Françoise Quoirez

Françoise Quoirez

Françoise Sagan

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Françoise Sagan
Nom de naissance Françoise Quoirez
Activité(s) Ecrivain Dramaturge
Naissance 21 juin 1935
Cajarc (Lot), France
Décès 24 septembre 2004 (à 69 ans)
Equemauville (Calvados)
Langue d'écriture Français
Mouvement(s) Nouvelle Vague
Genre(s) Roman Théâtre Essai
Distinctions Prix du Brigadier pour Château en Suède, Théâtre de l'Atelier

Françoise Sagan (de son vrai nom Françoise Quoirez), est une écrivain français, née le 21 juin 1935 à Cajarc (Lot) et décédée le 24 septembre 2004 à l'hôpital de Honfleur (Calvados)[1] d'une embolie pulmonaire. Elle a été inhumée auprès de son frère, de ses parents, de Peggy Roche(sa compagne la plus fidèle) et de Robert Westhoff dans le cimetière du village de Seuzac à quelques kilomètres de Cajarc (Lot).

Souvent considérée comme faisant partie de la Nouvelle Vague, elle a aussi contribué à la co-écriture de scénarios et de dialogues de films.

Sommaire

Biographie

Enfance

Fille de Pierre et Marie Quoirez, mariés le 3 avril 1923, Françoise Quoirez naît dans une famille d'industriels aisés, le 21 juin 1935. Elle est la troisième enfant : sa sœur Suzanne est née le 6 janvier 1924, Jacques le 20 août 1927, mais son jeune frère Maurice meurt en bas âge.

Son enfance se déroule à Paris dans le 17e arrondissement, au 167 boulevard Malesherbes. Quelques souvenirs d'école lui reviendront en mémoire : « […] On faisait les prières avant les cours. Ça on n’y coupait pas. Et puis, après on gambadait. […] J’écoutais quand ça m’amusait. Vous savez, il y a de très bons professeurs qui font de très bons cours sur les mathématiques, il y a de très mauvais professeurs qui font de très mauvais cours sur la philosophie. […] J'étais assez infernale. Finalement j'ai été mise à la porte. J'avais pendu un buste de Molière par le cou avec une ficelle à une porte parce que nous avions eu un cours particulièrement ennuyeux sur lui. Et puis, en jouant au ballon, j'ai flanqué une gifle à quelqu'un, je ne sais plus. » En 1931, la famille emploie une nourrice, Julia Lafon, qui deviendra au fil des années un pilier de la famille. C'est à partir de cette époque qu'elle est surnommée « Kiki[2] ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, son père est démobilisé en 1940 et s'attèle à cacher des résistants, d'abord à Paris, puis à Lyon.

Sa scolarité est mouvementée, entre fugues et cours privés. Cependant, elle lit énormément : Cocteau, Rimbaud, Proust, Stendhal, Flaubert, Faulkner, Hemingway, Camus, Fitzgerald, un peu Malraux et puis Sartre avec qui elle deviendra amie plus tard (elle déjeunera régulièrement avec lui à la Closerie des Lilas). En 1951, après un échec au baccalauréat et un été de révisions intenses, elle réussit son examen avec 17 sur 20 à l'épreuve de français ; le sujet est : « En quoi la tragédie ressemble-t-elle à la vie ? ». Elle s'inscrit ensuite à la Sorbonne. Parallèlement, Jacques, son frère aîné, l'entraîne dans les boîtes de nuit de Saint-Germain-des-Prés. Elle y côtoie la jeunesse parisienne bourgeoise, l'alcool et la drogue. En 1953, elle rate son examen de propédeutique.

Le succès

Durant l'été 1953, elle écrit Bonjour Tristesse et fait parvenir, encouragée par son amie Florence Malraux, le manuscrit à deux maisons d'édition : Julliard et Plon. Suite à l'avis de François Le Grix, lecteur chez Julliard, le roman est édité. Françoise Quoirez devient Françoise Sagan en référence à un personnage de Proust. Elle a 18 ans, le succès est au rendez-vous : un an après sa publication, 850 000 exemplaires du roman ont été vendus. François Mauriac écrit à la Une du Figaro : « (…) ce Prix des critiques décerné (…) à un charmant petit monstre de dix-huit ans (dont) le mérite littéraire éclate dès la première page et n'est pas discutable. » Le thème choque : « toute une classe établie fut effarouchée au point de faire de ce premier roman un phénomène, qui poussa un François Mauriac à prendre à partie le ciel (« le diable n'était-il pas envoyé sur terre en voiture de sport ? ») tandis que ses pairs concluaient à la décadence pendant que la légende prenait son essor[3]. »

La même année, la grande directrice du magazine Elle, Hélène Gordon-Lazareff, lui demande une série d'articles sur l'Italie. On ne sait si elle en profite pour voir Les Vitelloni, le film de Federico Fellini qui décrit la jeunesse dorée de Rimini, mais elle joue au reporter du sud au nord. L'hebdomadaire titre ses reportages « Bonjour Naples », « Bonjour Capri », « Bonjour Venise »... Ce « Bonjour » devient sa griffe. Elle se lie d'amitié avec de grands noms : les traducteurs Greene, Michel Déon, les Lazareff, Florence Malraux... En 1955, elle part à New York faire la promotion de son livre. Elle rencontre alors Guy Schoeller, qui deviendra quelques années plus tard son mari. Elle devient l'amie intime de l'écrivain Bernard Frank et du danseur Jacques Chazot.

Son deuxième roman Un certain sourire (dédié à Florence Malraux) paraît en 1956. C'est encore un succès. Happée par le succès et l'argent, elle se laisse prendre dans les rets du jeu, notamment à Monte-Carlo. Françoise Sagan gagne beaucoup d'argent[4] ; elle suit le conseil de son père : « À ton âge, c'est dangereux. Dépense-les ! ». Ce seront les casinos (ses gains à Deauville lui permettent d'acheter le manoir du Breuil à Équemauville près d'Honfleur[5]), les boîtes de nuit (à Saint-Tropez, chez Castel, chez Régine), les voitures de sport (Jaguar, Aston Martin, Ferrari)...

L'accident et la descente aux enfers

En 1957, au volant de son Aston Martin, elle est victime d'un grave accident qui la laissera entre la vie et la mort pendant quelques jours. À partir de cet événement, elle est sujette aux douleurs et dépendante de médicaments, alcool et drogues[6]. Peu de temps après elle épouse Guy Schoeller. La même année, elle doit suivre sa première cure de désintoxication ; elle raconte plus tard cette expérience dans son livre Toxiques. Sa cure est un échec.

En 1960, elle divorce de Guy Schoeller et se marie deux ans plus tard avec le sculpteur américain Robert Westhoff[7], avec qui, en 1962, elle a un fils, Denis : « quand on me l'a mis dans mes bras, j'ai eu une impression d'extravagante euphorie (…) je sais ce que c'est d'être un arbre avec une nouvelle branche : c'est d'avoir un enfant ». Le couple divorce rapidement, poursuit la vie commune et se sépare en 1972. Elle noue également une relation avec la styliste Peggy Roche.

Restant volontiers à l'écart des batailles littéraires, Françoise Sagan écrit une cinquantaine de romans : 30 millions de livres vendus en France, de nombreuses traductions (en 15 langues). Ses thèmes favoris : la vie facile, les voitures rapides, les villas bourgeoises, le soleil, un mélange de cynisme, de sensualité, d'indifférence et d'oisiveté. Le besoin d'écrire la taraude : « Écrire est la seule vérification que j'ai de moi-même... J'ai toujours l'impression d'aller à un échec relatif. C'est à la fois fichu et gagné. Désespérant et excitant[8]. » Si au roman va sa préférence[9], elle prend aussi du plaisir à écrire des pièces de théâtre, des scénarios, des biographies, ou même des fragments d'autobiographie (Avec mon meilleur souvenir).

Engagements politiques

Françoise Sagan signe la « Déclaration sur les droits à l'insoumission dans la guerre d'Algérie. »[10] en pleine guerre d'Algérie[11]. Sagan est au théâtre de l'Odéon en mai 1968, ensuite, elle rencontre Fidel Castro, Sakharov, elle signe en avril 1971 le « Manifeste des 343 femmes qui déclarent avoir avorté illégalement », enfin elle fait don de ses droits polonais à Solidarność. « Je ne suis inscrite à aucun parti politique, mais je suis engagée à gauche. Je déteste tuer, s'il y avait une guerre, je m'en irais. Où ? Je ne sais pas... Mais s'il y avait une invasion fasciste, je me battrais. Contre une cause indigne, je me battrais. »[12] Au début des années 1980, elle se lie d'amitié avec François Mitterrand.

La fin

En octobre 1985, elle est invitée par François Mitterrand en voyage officiel à Bogota, elle y fait un accident respiratoire. Le protocole indiquera que « fatiguée par le voyage, Madame Sagan a été victime du mal de l'altitude[13] ».

En mars 1988, Sagan est inculpée pour « usage et transport de stupéfiants ».

Sa vie trépidante défraie la chronique mondaine et la chronique judiciaire (avec les affaires de drogues en 1995[14] ou de fraude fiscale dans l'Affaire Elf en 2002).

À la fin de sa vie, elle est ruinée suite à sa condamnation en justice dans le cadre de l'Affaire Elf. Elle doit quitter son appartement de la rue de l'Université pour un plus petit, d'abord quai d'Orsay puis rue de Lille. Ne pouvant plus subvenir à ses besoins, elle est recueillie par son amie, Ingrid Mechoulam. Elle est alors gravement malade. Elle décède le 24 septembre 2004.

« Elle a demandé à être enterrée à Cajarc (Lot), dans le pays où elle est née, qu'elle aimait, avec une femme qu'elle a aimée et qui l'a aimée jusqu'au bout, sa compagne, Peggy Roche, décédée au début des années 1990[15]. »

En 1998, la romancière rédige son épitaphe[16] : « Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, "Bonjour tristesse", qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »

Œuvres

Romans

  • Bonjour tristesse, Éditions Julliard, 1954.
  • Un certain sourire, Éditions Julliard, 1956.
  • Dans un mois, dans un an, Éditions Julliard, 1957.
  • Aimez-vous Brahms ?, Éditions Julliard, 1959.
  • Les Merveilleux Nuages, Éditions Julliard, 1961.
  • La Chamade, Éditions Julliard, 1965.
  • Le Garde du cœur, Éditions Julliard, 1968.
  • Un peu de soleil dans l'eau froide, Éditions Flammarion, 1969.
  • Des bleus à l'âme, Éditions Flammarion, 1972.
  • Un Profil perdu, Éditions Flammarion, 1974.
  • Le Lit défait, Éditions Flammarion, 1977.
  • Le Chien couchant, Éditions Flammarion, 1980.
  • La Femme fardée , Éditions Ramsay, 1981.
  • De guerre lasse, Éditions Gallimard, 1985.
  • Un Sang d'aquarelle, Éditions Gallimard, 1987.
  • La Laisse, Éditions Julliard, 1989.
  • Un Orage immobile, Éditions Ramsay, 1989.
  • Les Faux-Fuyants, Éditions Julliard, 1991.
  • Un Chagrin de passage, Éditions Plon, 1993.
  • Le Miroir égaré, Éditions Plon, 1996.

Théâtre

Biographies

Nouvelles

Mémoires, journal et entretiens

Cinéma

En 1990, elle ne participera pas à l'adaptation de son roman La femme fardée. Ce travail sera effectué par Frédéric H. Fajardie, Jacques Cortal, Jean-Jacques Pauvert, Lou Inglebert et José Pinheiro, réalisateur du film.

En 1979, Sagan préside le Festival de Cannes.

Prix et récompenses

Film consacré à sa vie

  • 2008 : Sagan (film à volonté biographique dont le thème est la vie de Sagan, réalisé par Diane Kurys), sortie le 11 juin 2008. Sylvie Testud incarne Françoise Sagan. « Il y a des choses vraies — la maison en Normandie, les huit millions qu'elle gagne au casino qui lui permettent de l'acheter — et d'autres, un peu réinventées[17]. »
Article détaillé : Sagan (film).

Notes

  1. Près de sa résidence d'Équemauville.
  2. Geneviève Moll, Madame Sagan, biographie, Éditions Ramsay, 2005.
  3. Françoise Sagan, signatrice du « Manifeste des 121 ».
  4. En 1955, Julliard lui assurait qu'elle avait 500 millions d'anciens francs.
  5. Jérôme Garcin, Littérature vagabonde.
  6. Geneviève Moll, Madame Sagan, biographie, Éditions Ramsay, 2005.
  7. Traducteur de La Chamade en 1966.
  8. Dans Réponses, entretiens, Pauvert, 1975.
  9. « Ce que je préfère au monde, c'est le roman. On se crée une famille dans laquelle on vit pendant deux ou trois ans... »
  10. Également connu sous le nom de « Manifeste des 121 »
  11. En représailles, l'OAS piègera à l'explosif le domicile de ses parents le 23 août 1961.
  12. Réponses, entretiens, Pauvert, 1975.
  13. Journal télévisé, Antenne 2, 19 octobre 1985.
  14. La relecture de son journal, Toxiques, permet de comprendre les raisons de son addiction.
  15. Interview de Juliette Gréco.
  16. Jérôme Garcin, Le Dictionnaire, Éditions François Bourin.
  17. Propos de Diane Kurys recueillis par Marie-Elisabeth Rouchy pour Le Nouvel Observateur n° 2275.

Bibliographie

  • Lamy (J.-C), Sagan, Mercure de France, 1988.
  • Vircondelet (A.), Un Charmant Petit Monstre, Flammarion, 2004.
  • Moll (G.), Madame Sagan, J'ai lu, 2007.
  • Lelièvre (M.-D.), Sagan à toute allure, Denoël, 2008.
  • Delassein (S.), Aimez-vous Sagan..., Livre de Poche, 2004.
  • Geille (A.), Un amour de Sagan, Pauvert, 2007.

Voir aussi

Lien interne

Lien externe

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