Geek

Geek

geek (/gik/), parfois francisé en guik est un terme d'origine américaine anglophone, qui désigne de façon péjorative, une personne bizarre qui est perçue comme trop intellectuelle[1]. Il a été ensuite très utilisé internationalement sur Internet de manière revendicative entre les personnes s'identifiant comme geek. Le terme a alors acquis une connotation méliorative et communautaire. Avec le succès des gadgets de haute technologie, une personne qui aime un tel objet voudra s'autoproclamer "geek", bien que ça ne corresponde pas au sens premier (péjoratif) ou second (féru d'informatique) du terme[2].

L’archétype classique du geek est celui du jeune (ou de l’adolescent) passionné d'électronique, d'informatique, d'univers fantastiques (comics, science-fiction, heroic fantasyetc.). Cette passion s’applique concrètement par de nombreuses activités, telles que le jeu de rôle, le cinéma, les séries télévisées, les jeux vidéo ou encore la programmation informatique.

Il y a souvent confusion entre les geeks, les nolifes, et les nerds[3].

Sommaire

Origine du terme

Selon l’Oxford American Dictionary (en), l’origine du mot se trouve dans le moyen haut-allemand Geck, qui désigne un fou, un espiègle et du néerlandais Gek qui désigne quelque chose de fou[4].

Dans le Nord et l’Est de la France, on trouve le mot patois Gicque qui désigne un fou de carnaval. En Alsace, lors des défilés de carnaval, on porte des Shellekapp, Gickeleshut ou bien des Bonnets de Gicque, avec des pointes et des clochettes. Lors des bals du Carnaval de Dunkerque, on danse des Rondes de Gicques.

Le Gille (on écrit parfois Gilles) désigne en France au XVIIIe siècle un « individu, niais, nigaud, benêt », du nom de Gilles le Niais, acteur du théâtre de la Foire qui se produisait à Paris dès 1640[5]. Par extension, c'est un ancien personnage de la comédie burlesque, représentant le type du niais, et on dit : « Faire le Gille, jouer le Gille »... Si le Gicque peut être plutôt assimilé au nolife, le Gille (ou gille), figure de l'adolescent perdu dans son univers imaginaire[6]est plus proche du geek actuel. En Belgique, le Gille est un personnage traditionnel du carnaval de Binche.

Au XVIIIe siècle, dans l’Empire austro-hongrois, les cirques ambulants présentaient déjà des Gecken, des monstres de foire, personnes avec des déformations, femmes à barbeetc. De nombreux arrêtés municipaux interdisaient à ces bateleurs de pénétrer dans les villes avec leurs monstres ou les obligeaient à les faire coucher avec les bêtes dans les granges.

Vers la fin du XIXe siècle, en Amérique du Nord, dans les foires, on a commencé à présenter des Geeks dans les side-shows, ces expositions annexes aux spectacles de cirque. On y présentait souvent des freaks c’est-à-dire des monstres de foire, des personnes ayant un handicap étrange ou une déformation physique vraie ou fausse.

Dans ce « bestiaire », le geek était souvent une personne handicapée mentale (Syndrome de Down) ou bien un artiste de cirque ne pouvant plus participer aux numéros habituels. Il se tenait généralement nu ou vêtu de peaux de bêtes dans une cage, couvert de boue, et rugissait et secouait les barreaux de la cage pour effrayer les visiteurs ayant payé pour le voir. On le présentait comme le « chaînon manquant », comme l’« homme sauvage » capturé en forêt. Parfois on lui faisait égorger ou décapiter des poulets avec ses dents et le geek devait faire semblant de boire leur sang.

Dans sa trilogie romanesque The Deptford Trilogy, l’auteur Robertson Davies décrit sa rencontre avec un artiste de cirque alcoolique que l’on force à faire le geek dans une cage. Aux États-Unis, le terme va ensuite être appliqué aux gens décalés et bizarres, qui ne s’intègrent pas dans la société. Dans les années 1920, des auteurs comme Meyer Levin, Upton Sinclair ou Truman Capote utilisent le terme pour désigner des hommes solitaires et un peu fous que l’on peut voir rentrer chez eux, les vêtements négligés, les cheveux en désordre et absorbés dans leurs pensées[7].

Ce n’est que vers les années 1960, avec le développement des calculatrices puis des ordinateurs, que le terme a commencé à s’utiliser pour parler des « forts en maths » et autres « intellos » en sciences et technologies qui - dans les lycées et les universités - ne s’intéressaient pas à la plupart des activités de leurs camarades.

« Au départ, le terme vient de l’américain freak, monstre de foire », explique David Peyron, réalisant une thèse en sociologie sur la culture geek. « Dans les lycées, c’étaient les intellectuels mis de côté. Des intellos en sciences et nouvelles technologies. Comme ils étaient isolés, ils se sont réfugiés dans des mondes imaginaires »[8].

En 1981, le journal Libération a publié en feuilleton "Arnold, le geek de New-York" de Jerome Charyn et Michel Martens. Le terme de geek était alors employé comme synonyme de monstre (freak) et son apparition dans un pays (qui découvrait tout juste le Minitel) avait alors généré des interrogations savantes sur le sens qu'il convenait de lui donner et les usages qu'on pouvait en faire.

Plus récemment, le terme « geek » a commencé à désigner des individus qui investissent beaucoup de temps dans une passion dévorante pour le domaine de l’informatique, aux dépens de leur vie sociale. Ce qui pouvait apparaître effectivement comme un peu monstrueux dans des années 90 où le nolife n'était pas encore formulé.

Le terme geek aujourd'hui

Toutefois, le terme s’est rapidement développé, ne désignant plus quelqu’un possédant une simple passion pour l’informatique, mais une passion pour plusieurs domaines différents parmi lesquels la science-fiction, l’informatique, ou le fantastique[9],[10].

Depuis le début du XXIe siècle, les multiples définitions qui furent attribuées au terme geek peuvent se résumer par leur point commun : le geek est celui qui s’évade grâce à son imaginaire, c’est-à-dire qui se divertit grâce à celui-ci, en se passionnant pour des domaines précis (science-fiction, fantastique, informatique…) dans lesquels il aura une connaissance très précise, et en s’insérant au sein de communautés actives de passionnés.

Confusions au sujet des geeks

Il faut différencier le geek du nolife, du nerd et du technophile :

Si nolife et geek sont parfois compatibles, ils ne sont pas pour autant synonymes. Le nolife est celui dont la passion (généralement le jeu vidéo, en particulier le MMORPG) devient une addiction, puisqu’elle occupe une part démesurée dans sa vie, et va jusqu’à être un frein pour son emploi ou ses études. Ce n’est pas forcément le cas du geek, puisque le plus souvent les geeks offrent une part raisonnable de leur temps à leur passion.

Une autre différence majeure entre les geeks et les nolifes consiste dans le fait que les geeks forment une communauté, qui se retrouve sur Internet mais aussi dans le monde réel, et possèdent ainsi une vie sociale. Le nolife, lui, n’entretient pratiquement pas ou plus de relations avec le monde extérieur, et il empiètera sur ses relations sociales pour se livrer à son activité.

On peut enfin noter que le geek aura le plus souvent des connaissances plus pointues que le nolife sur sa passion. Dans le domaine de l’informatique par exemple, quand le geek aura une connaissance précise du fonctionnement d’un ordinateur et des programmes qu’il utilise, le nolife n’aura que des connaissances élémentaires, qui lui permettront simplement d’utiliser des jeux vidéo et des fonctions peu poussées[3].

En outre, il est important de différencier précisément les termes nerd et geek. Ces deux termes peuvent parfois se recouper mais ne sont pas pour autant synonymes. En effet, le terme nerd fait davantage référence aux passionnés d’informatique ou de sciences que le terme geek, qui englobe d’autres passions de l’ordre du fantastique ou de la science-fiction. Le nerd est donc une catégorie de geek[3]. Le terme nerd est, aujourd'hui, plus négatif et renvoie souvent à un physique disgracieux. Le nerd typique fait partie des clichés du microcosme étudiant américain, au même titre que le joueur de football américain ou la pom pom girl, clichés entretenus par la fiction et, parfois, les médias.

Enfin, la différence entre geek et technophile est simple, puisque radicale : le technophile est simplement celui qui apprécie l’usage d’un téléphone portable, d’un ordinateur, d’Internet, en bref, des nouvelles technologies. Or, si tous les geeks ou presque sont technophiles, un utilisateur de téléphone portable n’est bien sûr pas nécessairement un geek[2]. De nombreux geek aiment à approfondir leurs connaissances en se tournant vers des logiciels libres et systèmes d'exploitation de type GNU/Linux, ou au contraire, vers du matériel considéré comme obsolète, notamment les ordinosaures,. Un geek n'est ni un nolife, ni un nerd, ni un technophile.

Exemples d'activités geeks

Un geek est souvent adepte d’un univers ou d’une activité particulière. En général, une activité peut être considérée comme geek si elle entretient un rapport très étroit avec les nouvelles technologies et/ou avec des univers fantastiques. Voici une liste non exhaustive des activités les plus courantes :

« Rencontres geeks »

Il est difficile de fixer la limite entre une rencontre que l’on peut qualifier de geek ou une simple rencontre d’amateurs. Généralement, seuls l’état d’esprit et l’idée qu’en retiennent les participants peuvent faire la différence. Quoi qu’il arrive, les manifestations qualifiées de rencontres geeks traitent des thèmes des technologies, de la SF ou associés. Il s’agira d’un regroupement de passionnés, profitant de la manifestation pour se retrouver et pratiquer ensemble leur activité favorite.

  • Les rencontres du logiciel libre, qu’elles soient locales ou mondiales.
  • Les rencontres de jeux multi-joueurs de toutes sortes, les lan-parties, les présentations ou les ventes de nouveaux jeux informatiques ne sont pas en elles-mêmes des rencontres geeks, mais des rencontres de passionnés de jeux vidéo. Cependant, il arrive souvent que ces manifestations soient un lieu de rencontre pour les geeks adeptes d’un même univers.
  • Les conventions de jeu de rôle grandeur nature, voire de reconstitution historique.
  • Les conventions et tournois de jeux de rôle ou de wargames
  • Les grands rassemblements de passionnés, qui représentent un évènement majeur où se retrouvent, souvent chaque année, un grand nombre de geeks adeptes d’un même univers. La Japan Expo en est un exemple.

Mode de vie

Généralement, les geeks se repèrent facilement en regardant soit la chambre, soit l'appartement de ceux-ci. Dans leurs bibliothèques et dans leurs meubles pour DVD, on pourra repérer un grand nombre d'œuvres qui seront citées ci-dessous. De plus, tout ce que le geek possède n'est jamais un hasard. Certaines choses comme des couverts ou même des outils peuvent être geek. Même les choses banales sont en fait choisies par rapport à une quelconque série ou film. Par exemple, des rideaux jaunes avec des épis de maïs dans une cuisine, c'est banal. Pourtant, ceci fera référence à la série Les Simpson. Si par exemple, un geek appelle son chien Einstein ou Copernic, c'est une référence à Retour vers le futur. Le plus souvent, la garde-robe est aussi geek. Par exemple, des t-shirt de super-héros ou de jeux vidéo et des costumes de super-héros ou de Star Wars ou du Seigneur des anneaux pour les cosplay. Et enfin : la voiture. Un bon geek économise pour s'acheter une DeLorean DMC-12 ou la batmobile ou une Aston Martin DB5 etc.

L'informatique et les geeks : le sujet de prédilection

S’il existait un sujet qui puisse rassembler tous les geeks, ce serait l’informatique. En effet, la plupart des geeks, qu’ils soient particulièrement adeptes de programmation ou non, entretiennent un rapport étroit avec l’informatique et les nouvelles technologies, et sauront se servir d’un ordinateur à un niveau plus élevé qu’un individu moyen. Cela entraîne parfois entre les geeks une certaine appropriation de l’informatique, chaque geek se reconnaissant une compétence dans le domaine, ce qui peut donner lieu à de longs débats sur le sujet.

La fonction principale de l’informatique chez les geeks est en réalité de souder la communauté des passionnés, par le biais par exemple de forums de discussion ou d’équipes de joueurs (dans le cas des jeux vidéo). Cette pratique sociale informatisée se combine par ailleurs avec des rencontres bien réelles entre geeks, comme précisé plus haut.

Cette importance de l’informatique chez les geeks a donné lieu à une conception erronée du geek, qui serait alors un simple adepte d’informatique ou d’outils technologiques modernes. Cette conception est tout à fait partielle puisque le geek ne se limite pas à une simple utilisation d’outils technologiques[2].

Œuvres favorites des geeks

Certaines œuvres fantastiques, romanesques comme cinématographiques, sont chères aux geeks. Ceux-ci se les approprient et les utilisent dans le cadre des activités qu'ils pratiquent. Ces œuvres sont donc la base de la culture geek[11].

Romans


Cinéma et télévision

Les jeux vidéo

Il est quand même nécessaire de noter la différence entre No-life (personne qui passe sa vie sur ces jeux) et les geeks.

Le geek dans la fiction

Le stéréotype du geek a donné lieu à de nombreuses adaptations, parfois caricaturales, à l'écran comme sur papier.

Bandes dessinées

  • Les Cybériens, de François Cointe
  • Ordinateur mon ami et Cyberculture mon amour, de Lewis Trondheim
  • Pussey!, de Daniel Clowes
  • Les Geeks, de GANG, Thomas Labourot et Christian Lerolle, qui fait référence à des geeks, tout en restant accessible aux personnes extérieures à ce monde ce qui élimine forcément quelques références du monde geek et peut faire penser plus à des technophiles qu'à des geeks.
  • Les Informaticiens, de Brrémaud et Mathieu Reynès (collection Bamboo)
  • Geek & Girly, de Nephyla et Rutile aux Éditions Soleil

Web-séries

Webcomics

Films

Ici sont cités quelques films où des informaticiens (souvent hackers) sont les héros mais aussi présentant un ou plusieurs geeks comme personnages principaux.

Télévision

Notes et références

  1. http://dictionary.reference.com/browse/geek : "a peculiar or otherwise dislikable person, especially one who is perceived to be overly intellectual."
  2. a, b et c Fillon n’est pas un geek (ou alors ça ne veut plus rien dire), sur Rue89, publié le 20 juin 2009.
  3. a, b et c Geek / Nerd / NoLife, sur travailleursduweb.com, publié le 23 décembre 2007.
  4. Ik ben gek, qui signifie : Je suis fou
  5. CNTRL : http://www.cnrtl.fr/definition/gille
  6. "Pierrot" de Watteau, anciennement appelé "le Gille", ou "Gilles"
  7. Tentative d’étymologie du mot geek, par le Figaro en 2008.
  8. Le Monde 2, 17 novembre 2007, p. 43.
  9. Nolife, la télé qui réveille les geeks, article de Libération, publié le 6 mars 2007.
  10. Suivez le geek - « T’es geek, toi ? » (11) : David Peyron, doctorant en sciences de l’information et de la communication, Le Figaro, publié le 26 janvier 2009.
  11. Le documentaire Suck my geek de Tristan Schulmann et Xavier Sayanoff (voir sur Youtube)
  12. Plus Tard…
  13. (en) PvP Online
  14. Sabrina Online.

Voir aussi

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