Féminisme

Féminisme
Célébration de la Journée internationale des droits de la femme au Bangladesh, à l'initiative d'un syndicat de travailleuses (2005)
Journée internationale des droits de la femme au Nicaragua (1988)

Le féminisme est un ensemble d'idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile. Il s'incarne dans des organisations dont les objectifs sont d'abolir les inégalités sociales, politiques, juridiques, économiques et culturelles dont les femmes sont victimes.

Si le terme « féminisme » ne prend son sens actuel qu'à la fin du XIXe siècle, les idées de libération de la femme prennent leurs racines dans le siècle des Lumières et se réclament de mouvements plus anciens ou de combats menés dans d'autres contextes historiques. L’objectif principal de la « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette période.

Le mouvement féministe a produit une grande diversité d'analyses sociologiques et philosophiques. La deuxième vague féministe, qui intervient à la fin des années 1960 avec la naissance du Mouvement de libération des femmes (MLF) et du Women's Lib, a ainsi élaboré plusieurs concepts qui entendent rendre compte de la spécificité du rapport de domination exercé sur les femmes. C'est à cette période qu'est reformulé le concept de patriarcat, élaboré celui de sexisme et que l'accent est mis sur le domaine privé comme lieu privilégié de la domination masculine : le « personnel est politique ». Les revendications touchant au contrôle de leur corps par les femmes (avortement, contraception) sont placées au premier plan mais, plus largement, c'est à la construction de nouveaux rapports sociaux de sexe qu'appellent les féministes de cette deuxième vague. Dans cette perspective, la notion de « genre » entend « dénaturaliser » les rapports entre les sexes. Sous le nom de troisième vague féministe, on désigne à partir des années 1990, un large ensemble de revendications exprimées par des militantes féministes issues de groupes minoritaires, dans le sillage du Black Feminism.

Sommaire

Historique

Le terme « féminisme », longtemps attribué à tort à Fourier, ne prend son sens actuel qu’à la fin du XIXe siècle. Mais c'est au cours de la Révolution française, avec l’affirmation des droits naturels, que naît le mouvement de revendication sociale et politique qu'il désigne. Dans la première moitié du XIXe siècle, le mouvement féministe apparaît en pointillé, sans parvenir à fédérer d’organisations durables. Il épouse les grandes secousses politiques du siècle, à l’occasion desquelles ressurgissent ses revendications. L’objectif large de cette « première vague du féminisme » est de réformer les institutions, de sorte que les hommes et les femmes deviennent égaux devant la loi : droit à l'éducation, droit au travail, droit à la maîtrise de leurs biens et droit de vote des femmes constituent les revendications principales de cette période. Avec l’émergence des démocraties occidentales, le mouvement féministe s’incarne progressivement dans des groupes organisés, sans jamais présenter un visage monolithique, au point que les études contemporaines mettent l’accent sur la diversité des féminismes[1].

Les configurations nationales imposent souvent leurs cadres et leurs calendriers ; les objectifs et les méthodes varient selon les groupes constitués et les débats sont constants pour définir les orientations stratégiques et les étapes intermédiaires à atteindre en priorité. Les féministes se trouvent en particulier confrontés à un dilemme : doivent-elles pour mener leur combat mettre en avant les qualités spécifiques qui sont attribuées aux femmes ou au contraire affirmer l’universalité des propriétés humaines ? La première position au risque de figer la nature des femmes ; la seconde au risque de choquer l’évidence de la différence des sexes sur laquelle s’appuient les représentations et la structure sociale.

La Révolution française et le droit des femmes

Olympe de Gouges, féministe du XVIIIe siècle

Malgré les contributions féminines à la rédaction des cahiers de doléances et le rôle que jouent les femmes du peuple parisien —notamment lors des manifestations d’octobre 1789 pour demander du pain et des armes —, les femmes ne se voient pas attribuer de droit particulier dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; et si le nouveau régime leur reconnaît une personnalité civile, elles n'auront pas le droit de vote à cette époque.

Elles n'en continuent pas moins à investir l'espace public, organisées en clubs mixtes ou féminins et en sociétés d’entraide et de bienfaisance, et participent avec passion — à l'instar des hommes — à toutes les luttes politiques de l'époque. Parmi les personnalités féminines notoires des débuts de la Révolution, il faut retenir Olympe de Gouges qui publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne et Théroigne de Méricourt qui appela le peuple à prendre les armes, et participant à la prise de la Bastille, ce dont elle sera récompensée par le don d'une épée par l'Assemblée nationale. C’est par des femmes comme Claire Lacombe, Louison Chabry ou Renée Audou que fut organisée la marche sur Versailles qui finit par ramener Louis XVI dans la capitale.

Toutes deux proches des Girondins, elles connurent une fin tragique : Théroigne de Méricourt devenant folle après avoir été fouettée nue par des partisanes de leurs adversaires, Olympe de Gouges guillotinée. Si les femmes ont été privées du droit de vote, cela ne les a pas préservées des châtiments réservés aux hommes, et nombreuses connurent la prison ou l'échafaud suite à leurs actions publiques ou politiques.

À partir de 1792, l'entrée en guerre de la France conduit certaines à se battre aux frontières, tandis qu'en 1793 se développe à Paris un militantisme féminin, porté par des femmes du peuple parisien proches des sans-culotte. Les deux cents femmes du Club des citoyennes républicaines révolutionnaires créé le 10 mai 1793 par Claire Lacombe et Pauline Léon, les « tricoteuses », occupent les tribunes publiques de la Constituante et apostrophent les députés, entendant représenter le peuple souverain. Claire Lacombe propose d’armer les femmes. Leurs appels véhéments à la Terreur et à l'égalité, leur participation à la chute des Girondins, ainsi que les autres manifestations spectaculaires des « enragées », allaient leur valoir une image de furies sanguinaires qui entretiendrait longtemps les répulsions du pouvoir masculin.

Cependant, plus que les excès d'une violence largement partagée à l'époque, ce sont d'abord les réticences des hommes au pouvoir qui excluent les femmes de la sphère politique. La plupart des députés partagent les conceptions exposées dans Émile, ou De l'éducation de Rousseau d'un idéal féminin restreint au rôle de mères et d'épouses, rares étant ceux qui, comme Condorcet, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain, lesquels, à la même époque, inspirent la lutte contre le despotisme et l’esclavage.

En novembre 1793, toute association politique féminine est interdite par la Convention, un seul député s'y oppose Louis Joseph Charlier, mais les femmes vont continuer à jouer un rôle jusqu'à l’insurrection du printemps 95, dont le mot d’ordre est « du pain et la Constitution de 93 », avant que la répression généralisée qui marque la fin de la Révolution ne mette un terme provisoire à cette première prise de parole politique, pour les femmes comme pour les hommes.

Échos en Grande-Bretagne

En 1792, une femme de lettre britannique, Mary Wollstonecraft fait paraître « Vindication of the Rights of Woman », un ouvrage traduit en français la même année sous le titre de « Défense du droit des femmes ». L'auteure, qui participe aux débats passionnés suscités outre-Manche par la Révolution en France, n'hésite pas à assimiler le mariage à la prostitution. Elle oppose et rapproche l'exploitation dont sont victimes les femmes les plus pauvres, contraintes au travail salarié ou à la rémunération de leurs services sexuels, au sort des jeunes femmes de la petite et moyenne bourgeoisie privées de toutes perspectives professionnelles par les préjugés et le défaut d'éducation, et réduites à faire un beau parti.

Mary Wollstonecraft sera vite oubliée en France, avant d'être redécouverte par Flora Tristan en 1840.

Le XIXe siècle

Monarchie de Juillet

Éteintes sous l’Empire et la Restauration, les revendications féministes renaissent en France avec la Révolution de 1830. Un féminisme militant se développe à nouveau dans les milieux socialistes de la génération romantique, en particulier chez les saint-simoniens et les fouriéristes de la capitale. Les féministes participent à l'abondante littérature de l'époque, favorisée par la levée de la censure sur la presse. La Femme Libre et La Tribune des femmes paraissent en 1832 ; Le Conseiller des femmes, édité à Lyon par Eugénie Niboyet, est le premier journal féministe de province.

Sur le plan politique, la constitution de la Monarchie de Juillet privant de ses droits la majorité de la population française, le combat des femmes rejoint celui des premiers défenseurs des ouvriers et des prolétaires, mais les femmes se mobilisent égalerment contre le statut civil de la femme, soumise en matière juridique et financière à son mari — « La femme doit obéissance à son mari » affirme le Code civil —, et pour le rétablissement du divorce interdit sous la Restauration en 1816.

Certaines femmes revendiquent le droit à l’amour libre, au scandale de l'opinion publique. Claire Démar se livre ainsi dans son Appel au peuple sur l'affranchissement de la femme (1833) à une critique radicale du mariage dans lequel elle dénonce une forme de prostitution légale. Elle n’est toutefois pas suivie par l’ensemble des saint-simoniennes qui tiennent à se démarquer des accusations d’immoralisme qui frappent le mouvement[2].

Les débuts du régime laissent entrevoir quelques espoirs d’évolution. Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce placent ce sujet sur l’agenda politique : en 1831 et 1833, les députés votent par deux fois en faveur de la loi, laquelle est toutefois repoussée par la Chambre des pairs[3]. Les revendications féministes deviennent inaudibles. Quand Louise Dauriat adresse en 1837 aux députés une demande en révision des articles du Code civil qui lui paraissent contraires aux droits des femmes, elle ne récolte en retour que les rires de l’assemblée[4].

Les « femmes de 1848 »

Révolution française de 1848

Comme en 1789, les femmes participent activement aux journées révolutionnaires de février 1848. Elles s'expriment publiquement par le biais d’associations et de journaux. Les lois proclamant la liberté de la presse profitent ainsi à nouveau à la presse féministe : Eugénie Niboyet crée, le 20 mars, La Voix des femmes qui est dans un premier temps le principal relais des revendications féminines, écartées de la presse traditionnelle. Puis viendront en juin La Politique des Femmes de Désirée Gay ou encore L’Opinion des femmes publiée en janvier 1849 par Jeanne Deroin.

Suite à leurs protestations, les femmes se voient accorder le droit au travail au même titre que les hommes ; les ateliers nationaux leur sont ouverts, avec retard, le 10 avril. Elles goûtent aux prémices d’une participation citoyenne en élisant des déléguées à la Commission du Luxembourg[5], en proposant des réformes pour leurs conditions de travail, la création de crèches ou de restaurants collectifs[6].

Le droit de vote pour l’élection de la future Assemblée nationale constituante est au centre de leurs préoccupations : Jenny d'Héricourt, la fondatrice de la Société pour l’émancipation des femmes imagine que, une fois conquis, ce droit permettra d’agir par la voix législative sur l’ensemble des revendications au nombre desquelles figurent toujours l’abrogation du Code civil et le droit au divorce. Elles lancent des pétitions, sont reçues par les instances politiques. Le Comité des droits des femmes présidé par Allix Bourgeois se voit répondre, par la voix d’Armand Marrast, le maire de Paris, que la décision ne pourra être prise que par la future instance législative[7].

Les pétitions en faveur du rétablissement du divorce ne rencontrent pas plus de succès que celles de leurs devancières des années 1830 : la proposition du Ministre de la Justice Adolphe Crémieux à la Chambre en mai 1848 est accueillie sous les quolibets[8]. On s’inquiète notamment de la menace que la parole libérée des femmes pourrait faire peser sur la famille. Le Club des femmes, ouvert en avril 1848, est un lieu de débat qui provoque de virulentes réactions ; certaines de ses séances tournent à l’émeute et sa présidente — Eugénie Niboyet — est âprement caricaturée dans la presse[9]. Le Club des femmes sera finalement fermé pour ne pas troubler l’ordre public.

En Allemagne

En Allemagne, un premier courant féministe trouve son origine dans les idées libérales du Vormärz et émerge véritablement à la faveur de la Révolution de Mars 1848. Louise Aston ou Louise Dittmar tentent de lancer les premiers journaux dédiés à la cause des femmes. Louise Otto, élevée dans un milieu bourgeois qui aspire à des réformes libérales, est la première à pouvoir pérenniser son entreprise ; le Frauen-Zeitung (1849-1852), lequel s’adresse prioritairement à la classe moyenne, relaie des revendications essentiellement économiques, insistant sur l’éducation des femmes, leur indépendance économique et le refus des mariages arrangés. Le retour à l’ordre freinera pour quinze ans ce premier élan[10].

Aux États-Unis

Si la première manifestation collective du féminisme américain coïncide chronologiquement avec le Printemps des peuples européens, ses origines intellectuelles diffèrent sensiblement. Les sectes protestantes dissidentes, en particulier celle des Quakers, sont le principal vecteur des idées favorables à l’émancipation des femmes. Mouvement abolitionniste et mouvement du droit des femmes (Women’s right movement) sont étroitement imbriqués ; les sœurs Angelina et Sarah Grimké, Lucretia C. Mott ou Elisabeth Cady Stanton figurent en première ligne sur ces deux fronts. Mott et Stanton organisent de concert en 1848 la Convention de Seneca Falls dont le texte final — la « déclaration de sentiments » —, calqué sur le modèle de la déclaration d'indépendance des États-Unis, est traditionnellement considérée comme l’acte fondateur du féminisme américain[11].

Éducation

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l’enseignement est dispensé aux jeunes filles de la bourgeoisie par des préceptrices, un des seuls métiers socialement acceptables pour les veuves et les jeunes filles issues de la bonne société. Outre les connaissances de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul, il est focalisé sur les activités d’agréments qui fondent « l’art de plaire » et exclut les disciplines scientifiques telles que le grec et le latin, alors indispensables pour poursuivre un cursus dans l’enseignement supérieur[12].

Éduquées et indépendantes, les femmes qui s’improvisent institutrices fournissent historiquement une part importante des effectifs militants féministes. Elles souffrent néanmoins d’un déficit de formation, provenant de leur exclusion de l’université. Le Queen’s College for women puis le Bedford College d’Elizabeth Jesser Reid sont créés à la fin des années 1840 pour permettre aux éducatrices de bénéficier d’une formation de niveau supérieur[13]. Les nouvelles diplômées sont à la pointe du mouvement pour l’éducation des femmes. Le North London Collegiate School (1850) puis le Cheltenham Ladies' College (1853), dirigés par deux anciennes élèves de Bedford, Frances Buss et Dorothy Beale, proposent une pédagogie révisée, alignée sur les standards masculins.

Les féministes se tournent alors progressivement vers l’université. Conduit par Emily Davies, le Comité pour l’accès des femmes aux examens universitaires revendique l’ouverture aux filles des examens de fin d’études secondaires (The Cambridge and Oxford Local Examination) ; après une première expérimentation en 1863, il obtient l’autorisation officielle du Sénat de l'Université de Cambridge en 1865[14].

L’étape suivante est l’ouverture de l’accès aux examens d’entrée à l’université (Matriculation Examinations). Face au refus des instances universitaires, Davies inaugure, malgré de nombreuses difficultés matérielles, un établissement féminin conçu sur le modèle des colleges masculins à Hitchin dans le Hertfordshire (1869) [15], avant de se rapprocher de Cambridge en s’installant à Girton l’année suivante. Un autre projet du même type voit le jour peu après, toujours à Cambridge, avec la création du Newnham College sous le patronage d’Henry Sidgwick et d’Anne Clough[16].

France

Le Second Empire est le théâtre de plusieurs avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en mars 1850 l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[17]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500[18].

Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture) ; les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libérale au régime, notamment dans les milieux saint-simoniens. Elisa Lemonnier crée en 1862 les premières écoles professionnelles pour jeunes filles. Julie-Victoire Daubié sollicite, avec le soutien de François Barthélemy Arlès-Dufour, influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se présenter à l’épreuve du baccalauréat, qu’elle obtient à Lyon en 1861, à l’âge de 37 ans. Madeleine Brès doit, quant à elle, son inscription en faculté de médecine à sa pugnacité, à l’intervention de l’impératrice Eugénie et du ministre de l'instruction publique, Victor Duruy. Ces pionnières restent toutefois encore isolées : la deuxième bachelière française, Emma Chenu, obtient son diplôme en 1863, deux ans après Daubié[19]. L’amélioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des féministes françaises : en 1866, André Léo crée ainsi une association dédiée spécifiquement à cette question[20].

Les réformes de structure dans l’enseignement secondaire et supérieur interviennent sous la IIIe République. Les collèges pour filles, dont les programmes restent spécifiques, sont institués par la loi Sée (1880). Les femmes se voient également garantir une formation à l’enseignement : les écoles normales féminines, rendues obligatoires dans chaque département en 1879,[21] et l’école normale supérieure de Sèvres (1881) forment institutrices et professeurs.

Premières organisations

Troisième République

La Troisième République se caractérise en France par la constitution d’organisations féministes réformistes, plus durables et structurées. La Société pour l’amélioration du sort des femmes, présidée par Maria Deraismes, voit le jour en 1878 ; la Ligue française pour le droit des femmes, d’orientation modérée, est créée en 1882 par Léon Richer[22]. En 1891, la Fédération française des sociétés féministes symbolise l’entrée du terme « féminisme » dans le vocabulaire militant.

Le Conseil national des femmes françaises, fondé dans le sillage de la loi sur les associations de 1901, se veut apolitique et laïque. Ses militantes, issues principalement de la bourgeoisie, sont des républicaines, des socialistes ou des protestantes, initiées à l’action publique à travers les activités sociales et philanthropiques. L’Union française pour le suffrage des femmes fédèrent en 1909 les féministes favorables au droit de vote des femmes[23].

Refusant l’activisme des suffragettes britanniques, ces grandes fédérations réformistes entendent prouver la responsabilité des femmes et s’intègrent dans le modèle républicain en tissant des liens avec le monde politique masculin (le Parti radical notamment), avec l’objectif d’influer sur l’activité législative[24].

Mouvement pour le droit de vote des femmes

Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, un mouvement pour le droit de vote des femmes se développe à partir de 1866, date du dépôt de la première pétition adressée au Parlement, pour en faire la requête[25] ; le philosophe John Stuart Mill en est le principal relais dans l’enceinte parlementaire. À l’initiative de Barbara Bodichon et Emily Davies, un Women’s suffrage committee (Comité pour le droit de vote des femmes) est constitué ; il est rapidement décliné en de multiples comités locaux, coordonnés au niveau national par la National society for women’s suffrage (1867)[26]. Un mouvement de masse s’organise rapidement ; 1 500 lors de la pétition initiale de 1866, les féministes sont capables de réunir 250 000 signataires en 1894[27].

Proche d’aboutir à plusieurs reprises, mais bloqué par la frange conservatrice du Parlement, le mouvement se radicalise en 1903 avec la création de la Women's Social and Political Union par Emmeline et Christabel Pankhurst. Ses militantes, désignées sous le nom de « suffragettes », optent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitres, grèves de la faim...)[28]. La popularité du mouvement s'accroît encore, et en 1908, les organisations suffragistes réunissent 500 000 personnes lors d’une manifestation à Hyde Park[29]. Le bras de fer engagé avec les autorités dure jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Pendant la guerre, des négociations sont ouvertes par le gouvernement Asquith avec les représentantes de la National Union of Women's Suffrage Societies de Millicent Fawcett, qui présentent une orientation plus modérée. Elles aboutissent au Representation of the people act qui autorise le vote des femmes de plus de trente ans[30].

Suffrage parade, New York City, 6 mai 1912
États-Unis

Aux États-Unis, le front commun entre féministes et antiesclavagistes s’effrite progressivement après la guerre de Sécession. Alors qu’on s’oriente vers un XVe amendement pour le droit de vote des Noirs, une partie des féministes souhaiterait y voir également associées les femmes qu’elles estiment laissées pour compte par les leaders masculins du mouvement[31]. Deux organisations rivales naissent en 1869 des désaccords survenus au sein de l’American Equal Rights Association. Susan B. Anthony et Elisabeth Cady Stanton constituent la National Woman Suffrage Association, qui milite pour un amendement à la Constitution qui garantirait le vote des femmes. Ses revendications, qui dépassent le cadre des droits politiques, s’inspirent du texte élaboré lors de la Convention de Senecca Falls. L’organisation rivale — l’American Woman Suffrage Association créée par Lucy Stone — est plus modérée et préfère concentrer son action sur le seul droit de vote, délaissant le niveau fédéral pour agir au niveau des États[32]. En 1890, les deux associations finissent par se regrouper dans la National American Woman Suffrage Association. Dans l’intervalle, en 1869 et 1870, les territoires du Wyoming et de l’Utah autorisent le vote des femmes blanches.

En 1920, le 19e amendement est ratifié au niveau fédéral : toutes les Américaines blanches obtiennent le droit de vote.

Contrôle des naissances

La question de l’amour libre et du contrôle des naissances divise profondément les féministes de la seconde partie du XIXe siècle.

Au Royaume-Uni, une partie du mouvement féministe s'est engagé, durant la période victorienne dans un combat, pour la régénération morale de la nation. À partir de 1869, elle se mobilise contre une série de lois visant à lutter contre les maladies vénériennes — les Contagious Diseases Acts — qui imposent un examen gynécologique aux prostituées. Bien que d’orientation conservatrice, ce mouvement, mené notamment par Josephine Butler, prend parti pour les prostituées et réclame la criminalisation des clients et la fermeture des maisons de prostitution. Il entend plus largement rétablir la pureté des mœurs et la moralité publique, et défendre la famille. Le point d’orgue de cette mobilisation constitue un meeting réunissant 250 000 personnes dans Hyde Park en 1885[33].

Face à ce mouvement, les militantes favorables à l’amour libre et au contrôle des naissances sont isolées. Quelques-unes adhèrent au mouvement néomalthusien, très actif en Grande-Bretagne mais aussi en France. Annie Besant est ainsi condamnée en 1877 pour avoir publié The Fruits of Philosophy, un pamphlet de Charles Knowlton, sans avoir reçu le soutien qu’elle réclamait des féministes conservatrices[34]. À la fin du siècle, les écrits d’Edward Carpenter ou d’Havelock Ellis contribuent cependant à répandre plus largement ces idées. Elles trouvent parmi les féministes un relais dans la revue The Freewoman (1911), qui réunit les signatures de Rose Witcop, Stella Browne ou Marie Stopes[35].

Travail des femmes

Si le mot d’ordre « À travail égal, salaire égal » remporte l’adhésion de l’ensemble des composantes du mouvement féministe[36], l’idée d’une protection spécifique des femmes sur le marché du travail divise. En 1906, la Convention de Berne, ratifiée par quatorze pays, prononce l’interdiction du travail industriel nocturne des femmes[37]. Déjà en vigueur dans certains pays, comme la France où elle s'applique depuis 1892, cette législation rencontre l’opposition des féministes égalitaristes. Menées par la Hollandaise Marie Rutgers-Hoitsem, elles se regroupent dans le réseau Correspondance internationale qui recrutent principalement parmi les laïques et les libre-penseuses[38]. Après-guerre, le Bureau International du Travail reprend le mot d’ordre de protection des travailleuses. Toujours minoritaires dans les fédérations féministes internationales, les partisanes de l’égalité constituent l’Open Door Council autour de la personnalité de Chrystal MacMillan. Mouvement d’avant-garde qui réunit des intellectuelles de l’ensemble de l’Europe, il élabore un argumentaire qui s’oppose au « féminisme maternaliste » alors dominant[39] : il marque notamment son refus de voir la maternité devenir « une sorte de domaine clos où les femmes se trouveraient parquées d'office, en marge de l'ensemble de la vie sociale et culturelle... »[40].

Le XXe siècle

La première manifestation internationale des femmes a lieu le 8 mars 1911, suite à une proposition de Clara Zetkin. La revendication principale est le droit de vote. Le premier livre historique féministe est écrit par Mathilde Laigle : Le livre des trois vertus de Christine de Pisan et son milieu historique et littéraire, 1912. Auparavant, la première grande manifestation des femmes avait été celle pour la paix organisée en marge de la Première conférence de La Haye de 1899 par Margarete Lenore Selenka.

Première Guerre mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, la grande majorité des organisations féministes des pays belligérants soutient l’effort de guerre. Certaines espèrent tirer parti de ce loyalisme : à l’issue du conflit, les féministes britanniques se verront ainsi récompensées par l’obtention partielle du droit de vote. L’opposition à la guerre est surtout le fait de militantes des pays neutres et de quelques groupes isolés des pays engagés dans le conflit. Aux États-Unis, le Women Peace Party de Jane Addams revendique 25 000 adhérentes mais ne résiste pas à l’entrée en guerre du pays en 1917[41]. Le Congrès international pour la paix future est organisée par Addams et la physicienne Aletta Jacobs à la Haye. Parmi les 1 200 femmes, principalement hollandaises, qui se réunissent à cette occasion, 9 nationalités sont représentées dont une délégation allemande menée par Anita Augspurg. Les françaises en sont absentes[42].

Les milieux socialistes, et leurs organisations féminines, se sont également rangés derrière leurs nations respectives. Des voix discordantes se font néanmoins entendre : en France, Hélène Brion, Madeleine Vernet ou Louise Saumoneau. Cette dernière est présente en mars 1915 à la conférence internationale des femmes socialistes, qui réunit à Berne, à l’initiative de Clara Zetkin, les militantes restées fidèles à l’internationalisme[43].

Entre-deux guerres

À l’issue de la guerre, deux grandes tendances, héritières des débats du début du siècle, s’opposent : un « féminisme maternaliste »[44] ou « social »[45] et un « féminisme de l’égalité »[46], universaliste ou « intégral ».

La première tendance, dominante sur le continent et en particulier en France, réclame des évolutions législatives qui protègent la spécificité des femmes[47]. Elle s’ajuste aux impératifs des politiques natalistes qui se renforcent encore après la saignée démographique de la Première Guerre mondiale. La valorisation de la participation des femmes à l’équilibre de la nation, à travers notamment l’exercice de la « fonction maternelle », occupe ainsi une place centrale dans l’argumentaire des réformistes et des sociaux-démocrates. Pour les représentantes de l’Union française pour le suffrage des femmes, « détruire le prestige de la maternité, c’est atteindre le plus sûr prestige de la femme...C’est au nom de la maternité, non point contre elle, que doit se faire la réforme indispensable de la condition féminine »[48]. Les féministes radicales qui entendent abolir la différence entre les sexes ou lutter en faveur de la contraception et de l’avortement sont plus isolées et ont du mal à faire entendre leur voix au sein des grandes coordinations réformistes[49].

Deuxième vague

Mouvement de libération des femmes

À partir des années 1960, aux États-Unis, l'égalité des droits progresse. En 1963, la loi sur l'égalité des salaires (Equal Pay Act) est votée. Le 2 juillet 1964, la loi sur les droits civiques (Civil Rights Act) abolit théoriquement toute forme de discrimination aux États-Unis.

À la fin des années 1960, une nouvelle vague militante féministe émerge aux États-Unis et en Europe de l'Ouest au sein de l’espace politique ouvert par le mouvement étudiant. Le Mouvement de libération des femmes en France et le Women's Lib dans les pays anglo-saxons désignent ce mouvement au périmètre fluctuant.

Aux États-Unis, la recomposition qui fait suite au « creux de la vague » des années 1950 débute avec la fondation en 1966 d’une organisation réformiste, la National Organization for Women (NOW) par Betty Friedan[50]. Mais c’est principalement en réaction à la division sexuelle du travail militant qui, au sein même des organisations de la Nouvelle Gauche, relègue les femmes aux positions subalternes que se constitue une multitude de groupes féministes radicaux de petites tailles (New York radical feminists, Redstockings, WITCH, Radicalesbians...)[51].

Refusant l’organisation verticale et l’orientation réformiste de la NOW, elles ont recours à des formes de mobilisation volontairement provocatrices qui visent à attirer l’attention des médias. Elles développent également des formes d’organisations originales, comme les groupes d’éveil de la conscience (consciousness-raising groups). Par le partage de l’expérience individuelle, ces groupes de discussion entendent faire prendre conscience de la communauté de condition des femmes, de la spécificité de leur oppression et de la dimension politique inscrite dans les éléments les plus banals de la vie quotidienne[52].

La période est marquée par une intense activité de théorisation de la condition féminine. Si un courant, mené en France par Antoinette Fouque avec son groupe Psychanalyse et politique, défend des positions différentialistes et essentialistes, le mouvement est majoritairement constructionniste. Il approfondit la voie esquissée en 1949 par Simone de Beauvoir avec Le Deuxième Sexe et étudie les modalités de la construction sociale de la différence des sexes, c'est-à-dire la manière par laquelle la socialisation impose des rôles sociaux différents aux personnes des deux sexes. Le terme de sexisme se répand[53] et les féministes radicales et matéralistes élaborent le concept de patriarcat pour définir le système social d’oppression des femmes. Se refusant à subordonner leur combat à la lutte des classes, elles affirment que le domaine de la reproduction (maternité, corps, famille, travail domestique...) est un espace d'exploitation privilégié des femmes. Elles rejettent l’objectif réformiste d'égalité dans le système qui a prédominé jusqu’alors. Pour elles, aucune égalité entre les sexes ne peut être obtenue à l'intérieur du système « patriarcal », sinon quelques compromis temporaires qui seraient perpétuellement menacés. Elles préconisent de renverser ce système et d'instaurer de nouveaux rapports entre les sexes.

Une tendance séparatiste s’affirme également, notamment parmi les groupes militants lesbiens des grandes métropoles que sont Londres ou New York.

Maîtrise du corps

La maîtrise de leur corps est placée au centre des préoccupations des féministes de la deuxième vague. Longtemps sujet de division, le contrôle des naissances devient l’une de ses revendications les plus visibles. Le libre accès à la contraception mais surtout le droit à l’avortement concentrent leurs efforts. En France, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) est fondé en 1973. Il s’appuie notamment sur l’aile la plus radicale du Mouvement français pour le planning familial qui se prononce peu après « en faveur de l’avortement et de la contraception libres et remboursés par la Sécurité sociale » et ouvre des cliniques d'interruption volontaire de grossesse (IVG)[54].

La dissociation de la sexualité et de la reproduction s’inscrit dans le cadre plus large de la révolution sexuelle qui traduit une demande sociale pour plus de liberté dans le domaine de la sexualité. Les féministes en font cependant leur propre lecture qui passe par la critique de la normativité de la psychanalyse ou de la sexologie qui auraient défini sexuellement les femmes « en fonction de ce qui fait jouir les hommes »[55], minorant par exemple le plaisir clitoridien. La sexualité est ainsi analysée comme un domaine où s’exerce la domination masculine. Le viol fait l’objet de nombreuses mobilisations : des manifestations citadines nocturnes (Reclaim the night) entendent regagner un espace dont la peur de l’agression maintient les femmes exclues[56]. Sur le plan juridique, les féministes françaises luttent pour que la loi de 1832 soit appliquée à des faits qui sont jusqu'alors déqualifiés en « coups et blessures »[57].

Études féministes

Dans le sillage de l’effort de théorisation de la condition féminine inhérent à la deuxième vague, les études féministes pénètrent dans le monde académique à partir des années 1970. L’ensemble des champs du savoir sont ainsi progressivement envisagés sous l’angle de la critique féministe : philosophie féministe, anthropologie féministe, histoire des femmes, critique de la psychanalyse se développent en lien étroit avec les luttes militantes. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, la critique féministe des sciences prend également son essor (Ruth Bleier, Ruth Hubbard, Evelyn Fox Keller, Helen Longino).

L’ancrage institutionnel le plus fort a lieu aux États-Unis où sont créés des départements de Women’s Studies ou de Feminists Studies dont l’approche est souvent interdisciplinaire. Avec le développement de l’usage du concept de genre se développent par la suite des départements de Gender Studies. En 2003, on dénombrait ainsi 600 départements de ce type aux États-Unis[58].

Les dernières décennies

Désormais les femmes votent dans la plupart des pays industrialisés, dont la majorité des parlements ont voté des lois sur le divorce. La légalisation de la contraception et de l'avortement n'est pas effective pour l'ensemble des pays industrialisés, les situations sont donc très variables d'un pays (voire d'une région) à un autre. L'Église catholique, notamment le courant des catholiques intégristes, et le courant fondamentaliste des protestants évangéliques remettent constamment en cause ces droits, lorsqu'ils ne les rendent pas impossibles (Italie, Irlande, Pologne..).

On se souviendra en France de la grève des mères [Quand ?][réf. nécessaire], durant laquelle les hommes en soutien des féministes ont gardé les enfants quand les femmes sont parties manifester. Depuis la fin des années 90, divers groupements, se réclamant ou non du féminisme, ont été créés. Parmi les plus médiatisés, on peut citer par exemple les Chiennes de garde qui se réclament avant tout féministes dans l'héritage du MLF, tandis que depuis 2003, le mouvement Ni putes ni soumises se veut avant tout interpeler sur la situation des femmes notamment dans les quartiers populaires, sans pour autant vouloir être perçues comme féministes ou se réclamer, du moins au départ, de cette appellation[réf. nécessaire]. S'appuyant sur la médiatisation du mouvement, ses membres, surtout originaires de banlieues, ont ainsi fait plus largement connaître du grand public des problèmes comme les mariages forcés, les viols, ou l'excision, qui étaient cependant déjà largement traités par des associations auparavant. L'association, présidée par Fadela Amara s'est considérablement développée, comptant une soixantaine de comités et plus de 10 000 bénévoles, mais a subi de nombreux départs suite à l'entrée de sa présidente dans le gouvernement François Fillon[59]. En 2010, c'est la première fois dans l'histoire d'un État (Australie) que le chef d'État (Élisabeth II), le chef de gouvernement (Julia Gillard) et le gouverneur général (Quentin Bryce) sont des femmes.

Le féminisme contemporain, dans la plupart des pays occidentaux, se diversifie et change de visage, du fait que les revendications féministes initiales ont été traduites dans les systèmes juridiques, et font partie du périmètre conventionnel des droits de l'Homme. Sur le plan politique, les concepts fondamentaux du féminisme sont devenus partie intégrante du discours politiquement correct, de sorte que la simple prudence interdit aux responsables soucieux de faire carrière (quelles que soient leurs convictions et leurs intentions) toute prise de position ouvertement anti-féministe ; en conséquence, le féminisme tend à faire l'objet d'un "consensus mou", d'où une sorte de dilution. La réflexion et l'action féministes sont donc amenées d'une part à s'attacher davantage à l'analyse critique des pratiques sociales réelles (souvent décalées des principes) et/ou à reformuler l'expression de leurs enjeux et de leurs objectifs. Elles doivent aussi tenir compte de la résurgence de débats ethniques, communautaires ou religieux qui compliquent la donne. Ce changement de paysage entraîne inévitablement des divergences de vues qui divisent les courants féministes.

Les courants de la pensée féministe

Banderole « Les filles affranchies »
Article connexe : Philosophie féministe.

Féminisme libéral

Le féminisme libéral épouse les principes du libéralisme politique dont il réclame l’application aux femmes, au même titre qu’à tous les hommes. À ce titre, il se fixe comme horizon l’indifférence aux différences de sexe dans le cadre de l’espace public[60].

Sur le plan politique, sa méthode est réformiste ; il cherche à obtenir une modification des dispositions légales par la voix législative, le lobbying ou l’action militante à destination de l’opinion publique (presse, pétitions...). Confiant dans les valeurs du progrès et les vertus de l’éducation, il entend également agir sur les mentalités, sans développer, à la manière du féminisme marxiste ou radical, une analyse systémique du capitalisme ou du patriarcat.

Historiquement, il se structure dans la seconde moitié du XIXe siècle où il s’incarne dans des groupes organisés, militants pour l’égalité civile et politique ainsi que pour l’égalité des droits dans les domaines de l’éducation ou du travail. L’ensemble de ces droits doivent être à même de garantir l’autonomie des femmes en tant que sujet.

Féminisme socialiste

Article détaillé : Féminisme socialiste.

Sur le plan théorique, la tradition marxiste puise principalement ses sources concernant la question des femmes dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (1884) de Friedrich Engels et dans La femme dans le passé, le présent et l’avenir (1879) d’August Bebel. Clara Zetkin ou Alexandra Kollontaï constituent les représentantes les plus marquantes de cette tradition marxiste de défense des droits des femmes qui a néanmoins refusé le qualificatif de « féministe », jugé « individualiste » et « bourgeois ».

Contre une représentation fixiste de la famille et du rôle qu’y tiennent les femmes, le marxisme affirme l’historicité des structures familiales dont les formes évoluent avec la structure économique. S’inspirant de l’anthropologue évolutionniste Lewis Henry Morgan, Engels définit ainsi une origine historique à l’oppression des femmes : il fait coïncider l’apparition de la propriété privée avec la fin d’une période historique où le droit maternel et la filiation en ligne féminine auraient réglé les modalités de l’héritage.

Avec l’instauration du système patriarcal et du mariage monogamique qui marquent « la grande défaite historique du sexe féminin »[61], les femmes sont victimes d’une double oppression : assignées aux seules fonctions reproductives, elles sont maintenues par leurs maris hors du champ productif et de la vie publique ; quand elles accèdent au marché du travail, elles subissent, comme les autres travailleurs, les effets néfastes du mode de production capitaliste.

Les féminismes marxistes de la fin du XIXe siècle militent pour l’accès des femmes au marché du travail : leur entrée dans la sphère productive doit permettre l’éveil d’une conscience de classe et la participation des femmes à la lutte des classes. La doctrine reste attachée au respect de ce qui est défini comme la « double tâche sociale de la femme » : production et reproduction. Stigmatisant les revendications égalitaristes de certaines féministes, il affirme ainsi respecter la spécificité biologique des femmes. Alexandra Kollontaï met ainsi l’accent sur la nécessaire adaptation du droit du travail pour les femmes et aux mesures de protections légales des mères[62].

Sur le plan stratégique, les mobilisations des femmes doivent rester subordonnées à la lutte des classes. Seul le renversement du capitalisme peut en effet mettre un terme définitif à l’oppression des femmes[63]. La question de l’alliance avec des groupes féministes est posée à la fin du XIXe siècle. Des organisations féminines, rattachées aux structures socialistes nationales, s’organisent en effet dans la majorité des pays d’Europe ; elles sont regroupées en 1907 dans l’Internationale socialiste des femmes, à l’occasion de la première Conférence internationale des femmes socialistes qui se tient à Stuttgart. Clara Zetkin en prend la tête et parvient notamment à imposer le principe du refus de toute alliance avec le « féminisme bourgeois » et réformiste[64].

À la fin des années 1960, la réflexion marxiste sur l’oppression des femmes s’est considérablement renouvelée en questionnant notamment l’articulation entre patriarcat et capitalisme[65].

Féminisme radical

Article détaillé : Féminisme radical.

Critiques du féminisme

Le féminisme radical est critiqué, avec divers arguments, par Élisabeth Badinter dans Fausse Route, par Paul-Edmond Lalancette dans La Nécessaire Compréhension entre les sexes, par Alain Soral dans Vers la féminisation ou Abécédaire de la bêtise ambiante[66], par Jean-Philippe Trottier dans Le Grand Mensonge du féminisme, par Hélène Vecchiali dans Ainsi soit-il, Sans de vrais hommes, point de vraies femmes, par Jean Gabard dans Le Féminisme et ses dérives, Du mâle dominant au père contesté...

Sur le plan politique, le féminisme a parfois été qualifié de diversion. Cette accusation découle de l'idée que toutes les catégories sociales sont composées de femmes et d'hommes et que les femmes ne constituent pas une caste ou une classe particulière caractérisée par une réelle solidarité d'intérêts. De ce fait, l'invocation d'un conflit d'intérêts entre sexes ou la lutte pour l'émancipation d'un sexe à l'égard de l'autre serait un artifice ayant pour conséquence (voire pour but) de masquer les vrais rapports de domination et les vraies lignes de fracture sociale.

Dans un ordre d'idées différent mais comparable, le féminisme est relativisé du fait qu'il minimise l'importance de critères de différenciation physique entre individus aussi importants socialement que le sexe, tels que l'âge, les caractéristiques corporelles ou le type ethnique qui sont pourtant des facteurs essentiels de discrimination sociale et d'exclusion.

Dans la mouvance de la critique de Simone de Beauvoir, certaines auteurs comme Julia Kristeva, Sylviane Agacinski, Luce Irigaray ou Antoinette Fouque pensent que l'égalitarisme abstrait qui efface les différences sexuelles prolonge en fait l'androcentrisme de l'universalisme masculin. Le terme « virilisme » est parfois employé pour qualifier l'alignement des féministes sur les droits et les mœurs masculines au détriment d'une véritable promotion du féminin dans l'humanité[67].

Des féministes « pro-sexe » (Elsa Dorlin) ont souvent critiqué l'intolérance présumée de certaines féministes radicales (Isabelle Alonso, Suzanne Képès, Marie-Victoire Louis) en ce qui concernerait la sexualité (« pornographie féministe » [citation nécessaire], féminité masculine des lesbiennes butches, BDSM…).

Le féminisme, pour un ensemble de raisons culturelles et politiques, ne dispose que d'une faible audience et de moyens d'expression limités dans les milieux sociaux où les femmes sont maintenues de la manière la plus visible dans un statut de subordination, voire victimes de violences physiques consenties par les autorités ou par leurs propres familles. Son impact sur l'évolution des mœurs et des pratiques semble donc limité dans les sociétés où les droits de l'Homme au sens général du terme sont par ailleurs peu appliqués. On a donc reproché au féminisme une tendance sélective et ethnocentrique en opposition avec les valeurs universelles qu'il soutient en théorie.

En France, la politique féministe du gouvernement est menée de façon incohérente. Ainsi, l'évolution de la législation tend à corriger la sous-représentation des femmes dans les instances de décision des grandes entreprises, alors que les femmes occupent encore, en 2010, moins de 20% des sièges à l'Assemblée nationale. Le choix de priorités que manifeste implicitement cette situation donne à penser que la classe politique qui élabore la législation considère sa propre féminisation comme moins urgente que celle de la gestion du secteur privé, ce qui entretient une ambiguïté sur le sens et la portée des convictions féministes qu'elle dit soutenir par ailleurs. En effet, les grands partis politiques préfèrent payer de lourdes amendes plutôt que de respecter la parité obligatoire sur les listes électorales.

Liste de féministes reconnues

Quelques slogans féministes

  • Un Homme sur deux est une femme : une moitié de la population a tendance à être oubliée, le masculin est considéré comme l'universel.
  • Notre corps nous appartient : ré-appropriation de son corps et notamment de sa fertilité à travers les différents moyens de contraception et le droit à l'IVG. Selon Paola Tabet dans La grande arnaque, échange économico-sexuel et sexualité des femmes, cette ré-appropriation est le chemin inverse nécessaire de l'appropriation patriarcale des femmes par les hommes, appropriation qui passait aussi par une exploitation de la sexualité et de la reproduction.
    • Un enfant si je veux, quand je veux ! : même but
  • La femme est au-dessus du niveau de la mère : le choix ou non d'être mère ne détermine pas le statut de la femme
  • Je ne suis pas un canapé, je ne suis pas convertible
  • N’attends pas le prince charmant, apprends à lire et deviens qui tu es : importance de l'éducation et de l'indépendance des femmes.
  • Une femme sans homme, c'est comme un poisson sans bicyclette: remise en cause des théories essentialistes sur la complémentarité des sexes
  • Ne me libère pas, je m'en charge ! : importance de l'indépendance des femmes et dénonciation des intérêts antagonistes de classe qui motivent le paternalisme des militants hommes (cf. Christine Delphy Nos amis et nous).
  • Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ? : les femmes continuent à exercer la plus grande partie des tâches ménagères au sein du foyer, bien que leur taux d'activité ait augmenté significativement depuis ces dernières décennies : la « double journée de travail » ne date pas des années 60 comme on le pense mais est l'économie même du patriarcat puisque les femmes ont toujours travaillé comme main-d'œuvre et servent dans les propriétés des hommes (dans l'artisanat, l'agriculture, les professions libérales et indépendantes) et en plus travaillaient comme domestique au foyer.[réf. nécessaire]
  • Le privé est politique : ce que l'on pense relever du domaine privé est en réalité influencé par notre culture et notre système politique (au sens large) : sexualité, travail domestique... tout est organisé par la hiérarchie politique entre les sexes.
  • Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ![68] : référence à l'histoire, qui est avant tout une histoire confisquée par les hommes faite par et pour la reproduction du patriarcat, c'est-à-dire la négation de la productivité sociale et économique des femmes (elles semblent commencer à travailler au milieu du XXe siècle après 5000 ans d'oisiveté et de parasitisme ?!) et la promotion de la productivité masculine (confiscation de l'ouvrage du monde et des civilisations par les hommes).[réf. nécessaire]
  • Je suis une femme, pourquoi pas vous ? : souligne l'impossibilité d'identification propre au mode de pensée sexiste, qui amène encore aujourd'hui les gens à ne pas voir un génocide dans la « disparition » des femmes asiatiques mais un déséquilibre du sex ratio, et à ne pas voir un acte d'humiliation et d'agression pure dans un viol mais de la sexualité forcée.[réf. nécessaire]

Notes

  1. Voir par exemple sur ce point, Eliane Gubin, Catherine Jacques, Florence Rocherfort, Brigitte Studer, Françoise Thébaud, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Le siècle des féminismes, Éditions de l’Atelier, 2004.
  2. Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, Paris, 2008, p. 26.
  3. Michèle Riot-Sarcey (2008), p. 26.
  4. Paulette Bascou-Bance, La mémoire des femmes : anthologie, Elytis Editions, Cestas, 2004, p. 205.
  5. Riot-Sarcey (2008), p. 38.
  6. Michèle Riot-Sarcey, « Émancipation des femmes, 1848 », Genèses, 1992, N°7, p. 196.
  7. Riot-Sarcey (2008), p. 41.
  8. Riot-Sarcey (2008), p. 43.
  9. Riot-Sarcey (2008), p. 44.
  10. Marianne Walle, « La Frauen-Zeitung de Louise Otto ou la prise de conscience politique des Allemandes », in Marita Gilli (dir.), L'idée d'Europe, vecteur des aspirations démocratiques : les idéaux républicains depuis 1848 : actes du colloque international organisé à l'Université de Franche-Comté les 14, 15 et 16 mai 1992, Presses universitaire de Franche-Comté, 1994, p. 251-261.
  11. Claudette Fillard, Colette Collomb-Boureau, Les mouvements féministes américains, Ellipses, Paris, 2003, p. 30.
  12. Barret-Ducrocq (2000), p. 34.
  13. Barret-Ducrocq (2000), p. 37.
  14. Barret-Ducrocq (2000), p. 38.
  15. Barret-Ducrocq (2000), p. 45.
  16. Barret-Ducrocq (2000), p. 47.
  17. Riot-Sarcey (2008), p.50.
  18. Yvette Delsaut, La place du maître : une chronique des écoles normales d'instituteurs, L'Harmattan, 1992, p. 38.
  19. Carole Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l'étudiante », Clio, numéro 4-1996.
  20. Riot-Sarcey (2008), p. 52.
  21. Yvette Delsaut, La place du maître: une chronique des écoles normales d'instituteurs, L'Harmattan, 1992, p. 40.
  22. Riot-Sarcey, (2008), p. 57.
  23. Riot-Sarcey (2008), p. 62 et s.
  24. Karen Offen, « Des modèles nationaux ? », dans Éliane Gubin (et al.), Le Siècle des féminismes, Les Éditions de l’Atelier, Paris, 2004, p. 70.
  25. Françoise Barret-Ducrocq, Le mouvement féministe anglais d’hier à aujourd’hui, Ellipses, Paris, 2000, p. 83.
  26. Barret-Ducrocq (2000), p. 84.
  27. Barret-Ducrocq (2000), p. 85.
  28. Barret-Ducrocq (2000), p. 90.
  29. Barret-Ducrocq (2000), p. 88.
  30. Barret-Ducrocq (2000), p. 91.
  31. Fillard, Collomb-Boureau (2003), p. 37.
  32. Fillard, Collomb-Boureau (2003), p. 38.
  33. Barret-Ducrocq (2000), p. 104.
  34. Barret-Ducrocq (2000), p. 107.
  35. Barret-Ducrocq (2000), p. 109.
  36. Eliane Gubin, p. 167
  37. Eliane Gubin, « Pour le droit au travail : entre protection et égalité », in Eliane Gubin (et al.), Le Siècle des féminismes, Les Éditions de l’Atelier, 2004, p. 165.
  38. Eliane Gubin (2004), p. 166.
  39. Éliane Gubin (2004), p. 171.
  40. Cité in Éliane Gubin (2004), p. 173.
  41. Françoise Thébaud. « La Grande Guerre. Le triomphe de la division sexuelle », in Françoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes, Tome 5, « Le XXe siècle », Plon, 1992, p. 61.
  42. Thébaud (1992), p. 62.
  43. Thébaud (1992), p. 64.
  44. Cette notion est notamment développée dans Gisela Bock et Pat Thane (dir.), Maternity and gender policies. Women and the rise of the European welfare states, Routledege, Londres et New York, 1994. Cité in Ute Gerhard, « Concept et controverses », in Gubin (et al.) (2004), p. 54.
  45. Olive Banks, Faces of feminism, Blasil Blackwell, Oxford, 1986, p. 153 -154.
  46. Ute Gerhard (2004), p. 54.
  47. Yannick Ripa, Les femmes, actrices de l’Histoire. France, 1789-1945, Armand Colin, Paris, 1999, p. 116.
  48. La Française, 8 mai 1915.
  49. Yannick Ripa (1999), p. 116.
  50. Fillard et Colomb-Bourreau, p. 71.
  51. Fillard, Colomb-Bourreau (2003), p. 75 et s.
  52. Fillard, Colomb Bourreau (2003), p. 79.
  53. Fillard, Collomb-Bourreau (2003), p. 78.
  54. Pascale Le Brouster, « Contribution à l’histoire du Planning familial : le partenariat CFDT-MFPF au cours des années soixante-dix », Genre & Histoire, n°2 | Printemps 2008, mis en ligne le 13 juillet 2008.
  55. Anne Koedt, « Le mythe de l’orgasme vaginal », Partisans, n°54-55, Maspero, 1970, p. 55. Cité in Sylvie Chaperon, « Contester normes et savoirs sur la sexualité » in Eliane Gubin (et al.), Le Siècle des féminismes, Les Éditions de l’Atelier, 2004, p. 343.
  56. Sylvie Chaperon (2004), p. 342.
  57. Chaperon (2004), p. 343.
  58. Éliane Elmaleh, « Les Women’s Studies aux États-Unis. Le féminisme et l’université », Transatlica, 1 | 2003.
  59. Rue89
  60. Chris Beasley, What is feminism ? An introduction to feminist theory, SAGE, 1999, p. 52.
  61. Cité dans Geneviève Fraisse, « De la destination au destin. Histoire philosophique de la différence des sexes », dans Geneviève Fraisse et Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes. Le XIXe siècle, Plon, 1991, p. 79.
  62. Alexandra Kollontaï, « Le mouvement féministe et le rôle de la femme travailleuse dans la lutte de classe », Conférences à l'université Sverdlov sur la libération des femmes, 1921.
  63. Françoise Navailh, « Le modèle soviétique », in Françoise Thébaud (dir.), Histoire des femmes, Tome 5, « Le XXe siècle », Plon, 1992, p. 213 et s.
  64. Liliane Kandel et Françoise Picq, « Le mythe des origines, à propos de la journée internationale des femmes », La Revue d’En face, n° 12, automne 1982
  65. Lorena Parini, Le système de genre. Introduction aux concepts et théories, Éditions Seismo, Zürich, 2006, p. 77.
  66. article détaillé : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Soral#Critique_du_f.C3.A9minisme
  67. V., par ex. Fausse route, p. 52-54, d'Élisabeth Badinter, Odile Jacob, 2003,(ISBN 273811265X et 9782738112651)
  68. Images de la manifestation du 26 août 1970, à Paris, sur le site de l'INA. Des militantes du MLF déposèrent une gerbe sur la tombe du soldat inconnu, destinée à sa femme. Le slogan "Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme !" faisait partie des banderoles du cortège.

Annexe

Types de féminisme

Organisations et actions féministes

Articles connexes

Place et image des hommes

  • Des mouvements de défense des intérêts spécifiques des hommes se sont créés en réaction au féminisme : le masculinisme et l'hominisme.[réf. nécessaire] Différents de l'antisexisme, ils font pendant aux mouvements féministes "radicaux" et se focalisent sur l'existence d'inégalités favorables aux femmes ou perçues comme telles (par exemple la garde des enfants accordées presque systématiquement à la mère).[réf. nécessaire]
  • Parmi les féministes, certains courants (comme le féminisme radical), théorisant le système patriarcal en termes de "classes sociales de sexe", en s'inspirant des théorisations marxistes du système capitaliste en termes de "classes sociales" (bourgeoise et prolétaire), considèrent les hommes comme corrompus par leur appartenance à la "classe sociale de sexe" des hommes, dominante dans le patriarcat comme l'est la classe bourgeoise dans le capitalisme.[réf. nécessaire] Certaines personnes[Lesquelles ?] estiment que ce type de théorisation du système patriarcal relève de la misandrie[réf. souhaitée]. La première personne à avoir posé les prémisses d'une telle théorisation pourrait être Engels, lorsqu'il affirmait dans ses écrits que "la femme est la prolétaire du prolétaire"[réf. nécessaire].

Bibliographie

Dictionnaires

  • Dictionnaire critique du féminisme (coordonné par Helena Hirata, Françoise Laborie, Hélène Le Doaré et Danièle Senotier). Presses Universitaires de France, collection « Politique d'aujourd'hui », Paris, 2000. XXX + 299 p. (ISBN 2-13-050009-9). Édition revue, corrigée et augmentée (2004), chez le même éditeur, même collection : XXX + 315 p. (ISBN 2-13-052417-6)

Histoire du féminisme

En Europe

  • (en) Karen Offen, European Feminisms, 1700-1950 : A Political History, Stanford, Stanford University Press, 2000 (ISBN 0-8047-3420-8)
  • Éliane Gubin, Catherine Jacques, Florence Rochefort, Brigitte Studer, Françoise Thébaud, Michèle Zancarini-Fournel (dir.), Le Siècle des féminismes, Éditions de l'atelier, Paris, 2004, (ISBN 2-7082-3729-2)

En France

  • Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Histoire du féminisme français. Éditions des Femmes, collection « Pour chacune », Paris, 2 volumes :
  • Christine Bard, Les Filles de Marianne, Histoire des féminismes, 1914-1940, Paris, Fayard, 1995 (ISBN 2-213-59390-6)
  • Sylvie Chaperon, Les Années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Fayard, 2000 (ISBN 2-213-60542-4)
  • Laurence Klejman et Florence Rochefort, L’Égalité en marche. Le Féminisme sous la Troisième République, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1989 (ISBN 2-7210-0382-8)
  • Françoise Picq, Libération des femmes, les années-Mouvement, Paris, Seuil, 1993 (ISBN 2-02-012239-1)
  • Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle : les protestantes françaises, 1810-1960, 2003, (ISBN 9782846210317)
  • Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, collection Repères, Paris, 2002 (ISBN 978-2-7071-5472-9)
  • Christelle Taraud, Les Féminismes en questions - Élements pour une cartographie, entretiens avec Christine Bard, Marie-Hélène Bourcier, Christine Delphy, Eric Fassin, Françoise Gaspard, Nacira Guénif-Souilamas et Marcela Iacub, Paris, Éditions Amsterdam, 2005 (ISBN 2-915547-07-6)

En Grande-Bretagne

  • Françoise Barret-Ducrocq, Le Mouvement féministe anglais d’hier à aujourd’hui, Paris, Ellipses, 2000 (ISBN 2-7298-5950-0)

Aux États-Unis

  • Ginette Castro, Radioscopie du féminisme américain, Les Presses de Sciences Po, Paris, 1984 (ISBN 2-7246-0506-3)
  • Colette Colomb-Bourreau et Claudette Fillard, Les Mouvements féministes américains, Ellipses, Paris, 2003 (ISBN 2-7298-1307-1)

Journaux féministes

En France

A l'étranger

Écrits féministes

Liens externes

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  • Le fonds féminisme du Mundaneum illustre plus d'un siècle de féminisme des prémices aux nouvelles revendications salariales de la fin du XXe siècle en passant par l'obtention du droit de vote en 1948.


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