Guerre De Vendée

Guerre De Vendée

Guerre de Vendée

Guerre de Vendée
GuerreVendée 1.jpg
Henri de La Rochejaquelein au combat de Cholet, 17 octobre 1793, peinture de Paul-Émile Boutigny, Musée d'histoire de Cholet
Informations générales
Date 1793 - 1796,
1799 - 1800
Lieu Vendée militaire:
Vendée, nord Deux-Sèvres (Poitou)
sud Maine-et-Loire (Anjou)
sud Loire-Atlantique (Bretagne)
Issue Victoire républicaine
Belligérants
France Républicains Pavillon LouisXIV.svg Vendéens
Pavillon LouisXIV.svg Chouans
Flag of Royalist France.svg Émigrés
Union flag 1606 (Kings Colors).svg Britanniques
Commandants
Canclaux - Berruyer - Biron - Léchelle - Chalbos - Rossignol - Marceau - Kléber - Turreau - Dumas - Hoche - Beysser - Aubert du Bayet - Beaupuy - Westermann - Haxo - Santerre - Ronsin - Danican - Amey - Travot Cathelineau - D'Elbée - La Rochejaquelein - Charette - Stofflet - Bonchamps - Lescure - Royrand - Sapinaud - Fleuriot - Talmont - Forestier - Marigny - Lyrot - D'Autichamp - Suzannet
Forces en présence
130 000 à 150 000 hommes[1] 80 000 hommes
(effectifs maximum)
Pertes
25 000 à 50 000 morts ou disparus 170 000 morts
(Habitants de la Vendée militaire; combattants et civils, dont un quart à un cinquième de républicains)
Guerres de la Révolution française
Batailles
Première Guerre de Vendée (1793-1794)

1re Machecoul — Jallais — 1re Cholet — Pont-Charrault — 1re Pornic — 1re Sables d'Olonne — 2e Pornic — 2e Sables d'Olonne — Chemillé — Les Aubiers — Challans — Saint-Gervais — Vezins — Beaupréau — 2e Machecoul — Legé — Thouars — La Châtaigneraie — Palluau — 1re Fontenay-le-Comte — 2e Fontenay-le-Comte — 3e Machecoul — Saumur — 1re Luçon — Nantes — Parthenay — 1re Moulins-aux-Chèvres —1re Châtillon — Martigné-Briand — Vihiers — 2e Luçon — 3e Luçon — Chantonnay — Coron — Tiffauges — Pont-Barré — Montaigu — Saint-Fulgent — Clisson — Treize-Septiers — 2e Moulins-aux-Chèvres — 2eChâtillon — 1re Noirmoutier — La Tremblaye — 2eCholet 

Virée de Galerne

Laval — La Gravelle — Croix-Bataille — Entrammes — Ernée — Fougères — Granville — Pontorson — Dol — Angers — La Flèche — Le Mans — Savenay

Colonnes infernales

2e Noirmoutier — Gralas — Les Brouzils — Legé — 3e Cholet — Saint-Colombin — Les Clouzeaux — Les Ouleries — Chaudron-en-Mauges — Fréligné 


Deuxième Guerre de Vendée (1795-1796)

Yeu — Saint-Cyr-en-Talmondais — La Guyonnière


Troisième Guerre de Vendée (1799-1800)

Les Aubiers — La Flocellière — Chambretaud


Quatrième Guerre de Vendée (1815)

Châtillon — Aizenay — Saint-Gilles-sur-Vie — Les Mathes — Rocheservière — Thouars


Cinquième Guerre de Vendée (1832)

La Hautière — Le Chêne — La Penissière

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Guerres de Vendée.

La guerre de Vendée est le nom donné à la guerre civile qui opposa partisans (bleus) et adversaires (blancs) du mouvement révolutionnaire dans l'Ouest de la France, entre l'An I et l'An IV (1793 et 1796) au cours de la Révolution française, et plus particulièrement pendant la Première République.

Comme partout en France, la Vendée a connu des manifestations paysannes, entre 1789 et 1792. Mais c'est au moment de la levée en masse, en 1793, que la révolte ou rébellion vendéenne, aussi appelée insurrection vendéenne, s'est déclenchée dans un premier temps comme une jacquerie paysanne classique, avant de prendre la forme d'un mouvement contre-révolutionnaire.

Étalée sur trois années, la guerre a connu plusieurs phases, avec une brève période de paix, au printemps 1795. Elle ne s'est arrêtée qu'au début de 1796, après bien des combats, bien des morts et bien des destructions.

Sommaire

Contexte

L'évolution historiographique sur les causes de l'insurrection

L'étude historique de la guerre de Vendée est marquée par une longue tradition conflictuelle, où s'expriment les rivalités mémorielles, les querelles entre écoles historiques et courants idéologiques, entre les historiens universitaires et les érudits, les publicistes ou les académiciens. Le résultat de ces querelles est une immense bibliographie, opposant deux courants, celui des partisans de la Révolution et celui des partisans des Vendéens[2].

Les premiers textes publiés sur cette guerre sont les mémoires d'acteurs, royalistes comme Madame de la Rochejaquelein, Poirier de Beauvais, Puisaye, et républicains comme Grouchy, Kléber, Choudieu... Le plus célèbre est celui des Mémoires de Madame de la Rochejaquelein, veuve de Lescure, qui décrit un soulèvement spontané des paysans pour défendre leur roi et leur Église.

Au cours du XIXe siècle, la question oppose particulièrement les historiens, fondant leurs recherches exclusivement sur les archives, et les érudits, engagés dans la défense de la Vendée, qui recueillent les traditions mémorielles et les transmettent. Les principales figures de cette lutte sont :

  • du côté de l'université, Charles-Louis Chassin, élève d'Alphonse Aulard, qui a publié onze volumes d'archives et de mémoires. Adoptant le point de vue républicain, il dénie tout caractère populaire au mouvement, considérant qu'il s’agit d’une pure machination des nobles et des prêtres, suivie aveuglément par la partie la plus ignorante de la population. Par ailleurs, hostile aux sans-culottes et à Robespierre, il rend ce dernier responsable de la répression de 1794. Alphonse Aulard, premier titulaire de la chaire d'histoire de la Révolution française de la Sorbonne, Jules Michelet ou Jean Jaurès, auteurs l'un et l'autre d'une Histoire de la Révolution française, ont contribué, de par l'influence de leurs écrits, à construire une certaine vision de l'insurrection vendéenne[3].
Jules Michelet, par Thomas Couture (1815-1879).
  • du côté des érudits, de sensibilité monarchiste, traditionaliste ou catholique, l'abbé Bossard, l'abbé Deniau, auteur d'une Histoire de la Vendée en cinq volumes basée sur les témoignages oraux et les mémoires partisans publiés pendant un siècle, ou l'abbé Uzureau, prêtre dans le diocèse d'Angers, qui offre l'analyse des « Blancs », fondée sur des documents, parfois les mêmes que Chassin[3]. Selon eux, les troupes de paysans - forcément très catholiques, très attachés à leur noblesse - sont menées par la petite noblesse locale afin de rétablir la royauté et sauver le catholicisme.

Se fondant largement sur les témoignages oraux, recueillis et transmis par des auteurs « blancs », les érudits se concentrent sur la violence de la répression de 1793-1794, tandis que la prédilection des « Bleus » pour les archives interdit toute évocation du ressenti des républicains et, pendant longtemps, une évaluation de leurs souffrances. La lecture « blanche » se retrouve parmi les académiciens, dans les écrits de Pierre Gaxotte ou de Jean-François Chiappe[4].

Depuis un siècle, l'historiographie a largement renouvelé la question.

Une histoire revisitée

Au XXe siècle, la recherche historique a connu de profondes évolutions, avec notamment le développement de l'analyse socio-économique. Claude Petitfrère voit dans ce renouvellement la marque d'une troisième catégorie d'auteurs, autour de Paul Bois, Marcel Faucheux et Charles Tilly, qu'il appelle l'histoire « scientifique »[5].

Dès les années 1920, Albert Mathiez considère que les causes de l'insurrection vendéenne, au printemps 1793, sont à chercher dans les conditions économiques et sociales de l'époque[6].

Au début des années 1950, Marcel Faucheux montre que les causes profondes de l’insurrection sont à chercher bien au-delà de la constitution civile du clergé, de l'exécution de Louis XVI ou de la levée en masse, qu'elles doivent être reliées à ce qu’il nomme le « paupérisme Vendéen ». La Révolution n'a pas su satisfaire les espérances engendrées par la convocation des États généraux en 1789 : les métayers, majoritaires en Vendée, ne bénéficient pas de l’abolition des droits féodaux, qui sont rachetables (jusqu'en 1793), les biens nationaux profitent essentiellement aux bourgeois et aux marchands. À partir de là, le bouleversement des structures sociales traditionnelles, la réforme autoritaire du clergé et la levée en masse constituent tout au plus l’étincelle qui a provoqué l'explosion d'un mécontentement plus ancien[7].

Se fondant sur l'analyse détaillée de la Sarthe, Paul Bois approfondit la question, en mettant en valeur la haine qui oppose alors le paysan au bourgeois et montre l’existence d’un profond clivage social entre urbains et ruraux, très antérieur à la Révolution, qui constitue l'une des causes majeures du soulèvement[8].

Ces travaux ont été largement confirmés par les travaux du sociologue américain Charles Tilly, pour qui la croissance des villes françaises du XVIIIe siècle, l'agressivité économique de celles-ci et leur tendance à accaparer le pouvoir politique local ont suscité des résistances et des haines paysannes, dont l'insurrection vendéenne n'est qu'un exemple exacerbé[9].

Carte des archevêchés et évêchés en 1789 et en 1802

De son côté, Albert Soboul décrit des masses paysannes dans la gêne, prédisposées « à se dresser contre les bourgeois, très souvent fermiers généraux en ce pays de métayage, négociants en grains et acquéreurs de biens nationaux », des départements de l'Ouest à la foi très vive depuis les efforts de catéchisation des Mulotins, congrégation de missionnaires établie à Saint-Laurent-sur-Sèvre depuis la fin du XVIIe siècle, enfin l'assimilation, par les paysans, du tirage au sort pour la levée des 300 000 hommes à la milice, institution de l'Ancien Régime particulièrement honnie. S'il considère que « le caractère simultané du soulèvement autorise à penser qu'il fut concerté », il explique que les paysans « n'étaient ni royalistes, ni partisans de l'Ancien Régime » et que les nobles furent d'abord surpris par le soulèvement, avant de l'exploiter à leurs fins[10].

Plus récemment, Jean-Clément Martin a indiqué que, si les paysans sont passés à la Contre-révolution, selon les provinces, pour des raisons très diverses, y compris entre les différentes zones de la Vendée, les mots d'ordre religieux et de la défense communautaire leur sont communs. Ces mots d'ordre sont dus au maintien du poids des impôts et des fermages, à l'aggravation du sort des métayers, à l'incapacité des petites élites rurales à acheter des biens nationaux, accaparés par les élites urbaines, à la perte de l'autonomie des petites communes rurales face aux bourgs, où sont installés les pouvoirs politique (le district) et économique, aux atteintes de la Constitution civile du clergé, aux libertés des communautés, qui défendent leur prêtre et leurs cérémonies religieuses. Les tensions montent jusqu'en mars 1793, sans trouver d'exutoire, quand la levée en masse fournit l'occasion aux communautés de s'unir contre les agents de l'État, dans un mouvement qui renvoie aux jacqueries traditionnelles, et de former des bandes à la tête desquelles les élites locales sont placées, de plus ou moins bon gré.

Dans la Sarthe, ce sont les fermiers aisés et leurs alliés qui se soulèvent, alors que les ruraux dépendants des villes et leurs voisins tisserands représentent le fer de lance de l'insurrection dans les Mauges. Quant aux chouans d'Ille-et-Vilaine, ils sont recrutés essentiellement parmi les métayers et leurs proches. Dans tous les cas, c'est la défense de l'équilibre communautaire, mis à mal par les lois civiles et religieuses de la Révolution, qui pousse vers la révolte. Le royalisme y semble peu profond, comme dans le Midi en 1791-1792, et les haines personnelles et locales jouent un rôle important, avec des oppositions entre communes voisines ; dans la majorité des cas, les soulèvements commencent par « des règlements de compte, des chasses aux révolutionnaires et le pillage ».

Des activistes royalistes, appartenant aux élites rurales, participent aux premières insurrections, précise-t-il, mais ils sont peu nombreux ; les nobles contre-révolutionnaires s'impliquent peu dans le mouvement, en mars 1793, devant un mouvement inorganisé et mal armé.

« Tous sont surpris par la brutalité de la rébellion, la plupart hésitent à rallier les insurgés, certains même comme Charette doivent y être contraints par la force[11]. »

Outre la thèse du complot « clérico-nobiliaire », Jean-Clément Martin remet en cause, avec Roger Dupuy, l'antagonisme « ville - campagne » (très antérieur à la Révolution) et la différence de nature qui existerait entre les origines de la chouannerie et les causes de la guerre de Vendée[12].

Pour Roger Dupuy, qui note que l'historiographie récente « se dégage de l'optique étroite qui accordait au problème religieux une importance primordiale dans le processus du soulèvement », c'est « du côté de l'identité profonde des communautés paysannes » qu'il faut en chercher les racines. Le « soulèvement est d'autant plus exaspéré que la violence joue un rôle déterminant dans la constitution de cette identité » : violence de la misère, violence de jeunes hommes attachés à faire respecter leur honneur, violence collective contre le mauvais seigneur qui abuse de ses privilèges féodaux[13].

Appliquant l'approche de la microhistoire à trois paroisses des Mauges entre 1750 et 1830, au cœur de la « Vendée-militaire », Anne Rolland-Boulestreau offre un tableau de la notabilité locale à la veille de la Révolution (gros métayers à Neuvy ou au Pin-en-Mauges, membres du monde du commerce à Sainte-Christine), une notabilité fondée sur la reconnaissance publique : ses membres occupent des fonctions publiques (les Cathelineau sont sacristains de père en fils), servent de caution morale devant notaire et sont souvent choisis comme témoins lors des mariages.

Puis, analysant les réactions des trois communes face à la Révolution, elle remarque que les notables de Neuvy et du Pin sont confirmés après 1789 à la tête des communes, tandis qu'à Sainte-Christine, commune ouverte au commerce, avec de nombreux artisans, de nouvelles catégories sociales se mêlent aux anciennes. À Neuvy et au Pin, les communes se ferment autour des élites traditionnelles (qui acquièrent peu de biens nationaux) face aux réformes qui menacent la communauté. À Sainte-Christine, au contraire, où les notables locaux acquièrent quelques terres, les réformes sont vues comme l'occasion de gagner en importance, en devenant notamment chef-lieu de canton. En 1792, les élites traditionnelles ne se représentent pas aux élections, marquant leur refus de l'évolution politique, et laissent la place à des notables plus modestes, mais appartenant aux mêmes réseaux et parentèles. L'année suivante, au début de l'insurrection, les 27 hommes qui suivent Cathelineau, au Pin, sont intégrés dans les parentèles et réseaux de la commune (deux tiers sont des artisans, un tiers des paysans). À Sainte-Christine, les patriotes vendéens se comptent surtout parmi les artisans modestes récemment implantés dans la paroisse, peu intégrés aux réseaux de la communauté.

Enfin, étudiant l’émergence d'une nouvelle sociabilité forgée à travers l'épreuve de l’insurrection vendéenne, elle note que la participation à l’insurrection vendéenne est désormais une condition nécessaire pour obtenir la confiance des populations locales. À Sainte-Christine, où la guerre laisse la population très divisée, les élites commerçantes traditionnelles sont évincées par des hommes de la terre et la noblesse, qui investit des fonctions qu'elle dédaignait auparavant. L'enracinement et les liens de confiance dont bénéficient les petits notables leur permet d'être, au XIXe siècle, avec les nobles, les intermédiaires incontournables entre la communauté et l'État[14].

La situation avant l'insurrection

À la fin du XVIIIe siècle, la société vendéenne (actuel département de Vendée et une partie des départements limitrophes : sud de la Loire-Inférieure, ouest de Maine-et-Loire, nord des Deux-Sèvres) a une composition sociale semblable à bien d'autres provinces de France, très rurale. L'Ouest avait été nouvellement reconverti au catholicisme par le père de Montfort.

Ouverture des États généraux de 1789 à Versailles

À la fin de l'Ancien Régime, d'après Michel Vovelle, la propriété nobiliaire occupe plus de la moitié des terres, contre 10 à 20 % pour la bourgeoisie, moins de 30 % pour la paysannerie et moins de 5 % pour le clergé. De même, il évalue la densité de la population entre 700 et 790 habitants par lieue carrée et par généralité. Enfin, l'alphabétisation y est plutôt faible, par rapport au nord et à l'est du pays, avec 10 à 20 % des conjoints sachant signer leur nom[15].

En 1789, les paysans de l'Ouest accueillent plutôt favorablement les débuts de la Révolution. Les cahiers de doléances de la Bretagne, du Maine, de l'Anjou ou du bas Poitou témoignent de l'hostilité de la paysannerie à l'égard des survivances du système féodal, de même que l'élection de députés patriotes, que confirment les violences antiseigneuriales de la Grande Peur ou les violences répétées contre les aristocrates et leurs demeures en 1790 et en 1791. Par ailleurs, la Vendée et le Maine-et-Loire sont deux des douze départements qui envoient le plus de députés jacobins à l'Assemblée législative[16]. De nombreux prêtres semblent avoir également accompagné le mouvement avec enthousiasme : en Vendée, certains ont revêtu les nouvelles charges créées par la Révolution, par exemple en devenant maires. La Révolution, comme partout ailleurs, a donc représenté un grand espoir. En novembre 1789, l'Assemblée vote la confiscation des biens ecclésiastiques, transformés en Biens nationaux, afin de garantir l'émission des assignats. Cette décision prive le clergé catholique des moyens financiers lui permettant de remplir son rôle traditionnel d'assistance à une population pauvre. Ces biens ont été accumulés au cours des siècles grâce aux legs des membres de la communauté. Avant la Révolution, gérés par le clergé, ils étaient au service des communautés rurales. La vente de ces biens, en remboursement des assignats, les fait passer progressivement dans les mains des particuliers (des bourgeois, des paysans, des aristocrates et même des membres du clergé) qui les utilisent pour leur usage personnel. Les communautés se sentent donc spoliées et en tiennent rigueur aux politiques[17].

La montée du mécontentement

Le 12 juillet 1790, l'Assemblée constituante vote la constitution civile du clergé. Le décret d'application, passé en novembre 1790 et signé par le roi le 26 décembre 1790, prévoit que les prêtres fonctionnarisés, comme tous les fonctionnaires, prêtent serment à la constitution ; la constitution civile du clergé et ce serment sont rejetés par toute une partie du clergé, qui considère les prêtres jureurs comme déviant de la voie catholique. Inquiets pour leur salut, de nombreux paysans préfèrent continuer à s'adresser aux prêtres réfractaires[18]. Ceci contribue à diviser profondément les Vendéens entre partisans et adversaires de la mesure et à développer un certain mécontentement parmi les communautés paysannes qui, de plus, ne perçoivent pas d'amélioration de leur situation depuis la Révolution. Dans des campagnes fraîchement et relativement converties de l'Ouest, le clergé est devenu majoritairement réfractaire, dans l'Ouest, avec l'obligation du serment constitutionnel, et après les brefs pontificaux condamnant la Constitution civile du clergé, en 1791. En mai 1791, l'Assemblée constituante prend un décret sur la liberté des cultes autorisant le culte réfractaire, mais cette tolérance ne satisfait aucun camp, et les positions se durcissent.

L'application de la constitution civile du clergé (juillet 1791) provoque une multitude d'actes de résistance parmi la population, qui recourt de plus en plus à la violence physique. Dans le Poitou, des libelles voient dans la constitution civile l'œuvre des protestants et des juifs. Des bagarres opposent « aristocrates » et « démocrates », entre paroissiens (dans certaines paroisses, les populations font corps pour protéger leur curé et leurs habitudes de vie), surtout lors des enterrements. Plus grave, en janvier 1791 dans la commune de Saint-Christophe-du-Ligneron (au sud de Nantes, près de Machecoul), des conflits se développent autour de l'opposition à la constitution civile du clergé, et l'intervention des gardes nationales en charge du maintien de l'ordre provoque les premiers morts de la Vendée ; mais le conflit ne dégénère pas[19].

Carte des prêtres ayant prêté serment à la Constitution civile du clergé en France en 1791

Dans ce contexte, l'Assemblée législative prend, en novembre 1791 et le 27 mai 1792, des décrets répressifs contre le clergé réfractaire, dont le culte est interdit. Le second prévoit la déportation hors du territoire français de tout prêtre réfractaire sur la simple demande de 20 citoyens. À la veille du 10 août 1792, lorsque l'Assemblée supprime les dernières congrégations existantes, une bonne partie sont emprisonnés. Obligés de se cacher, afin d'éviter la déportation au bagne en Guyane, les prêtres non jureurs sont protégés par des femmes, qui participent à des messes clandestines. Malgré ces mesures, le nouveau clergé constitutionnel n'arrive pas à s'imposer dans une large partie de la région. Les assermentés représentent, selon Michel Vovelle, 0 à 35 % des prêtres en Vendée et en Loire-Inférieure (comme l'ensemble de la Bretagne), contre 35 à 55 % dans le Maine-et-Loire et 75 à 100 % dans les Deux-Sèvres, en 1791. Dans l'ensemble, plus de 65 % du clergé refuse de prêter serment dans l'Ouest (contre 48 % au niveau national)[20]. Autour de Châtillon et de Bressuire, une zone globalement homogène de refus se distingue. La religion des paysans de l'Ouest, comme en bien d'autres endroits, est une religion propitiatoire (visant à assurer l'abondance des récoltes, la fécondité du bétail, la réalisation d'un mariage, la naissance d'un enfant, la guérison d'une maladie, etc.), qui organise le calendrier et le paysage, avec un appel aux saints spécialisés, à leurs chapelles, avec des rites particuliers. De même, la carrière ecclésiastique représente un moyen de promotion sociale pour bien des familles paysannes, un moyen que l'exclusion des prêtres réfractaires menace[21].

Signe que l'attachement à l'Ancien Régime - et à la royauté - n'est pas le facteur déclencheur des premières émeutes, nulle émeute n'est observée lors de l'émigration des nobles, ni lorsque Louis XVI est guillotiné en janvier 1793.

Les circonstances du déclenchement de la guerre

Le Vendéen, peinture de Julien Le Blant

Le mécontentement était latent. Dès février 1793, la Charente-Inférieure fait face à un afflux de réfugiés[22]. L’insurrection éclate véritablement en mars quand la Convention, le 23 février, ordonne une levée de 300 000 hommes « pour faire face à la baisse subite des effectifs des armées de la République due aux pertes, aux désertions mais surtout aux départs massifs des volontaires, levés l'année précédente pour la durée d'une campagne et qui, l'ennemi ayant été ramené aux frontières et même au-delà, estimaient pouvoir rentrer chez eux »[23]. La Vendée (somme toute peu concernée du fait d'une faible ponction) ne représente que l'une des provinces qui s'insurgent en 1793, comme la vallée du Rhône, où l'agitation est endémique depuis 1790 et va durer jusqu'en 1818[18]. En juin 1793, les villes de Bordeaux, Marseille, Toulouse, Nîmes et Lyon, ainsi que la Normandie voient le développement d'insurrections fédéralistes et royalistes.

Restée au pays, la petite noblesse n'a fait que suivre l'insurrection paysanne, avant de la récupérer définitivement et de lui donner une coloration franchement et explicitement royaliste et catholique, surtout à partir de juillet 1793[24].

Le camp républicain est alors divisé entre girondins et montagnards, qui s'accusent mutuellement de favoriser la Contre-révolution. Tandis que les insurgés bretons sont écrasés par Canclaux à l'extrême Ouest, par Beysser entre Rennes et Nantes (l'agitation ne reprendra qu'à la fin de 1793, sous la forme de la chouannerie), l'agitation réprimée en Alsace, au sud de la Loire, les insurgés parviennent non seulement à déborder les gardes nationaux, trop peu nombreux, et à s'emparer de plusieurs villes, mais battent une colonne de soldats de métier, le 19 mars[25].

Envoyés pour accompagner la levée de 300 000 hommes, les envoyés en mission de la Convention sont alarmés par le spectacle des soulèvements, qu'ils dramatisent, accusant les autorités locales, souvent modérées, de complicité, et réclament de Paris des mesures énergiques. Considérant que la Contre-révolution est partout à l'œuvre, organisant des complots, et que les soulèvements forment un ensemble organisé, la « Vendée militaire » devient le symbole de cette Contre-révolution[25].

Cette conception a été reprise à la fois par des écrivains royalistes et catholiques, pour la « magnifier », et des écrivains et historiens républicains, au XIXe et au début du XXe siècles. Cette construction a toujours des effets importants sur l'élaboration des identités locales et régionales : ainsi, bien des Vendéens ont intériorisé une identité fortement marquée par la religion, voire une nostalgie d'un Ancien Régime folklorique — deux aspects qui, on l'a vu, ne correspondent pourtant pas aux origines de l'insurrection de 1793. De même, l'identité du citadin nantais s'élabore entre autres en regard du « ventre-à-choux » vendéen, du campagnard, toujours suspect d'attachement à la royauté, et qu'il est de bon ton de moquer.

Pour conclure, l'insurrection vendéenne ne naît pas d'une cause unique, mais de multiples facteurs, tous liés à un mécontentement populaire grandissant. L'origine de cette insurrection ne réside pas, du moins pour les paysans et artisans qui en étaient à l'origine, dans une quelconque nostalgie de l'Ancien Régime. Des déceptions et frustrations, accumulées depuis plusieurs années ; l'arrivée d'une nouvelle hiérarchie administrative, une bourgeoisie des bourgs qui accapare pouvoir politique et économique ; l'aggravation de la situation des paysans ; les difficultés économiques et sociales, avec le cours forcé de l’assignat ; la remise en cause des communautés paysannes et de leurs usages religieux ; tout cela a constitué un ensemble de facteurs, dont la conscription n'a été que la goutte d'eau, qui permet d'expliquer le rassemblement des premières bandes d'artisans et de paysans.

Guerres vendéennes et chouannerie

Bien qu'ayant des points communs, les guerres vendéennes doivent être distinguées des actions de la chouannerie. Dans le premier cas, au sud de la Loire, les insurgés prennent l'avantage sur les troupes républicaines et s'organisent en « armée catholique et royale » à l'intérieur du territoire qu'ils contrôlent ; ces guerres opposent deux armées encadrées. Dans le second cas, les troupes républicaines l'emportent d'abord sur les insurgés. La résurgence du conflit, à la fin de 1793, voit le développement d'une multitude de résistances locales ponctuelles organisées en guérillas en Bretagne, dans le Maine et en Normandie. Toutefois, ce sont les mêmes motifs qui poussent à la révolte[26].

Premiers faits d'armes et organisation

Des jacqueries meurtrières

Au départ, cette insurrection ne diffère guère des autres insurrections qui se développent en France au printemps et à l'été 1793. La différence, c'est que, partout ailleurs, les troupes viennent à bout des émeutes. En Vendée, au contraire, une colonne armée de soldats de métier est défaite le 19 mars au Pont-Charrault, entraînant la région d'un affrontement limité vers une guerre civile[27]. Au nord de la Loire, les mouvements insurrectionnels sont réprimés brutalement mais efficacement en un mois[28].

Le dimanche 3 mars, à Cholet, des jeunes gens du canton réunis par le district « pour prendre connaissance des modalités du recrutement du contingent local pour la levée des 300 000 hommes » manifestent leur refus de partir[29].

Article détaillé : Massacres de Machecoul.
Le Massacre de Machecoul, huile sur toile de François Flameng (1856-1923) réalisée en 1884.

Le dimanche 10 mars, « la protestation s'étend. La Loire-Inférieure se soulève massivement, acculant les Nantais à l'impuissance devant la multiplicité des interventions nécessaires ». Durant la première semaine, les sites de la protestation sont extrêmement éparpillés. Le 11 mars, Machecoul est envahi par des attroupements de protestataires venus des communes voisines, qui se livrent à des massacres, et ce jusqu'en avril[30]. Parmi les habitants emprisonnés, puis massacrés, on compte des prêtres jureurs. Le nombre des morts est évalué, selon les auteurs, entre une centaine et 800 ; Jean-Clément Martin en a recensé, pour sa part, au moins 160[27]. Parmi les émeutiers se trouvent Charette, qui ne fait rien pour arrêter les massacres, Souchu, son ancien procureur fiscal, leur chef, et l'abbé Prioul, qui célèbre une messe à côté des cadavres[31].

Ailleurs, dans le pays de Retz, d'autres bandes se choisissent des chefs roturiers : le chirurgien Jean-Baptiste Joly, ancien sergent de l'armée royale, le marchand d'œufs Louis Guérin, le colporteur Pajot, ou encore le perruquier Gaston Bourdic[32].

Le 12, la garde nationale tire sur les manifestants pour dégager les abords de Paimbœuf, menacé par des paysans venus de 32 communes proches de la petite ville ; le noble qui les conduit est capturé et guillotiné à Nantes. Le même jour, en revanche, Savenay tombe aux mains des insurgés. De même, les protestataires des paroisses aux abords de Nantes, sur la rive droite de la Loire, se retrouvent aux portes de la ville, sous le commandement de Gaudin-Berillais, un noble, « qui n'ose pas attaquer la ville et se borne à lui envoyer une proclamation où il énumère en quinze points les revendications des paysans en vue d'une négociation » ; sont réclamés : la fin des levées d'hommes, le départ des seuls volontaires, la nécessité du consentement des paroisses aux impôts, la fin des perquisitions et réquisitions, la liberté du culte, la liberté de pensée et d'écrire. Aucune réponse ne venant, Gaudin-Berillais est destitué et la plupart des attroupés rentrent chez eux, le restant, qui veut marcher sur la ville, étant dispersé par les Nantais. « L'épisode est révélateur du sentiment profond d'une paysannerie qui refuse une solidarité nationale qu'elle ne comprend pas et revendique au contraire le droit de la moduler selon ses intérêts immédiats »[33].

À Chanzeaux, une échauffourée entre jeunes gens du village et gendarmes conduit à la mort d'un de ces derniers. La croix du gendarme située dans le parc du château de Chanzeaux témoigne de cet événement.

Plus au nord, le même jour, 600 paysans se rassemblent vers Saint-Florent-le-Vieil pour s'opposer au tirage au sort. Ils mettent en fuite 500 gardes nationaux qui leur barrent le passage, pillent les maisons des Bleus et les caisses du district, puis dépensent le butin dans les auberges du bourg et des alentours.

Le lendemain, le marquis de Bonchamps arrive au bourg et organise la troupe, l'empêchant de se disperser. D'anciens soldats, comme le caporal Perdriault, sont placés à la tête des bandes, enseignant leur savoir aux autres.

Cultivateur et colporteur au Pin-en-Mauges, Cathelineau « rassemble quelques voisins, fait sonner le tocsin, demande au prêtre réfractaire de bénir sa petite troupe, abat le drapeau tricolore qui flottait sur l'église et court rejoindre le gros des insurgés ». Le même jour, 500 paysans du canton, commandés par Perdriault et Cathelineau, s'emparent du bourg de Jallais, repoussant 150 gardes nationaux, et d'un vieux canon.

Jacques Cathelineau par Girodet

Le 14 mars, la bande de Cathelineau en rencontre une autre, emmenée par Stofflet, ancien caporal et alors garde-chasse d'un château à Maulévrier. Sous la conduite du second, la troupe, forte de 15 000 hommes, attaque Cholet, une ville d'environ 7 000 habitants, gardée par 500 gardes nationaux, 80 cavaliers et une dizaine de canons. Encerclés par les insurgés, 300 républicains trouvent la mort, « soit la quasi-totalité du bataillon des volontaires des Deux-Sèvres », contre une quarantaine d'insurgés. Entrés dans la ville, ces derniers « saccagent les locaux de la municipalité et des administrations, pillent quelques habitations des patriotes les plus en vue et célèbrent dans les auberges une victoire péremptoire. En cinq jours, les insurgés se sont rendus maîtres des Mauges, c'est-à-dire de la moitié méridionale, située au sud de la Loire, du département du Maine-et-Loire ». Sur l'autre rive, les gardes nationaux l'emportent et font une trentaine de prisonniers (une vingtaine sont guillotinés à Angers).

Dans le département de Vendée, les insurgés chassent la garde nationale de Palluau, entre le 12 et le 14 mars, et s'emparent du Marais breton ; les notables patriotes de Saint-Gilles et de Challans s'enfuient vers les Sables-d'Olonne. À l'intérieur des terres, dans le Bocage, la plupart des petites villes sont prises d'assaut ou par surprise le 12 mars. Le lendemain, la garde nationale du chef-lieu du département, Fontenay-le-Comte, est victime d'une embuscade au carrefour des routes de Nantes à La Rochelle et des Sables-d'Olonne à Saumur[34].

Une armée contre-révolutionnaire

Un insigne des insurgés royalistes pendant la guerre de Vendée (1793)

Les jours suivants, 35 000 hommes se réunissent à Chemillé pour tenter de s'organiser en une véritable armée. Plusieurs nobles, souvent d'anciens officiers, les ont rejoints : Charette, d'Elbée, Lescure, La Rochejaquelein. Ces chefs issus de la petite noblesse ne se sont pas imposés de leur propre initiative à ces bandes de villageois. D’une foi religieuse généralement peu intense, ayant pu conserver tous leurs biens depuis 1789 et s'étant même matériellement enrichis par l'achat important de biens nationaux provoqués par la Révolution, ils ne sentent pas spontanément responsables de ces bandes insurgées. Ce n'est que plus tard qu'ils sauront récupérer la colère populaire pour lui donner un tour nettement catholique et royaliste.

Le but de la nouvelle armée est de s'emparer de Chalonnes, avant-garde d'Angers. Comprenant l'intérêt stratégique de le défendre, les républicains ont concentré 4 000 hommes et 5 canons. Le 22, malgré l'avis du maire et des officiers de la garde nationale, les municipaux et la foule se rendent aux Blancs ; les gardes nationaux se replient vers Angers en jetant leurs canons dans la Loire. Alors qu'Angers s'attend à un assaut imminent, l'armée se dissout et les combattants rentrent dans leurs foyers. « On s'était soulevé pour éviter d'être soldat et il n'était pas question de le devenir pour rétablir la monarchie dans la capitale. Plus qu'un soulèvement contre-révolutionnaire, la rébellion demeurait encore une jacquerie contre les exigences jugées intolérables de la nation »[35].

Les républicains tentent de reprendre l'avantage. Sous les ordres du général Marcé, chargé par la Convention de mater la rébellion, une colonne de 2 200 soldats, 100 cavaliers, dotée de 8 canons, cherche à traverser la zone insurgée de La Rochelle à Nantes. Le 17 mars, à Chantonnay, la colonne met en fuite les paysans, qui abandonnent une quarantaine de morts et 3 canons. Le soir du 19, alors qu'elle s'apprête à bivouaquer dans un fond de vallée, dans le Bocage vendéen, elle est prise dans une fusillade. Se débandant, la colonne fuit vers La Rochelle, qu'elle rejoint en une nuit. À son arrivée, Marcé est destitué et arrêté.

La capacité offensive des forces républicaines a été anéantie. Les gros attroupements des jours précédents se développent encore, sous le commandement d'une poignée de nobles comme Royrand et Sapinaud. Toutefois, les bandes du Marais breton et du bas Bocage, soit 10 000 hommes, sous les ordres de Jean-Baptiste Joly, un ancien sergent de l'armée royale, échouent par deux fois dans leur tentative de s'emparer des Sables-d'Olonne, les 24 et 27 mars (ce jour-là, ils perdent 300 hommes, contre 2 pour les républicains).

La Vendée militaire

Organisation

Louis de Salgues de Lescure, peinture de Robert Lefèvre.
Carte des zones d'insurrection.
Carte détaillée de la Vendée militaire (en vert apparaissent les forêts).

Fin mars, la « Vendée militaire » est pour une bonne part dessinée : le département de la Vendée, les moitiés méridionales de la Loire-Inférieure et du Maine-et-Loire. Le nord-ouest des Deux-Sèvres, Bressuire , Chatillon tombe à son tour en mai[36].

L'armée insurgée est peu centralisée, mal équipée (les trois quarts des hommes n'ont pas de fusil avant l'attaque de Chalonnes, une grande partie des armes et munitions venant des dépouilles des soldats républicains) et non permanente, les paysans retournant sur leurs terres dès qu'ils le peuvent après les combats. Toutefois, des soldats de métier, déserteurs de l'armée républicaine, la rejoignent, lui apportant leur expérience[27]. Ainsi, Charette, dont les insuccès et la tactique prudente attisent la méfiance, n'a guère d'autorité sur ses hommes dans un premier temps ; c'est l'arrivée de meilleurs éléments, dont des déserteurs républicains, et la constitution d'une cavalerie d’élite composée de nobles et de bourgeois équipés à leurs frais qui lui permettent de remporter ses premiers vrais succès et de s'imposer[37].

Trois armées, constituées à partir des rassemblements de mars, la composent : l'armée d'Anjou, à l'est de la rivière Sèvre nantaise (40 000 hommes) ; l'armée du Centre, au cœur de la Vendée (10 000 hommes) ; l'armée du Marais, entre la Sèvre nantaise et l'océan Atlantique (15 000 hommes). Elles s'occupent avant tout de sauvegarder la portion de territoire dont elles sont issues[38].

Armée « populaire », elle trouve un soutien tant au niveau logistique que militaire parmi le petit peuple des campagnes. Les célèbres « moulins de Vendée » dont la position des ailes servent à prévenir des mouvements des troupes gouvernementales en sont une illustration.

La stratégie des combats, basée sur des opérations de harcèlement, s'organise autour des atouts que procure le bocage, partout présent : composé de haies et de chemins creux, il facilite les opérations d'embuscade et gêne la manœuvre des grandes unités de l'armée révolutionnaire. Enfin, la Vendée militaire se dote d’une instance suprême, qui prend également des décisions civiles, le Conseil supérieur d’administration de la Vendée, après la prise de Fontenay le 26 mai[39].

Les premières opérations sont un franc succès pour les Blancs. Après un premier échec à la première Bataille de Fontenay-le-Comte le 16 mai, l'armée du Centre, avec La Rochejaquelein, Lescure, D'Elbée, Cathelineau, Stofflet et Bonchamps, entre dans Fontenay-le-Comte (deuxième bataille de Fontenay-le-Comte) le 25 mai et bat les 7 000 hommes du général Chalbos (la moitié sont faits prisonniers), avant de se retirer. La semaine suivante, les états majors des armées du Centre et des Mauges décident d'attaquer Saumur ; un détachement de 1 500 républicains est vaincu à Vihiers le 6 juin, des renforts républicains venant de Thouars dispersés à Montreuil-Bellay le 8 juin ; les Blancs s'emparent de Saumur le 10 juin, avec environ 15 000 fusils et plus de 60 canons (pour obtenir la reddition de la garnison, ils ont fait marcher devant eux les femmes et les enfants des gardes nationaux). Devant la démoralisation des Bleus, 4 cavaliers parviennent à eux seuls à s'emparer de La Flèche.

Toutefois, alors que l'état-major royaliste hésite entre marcher sur Nantes ou sur Paris et attaquer Niort, afin de détruire l'armée de Biron, dès le 12 juin, 20 000 des 30 000 paysans rassemblés rentrent chez eux, ruinant ainsi les réussites des jours précédents. Par ailleurs, des rivalités opposent entre eux la multitude des officiers choisis par leurs hommes. Pour assurer la cohésion de l'ensemble, les chefs — issus de la petite noblesse — élisent « généralissime » un roturier, Cathelineau, le 12 juin.

L'échec de l'assaut contre Nantes

François de Charette par Jean-Baptiste Paulin Guérin (1819).
Article détaillé : Bataille de Nantes.

Deux jours plus tôt, le 10 juin, Charette, qui a fini par s'imposer aux autres bandes du Marais breton, après de nombreux échecs en avril, s'empare de Machecoul, gardée par 1 300 hommes, à la tête d'environ 15 000 hommes ; les républicains laissent sur le terrain 200 tués et une dizaine de canons. Cette réussite ouvre la route de Nantes.

Dans le même temps, l'armée de Lescure, partie de Saumur, descend la Loire et entre le 18 juin dans Angers, abandonnée par les 5 000 hommes de la garnison, et une messe y est célébrée. Charette lui écrit alors pour lui proposer de s'emparer avec lui de Nantes, de son port et de ses richesses. Sans attendre, il avance avec 20 000 hommes[40].

À Nantes, malgré la division entre le peuple (montagnard) et la bourgeoisie du négoce et du barreau (girondine), les habitants refusent d'évacuer la ville, comme l'ordonnent les envoyés en mission, affolés, et organisent la résistance, rassemblant tous les canons et toutes les barques disponibles, construisant redoutes et fossés. Aux côtés du maire Baco de la Chapelle, le général Canclaux, chef de l'armée des côtes de Brest, réunit 3 000 hommes de ligne et cavaliers, auxquels s'ajoutent 2 000 volontaires, 5 000 gardes nationaux et 2 000 ouvriers employés à la réparation des armes, soit un total de 12 000 hommes, contre les 15 000 de Charette sur la rive gauche de la Loire et les 18 000 de Lescure sur la rive droite. Devant cette résistance et le manque de coordination des royalistes, l’attaque contre Nantes, les 28 et 29 juin, échoue. Le 28, une attaque des troupes de Charette est repoussée, et il bombarde la ville, avant de décider de se retirer dans la soirée, devant l'absence de l'armée venue d'Angers (persuadé qu'il est d'avoir été victime d'une trahison). Le lendemain, trois colonnes de la seconde armée menées par Bonchamps, D'Elbée, Cathelineau arrivent successivement par les routes de Paris, Rennes et Vannes. Surpris par la résistance farouche des Nantais, les Blancs parviennent à entrer tout de même dans la ville, mais Cathelineau est tué, et les paysans, démoralisés, se retirent. D'Elbée lui succède.

Au même moment, Biron, général en chef de l'armée des côtes de La Rochelle, ordonne à Westermann de mener un raid de diversion dans le cœur de la « Vendée militaire ». À la tête de 2 500 hommes, ce dernier fond sur Parthenay, s'empare de Châtillon, capitale des insurgés, bousculant, le 2 juillet, les 10 000 paysans chargés de sa défense, où il délivre 2 000 prisonniers républicains, pille les magasins des insurgés et s'empare des archives du Conseil supérieur des Blancs.

Le lendemain, 25 000 paysans se retrouvent aux abords de la ville et surprennent Westermann, qui n'en réchappe qu'avec 500 hommes, laissant 3 000 morts et blessés, ses canons et des centaines de prisonniers. Cette attaque mal menée empêche cependant les Blancs de tenter un second assaut contre Nantes. Pour protéger leur territoire, les insurgés repassent massivement sur la rive gauche de la Loire[41].

La Virée de Galerne

Une réorganisation des troupes républicaines

La déroute de Cholet, par Jules Giradet

Devant les succès des contre-révolutionnaires, qui battent à la bataille de Vihiers une armée de 6 000 hommes composés des garnisons d'Angers et de Saumur (qui perd 1 500 tués et 22 canons) et par crainte de contagion, Biron est destitué et les généraux nobles (Canclaux, Grouchy, Aubert-Dubayet) remplacés, à l'initiative du ministre de la guerre Bouchotte, par des sans-culottes (Rossignol, Ronsin, Léchelle, d'anciens militaires, mais aussi le comédien du Théâtre-Français Grammont ou le brasseur Santerre). Certains se révèlent de médiocres généraux, à la tête d'une armée « composite, mal équipée, condamnée au pillage pour survivre et détestée par les populations ». Cette ingérence des hébertistes dans la guerre de Vendée dure jusqu'en novembre.

Les Mayençais (du nom de la garnison de Mayence, qui a capitulé avec les honneurs le 23 juillet) sont envoyés en renfort sous les ordres de Kléber le 1er août. Arrivés à Nantes les 6, 7 et 8 septembre, cette troupe disciplinée et courageuse est placée sous les ordres de Canclaux, chef de l'armée de l'Ouest jusqu'au 1er octobre 1793. Le comité de salut public envoie également à l'armée de l'Ouest Jean-Baptiste Carrier, pour compléter le rétablissement de l'ordre.

Article détaillé : Bataille de Luçon.

Les opérations peuvent mêler ponctuellement des civils aux troupes régulières, comme le 13 septembre à Doué-la-Fontaine, où le tocsin rassemble 30 000 hommes contre les « brigands »[42], ou le 25 septembre à La Châtaigneraie[43]. Charette est chassé du Marais breton par Kléber. En revanche, la défaite d'autres colonnes remet en cause les plans, et les Blancs contraignent Canclaux, installé à Cholet, à se retirer sur Clisson. Le 18 septembre, 2 000 Mayençais de Kléber font face à 20 000 Vendéens, qui les contraignent à retraiter vers Clisson.

Article détaillé : Bataille de Cholet.

Devant l'échec de son premier plan, Canclaux forme deux colonnes républicaines, parties de Nantes et de Niort, qui doivent se rejoindre à Cholet. Occupant la ville avec ses 10 000 hommes, Kléber fait face à 40 000 Vendéens lors de la bataille de Cholet, le 17 octobre. Après plusieurs assauts qui finissent au corps à corps, les Vendéens reculent. Les deux camps laissent des milliers de morts sur le champ de bataille ; Bonchamps et D'Elbée sont grièvement blessés[44].

La traversée de la Loire et le mouvement vers Granville

Le Général Lescure blessé passe la Loire à Saint-Florent (auteur inconnu, 1882)
Article détaillé : Virée de Galerne.

Les Vendéens décident alors de traverser la Loire pour relancer la révolte en Bretagne et dans le Maine, où existe la Chouannerie, et aider des renforts britanniques à débarquer sur les côtes de la Manche.

En une nuit, le 18 octobre, La Rochejaquelein, le nouveau généralissime, fait traverser la Loire à toutes ses troupes, 20 000 à 30 000 combattants[45] accompagnés de civils, soit entre 60 000 et 100 000 personnes[46]. C'est le début de la « Virée de Galerne » (francisation de gwalarn, nom du vent de noroît en breton).

En route pour Granville, il se dirige vers Laval, repoussant aisément les garnisons locales et les gardes nationaux hâtivement rassemblés par les autorités. Sans attendre les renforts, Westermann engage la bataille d'Entrammes, au sud de Laval. Il lance par deux fois ses cavaliers contre les Vendéens, qui les repoussent ; la seconde fois, la fuite des hommes de Westermann provoque la panique parmi les 30 000 hommes mis au repos par Kléber à Château-Gontier, qui reflue jusqu’à la Loire ; les Vendéens massacrent les Bleus toute la journée du 27 octobre, n'arrêtant de sabrer qu'à l'aube du 28 ; ils s'emparent de 19 canons, des approvisionnements et des munitions.

Article détaillé : Bataille d'Entrammes.
Article détaillé : Bataille de Fougères.

La nouvelle de ces victoires spectaculaires se répand rapidement dans l'Ouest, relançant la rébellion paysanne, et ils sont rejoints par des centaines de volontaires d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan, qui atteignent environ 6 000 hommes devant Granville. Mais, mal soutenue par la population locale, la troupe s'épuise et perd beaucoup d'hommes[47].

Le retour vers la Vendée et l'anéantissement de l'armée catholique et royale

Henri de La Rochejaquelein (huile sur toile de Guérin).
Article détaillé : Siège de Granville.

Au siège de Granville, aucun bateau britannique n'attend les insurgés et la ville, républicaine, se défend vaillamment, les 13 et 14 novembre. La troupe repart alors en sens inverse. Épuisée moralement et amoindrie (il ne reste que 40 000 personnes), elle repousse les 20 000 hommes réunis par Rossignol à Antrain et les 4 000 hommes et les 10 canons du général Tribout, mais bifurque vers Angers, dont elle fait le siège, sans réussir, puis marche sur Le Mans pour s'emparer des approvisionnements amassés par les républicains et redescendre sur Blois. Entrée avec 30 000 ou 40 000 hommes le 10 décembre dans la ville, où elle prend du repos et festoie, elle perd la bataille du Mans, les 13 et 14 décembre. Les 15 000 survivants s'enfuient vers Laval, qu'ils traversent pour la troisième fois, dévorés par la dysenterie et insultés par la population excédée. Le 15 décembre, les femmes de Laval désarment 400 à 500 Vendéens[48]. Le 18 décembre, les paysans des alentours de Sablé-sur-Sarthe en tuent environ 2 000[49]. L'armée catholique et royale se fait tailler en pièce à la bataille de Savenay, près de Nantes, le 23 décembre.

Article détaillé : Bataille du Mans (1793).
Article détaillé : Bataille de Savenay.

Environ 4 000 personnes parviennent à s'échapper avant l'arrivée de la totalité des Bleus et retraversent la Loire ou rejoignent les bois du Maine, de Haute-Bretagne ou du Morbihan, se dispersant en petites bandes appuyées par une partie des populations locales et fournissant les cadres d'une guérilla permanente[47].

Dans son rapport à la Convention, le général Westermann déclare :

« Citoyens républicains, il n'y a plus de Vendée ! Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m'avez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher; les routes sont semées de cadavres. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. [...] Nous ne faisons pas de prisonniers, Il faudrait leur donner le pain de la liberté et la pitié n'est pas révolutionnaire. »

Ces propos ne reflètent pas l'exacte réalité, d'autant que l'existence même du document reste douteuse[50] : des milliers de Vendéens ont été faits prisonniers et enfermés dans les prisons des villes de l'Ouest et la rébellion n'est pas anéantie[51]. Si Westermann se vante ainsi, c'est « pour faire oublier la médiocrité de son commandement qui a mis en péril l'armée républicaine à plusieurs reprises et son opposition ouverte à des généraux sans-culottes. Il n'évite pas pour autant l'échafaud. »[52]

Cette victoire ne rassure pas les généraux et les envoyés en mission ; la longue errance de cette colonne de Vendéens, alors que l'on croyait l'insurrection presque écrasée, a terrifié le pays. Pour eux, l'ensemble de la région est dominée par la Contre-révolution ou le fédéralisme. Ceci permet d'expliquer la répression qui s'abat contre les insurgés. Quant à l'intensité de cette répression, elle renvoie à une exacerbation de la violence qui rend caduques les règles habituelles de la guerre « pour un certain nombre de responsables politiques et militaires comme pour des soldats et des militants », mais contraire aux décrets de la Convention (femmes, enfants, vieillards et même hommes sans armes devant, par exemple, être préservés), à qui chefs militaires et représentants en mission mentent régulièrement[53].

La répression de l'insurrection vendéenne

La fin de la Virée de Galerne marque le début d'une politique de représailles sanglantes.

La Terreur à Nantes

Jean-Baptiste Carrier
Article détaillé : Terreur à Nantes.

Envoyé en mission dans les cinq départements bretons par un décret du 14 août 1793, Jean-Baptiste Carrier est installé à Nantes par un arrêté du comité de salut public du 29 septembre (où il reste malgré un nouveau décret du 13 octobre, l'affectant à l'armée de l'Ouest avec Bourbotte, Francastel et Turreau, le cousin du général). Arrivé le 8 octobre, il trouve une ville profondément divisée entre ses éléments populaires et ses notables. Fin septembre et début octobre, son prédécesseur, Philippeaux, a destitué les administrations élues en décembre 1792 et créé un comité et un tribunal révolutionnaires ; ce tribunal a formé la compagnie Marat, une petite armée révolutionnaire d'une soixantaine d'hommes recrutés sur le port (pour 10 livres par jour).

Disposant d'emblée des instruments d'une politique de Terreur, Carrier utilise le blé réquisitionné en Vendée pour nourrir l'armée et le petit peuple nantais, crée une police occulte, concurrente avec la compagnie Marat, et simplifie la procédure du Tribunal révolutionnaire, qui conduit à la guillotine 144 personnes soupçonnées de complicité avec les Vendéens en novembre et en décembre 1793. Après la bataille de Savenay, des milliers de prisonniers sont envoyés dans les prisons de Nantes, puis, en raison du manque de place, dans les entrepôts du port, où plusieurs milliers meurent d'épidémie. Devant la menace sanitaire qu'ils représentent pour la ville, et parce qu'il s'agit de contre-révolutionnaires, une commission militaire est créée ; de la fin décembre à la fin février, elle fait fusiller 2 600 personnes (avec un maximum de 200 exécutions en une journée). Mais, comme on n'arrive plus à les enterrer et que les fusillades ne suffisent pas, Carrier organise les « mariages républicains », noyade massive des « brigands » de l'insurrection, attachés et liés entre eux et dépouillés de tous leurs biens[54].

On ne connaît pas le nombre exact de ces noyades (il y en aurait eu entre 7 et 11), mais l'on peut dire que 300 à 400 personnes sont noyées chaque fois[55]. Pour le nombre des victimes, plusieurs évaluations coexistent, parmi les auteurs. En 1839, Ange Guépin parle de 3 500 noyés. En 1924, Gaston Martin les évalue à 1 800. Parmi les évaluations plus récentes, Alfred Lallie considère qu'il y a eu 4 860 victimes. Quant à Jean-Clément Martin, il explique que « près de 4 000 personnes au moins meurent de ces noyades. 10 000 sans doute au total disparaissent pendant les quelques mois que Carrier passe à Nantes. »[56]

De même, 132 notables nantais[57] sont arrêtés comme fédéralistes et envoyés à Paris pour être jugés par le tribunal révolutionnaire ; 12 meurent au cours du voyage, 24 en prison. Les exactions de Carrier sont dénoncées par Jullien de Paris, agent du comité de salut public en mission sur la côte atlantique, et il est obligé de demander son rappel le 9 pluviôse an II (8 février 1794)[58].

La répression à Angers et Saumur

À Angers, où les envoyés en mission Hentz et Francastel sont confrontés, comme Carrier à Nantes, à l'arrivée de milliers de prisonniers vendéens après la bataille de Savenay, les militaires forment en janvier 1794 une commission militaire dite « commission Parein », qui, en quelques semaines, condamne à mort 2 000 personnes, essentiellement des femmes, dans la plupart des cas pour activité contre-révolutionnaire (terme générique renvoyant aussi bien à une participation active à la rébellion que la participation à une messe donnée par un prêtre réfractaire, la parenté avec des insurgés ou même le refus de céder aux avances des juges)[59]. Jean-Clément Martin note :

« Ce détournement à des fins personnelles des principes répressifs provoque le rejet de cette commission militaire par les révolutionnaires locaux. »

La pratique de la noyade est également usitée, dans une moindre mesure, à Angers et Saumur, où des milliers d'insurgés ont été emprisonnés[60].

Les colonnes infernales

Article détaillé : Colonnes infernales.
Tous les insurgés n'ont pas traversé la Loire. Pendant la Virée de Galerne, les combats continuent en Vendée. C'est dans ce cadre que se situe l'épisode de la mort de Joseph Bara, jeune soldat tué le 7 décembre 1793, près de Cholet[61]. Élevé au rang de "martyr de la liberté" par la Convention, de nombreux récits hagiographiques lui sont consacrés. Ici la version de David (1794)

Après Savenay, La Rochejaquelein et Stofflet, qui sont parvenus à traverser la Loire, sont rejoints par quelques milliers de rescapés. De son côté, Charette, qui n'a pas pris part à la « virée de Galerne », tient le Marais breton. Devant le retour d'une guerre d'embuscades et de coups de mains, les Bleus, exaspérés, mêmes ceux originaires des départements concernés, réclament l'exécution du décret du 1er août 1793 sur la « destruction de la Vendée ».

Des rapports contradictoires parviennent au comité de salut public. Le 14 janvier, de Nantes, Carrier, Turreau et Bourbotte signalent que Charette n’a plus avec lui que « six à sept cents brigands mal armés et sans canons », que « Catelimaire (sic) est avec pareil nombre et dans le même état, se cachant dans les bois », et que La Rochejaquelein, qu’ils avaient « cru mort, fait de vains efforts pour se recruter du côté de Cholet[62]. » Le 14 février, de Blois, Garnier de Saintes évalue, de son côté, « le nombre de brigands tués à quatre-vingt mille, et celui existant encore et rassemblé en corps d'armée, à quinze ou seize mille »[63]. Le même jour, de Poitiers, Brival affirme, pour sa part, qu'il « est faux que la Vendée soit détruite », que « l'armée de Charette, quoique grandement diminuée, subsiste toujours » et qu'« elle s'est même emparée de Bressuire »[64]. Le 15 février, de Saumur, Hentz et Garrau, quant à eux, affirment : « Il est faux que les rebelles soient relevés, que Charette soit réuni à La Rochejaquelein; la mort de ce dernier se confirme, et le premier n'a pas sous ses ordres plus de 4 000 hommes. La horde commandée par La Rochejaquelein est de 3 000 à 4 000 hommes mal armés. Il ne reste à détruire que quelques poignées de forcenés, reculés dans les bois, et qui ont profité de quelques instants de négligence pour faire des incursions[65]. » Le même jour, de Rochefort, Topsent et Guezno rapportent « qu'on les dit être encore de 8 000 à 9 000 hommes »[66].

Nommé général en chef de l'armée de l'Ouest en novembre 1793, le général Turreau propose d'abord à la Convention, le 19 décembre d'offrir une amnistie aux rebelles, mais il ne reçoit aucune réponse. Probablement pour des raisons d'opposition personnelle, il rejette ensuite le plan de Kléber, qui propose de quadriller la région et de rétablir la discipline parmi les troupes pour gagner la confiance de la population. Le 7 janvier, il demande des ordres clairs sur le sort des femmes et des enfants auprès des représentants en mission Francastel, Bourbotte et Turreau qui ne lui répondent pas, se déclarant malades. Enfin, le 19 janvier, il met au point un plan de campagne dans lequel douze colonnes mobiles, ultérieurement rebaptisées « colonnes infernales », sont chargées de dévaster la zone parcourue par les rebelles, hormis quelques villes indispensables à la marche des troupes. À ses hommes, il ordonne de respecter hommes, femmes et enfants dont le patriotisme ne fait pas de doute, mais d'exécuter tous ceux qui seront convaincus d'avoir porté les armes contre la République, en précisant que « cette exécution ne pourra cependant se faire sans que le général ne l'ait préalablement ordonnée ». Prévu pour durer jusqu'au début de février, ce plan est remanié dès la fin de janvier, devant les risques de perte d'approvisionnements et l'affaiblissement de ses colonnes dispersées: les troupes républicaines sont désormais divisées en huit colonnes et se voient assigner la traque de Charette. Par trois fois, Turreau soumet son plan à la Convention, mais ne reçoit aucune réponse. À un représentant en mission qui réclame des consignes, le comité de salut public répond que les envoyés en mission sont les mieux à même d'apprécier les mesures à prendre sur place. Le 6 février, la Convention rappelle à Turreau que l'objectif est de détruire les « brigands », de ne pas brûler les fermes et de protéger les citoyens « égarés » qui ont rendu les armes. Le 13 février, Carnot écrit à Turreau pour le sommer de « réparer ses fautes ». Ne se sentant pas soutenu, Turreau présente par deux fois sa démission le 31 janvier et le 18 février. De son côté, l'administration départementale montagnarde dénonce les horreurs de la campagne militaire dirigée par le général[67].

La troisième bataille de Cholet lors des colonnes infernales, peinture de Jules Benoit Levy.

Le 17 février, le plan est mis à exécution, avec deux armées divisées chacune en six colonnes, partant l'une de l'ouest, l'autre de l'est. Toutefois, les chefs des colonnes n'ont pas tous appliqué les ordres de destruction et de tueries systématiques[68]. Tandis que les colonnes commandées par Cordellier et Grignon se livrent sans distinction à des massacres dans la population rencontrée, le général Moulin fait évacuer les habitants jugés patriotes[67]. De plus, les membres de la Commission civile et administrative créée à Nantes pour récupérer vivres et bétail au profit des Bleus, accompagnent les armées, ce qui permet d'épargner des vies et des localités. Certaines colonnes, en revanche, se livrent au pillage et massacrent la population civile, violant et torturant, tuant femmes et enfants à l'arme blanche pour ne pas gaspiller la poudre, brûlant des villages entiers, détruisant les récoltes et tuant le bétail. Bien loin de faire disparaître la révolte, d'autant que des Vendéens patriotes sont tués tout autant que des insurgés, les colonnes font fuir la population (voir les réfugiés, ci-après). Le 20 février, à Nantes, Garrau, Hentz et Francastel arrêtent que les civils « doivent s'éloigner à vingt lieues au moins du département de la guerre »[69]. Certains quittent le département, mais plusieurs milliers rejoignent les bandes de Charette et de Stofflet, intensifiant la guérilla, qui devient plus cruelle que jamais[68]. Cette période voit également le retour de pratiques liées à la violence d'Ancien Régime : « sur décision d'une commission militaire, les têtes de quelques Vendéens et chouans notables, dont celle du prince de Talmond, sont mêmes exposées après décapitation pour épouvanter le public. »[70]

En réponse, Charette monte une campagne victorieuse dans le Marais et le Bocage, La Rochejaquelein et Stofflet dans les Mauges. Les Bleus sont ainsi dispersés à Cholet, Beaupréau, Bressuire et Argenton-le-Château. Le 22 avril 1794, Charette, Stofflet, Sapinaud et Marigny se retrouvent au château de La Boulaye, afin d'enterrer leurs querelles et d'unir leurs forces, mais en vain. Le 10 juillet, les hommes de Stofflet fusillent Marigny[71].

Turreau est finalement suspendu le 17 mai 1794[72], et l'activité des colonnes infernales décroît progressivement au cours du printemps. Ceci traduit une reprise en main des rênes de l'État par le comité de salut public qui, « au prix d'une utilisation des mots d'ordre les plus fermes et d'une détermination de fer », parvient à contrôler les violences qui ensanglantent le pays[73].

Selon les auteurs, le bilan de ces massacres varie entre 20 000 et 200 000 morts[74]. Une centaine de villages ont été brûlés, mais tous leurs habitants n'ont pas été tués, beaucoup ayant trouvé le moyen de se réfugier dans les bois et les bocages et de rejoindre les insurgés[75]. La Vendée est profondément marquée par ce passage dramatique de son histoire et en conservera longtemps les stigmates , tant dans le paysage que dans les mentalités.

Pour Jean-Clément Martin :

« Après la victoire de Savenay, l'armée révolutionnaire hésite entre une occupation militaire stricte, prônée par Marceau et Kléber, et la destruction des bandes insurgées toujours actives. Le commandant en chef Turreau se rallie à cette deuxième solution en se couvrant des décrets d'août et d'octobre 1793, mais en laissant ses généraux libres d'appliquer les clauses de protection des populations désarmées — malgré la réitération des ordres de la Convention. Quelques généraux maintiennent une discipline militaire qui préserve les ruraux. D'autres engagent leurs soldats dans une opération de dévastation. Organisés en colonnes « incendiaires », baptisées « infernales », les républicains massacrent, brûlent et violent sur leur passage, essentiellement dans le Pays nantais et dans les Mauges (les autres zones étant plus ou moins protégées par des généraux hostiles à ces pratiques, ou par des représentants en mission jaloux de leurs prérogatives). Les destructions sont importantes, quoique aléatoires et souvent inefficaces, ressuscitant la résistance rurale là où elle avait disparu et achevant d'unifier la région Vendée autour des chefs insurgés[76]. »

La paix

Une pacification brève et incertaine

Au printemps 1794, les colonnes infernales de Turreau sont dissoutes, et des mesures prises pour cantonner les soldats et interdire les pillages.

Le général Dumas, commandant en chef de l'armée de l'Ouest

Le général Alexandre Dumas, nommé commandant en chef de l’armée de l'Ouest le 17 août 1794[77], arrive à Nantes en septembre. Il procède à une inspection des troupes et de la situation. Le 8 octobre, après avoir établi l'effectif (47 887 hommes dont 29 814 valides), il dénonce dans un rapport au comité de salut public les conditions de la guerre civile et demande a être relevé de son commandement :

« Le mal est surtout dans l’esprit d’indiscipline et de pillage qui règne à l’armée, esprit produit par l’habitude et nourri par l’impunité. Cet esprit est porté à un tel point, que j’ose vous dénoncer l’impossibilité de le réprimer, à moins d’envoyer les corps qui sont ici à d’autres armées et de les remplacer dans celle-ci par des troupes dressés à la subordination […] il vous suffira d’apprendre que des chefs ont été menacés d’être fusillés par leurs soldats pour avoir voulu, d’après sur mon ordre, empêcher le pillage […]. La Vendée a été traitée comme une ville prise d’assaut. Tout y a été saccagé, pillé, brûlé. Les soldats ne comprennent pas pourquoi cette défense de continuer aujourd’hui de faire ce qu’ils faisaient hier […] le moyen de rappeler dans les rangs des soldats, l’amour de la justice et des bonnes mœurs […] et cependant jamais les vertus militaires ne sont plus nécessaires que dans les guerres civiles […] je me serais mal expliqué si vous pouviez induire de mon rapport que la Vendée est encore dangereuse pour la république et qu’elle menace sa liberté […] je crois même que la guerre peut être promptement terminée[78]. »

Il ajoute dans ses mémoires :

« les Vendéens n’avaient plus besoin du prétexte de la religion et de la royauté pour prendre les armes ; ils étaient forcés de défendre leurs chaumières, leurs femmes qu’on violait, les enfants qu’on passait au fil de l’épée […] Je voulus discipliner l’armée, et mettre à l’ordre du jour la justice et l’humanité. Des scélérats, dont la puissance a fini avec l’anarchie, me dénoncèrent : on calomnia le dessein que j’eus d’arrêter le sang qui coulait, on m’accusa de manquer d’énergie[79]. »

Le général Dumas est suivi par le comité de salut public qui fait venir en renfort 15 000 hommes de l'armée des côtes de Brest et 6 000 hommes de l'armée des côtes de Cherbourg, unifiés sous le commandement du général Hoche.

Lazare Hoche, gravure de Bosselman parue dans l’Histoire de la Révolution française d'Adolphe Thiers (1865).

Sous la Convention thermidorienne, les représentants en mission (Bollet, Boursault, Ruelle) et les nouveaux chefs militaires, Hoche en Bretagne, Canclaux en Vendée, passent à une politique de clémence. Les prisonniers sont relâchés, les insoumis amnistiés. Le 24 septembre et le 13 octobre 1794, une amnistie est promise aux rebelles d'Ille-et-Vilaine et du Morbihan qui se rendraient dans les dix jours. Par la suite, l'amnistie est étendue aux rebelles qui se soumettraient dans un mois par le décret du 2 décembre, tandis que les représentants en mission sont autorisés par la Convention à négocier avec les chefs royalistes. Le 23 décembre, des négociations sont entamées, et Charette reçoit Bureau-Batardière, émissaire républicain, le 25. Après de laborieuses négociations, il est décidé que Charette rencontrera les commissaires de la Convention au château de La Jaunaye, le 12 février 1795. Toutefois, le 28 janvier, Stofflet demande le rétablissement du trône dans un manifeste contresigné par l’abbé Bernier.

Jean-Nicolas Stofflet

Dans le même temps, les opérations militaires républicaines reprennent. À l'époque, en Vendée, Charette tient le Marais, Sapinaud le Bocage et Stofflet les Mauges. Organisant des colonnes mobiles, Canclaux harcèle les bandes royalistes et parvient à isoler Stofflet de Charette. De son côté, Hoche organise une contre-guérilla efficace pour combattre la chouannerie.

Article détaillé : Traité de La Jaunaye.

Un accord de paix est conclu à La Jaunaye, près de Nantes, le 17 février 1795 : l’amnistie est accordée aux rebelles, leurs biens leur sont restitués, ils bénéficient d'indemnités en cas de vente ou d'incendie, même s'ils sont portés sur la liste des émigrés, ainsi que du remboursement des bons et des assignats. Les Vendéens sont dispensés de levées militaires et leurs armes leur sont laissées, les troupes républicaines se retirent, et la liberté de culte leur est accordée. Charette signe, mais pas Stofflet, qui n'arrive à La Jaunaye que le lendemain. La pacification de La Prévalaye, près de Rennes, le 20 avril 1795, accorde les mêmes conditions aux chouans.

Poursuivi par les armées républicaines, Stofflet marche vers la Loire, ordonnant une levée, mais il n’arrive à mettre sur pied qu’une armée de 3 000 combattants. Le 26 avril 1795, il perd et son armée et son arsenal. Seul, il écrit à Canclaux et s’engage, le 2 mai 1795, à ne plus porter les armes contre la République. La soumission de Stofflet est reçue à la Convention le 9 mai.

L'insécurité demeure cependant. Des insurgés qui n'ont pas déposé les armes mènent dans de nombreuses régions la « chasse aux patauds » (les patriotes) ; les républicains sont victimes de vexations et de brutalités, volés, voire assassinés lors de règlements de compte où se mêlent questions politiques, vengeance personnelle et simple criminalité. Dans de nombreuses municipalités rurales, entre les mains de royalistes, on interdit aux « patriotes » réfugiés dans les villes de revenir, y compris par la force[80]. Cependant, c’est à cette période que les retours de réfugiés commencent à se faire en nombre.

Les réfugiés vendéens

L’étude du phénomène des réfugiés est encore très récente. Elle couvre à la fois les aspects chronologiques et sociologiques, mais aussi l’attitude des autorités quant à leur accueil. La quantification est encore loin d’être satisfaisante, mais, en 1796, on peut estimer à au moins quarante mille le nombre de personnes qui ne sont pas revenues chez elles[81].

Avant même le début de la guerre, des réfugiés affluent dans les départements voisins de la Vendée. En février, ils sont suffisamment nombreux en Charente-Inférieure pour qu’un décret soit pris pour organiser leur accueil. Les premières vagues importantes arrivent dès le 10 mars 1793 à Nantes. Entre le 19 et le 31 mai, entre 650 et 1000 familles arrivent à Angers. Il s’agit alors essentiellement de républicains, qui fuient la zone des combats, ou abandonnent les villes avant qu’elles soient attaquées par les Vendéens[82]. Ainsi, près de 10 % de la population de La Roche-sur-Yon fuit la ville[83]..

Une deuxième vague de réfugiés a lieu d’août 1793 à janvier 1794. Le décret du 1er août, qui ordonne la destruction de la Vendée, organise l’évacuation, l’accueil et la protection des réfugiés. Si les réfugiés du printemps étaient bien accueillis, leur nombre, les difficultés d’approvisionnement, et la suspicion à leur égard refroidissent un peu l’accueil. Craignant que de nombreux agents royalistes se trouvent dans leurs rangs, les représentants en mission Francastel, Garrau et Hentz prennent un arrêté, le 20 février 1794, les éloignant de vingt lieues (80 km) de la zone des combats. Les sommes nécessaires à leur voyage leurs sont fournies, et sont exemptés de l’éloignement les malades, les vieillards, les enfants, leur famille proche et leurs domestiques, ainsi que des artisans spécialisés utiles à l’armée[84].

Enfin, à partir de janvier 1794, une troisième vague mêlant Bleus et Blancs, fuit les colonnes infernales (notamment celle du général Cordellier[85]). Elle est très nombreuse, est systématiquement éloignée du théâtre des opérations. Plus du tiers des départements français accueillent ainsi des réfugiés[86]. Le 28 mai, Garnier de Saintes rapporte au comité de salut public que les insurgés « forcent les femmes, sous peine de mort, à évacuer la Vendée, à se retirer sur les terres de la République. Par là ils trouvent le moyen de se débarrasser des bouches inutiles, et, dans le cas où nous punirions ces femmes de mort, celui de s’attacher encore plus leurs maris par le sentiment de la vengeance[87]. »

Les réfugiés sont essentiellement des femmes (environ les deux tiers) et des enfants (près de la moitié)[88] : les hommes sous-représentés sont probablement engagés d’un côté ou de l’autre. Ils viennent des villes et des petits bourgs pour plus de la moitié, mais la composante rurale reste forte : la société vendéenne est assez bien représentée, à l’exception des prêtres et des nobles[89]. Si la population est parfois méfiante, et si les autorités invoquent parfois les difficultés de subsistance pour en accueillir le moins possible, ils trouvent généralement un hébergement, voire un travail pour la durée de leur exil.

Si le retour est autorisé aux porteurs d’un certificat de civisme dès octobre 1794[90], il n’a réellement lieu que dans les zones calmes, encore rares. Ailleurs, les réfugiés craignent le décret du Conseil supérieur de Vendée du 24 juillet 1793, qui exige le serment de fidélité à Louis XVII, ou ordonne le départ avec interdiction de revenir. L’autorisation est élargie au printemps 1795, afin de soulager les finances publiques, et le retour véritable s’amorce, même si les bandes rendent les campagnes peu sûres, et si les représailles des Blancs vaincus effraient encore. Le retour massif a lieu avec la pacification de Hoche.

Les derniers soubresauts de la guerre

Exécution de François-Athanase Charette de La Contrie, en 1796, à Nantes, par B. Van Deschamp (1866)
Article détaillé : Expédition de l'île d'Yeu.

Suite à la reprise de la guerre en 1795, en rapport avec le débarquement des émigrés à Quiberon, Charette (nommé le 8 juillet « général de l'Armée catholique et royale » par le comte de Provence (futur Louis XVIII) depuis Vérone) reprend la lutte, fin juin, mais ne parvient à réunir que 4 000 paysans autour de lui. Pour le combattre, Hoche organise des colonnes mobiles de 50 à 60 cavaliers qu’il fait marcher la nuit. Le 30 septembre, l'annonce que le comte d'Artois va débarquer le 12 octobre sur le continent permet à Charette de réunir 15 000 hommes, mais les départs et les désertions se multiplient après l'abandon du projet, le 12 octobre. Tandis que Charette, harcelé par les républicains, doit fuir, Stofflet reprend à son tour le combat, en janvier 1796, suite à un ordre impérieux du comte d'Artois, mais il ne réunit que 2 à 3 000 hommes. Poursuivis, les derniers chefs vendéens sont capturés et fusillés, Stofflet (auquel succède Charles Marie de Beaumont d'Autichamp et Henri Forestier, mais le premier capitule en mai et le second quitte la France en août dans l'espoir de trouver de l'aide pour relancer la révolte[50]) fin février, Charette fin mars.

Malgré la volonté d'en découdre des républicains locaux, Hoche adopte une politique de fermeté à l'égard des chefs et de conciliations envers les ruraux déposant les armes, limite les excès des troupes républicaines, empêche parfois le retour des réfugiés républicains dans les zones pacifiées et laisse le culte catholique se réinstaller, détachant ainsi les paysans de leurs chefs et favorisant le retour au calme : beaucoup déposent les armes et de nombreuses paroisses font leur soumission. Enfin, il reprend le plan imaginé par Kléber en 1793, quadrillant la région par des camps fortifiés. Le 15 juillet 1796, le Directoire peut annoncer que « les troubles dans l'Ouest sont apaisés ».

Mais pendant longtemps, la Vendée, exsangue, garde les stigmates des combats. Le professeur Henri Laborit la mentionne, en 1980, en introduction du film d'Alain Resnais, Mon oncle d'Amérique, qui s'interroge sur les dysfonctionnements humains.

D'autres insurrections ont scandé l'histoire de la Vendée, qu'il s'agisse des soulèvements de 1799 et de 1815 ou de la tentative de la duchesse de Berry en 1832, marquant la naissance d'une conscience régionale spécifique. Sur le plan politique, la Vendée se distingue, depuis la Révolution, par une fidélité politique aux mouvements politiques conservateurs[91],[92].

Les « martyrs » de 1793 occupent le premier plan de la mémoire vendéenne pendant l'essentiel du XIXe siècle, avant d'être éclipsés par les morts de la guerre franco-allemande de 1870 et de la Première Guerre mondiale, deux conflits au cours desquels se réalise l'unité nationale[93].

Bilan humain

L'évaluation exacte des victimes de la guerre de Vendée, a fortiori la distinction entre morts liées directement ou indirectement à cette guerre, n'a jamais pu être établie, et l'on ne possède que des évaluations approximatives, d'où les variations dans les chiffres. Ainsi, il n'est pas possible de déterminer les pertes enregistrées parmi les combattants et les civils étrangers aux quatre départements de la « Vendée militaire » (certains originaires des colonies), peu nombreux, dans l'ensemble, parmi les rebelles, mais qui représentaient la plus grande part des troupes républicaines.

Évaluations d'époque

Très tôt, on a tenté d'offrir une évaluation chiffrée des morts de cette guerre. En 1796, le général Hoche, évalue les conséquences humaines de cette guerre à 380 000 morts pour l'ensemble de l'Ouest (chouannerie et guerre de Vendée)[94]. Dans une lettre au ministre de l'Intérieur du 2 février 1796, il estime que « six cent mille Français ont péri dans la Vendée »[95]. En l'an V, dans son Histoire générale et impartiale des erreurs et fautes commises pendant la Révolution française, Louis Marie Prudhomme, lui, évalue à 120 000 le nombre de morts en Vendée, contre 184 000 dans les colonies et 800 000 pour la défense du pays dans les armées[96].

Sources scientifiques

D’après l’analyse statistique de Donald Greer[97], en 1935, sur 35 à 40 000 personnes exécutées dans l’ensemble de la France pendant la période de la Terreur (16 594 condamnés à morts par les tribunaux, le reste étant victime d'exécutions sommaires), 75 % sont des rebelles pris les armes à la main, condamnés au nom de la loi martiale et 52 % concernent l'ouest vendéen et chouan (contre 19 % pour le sud-est et 16 % pour Paris). Cette estimation, considérée comme une référence, a été reprise par tous les historiens. Ces chiffres comprennent les exécutions sans jugement de Nantes, Lyon et Toulon. En revanche, ils ne tiennent pas compte des morts liées aux combats de la guerre civile, directement (batailles, massacres) ou indirectement (épidémies, malnutrition, épuisement...).

Dans les années 1980, Reynald Secher[98] a dépouillé les registres paroissiaux et d’état-civil de 700 communes des quatre départements de la guerre de Vendée (Vendée, sud de la Loire-Atlantique, ouest de Maine-et-Loire, nord des Deux-Sèvres). À partir des naissances entre 1780 et 1789, puis entre 1802 et 1811, il dégage un taux moyen de naissances, auquel, dans les deux cas (1780-89 et 1802-11), il applique un multiplicateur commun (27), afin de restituer les populations avant puis après la guerre. La soustraction de la population des années 1800 par celle des années 1780 permet d'obtenir un « manque » de 117 257 personnes sur un total de 815 029 (soit 14,38 % de la population). Toutefois des critiques ont été adressées à ce travail :

  • les populations ainsi « restituées » sont celles de 1784 et 1807, ce qui dépasse les limites réelles du conflit (1792 et 1802) ;
  • ce travail se fonde sur l'hypothèse qu'il n'y a pas eu de changement dans la démographie française entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècles et ne tient pas compte du déficit des naissances pendant la période de la guerre ;
  • il ne fait pas la part des Vendéens tués pendant la guerre (dont une part seulement ont été victimes de massacres ou d'exécutions) et des décès causés indirectement par la guerre ;
  • il ne tient pas compte des réfugiés installés durablement dans les zones limitrophes ni de l'exode vers les villes ;
  • il ne distingue pas les morts en fonction de leur opinion politique (Vendéens républicains, royalistes ou indécis, dont la neutralité est remise en cause par la violence du conflit[99]) ;
  • enfin, il ne tient aucun compte des morts non vendéennes, pourtant conséquentes.

En 1987, Jean-Clément Martin[100] a repris la question du bilan humain. Il a tenté d'établir un bilan du déficit humain subi par la région en se basant sur une analyse des recensements de 1790 et de 1801, dont il a corrigé les inexactitudes à partir de ce que l'étude des sources de l'époque moderne a pu nous révéler de la démographie du XVIIIe siècle (avec un accroissement naturel annuel évalué à 1 %). Il trouve qu’en 1801, il manque 200 000 à 250 000 personnes, par rapport à ce que l’accroissement naturel aurait dû permettre, si l'équilibre des naissances et des décès n'avait pas été bouleversé par la guerre. Ce creux démographique est imputable essentiellement aux tueries des combats, touchant aussi bien les républicains que les royalistes et imputables aux deux camps. Par ailleurs, il précise que ces chiffres ne doivent pas faire oublier qu'une évaluation exacte des pertes républicaines est pratiquement impossible, les combattants venant de l'ensemble de la France, « voire des colonies antillaises »[101]. En outre, il ne faut pas négliger les déplacements de population, analysés par Guy-Marie Lenne en 2003[102].

Dans le même ordre d'idée, Louis Marie Clénet[103], considère que les guerres de Vendée ont fait 200 000 morts vendéens (dont 40 000 pour les colonnes infernales de Turreau).

En 2005, Anne Bernet[104], quant à elle, donne le chiffre de 150 000 morts pour les Vendéens et 150 000 pour l'armée républicaine et signale, en ces termes, une querelle de chiffres :

« Un bilan exact des victimes dans les deux camps est impossible à établir, faute de sources fiables. Les estimations les plus hautes font état de 600 000 morts, les plus basses de 120 000. Aujourd'hui on évalue à 300 000 le nombre de disparus. »

De son côté, en 1992, Jacques Dupâquier évalue les pertes républicaines à 30 000 morts[105].

En 2007, sous la direction de Jacques Hussenet, un nouveau bilan, prenant en compte les travaux antérieurs, surtout à partir de 1990, arrive au chiffre de 170 000 morts pour les habitants de la Vendée militaire[106], dont un quart à un cinquième de républicains[107]. Concernant plus particulièrement, les pertes de l'armée républicaine, Jean-Philippe Coullomb et Jérôme Laborieux évaluent, dans leur contribution, de 26 000 à 37 000 le nombre de tués[108]. Jacques Hussenet estime également qu'au regard du nombre total de soldats engagés (130 000 à 150 000), le nombre de victimes militaires ne peut être supérieure à 50 000 morts ou disparus[108].

« Génocide » : un débat historique récent

Définition de « génocide »

Le terme « génocide » est créé en 1944 par Raphaël Lemkin, professeur de droit américain d'origine juive polonaise, afin de tenter de définir le crime contre l'humanité perpétré par les nazis contre les peuples juif et tzigane durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que les crimes commis par l’Empire ottoman à l'encontre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale et les massacres d'Assyriens en Irak en 1933. Il écrit : « De nouveaux concepts nécessitent de nouveaux mots. Par génocide, nous entendons la destruction d'une nation ou d'un groupe ethnique. » C'est un mot que Lemkin avait d'abord créé en polonais en 1943 : ludobójstwo (de lud, qui veut dire peuple, et zabójstwo, qui signifie meurtre)[109]. En 1944, il traduit le terme polonais en anglais par “genocide” (génocide), mot hybride composé de la racine grecque « genos », qui signifie race ou tribu, et du suffixe latin « cide » (de « caedere », qui signifie tuer)[110].

Le terme est défini officiellement par l'assemblée générale des Nations unies dans l'article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée le 9 décembre 1948[111]. La Charte de l'ONU et l'article 8 de la convention de Genève obligent la communauté internationale à intervenir pour « prévenir ou arrêter des actes de génocide ». Plus récemment, l'article 6 du statut de la Cour pénale internationale définit le crime de génocide, qui se distingue par l'intention d'extermination totale d'une population, d'une part, la mise en œuvre systématique (donc planifiée) de cette volonté, d'autre part. C'est souvent la contestation de l'un de ces éléments qui fait débat pour la reconnaissance officielle d'un crime en tant que génocide[112].

Le débat sur le « génocide vendéen »

Le débat autour de l'hypothèse d'un génocide vendéen est apparu dans la communauté universitaire dans les années 1980, en particulier avec les nouveaux travaux de recherche engagés par Pierre Chaunu et Reynald Secher. Le caractère sanglant et massif de la répression de l'insurrection en Vendée n'est contesté par personne, même si les chiffres demeurent imprécis et discutés (voir les diverses hypothèses sur l'importance du nombre des victimes de la guerre de Vendée) et si les descriptions traditionnelles d'un massacre comme celui des Lucs ont été remises en cause par la recherche historique[113]. En revanche, les volontés délibérées d'extermination des populations vendéennes par les autorité républicaines et le caractère génocidaire des massacres commis par les agents qui exécutaient leurs ordres, font l'objet de contestations importantes. L'une des sources employées par les tenants de l'idée d'un génocide vendéen, en plus des directives et des ordres qui se trouvent aux archives du ministère de la Guerre, est un pamphlet de Gracchus Babeuf.

Babeuf et le populicide

Gracchus Babeuf

En 1794, sous la Convention thermidorienne, Babeuf publie un pamphlet, Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier, dans lequel il dénonce les exactions commises par Jean-Baptiste Carrier lors de sa mission à Nantes, dont il affirme (dans le paragraphe IV) qu'elles renvoient à un système de dépopulation qu'il nomme « populicide »[114], néologisme qui est créé pour évoquer une idée inédite. Employé sous la Révolution à la fois sous une forme nominale et adjectivale (la seule qui ait survécu à la période révolutionnaire, dans la langue française), « populicide » est utilisé pour désigner ce qui cause la mort ou la ruine du peuple[115]. Le mot est formé de la racine latine populus (le peuple) et du suffixe latin cide[116]. Comme le mot « génocide », forgé par Lemkin en 1944, il est employé pour désigner une forme de crime dont l'appréhension est inédite[117].

Dans son texte, le « système de dépopulation » concerne l'ensemble de la France, et non la seule population vendéenne. Dans son pamphlet, Babeuf, reprenant les critiques des Enragés qui défendaient l’application immédiate de la constitution de l'an I, dénonce la Terreur, qu'il juge responsable des massacres commis en 1793-1794, et attaque (avec les modérés, les muscadins et les néo-Hébertistes) les Montagnards et les Jacobins. Cette mise en accusation est appuyée sur la mise à jour, après Thermidor, des exécutions, des massacres et des destructions de la guerre civile et de la Terreur. Avec d'autres pamphlétaires, Babeuf reprend les accusations du journal La Feuille nantaise qui, dans son numéro du 5 brumaire an III, accuse l'Incorruptible d'avoir voulu « dépopuler » le pays[118]. D'après ses assertions, les membres du comité de salut public, autour de Robespierre, visant l'établissement de la plus grande égalité possible en France (projet dont il se déclare par ailleurs solidaire), auraient planifié la mort d'un grand nombre de Français[119]. Leur analyse aurait été fondée, selon lui, sur les réflexions des philosophes politiques du XVIIIe siècle (comme Jean-Jacques Rousseau), qui considéraient que l'établissement de l'égalité nécessitait une population moindre que celle de la France de l'époque (en fait, pour ces philosophes, un gouvernement démocratique, fondé sur une certaine égalité des richesses, à l'exemple des cités-États de l'Antiquité, de Genève ou de Venise, réclamait non seulement un nombre de citoyens réduit, mais un territoire peu étendu). Suivant cette théorie, la guerre civile dans l'Ouest (avec la mort dans la bataille des Blancs et des Bleus) et la répression des insurrections fédéralistes et royalistes auraient été l'outil de ce programme de dépopulation de la France, dont Carrier, à Nantes, n'aurait été qu'un agent local[120]. Les défaites des troupes républicaines face aux insurgés royalistes auraient été organisées par le comité de salut public afin d'envoyer à la mort des milliers de soldats républicains, puis il aurait mis en place un plan d'anéantissement des Vendéens[121],[122], que Babeuf met en parallèle avec la répression de l'insurrection lyonnaise, attribuée au seul Collot d'Herbois[123].

Philippe Buonarroti

Par la suite, prenant conscience de favoriser les ennemis de la constitution de l'an I par ses attaques, avec la réaction thermidorienne, Babeuf, dans Le Tribun du peuple du 18 décembre 1794, se repositionne par rapport aux tenants d'une constitution censitaire :

« Quand j'ai, un des premiers, tonné avec véhémence pour faire crouler l'échafaudage monstrueux du système de Robespierre, j'étais loin de prévoir que je concourais à fonder un édifice qui, dans une construction tout opposée, ne serait pas moins funeste au peuple..[124]. »

Plus tard, peut-être sous l'influence de Philippe Buonarroti ou de Simon Duplay, dont il fait la connaissance en prison en 1795, il évolue encore, dans ses écrits, passant, à l'égard de Robespierre, de la critique à l'éloge[125]. Dans le n° 24 du Tribun du peuple, déjà, il dénonce les thermidoriens qui parlent du gouvernement révolutionnaire « comme du saint des saints avec vénération et respect et avec indignation du gouvernement de Robespierre, de la Terreur et du système de sang, comme si tout cela n'était pas une seule et même chose! » Dans le n° 34 du 6 novembre 1795, il explique :

« Osons dire que la Révolution, malgré tous les obstacles et toutes les oppositions, a avancé jusqu'au 9 thermidor et qu'elle a reculé depuis. »

Enfin, dans le n° 40 du 24 février 1796, en réponse à une lettre d'un capitaine de l'armée de l'Ouest[126], il s'enhardit jusqu'à placer, selon le mot de Mathiez, « sa propre doctrine sous l'égide de Robespierre et de Saint-Just ». Cinq jours après, il explique, dans une lettre à son ami Bodson : « Je confesse aujourd'hui de bonne foi que je m'en veux d'avoir autrefois vu en noir et le Gouvernement révolutionnaire, et Robespierre, et Saint-Just », justifiant même la mort de Hébert et de Chaumette (« Le salut de vingt-cinq millions d'hommes ne doit point être balancé contre le ménagement de quelques individus équivoques »)[127].

Les partisans de la thèse du génocide

Chez les historiens

En 1986, Reynald Secher fait paraître La Vendée-Vengé, Le génocide franco-français[128], ouvrage dans lequel il étudie les rapports entre la Révolution et les Vendéens depuis 1789 et s'efforce de faire le bilan de la répression de l’insurrection vendéenne, en tentant d'obtenir le rapport entre les naissances dans les années 1780 et celles dans les années 1800 et en essayant de répertorier les destructions et reconstructions. À partir de ces données, il explique dans sa conclusion générale pourquoi il est convaincu que les massacres commis lors de la guerre de Vendée constituent, à ses yeux, un génocide, en puisant dans les textes des acteurs et témoins de l'époque des extraits interprétés comme traduisant une volonté génocidaire des républicains. Pour affermir son hypothèse, il reprend le mot « populicide » cité par Babeuf, dont il réédite le texte sous un nouveau titre[129].

La thèse de Reynald Secher a été reprise et soutenue particulièrement par Pierre Chaunu, professeur émérite de l'université Paris IV-Sorbonne, qui faisait partie du jury devant lequel le jeune doctorant soutenait sa thèse, dans un article paru dans La Croix le 29 juin 1986[130].

D'autres historiens ont employé le terme de « génocide » pour qualifier les massacres commis pendant la guerre civile dans le camp républicain. On peut citer Jean Tulard[131], Emmanuel Le Roy Ladurie[132] ou Stéphane Courtois, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l'histoire du communisme[133]. Ce dernier explique que Lénine a comparé « les Cosaques à la Vendée pendant la Révolution française et les a exposés avec joie à un programme que Gracchus Babeuf, l'"inventeur" du Communisme moderne, a qualifié en 1795 (sic) de "populicide". »[134]

Échos hors du monde universitaire

Les affirmations de Reynald Secher ont également connu un certain retentissement hors du monde universitaire et ont été repris dans les médias. Le 28 janvier 2000, en conclusion du Stockholm International Forum of the Holocaust, Michael Naumann, délégué du Gouvernement fédéral allemand à la culture et aux médias de 1998 à 2000 et ancien rédacteur en chef de Die Zeit, affirme : « Le terme français "populicide" a été parfois employé avant que le terme de "génocide" ait été inventé. Il a été inventé par Gracchus Babeuf en 1795 (sic) et décrivait l'extermination de 117 000 fermiers (sic) de Vendée. Ce secteur fertile (sic) dans l'ouest de la France est en effet demeuré pratiquement inhabité (sic) pendant 25 années[135]. »

Jean-Lambert Tallien

De même, l'écrivain Michel Ragon, dans 1793 l'insurrection vendéenne et les malentendus de la liberté (1992), dont l'argumentaire reprend largement les éléments mis en avant par Secher, s'est efforcé de démontrer la réalité de la programmation des massacres et d'intentions officielles d'extermination d'un peuple. Dans son livre, il s'attache à l'ensemble de la répression de l'insurrection vendéenne, dont les acteurs principaux, côté républicain, sont le général Turreau, organisateur des « colonnes infernales », d'une part, les envoyés en mission Carrier à Nantes, Hentz et Francastel à Angers, villes où sont entassés des milliers de prisonniers vendéens, d'autre part. D'autres régions de France ont vu le développement d'insurrections (royalistes ou fédéralistes) contre la Convention en 1793. Selon les cas, les envoyés en mission avaient une attitude conciliante (comme en Normandie) ou menaient une répression ponctuelle, d'autres avaient une attitude plus répressive. Certains se sont livrés à de vraies exactions, comme Barras et Fréron à Toulon, Collot d'Herbois et Fouché à Lyon ou Tallien à Bordeaux. Dans le cas de la guerre de Vendée, Michel Ragon tente de prouver que les exactions commises par les envoyés en mission correspondaient aux exigences du comité de salut public, et même de la Convention.

Pour ce faire, il puise dans les documents d'époque des passages tirés des discours, proclamations, lettres ou rapports laissés par plusieurs personnalités révolutionnaires, qu'il interprète comme l'aveu de volontés génocidaires. Ainsi une proclamation de Francastel affichée à Angers, le 24 décembre 1793, déclarant : « La Vendée sera dépeuplée, mais la République sera vengée et tranquille… Mes frères, que la Terreur ne cesse d'être à l'ordre du jour et tout ira bien. Salut et fraternité[136]. » De même, une lettre de Carrier, du 12 décembre 1793, adressée au général Haxo qui lui a demandé des vivres pour la Vendée républicaine[137], dont il souligne les formules qui semblent justifier sa thèse : « Il est bien étonnant que la Vendée ose réclamer des subsides, après avoir déchiré la patrie par la guerre la plus sanglante et la plus cruelle. Il entre dans mes projets, et ce sont les ordres de la Convention nationale[138], d'enlever toutes les subsistances, les denrées, les fourrages, tout en un mot dans ce maudit pays, de livrer aux flammes tous les bâtiments, d'en exterminer tous les habitants… Oppose-toi de toutes tes forces à ce que la Vendée prenne ou garde un seul grain… En un mot, ne laisse rien à ce pays de proscription[139]. »

Le 21 février 2007, neuf députés français de droite, se fondant explicitement sur les travaux de Reynald Secher et de Michel Ragon, ont déposé une proposition de loi à l'Assemblée nationale visant à la « reconnaissance du génocide vendéen »[140].

Les adversaires de la thèse du génocide

Dans le monde universitaire

À l'opposé, la thèse du « génocide vendéen » a été rejetée par la plus grande partie du monde universitaire, qui la considère comme la manifestation d'un passé qui ne passe pas[141].

Elle a ainsi été critiquée par l'Australien Peter McPhee, professeur à l'université de Melbourne, spécialiste de l'histoire de la France contemporaine, qui revient sur l'influence de Chaunu dans l'affirmation d'un lien entre la Révolution française et le totalitarisme communiste, relève les faiblesses de l'analyse de Secher sur le nombre de victimes ou le regard des révolutionnaires sur l'insurrection vendéenne, remet en cause la « description des structures économiques, religieuses et sociales » de la Vendée pré-révolutionnaire et des causes de l'insurrection par Secher, note le peu d'importance donné aux massacres de républicains par leurs voisins insurgés dans son livre ; en outre, il soutient que Reynald Secher, dans ses travaux suivants, n'a tenu aucun compte des travaux universitaires postérieurs nuançant ou contredisant ses analyses[142]. Il note, en conclusion de son article sur la traduction de La Vendée-Vengé, le génocide franco-français :

« L'insurrection reste l'élément central dans l'identité collective de la population de l'ouest de la France, mais il est douteux qu'elle — ou la profession historique — ait été bien servie par la méthodologie grossière et la polémique peu convaincante de Secher. »

De même, parmi ceux qui ont refusé d'adhérer à la thèse du génocide, on compte le Gallois Julian Jackson, professeur d'histoire moderne à l'université de Londres[143], l’Américain Timothy Tackett, professeur à l'université de Californie[144], l’Irlandais Hugh Gough, professeur à l'université de Dublin[145], les Français François Lebrun, professeur émérite d'histoire moderne à l'université de Haute-Bretagne-Rennes II[146], Claude Langlois, directeur d'études de l'École pratique des hautes études, directeur de l'Institut européen en sciences des religions et membre de l'Institut d’Histoire de la Révolution française[147], Paul Tallonneau[148], Claude Petitfrère, professeur émérite d'histoire moderne à l'université de Tours[149] ou Jean-Clément Martin, professeur à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne[150].

Entre autres arguments, Jean-Clément Martin note que, dans son ouvrage, Reynald Secher, qui pratique « une écriture d'autorité, condamnant l'histoire qui ne se soucie pas de vérité absolue », ne commente ni ne discute le mot « génocide ». Or, pour lui, la question se pose « de savoir quelle est la nature de la répression mise en œuvre par les révolutionnaires »[151]. Il explique, à la suite de Franck Chalk et de M. Prince[152] que « sans l'intention idéologique appliquée à un groupe bien délimité, la notion de génocide n'a pas de sens. Or il n'est possible ni de trouver une identité "vendéenne" préexistante à la guerre, ni d'affirmer que c'est contre une entité particulière (religieuse, sociale... raciale) que la Révolution s'est acharnée[151]. »

Il reprend la question du décret du 1er août 1793 prévoyant la « destruction de la Vendée », et le rapport de Barère qui affirme : « Détruisez la Vendée et Valenciennes ne sera plus au pouvoir des Autrichiens. Détruisez la Vendée et le Rhin sera délivré des Prussiens (...). La Vendée et encore la Vendée, voilà le chancre qui dévore le cœur de la République. C’est là qu’il faut frapper[153]. » Il rappelle que l'un et l'autre excluent les femmes, les enfants et les vieillards (auxquels le décret du 1er octobre 1793 ajoute les hommes sans armes), qui doivent être protégés. De même, il note que « les révolutionnaires n’ont pas cherché à identifier un peuple pour le détruire », regardant simplement la Vendée comme « le symbole de toutes les oppositions à la Révolution », et conclut que « les atrocités commises par les troupes révolutionnaires en Vendée relèvent de ce qu’on appellerait aujourd’hui des crimes de guerre »[154].

Pour lui, le discours de Barère et le décret « participent de la vision qui fait de la Contre-Révolution un bloc unique, une hydre menaçante, légitimant la pensée d'une "juste violence" et installant la guerre de Vendée dans des conditions particulièrement absurdes. Les administrateurs locaux ne cessent pas de se plaindre de l'absence de délimitation de la région-Vendée, de l'imprécision du terme "brigands" pour désigner les êtres voués à la destruction (puisque sont exclus les femmes, les enfants, les vieillards, les "hommes sans armes"). Menuau de Maine-et-Loire n'arrive pas à faire préciser ce qui doit être détruit en "Vendée"[155]. » Non seulement la Convention n'avalise pas les agissements des militaires et des représentants, qui s'opposent à ses décrets, mais, dans la région même, « la mobilisation de révolutionnaires locaux réussit à arrêter les violences injustifiées d'Angers ou du sud de la Vendée. Dans l'armée, des officiers refusent de suivre la politique de dévastation de leurs collègues, réussissant parfois à en traduire certains devant des tribunaux et à les faire exécuter[156]. »

Suivant son analyse, les atrocités commises pendant la guerre de Vendée s'expliquent, côté républicain, par la médiocrité de l'encadrement des soldats, qui sont « laissés à leur propre peur »[157]. De l'autre côté, « les insurgés ont repris les habitudes anciennes des révoltes rurales, chassant et mettant à mort les représentants de l'État, pillant les bourgs, avant que leurs chefs ne réussissent à les détourner, pendant un temps, de ces pratiques qui ont un aspect de revanche et une dimension messianique[157]. »

À ses yeux, ce n'est pas la violence d'un État fort qui s'abat sur sa population ; l'État est trop faible pour contrôler et empêcher la spirale de violence qui se déchaîne entre insurgés et patriotes, et ce jusqu'au printemps 1794[158].

Dans son Gracchus Babeuf avec les Égaux, Jean-Marc Schiappa critique également la thèse du génocide présentée par Reynald Secher lors de la réédition du pamphlet de Babeuf Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier : « Cette brochure a été récemment rééditée sous le titre La guerre de la Vendée et le système de dépopulation, Paris, 1987; si le texte de Babeuf est correctement reproduit, on ne peut que s'indigner de la présentation et des notes de R. Sécher et J.J. Brégeon; sans parler des présupposés politiques sur le "génocide" de la Vendée, on est stupéfait par les erreurs, les contre-vérités, les à-peu-près et les contresens innombrables qui jalonnent ces pages[159] ».

Professeur émérite à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne, ancien directeur de l'Institut d'histoire de la Révolution française, Michel Vovelle s'est également positionné contre la thèse du génocide. Dans le texte « L'historiographie de la Révolution Française à la veille du bicentenaire », paru en 1987, il écrit :

« François Furet ne se reconnaît pas, et l'a dit, dans le réveil récent, provoqué pour partie depuis deux ou trois ans par l'approche du bicentenaire, d'une historiographie ouvertement contre-révolutionnaire. À vrai dire, avait-elle jamais disparu ? Elle avait gardé ses positions fortes, de tradition depuis le XIXe siècle, à l'Académie française (dans le sillage de Pierre Gaxotte) ou dans les bibliothèques des gares. Vieille chanson un peu fatiguée, elle a connu tout récemment un regain de vitalité remarquable. Petite monnaie caricaturale des réflexions de François Furet, l'image d'une révolution totalitaire, antichambre du Goulag fait florès. La Révolution assimilée à la Terreur et au bain de sang devient le mal absolu. Toute une littérature se développe sur le thème du "génocide franco-français" à partir d'appréciations souvent audacieuses du nombre des morts de la guerre de Vendée 128 000, 400 000... et pourquoi pas 600 000 ? Certains historiens, sans être spécialistes de la question, ont mis, tel Pierre Chaunu, tout le poids de leur autorité morale, qui est grande, à développer ce discours de l'anathème, disqualifiant d'entrée toute tentative pour raison garder. Telle histoire tient beaucoup de place, en fonction des soutiens dont elle dispose, dans les médias comme dans une partie de la presse. Doit-elle nous cacher les aspects plus authentiques d'un chantier des études révolutionnaires aujourd'hui en plein réveil ? »[160]

En 2007, Michel Vovelle précise : « Cela ne justifie pas pour autant les massacres mais permet de les qualifier, en les inscrivant plutôt dans l'héritage de de la guerre cruelle "d'ancien style", telle que la dévastation du Palatinat opérée un siècle plus tôt par Turenne pour la gloire du Roi-Soleil, dont les Rhénans ont gardé le souvenir. Villages brûlés, meurtres et viols... Récusons donc le terme de "génocide" et rendons à chaque époque la responsabilité historique des horreurs qui l'endeuillent, sans pour autant les minimiser »[161]

En 1998, Max Gallo s'est lui aussi déclaré contre l'hypothèse d'un « génocide vendéen » dans l'article « Guerre civile oui, génocide non ! » paru dans la revue Historia[162].

Des observations et analyses postérieures

Historien du radicalisme, Samuel Tomei analyse les attaques récentes contre « les mystifications de la mémoire républicaine », au nom d'un « devoir de mémoire envers les peuples opprimés par une République colonisatrice amnésique » et « envers les peuples corsetés par une République jacobine. » Précisant le second point, il note :

« Après l’expansion au dehors, on incrimine le colonialisme intérieur. Un second exemple qui illustre bien l’utilisation du devoir de mémoire est, surtout depuis la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, cette propension à fustiger un certain jacobinisme républicain au nom de la mémoire des minorités régionales opprimées ; certains historiens allant jusqu’à parler, comme Pierre Chaunu, un peu provocateur sans doute, du "génocide" des Vendéens par la République : "Nous n’avons jamais eu l’ordre écrit de Hitler concernant le génocide juif, nous possédons ceux de Barère et de Carnot relatifs à la Vendée." Et le grand historien du temps des Réformes d’honorer à sa façon la mémoire des victimes vendéennes : "D’ailleurs, à chaque fois que je passe devant le lycée Carnot, je crache par terre"[163]. »

Dans le même ordre d'idée, dans le compte-rendu qu'il consacre au manuel La Révolution française d'Éric Anceau, Serge Bianchi, professeur à l’université de Rennes II, relève que « la présentation des Enragés, la personnalité complexe de Robespierre, la guerre de Vendée ne sont pas caricaturées. Pas question de dérapage, de tyran ou de "génocide", ni de "proconsuls" pour les représentants en mission..[164]. »

S'attachant à la question mise au programme des concours du CAPES et de l’agrégation d’histoire en 2005-2006, telle qu'elle a été traitée dans le manuel dirigé par Patrice Gueniffey, dans l'article « À propos des révoltes et révolutions de la fin du XVIIIe siècle. Essai d’un bilan historiographique », Guy Lemarchand, professeur à l'université de Rouen, distingue les différentes écoles historiques qui ont analysé la Révolution française, expliquant :

« Très minoritaire apparaît maintenant le courant d’origine légitimiste, ultra conservateur, autrefois de teinture royaliste, qui s’est fixé sur son terrain de prédilection dans les années 1980 : le « génocide » de la Vendée. On en retrouve des éléments dans le chapitre rédigé par A. Gérard (Poussou 2). L’auteur n’en est évidemment plus à la vision idyllique du régime seigneurial de la province selon les Mémoires de la marquise de La Rochejaquelein, et il note lui aussi que les paysans de la province ont d’abord été favorables à la Révolution. Toutefois, selon lui et sans donner les preuves de l’affirmation, la Vendée aurait été non seulement une révolte de grande étendue, mais également un instrument entre les mains des Montagnards dans leur lutte contre les Girondins avant le 2 juin 1793. Ils se seraient abstenus de pousser la Convention à ordonner une répression rapide, de façon à compromettre les Girondins alors dominants, ce qui a facilité l’expansion du soulèvement. Puis, maîtres du gouvernement, ils se seraient livrés à la fureur purificatrice qui les caractérisait. Seconde idée originale, les Vendéens ne sont pas tombés dans la barbarie de leurs adversaires : ils libéraient leurs prisonniers quand les Bleus les fusillaient. Quant aux généraux et dirigeants politiques qui ont commandé les ravages des « colonnes infernales » et les noyades de Nantes, A. Gérard dégage Turreau d’une partie de ses responsabilités afin de charger le Comité de salut public et Carrier, émanation des Jacobins qui serait « l’archétype des révolutionnaires professionnels ». Il reprend ainsi sans distance critique le discours des thermidoriens à la recherche de boucs-émissaires afin de faire oublier leur propre orientation avant la chute de Robespierre, et de se débarrasser d’une partie des Montagnards devenus encombrants[165]. »

De son côté, Guy-Marie Lenne a ouvert un nouveau champ d’études encore aujourd’hui incomplètement exploré, celui des réfugiés de la Vendée (cf supra). Leur nombre (au moins plusieurs dizaines de milliers), leur orientation politique (aussi bien républicains, que neutres ou même soupçonnés de royalisme) n’a pas empêché la République (que ce soit les municipalités, les districts, les départements ou la Convention) de leur venir en aide, de les accueillir, les nourrir, parfois de leur fournir un travail. Selon lui, cette attitude est en contradiction complète avec l’hypothèse d’un génocide : on ne peut vouloir massacrer un peuple, et organiser l’évacuation et l’aide à une portion de ce même peuple[166]. De façon plus anecdotique, mais révélatrice, on peut noter que même à l’échelon de la justice de paix, on s’attache à protéger les plus faibles : ainsi, les enfants mineurs de la famille Cathelineau du Pin-des-Mauges, qui a fourni un généralissime de l’armée vendéenne, et dont les trois autres frères sont morts dans les rangs de l’armée catholique et royale, sont protégés par un juge de paix qui nomme un conseil de famille pour administrer leurs biens, alors qu’ils seraient une cible de choix pour une persécution. De même, les juges de paix qui ont choisi le royalisme sont gardés en place[167].

Pour Didier Guivarc'h, professeur à l'Université de Toulouse Le Mirail et membre du Groupe de Recherche en Histoire Immédiate, l’étude du "lieu de mémoire" Vendée par Jean-Clément Martin met « en évidence les politiques de la mémoire et leurs enjeux. Si pour l’historien ce sont les Bleus qui, dès 1793, construisent l’image d’une Vendée symbole de la contre-révolution, ce sont les Blancs et leurs successeurs qui utilisent et retournent cette image aux 19e et 20e siècles pour asseoir une identité régionale. Cette identité est un outil de mobilisation sociale mais aussi un instrument politique contemporain. Le succès du spectacle du Puy-du-Fou, lancé en 1977 par Philippe de Villiers, résulte de la rencontre entre un milieu rendu réceptif par une pédagogie du souvenir de 150 ans et le souci d’un homme politique de se construire une image. L'exemple vendéen des années 1980 et du début des années 1990 illustre les défis nouveaux qui se posent à l’historien de la mémoire. Confronté à une mémoire vive et impérieuse, il est conduit à déconstruire mythe ou légende et à remettre ainsi en cause l'exploitation du passé par le présent. Dans le contexte du bicentenaire de 1789, puis de 1793, l'emploi du terme génocide est ainsi au centre d'un débat intense car il est un enjeu pour ceux qui veulent démontrer que "la révolution […] à toutes les époques et sous toutes les latitudes serait dévoreuse de libertés". »[168]

De même, en 2007, évoquant la mémoire persistante de la guerre de Vendée, marquée par le succès du Puy-du-Fou, Mona Ozouf et André Burguière notent : « Morceau de choix pendant longtemps dans le débat entre gauche et droite à propos de la Révolution, l'épisode vendéen ne faisait plus recette quand un essai publié à la veille du bicentenaire, qui n'apportait rien de neuf sinon l'accusation de "génocide", a rallumé la guerre entre historiens ; une guerre étrangement déphasée au moment où les célébrations se déroulaient dans un climat de consensus festif. Tout le monde aujourd'hui défend l'héritage des droits de l'homme. Personne ne regrette la royauté, mais nul ne condamnerait Louis XVI à mort. C'est cette France postmoderne respectueuse de toutes les mémoires, amoureuse de toutes les traditions, qui remonte le temps chaque été parmi les foules en costume du Puy-du-Fou[169]. »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

Sur la guerre de Vendée et sa mémoire
  • Frédéric Augris, Henri Forestier, général à 18 ans, Éditions du Choletais, 1996.
  • Nicolas Delahaye,
    • Guide historique des Guerres de Vendée, Éditions Pays et Terroirs, 2005. Un inventaire et des itinéraires de découvertes des hauts lieux de la mémoire.
    • Les 12 Colonnes infernales de Turreau, Éditions Pays et Terroirs. Une synthèse pour découvrir la logique des colonnes de Turreau.
  • Félix Deniau, Dom François Chamard et François Uzureau, Histoire de la Guerre de la Vendée, 1876-1878, réédition 12 volumes, 4800 pages, J. Siraudeau, Angers, 1978[170]. L'un des principaux ouvrages sur les guerres de Vendée. Cette histoire générale des guerres de Vendée est vue du côté des « Blancs ».
  • Alain Gérard,
    • La Vendée 1789-1793, Éditions Champ Vallon, collection Époques, 1992.
    • Vendée !, Éditions Étrave, 1993.
    • Sur les traces de Charrette, Roi de la Vendée, Éditions Étrave, 1993.
    • La Guerre de Vendée, Centre vendéen Recherches histoire, collection Les Indispensables, 2006
  • Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2007.
  • Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, 1793-1796, Éditions Geste, collection Pays d’histoire, 2003.
  • Simone Loidreau, Les colonnes infernales en Vendée, Éditions du Choletais, 1994.
  • Pierre Marambaud, Les Lucs, la Vendée, la Terreur et la Mémoire, Éditions de l'Etrave, 1993. Cette étude analyse la politique des massacres organisés et planifiés par Turreau aux Lucs-sur-Boulogne.
  • Jean-Clément Martin,
    • Une guerre interminable, la Vendée 200 ans après, Éditions Reflets du Passé, Nantes, 1985.
    • La Vendée et la France, 1789-1799, Éditions du Seuil, 1987. Un ouvrage historique de référence qui propose une lecture surplombante des événements et surtout des idéologies à l'œuvre dans la genèse du conflit.
    • La Vendée de la Mémoire, 1800-1980, Éditions du Seuil, 1989.
    • La Loire-Atlantique dans la tourmente révolutionnaire, Éditions Reflets du Passé, Nantes, 1989.
    • Le Massacre des Lucs, Vendée 1794 (en collaboration avec Xavier Lardière), Geste Éditions, La Crèche, 1992.
    • La Vendée en 30 questions, Geste Éditions, La Crèche, 1996.
    • La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007. Le livre porte sur la mémoire de la guerre en Vendée et l'influence de cette mémoire sur l'histoire. Il offre notamment un résumé du débat concernant le "génocide vendéen".
  • Xavier Martin, Sur les droits de l'homme et la Vendée, Dominique Martin Morin, 1995.
  • Claude Petitfrère,
    • Les Vendéens d’Anjou, Bibliothèque nationale de France, 1981.
    • La Vendée et les Vendéens, Gallimard, collection archives, 1982.
  • Michel Ragon, 1793. L'insurrection vendéenne et les malentendus de la Liberté, Albin Michel, 1992.
  • Raphaël Rousseleau, « L’esprit et les lieux. Généalogie et usage de clichés paysagers vendéens », Genèses, n° 44, 2001/3
  • Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République Française, par un officier supérieur des armées de la République (réimpression de l'édition de 1824-1825), Éditions Pays et Terroirs, 1993. Un journal au jour le jour à partir des rapports militaires. Le tome III est indispensable pour suivre la marche des colonnes infernales de Turreau.
  • Reynald Secher, La Vendée-Vengé, Le génocide franco-français, PUF, 1986.
  • Paul Tallonneau, Les Lucs et le génocide vendéen : comment on a manipulé les textes, éditions Hécate, 1993.
  • Gérard Walter, La Guerre de Vendée, Paris, Plon, 1953.
  • Louis-Marie Turreau, Mémoires de Turreau pour servir à l'histoire de la guerre de vendée, Éditions Pays et Terroirs 2007. Justifications de l'organisateur des massacres et des colonnes infernales.
  • La Vendée après la Terreur, la reconstruction, actes du colloque tenu à La Roche-sur-Yon les 25, 26 et 27 avril 1996, Librairie Académique Perrin, 1997.
Sur la Révolution française en général, et la Contre-révolution
  • Louis-Marie Clénet, La Contre-révolution, Paris, PUF, collection Que sais-je?, 1992
  • Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine.
  • Jacques Godechot, La Contre-révolution, doctrine et action (1789-1804), PUF, 1961
  • Jean-Clément Martin,
    • Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, éditions du Seuil, collection Points, 1998.
    • Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006.
  • Albert Soboul,
    • (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Quadrige/PUF, 1989
    • La Révolution française, Gallimard, collection Tel, 1982, réédition, 1997.
  • Michel Vovelle, La Chute de la monarchie, 1787-1792, tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 1972.
  • Denis Woronoff, La République bourgeoise de Thermidor à Brumaire. 1794-1799, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine.
Romans
Littérature de jeunesse
  • Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, Découvertes/Gallimard, 1986. Un livre sérieux, avec de nombreuses illustrations.
  • Reynald Secher et René Le Honzec, Vendée, 1789-1801, bande dessinée, Fleurus, 1989, éditions Reynald Secher, 1994.
  • Henri Servien, Petite Histoire des Guerres de Vendée, éd. de Chiré, illustré par René Follet, 1983. Un livre pour la jeunesse suivant le point de vue des Vendéens.
  • Yves Swolfs, Dampierre, Glénat, bande dessinée, 10 albums, 1988-2002.

Notes et références

  1. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2007, p.418
  2. Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007, p.  68-69
  3. a  et b Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 69-70
  4. Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 70-71
  5. Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 68-69. Toutefois, les auteurs « blancs » classent Marcel Faucheux, Claude Tilly et Claude Petitfrère parmi les « Bleus ».
  6. Albert Mathiez, La Gironde et la Montagne, tome 2 de La Révolution française, Denoël, collection Médiations, n° 249, 1993
  7. Marcel Faucheux, L’insurrection vendéenne de 1793. Aspects économiques et sociaux, 1953
  8. Paul Bois Paysans de l'Ouest, 1960
  9. Charles Tilly, The Vendée, a Sociological Analysis of the Counter Revolution of 1793, Harvard, 1964, traduction française en 1970.
  10. Albert Soboul, La Révolution française, Gallimard, collection Tel, 1982
  11. Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, éditions du Seuil, collection Points, 1998
  12. Voir P. Mann, « Les insurrections paysannes de l'Ouest: Vendée et chouannerie », Revue Française de Sociologie, n° 30, décembre 1989
  13. Roger Dupuy, La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, p. 113-116
  14. Anne Rolland-Boulestreau, Communautés rurales et Révolution (1750-1830). Les notables des Mauges, Presses Universitaires de Rennes, 2004
  15. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie, 1787-1792, tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 1972
  16. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie, 1787-1792, tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 1972, p. 91 et 259
  17. Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l'Empire, PUF, 1968
  18. a  et b Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L'Histoire, n°311
  19. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L'Histoire, n°311, page 36. Pour lui, ces combats sont l'événement déclencheur de la guerre civile en Vendée, les premiers vrais affrontements éclatant en mars 1793
  20. Michel Vovelle, La Chute de la monarchie, 1787-1792, tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 1972, p. 91, 175, 204 et 256
  21. Roger Dupuy, La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, éditions du Seuil, collections Points, 2005, p. 116
  22. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée. Geste éditions, La Crèche, 2003. (ISBN 2-84561-100-5), p 17
  23. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 101
  24. Madame de la Rochejaquelein, veuve d'un des chefs vendéens, explique, dans ses Mémoires, en 1814 : « Ni les prêtres, ni les nobles n'ont jamais fomenté ni commandé la révolte ; ils ont secondé les paysans, mais seulement quand l'insurrection a été établie ; alors ils ont cherché à la soutenir. Je suis loin de dire qu'il ne la désiraient pas ; mais on doit le comprendre pour peu qu'on y réfléchisse, aucun d'eux n'était assez fou pour engager une poignée de paysans sans armes, sans argent, à attaquer la France entière ».
    À propos de ce témoignage, Michel Ragon affirme, en 1992 (p. 22) : « On pourrait le citer comme partial, bien qu'on ne voie pas quel avantage la veuve de l'un des chefs les plus aimés, de Lescure, aurait eu à le montrer comme suiveur de l'insurrection et non comme son initiateur ».
    De même, il explique qu'« aucun prélat ecclésiastique ne suivra l'insurrection vendéenne. Les évêques des quatre départements révoltés émigreront. Seuls resteront en pays dissident de modestes prêtres qui s'intégreront à l'armée paysanne sans jamais participer aux batailles », Michel Ragon, 1793. L'insurrection vendéenne et les malentendus de la Liberté
  25. a  et b Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, éditions du Seuil, collection Points, 1998, p. 168-171
  26. Roger Dupuy, La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 107-113
  27. a , b  et c Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », dans L'Histoire, n°311
  28. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution, Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006
  29. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 101
  30. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 101
  31. Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Quadrige/PUF, 1989, p 697-698, entrée « Machecoul » de Claude Petitfrère
  32. Gaston Bourdic deviendra populaire parmi les insurgés, sans doute pour avoir revêtu l'uniforme d'un colonel républicain qu'il avait tué- et s'être accaparé le titre de général.
  33. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 102
  34. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 102-104
  35. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 104
  36. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 104-106
  37. Voir la biographie de Charette, Notes et archives 1789-1794
  38. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 106
  39. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p 20
  40. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, éditions du Seuil, collection Points, 2005, p. 134-137
  41. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p.134-140
  42. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome VI, p. 469 : avis de Bourbotte.
  43. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome VII, p. 62 : avis de Bellegarde et Fayau.
  44. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, p.140-144
  45. Albert Soboul, La Révolution française, Gallimard, collection tel, p.331
  46. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, p 227, parle de plus de 60 000 personnes.
  47. a  et b Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, p.227-230
  48. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome IX, p. 429 : avis de Bourbotte, Prieur de la Marne et Turreau.
  49. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome IX, 491-492 : avis de Francastel.
  50. a  et b Frédéric Augris, Henri Forestier, général à 18 ans, Éditions du Choletais, 1996
  51. Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, éditions du Seuil, collection Points, 1998, p. 219
  52. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 181
  53. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 202-207
  54. Voir :
    • Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, p.168-171
    • Ange Guépin, Histoire de Nantes, 1839, cité par Michel Ragon, 1992, pp. 184-186
  55. Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, p.168-171
  56. Voir :
    • Ange Guépin, Histoire de Nantes, 1839
    • Gaston Martin, Carrier et sa mission à Nantes, Puf, 1924
    • Jean-Clément Martin, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, Découvertes/Gallimard, 1986, cité par Michel Ragon, 1992, p. 186
    • Alfred Lallie, Carrier, Pays et terroirs, 1994, et Les Noyades de Nantes, éditions du Choletais, 1994
  57. Voir la liste complète ici émile Gabory
  58. Voir les lettres de Jullien à Robespierre et à son propre père datées des 2, 4 et 5 février 1794
  59. Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, p.220
  60. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 203
  61. Tambour au 8e régiment de hussards, Joseph Bara est tué lors de l'attaque de Jallais par les Vendéens le 17 frimaire an II. Voir Raymonde Monnier, « Bara Joseph », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, PUF, 1989 (rééd. quadrige, 2005, p. 72-73).
  62. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome X, p 249.
  63. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XI, p 153.
  64. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XI, p 154.
  65. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XI, p. 170.
  66. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XI, p. 172.
  67. a  et b « Le cas de Turreau et des colonnes infernales », dans Jean-Clément Martin, La Venée et la Révolution, Perrin, coll. Tempus, 2007, p. 86-107.
  68. a  et b Roger Dupuy, La République jacobine, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p. 267-268.
  69. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XII, p.53.
  70. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 204.
  71. Alain Decaux et André Castelot (dir.), Dictionnaire d'histoire de France, Librairie Académique Perrin, 1981, p. 1034-1035
  72. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XIII, p. 489-490 : arrêté signé de la main de Carnot le 13 mai 1794.
  73. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 213-221
  74. Roger Dupuy, La République jacobine, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p.268-269. L'auteur évoque un ordre de grandeur entre 20 000 et 40 000 morts.
  75. Roger Dupuy, La République jacobine, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p.268-269
  76. Jean-Clément Martin, Révolution, Contre-Révolution et Nation en France, 1789-1799, 1998
  77. Théodore Muret, Histoire des Guerres de l’Ouest Vendée – Chouannerie, 1792-1815, 1848 p.202
  78. Anonyme, officier supérieur des armées de la République habitant en Vendée, Guerre des Vendéens et des Chouans contre la République française, tome 4, Éditions Baudouin frères, 1825, p.144
  79. Le chevalier de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu’en 1822, tome 9, 1823, p.503
  80. Jean-Clément Martin, Contre-révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Le Seuil, collection Points, 1998, p. 251-252
  81. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 176-177
  82. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 20-25
  83. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 94
  84. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 31-45
  85. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 101
  86. Liste par Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 109 : Allier, Aube, Calvados, Cantal, Charente, Charente-Inférieure, Cher, Corrèze, Côtes-du-Nord, Côte-d'Or, Dordogne, Eure, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Loire-Inférieure, Loiret, Lot, Maine-et-Loire, Mayenne, Morbihan, Nièvre, Orne, Sarthe, Seine, Seine-et-Marne, Seine-Maritime, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne
  87. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, tome XIII, p. 803.
  88. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 141 et suiv.
  89. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 107-108
  90. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, p. 70
  91. Claude Petitfrère, « Vendée/Vendéens », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, PUT, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 1076).
  92. Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution, Paris, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 157.
  93. Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution, Paris, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 169.
  94. Alain Bru. Histoire de la guerre à travers l’armement, note 572 du chapitre VII : « De la Révolution à la veille des guerres modernes ». Disponible en ligne, consulté le 4 mars 2007
  95. Claude Desprez, Lazare Hoche d'après sa correspondance et ses notes, Paris, J. Dumaine, 1858, 399 pages, chapitre VIII, p. 260.
  96. Jean Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe nationale, Le Seuil, 2006, p. 243
  97. Donald Greer, The Terror, a Statistical Interpretation, Cambridge (1935)
  98. Reynald Secher, La Vendée-Vengé, le Génocide franco-français (1986)
  99. Jean-Clément Martin, « La Révolution a coupé la France en deux », L'Histoire, n° 311, p. 37-38. À propos des Vendéens républicains ou neutres, J.-C. Martin écrit : « Jusqu'au printemps 1793, les femmes des Vendéens bleus peuvent rester dans la Vendée insurgée sans être inquiétées. Tout comme les modérés et les indécis. À partir de l'été 1793, les femmes des révolutionnaires doivent partir, et les indécis sont emprisonnés. À moins de ruser. On a l'exemple de cet homme accusé devant le tribunal de Nantes en 1793 d'avoir monté la garde pour les Vendéens ; il le reconnaît mais se justifie : "Oui mais je portais une cocarde tricolore à mon caleçon" — une façon de rappeler que ses convictions étaient quand même quelque part ! Il a été acquitté... »
  100. Jean-Clément Martin, La Vendée et la France, Éditions du Seuil, collection Points, 1987
  101. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006 : « Selon toute vraisemblance, ces mois de guerre ont provoqué la perte d'au moins 200 000 personnes dans toute la région, blancs et bleus confondus. Il est illusoire de chercher des proportions précises, puisque nombre de républicains morts sont venus de toute la France, voire des colonies antillaises, mais sans doute peut-on penser qu'un quart des habitants de la région (il y aurait eu plus d'un million d'habitants dans les quatre départements touchés directement par la guerre de Vendée) a disparu. »
  102. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés de la guerre de Vendée, 1793-1796, Éditions Geste, La Crèche, collection Pays d’histoire, 2003. Voir également « Les réfugiés de Vendée ».
  103. Louis-Marie Clénet, La Contre-révolution, Paris, PUF, collection Que sais-je?, 1992
  104. Historia, août 2005
  105. Jacques Dupâquier et A.Laclau, Pertes militaires, 1792-1830, in Atlas de la Révolution française, Paris 1992, p. 30.
  106. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2007, p. 148.
  107. Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, p. 10.
  108. a  et b Jacques Hussenet (dir.), « Détruisez la Vendée ! » Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée, p. 420.
  109. Discours de Michael Naumann lors du forum de Stockholm sur l'Holocauste(en)
  110. Raphaël Lemkin, « Axis Rule in Occupied Europe: Laws of Occupation - Analysis of Government - Proposals for Redress », Washington, Carnegie Endowment for International Peace, 1944, p. 79-95 : « En général, "génocide" ne désigne pas nécessairement la destruction immédiate d'une nation, excepté quand est accompli le meurtre de masse de tous les membres d’une nation. Il est plutôt destiné à signifier un plan coordonné d'actions différentes visant à la destruction des bases essentielles de la vie de groupes nationaux, dans le but d'annihiler les groupes eux-mêmes. Les objectifs d'un tel plan seraient la désintégration des institutions politiques et sociales, de la culture, de la langue, des sentiments nationaux, de la religion et de l'existence économique de groupes nationaux et aussi la destruction de la sécurité personnelle, de la liberté, de la santé, de la dignité, et même des vies des individus appartenant à de tels groupes. Le génocide est dirigé contre le groupe national en tant qu’entité, et les actions impliquées sont dirigées contre des individus, non dans leur capacité individuelle, mais en tant que membres du groupe national. »
  111. Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, approuvée et soumise à la signature et à la ratification ou à l'adhésion par l'Assemblée générale dans sa résolution 260 A (III) du 9 décembre 1948, entrée en vigueur le 12 janvier 1951, conformément aux dispositions de l'article XIII
  112. Raphaël Lemkin, alors conseiller au Ministère de la Guerre des États-Unis, « Le crime de génocide »
  113. Voir Jean-Clément Martin, Le Massacre des Lucs, Vendée 1794 (en collaboration avec Xavier Lardière), Geste Éditions, La Crèche, 1992, et Paul Tallonneau, Les Lucs et le génocide vendéen : comment on a manipulé les textes, éditions Hécate, 1993
  114. La même année, il publie On veut sauver Carrier, on veut faire le procès au tribunal révolutionnaire : peuple, prend (sic) garde à toi, 15 pages.
  115. Dans sa forme adjectivale, « populicide » est employé dans le sens de quelque chose qui cause la ruine du peuple par Babeuf dans la phrase suivante : « L'infâme Boissy-d'Anglas parut à la tribune, et fit adopter son code populicide. »
  116. Babeuf a aussi créé l'adjectif « liberticide » le 20 août 1791. La même époque a connu le « légicide » ou le « maricide ».
  117. Ce qui distingue le « génocide » du « populicide », c'est que l'un renvoie à un plan d'extermination, tandis que l'autre (dans la définition qu'en donne Babeuf) sert à désigner un système de dépopulation. De même, « génocide », mot hybride formé d'une racine grecque et d'un suffixe latin, témoigne, à l'origine, du caractère raciste de l'extermination planifiée par les nazis, contre un peuple considéré comme biologiquement distinct ; il n'existe pas de mot latin qui puisse être mis en correspondance avec le sens moderne de « race » développé au 19e siècle (ainsi, radix renvoie à l'extraction, à la racine) ; au contraire, en grec, il existe deux mots, ethnos et genos, qui ont donné ethnicide et génocide. Voir Raphaël Lemkin, « Le crime de génocide »
  118. Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Le Seuil, collection Points, 1998, p. 248. L'article prétend que « dans les papiers de Robespierre on a trouvé des notes qui vouaient à la mort douze mille têtes dans le seul département du Vaucluse ».
  119. Gracchus Babeuf, (Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier), 1794, paragraphe IV, pages 24-25. Cette affirmation est fondée, selon lui, sur Causes secrettes de la révolution du 9 au 10 thermidor, une brochure signée par « Simpronius-Gracchus Vilate, jeune homme de 26 ans, ex-juré du tribunal de sang de Robespierre » qui « mérite quelque crédibilité (...) en ce qu'il donne des indices assez sûrs, qu'il a été admis dans leurs conciliabules secrets, et initié dans les plus profonds mystères ». En fait, Joachim Vilate, ex-juré au tribunal révolutionnaire, écrit ce plaidoyer pendant son emprisonnement, et il attend d'être jugé avec le personnel du tribunal révolutionnaire. C'est un plaidoyer pro domo dans lequel il prétend avoir joué un grand rôle dans la chute de Robespierre, espérant par ce moyen échapper à la guillotine. Vilate était un espion du comité de salut public, et plus particulièrement de Barère. Par ailleurs, certains considèrent que ces écrits sont apocryphes, les attribuant plutôt à Pierre Choderlos de Laclos.
  120. Gracchus Babeuf, (Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier), 1794, paragraphe IV et suivants.
  121. Gracchus Babeuf, Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier, 1794, paragraphe VI, p. 103-108 : « J'ai démontré que, dans le système de dépopulation, écrit-il, les gouvernants ont voulu diriger la partie d'exécution qui aurait lieu sur le théâtre de la Vendée, de manière à ce que la destruction s'opérât, d'abord sur une très grande partie de l'armée républicaine, et ensuite sur la totalité de la population vendéenne. Les preuves que j'ai rapportées me paraissent assez fortes, pour avoir pu convaincre que toutes les dispositions ont été parfaitement conduites pour remplir le premier point; l'extermination de milliers de citoyens dans l'armée républicaine. Il faudrait revoir Philippeaux tout entier, pour cumuler un plus grand nombre de ces preuves. J'en suis à l'époque où il s'est agi d'atteindre la seconde partie du but; l'anéantissement de la population vendéenne. On va voir comment, pour assurer leur succès, nos exécrables dévorateurs s'y prirent ».
  122. Sur les différentes interprétations données à l'époque de la guerre civile, pour expliquer les échecs des forces républicaines face aux royalistes, voir Jean-Clément Martin, Violence et révolution, essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006, p. 158-162.
  123. Gracchus Babeuf, Du système de dépopulation ou La vie et les crimes de Carrier, 1794, paragraphe VII, p. 109 et alii.
  124. Denis Woronoff, La République bourgeoise de Thermidor à Brumaire. 1794-1799, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p 13-16. Déjà, parlant de Robespierre, dans le n° 1 du Tribun du peuple, Babeuf écrit : « Nous estimerons, nous admirerons l'ouvrage (la Déclaration des droits de 1793), et nous oublierons quel fut l'ouvrier, sincèrement patriote et ami des principes jusqu'au commencement de 1793 et le plus profond des scélérats depuis cette époque. » (Albert Mathiez, « Babeuf et Robespierre », in Études sur Robespierre, Éditions Sociales, Recueil de la Société des études robespierristes, 1973).
  125. Albert Mathiez, « Babeuf et Robespierre », in Études sur Robespierre, Éditions Sociales, Recueil de la Société des études robespierristes, 1973. Mathiez note que « Babeuf admirait Robespierre de longue date. Il s'en est expliqué en toute clarté dans une lettre intime qu'il écrivait à son ami le député Coupé de l'Oise, le 10 septembre 1791 : "Analysez Robespierre, dit-il à Coupé, vous le trouverez aussi agrarien en dernier résultat et ces illustres sont bien obligés de louvoyer parce qu'ils sentent que le temps n'est pas encore venu." » Plus loin, il explique que, « de retour à paris » après le 9-Thermidor, « Babeuf ne songe qu'à le faire tourner au profit de la cause démocratique. Il se fait inscrire à la société populaire qui tient ses séances à la salle des Électeurs à l'Évêché et où se rencontrent les éléments les plus avancés de l'ancien parti jacobin. Dès le 20 thermidor, il revendique la liberté de la presse et la restitution au peuple du droit d'élire les autorités. Autrement dit, il demande la fin du gouvernement révolutionnaire, le retour à un régime normal, à un régime constitutionnel. » Par ailleurs, à propos des attaques contre Robespierre, il écrit que, « parce qu'il est journaliste et qu'il doit compter avec l'opinion, Babeuf est obligé, dans la feuille qu'il fonde le 17 fructidor an II, de désavouer Robespierre, de se désolidariser d'un nom compromettant ». Sur la Vendée, Mathiez note que « sans doute » Babeuf « attaque avec violence Carrier, dans les numéros suivants, mais qui avait fait rappeler le sanguinaire proconsul, sinon robespierre? » et cite un long passage de la brochure contre Carrier, où le journaliste se solidarise avec l'œuvre sociale de Robespierre.
  126. Le Tribun du peuple, n° 40 (24 février 1796), lettre signée « B..., capitaine de sapeurs ». L'auteur explique que les soldats « sont près à s'écrier simultanément : Rendez-nous le gouvernement de Robespierre. »
  127. Albert Mathiez, « Babeuf et Robespierre », in Études sur Robespierre, Éditions Sociales, Recueil de la Société des études robespierristes, 1973. Babeuf conclut son analyse par ces mots : « Le robespierrisme c'est la démocratie, et ces deux mots sont parfaitement identiques. Donc, en relevant le robespierrisme, vous êtes sûr de relever la démocratie. »
  128. Reynald Secher, La Vendée-Vengé, Le génocide franco-français, PUF, Paris, 1986
  129. Gracchus Babeuf, La Guerre de Vendée et le système de dépopulation, Tallandier, 1988, 226 pages, texte présenté par Reynald Secher et Jean-Joël Brégeon. Reynald Secher n'a pas repris exactement le titre choisi par Babeuf afin d'évoquer non le seul Carrier mais l'ensemble de la guerre de Vendée.
  130. Dans la postface de La Vendée après la Terreur, la reconstruction, Librairie Académique Perrin, Paris, 1997, p. 628, il affirme : « Je reprends donc l'expression de génocide franco-français pour la Vendée. Hélène Piralian m'a convaincu : on ne peut admettre que la qualification tellement avisée d'un crime soit remise en cause en fonction de la seule appartenance des victimes et des criminels. Pour les 180 000 victimes, mais aussi pour les criminels "républicains". "Républicains" : est-ce suffisant pour être exemptés de tout soupçon ? »
  131. J. Tulard, J.-F. Fayard, A. Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799, Robert Laffont, collection Bouquins, 1987, p.1113. Lui aussi était membre du jury de soutenance de la thèse de Reynald Secher.
  132. Le Figaro littéraire, juin 1999
  133. Stéphane Courtois, « The crimes of Communism »
  134. Stéphane Courtois,« The Crimes of Communism »
  135. Discours officiel de Michael Naumann
  136. M. Ragon, 1992, p. 187
  137. À Nantes, Carrier privilégie le ravitaillement de l'armée sur celui des civils, non seulement les Vendéens, mais aussi les patriotes de Nantes, qui sont soumis au rationnement. C'est l'un des griefs avancés par Jullien de Paris pour demander son rappel, en février 1794, comme le montrent les lettres qu'il adresse à Robespierre et à son propre père. Voir également Roger Dupuy, La République jacobine, Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, 1792-1794, tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, p.168-171.
  138. Les ordres de la Convention nationale correspondent au décret du 1er août 1793, qui dit : « Article 7 : Les forêts seront abattues, les repaires des Rebelles seront détruits, les récoltes seront coupées par les compagnies d'ouvriers, pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis. »
    Toutefois, ce même décret dit aussi :
    « Article 8 : Les femmes et les enfants et les vieillards seront conduits dans l'intérieur ; il sera pourvu à leur subsistance et leur sûreté avec tous les égards dus à l’humanité.
    Article 14 : Les biens des Rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République ; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui seront demeurés fidèles à la patrie des pertes qu'ils auraient souffertes. »

    Autre décret légiférant sur la « destruction de la Vendée », le décret du 1er octobre 1793 ajoute, aux femmes, enfants et vieillards de l'article 8 du décret du 1er août, les « hommes sans armes. » Voir Jean-Clément Martin, Guerre de Vendée, dans l'Encyclopédie Bordas, Histoire de la France et des Français, Paris, Éditions Bordas, 1999, p 2084, et Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, p.218.
  139. M. Ragon, 1992, p. 197, note 91
  140. Procédure de la proposition de loi n° 3754 déposée le 21 février 2007 à l'Assemblée nationale française par sept députés UMP et deux MPF et renvoyée à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Voir la réaction de professeurs d'histoire de l'enseignement supérieur, auteurs du site de Révolution Française.net
  141. Voir, par exemple : Didier Guivarc'h, « La mémoire collective. De la recherche à l'enseignement », Cahiers d'Histoire Immédiate, automne 2002, n° 22 ; Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007
  142. (en) Peter McPhee, commentaire de la thèse de Secher
  143. Stefan Berger, Mark Donovan, Kevin Passmore (dir.), Writing National Histories - Western Europe Since 1800, Routledge, Londres, 1999, 247 pages, contribution de Julian Jackson. Voir sa biographie.
  144. Voir l'intervention de Timothy Tackett, dans French Historical Studies, automne 2001, p. 549-600 : « In reality... the Vendée was a tragic civil war with endless horrors committed by both sides—initiated, in fact, by the rebels themselves. The Vendéeans were no more blameless than were the republicans. The use of the word genocide is wholly inaccurate and inappropriate. »
  145. Hugh Gough, « Genocide & the Bicentenary: the French Revolution and the revenge of the Vendée », Historical Journal, vol. 30, 4, 1987, pp. 977-88
  146. François Lebrun, « La guerre de Vendée : massacre ou génocide ? », L'Histoire, Paris, n°78, mai 1985, p.93 à 99 et n°81, septembre 1985, p. 99 à 101. Dans le n° 331 de L'Histoire, paru en mai 2008, il explique que la polémique sur l'emploi du « terme de "génocide" à propos des violences commises par les troupes républicaines sur le territoire vendéen en révolte depuis l'application de la levée en masse de mars 1793 » a permis « d'établir que le terme de "génocide" pour désigner cette guerre civile est historiquement injustifié. »
  147. Claude Langlois, « Les héros quasi mythiques de la Vendée ou les dérives de l'imaginaire », in F. Lebrun, 1987, p. 426-434, et « Les dérives vendéennes de l’imaginaire révolutionnaire », AESC, n°3, 1988, p. 771-797
  148. Paul Tallonneau, Les Lucs et le génocide vendéen : comment on a manipulé les textes, éditions Hécate, 1993
  149. Claude Petitfrère, La Vendée et les Vendéens, Editions Gallimard/Julliard, 1982
  150. Voir Jean-Clément Martin, La Vendée et la France, Le Seuil, 1987
  151. a  et b Jean-Clément Martin, La Vendée et la Révolution. Accepter la mémoire pour écrire l'histoire, Perrin, collection Tempus, 2007, p. 72-77
  152. Franck D. Chalk, « Definitions of Genocide and their implications for prediction and prevention », Holocaust and Genocide Studies, 1989, vol. IV, n° 2, p. 149-160 ; M. Prince, Le Génocide, Assi Diffusion, 5 tomes, 1988, tome V, p. 40-48.
  153. Jean-Clément Martin,« Un génocide? », L’Histoire, n°311
  154. Voir Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Seuil, 1998, p. 218
  155. Jean-Clément Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, 1789-1799, Seuil, 1998, p. 218
  156. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, Le Seuil, 2006, p. 205-206
  157. a  et b Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, Le Seuil, 2006, p. 161
  158. Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, éditions du Seuil, 2006
  159. Jean-Marc Shiappa, Gracchus Babeuf avec les Égaux, Éditions ouvrières, 1991, p. 84 (ISBN 2708228927)
  160. Michel Vovelle, « L'historiographie de la Révolution Française à la veille du bicentenaire », Estudos avançados, octobre-décembre 1987, volume 1, n° 1, p. 61-72. [1] ou [2]
  161. Michel Vovelle, « 1789. L'héritage et la mémoire. », Editions Privat, février 2007
  162. Max Gallo, « Guerre civile oui, génocide non ! », in Historia, n° 624, décembre 1998, 4 pages.
  163. Samuel Tomei (docteur en histoire de l'Institut d’Études Politiques de Paris, secrétaire général de la Société d’histoire du radicalisme, auteur d'une thèse sur Ferdinand Buisson), « Leçons de morale de l'histoire », Le Monde diplomatique, novembre 2001, URL : http://a.dorna.free.fr/Archives/Revue03/Rubrique_2/R2SR6.htm et http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/TOMEI/15872
  164. Serge Bianchi, « La Révolution française », Annales historiques de la Révolution française, n°327, premier trimestre 2002
  165. Guy Lemarchand, «À propos des révoltes et révolutions de la fin du XVIIIe siècle», in Annales historiques de la Révolution française, n°340.
  166. Guy-Marie Lenne, Les Réfugiés des guerres de Vendée de 1793 à 1796, Éditions Geste, La Crèche collection Pays d'histoire, 2003
  167. Anne Rolland-Boulestreau, « La justice de paix en Vendée militaire, 1790-début XIXe siècle : une institution judiciaire prise dans les tourments de la guerre de Vendée », in Annales historiques de la Révolution française, n° 335, premier trimestre 2004. Consulté le 24 mars 2008.
  168. Didier Guivarc'h, « La mémoire collective. De la recherche à l'enseignement », Cahiers d'Histoire Immédiate, automne 2002, n° 22
  169. Le Nouvel Observateur, n°2229 du 26 juillet 2007, Les 100 lieux qui ont fait la France, Mona Ozouf, André Burguière, « XVIIIe siècle - L'enfantement de la liberté », p.26-28
  170. Histoire de la Guerre de la Vendée, par le chanoine Deniau (mort en 1909), curé de Saint-Macaire-en-Mauges, Dom Chamard (mort en 1908), prieur de l'Abbaye Saint-Martin de Ligugé (exilé à Chevetogne, en Belgique), et l'abbé Uzureau, directeur de L'Anjou Historique.
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