Georges Ier de Grèce

Georges Ier de Grèce
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Georges Ier de Grèce
Γεώργιος A'
King George of Hellenes.jpg
Le roi Georges Ier de Grèce vers 1910

Titre
Roi des Hellènes
30 mars 186318 mars 1913
&&&&&&&&&&01825049 ans, 11 mois et 18 jours
Premier ministre Constantin Kanaris
Zinovios Valvis
Constantin Kanaris
Venizelos Rouphos
Alexandros Koumoundouros
Epameinontas Deligeorgis
Dimitrios Voulgaris
Alexandros Koumoundouros
Epameinontas Deligeorgis
Venizelos Rouphos
Dimitrios Voulgaris
Alexandros Koumoundouros
Aristidis Moraitinis
Dimitrios Voulgaris
Thrasivoulos Zaimis
Epameinontas Deligeorgis
Alexandros Koumoundouros
Thrasivoulos Zaimis
Dimitrios Voulgaris
Charilaos Trikoupis
Alexandros Koumoundouros
Epameinontas Deligeorgis
Alexandros Koumoundouros
Epameinontas Deligeorgis
Alexandros Koumoundouros
Constantin Kanaris
Alexandros Koumoundouros
Charilaos Trikoupis
Alexandros Koumoundouros
Charilaos Trikoupis
Alexandros Koumoundouros
Charilaos Trikoupis
Theodoros Deligiannis
Dimitrios Valvis
Charilaos Trikoupis
Theodoros Deligiannis
Konstantinos Konstantopoulos
Charilaos Trikoupis
Sotírios Sotirópoulos
Charilaos Trikoupis
Nikolaos Deligiannis
Theodoros Deligiannis
Dimitrios Rallis
Alexandros Zaimis
Georgios Theotokis
Alexandros Zaimis
Theodoros Deligiannis
Georgios Theotokis
Dimitrios Rallis
Georgios Theotokis
Theodoros Deligiannis
Dimitrios Rallis
Georgios Theotokis
Dimitrios Rallis
Kiriakoulis Mavromichalis
Stéphanos Dragoumis
Elefthérios Venizélos
Prédécesseur Othon Ier de Grèce
Successeur Constantin Ier de Grèce
Biographie
Titre complet Roi des Hellènes et
prince de Danemark
Dynastie Maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg
Nom de naissance Christian Guillaume Ferdinand Adolphe Georges de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg
Date de naissance 24 décembre 1845
Date de décès 18 mars 1913 (à 67 ans)
Lieu de décès Drapeau de la Grèce Thessalonique (Grèce)
Père Christian IX de Danemark
Mère Louise de Hesse-Cassel
Conjoint Olga Constantinovna de Russie
Enfants Constantin Ier de Grèce
Georges de Grèce
Alexandra de Grèce
Nicolas de Grèce
Marie de Grèce
Olga de Grèce
André de Grèce
Christophe de Grèce
Signature George I of Greece signature.svg

Royal Coat of Arms of Greece (1863-1936).svg
Monarques de Grèce

Georges Ier de Grèce (en grec moderne : Γεώργιος A' της Ελλάδας / Geórgios I tis Elládas), né Christian Guillaume Ferdinand Adolphe Georges de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg, prince de Danemark puis, par son élection, roi des Hellènes, est né le 24 décembre 1845 à Copenhague, au Danemark, et est décédé le 18 mars 1913 à Thessalonique, en Grèce. Second souverain de la Grèce moderne et fondateur de la dynastie royale hellène contemporaine, il règne presque cinquante ans, de 1863 à 1913.

En 1863, le prince Guillaume de Danemark est élu roi des Hellènes sous le nom de Georges Ier. Désireux de ne pas commettre les mêmes erreurs que son prédécesseur, le roi Othon Ier de Grèce, le jeune monarque ne tarde pas à s’helléniser et à aller à la rencontre de ses nouveaux sujets. Encore jeune et inexpérimenté, Georges Ier est confronté à une situation intérieure très difficile. À son arrivée au pouvoir, la scène politique grecque est en effet divisée et de graves problèmes financiers secouent le pays. L’agitation nationaliste est par ailleurs très forte et la Grande Idée, autrement dit le désir de réunir tous les Grecs dans un seul et même pays, est au cœur de la politique nationale.

Le règne de Georges Ier est donc largement marqué par les velléités expansionnistes de la population hellène et par l’annexion, tantôt pacifique, tantôt belliqueuse, de plusieurs provinces majoritairement peuplées de Grecs : les Îles ioniennes (1864), la Thessalie (1880) et surtout la Macédoine, l’Épire et la Crète (1913). Malgré tout, la politique de Georges et de ses gouvernements est loin d’être toujours couronnée de succès et des humiliations nationales (comme lorsque les « Puissances protectrices » organisent un blocus contre le pays en 1885) et de graves défaites militaires (comme lors de la Guerre gréco-turque de 1897) ponctuent également son règne.

Sur un plan plus personnel, Georges Ier donne naissance à une importante famille, dont plusieurs membres règnent encore sur des États européens. Le mariage du roi avec la grande-duchesse Olga Constantinovna de Russie donne en effet naissance à plusieurs enfants, avec lesquels le souverain entretient des relations étroites mais parfois orageuses.

Georges Ier meurt assassiné à Thessalonique en 1913 et son fils Constantin Ier lui succède alors sur le trône de Grèce.

Sommaire

Famille

Voir également l'arbre généalogique en fin d'article.

Georges Ier de Grèce est le second fils et le troisième enfant du roi Christian IX de Danemark (1818-1906) et de son épouse la princesse Louise de Hesse-Cassel (1817-1898). En tant que tel, il est le frère de nombreux monarques et prétendants européens : le roi Frédéric VIII de Danemark (1843-1912), la reine Alexandra du Royaume-Uni (1844-1925), la tsarine Maria Feodorovna de Russie (1847-1928) et la princesse royale Thyra de Hanovre (1853-1933).

Les enfants du roi Christian IX de Danemark en 1882. De gauche à droite, apparaissent Georges Ier de Grèce, Maria Feodorovna de Russie, Alexandra du Royaume-Uni, Frédéric VIII de Danemark, Thyra de Hanovre et Valdemar de Danemark.

Le 27 octobre 1867, le roi Georges Ier épouse, à Saint-Pétersbourg, la grande-duchesse Olga Constantinovna de Russie (1851-1926), fille du grand-duc Constantin Nicolaevitch de Russie (1827-1892) et de son épouse la princesse Alexandra de Saxe-Altenbourg (1830-1911), devenue, après sa conversion à l’orthodoxie, la grande-duchesse Alexandra Iosifovna de Russie. Petite-fille du tsar Nicolas Ier de Russie (1796-1855), la princesse Olga est née dans la religion orthodoxe alors que son époux est resté luthérien. Elle a également la particularité d’être une descendante directe en ligne matrilinéaire de l’impératrice byzantine Euphrosyne Doukaina Kamatera (v. 1155-1211) et de son époux l’empereur Alexis III Ange (1195-1203)[N 1].

Du mariage de Georges Ier et d’Olga de Russie naissent 8 enfants :

À travers ses enfants, Georges Ier possède actuellement une nombreuse descendance européenne mais le souverain est également l’ancêtre de plusieurs personnalités américaines de renom comme l’ancien maire de Palm Beach Paul Ilynsky (1928-2004), l'ex-officier de la CIA David Chavchavadze (1924) ou l’actrice Catherine Oxenberg (1961).

Biographie

Premières années (1845-1863)

Une jeunesse danoise

Le Palais jaune de Copenhague.

L’enfance et la jeunesse de Guillaume de Schleswig-Holstein sont peu connues[1]. Lorsqu’il voit le jour, en 1845, son père, le futur Christian IX de Danemark, n’est qu’un membre d’une branche cadette de la famille royale de Danemark et c’est seulement en 1852 qu’une convention internationale le reconnaît comme l’héritier du roi Frédéric VII, qui n'a pas de descendance[2].

Le jeune garçon partage son enfance entre le Palais jaune de Copenhague et celui de Bernstorff, qui est mis à la disposition de sa famille par le roi chaque été[1]. Le prince reçoit une éducation assez simple, largement dirigée par ses parents et des gouvernantes britanniques. Le danois est sa langue maternelle et l'anglais sa deuxième langue. Il apprend également l’allemand et un peu de français[2].

Une fois adolescent, Guillaume intègre la marine royale danoise, ce qui lui vaut notamment d’accompagner, au Royaume-Uni, sa sœur, la princesse Alexandra, pour son mariage avec le prince de Galles, en mars 1863[2].

Une élection inattendue

Le prince Alfred du Royaume-Uni, premier choix des Grecs lors du référendum de 1862.

Quelque temps avant le séjour du prince en Angleterre, en octobre 1862, une révolution a renversé le roi Othon Ier de Grèce[3] et le peuple hellène refuse, depuis lors, de voir le prince Luitpold de Bavière, frère et successeur désigné d’Othon, remplacer celui-ci à la tête du pays[N 2].

En décembre 1862, le gouvernement grec a donc organisé une consultation populaire pour élire à la tête du royaume un prince étranger ayant la faveur de ses futurs sujets. Lors de ce référendum, c’est Alfred du Royaume-Uni, second fils de la reine Victoria, qui a été élu avec 230 066 voix tandis que le prince Guillaume, également désigné comme candidat possible, n’en a recueilli que six[4],[N 3].

Cependant, le candidat anglais est écarté par les « Puissances protectrices » (Russie, France et Grande-Bretagne) qui dirigent la politique du jeune État grec. Le choix d’un fils de Victoria risquerait en effet de donner une trop grande influence au Royaume-Uni sur le gouvernement d’Athènes et le traité de Londres de 1832 interdit aux membres des familles régnant sur les « Puissances protectrices » de monter sur le trône hellénique[5]. La souveraine britannique est, par ailleurs, totalement opposée à cette élection : elle désire en effet voir son fils devenir duc de Saxe-Cobourg-Gotha à la suite de son oncle, Ernest II[6].

D’autres candidats, parmi lesquels le duc Nicolas de Leuchtenberg[7], l’ex roi Ferdinand II de Portugal[8], le duc Ernest II de Saxe-Cobourg-Gotha[9] ou le prince Guillaume de Bade[10], sont donc avancés pour remplacer Othon mais tous sont rejetés par l’une des trois puissances ou finissent par renoncer à la succession. Pendant cinq longs mois, la Grèce est donc sans souverain et l’instabilité gagne le pays[11].

Le prince Guillaume de Danemark, futur Georges Ier de Grèce, vers 1860.

Finalement, en mars 1863, le Royaume-Uni propose le nom du prince Guillaume de Danemark. Âgé de seulement 17 ans, le jeune homme a l’avantage d’être le beau-frère du prince de Galles et d’avoir une sœur fiancée au tsarévitch de Russie. Il parvient donc rapidement à faire l’unanimité auprès des grandes puissances et l’Assemblée nationale grecque l’élit roi sous le nom de Georges Ier le 30 mars 1863 (18 mars julien)[12].

Il faut cependant attendre plusieurs mois pour que l’élection du prince Guillaume soit acceptée par la famille royale de Danemark. Le prince Christian et son épouse craignent en effet pour l’avenir de leur fils et demandent pour lui d’importantes garanties de la part des « Puissances protectrices ». La conférence de Londres du 5 juin 1863 permet cependant de rassurer les Danois et de rendre l’élection effective[13].

Par le truchement des grandes puissances européennes, Guillaume ceint donc une couronne quelques mois seulement avant son père[N 4]. Contrairement au roi Othon Ier, Guillaume n’est pas élu « roi de Grèce » mais seulement « roi des Hellènes » : c’est là la marque du refus de ses sujets d’être à nouveau dirigés par un souverain despotique. C'est aussi, en un sens, l'affirmation qu'il règne sur tous les Grecs, même ceux qui vivent en dehors du royaume de Grèce[14],[15].

Débuts du règne (1863-1866)

De l’arrivée en Grèce à l’annexion des Ioniennes

Le roi Georges Ier en 1864.

Dès son intronisation à Copenhague par une délégation grecque conduite par l'amiral Constantin Kanaris, les circonstances semblent favorables au nouveau monarque. Ainsi qu'il l'avait promis au moment de l'élection royale, le gouvernement britannique annonce en effet qu’il compte céder les Îles ioniennes à la Grèce en l'honneur du souverain[16],[17]. Malgré tout, la cession tarde à s’opérer et le jeune roi quitte le Danemark, le 17 septembre 1863, plusieurs mois avant que l’archipel soit officiellement devenu grec[18].

Avant de gagner son royaume, Georges Ier effectue un voyage diplomatique auprès des Cours des trois puissances protectrices afin de remercier leur gouvernement d’avoir soutenu sa candidature lors de l’élection[19]. Il passe ainsi quelques jours à Saint-Pétersbourg, Londres et Paris avant de partir pour la Grèce depuis Toulon. Dans le port français, il embarque sur l’Hellas le 22 octobre et arrive devant Le Pirée le 29[18],[20].

L’arrivée du roi des Hellènes à Athènes, le 30 octobre 1863, donne lieu à des scènes de liesse populaire. Pendant une semaine, l’Acropole et le temple de Zeus sont illuminés en l’honneur du jeune souverain et des festivités sont organisées dans la capitale[21],[22]. Malgré son jeune âge (il n’a pas encore 18 ans), Georges a été déclaré majeur par l’Assemblée hellénique le 27 juin 1863[23],[N 5] et c’est donc en tant que souverain de plein droit qu’il prête serment devant le Parlement grec le 30 octobre[24],[25].

Les premiers mois de son règne ne sont pas faciles. Le jeune homme, dont l’attitude est parfois jugée puérile par les diplomates des puissances, s’intéresse d'abord peu à la politique. C’est donc le comte Wilhelm Sponneck, choisi par Copenhague pour le conseiller, qui prend en main les rênes du pouvoir et préside les conseils des ministres. Or, l’homme d’État danois fait preuve de beaucoup de maladresses dans sa gestion des affaires du royaume et cela à un moment où des tensions très fortes divisent les partis politiques[26].

Le drapeau des Îles ioniennes sous protectorat britannique (1814-1864).

Fin mai 1864, la question des Ioniennes étant en passe d’être réglée, le jeune roi décide d’entreprendre un voyage à travers le Péloponnèse qui le conduit notamment à Corinthe, Argos, Tripolizza et Sparte. Après avoir longuement visité Navarin, siège de l’une des plus importantes batailles de la Guerre d’indépendance, le roi gagne Kalamata, où il embarque sur l’Hellas. Accompagné des ambassadeurs des puissances protectrices, il se rend ensuite à Corfou, où l’ancien gouverneur britannique des Ioniennes, sir Henry Knight Storks, lui remet officiellement l’archipel[27],[28].

Le 2 juin 1864 (21 mai julien), les Îles ioniennes sont donc intégrées au royaume hellène, au grand bonheur de leurs habitants. Cependant, le gouvernement de Georges mécontente rapidement la population locale par les mesures qu'il adopte. Il rattache en effet l'Église ionienne, qui dépendait jusque-là du patriarche œcuménique, à l'Église grecque autocéphale et supprime l'Académie ionienne, établissement d'enseignement supérieur qui avait joué un grand rôle dans le développement du sentiment national grec. Ce faisant, il réveille le particularisme des insulaires et, à Athènes, les députés de l’archipel menacent un moment de faire appel au Royaume-Uni pour recouvrer leur autonomie[29],[30].

Politique intérieure et extérieure

Le comte Wilhelm Sponneck, conseiller du roi Georges Ier.

Déterminé à ne pas commettre les mêmes erreurs que son prédécesseur, Georges Ier apprend rapidement la langue grecque[31] et s'hellénise avec l'aide de l'homme politique Alexandros Koumoundouros[32]. Le roi choisit pour devise « Ma force est l’amour de mon peuple »[N 6] et se montre fréquemment dans les rues d’Athènes. Contrairement à Othon Ier, il s'y promène sans aucune pompe et n’hésite pas à se mêler à la population, ce qui lui gagne vite l'attachement de ses sujets[33]. Il profite par ailleurs de chaque occasion pour parcourir la Grèce et rencontrer ses habitants[34].

Surtout, le roi prend bien garde de ne pas apparaître comme la marionnette d’une puissance étrangère. En février 1865, il expulse ainsi, au Danemark, son oncle, le prince Jules de Schleswig-Holstein que son père, le roi Christian IX, lui a pourtant envoyé dans le but de renverser le comte Wilhelm Sponneck. Georges Ier déclare alors fermement : « Je ne permettrai à personne, et pas même à un membre de ma Maison, d’interférer dans la conduite de mon gouvernement ! ». Mais, peu de temps après, le roi renvoie également Sponneck, qui est parvenu à se faire détester de la classe politique grecque[31],[35].

Politiquement, Georges Ier pèse de tout son poids pour que l’Assemblée hellénique mette un terme aux débats divisant les députés et vote enfin la nouvelle constitution sur laquelle ils travaillent depuis le renversement d’Othon Ier. Le 19 octobre 1864, le souverain envoie ainsi une demande, contresignée par le Premier ministre Constantin Kanaris, expliquant aux parlementaires qu’il a accepté la couronne en pensant qu’une nouvelle loi fondamentale serait rapidement votée et que, si tel n’était pas le cas, il se sentirait tout à fait libre de quitter la Grèce et de retourner vivre au Danemark. Alarmés par la menace royale, les députés finissent alors par se mettre d’accord sur le nouveau texte législatif[36],[37],[38].

Le prince et la princesse de Galles peu après leur mariage (v. 1863).

Le 28 novembre 1864, le roi peut donc prêter serment sur la nouvelle constitution, qui met en place une « démocratie couronnée » (en grec : vasilevomeni dimokratia). Le texte donne en effet le jour à une monarchie constitutionnelle avec un parlement monocaméral (la Vouli) élu au suffrage universel masculin[36],[39]. En dépit des réformes, la corruption et le fort taux d'analphabétisme rendent le gouvernement du pays très difficile. Tout au long du règne de Georges Ier, se déroulent ainsi en Grèce vingt-et-une élections législatives tandis que soixante-dix gouvernements différents se succèdent[40].

Sur la scène internationale, le roi maintient une politique prudente. S’il n’est pas opposé à la Grande Idée, il est tout à fait conscient de la difficulté que représente sa mise en œuvre. C’est la raison pour laquelle il garde une attitude mesurée vis-à-vis de son voisin, l’Empire ottoman[41]. Le roi compte malgré tout sur ses relations familiales pour l’aider à réaliser l’union de tous les Grecs dans un même État. Il s’appuie particulièrement sur son beau-frère, le futur Édouard VII du Royaume-Uni, qui est pour lui un fidèle soutien. Les liens entre les deux hommes apparaissent d’ailleurs clairement lors de la révolte crétoise de 1866-1869, pendant laquelle le prince de Galles fait pression sur le ministre britannique des Affaires étrangères, Edward Stanley, comte de Derby, pour qu’il intervienne en faveur des Grecs contre la Sublime Porte[42]. Cependant, les « Puissances protectrices » refusent de soutenir les irrédentistes hellènes et les Turcs écrasent la rébellion dans le sang[43].

Un royaume ruiné

Le palais royal de Georges Ier, actuel siège du parlement hellénique.

Lorsque Georges Ier arrive en Grèce en 1863, les finances du pays sont au plus bas. Depuis 1861, Athènes n’a pas remboursé les dettes qu’elle a contractées auprès des « Puissances protectrices » et le pays est au bord de la banqueroute[N 7]. La situation est tellement difficile que les ministres doivent, certains jours, demander de l’argent auprès des particuliers pour faire marcher les affaires du royaume. Le pouvoir cherche donc à obtenir des puissances qu’elles renoncent à leurs créances afin de pouvoir souscrire de nouveaux emprunts. Des tractations sont conduites dans ce sens en janvier 1864 mais les gouvernements étrangers acceptent seulement de ré-échelonner la dette grecque. Athènes doit donc se résoudre à mener une politique de rigueur afin de réaliser des économies[44],[45].

Heureusement pour Georges Ier, la liste civile qui lui a été promise lors de l’élection royale est directement liée aux revenus perçus sur les Îles ioniennes (dont la santé économique est bien meilleure que celle de la Grèce continentale) et sur le produit des remboursements que le royaume hellène doit aux puissances protectrices[46]. Le souverain n’a donc pas trop à s’inquiéter pour ses propres finances. Son train de vie reste cependant modeste, d’autant que le palais où il réside, et qui appartenait au roi Othon Ier avant le changement de dynastie, a été saccagé pendant la révolution de 1862 et que le mobilier et les objets qui le remplissaient ont été rendus à son ancien propriétaire[47],[48].

Entre difficultés politiques et bonheur familial (1866-1870)

La Révolte crétoise de 1866-1869 et ses conséquences

Article détaillé : Révolte crétoise de 1866-1869.
Le sultan ottoman Abdulaziz.

Au printemps 1866, des réunions se déroulent dans différents villages crétois[49] et, le 14 mai, une assemblée, qui se tient près de La Canée, rédige une pétition qu'elle envoie au sultan ottoman et aux consuls des puissances européennes, parmi lesquelles la Grèce. Sans aller jusqu’à revendiquer l’indépendance de leur île, les Crétois demandent une série de réformes fiscales et politiques aux autorités turques[50],[51].

La réponse du sultan Abdulaziz intervient publiquement le 20 juillet suivant. Estimant que les Crétois jouissent, plus que n'importe quels autres sujets de l'Empire, de privilèges importants, le souverain ottoman rejette leurs demandes. Il estime, par ailleurs, que, par leur attitude, les Crétois se comportent en rebelles et ordonne donc au gouverneur de l'île d'envoyer des troupes arrêter les leaders du mouvement et de disperser le reste par la force[52].

Insatisfait de la réponse de la Porte, le comité crétois rédige une déclaration de révolution, signée le 20 juillet à Brosnero, et la fait parvenir aux consuls des puissances[49]. Le 2 septembre (21 août julien), l'assemblée révolutionnaire appelle la population à se soulever contre le joug ottoman[53] depuis le village d’Askýfou, près de Sfakiá, et proclame l'union de la Crète à la Grèce[54]. C’est le début de la Révolte crétoise de 1866-1869.

Peinture représentant le drame d'Arkadi. Le 9 novembre 1866, 943 insurgés crétois réfugiés dans un monastère se donnent la mort en faisant sauter le bâtiment pour échapper à leurs assaillants ottomans et égyptiens.

Alors que le soulèvement se précise, les Grecs de Grèce, notamment les Crétois vivant dans le royaume hellène, se mobilisent pour fournir aux insurgés volontaires, argent, armes et nourriture. Dans la capitale, un comité central de soutien aux insulaires, dirigé par le gouverneur de la Banque de Grèce, Markos Renieris, s'organise[54],[55]. Ainsi, tout au long de l'insurrection, des navires grecs forcent le blocus ottoman afin de ravitailler l'île et d'en évacuer les blessés[56]. Malgré tout, Athènes reste officiellement neutre durant toute la durée du conflit et Georges Ier refuse publiquement tout soutien aux insurgés dans le but de ménager l’Empire ottoman et les « Puissances protectrices »[54].

Les événements crétois influent tout de même lourdement sur la vie politique grecque et l’arrivée massive de réfugiés insulaires ainsi que l’envoi de fonds pour soutenir les révoltés pèsent sur les finances du pays. Alors que, depuis l’arrivée de Georges sur le trône, le royaume avait fait d’importants efforts pour effectuer des économies, ses caisses sont à nouveau vides à l’été 1867[57]. L’insurrection compromet par ailleurs durablement les bonnes relations avec Constantinople et la Grèce et l’Empire ottoman sont au bord de la guerre lorsque la révolte est finalement matée en février 1869[58].

Un mariage orthodoxe

Article connexe : Olga Constantinovna de Russie.

Désireux d’affermir son trône en donnant le jour à un héritier, le roi Georges Ier part à la quête d’une épouse au milieu des années 1860. Après avoir un moment envisagé de demander la main de la princesse Hélène du Royaume-Uni, troisième fille de la reine Victoria et sœur cadette du prince de Galles, le souverain tourne les yeux vers la Cour de Russie. Les Romanov étant de confession orthodoxe comme la majorité des Grecs, le roi pense en effet qu’un mariage avec une grande-duchesse russe rassurerait ses sujets sur la question de la religion de ses futurs enfants[59].

La reine Olga de Grèce en 1880.

Après avoir nommé régent, à Athènes, son oncle paternel, le prince Jean de Schleswig-Holstein[N 8], Georges Ier quitte la Grèce le 22 avril 1867 afin d’effectuer une tournée diplomatique auprès des capitales européennes, dont le but officiel est de trouver une solution aux événements crétois. Ce voyage de plusieurs mois le conduit notamment à Paris, Londres, Berlin et Copenhague mais c’est à Saint-Pétersbourg que le souverain passe la plus longue période[60]. Profitant de l’invitation du tsar Alexandre II de Russie de venir visiter son pays dans le but d’y étudier le gouvernement, le roi s’y cherche une épouse. Arrivé dans la capitale impériale, il est reçu chaleureusement par le tsar et sa famille. Il retrouve par ailleurs sa sœur Dagmar, devenue la tsarevna Maria Feodorovna après son mariage avec le tsarévitch Alexandre en 1866[61],[62].

Peu de temps après, Georges Ier est invité chez le grand-duc Constantin Nikolaïevitch, frère cadet et conseiller écouté de l’empereur. Dans la résidence du prince, il fait la connaissance de sa fille aînée[N 9], la grande-duchesse Olga Constantinovna, alors âgée de quinze ans. L'intérêt mutuel des deux jeunes gens encourage Georges à demander officiellement la main de la princesse à ses parents. Après quelques hésitations dues à l’extrême jeunesse de sa fille, le grand-duc Constantin accepte la proposition et il est décidé que le mariage de Georges et d’Olga aurait lieu après le seizième anniversaire de la jeune fille[61].

Après des fiançailles solennelles le 8 juillet 1867, les épousailles se déroulent dans la chapelle du Palais d'Hiver, à Saint-Pétersbourg, le 27 octobre 1867, et les réjouissances qui marquent l’événement s’étalent sur cinq jours entiers. Lors de la cérémonie, Georges a pour témoin son frère aîné, le prince héritier Frédéric de Danemark, venu tout spécialement en Russie pour le mariage, mais ses parents, retenus à Londres par un problème de santé de la princesse de Galles, sont absents[61],[63].

Une fois les festivités terminées, Georges et Olga passent une courte lune de miel au palais de Ropcha, à une cinquantaine de kilomètres de Saint-Pétersbourg. Puis, le couple part pour la Grèce le 9 novembre et la jeune femme découvre son nouveau pays le 24 du même mois[61],[64].

Une vie familiale simple et heureuse

Tout au long de leur mariage, Georges Ier et Olga forment un couple très uni, malgré les infidélités occasionnelles du souverain[N 10], d'ailleurs acceptées par la reine[65],[66]. Contrairement à la coutume de l’époque, le couple passe beaucoup de temps avec les nombreux enfants auxquels il ne tarde pas à donner naissance et ceux-ci grandissent dans une atmosphère chaleureuse[67]. Mais, en vieillissant, Georges Ier se montre parfois tyrannique avec ses fils et Olga se lamente alors des querelles qui divisent périodiquement la famille royale[68].

En privé, le roi et la reine communiquent en allemand car c’est la seule langue qu’ils parlent tous les deux, au moment de leur mariage. De fait, à l’époque, le souverain domine mal le français et absolument pas le russe tandis que son épouse ne parle ni danois, ni grec, ni anglais[69],[70]. Cependant, la situation a beaucoup évolué lorsque les enfants d’Olga et de Georges Ier voient le jour. Ainsi, avec leur progéniture, les monarques utilisent principalement la langue de Shakespeare[N 11], même s’ils exigent que les enfants parlent grec entre eux[71].

La famille royale hellène en 1888, lors d'un voyage du grand-duc Paul Alexandrovitch de Russie à Athènes. Sur la photo, on peut voir, de gauche à droite, le prince Nicolas, la princesse Marie (assise par terre), la reine Olga, le diadoque Constantin (debout au milieu), le grand-duc Paul Alexandrovitch (avec un petit chien sur les genoux), la princesse Alexandra, le roi Georges Ier et le prince Georges.

En Grèce, la vie de la famille royale est relativement tranquille et retirée. La cour athénienne est loin d’être aussi brillante et fastueuse que celle des autres États européens[72] et les journées, dans la capitale grecque, sont parfois monotones pour les membres de la famille royale[73]. Au printemps et en hiver, elles se partagent entre le palais royal de la place SyntagmaAthènes) et celui de Tatoi (au pied du Parnès). Puis, pendant les quatre mois d'été, elles se déroulent au palais de Mon ReposCorfou) et à l’étranger : à Aix-les-Bains (en France), à Fredensborg (au Danemark) ou dans la capitale russe[74]. Les parents étrangers de Georges et d’Olga (la tsarine, le tsarévitch, la princesse de Galles, etc.), se rendent par ailleurs à plusieurs reprises en Grèce[75].

Lorsqu'elle se trouve dans la capitale grecque, il n'est pas rare que la famille royale se rende, le dimanche, à Phalère, pour y marcher au bord de l'eau. Georges, Olga et leurs enfants prennent alors l'omnibus à cheval qui passe devant le palais et dans lequel un compartiment leur est réservé. L'omnibus s'arrête, les trompettes du palais sonnent et la famille royale sort rapidement, afin de montrer ostensiblement son désir de ne pas faire attendre trop longtemps les autres passagers. Cette attitude rapproche la famille royale de la population et fait beaucoup pour entretenir une popularité parfois vacillante. Georges Ier a coutume de répéter à ses enfants : « N'oubliez jamais que vous êtes des étrangers parmi les Grecs, et faites en sorte qu'ils ne s'en souviennent jamais »[75].

Malgré tout, le roi n’est pas sans traverser des moments de nostalgie. C’est la raison pour laquelle il fait discrètement installer une ferme laitière, tenue par des Danois, sur les terres du palais de Tatoi, acquis en 1871. L’endroit est, pour lui, un lieu de repos bucolique où il a tout le loisir de renouer avec ses souvenirs d’enfance[76]. La reine Olga est par contre beaucoup moins discrète dans l’expression de son mal du pays et visite très régulièrement les navires russes qui font escale au Pirée[77].

Le meurtre d’Oropos

Armatolos, représentation d'un klephte (bandit grec) par Carl Haag.

Un an après la fin de l’insurrection crétoise, le 11 avril 1870, un groupe de touristes occidentaux, parmi lesquels Lord et Lady Muncaster, le secrétaire de l’ambassade britannique E. H. C. Herbert (cousin du comte de Carnavon), Frederick Vyner (beau-frère du marquis de Ripon[N 12]), le comte Boyl di Putifigari, secrétaire de l'ambassade italienne, et Mr. et Mrs Lloyd[78], est pris en otage par une bande de vingt-cinq brigands alors qu’il se dirige vers le site de Marathon. Les bandits, dirigés par les frères Arvanitakis, exigent, pour la libération de leurs prisonniers, une rançon de 25 000 livres. Afin de récupérer cet argent, ils rendent leur liberté à plusieurs des otages (et à toutes les femmes) et les envoient à Athènes, où ils doivent informer leurs gouvernements de ce qui vient de se passer[79],[80],[81].

Immédiatement averti, le roi Georges Ier fait part aux ambassades britannique et italienne de ses plus profonds regrets. Mais, tandis que les étrangers réunissent l’argent de la rançon, l’armée grecque prend la troupe de brigands en chasse. Le 21 avril, les soldats affrontent les hors-la-loi près du site d'Oropos et ces derniers sont presque tous tués ou faits prisonniers. Cependant, dès le début de l'attaque, les bandits assassinent leurs otages en représailles[80],[82],[83].

Le roi et les plus hauts dignitaires du pays assistent aux funérailles officielles des victimes organisées à Athènes. Malgré cela, à l’étranger, et surtout en Grande-Bretagne, l’émotion est immense et les journaux se déchaînent contre le royaume de Grèce et sa population. Dans le pays même, l’assassinat est perçu comme une honte nationale et il est suivi d’un durcissement de la lutte contre le brigandage. Dans les provinces du Nord, où les hors-la-loi profitent de la proximité de la frontière avec l'Empire ottoman pour s'y réfugier, la gendarmerie est renforcée et les crédits accordés à la surveillance de la frontière augmentés[84],[85],[86].

Évolution politique et expansion territoriale (1871-1881)

Instabilité politique

L'homme politique Charilaos Trikoupis à la tribune du Parlement. Tableau de N. Orlof datant de la fin des années 1880.

De 1864 à 1874, vingt-et-un gouvernements différents se succèdent et le plus long ne dure qu’un an et demi[N 13]. Dénonçant cet état de fait, Charilaos Trikoupis écrit, en juillet 1874, un article anonyme, intitulé « Τί φτάει ; » (« À qui la faute ? ») dans le journal Kairoi où il blâme le roi Georges Ier et ses conseillers pour la continuelle crise politique que connaît le pays. Dans cet article, l’homme politique accuse le roi de se conduire en monarque absolutiste en imposant un gouvernement minoritaire à son peuple. Il explique en effet que, si le souverain insistait pour que seuls des hommes politiques appartenant à une majorité élue au sein de la Vouli soient nommés Premiers ministres, alors les députés seraient obligés de travailler ensemble de façon plus harmonieuse et formeraient des gouvernements de coalition. Pour Trikoupis, une telle attitude mettrait fin à l’instabilité politique et réduirait en outre le nombre des petits partis qui pullulent dans le pays[87].

Peu de temps après, Trikoupis admet être l’auteur de cet article afin de protéger l’individu que la police a arrêté pour l’avoir écrit. L’homme politique est alors placé à son tour en détention mais ensuite acquitté des charges d'« atteinte à l’ordre constitutionnel » qui pèsent sur lui et relâché. L’année suivante, le roi demande à Trikoupis de former un nouveau gouvernement (sans majorité parlementaire) puis prononce un discours du trône où il déclare que, dorénavant, le leader de la majorité parlementaire serait désigné Premier ministre[87].

La montée du panslavisme

La Russie se préparant à lâcher les chiens de la guerre sur les Balkans, tandis que la Grande-Bretagne l’avertit de prendre garde à ce qu’elle fait. Caricature du magazine anglais Punch du 17 juin 1876.

La politique intérieure de la Grèce n'est cependant pas la seule préoccupation de Georges Ier. Pendant l'hiver 1875-1876, la Bosnie-Herzégovine se soulève contre le joug ottoman. Puis, en avril 1876, la population bulgare se révolte à son tour et les Turcs répondent à l’insurrection nationale par des massacres (comme celui de Batak), organisés par des mercenaires bachi-bouzouks[88]. En Europe, la réaction ottomane fait scandale et la Russie, se considérant comme le protecteur traditionnel des Slaves, tente d'utiliser le panslavisme et de pousser tous les Slaves du sud, dont ceux de Serbie et du Monténégro, à entrer en guerre contre leur suzerain ottoman[89].

De son côté, la Grèce se montre plus conciliante avec l’Empire ottoman. Convaincue que le réveil national des peuples balkaniques et la montée du panslavisme représentent un danger pour le panhellénisme et la Grande Idée, la diplomatie grecque cherche à préserver la paix et à empêcher de nouveaux soulèvements à l’intérieur des provinces chrétiennes de la Turquie[90]. Athènes espère, en échange, obtenir de la Sublime Porte des compensations territoriales en Épire, en Thessalie et en Crète ou, au moins, des avantages sur ses frontières. La Grèce souhaite en effet bénéficier du raccordement de son réseau ferroviaire au chemin de fer serbe. Surtout, Athènes cherche à empêcher le projet de Constantinople d’installer des colons circassiens en Épire et en Thessalie. Mais, une fois l'ordre à peu près rétabli sur son territoire et après avoir fait mine d’accepter les demandes grecques, l’Empire ottoman fait marche arrière[91]. Se sentant trahi par son voisin, le royaume hellène retourne à sa politique traditionnelle de défiance vis-à-vis de la Porte[92].

Tableau de Konstantin Makovsky, Les martyres bulgares (1877).

Le 24 avril 1877, Saint-Pétersbourg déclare la guerre à la Turquie pour venir en aide aux Bulgares et la Serbie, le Monténégro et la Roumanie se joignent aux armées du grand-duc Nicolas Nikolaïevitch[93]. Face à ces événements, la Grèce est partagée sur la politique qu’elle doit suivre. Le roi Georges Ier et son gouvernement craignent en effet les visées de la Russie sur Constantinople et celles des Serbes et des Bulgares sur la Macédoine. Ils sont cependant conscients que l’Empire ottoman est en grande difficulté et que l’entrée en guerre d’Athènes pourrait donner lieu à un important accroissement territorial pour le royaume hellène. La Grèce cherche donc à conclure une alliance avec la Russie mais celle-ci se montre réticente. Convaincue que la victoire lui est acquise, Saint-Pétersbourg veut empêcher les Grecs de s’opposer à son projet de Grande Bulgarie[94]. Athènes se tourne donc vers la Grande-Bretagne, qui soutient traditionnellement la Porte, afin d’obtenir des compensations territoriales en échange de sa neutralité. Cependant, Londres ne fait que de vagues promesses au gouvernement de Georges[95] et la Grèce décide de favoriser l’insurrection des populations helléniques de l'Empire ottoman afin de pouvoir peser sur d’éventuelles négociations de paix entre les puissances belligérantes[96]. Une nouvelle fois, la Crète se soulève et des révoltes se produisent également en Thessalie et en Épire[97],[98].

La Grande Bulgarie du traité de San Stefano (1878).

Le 2 février 1878, l’armée hellène franchit finalement la frontière ottomane, sous le prétexte de protéger les Grecs des Balkans des exactions turques[97]. Mais, depuis le 31 janvier, la Russie et l’Empire ottoman ont entamé des négociations de paix secrètes et Athènes se retrouve rapidement isolée face à son ennemi[99]. Les grandes puissances européennes poussent par ailleurs la Grèce à se retirer du conflit et les troupes grecques doivent faire marche arrière dès le 7 février[100]. Pour Georges Ier, qui bénéficie d’une grande popularité auprès de ses sujets depuis le début de la mobilisation, le coup est rude[101].

Le 3 mars 1878, la Russie et l’Empire ottoman signent le traité de San Stefano, qui donne naissance à une vaste Bulgarie autonome comprenant la majeure partie de la Macédoine et une grande partie de la Thrace. La Roumanie, la Serbie et le Monténégro sont agrandis et obtiennent leur pleine indépendance tandis que le gouvernement des autres provinces chrétiennes de l’Empire ottoman est réformé sous l’égide de la Russie. En fait, seule une minuscule partie de la Thessalie et de l'Épire doit être concédée à la Grèce[N 14], qui perd toute influence dans les Balkans[102].

L’annexion de la Thessalie

Articles connexes : Thessalie et Congrès de Berlin.

Cependant, le royaume de Grèce n’est pas la seule nation mécontente de la conclusion du traité de San Stefano. La Grande-Bretagne, qui craint que l’Empire russe ne lui bloque un jour la route des Indes, s’inquiète elle aussi des progrès du panslavisme dans les Balkans. Londres cherche donc à limiter les acquis de la Russie en s’en prenant à la Grande Bulgarie naissante[89].

L'expansion territoriale de la Grèce entre 1832 et 1947.

Alors que la guerre semble sur le point de reprendre[103] et que l’Empire ottoman continue à être secoué par la révolte de ses populations hellénophones[104], un congrès international est convoqué à Berlin par les grandes puissances au mois de juin 1878. Sous l’égide du chancelier Otto von Bismarck, les diplomates européens discutent du sort de l’empire turc et la Russie se retrouve bientôt isolée[105]. Avec la signature du traité de Berlin, la Bulgarie est en effet divisée en deux provinces (la Bulgarie septentrionale et la Roumélie orientale), et seule la première reçoit une réelle autonomie. Surtout, les territoires bulgares sont amputés de la Macédoine et de la Thrace, ce qui représente un grand soulagement pour la Grèce. La Roumanie, la Serbie et le Monténégro voient leur indépendance une nouvelle fois reconnue mais leurs gains territoriaux sont quelque peu amoindris. La Bosnie-Herzégovine est occupée par l’Autriche-Hongrie et Chypre par le Royaume-Uni[N 15]. Enfin, des réformes doivent être organisées sous la surveillance des grandes puissances (et plus seulement de la Russie) dans les autres provinces balkaniques de l’Empire ottoman[106].

Quant à la Grèce, qui a demandé durant le congrès qu'on lui cède la Crète, l’Épire et la Thessalie[107],[108], elle obtient en partie satisfaction. Le traité de Berlin invite en effet Constantinople et Athènes à se mettre d'accord sur un nouveau tracé frontalier[109] et précise que les puissances pourraient exercer leur médiation si les deux pays ne parviennent pas à se mettre d'accord. La Crète n'est cependant pas concernée par le traité et l'énosis ne peut donc pas être réalisée[110].

Une fois le congrès terminé, la Sublime Porte cherche toutefois à retarder l'application des réformes prévues et, en 1880, les nouvelles frontières balkaniques ne sont toujours pas délimitées. Une proposition très favorable à la Grèce (car incluant le Mont Olympe et la ville de Ioannina dans les territoires devant lui revenir) est donc faite par les Britanniques et les Français au mois de juin. Les Turcs s'opposent à ce projet et Charilaos Trikoupis commet l’erreur de menacer l’Empire ottoman d’une mobilisation de son armée. Le remplacement de Charles de Freycinet par Jules Ferry comme Président du Conseil en France provoque des dissensions entre les grandes puissances et permet aux Ottomans de ne livrer aux Grecs que la Thessalie et la partie de l’Épire située autour d’Arta. Lorsque le gouvernement de Trikoupis est renversé, le nouveau Premier ministre grec, Alexandros Koumoundouros, accepte à contrecœur les nouvelles délimitations territoriales[111],[112].

Entre agitation nationale et vie familiale (1882-1898)

La crise de 1885

Le prince Alexandre Ier de Bulgarie (vers 1880).

La situation dans les Balkans reste malgré tout tendue. Après quelques années de calme relatif, une révolution éclate à Philippopoli, capitale de la Roumélie orientale, le 17 septembre 1885. La population expulse alors le vali ottoman Gavril Pacha et proclame l’union de la province à la Bulgarie en faisant appel à son prince, Alexandre de Battenberg[113]. Comme en 1878, cette nouvelle victoire du peuple bulgare soulève l’inquiétude du royaume de Grèce. C’est pourtant la Serbie qui réagit le plus violemment à l’événement en déclarant la guerre à sa voisine le 14 novembre. Mais le conflit est de courte durée et les armées du roi Milan Ier de Serbie sont vaincues à la bataille de Slivnitsa[114]. Le traité de Bucarest du 3 mars 1886 reconnaît donc l’unification des provinces bulgares, qui restent cependant sous suzeraineté turque.

En Grèce, Theodoros Deligiannis, chef du Parti nationaliste, cherche à profiter de la situation dans les Balkans pour enflammer le sentiment turcophobe de la population et revenir sur les acquis du traité de Berlin. Nommé Premier ministre après les élections législatives d’avril 1885, il déclare que si le peuple bulgare a pu s’opposer aux décisions des grandes puissances, alors les Grecs devraient faire de même afin de réaliser leur unité nationale[111],[115].

L'homme politique mobilise donc l’armée hellène dans le but d'attaquer l'Empire ottoman. Cependant, la Grande-Bretagne et la France organisent un blocus maritime du pays pour l'empêcher d'intervenir contre son voisin. Pour la Grèce, l'intervention étrangère est d'autant plus humiliante que, du côté de la Royal Navy, l’amiral chargé du blocus n’est autre que le prince Alfred du Royaume-Uni, c’est-à-dire l’homme que les Grecs avaient d’abord choisi comme roi en 1863[111]. Sous la pression des forces étrangères, Deligiannis est donc forcé de démobiliser l’armée et Charilaos Trikoupis redevient Premier ministre[116],[117]. Entre 1882 et 1897, les deux hommes alternent à la tête du gouvernement[116].

Le Jubilé royal de 1888

Georges Ier à la Une du Petit Journal.

L’année 1888 est un moment spécial dans la vie de Georges Ier. Le 30 octobre, le souverain fête son 25e anniversaire de règne et le royaume hellène organise pour son jubilé d’importantes festivités. Des Grecs de toutes les provinces et de toute la diaspora se rendent à Athènes afin d’y acclamer le monarque. Pendant une semaine entière, la capitale est décorée de drapeaux, de fleurs et d’arcs de triomphe[118] tandis que bals, processions, représentations théâtrales, parades et revues militaires se succèdent. Un spectacle pyrotechnique est même organisé pour l’occasion sur les ruines du temple de Zeus et sur l’Acropole[119].

Les Grecs ne sont pas les seuls à accourir dans la capitale hellénique et des représentants de toute l’Europe et du Moyen-Orient viennent également rendre hommage au souverain. L’héritier du trône de Danemark, le prince de Galles, le duc et la duchesse d’Édimbourg et les grands-ducs Paul et Serge de Russie participent ainsi aux cérémonies du jubilé[120]. Enfin, l’Église orthodoxe, que le roi n’a pourtant jamais intégrée, n’est pas non plus en reste et les festivités s’ouvrent sur un Te Deum présidé par le métropolite d’Athènes entouré de l’ensemble des évêques du pays et d’une centaine de popes[121].

À de nombreuses occasions durant cette semaine de réjouissances, le roi est acclamé par la foule et l’événement est un complet succès pour la monarchie. Malgré ses origines étrangères et les réussites limitées de sa politique, le souverain est en effet parvenu à se faire aimer et respecter de ses sujets[122].

Mariages princiers

L'année suivant le jubilé royal, deux des enfants de Georges et d'Olga se marient. Le 17 juin 1889, la princesse Alexandra épouse, à Saint-Pétersbourg, son cousin le grand-duc Paul Alexandrovitch de Russie, sixième fils de l’ancien tsar Alexandre II. Pour Olga, restée très attachée à sa terre natale, l’événement est un grand moment de bonheur mais, pour Georges, dont Alexandra est la fille préférée, c’est aussi l’occasion d’une séparation qui lui pèse énormément[123],[124].

La famille de Constantin et de Sophie vers 1914. Au centre, on peut voir les deux époux avec, autour d'eux, les futurs rois Paul Ier, Alexandre Ier et Georges II de Grèce ainsi que les futures reines Hélène de Roumanie et Irène de Croatie.

Quelques mois plus tard, le 27 octobre, le diadoque Constantin s’unit publiquement, à Athènes, à la princesse Sophie de Prusse, fille de l’ancien kaiser Frédéric III d’Allemagne. Le mariage de l’héritier du trône est célébré avec faste et donne lieu à un important spectacle pyrotechnique sur l'Acropole et le Champ de Mars. Des plates-formes sont érigées sur la place Syntagma afin que le public puisse mieux admirer la procession entre le palais royal et la cathédrale. Les festivités réunissent à Athènes des représentants de toutes les maisons souveraines européennes et Guillaume II d'Allemagne, sa mère, l'impératrice douairière Victoria, Christian IX de Danemark, les futurs Édouard VII du Royaume-Uni et Nicolas II de Russie y sont les invités d'honneur. Mais les hôtes sont si nombreux dans la capitale hellène que le roi Georges Ier doit demander à certains membres de la haute société de lui prêter leurs palais afin de loger tout le monde[125],[126].

La princesse Marie de Grèce avec son époux le grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie le jour de leur mariage (1900).

Pour le roi Georges, qui n’aime pas beaucoup les grandes cérémonies publiques, l’événement est donc avant tout une source de complications[127]. Mais, pour les Grecs, le mariage de l’héritier du trône est d’autant plus une occasion de réjouissances que l’union d’un prince prénommé Constantin avec une jeune fille appelée Sophie est considérée comme un signe de la reconquête prochaine de Constantinople et de la basilique Sainte-Sophie sur l'Empire ottoman[128].

Après les mariages d’Alexandra et de Constantin, il faut attendre plusieurs années pour que d’autres enfants de Georges Ier convolent en justes noces. En 1900, la princesse Marie épouse le grand-duc Georges Mikhaïlovitch. Puis, en 1902, c’est au tour du prince Nicolas de s’unir à une Romanov, la grande-duchesse Hélène Vladimirovna. En 1903, le prince André se marie à une princesse anglo-allemande, Alice de Battenberg, et, en 1907, le prince Georges épouse une jeune Française, Marie Bonaparte. Finalement, parmi les enfants du monarque, seul le prince Christophe épouse une roturière, Nancy Stewart, mais leurs épousailles se déroulent plusieurs années après la mort du roi, en 1920.

Le décès de la princesse Alexandra

La princesse Alexandra de Grèce et sa fille, la grande-duchesse Maria Pavlvona de Russie, en 1890.

En septembre 1891, la princesse Alexandra de Grèce qui, à l’âge de 21 ans, a déjà donné naissance à une petite fille l’année précédente, est enceinte de sept mois. Le 16 septembre, elle visite le domaine princier d’Ilynskoïe avec son mari. Lors d’une promenade le long des berges de la Moskova, elle chute en sautant sur un bateau amarré à la rive. L’incident semble d’abord bénin, mais, le lendemain soir, la jeune femme est en proie à de vives douleurs et s'effondre durant un bal. L’accouchement se déclenche et Alexandra donne naissance à un fils prématuré, le grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie. Cependant, la princesse tombe dans le coma et trouve la mort six jours plus tard, le 24 septembre 1891[129],[130].

Lorsque Alexandra perd conscience, Georges Ier et le reste de la famille royale de Grèce se trouvent à Fredensborg, au Danemark. Mis au courant de la tragédie par télégramme, les parents de la princesse traversent l’Europe orientale pour gagner Ilynskoïe. Mais, arrivés au chevet de leur fille, ils ne peuvent faire plus que l’accompagner jusqu’à la mort. Après des funérailles officielles à Saint-Pétersbourg, la famille royale rentre en Grèce mais la perte de sa fille préférée laisse le roi dans une très grande tristesse et il lui faut plusieurs mois pour retrouver un rythme de vie normal[129],[130].

Une politique de grandeur

Durant les dernières décennies du XIXe siècle, la Grèce prend peu à peu conscience de son importance sur l’échiquier européen et le pays cherche à peser davantage sur l’évolution des Balkans. Cependant, la Grande Idée n’est pas l’unique préoccupation d’Athènes et le gouvernement hellénique investit beaucoup d’argent dans la modernisation du royaume. Le 25 juillet 1893, Georges Ier inaugure ainsi le canal de Corinthe, percé par une compagnie grecque dirigée par Andréas Syngrós. Cette prouesse technique permet de réduire considérablement la durée de voyage par mer de l’Adriatique au Pirée et les Grecs en sont très fiers[131].

Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été de 1896, dans le Stade panathénaïque.

Un an plus tard, en juin 1894, le Congrès olympique dirigé par le baron Pierre de Coubertin vote à l’unanimité la restauration des Jeux olympiques. La ville d’Athènes est alors choisie comme siège de la première compétition internationale, qui doit se tenir en 1896[132]. Dans le royaume hellène, le choix de la Grèce pour accueillir l’événement soulève l’enthousiasme. Le coût du projet rend cependant le gouvernement de Charilaos Trikoupis réticent et il faut notamment l’intervention du mécène Georges Averoff pour que les Jeux soient effectivement organisés[133].

Le 6 avril 1896, la cérémonie d’ouverture des Jeux est présidée par le roi Georges dans le Stade panathénaïque, rénové pour l’occasion. Dans les jours qui suivent, de nombreuses épreuves sont organisées par les fils du roi et le prince Georges est même président des arbitres[134]. Pour la population, les Jeux sont un grand moment de fierté nationale et, lorsque le berger Spyrídon Loúis remporte l'épreuve de marathon, le diadoque Constantin saute des gradins pour courir à ses côtés sur les derniers mètres tandis que le monarque se lève pour les applaudir[135].

Finalement, la Grèce fait d’importants efforts pour redécouvrir son passé antique. Entre 1885 et 1890, des fouilles sont ainsi organisées sur le site de l’Acropole d'Athènes par des archéologues hellènes (comme Panagiotis Kavvadias) et allemands (comme Wilhelm Dörpfeld ou Georg Kawerau)[136].

L’échec de la Guerre de Trente jours

Constantin de Grèce (alors roi des Hellènes) en 1913.

La Grande Idée continue d'occuper la politique de la Grèce et de son roi durant toutes les années 1890. En février 1895, après différents massacres d'Arméniens en Anatolie, des représentants des provinces crétoises demandent aux puissances européennes de placer la Crète sous leur protection. L'Empire ottoman tente alors de rassurer les insulaires en nommant un gouverneur chrétien, mais les habitants finissent par se révolter[137].

Pendant deux ans, des violences intercommunautaires secouent l'île[138] et, le 16 février 1897, les Crétois proclament l'union de leur province à la Grèce[139]. Alors qu'Athènes avait auparavant joué l'apaisement, le gouvernement décide de soutenir les insurgés. Le roi envoie son deuxième fils, le prince Georges, qui est officier dans la marine hellénique, prendre possession de l’île[140]. De fait, les Grecs refusent l’offre ottomane de donner à la Crète une administration autonome et le Premier ministre Theodoros Deligiannis mobilise une nouvelle fois l’armée hellène en prévision de la guerre. Mais, comme auparavant, les grandes puissances s’opposent à l’expansion territoriale grecque et annoncent, le 25 février 1897, que la Crète doit être placée sous administration autonome. Londres, Paris et Saint-Pétersbourg ordonnent par ailleurs aux armées turque et grecque de se retirer[141].

Si l’Empire ottoman obtempère, Deligiannis refuse de se soumettre et envoie 1 400 soldats en Crète sous le commandement du colonel Timoléon Vassos. Les grandes puissances européennes annoncent alors le blocus des côtes grecques tandis que les troupes hellènes franchissent la frontière macédonienne. Le sultan ottoman Abdülhamid II déclare donc la guerre à son ancienne province. L’annonce est accueillie très favorablement en Grèce et des défilés en faveur de Georges Ier ont lieu spontanément dans les rues d’Athènes. Des milliers de volontaires gagnent le Nord pour rejoindre les forces placées sous le commandement du diadoque Constantin[142].

Représentation de la bataille de Domokos par Fausto Zonaro. Livrée le 17 mai 1897, elle oppose les troupes ottomanes du général Ethem Pacha aux forces grecques commandées par le diadoque Constantin. Ces dernières sont alors battues et contraintes de se retirer.

Pourtant, l’armée ottomane est bien mieux préparée que l'armée grecque. Les soldats hellènes sont rapidement obligés de battre en retraite et, à la fin du mois d’avril 1897, la guerre est perdue. Elle devient alors connue sous le nom humiliant de « Guerre de Trente jours ». Grâce à l’intervention du prince de Galles et du tsar Nicolas II de Russie, les conséquences de la défaite sont considérablement atténuées pour la Grèce mais le pays est tout de même forcé de renoncer à la Crète, de faire quelques concessions territoriales mineures à l’Empire ottoman et de lui verser une indemnité de 4 000 000 de livres turques[143].

La joie avec laquelle les sujets de Georges Ier ont accueilli le début de la guerre se transforme en rancune contre lui et la famille royale après la défaite. L’opposition est d’ailleurs si forte que le monarque pense un moment abdiquer. Le 14 février 1898, il est l'objet d'une tentative d’assassinat alors qu'il se promène en carrosse découvert avec sa fille, la princesse Marie. Mais Georges Ier se conduit si bravement durant l'attaque que le peuple hellène lui rend immédiatement une partie de son estime[144]. Pour ceux chez qui le sentiment antimonarchique reste fort, la théorie du complot se développe. L'attentat aurait été une manipulation du palais pour reconquérir la sympathie de l'opinion publique[145].

En Crète, l’agitation continue et le vice-consul britannique est assassiné[146]. Les grandes puissances proposent alors de faire du prince Georges le gouverneur de l’île sous la suzeraineté du Sultan, ce qui place de facto la Crète sous domination grecque, avec cependant un statut d'autonomie[140].

Un tournant de siècle difficile (1898-1910)

La question linguistique

Article connexe : Question linguistique grecque.

Après le désastre de la Guerre de trente jours, la société grecque connaît une grave crise morale qui aboutit à une remise en cause des élites[147] et au développement de violences politiques, dont le point culminant est l’assassinat du Premier ministre Theodoros Deligiannis, le 31 mai 1905[148]. Cherchant à expliquer les raisons de l’échec de la Grande Idée, les Grecs se focalisent sur la question linguistique, qui divise le pays. Depuis son indépendance, le royaume hellène vit en effet en situation de diglossie : la langue officielle (ou katharévousa) est une version archaïsante du grec moderne et la langue populaire (ou dhimotiki) n’est pas employée dans la vie publique. Si la katharévousa est incompréhensible pour la majeure partie de la population, elle a l’avantage de ne pas employer de mots d’origine étrangère et est donc considérée comme une langue plus pure que la dhimotiki, qui a intégré dans son vocabulaire de nombreux termes d’origine turque ou italienne.

Représentation de l'émeute du 8 novembre 1901, point culminant de la révolte de l'Evangelika.

Pour ses détracteurs, la langue populaire est donc responsable de l’affaiblissement du panhellénisme à un moment où les nationalismes slaves gagnent du terrain dans les Balkans. Mais, pour ses soutiens, la dhimotiki est au contraire un gage de renouveau pour la nation grecque alors que la katharévousa est un symbole d’archaïsme et d’incapacité à évoluer[149]. La controverse enfle au tournant du XIXe et du XXe siècle et les partisans de la katharévousa dénoncent les défenseurs de la dhimotiki en les appelant « μαλλιαροί » (« chevelus »), « αγελαίοι » (« vulgaires ») ou « χυδαϊσταί » (« plébéiens »). Parallèlement, les soutiens de la langue populaire surnomment leurs ennemis « γλωσσαμύντορες » (« puristes »), « σκοταδιστές » (« obscurantistes »), « συντηρητικοί » (« conservateurs ») ou même « αρχαιόπληκτο » (« maniaques de l’ancien »)[150],[151].

Déjà compromise par la défaite de 1897, la famille royale est directement éclaboussée par la question linguistique en 1901. En novembre de cette année, la reine Olga est en effet impliquée dans une affaire qui touche à la traduction des Évangiles en grec moderne et qui aboutit à des émeutes meurtrières à Athènes[152]. L’événement, connu sous le nom d’« Evangelika », aboutit à la chute du ministère Theotokis, à la démission du métropolite Procope II et au renvoi des chefs de la police et de la gendarmerie. Il contribue par ailleurs à maintenir la défiance existant entre le souverain et son peuple[153].

La Crète se libère

Articles connexes : Crète autonome et Georges de Grèce.

La mort de la reine Victoria du Royaume-Uni, le 22 janvier 1901, fait de Georges Ier le second monarque européen au règne le plus long (après l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche). Les relations cordiales du roi avec son beau-frère Édouard VII se poursuivent[154] mais elles restent insuffisantes pour assurer aux Grecs la protection de la Grande-Bretagne. De fait, Londres continue à appuyer l’Empire ottoman et à s’opposer à l’annexion de la Crète par la Grèce.

Dans l’île, la charge confiée au second fils du roi, le prince Georges, est donc loin d’être de tout repos. La population se montre peu satisfaite de la solution intermédiaire que lui imposent les étrangers et des émeutes continuent à se produire. Dans le même temps, les grandes puissances se comportent plus en conquérantes qu’en libératrices : elles occupent chacune une partie du territoire et se montrent incapables de s’entendre. Le prince a en outre parfois le sentiment de n’être pas soutenu par le gouvernement grec, trop échaudé par la guerre qu’il a perdue en 1897 pour s’investir vraiment dans les affaires crétoises. À un enthousiasme général succède donc une déception, aggravée par la mainmise des conseillers athéniens de Georges sur les meilleurs postes et charges administratives insulaires[155],[156].

Le prince Georges de Grèce, deuxième fils du roi des Hellènes et haut-commissaire de la Crète autonome.

Pour faire face à l’instabilité qui règne en Crète, le prince choisit de gouverner sans trop s’occuper de l'assemblée nationale du territoire. En agissant ainsi, il s’attire les foudres d’Elefthérios Venizélos, ministre de la Justice du gouvernement insulaire. Les deux hommes entrent bientôt dans un conflit ouvert qui déstabilise davantage l’île[157].

En mars 1905, Venizélos convoque une assemblée révolutionnaire à Therissos, dans les collines près de La Canée. En avril, l'agitation annexionniste s'accentue dans l'île. La nouvelle assemblée nationale crétoise, tout juste élue, cède à la pression et vote la réunion avec la Grèce. Tous les fonctionnaires, même les gendarmes ou les plus proches conseillers du prince, cessent d'exercer leurs fonctions au nom de la Crète autonome et attendent de reprendre leur service au nom du roi des Hellènes. Georges lui-même est prêt à rejoindre le parti annexionniste, mais il reste tenu par son engagement auprès des grandes puissances. L'agitation vénizéliste est par ailleurs aussi dirigée contre lui et il doit donc se prononcer contre une énosis pour laquelle il œuvre depuis qu'il est haut-commissaire[158].

Georges déclare donc la loi martiale, mais la présence de deux gouvernements parallèles amène à un semblant de guerre civile et des affrontements font plusieurs victimes dans la région de La Canée[159]. Fin juillet 1905, le prince songe à démissionner de ses fonctions de haut-commissaire mais il en est dissuadé par son père, à qui il s'en est ouvert, et par le gouvernement grec de Dimitrios Rallis[160]. L’année suivante, les élections à l’assemblée officielle montrent la profonde division de la population crétoise : 38 127 personnes soutiennent le prince tandis que 33 279 autres offrent leurs voix aux partisans de Venizélos. Une révolte ouverte se déclare, pendant laquelle la gendarmerie insulaire reste fidèle au prince Georges tout en tentant d'effectuer son travail le plus objectivement possible[157].

Finalement, en 1906, la diplomatie britannique organise des négociations entre les deux camps. Les puissances essaient de modifier le statut de la Crète en proposant une sorte d'hellénisation progressive tout en maintenant les symboles de la souveraineté ottomane. Ce projet est présenté le 23 juillet au prince Georges qui préfère démissionner de ses fonctions de haut-commissaire le 12 septembre 1906[161]. Les vénizélistes acceptent quant à eux le projet occidental[157],[162]. Une concession supplémentaire est faite aux partisans de l'énosis : le roi Georges obtient le droit de nommer le successeur de son fils au poste de haut-commissaire. La Crète entre alors dans une sorte d'union personnelle avec la Grèce. L'ancien Premier ministre grec Alexandros Zaimis est désigné pour succéder au prince. Le 25 septembre, ce dernier quitte définitivement l'île[157],[163]. Deux ans plus tard, malgré tous les efforts des grandes puissances, l’assemblée crétoise proclame à nouveau unilatéralement son rattachement à la Grèce. Cependant, ce n'est qu'en 1913 que l'île passe définitivement sous administration hellénique.

Le coup de Goudi

Article détaillé : Coup de Goudi.
Portrait officiel du roi Georges Ier de Grèce (Μουσείο Ιστορικής και Εθνολογικής Εταιρίας της Ελλάδας) par Georgios Jakobides, 1910.

En réponse à la Révolution des Jeunes-Turcs de 1908, les soutiens de Venizélos deviennent encore plus nombreux. Le 8 octobre 1908, l’Assemblée crétoise vote une résolution en faveur de l’union de l’île à la Grèce, et ce malgré les réserves du gouvernement hellène de Georgios Theotokis[164] et les objections des grandes puissances[165].

Sans être réellement annexée par le royaume hellène, l’île est donc, de facto, détachée de l’Empire ottoman. Sur le continent, cependant, la pusillanimité du roi et du gouvernement choque, et cela particulièrement chez les militaires[166]. Le 15 août 1909, un groupe d’officiers, réunis dans la « Ligue militaire » (en grec : Στρατιωκικός Σύνδεσμος / Stratiotikos Syndesmos), organise un coup d’État contre le gouvernement : c’est le « coup de Goudi ». Bien que se déclarant monarchistes, les membres de la Ligue, dirigée par Nikólaos Zorbás, demandent, entre autres, au souverain de démettre ses fils de l’armée[166]. Officiellement, il s'agit de protéger les princes des jalousies que pourraient faire naître leurs amitiés avec certains militaires. Mais la réalité est bien différente : les officiers continuent en effet à juger le diadoque responsable du traumatisme de 1897[166].

Dans le pays, la situation est si tendue que les fils de Georges Ier sont obligés de démissionner de leurs postes militaires afin d’épargner à leur père la honte de devoir les renvoyer[167]. Le diadoque est par ailleurs conduit à quitter la Grèce avec son épouse et leurs enfants. La famille s'installe alors, pour plusieurs mois, à Kronberg, en Allemagne[168].

En décembre 1909, le colonel Zorbás, chef de la Ligue militaire, fait pression sur le roi pour qu’il le nomme à la tête du gouvernement à la place du Premier ministre Kiriakoulis Mavromichalis[169]. Georges Ier refuse mais le gouvernement doit engager des réformes qui vont dans le sens des militaires. L’état-major est réorganisé et les proches du diadoque, parmi lesquels Ioánnis Metaxás, sont écartés[170].

L’arrivée de Venizélos au pouvoir

Article connexe : Elefthérios Venizélos.
L'homme politique Elefthérios Venizélos en 1919.

Malgré ces réformes, une partie des membres de la Ligue militaire continue à s'opposer au gouvernement dans le but de prendre le pouvoir. Ceux-ci se rendent alors en Crète pour y rencontrer le chef du gouvernement de l’île, Elefthérios Venizélos, et lui proposer le poste de Premier ministre, à Athènes. De fait, lorsque le prince Georges de Grèce était haut-commissaire de la Crète autonome, entre 1905 et 1909, Venizélos s’est opposé farouchement à sa politique et le leader crétois a ainsi acquis une forte aura anti-dynastique. Les officiers de la Ligue voient donc en lui un partenaire naturel et efficace contre le roi Georges Ier[171]. Mais Venizélos ne souhaite pas apparaître en Grèce comme l’homme de l’Armée et il convainc les militaires de pousser à l’organisation de nouvelles élections législatives[171]. En mars 1910, le souverain hellène finit par convoquer des élections et Venizélos et ses partisans arrivent au pouvoir. Pour la famille royale, c'est un moment difficile[171].

Malgré tout, Venizélos ne cherche pas à affaiblir la dynastie des Oldenbourg. Pour bien montrer qu'il n'obéit pas à l'armée, le Premier ministre redonne, dès 1911, leurs fonctions militaires aux princes de la famille royale et le diadoque redevient chef de l'état-major[N 16],[172]. Bientôt, sous la supervision de Constantin et de celle du Premier ministre, l’armée hellène est modernisée et équipée, avec le soutien d’officiers français et anglais. De nouveaux navires de guerre sont également commandés par la marine[173]. Le but de cette modernisation est de rendre le pays prêt à une nouvelle guerre contre l'Empire ottoman.

Une monarchie consolidée ?

Le déclenchement de la Première Guerre balkanique

Les opérations grecques durant la Première guerre balkanique.

Le 8 octobre 1912, le Monténégro déclare la guerre à l'Empire ottoman. Moins d’une dizaine de jours plus tard, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce font de même : c’est le début de la Première guerre balkanique[174].

Côté grec, le conflit se déroule sur deux fronts : au Nord-Est du pays, vers la Thessalie et la Macédoine, et au Nord-Ouest, vers l'Épire. Les troupes hellènes, composées de 120 000 hommes, sont donc divisées en deux armées et celle qui se dirige vers le nord-est est commandée par le diadoque Constantin. Ainsi que l’ont ordonné le roi et Venizélos, cette armée a pour objectif d'atteindre la ville de Thessalonique avant les forces bulgares. Il s’agit là d’un objectif éminemment politique et symbolique, qui va contre le sentiment de l’état-major[175]. De fait, le diadoque et ses hommes préfèreraient plutôt marcher sur Bitola, dans l’actuelle république de Macédoine[175]. L’objectif serait alors d'abord militaire : Bitola étant la principale place forte turque de la région, sa conquête permettrait de vaincre totalement les troupes ottomanes et de prendre ainsi une revanche sur la défaite de 1897. Mais l'objectif est aussi nationaliste car la prise de Bitola donnerait le contrôle de la quasi-totalité de la Macédoine à la Grèce[175].

Après la victoire grecque à Sarantaporo le 22 octobre, les dissensions entre l'état-major et le gouvernement apparaissent au grand jour. Pour profiter du premier succès grec, Constantin redemande à marcher sur Bitola et Georges Ier doit user de toute son autorité pour lui faire accepter que les objectifs du conflit sont politiques et non militaires. Le diadoque tourne alors tout son ressentiment contre Elefthérios Venizélos, à qui il reproche de s’immiscer dans les affaires de l’armée[176]. Malgré tout, Constantin obtempère, même s'il garde à l'esprit la possibilité de se retourner contre Bitola après avoir pris Thessalonique[176].

La prise de Thessalonique

Après une vingtaine d'autres jours de combats gagnés, les troupes du diadoque arrivent aux portes de Thessalonique et encerclent la ville. Le commandant de la cité et de la IIIe armée turque, Hussein Tashin-Pacha, juge alors sa situation intenable. Il demande donc à ouvrir des pourparlers avec l'état-major grec, ainsi qu'avec les représentants bulgares, dont l’armée approche à grands pas de la ville. Cependant, les Grecs font aux Turcs des conditions plus favorables et le commandant se rend au diadoque. Les troupes grecques, avec à leur tête Constantin et d'autres membres de la famille royale[N 17], entrent dans Thessalonique le 8 novembre, jour de la fête de son saint patron, saint Dimitrios[174],[177]. L’événement donne lieu à des scènes de liesse populaire et les princes sont ovationnés par la foule[178]. La reddition d’Hussein Tashin-Pacha, qui remet symboliquement son épée à Constantin à l’intérieur même du palais des gouverneurs, est l’un des moments forts de cette journée[178].

L'armée grecque entrant dans Thessalonique.

Cependant, les forces hellènes ne précèdent que de quelques heures les troupes bulgares, commandées par le général Georgi Todorov et les princes Boris et Cyrille. Mécontent de la victoire grecque, Todorov déclare à Constantin qu’étant donné que la Bulgarie et la Grèce sont alliées dans le conflit, leurs armées doivent occuper conjointement la capitale macédonienne. Le diadoque lui répond alors que ce sont les Grecs qui ont obtenu la reddition de Thessalonique et que c’est à eux seuls de la tenir. La situation est donc très tendue entre les deux armées[178]. Malgré tout, après une visite du roi Ferdinand Ier de Bulgarie dans la ville, Athènes et Sofia conviennent de reporter la question de la possession de Thessalonique au moment des pourparlers de paix mais ce sont bien les troupes hellènes qui l'occupent[179].

Une fois la ville conquise, Constantin en devient le nouveau gouverneur. C’est d’ailleurs en tant que tel qu’il accueille son père, le roi Georges Ier, et le Premier ministre Elefthérios Venizélos, dans la ville, le 12 novembre 1912. Lors de cet événement, la famille royale est une nouvelle fois acclamée et des démonstrations de joie se produisent dans les rues[180]. L’héritier du trône ne perd cependant pas de vue ses objectifs militaires. Toujours désireux de prendre Bitola, il envoie ses troupes en direction de la Macédoine centrale, où elles remportent de nouvelles victoires[176].

L’assassinat du roi

Article connexe : Aléxandros Schinás.
Portrait d'Aléxandros Schinás, assassin du roi.

Désireux de tirer avantage de la popularité du diadoque pour renforcer sa dynastie, Georges Ier prend la décision d’abdiquer en sa faveur. Le 18 mars 1913, le roi profite ainsi d’un déjeuner avec ses fils Nicolas, Georges et André, à Thessalonique, pour leur annoncer secrètement qu’il souhaite quitter le pouvoir à l’occasion de son jubilé, qui doit avoir lieu en octobre. Le monarque leur explique alors qu’il n’a plus assez de vigueur pour continuer à gouverner et que Constantin a désormais l’âge idéal et l'envergure nécessaire pour le remplacer[181].

Après le repas, Georges Ier part, comme chaque après-midi depuis qu’il est arrivé à Thessalonique, se promener dans les rues de la ville. Il s’y déplace presque sans aucune protection, exactement comme il le fait à Athènes, depuis le début de son règne. Mais il est attendu, ce jour-là, près de la Tour blanche, par l'anarchiste Aléxandros Schinás, qui l’abat d’un coup de revolver. Le souverain est rapidement conduit à l'hôpital mais il est déjà décédé lorsqu'il y parvient. Peu de temps après, le prince Nicolas est prévenu de l’événement et c’est lui qui fait parvenir la nouvelle du décès au reste de sa famille[182],[183].

Funérailles

Carte postale souvenir prise lors des funérailles du roi Georges Ier.

Conscient que l'assassinat du roi dans une ville largement peuplée de Slaves pourrait raviver les tensions avec la Bulgarie, le gouvernement d'Elefthérios Venizélos refuse tout motif politique au régicide et déclare que Schinás est un vagabond alcoolique[184],[185]. Cependant, une fois arrêté, le meurtrier est torturé en prison[186] et il meurt, six semaines plus tard, après s'être officiellement défenestré[187].

Après avoir été rapatriée dans la capitale grecque, la dépouille du roi, entourée des drapeaux grec et danois, est placée dans la cathédrale d’Athènes et exposée publiquement pendant trois jours. Le corps du monarque est ensuite enterré dans les jardins du palais royal de Tatoi, que Georges Ier affectionnait tout particulièrement[188].

Suites immédiates

La fin de la Première Guerre balkanique et la signature du traité de Londres du 30 mai 1913 permettent au royaume de Georges Ier de s’étendre considérablement : une grande partie de la Macédoine (avec Thessalonique) et de l’Épire ainsi que la Crète et la plupart des îles égéennes sont en effet officiellement annexées par la Grèce. Pourtant, la paix est loin d’être acquise et une deuxième guerre balkanique, dirigée cette fois contre le royaume de Bulgarie, se prépare[189].

Surtout, le successeur de Georges, le roi Constantin Ier, est loin d’avoir la même personnalité que son père et son opposition au Premier ministre Elefthérios Venizélos va être la source de biens des problèmes pour le pays. Le nouveau souverain n’ayant jamais été formé aux affaires d’état par Georges, il va en outre faire preuve de beaucoup de maladresses dont les conséquences vont se révéler désastreuses lors de la Première Guerre mondiale[190].

Georges Ier dans la culture populaire

En géographie

Un îlot apparu en 1865 entre Néa Kaméni et Paléa Kaméni a été nommé Georges en l’honneur du souverain[191].

En littérature
Pièce de 5 drachmes à l’effigie du roi Georges Ier datant de 1876.
En phaléristique
  • En 1915, l’Ordre de Georges Ier (en grec : Βασιλικόν Τάγμα Γεωργίου Α' / Vasilikon tagma tou Yeoryiou A) est créé par le roi Constantin Ier en souvenir de son père afin d’honorer les civils et les militaires qui ont œuvré pour leur pays.
  • En 1936, l’ordre des Saints-Georges-et-Constantin (en grec : Βασιλικό και οικογενειακό τάγμα Αγίων Γεωργίου και Κωνσταντίνου / Vasiliko ke ikogeniako tagma Agion Yeoryiou ke Konstantinou) a été créé en référence aux saints patrons du souverain et de son successeur, Constantin Ier, par le roi Georges II de Grèce.
En philatélie

Différents timbres à l'effigie de Georges Ier ont été émis par la Poste grecque :

  • En 1955 et en 1957, deux timbres de 0,3 drachmes[192].
  • En 1963, un timbre de 4,5 drachmes commémorant le centenaire de la monarchie hellène et présentant les cinq souverains grecs successifs[193].
Dans la Marine

Annexes

Bibliographie

Sur Georges Ier

  • (en) Christie's, From the Collection of King George I of the Hellenes, Christie's, 2007 (ASIN B000SSVCZQ)
  • (en) Captain Walter Christmas, King George of Greece, MacBride, Naste & Company, New York, 1914, traduit du danois. (ISBN 1402175272) (Lire en ligne) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Sur Georges Ier et la famille royale de Grèce

  • (fr) Célia Bertin, Marie Bonaparte, Perrin, Paris, 1982. (ISBN 226201602X) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Michael of Greece, Arturo E. Beéche et Helen Hemis-Markesinis, The Royal Hellenic dynasty, Eurohistory.com, 2007. (ISBN 0977196151)
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  • (en) Alan Palmer et Prince Michael of Greece, The Royal House of Greece, Weidenfeld Nicolson Illustrated, 1990 (ISBN 0297830600)
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  • (en) Evelyn E. P. Tisdall, Royal Destiny, The royal Hellenic cousins, Stanley Paul, 1955 (ASIN B00187Q27O)
  • (en) George Nicholas Tantzos, The Inheritors of Alexander the Great: An Illustrated History, Atlantic International Publications, 1987. (ISBN 093831100X)
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Souvenirs et mémoires des princes de Grèce

Histoire de la Grèce

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  • (en) Richard C. Hall, The Balkan Wars 1912-1913. Prelude to the First World War., Routledge, Londres et New York, 2000. (ISBN 0415229464) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Michael LLewellyn Smith, Olympics in Athens. 1896, Profile Books, Londres, 2004 (ISBN 1-8619-7342-X). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (fr) Dimitris Michalopoulos, Vie politique en Grèce pendant les années 1862-1869, Université d'Athènes, Athènes, 1981.
  • (fr) Marc Terrades, Le Drame de l'hellénisme. Íon Dragoúmis (1878-1920) et la question nationale en Grèce au début du XXe siècle, L'Harmattan, coll. « Études grecques », 2005 (ISBN 2-7475-7788-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (fr) Jean Tulard, Histoire de la Crète, PUF, 1979 (ISBN 2-13-036274-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (fr) Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath, 1975 (ISBN 2-7171-0057-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) C.M. Woodhouse, The Story of Modern Greece, Faber and Faber, Londres, 1968 (ISBN 0571197949). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens internes

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Liens externes

Arbre généalogique simplifié : Georges Ier dans l'Europe des rois

La famille du roi Georges Ier de Grèce. (Cliquez ici pour une image plus grande).

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « George I of Greece » (voir la liste des auteurs)

Notes

  1. Pour plus de détails sur les origines byzantines de la famille royale de Grèce, voir l'article « Byzantine ancestry of Greek Royal Family » de la Wikipédia en anglais.
  2. Un premier décret, promulgué le 23 octobre 1862, a d’abord reconnu la déposition du roi Othon et de son épouse. Mais, à partir du 16 février 1863, un nouveau décret proclame la déchéance de la dynastie des Wittelsbach tout entière. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 7 et 54-55.
  3. Michael LLewellyn Smith, dans Olympics in Athens, donne les résultats complets de l'élection, p. 17 : Alfred, 230 066 voix ; le duc Nicolas de Leuchtenberg, 2 400 voix ; « un roi orthodoxe », 1 917 voix ; le tsar Alexandre, 1 841 voix ; « un roi », 1 763 voix ; « longue vie aux trois puissances », 482 voix ; « un prince impérial français », 246 voix ; le prince Napoléon, 245 voix ; une république, 93 voix ; le prince Amédée d'Italie, 15 voix ; le comte Philippe de Flandres, 7 voix ; Guillaume de Danemark, 6 voix ; un prince Ypsilantis, 6 voix ; Garibaldi, 3 voix ; le roi Othon Ier, 1 voix.
  4. Celui-ci monte en effet sur le trône danois le 15 novembre 1863 alors que son fils est proclamé roi par une délégation grecque le 6 juin 1863 à Copenhague. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit. , Tome III, p. 79-82.
  5. Georges n’étant pas encore majeur, le gouvernement danois avait envisagé une régence dirigée par son oncle, le prince Jean de Schleswig-Holstein, mais les Grecs, effrayés par le souvenir de la régence de Josef Ludwig von Armansperg durant la minorité d’Othon Ier, avaient rejeté cette proposition. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 91.
  6. Cette devise est présente sur les armoiries de la dynastie : ΙΣΧΥΣ ΜΟΥ Η ΑΓΑΠΗ ΤΟΥ ΛΑΟΥ. Voir ce site d'héraldique.
  7. Édouard Driault et Michel Lheritier nous apprennent ainsi que, rien que « pour l’emprunt Rothschild de 1832, la Grèce était redevable aux puissances garantes d’un arriéré de 95 millions, capital et intérêt, et chaque année, la France, l’Angleterre [et] la Russie versaient pour son compte à la maison Rothschild une somme d’environ 4 millions, intérêts et amortissement compris. […] En 1859 les puissances avaient consenti à n’exiger que 900 000 francs par an jusqu’en 1864. Mais la Grèce ne s’était pas acquittée des annuités de 1861, 1862, 1863. » Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 142.
  8. Très apprécié des Grecs, le prince Jean arrive à Athènes le 11 avril 1867 et reste au pouvoir jusqu'au retour du roi le 24 novembre. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 235.
  9. En réalité, les deux jeunes gens s’étaient déjà rencontrés en 1863, lorsque Georges était venu en Russie pour remercier le tsar de son soutien lors de son élection. Cependant, Olga était alors âgée de douze ans et il ne semble pas qu’elle ait alors fait grande impression au souverain. Van der Kiste 1994, p. 25 et Captain Walter Christmas, op. cit., p. 81.
  10. Dans les années 1860, Georges Ier avait confié au diplomate britannique Horace Rumbold qu'il avait horreur du « vice » et souhaitait se marier pour échapper à la tentation. Il était donc parti en Russie pour s'y trouver une épouse. Il semblerait cependant que son plan n'ait pas tout à fait fonctionné. Tout au long de sa vie, il se rend presque tous les ans en France, à Aix-les-Bains, pour y prendre les eaux mais également pour y rencontrer ses maîtresses. Michael LLewellyn Smith, op. cit., p. 19.
  11. Avec le prince André, Olga et Georges s’expriment malgré tout en grec, car leur fils se montre très patriote et refuse d’utiliser une langue étrangère avec sa famille. Ricardo Mateos Sainz de Medrano, La Familia de la Reina Sofίa, La Dinastίa griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, La Esfera de los Libros, Madrid, 2004, p. 73.
  12. En 1886, lorsque le Royaume-Uni organise le blocus de la Grèce avec sa marine, le marquis de Ripon est Premier Lord de l'Amirauté et c'est donc lui qui est aux commandes de la Royal Navy.
  13. Il s’agit du ministère d’Epameinontas Deligeorgis qui dure du 20 juillet 1872 au 21 février 1874.
  14. La Russie prévoit de concéder à la Grèce les villes de Praga et de Butrinto ainsi que le district d’Agrafa et l’établissement de Punta. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 463.
  15. À cette époque, les Grecs s'intéressent peu à Chypre, qu'ils considèrent cependant comme un territoire hellénique. Satisfaits de la présence britannique dans l'île, ils espèrent sans doute que la province connaîtrait un sort similaire à celles des Îles ioniennes.
  16. Venizélos se justifie alors en déclarant devant le Parlement hellénique qu’il considère que le diadoque a « d’exceptionnels dons militaires comme peu d’officiers expérimentés en possèdent » (« exceptional military abilities such as few senior officers possess »). L’homme politique n’aura pas toujours des mots aussi élogieux vis-à-vis de Constantin. Van der Kiste 1994, p. 70
  17. Les deux fils aînés du diadoque, Georges et Alexandre, et plusieurs de ses frères accompagnent l'héritier du trône. Van der Kiste 1994, p. 72
  18. Nicholas Tantzos, King by Chance: A Biographical Novel : King George I of Greece 1863-1913, Atlantic International Publications, 1988 (ISBN 0938311026).
  19. Michel de Grèce, La Nuit blanche de Saint-Pétersbourg, Pocket, 2002. (ISBN 2266117351)

Références

  1. a et b Van der Kiste 1994, p. 6
  2. a, b et c Van der Kiste 1994, p. 7
  3. Édouard Driault et Michel Lheritier, Histoire diplomatique de la Grèce de 1821 à nos jours. Tome II, Paris, PUF, 1926, p. 487-488.
  4. Richard Clogg, A Short History of Modern Greece, University Press, Cambridge, 1979, p. 82.
  5. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 13.
  6. Philippe Alexandre et Béatrix de L'Aulnoit, La dernière reine : Victoria, 1819-1901, Robert Laffont, 2000, p. 249.
  7. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 14-26.
  8. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 34-38.
  9. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 38-42.
  10. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 56-57.
  11. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 51-55.
  12. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 57-58.
  13. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 63-79.
  14. Michael LLewellyn Smith, Olympics in Athens. 1896., Profile Books, Londres, 2004, p. 18.
  15. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 84-85.
  16. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 79-81.
  17. The Times, 8 juin 1863, p. 12, col. C.
  18. a et b Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 93-94.
  19. Captain Walter Christmas, King George of Greece, MacBride, Naste & Company, New York, 1914, traduit du danois, p. 59.
  20. Van der Kiste 1994, p. 14-15
  21. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 61.
  22. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 94.
  23. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 86.
  24. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 62-63.
  25. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 135.
  26. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 135-137.
  27. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 65.
  28. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 128-129.
  29. Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath, 1975, p. 166.
  30. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 130.
  31. a et b Van der Kiste 1994, p. 18
  32. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 160 et 179.
  33. Van der Kiste 1994, p. 16
  34. Van der Kiste 1994, p. 21
  35. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 152 et 164.
  36. a et b Van der Kiste 1994, p. 20
  37. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 70-71.
  38. The Times du lundi 31 octobre 1864, p. 9, col. E.
  39. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 71-72.
  40. C.M. Woodhouse, The Story of Modern Greece, Faber and Faber, Londres, 1968, p.172.
  41. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 179.
  42. Van der Kiste 1994, p. 21-24
  43. Richard Clogg, op. cit., p. 87.
  44. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 142-145.
  45. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 63-64.
  46. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 125.
  47. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 141.
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  57. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit. Tome III, p. 225-226.
  58. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit. Tome III, p. 266-276.
  59. Van der Kiste 1994, p. 24
  60. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 235.
  61. a, b, c et d Van der Kiste 1994, p. 25
  62. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 82.
  63. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 83.
  64. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 237.
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  77. Van der Kiste 1994, p. 39
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  80. a et b Van der Kiste 1994, p. 28
  81. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 325-326.
  82. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 89-90.
  83. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 327.
  84. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 91-92.
  85. Van der Kiste 1994, p. 28-29
  86. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 327-331.
  87. a et b Richard Clogg, op. cit., p. 86.
  88. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 388-389.
  89. a et b Gary J. Bass, Freedom's Battle. The Origins of Humanitarian Intervention., Alfred A. Knopf, New York, 2008, p. 251-304.
  90. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 389-392.
  91. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 392-395.
  92. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 395.
  93. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 414.
  94. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 418-420 et 422-444.
  95. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 421.
  96. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 448.
  97. a et b Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 452.
  98. Theocharis Détorakis, op. cit., p. 351-353.
  99. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 454-455.
  100. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 457-460.
  101. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 451.
  102. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 463-464.
  103. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 485.
  104. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 469-470 et 479.
  105. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 488-489.
  106. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 488-492.
  107. Richard Clogg, op. cit., p. 89.
  108. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 498.
  109. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 504-505.
  110. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 507.
  111. a, b et c C.M. Woodhouse, op. cit., p. 181.
  112. Van der Kiste 1994, p. 31-34
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  115. Van der Kiste 1994, p. 34
  116. a et b Richard Clogg, op. cit., p. 90–92.
  117. Van der Kiste 1994, p. 34-35
  118. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 119.
  119. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 121.
  120. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 120.
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  122. Captain Walter Christmas, op. cit., p. 123-124.
  123. Ricardo Mateos Sainz de Medrano, op. cit., p. 325-326.
  124. Van der Kiste 1994, p. 46
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  127. Van der Kiste 1994, p. 49
  128. Van der Kiste 1994, p. 50
  129. a et b Ricardo Mateos Sainz de Medrano, op. cit., p. 326-327.
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  138. Teocharis Détorakis, op. cit., p. 362.
  139. Teocharis Détorakis, op. cit., p. 364.
  140. a et b C.M. Woodhouse, op. cit., p. 182.
  141. The Times, 25 février 1897, p. 5 col. A.
  142. Mehmet Uğur Ekinci, « The Origins of the 1897 Ottoman-Greek War: A Diplomatic History », M.A. Thesis, Bilkent University, Ankara, 2006. Consulté le 12 février 2007
  143. Richard Clogg, op. cit., p. 94.
  144. The Times du 28 février 1898, p. 7 col. A.
  145. Marc Terrades, Le Drame de l'hellénisme. Íon Dragoúmis (1878-920) et la question nationale en Grèce au début du XXe siècle, L'Harmattan, coll. « Études grecques », 2005, p. 70.
  146. Forster, p. 33.
  147. Philip Carabott, « Politics, Orthodoxy and the Language Question in Greece: The Gospel Riots of November 1901 » dans Journal of Mediterranean Studies n° 3, 1993, p. 118.
  148. Philip Carabott, op. cit., p. 119.
  149. Philip Carabott, op. cit., p. 120-121.
  150. Georgios Babiniotis (Γεώργιος Μπαμπινιώτης), « Λεξικό της νέας ελληνικής γλώσσας » dans γλωσσικό ζήτημα, Athènes, 2002, p. 427.
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  152. Philip Carabott, op. cit., p. 123-124.
  153. Philip Carabott, op. cit., p. 131-132.
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  155. Célia Bertin, op. cit., p.153-154.
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  159. Theocharis E. Detorakis, op. cit., p. 413.
  160. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit. Tome IV, p. 530-531.
  161. Theocharis E. Detorakis, op. cit., p. 415.
  162. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit. Tome IV, p. 534-543.
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  166. a, b et c Van der Kiste 1994, p. 68-69
  167. Van der Kiste 1994, p. 69
  168. Célia Bertin, op. cit., p. 178.
  169. Van der Kiste 1994, p. 69-70
  170. Marc Terrades, op. cit., p. 237.
  171. a, b et c Apostolos Vacalopoulos, Histoire de la Grèce moderne, Horvath, 1975, p. 206.
  172. Richard Clogg, A Short History of Modern Greece, University Press, Cambridge, 1979, p. 100.
  173. Richard Clogg, op. cit., p. 101-102.
  174. a et b Apostolos Vacalopoulos, op. cit., p. 216.
  175. a, b et c Richard C. Hall, The Balkan Wars 1912-1913. Prelude to the First World War, Routledge, Londres et New York, 2000, p. 59.
  176. a, b et c Richard C. Hall, op. cit., p. 60.
  177. Richard C. Hall, op. cit., p. 61.
  178. a, b et c Van der Kiste 1994, p. 72
  179. Van der Kiste 1994, p. 73
  180. Van der Kiste 1994, p. 72-73
  181. Van der Kiste 1994, p. 74
  182. The Times du 19 mars 1913, p. 6.
  183. Van der Kiste 1994, p. 74-75
  184. The Times, 20 mars 1913, p. 6.
  185. Van der Kiste 1994, p. 75
  186. The New York Times, 20 mars 1913, p. 3.
  187. The New York Times, 7 mai 1913, p. 3.
  188. Van der Kiste 1994, p. 77
  189. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome V, p. 108-113.
  190. Van der Kiste 1994, p. 86-87
  191. Théodore Virlet d'Aoust, Histoire des Kaïmênis ou îles volcaniques nouvelles du golfe de Santorin dans l'archipel de la Grèce, imprimerie de M. Loignon, Clichy, 1866, p. 12. (lire sur Gallica)
  192. Timbres sur un site de collectionneurs.
  193. Timbre sur une page consacrée à la famille royale grecque.
  194. Édouard Driault et Michel Lheritier, op. cit., Tome III, p. 389 et 424.
  195. « Destroyer type Greyhound - King George D-14 (1938-1941) » sur le site de la Marine grecque.
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