paroisse voisine de Lambézellec fut progressivement grignotée.

Article détaillé : Lambézellec.

Au XVIIIe siècle, l’ingénieur brestois Antoine Choquet de Lindu dirigea les travaux du port et, en 1750, bâtit le bagne de Brest qui ne sera désaffecté qu’au milieu du XIXe siècle. Vidocq, fils d’un boulanger d’Arras et le plus célèbre forçat brestois, parviendra à s’en évader.

La ceinture de forts entourant Brest côté terre

Parmi les amiraux de l’Ancien Régime qui ont commandé la Marine, le port et la ville de Brest, mention spéciale doit être faite de la dynastie des amiraux de Roquefeuil dont le père Jacques Aymar de Roquefeuil et du Bousquet puis le fils Aymar Joseph de Roquefeuil et du Bousquet ont occupé cette fonction pendant trente-trois ans à eux deux (1728/1740 puis 1761/1782). Une rue du quartier de Recouvrance porte encore leur nom.

Pendant le guerre d'Indépendance américaine, Brest, sous la direction du comte d'Hector, joue un rôle essentiel dans l'armement des grandes escadres en partance pour les Amériques. Une ceinture de forts (Fort Montbarey, Redoute de Keranroux, Fort du Questel, Fort de Penfeld, Fort de Pen-ar-Creac'h, Fort du Guelmeur) entourant la ville côté terre est alors construite pendant le règne de Louis XVI en prévision d'un éventuel débarquement anglais.

La Révolution française

Plan de Brest en 1779

Sous la Révolution, Brest prend une nouvelle importance. Ce grand port militaire doit à tout prix rester acquis à la France. En 1789, la ville s’engage majoritairement pour la Révolution. Plus grande ville de l’ouest de la Bretagne, on lui préféra pourtant Quimper comme chef-lieu de département du Finistère lors de sa création sous l’Assemblée constituante en 1791. En 1792, ce sont même les fédérés brestois qui, avec les fédérés marseillais, prennent les Tuileries, lors de la journée du 10 août, afin d’emprisonner le roi. Cependant, après la radicalisation révolutionnaire, notamment le coup d’État des Montagnards contre les Girondins en juin 1793, la commune de Brest, majoritairement girondine, se détache de la nouvelle orientation. Elle prend part à ce qu’on appelle alors le « fédéralisme ».

Vue de l'ancienne église Saint-Louis et de la Grand-rue descendant jusqu'aux rive de la Penfeld.

Après l’échec de ce mouvement, la répression est activée : le 5 février 1794, les représentants du peuple en mission, Tréhouart et Laignelot installent le Tribunal révolutionnaire de Brest, qui juge cent soixante-quinze personnes et condamne soixante-dix accusés à la guillotine. C'est également à ce moment-là que se déroule l'exécution de 26 administrateurs du département (équivalent des conseillers généraux d'aujourd'hui) au prix d'un procès mené à charge et sans réelle possibilité de défense de la part des accusés.

Parallèlement, la marine est redressée par André Jeanbon Saint André. Après la mort de Robespierre, la nouvelle arrive à Brest tardivement et n’engendre dans un premier temps aucun changement : la guillotine poursuit son travail. Toutefois, dès septembre, des prisonniers de la Terreur sont libérés : ceux-ci lancent un vaste mouvement d’opinion contre les Jacobins qu’ils appellent rapidement « terroristes ». Ils les accusent notamment d’avoir été sanguinaires et même d’avoir bu le sang des victimes (sans qu’il n’y ait aucune trace dans les sources). La surenchère amène finalement l’arrestation de la plupart de ceux qui ont été liés à la Terreur.

Les anciens notables de la ville, ceux qui avaient été au pouvoir lors des débuts de la Révolution, retrouvent leur influence et leur place au sein des organes de la ville. Ainsi, lors des élections de 1795 pour les nouvelles assemblées directoriales, trois Girondins sont élus. En 1800, Joseph Caffarelli est nommé préfet maritime

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XIXe siècle

Le port de Brest au XIXe siècle

Le port de Brest en 1864, par Jules Noël (Brest, Musée des Beaux-Arts)

La ville perd cependant beaucoup d’influence : en raison du blocus anglais permanent, la Marine est quasi paralysée et ne peut plus jouer le rôle d’avant-poste de la République. Ainsi, la ville connaît une phase d’accalmie. Le témoignage de Jules Michelet décrit bien l'ambiance de ce port en 1833 lors de sa visite, mais aussi les difficultés qu'y rencontre la Marine :

« À l'autre bout, c'est Brest, le grand port militaire, la pensée de Richelieu, la main de Louis XIV; fort, arsenal et bagne, canons et vaisseaux, armées et millions, la force de la France entassée au bout de la France: tout cela dans un port serré, où l'on étouffe entre deux montagnes chargées d'immenses constructions. Quand vous parcourez ce port, c'est comme si vous passiez dans une petite barque entre deux vaisseaux de haut bord; il semble que ces lourdes masses vont venir à vous et que vous allez être pris entre elles. L'impression générale est grande, mais pénible. C'est un prodigieux tour de force, un défi porté à l'Angleterre et à la nature. J'y sens partout l'effort, et l'air du bagne et la chaîne du forçat. C'est justement à cette pointe où la mer, échappée du détroit de la Manche, vient briser avec tant de fureur que nous avons placé le grand dépôt de notre marine. Certes, il est bien gardé. J'y ai vu mille canons[4]. L'on n'y entrera pas; mais l'on n'en sort pas comme on veut. Plus d'un vaisseau a péri à la passe de Brest[5]. Toute cette côte est un cimetière. Il s'y perd soixante embarcations chaque hiver. La mer est anglaise d'inclination; elle n'aime pas la France; elle brise nos vaisseaux; elle ensable nos ports[6]. »

— Jules Michelet, Histoire de France, 1861, Chamerot, Paris. (tome II, pages 9-10)

Les agrandissements successifs du territoire communal au détriment de Lambézellec

Par la loi du 4 mai 1861, Brest annexe 172 hectares de la commune de Lambézellec[7] (dénommés pendant un temps « l’extension » ou « l'annexion » : son axe principal était l'ancien "Grand Chemin" qui prit le nom de "Rue de Paris", actuelle "Rue Jean-Jaurès" de Brest)[8] et comprenant par exemple l'actuelle Place de la Liberté[9], l’Octroi, les cimetières Saint-Martin et de Kerfautras, l'église Saint-Martin, l'actuel port de commerce, le quartier de la gare, le ravin du Moulin à poudre, etc..., pour s’étendre hors les murs et englober son nouveau port de commerce. En contrepartie, la commune de Brest doit participer au financement de la reconstruction de l'église de Lambézellec[10]. Les habitants de Lambézellec, en perdant leur façade maritime, perdent aussi le droit de couper le goémon sur les grèves, droit réservé aux habitants des communes littorales[11].

Par le décret du 24 mai 1865 une partie du territoire de la commune de Lambézellec comprenant le Bot, le Douric et Pen-ar-Creach est transférée à la commune de Saint-Marc ; en 1864, le Conseil général du Finistère avait donné un avis favorable « attendu qu'à la partie du nouveau bourg (à 92 mètres), on arrive sur le territoire de Lambézellec ». Ce transfert concerne 26 hectares et 200 habitants, tous favorables à ladite annexion[12]. La ville s'agrandit donc et se transforme également considérablement[13].

Le second empire

La Penfeld en 1901, avec le Pont National tournant et le croiseur Duguay-Trouin, surnommé Borda V

Après un siècle de marasme, le développement de Brest reprit sous le Second Empire. En 1856, Napoléon III permit à la ville de jeter un pont sur la Penfeld. L’Empereur et l’Impératrice furent reçus magnifiquement quand ils séjournèrent à Brest du 9 août au 12 août 1858. En reconnaissance de cet accueil, Napoléon III fit agrandir l’arsenal et prolonger deux lignes de chemin de fer jusqu’à Brest et créa le port de commerce.

Cependant, Napoléon III se mit au plus mal avec les notables de la ville. En effet, la coutume voulait que le Roi salue les riches bourgeois avant les officiers et les nouveaux riches, tous devant être placés alors sur la tribune d’accueil selon leur niveau de richesse (plus on était riche plus on était proche du Roi). Lorsque Napoléon III inaugura le pont de Recouvrance, il se dirigea directement vers l’extrême droite de la tribune, alors que Joséphine s’avança vers l’extrême gauche, saluant donc d'abord les moins riches des notables, puis il tourna le dos aux nobles et ne les salua point.

Le XXe siècle

La Belle Epoque (1890-1914)

La Première Guerre mondiale

En 1917, alors que la Première Guerre mondiale touche à sa fin, Brest devient port de débarquement des américains à destination des tranchées de la Première Guerre mondiale et un vaste camp militaire fut installé à Pontanézen.

« Brest vit débarquer sur ses quais tour à tour les troupes russes, portugaises, américaines. De mai à octobre 1918, des centaines de milliers de soldats américains débarquèrent à Brest. Le plus grand steamer du monde, le Léviathan, desservait uniquement Brest, et il amenait à chaque voyage 10 000 hommes. Des camps étaient établis un peu partout autour de Brest pour loger tous ces soldats en attendant leur transfert vers le front. Le camp de Pontanézen contenait à lui seul 110000 hommes : c'était une véritable ville à côté de la ville. (...). Depuis l'entrée en guerre des États-Unis jusqu'à l'armistice, la rade de Brest reçut 105 transports de troupes et 784110 hommes. (...) Le chiffre des ouvriers de l'arsenal restait toujours voisin de 6000[14]. »

L'activité du port fut grande aussi en 1919-1920 au moment du réembarquement des troupes américaines. La vente des stocks américains fin 1919 et courant 1920 attira à Brest une foule de spéculateurs guettant l'aubaine d'achats à bas prix.

Brest est aussi à l'époque une forteresse ouvrière et syndicale : les manifestations et grèves y sont nombreuses et parfois même de véritables émeutes éclatent, par exemple celles du 7 août 1935[15] provoquent le décès d'un ouvrier de l'arsenal et une vingtaine de blessés[16].

L'entre-deux-guerres

La Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes entrent à Brest le 19 juin 1940. Ils y construisent alors une base sous-marine. Les premiers bombardements des Alliés sur la ville commencent en 1940, par exemple le 25 septembre 1940, des avions de la R.A.F. bombardent à trois reprises la commune voisine de Saint-Marc aisi que le centre-ville de Brest, une bombe atteignant en particulier la clinique d'accouchement du docteur Delalande. « L'émotion et l'indignation des Brestois sont extrêmes » commente le journal Ouest-Éclair, alors contrôlé par les autorités allemandes[17]. Les bombardements dureront jusqu’à la libération de la ville le 18 septembre 1944 par les troupes américaines après un siège de quarante-trois jours, la bataille de Brest. Les dégâts sont immenses.

Barbara, un poème de Jacques Prévert rappelle la dramatique destruction de Brest dans ces quelques vers :

Port de Brest, août 1944
« 

(…)
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

 »

Entre 1940 et 1944, Brest est la cible de 165 bombardements et 480 alertes, qui firent 965 morts et 740 blessés graves. Une soixantaine de Brestois furent fusillés par les Allemands et 146 furent déportés. L'abri Sadi-Carnot, creusé en plein centre-ville de Brest en 1941-1942 servait de refuge aux 2 000 Brestois restés dans la cité, ainsi qu'aux troupes allemandes d'occupation. L'explosion accidentelle survenue dans la nuit su 8 au 9 septembre 1944 provoqua la mort de 371 français et de 500 à 600 soldats allemands.

Article détaillé : Explosion de l'abri Sadi-Carnot.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Brest est assiégée par les 2e, 8e et 29e divisions d’infanterie US[18], membres du 8e corps d'armée commandé par le général Troy Middleton de la IIIe armée américaine ; la ville est libérée le 18 septembre 1944 après 45 jours de siège du 7 août 1944 au 18 septembre 1944. Pendant le siège, la ville reçut 30 000 bombes et 100 000 obus ; environ 10 000 militaires alliés ou allemands y laissèrent leur vie. Comme à Saint-Malo, les Allemands, sur ordre du général Fahrmbacher qui commande les troupes allemandes en Bretagne, font preuve d'une grande détermination à défendre la ville. Sur les 16500 immeubles existant avant guerre, seuls 200 étaient encore debout, dont quatre seulement dans le centre-ville. L'hebdomadaire "Le Courrier du Finistère" a publié des témoignages de Brestois ayant subi ces bombardements[19].

Article détaillé : Bataille de Brest.

La reconstruction

Mais c'est en 1944 ( arrêté du 3 octobre 1944 pris par Victor Le Gorgeu, alors Commissaire régional de la République), que la commune de Brest s'agrandit de façon importante, quand commença sa reconstruction, en absorbant trois communes voisines : Lambézellec, Saint-Marc et Saint-Pierre-Quilbignon. Les habitants réfugiés pour beaucoup dans d’autres régions (la Sarthe notamment) rentrent alors reconstruire sur les décombres du vieux Brest une ville nouvelle (1946-1961) selon les plans de Jean-Baptiste Mathon. Brest est devenue une ville enfin hygiénique, qui s'oppose au Brest d'avant-guerre qui était connue comme l'une des villes les plus insalubres de France. D'autre part, la ville est débarrassée de ses remparts ainsi qu'aplanie, alors que la ville était très vallonnée jusque-là. Le centre-ville du nouveau Brest se présente donc sur plateau qui est par endroits à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du planché originel de Brest. Le plan de ville de la Reconstruction puise ses influences dans le plan de Georges Milineau élaboré en 1929 et dans le mouvement moderne, tout en respectant les formes géométriques dessinées par Vauban. À l'inverse de celui de villes reconstruites dans l'esprit d'avant-guerre comme Saint-Malo, il n'a pas été visé la conservation de l’esthétique et du patrimoine historique de la ville d'avant-guerre, tant l'insalubrité était dans les mémoires. Le plan Mathon, bien vite adopté, est fondamentalement conservateur d'un point de vue organisation et n'eut pas la complexité qu’eut celui d'Auguste Perret au Havre. Du vieux Brest, il ne reste aujourd'hui quasiment rien sur rive gauche et quelques bâtisses rive droite. Seuls le château, la tour Tanguy, des parties de Recouvrance ainsi que les faubourgs, ont résisté aux bombes et à la Reconstruction.

En mars 1950, débutent les grèves ouvrières des dockers et des ouvriers de la reconstruction, pour une augmentation de salaire. Suite à une manifestation agitée le 16 avril 1950, réunissant 1000 à 2000 ouvriers, des responsables du Parti communiste et de la CGT sont arrêtés. Le lendemain, 2500 grévistes dénoncent ces arrestations et affrontent violemment les forces de l’ordre. La répression fait quarante-neuf blessés et un mort, Édouard Mazé, ouvrier de vingt-six ans tué par les CRS d’une balle dans la tête. Les syndicats lancent alors une grève générale en signe de deuil. Son enterrement réunit près de 20 000 personnes, tandis que l’Assemblée nationale décide de ne blâmer officiellement que la violence des grévistes[20].

Le XXIe siècle

Orientée de longue date vers l’industrie d’armement, Brest y puise sa prospérité d’après-guerre. Mais le déclin de cette industrie impose, à la fin du XXe siècle, la reconversion des activités économiques vers les services, la recherche et les nouvelles technologies.


Histoire thématique

Toponymie

Plusieurs hypothèses prévalent quant à l'origine de son nom. Pour certains, son nom en français proviendrait du nom breton qui serait une forme abrégée de Beg ar Rest (la pointe du château). Pour d'autres, dans son nom, qui n'est pas directement traduisible en français, on retrouverait l'élément /bre/, fréquent en toponymie bretonne sous les formes /bran/, /bre/, /brec’h/, /bren/, /bri/, qui signifie « mamelon, colline, mont »[21].

Héraldique

Armes de Brest

Les armes de Brest se blasonnent ainsi : Parti d’azur à trois fleurs de lis d’or et d’hermine plain ou Parti de France et de Bretagne.

Ceci signifie que l’écu est divisé en deux dans le sens de la hauteur, que figurent sur la moitié gauche les armes de France (Trois fleurs de lys dorées sur fond bleu) et sur la moitié droite les armes de Bretagnes (un semi de mouchetures d’hermine noires sur fond blanc). C’est dans un registre de délibérations du conseil municipal que figure, à la date du 15 juillet 1683, la première mention de ces armoiries brestoises[22].

Vie militaire

Personnalités

Personnalités brestoises

Autres personnalités

Notes et références

  1. Source : site officiel de la ville de Morlaix (origine du nom de la Ville
  2. La partie de la rive droite de la Penfeld faisant partie de la ville de Brest actuellement formait la paroisse de Saint-Pierre-Quilbignon, qui comprenait Recouvrance
  3. http://www.wiki-brest.net/index.php/L%C3%A9gende_des_Sept-Saints
  4. Note de Jules Michelet: À l'arsenal, sans compter les batteries. (1833)
  5. Note de Jules Michelet: Par exemple, le Républicain, vaisseau de cent vingt canons, en 1793.
  6. Note de Jules Michelet: Dieppe, le Havre, la Rochelle, Cette, etc.
  7. Considérant que le territoire de la ville de Brest est trop peu spacieux pour sa population, aujourd'hui de 629 habitants par ha, (...) contre 309 à Paris, que ce territoire est entièrement occupé par des maisons et que l'augmentation annuelle de la population oblige à exhausser toutes les constructions habitables, ce qui prive les voies publiques d'espace, d'air et de soleil, et place par conséquent la ville dans de mauvaises conditions d'hygiène et de salubrité (Délibération du Conseil municipal de Brest, 1857, retranscrite dans "Gazette de l'Industrie et du Commerce" du 20 février 1864, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5822884j/f5.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR)
  8. S. Castel, "Brest, étude de géographie urbaine", Annales de Bretagne, 1932-1933, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1153348/f612.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR
  9. Elle s'appelait à l'époque la Place du Roi de Rome
  10. J.B. Duvierger, "Collection complète des lois, décrets, ordonnances, réglements, et avis du Conseil d'État", A. Guyot et Scribe, Paris, 1861, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5490719z/f190.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR
  11. Limon, "Usages et règlements locaux en vigueur dans le département du Finistère", Imprimerie de Lion, Quimper, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5688569v/f374.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR
  12. Rapports et délibérations du Conseil général du Finistère, 1864, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5564488t/f252.image.r=Lamb%C3%A9zellec.langFR
  13. http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/crdp/cddp29/patrimoine/histoire/brest/index.php
  14. S. Castel, "Brest, étude de géographie urbaine", Annales de Bretagne, 1932, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1153348/f618.image.r=Pontan%C3%A9zen.langFR
  15. Journal Ouest-Éclair n°14155 du 9 août 1935, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5004308/f1.image.r=Saint-Marc.langFR
  16. Journal Ouest-Éclair n°14155 du 9 août 1935, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5004308/f5.image.r=Saint-Marc.langFR
  17. Journal Ouest-Éclair n°16011 du 27 septembre 1940, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5022531.r=Saint-Marc-Brest.langFR
  18. Stéphane Simonnet, Atlas de la Libération de la France, éd. Autrement, Paris, 1994, réimp. 2004 (ISBN 2-7467-0495-1) , p 25
  19. http://www.finisterehebdo.fr/brestliberee18septembre44.php
  20. Cette histoire fait l’objet de la bande dessinée Un homme est mort d’Étienne Davodeau et Kris, qui a été inspirée par un film destiné à être diffusé sur les piquets de grève, dont la seule copie a été perdue.
  21. En gallois on trouve l'équivalent /bryn/.
  22. Malte-Brun dans La France illustrée de 1882 donne un autre blason en parallèle à celui ci-dessus: D'azur à un navire d'or, au chef d'hermine Le deuxième écusson de BREST plus ancien celui-ci montre deux loups ou hermines (un chien loup) maintenant l'armoirie de BREST qui est un voilier au long court à deux mâts démontrant l'importance du commerce et un canon faisant référence à la force navale de BREST(source vieux manuscrits du dix-septième siècle.

Voir aussi

Bibliographie

  • A. Du Chatellier, Brest et le Finistère sous la Terreur, Brest, Normand libraire, 1858 (réimpr. 1977), 242 p. 
  • P. Levot, Histoire de la Ville et du Port de Brest, vol. 1 : La Ville et le port jusqu'en 1681, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1864, 359 p. 
  • P. Levot, Histoire de la Ville et du Port de Brest, vol. 2 : Le Port depuis 1681, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1865, 387 p. 
  • P. Levot, Histoire de la Ville et du Port de Brest, vol. 3 : La ville depuis 1681, Paris, Bachelin-Deflorenne, 1866, 383 p. 
  • P. Levot, Histoire de la Ville et du Port de Brest pendant la Terreur, Brest, Lefournier, 441 p. 
  • P. Levot, Histoire de la Ville et du Port de Brest sous le Directoire et le Consulat, Brest, Lefournier, 447 p. 
  • Louis Delourmel, Histoire anecdotique de Brest à travers les rues, Paris, 1923, 360 p. 
  • Docteur Max Lafferre (préf. Contre Amiral Lucas), Le Siège de Brest, Quimper, Librairie Le Goaziou, coll. « Les Heures Dures », 1945, 164 p. 
  • Albert Vulliez (préf. V. Le Gorgeu), Brest au combat : 1939 - 1944, Paris, Les éditions Ozanne, 1950, 240 p. 
  • Georges-Michel Thomas, Brest la Rouge, Brest, Éditions de la Cité, 1962, 168 p. 
  • Histoire de Brest, Toulouse, Privat, coll. « Univers de la France et des pays francophones / Histoire des villes », 1976, 400 p. 
  • Brest dans la Guerre - La libération août-septembre 1944, Brest, Éditions de la Cité, 1984, 140 p. (ISBN 2-85186-030-5) 
  • Philippe Henwood, Bagnards à Brest, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d'homme : l'histoire », avril 1986, 208 p. (ISBN 2-85882-930-6) 
  • Philippe Henwood, Edmond Monange, Brest : un port en révolution, 1789-1799, éd. Ouest-France, 1989. (ISBN 2-7373-0269-2) [détail de l’édition]
  • Histoire de Brest, Brest, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, Université de Bretagne Occidentale, 2000, 304 p. (ISBN 2-901737-44-7) 
  • Frédérique Joannic-Seta (préf. André Zysberg), Le bagne de Brest, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2000, 360 p. (ISBN 2-86847-484-5) 

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