Ginés Parra

Ginés Parra
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Ginés Parra (1896-1960) est un peintre espagnol de l'École de Paris.

Sommaire

Biographie

Almería

José Antonio Ramón Parra Menchón naît à Zurgena (Almería) le 24 janvier 1896, avant-dernier des six enfants d'une très humble famille d'agriculteurs. En 1906 sa famille émigre en Algérie où il passe son enfance et son adolescence, son père et ses frères aînés travaillant dans les mines de Tlemcen. Il commence alors à dessiner et modeler des sculptures. Après avoir lui-même travaillé très jeune dans les mines, il part en 1910, selon ses premières biographies, avec son frère Ginès en Argentine, où il se fait maçon, puis travaille dans les mines de cuivre de l'Arizona. C'est alors, a-t-on dit, que son frère Ginès meurt et qu'il adopte son prénom. Après un court passage en 1916 à Los Angeles, il reçoit à New York jusqu'en 1919 sa première formation artistique à la «Students League», tandis qu'il travaille la nuit dans le métro.

En 1919 Ginés Parra revient à Zurgena puis part en 1920 à Paris. Il s'installe d'abord à Aubervilliers, exerçant jour et nuit les tâches les plus modestes, gardien de magasin jusqu'en 1921 pour la Société parisienne des Sciures ou, par la suite jusqu'en 1933, lavant les voitures dans un garage, pour survivre et continuer à peindre. Il fréquente l'École des Beaux-Arts, où ses professeurs sont Lucien Simon et Louis Roger, vivant à partir de 1922 dans un petit studio non loin de Montparnasse, 4 rue du Texel, qu'il conservera jusqu'à sa mort. Il expose dès 1922 au Salon des artistes français, au Salon des Indépendants et au Salon d'automne. En 1927 il se lie avec le sculpteur Julio González et Picasso. Vivant alors, rue Vercingétorix, dans une certaine aisance il acquiert un dessin de Degas, une aquarelle de Picasso, un tableau de Modigliani, deux de Vlaminck et plusieurs de Othon Friesz qu'il sera obligé, dans des conditions plus difficiles, de vendre en 1948. Il fait en 1931 un voyage en Espagne puis revient à Paris en 1933 et participe en 1937 à l'Exposition internationale dans le cadre du pavillon espagnol.

La guerre civile surprend Parra alors qu'il est de passage à Madrid. Selon les biographies existantes, il s'engage alors dans l'armée républicaine, participe peut-être à la bataille de l'Èbre, est emprisonné en 1938 pour plusieurs années en Galicie puis libéré, regagne Paris. Il y fait la connaissance de René Breteau qui l'expose dans sa galerie en 1942 et 1948. Il participe avec les peintres et sculpteurs de l'école espagnole de Paris, notamment Picasso, qui acquiert plusieurs de ses œuvres, Dominguez, Gargallo, Julio Gonzales, Juan Gris, Bores, Clavé, Xavier Oriach, Joaquín Peinado, Federico Cantú, Pelayo, Tàpies, Lobo, Palazuelo, à des expositions collectives à Paris en 1942, 1943, 1945 et 1946 à Paris, à Prague en 1946, à Londres en 1947, à Bruxelles et Stockholm en 1948.

Saint-Thomé (Ardèche) où est enterré Ginés Parra

En 1949 Parra est l'un des premiers artistes à s'installer à Alba-la-Romaine, en Ardèche où il restaure une vieille maison. Il fait connaître Alba à son ami le peintre chilien Eudaldo et sa compagne Consuelo Araoz qui s'y installent et y invitent Jean Le Moal et Juana Muller, tandis qu'il se déplace lui-même quelques kilomètres plus loin à Saint-Thomé.

Ginés Parra retourne en 1949 en Amérique du Sud, réalisant des expositions à Buenos Aires en 1949, Rio de Janeiro, Sao Paulo et Lima en 1950 et Mexique en 1951 (le catalogue contenant un poème de Rafael Alberti sur sa peinture[1]). En 1951 Parra voyage aux États Unis puis rentre à Paris.

Tombe de Ginés Parra à Saint-Thomé (Ardèche)

Une des œuvres de Parra est reproduite en 1952 dans la revue Soleil (n° 7-8) dirigée à Alger par le poète Jean Sénac. Lui-même expose la même année à La Havane et Mexico, en 1953 au Guatemala, San Salvador et Lima au Pérou où il passe plusieurs mois, en 1954 à Buenos Aires. Après une absence de deux ans, il rentre ensuite à Paris.

Alors qu'il est atteint par le cancer, Ginés Parra est amicalement et matériellement aidé par Picasso. Il meurt le 19 avril 1960 et est enterré à Saint-Thomé[2]. La même année le Salon des Indépendants organise une rétrospective de son œuvre, une autre est présentée à Madrid en 1974. De 1965 à 2006 des peintures de Parra ont été présentées dans une vingtaine d'expositions personnelles en Espagne, Grande-Bretagne et Australie, ainsi que dans une cinquantaine d'expositions collectives[3].

L'œuvre

A mi-chemin des formes hiératiques médiévales et de celles de l'avant-garde du premier quart du XXe siècle[4], l'œuvre de Parra s'enracine dans les libérations de la couleur et de la forme opérées par le fauvisme et le cubisme qu'elle conjugue à un expressionnisme austère. Elle ne s'inscrit cependant dans aucune école.

La caractéristique des peintures de Parra, paysages, visages ou natures mortes, est l'économie de moyens. Deux ou trois couleurs, intenses mais aussi douces ou âpres, suffisent le plus souvent, distribuées en larges plans et jointes à des plages blanches ou grises, à la construction puissamment structurées, « cyclopéenne » a-t-on dit[5], de ses toiles. En marge de toute perspective, un épais graphisme noir y réduit la vision à l'essentiel.

L'empâtement de leur matière a fait comparer les œuvres de Parra à celles de Rouault. Elles ne s'apparenteraient pas moins aux créations de l'art brut.

Musées et collections publiques

Signature de Parra

Notes et références

  1. Rafael Alberti, Ginés Parra, indice para un poema:
    Tierno pincel austero,/asceta/en el paisaje minero./Pelado/planeta blindado./Plancha de acero.
    Arquitectura,/ingenieria,/humana temperatura/artillera/finura.
    Grandeza mineral./Melancolía,/umbría,/bloque, piedra de El Escorial.
    Vertiginosa,/violenta,/cruenta,/desgarrada rosa.
    Inmóvil movimiento/hondo/mondo/sólido viento.
    Pensativa,/decisiva,/pura,/esquivada y esquiva,/dulce, dura.
    (poème reproduit dans Raul Chavarri, Ginés Parra, Panorama de la pintura contemporeana n° 9, Iberico Europea de Ediciones, Madrid, 1974)
  2. Sous la direction de René Breteau et René Gabriel est alors constituée pour couvrir les frais des obsèques une « Société des amis de Parra » à laquelle participèrent Picasso, Vines, Peinado, Clavé, Flores, Eudaldo mais aussi Marchand, Soulages, Le Moal, Gilioli, Poliakoff, Manessier, Lorjou, Pignon, Hartung (Ginés Parra, El espíritu de la materia, 2007, p. 62)
  3. Ginés Parra, El espíritu de la materia, 2007, p. 64-71
  4. Braulio Medel dans Ginés Parra, El espíritu de la materia, 1896-1960, Fundación Unicaja y Centro de Arte Museo de Malaga, 2007, p. 9
  5. Miroslav Miako en 1946,dans Ginés Parra, El espíritu de la materia, 1896-1960, Fundación Unicaja y Centro de Arte Museo de Malaga, 2007, p. 31

Bibliographie sélective

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : sources utilisées pour la rédaction de cet article

  • (es)Raul Chavarri, Ginés Parra, Panorama de la pintura contemporeana n° 9, Iberico Europea de Ediciones, Madrid, 1974. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es)Raul Chavarri, Ginés Parra, el maestro reencontrado, dans « Gazeta del arte », n° 20, 15 avril 1974, p. 16-19. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es)A. M. Campoy, Vida (1896-1960) y obra de Ginés Parra, dans « ABC », Madrid, 9 mars 1974, p. 55 et 56. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (es)Gérard Xuriguera, Ginés Parra , Servicio de Publicaciones del Ministerio de Educación y Ciencia, Madrid, 1976.
  • (es)Adela Segura Martinez et Antonio Bujalance Cubillo, Ginès Parra, dans la revue Axarquia, n° 3, Ayutamiento de Zurgena, 1998, p. 89-104. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Daniel Lenoir, Mémoire des arts en Bas-Vivarais, Château de Vogüé, Vogüé, 2001 (36 p.).
  • (es)Ginés Parra, El espíritu de la materia, 1896-1960, Fundación Unicaja y Centro de Arte Museo de Malaga, 2007 (254 p.). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Alba la Romaine « Cité des arts », Les artistes des années 50, Journées européennes du patrimoine, Alba la Romaine, 2007.
  • (es)Ginés Parra, Obras de José Manuel Marín y otras colecciones almerienses, biographie par Pedro Segura Cano, Fundación Museo Casa Ibáñez, Olula Del Río, 2010. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Lien interne

Liens externes


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