Georges Pelletier-Doisy

Georges Pelletier-Doisy
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Georges Pelletier-Doisy, né à Auch (Gers) le 9 mai 1892 et mort au Maroc en 1953, est un aviateur français. Surnommé « Pivolo », ce pionnier de l’aviation (brevet n° 284), as de la Première Guerre mondiale (6 victoires en combats singuliers, quatre avions abattus), s'est rendu célèbre en 1924 en réussissant le raid ParisTōkyō, soit 19 600 kilomètres en 20 étapes.

Stèle érigée à Saulzais-le-Potier (Cher) à la mémoire du général Georges Pelletier-Doisy.
Stèle érigée à Saulzais-le-Potier (Cher) à la mémoire du général Georges Pelletier-Doisy.
Médaille représentant le profil du général Georges Pelletier-Doisy sur le monument érigé à Saulzay-le-Potier.
Médaille représentant le profil du général Georges Pelletier-Doisy sur le monument érigé à Saulzay-le-Potier.

Sommaire

Le pilote, le raid

Un solide gaillard — près du quintal — à l’esprit volontaire et chevaleresque, aventurier et intuitif, rugbyman à ses heures de loisir, le lieutenant Pelletier-Doisy est un pilote confirmé lorsqu’il reçoit, à 32 ans, l’ordre de mission[1] qu’il avait sollicité lui permettant de rallier Hanoï en onze étapes : Budapest, Constantinople, Alep, Bassorah, Bander-Abbas, Karachi, Âgrâ, Calcutta, Akyab, Bangkok et Hanoï. Et si possible, pour le prestige, de « pousser » jusqu’en Chine et au Japon, pour faire aussi bien et même mieux que les Américains et les Anglais, engagés à la même époque dans une course aux records aériens.

La France ne veut pas être en reste et, considérant d’intérêt national une liaison aérienne entre la métropole et l’Indochine, le ministère de la guerre valide le projet défendu par Pivolo.

Pelletier-Doisy s’envole de Villacoublay le 24 avril 1924 à 6h45. Il lui faut 120 heures de vol effectif (moyenne 168 km/h) pour rallier Tōkyō[2]. Il se pose le 9 juin à midi sur le terrain de Tokorosawa près de la capitale japonaise, où il est accueilli par une foule considérable, par Paul Claudel, ambassadeur de France, et par un pilote japonais, le baron Kiyotake Shigeno, qui avait participé au premier conflit mondial au sein de l’escadrille des Cigognes (croix de guerre, Légion d’Honneur).

Le mécanicien

Le sergent Lucien-Pierre-Alfred Besin, né le 15 juin 1894 à Quiévy France Quievy 59214 Nord Fr, mécanicien de valeur et ayant un goût prononcé pour l’aventure, suit la construction du moteur et du Breguet de A à Z. Il embarque notamment une hélice de rechange, des pompes à essence, des magnétos, des pneus. Il voyage jusqu’à Shanghai dans un petit « local » derrière le pilote, local verrouillé de l’extérieur. Passager passif pendant le vol — il tue souvent le temps en dormant — Besin s’active aux escales en réglant et réparant l’appareil.

L’avion

Il s’agit d’un Breguet 19 A2, un « sesquiplan[3] » entièrement métallique sauf les ailes en toile, à moteur Lorraine-Dietrich de 400 chevaux lubrifié à l’huile de ricin (jusqu’à Karachi, puis avec une huile plus lourde après cette étape indienne pour tenir compte de la chaleur). Ce bombardier sera adapté au raid par l’adjonction de trois réservoirs supplémentaires, soit une capacité totale de 940 litres de carburant. Il pèse environ 1 300 kg à vide et 2 700 kg en pleine charge, consomme 70 litres d’essence à l’heure, autonomie de 2 000 kilomètres environ. Son moteur, tournant à 1 500 tr/min, lui permet une vitesse de croisière de 150-180 km/h.

Atterrissage forcé à Shanghai le 20 mai 1924

Convaincu par les qualités de l’appareil[4], Pelletier-Doisy se contente de courtes séances d’essais avant le grand départ. Le Breguet est baptisé Jacqueline, prénom de la fille de l’aviateur, alors âgée de quelques mois.

Cet avion achève sa carrière à Shanghai, où Pivolo s’est posé en catastrophe, moteur en panne, ne pouvant éviter un fossé au milieu du terrain.

De Shanghai à Tokyo, Pelletier utilise un Breguet XIV, moteur de 300 chevaux, prêté par le colonel Tsou, commandant de l’aviation du Tché-Kiang. (Tsou fut l’un des rares Chinois à combattre dans les rangs français pendant la guerre. Il fut pilote à l’escadrille N 37, une victoire à son actif). Pour Pelletier, ce Breguet XIV était déjà quelque peu fatigué avant d’entreprendre la dernière partie du voyage (6 850 km en 8 étapes). Il connaissait le modèle pour avoir réalisé à ses commandes Tunis-Paris et diverses missions en Afrique centrale.

Péripéties de vol

  • Vol diurne uniquement, à vue, sans T.S.F. pour économiser du poids.
  • Pluie et neige, brume : Pelletier-Doisy se pose dans un bourbier à Alep. Son avion fait trois « cheval de bois » (équivalent d’un tête à queue pour une automobile) avant de réussir son décollage.
  • Chaleur aussi : l’eau du radiateur se vaporise (étape Calcutta-Rangoon), des pneus éclatent au décollage (Bender-Abbas) ou en vol (Calcutta-Rangoun). Ce qui impose des atterrissages très courts, sur une roue…
  • Déchirure de la toile de l’aile supérieure droite entre Karachi et Agra.
  • Le moteur du Breguet 19 est changé à Hanoï, terme initial du raid.
  • 16e étape : atterrissage d’urgence et crash à Shanghai. Le moteur, calé, ne permet pas à Pivolo avant de se poser de faire un tour de reconnaissance du terrain, en fait un champ de courses parsemé de tombes et coupé par un fossé où l’avion se disloque.
  • 19e étape : atterrissage moteur en panne à Hiroshima.
  • De Shanghai à Tokyo, le sergent mécanicien Besin voyage à l’air libre à l’arrière du Bréguet 14. Le confort, après 12 000 kilomètres effectués dans la « cage » du « Jacqueline ».

Parcours d'un aviateur

Georges Pelletier-Doisy s’engage en 1910 dans la cavalerie avant de rejoindre l’aviation en 1912. Il prend sa retraite d’aviateur avec le grade de général et se retire au Maroc, où il meurt en 1953. Il est inhumé à Auch.

Il était commandeur de la Légion d'honneur, titulaire de la Médaille militaire et de la Croix de guerre. Avant ce raid, Georges Pelletier-Doisy avait accompli (liste non exhaustive) :

  • Le premier tour de France aérien (1914).
  • Constantinople—Paris (1919).
  • Paris—Vienne (Autriche) sans escale en 10 heures (1920).
  • Paris—Bucarest sans escale en 19 heures (1921).
  • Toulouse—Paris en 3 heures (1922).
  • Tunis—Paris, 1 700 kilomètres, dont 800 sur la mer à basse altitude et sans flotteur (1922).
  • Casablanca—Tunis, 1 900 kilomètres en 12 heures (1922).
  • Lorsqu’il prend le départ du raid, il est pilote à l’escadrille tunisienne dont les avions portent le « chat noir miaulant à la lune sur croissant d’argent ».
  • Il fait partie des « Vieilles Tiges », amicale des pilotes brevetés avant le 2 août 1914.

Notes

  1. L’ordre de mission prévoyait que le raid devait être accompli par le même avion et qu’aucune autre pièce de rechange que celles embarquées ne pouvait être utilisée pour les réparations.
  2. Voir la carte et l'article relatifs à ce vol dans un journal de l'époque L'Éclaireur du 30 avril 1924.
  3. Biplan, les ailes supérieures étant d’une surface environ deux fois plus grandes que les ailes inférieures.
  4. Ce même modèle fit en septembre 1930 la première traversée de l'Atlantique Nord dans le sens est-ouest entre Le Bourget et New-York avec à ses commandes l'équipage Costes et Bellonte.

Sources

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Capitaine Pelletier Doisy : Mon Raid Paris-Tokyo 48 bois originaux de Jacques Boullaire 1924 édité pour Ateliers d'Aviation Louis Breguet à 2000 exemplaires
  • Gilbert Gile-Nicaud, Le Raid merveilleux de Pelletier-Doisy, Paris-Tokio en avion, Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1924
  • Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, 1963
  • Robert Castagnon, Gloires de Gascogne, éditions Loubatières

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Georges Pelletier-Doisy de Wikipédia en français (auteurs)

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