Gédéon Geismar

Gédéon Geismar
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Gédéon Geismar, né le 10 janvier 1863 à Dambach-la-Ville et mort le 28 juin 1931 à Paris, est un général de brigade français du XXe siècle. Premier président du Fonds national juif, il est également l'oncle de Léon Geismar et de Max Hymans.

Sommaire

Sa famille

  • Son père : Marx Geismar, est né à Grussenheim, Haut-Rhin, il est décédé à Dambach-la-Ville en 1898.
  • Sa mère : Anna Léopold, née à Pfaffenhoffen, elle est décédée à Paris.
  • Sa femme, est née Marthe Lévy à Paris le 22 septembre 1876, elle est décédée également à Paris.
  • Sa fille : Yvonne Geismar, avocat à la Cour, née à Lille le 31 juillet 1904, décédée à Paris le 20 avril 1989, maire-adjoint de XVe arrondissement.
  • Son fils : Jean Geismar, né à Verdun le 16 janvier 1907, décédé à Paris le 16 juillet 1978.
  • Le général Gédéon Geismar était l'oncle du gouverneur général des colonies Léon Geismar et du Président d'Air France, Max Hymans.

Éducation

Il fréquenta la petite école israélite de Dambach-la-Ville jusqu'en 1874, l'enseignement y était prodigué en Allemand et en hébreu.

Puis, « afin qu'il soit français », son père l'envoya en pension au lycée de Belfort, qu'il fréquenta jusqu'en 1882.

Le 1er novembre 1883 il entre à l'École Polytechnique (98e). À sa sortie, il choisit l'artillerie.

Sa carrière militaire

  • Le 1er octobre 1885, il est nommé comme sous-lieutenant à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Versailles(EAAG).
  • Le 1er octobre 1887, il devient lieutenant au 5e régiment d'artillerie.
  • Le 1er octobre 1894, il devient capitaine au 2e bataillon d'artillerie à pied.
  • En 1897, il fait un stage à l'École de guerre et obtient en novembre 1897 le brevet d'état-major.
  • Le 24 juin 1905, il est nommé chef d'escadron au 40e régiment d'artillerie.
  • En 1907, il devient chef d'état-major du 3e corps d'artillerie à Rouen avec le grade de lieutenant-colonel.
  • En 1915, il conduit au feu le 44e régiment d'artillerie.
  • Le 5 mai 1915, il est nommé colonel.
  • Le 7 février 1918, il est nommé général de brigade.
  • En 1918, il commande la brigade d'artillerie du 21e corps d'armée à Strasbourg.

Un général profondément religieux

Le général Geismar avait gardé de sa famille et de son éducation la pratique de la religion. Il refusait de prendre garnison dans les villes où il n'y avait pas de synagogue. Il a su transmettre ce sentiment à ses deux enfants qui furent l'un et l'autre administrateur d'une synagogue, mais pas toujours du même courant que leur père, puisque Jean Geismar a été administrateur de l'Union libérale israélite de France, qui est au judaïsme ce que le Protestantisme est à l'Eglise catholique romaine, c'est-à-dire un retour aux sources et l'acceptation du monde moderne.

Pourquoi le général Geismar n'a pas été touché par l'affaire Dreyfus

  • Cette question est souvent posée. En effet ils sont de la même génération, Alfred Dreyfus est né en 1859, Gédéon Geismar en 1863, ils ont vu leur région annexée, leur père les ont envoyés faire des études « à l'intérieur » afin qu'ils soient français (Dreyfus était orphelin de mère). Faire une carrière militaire leur paraissait une évidence, tant ils ont été traumatisés par la guerre de 1870. Ils ont fait Polytechnique tous les deux. Ils ont choisi l'artillerie tous les deux. Ils étaient totalement bilingues, qualité très recherchée à cette époque. Dreyfus a traduit en français le manuel d'artillerie de l'armée allemande. Geismar a fait la même chose en traduisant des ouvrages d'artillerie allemande. Sa citation de la médaille militaire comporte ce point : « connaît parfaitement les manœuvres de l'artillerie allemande ». Ils sont morts à la même époque, Geismar en 1931, Dreyfus en 1935.
  • Alors pourquoi ? Les sociologues américains ont décrit un fait : le « mur de verre », c'est-à-dire un niveau, non dit ouvertement, qu'il vous est impossible de dépasser en raison de vos origines.
  • Geismar est sorti 141e de sa promotion, cela faisait de lui un officier normal, allant de garnison en garnison. Il était donc acceptable, selon les critères de l'époque. Dreyfus était un officier exceptionnel, il a été envoyé directement à l'École de guerre, puis à l'État Major, par le gouvernement, à un moment où ce dernier envisageait d'y faire entrer les meilleurs élèves des écoles militaires. Idée vite abandonnée devant l'opposition absolue de l'État Major, qu'il fallait bien écouter puisque la classe politique, en général, voulait la guerre avec l'Empire allemand, afin de récupérer l'Alsace-Moselle. On cherchait un prétexte, elle a failli éclater en 1911 en raison du coup d'Agadir, puis en 1913 à la suite de l'Incident de Saverne.
  • Comme le dit l'historien Vincent Duclert, le meilleur spécialiste de l'affaire Dreyfus, dès qu'il est entré à l'État Major, il était perdu.
  • En effet jusqu'à présent on n'y entrait que par cooptation, de plus il fallait être catholique, royaliste, en général noble, ancien élève des Jésuites etc... Les talents militaires étaient très secondaires. Dreyfus n'était rien de tout cela, c'était un républicain, élevé dans les écoles publiques, envoyé par le gouvernement à l'État Major.
  • Il fallait donc qu'il en sorte, d'une façon ou d'une autre, c'était une question de principe. L'idée de l'envoyer aux Colonies a été la première envisagée, elle a été abandonnée quand un officier a dit : « des Colonies on en revient quelquefois, et en plus on y gagne des grades », voir revenir Dreyfus était leur pire cauchemar. Alors ils ont saisi la première occasion qu'ils ont trouvée pour s'en débarrasser[1].
  • Comme Gédéon Geismar est resté en dessous du « mur de verre », il n'a jamais eu ce genre de problème.

Son dévouement en faveur de la renaissance de l'État d'Israël

En janvier 1923, âgé de 60 ans, il prend sa retraite et se consacre au développement du Keren Hayesod (Fonds de reconstruction), avec André Spire. Ce fonds a été créé en France en 1922, puis il devient président d'honneur de la Commission centrale du K.K.l (Keren Kayemeth Leisrael ou Fonds national juif). Grâce à sa connaissance de l’hébreu, il peut lire la presse de la Palestine mandataire, et se tenir informé des réalisations et des besoins. Il siégeait au comité directeur de France-Palestine, fondée en 1926 par Joseph Paul-Boncour et Justin Godart. Le collège des présidents d'honneur comprenait : Edouard Herriot, Paul Painlevé, Jules Cambon, ambassadeur de France et ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, Aristide Briand, ancien président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, Raymond Poincaré, Alexandre Barthou, enfin Gaston Doumergue, le président de la République lui-même. Le secrétaire général en était le poéte Henri Hertz[2]. Cette abondance d'hommes politiques français s'explique par la croyance que la révolution syrienne de 1925 était soutenu en sous main par les Anglais. En 1927, il est élu membre du Comité directeur de la Fédération Sioniste de France, il y représente le « Bloc sioniste général », c'est-à-dire l'opinion centriste. Il souhaite représenter la France au XVe congrès sioniste de 1927, mais il ne sera battu par Léonce Berheim du « Mouvement sioniste français », c'est-à-dire les Français par opposition aux immigrés. Il participe en 1928 à la création de la Chambre de commerce franco-palestiniene. Toujours en 1928, il accepte la présidence des éclaireuses et éclaireurs israélites de France (EEIF).

Notes

  1. Ceci a bien exprimé par Jean Jaurés dans un discours prononcé le 13 janvier 1898 à la Chambre des députés :"Est-ce que cela n'a pas toujours été la tradition de la République qu'une des grandes difficultés, une des difficultés essentielles des démocraties, soit précisément de concilier avec la loi générale d'une démocratie libre, le fonctionnement d'une vaste armée ayant son code spécial, sa discipline spéciale, sa juridiction spéciale." op. cit. dans "sources des liens externes"
  2. Archives Juives N39/1 1er semestre 2006 page 26

Livres

  • Instruction pour le service de l'observation dans l'artillerie à pied allemande. traduit et résumé par G. Geismar, publié en 1891.
  • Instructions sur la la direction du feu dans l'artillerie à pied allemande par G. Geismar, publié 1892.
  • Tir de guerre exécuté par un détachement mixte du XIVe corps allemand, de G. Geismar, publié en 1893.
  • Organisation des objectifs pour les écoles à feu de l'artillerie allemande par G. Geismar, publié en 1895.

Décorations et plaque

Dans l'ordre de la Légion d'honneur :

  • Il a été nommé chevalier le 10 juillet 1907.
  • Il a été élevé au grade d'Officier le 1er janvier 1817.
  • Il a été élevé au rang de Commandeur le 29 décembre 1922.

Il a reçu la Croix de Guerre avec citation le 28 octobre 1915.

Une rue de Dambach-la-Ville porte le nom du général Geismar.

Le général Geismar est enterré au cimetière de Montmartre.

Sources

  • Service historique de l'armée de terre (SHAT), dossier Gédéon Gesmar.
  • Almanach du KKL de Strasbourg pour l'année 1993 p. 97-104, article de Philippe Landau.
  • Arbre généalogique des Geismar établi par Hubert Metzger en 1992, d'après des notes de Marcel Léopold et Paul Metzger (sources : les archives départementales du Bas-Rhin et les archives de la mairie de Grussenheim).
  • Le Capitaine Dreyfus, l'honneur d'un patriote, édition Fayard, 2006, de Vincent Duclert.
  • Le parlement et l'affaire Dreyfus, Douze années pour la vérité, 1894-1906, Paris, Société Générale de la Questure, 1998, p. 60

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