- Gérard Cléry
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Gérard Cléry (né à Paris en 1938) est un poète, écrivain, journaliste et photographe français.
Sommaire
Biographie
Après une première enfance en Algérie (1940-1945), il réside en région parisienne. Il appartient à la génération marquée par la guerre d'Algérie. Ses premiers textes sont publiés dans la revue Action poétique. Il a exercé diverses activités professionnelles en France et à l'étranger (sur les chantiers du bâtiment, en usine, dans la publicité, l'éducation populaire, le transport aérien, l'animation culturelle, le journalisme de presse écrite et de radio...). Convaincu qu'un pan non négligeable de la poésie contemporaine, en raison de son oralité, peut être donné à entendre, il pratique depuis toujours, seul ou accompagné, la lecture en public. Les voyages l'ont conduit en Europe, en Afrique du Nord et en Amérique du Sud. Hispanisant il a traduit la Nouvelle Chanson Chilienne,et plusieurs poètes d'Amérique latine.
Il demeure en Bretagne, dans le Sud-Finistère, non loin de Quimper.
Œuvres
- Poèmes pour rejoindre, Marseille, Action poétique, 1963 (OCLC 77224169).
- Quotidiennes,poèmes, Honfleur, P.J. Oswald, 1969 (OCLC 3142219).
- Roman de l'île, suivi de Folles à bonheur, poèmes, préface d'Armand Olivennes,lithographies de Marco Richterich Honfleur, P.J. Oswald, 1970 (OCLC 1246632).
- Jusqu'au serrement de cœur définitif,poèmes, Bruxelles, Pierre Rochette, 1972,
- Des sciures de l'île, poèmes,avant-lire de Marcel Hennart Chantepleure, Bruxelles, 1998,
- Lettre à un extra-vivant : Marco Richterich, Bruxelles, Chantepleure
- La Seine en chemise de nuit, contes de Paris, Paris, Caractères 1999,
- Visite à Marcel Hennart, entretiens, Paris, Caractères, 2001
- Amitié(s) d'Armand Olivennes Collectif, l'Oreillette, Clapàs 2001
- L'os chante/un hueso canta, poèmes, texte espagnol Osvaldo Rodriguez, L'Arbre à Paroles, Amay, Belgique, 2003,
- Un cahier d'Olivier Vange, poèmes,avant-lire de Jean Dumortier, illustrations de Philippe.G.Brahy Bruxelles, Les Elytres, 2004,
- Fontanelles du pré, poèmes, L'Arbre à paroles, Amay, Belgique, 2005
- Simonomis, la langue en crue (lecture et entretien), revue L'Arbre à Paroles, Amay, Belgique 2007
Extraits critiques
Poèmes pour rejoindre
- « Dès qu'on ouvre votre livre on est frappé par l'irruption de votre passion (...) par son ton original,par sa force,
- force dans la tendresse, force dans la détresse », Pierre Morhange.
- « Ce qui compte, c'est ce ton là, tranchant et pur comme un métal, forgé dans la flamme noire de notre temps » Charles Dobzynski, Action Poétique.
- « Il y a dans ces pages des poèmes d'un grand souffle », René Lacôte, Les Lettres françaises.
Quotidiennes
- « Poésie au lyrisme dominé, qui naît des spectacles quotidiens et des élans du cœur, de l'amour et de la révolte. On peut attendre beaucoup de ce poète de trente ans ».Bernard Jourdan
Roman de l'Ile
- « Roman de l'Ile avait, en 1970, consacré Gérard Cléry, comme poète majeur, puissamment authentique. »Armand Olivennes, Rimbaud Revue.
Des sciures de l'Ile
- « Un poète rare. Je veux dire : quelqu'un qui ne fraie guère avec le monde littéraire et n'écrit que lorsque c'est essentiel »Francis Chenot, revue L'Arbre à paroles.
L'os chante
- « Poèmes de l'évocation, non d'itinéraires touristiques, mais de profondes blessures, de paysages irrigués par la douleur, où la violence des vocables, le choc des contraires, prononcent l'épreuve du réel, tant à la fois celui qui saccage, que celui qui force la parole et l'oblige au bâillon » Claude Albarède
((Gérard Cléry parvient ici à une maîtrise qui ne limite ni la violence du langage ni l'inquiétude métaphysique)) Maurice Cury Les cahiers du sens
Un cahier d'Olivier Vange
- « Superbes poèmes où la fontaine remonte à la source, lui apportant la lumière au cœur de la nuit. »Jean Dumortier Avant-Lire.
- « Ces passages du lyrisme au spatial, de l'éclaté au lapidaire, selon l'humeur, caractérisent bien la démarche de Gérard Cléry, son rythme d'écriture signe de grande charge sanguine et de douloureuse clairvoyance pour ce poète d'action. »Claude Albarède, revue L'Arbre à paroles.
Fontanelles du pré
- « Sensible à la clarté autant qu'à la douleur, Gérard Cléry nous offre une poésie multiforme qui épouse, dans l'audace du talent, les sinuosités d'une existence composite avec ses drames, ses langueurs, ses pauses ombragées. » Jean Chatard, ((Le Mensuel Littéraire et poétique))
((Gérard Cléry se donne le luxe de tout exprimer. Le pire des guerres et le meilleur des amours, avec le constant souci d'une qualité de langue maximale)) Paul Van Melle L'inédit nouveau
- « Et c'est très simple, et parfaitement beau, dans sa nécessité »Marcel Hennart, Le Journal des Poètes.
Poèmes (extraits)
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- En regardant un feu
- à ClaireJean
Approche 1
la vague énonce la vague
et l'amoureuse
feu rêvant
enlumine l'amant
le feu émonde le feu
branches embrassées
près d'eux le temps
se couche
et l'amoureuse
libère
le cœur bridé
du bois
le vent réjouit le vent
soleil cuit sur
la fourche
l'amant
Approche 2
le ciel dénude le ciel
et l'amoureuse
feu patient
façonne l'amant
branches mêlées
hanches de vent
sur eux le temps
trébuche
l'oiseau prolonge l'oiseau
rucher de braise
l'ardente à l'aise
dans ses draps
soleil et pluie
(dans la gorge)
l'amant
le feu ravive le feu
* * *
Quotidiennes (extraits)
Le voyage (grand ordonnateur)
n'a plus qu'à mettre la mer en place
rendre au brasier ses flammes
sentir au bout des doigts le déroulement du fruit
restituer chaque ruelle en l'île
poser des tables contre les murs
apporter les chaises le coup d'éponge l'eau de vie
n'a plus qu'à attendre que tout se distribue
voici passants joueurs de cartes musiciens
pêcheurs tirant le port puant l'écaille
motocyclettes charrettes d'olivier têtes de briques
le vent frôle les murs et la lumière
l'enfance en chemise de jour
le maître d'œuvre atteint de cécité boit un café cognac
la foule des grands jours appuyés aux remparts
regarde la mer soucieuse de la fatigue éponger
avec infiniment de prévenance
avec l'instinct de l'abandon du vulnérable
tandis que des taureaux s'enflamment dans l'écume
on ne dit pas quelle heure empoigne
là-haut le carillonneur qui tourne la cloche
étouffe à grands coups la chopine
on ne dit pas pourquoi la foule s'encadre dans la place
se passionne à genoux feignant de croire à un miracle
la petite conviction des lampadaires puisque la nuit approche
d'où celui-là surgit portant en écharpe le point d'interrogation
de son bras perdu
on ignore jusqu'au nom de la bataille
les circonstances (le sextant du malheur)
et cependant la foule les autorités le grand vicaire la patrouille
le genou du juste la poitrine du mécréant
comment le miroir peut à ce point mentir
ni pourquoi le voyage s'assied
spectateur ordinaire
* * *
les immigrants
lissant leur vie aux fenêtres des trains
ils voient blêmir ces paysages
où nul arbre ne brûle
terre affamée de caresses et du vent
pour eux déroule tes bandages
ils vont leur renommée voyage
ils n'amasseront pas
rivés
à la souffrance plane
de temps en temps toisonnent
par le gué d'un bocage
ces gibets de tendresse qui
ne les balancent guère
ils vont sachant fort peu plier genoux
parmi la courbe hospitalière
en habits de fatigue
et de paternité ils vont
méchamment dispersés
petite écume de leur vie
regarde-les passant qui soliloquent
sur leurs cahiers de doléances
rugit la rime à l'univers
* * *
Fontanelles du pré (fragments)
la même peau pour s'émouvoir de l'ombre et de la lumière
des mains qui se posent sur elle
de l'eau qui la tutoie
des odeurs qui l'accompagnent
et l'annoncent
tendue des talons jusqu'aux doigts
comme pour aider le bleu intense du ciel à la franchir
jusqu'aux enfants qu'elle a posé près d'elle
* * *
ses jambes
ouvertes par la nuit
sont les jambes
qu'elle nouera tout-à-l'heure
au cou du soleil
* * *
alternance 2
Tas d'existences près d'un tas
d'ordures sous les murs de
l'hospice Gamelle avec le feu
Elle et lui Et c'est l'hiver
* * *
et l'eau lui coule par
la bouche au bord de
la fontaine trouble l'oreille
auscultant l'air il
s'est couché sur les épaules rousses près du torrent
le soir il confondait
le frissonnement des arbres et la course
de l'eau qui ne sait pas à qui
se retenir et l'eau
courait dans la maison
de grands
arpents
de lune entouraient l'arche amarrée
au calme
des visages couleur
de fruits inattendus luisaient à
ses hublots comme dans l'embellie
d'une journée d'automne les chances
de l'amour tournoient assommées
dans l'herbe noire
le fils cadet
de l'arche fabriquait des énigmes d 'odeur pour
frapper des narines
happé
par la cadence insoutenable de l'amour
tout-à-l'heure il
ne terminera pas ses phrases
* * *
alternance 5
c'est loin guerre qui brûle
bûcher d'incohérences
facile l'homme
en dessous
crépite
que voici devenu brandon
branche bleue du brasier
tissu
tison
* * *
aggrave ton désespoir
grave ton espoir aggravé
* * *
Empreintes (fragments)
"surfeurs flammes haletantes sur la crête de la vague surgissant au galop
de sa lèvre pressentant sa coulée en abîme épousant sa sueur basculant de
sa lippe à sa langue
avant de succomber dans son éternuement"
* * *
"oiseaux déroulant plein ciel plein soir le fil émouvant de leur vol cous
follement tendus menant au-dessus de l'eau un arc à peine entrevu
guirlande battant et rebattant ses cartes rivières d'aile bijou dansant que
l'instant défait pour aussitôt le refaire"
* * *
"océan
linge mouillé
sur la margelle
de la terre
lavandière"
in revue Concerto pour marées et silence
* * *
==Discographie==- La mémoire chantée de Régine Mellac (disques Le Chant du Monde Paris)
- La mort lui ricane - Maurice Rollinat (Compagnie d'Ariane Orléans Prod-Dist:EPM Paris 1996)
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