Fondation européenne pour les métiers de l'image et du son

Fondation européenne pour les métiers de l'image et du son
La FEMIS
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Nom original IDHEC (1943), FEMIS (1986), ENSMIS (1998), La FEMIS (2000)
Informations
Fondation 1943 (IDHEC)
1986 (FEMIS)
Type École nationale supérieure d'art ;
Établissement public industriel et commercial (EPIC)
Régime linguistique Français
Budget 9 700 000 €/an[1]
Localisation
Coordonnées 48° 53′ 24″ N 2° 20′ 33″ E / 48.88999417, 2.3425708348° 53′ 24″ Nord
       2° 20′ 33″ Est
/ 48.88999417, 2.34257083
  
Ville Paris
Pays France
Direction
Président Raoul Peck
Directeur Marc Nicolas
Chiffres clés
Personnel 60 salariés et 500 intervenants extérieurs par an
Étudiants 152
Divers
Site web www.lafemis.fr/
Entrée de la FEMIS, avec l'enseigne conservée de Pathé

L’École nationale supérieure des métiers de l'image et du son (ou ENSMIS), qui utilise souvent pour se désigner l'appellation La Fémis[2] qui correspond à son ancienne dénomination Fondation européenne des métiers de l'image et du son, est un établissement public d'enseignement supérieur français, relevant de la tutelle du ministère de la Culture et du CNC, qui délivre un enseignement technique et artistique destiné à former des professionnels des métiers de l'audiovisuel et du cinéma. La Fémis a été fondée en 1986 pour prendre la suite de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC).

Ses locaux sont situés, depuis 1999, à Paris, au no 6 de la rue Francœur, dans les bâtiments des anciens studios Pathé[3]. Elle est avec l'École nationale supérieure Louis-Lumière - placée, elle, sous la tutelle de l’Éducation nationale[4] - l'une des deux grandes écoles publiques de cinéma en France, et fait partie du cercle restreint des écoles de cinéma à renommée internationale avec la NFTS de Londres, la Tisch School de New York, l'USC de Los Angeles ou la FAMU de Prague. De nombreuses personnalités du cinéma, français mais aussi internationaux, sont issus des formations de la Fémis.

La Fémis est connue pour la difficulté de son concours d'entrée (le taux de réussite s'élève à 3 %, et seulement 1 % pour le département réalisation) ainsi que pour les moyens techniques dont elle dispose[5].

Sommaire

Histoire

De l'IDHEC à la FEMIS (1943-1988)

La création d'une école d'État

Le cinéaste Alain Resnais, élève en 1944 de la 1re promotion de l'IDHEC.

L'IDHEC (ancêtre de La FEMIS) est fondé le 4 septembre 1943[6],[7], et ouvre ses portes le 6 janvier 1944[8],[9]. L'école prend la suite du CATJC (Centre artistique et technique des jeunes du cinéma), créé à Nice en 1941 par un groupe de jeunes réalisateurs et techniciens dont Philippe Agostini, Henri Alekan, René Clément, Jean Lods et Claude Renoir[10],[11]. Mais l'école peine à exister en cette époque troublée. En 1942, le réalisateur Marcel L'Herbier définit les missions de deux nouvelles écoles de cinéma : l'École Louis-Lumière et l'IDHEC. La première s'occupera de la formation des techniciens du cinéma, la seconde délivrera un apprentissage plus théorique et artistique, destiné aux métiers de création (réalisateurs et scénaristes). L'IDHEC devient, à son ouverture en 1944, la troisième grande école de cinéma au monde, après le VGIK de Moscou et le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome[12]. Dans son discours d'inauguration, Marcel L'Herbier précise le rôle de l'école : il s'agira pour elle de définir « le Cinématographe envisagé comme un Art »[13]. L'idée - assez répandue de nos jours - n'allait pourtant pas de soi : le cinéma reste encore largement considéré comme un divertissement, en opposition aux autres arts dits « sérieux » comme la peinture ou la musique. La formule préfigure également la notion de politique des auteurs chère à André Bazin et qui n'apparaîtra que dix ans après. L'école - qui permet à certains jeunes gens de se soustraire au S.T.O[14] - s'installe dans un hôtel particulier 6, rue de Penthièvre à Paris et occupe les anciens bureaux exigus d'une société de produits chimique. Alain Resnais fait partie de la première promotion baptisée promotion Louis Delluc[15], Ghislain Cloquet de la troisième et René Vautier de la quatrième, L'école jouit presque instantanément d'un certain intérêt dans le milieu de l'art et accueille dès les premières années des hôtes d'importance, tels que Maurice Merleau-Ponty, venu y faire une conférence en 1945[16] sur les rapports entre cinéma et « nouvelle psychologie »[17], ou Léon Chancerel qui y enseigne l'histoire du théâtre[18]. Des cinéastes de renom y donnent des cours, mais tous n'y restent pas. Jean Epstein, par exemple, quitte l'école faute de captiver ses étudiants[19]. L'école devient également un des hauts lieux des débats cinématographiques d'après-guerre : le Comité de défense du cinéma français s'y réunit en décembre 1947 pour protester contre l'accord Blum-Byrnes[20].

L'école est alors dirigée par le producteur Pierre Gérin. Léon Moussinac, membre du Parti communiste français depuis 1924 et co-directeur du comité de défense du cinéma français, lui succède en 1948[21]. L'école, clairement ancrée à gauche sur l'échiquier politique, est dans la ligne de mire des anticommunistes. À l'époque, le cinéma français est en effet accusé d'être aux ordres du Parti communiste français et subit de nombreuses attaques sur ce sujet. En 1948, le journal L'Objectif remet en cause l'école en ces termes : « S'il y a un scandale de l'IDHEC, c'est celui de son existence même »[22]. Deux plus tard, le Cartel des syndicalistes libres des spectacles demande la suppression des subventions accordées à l'IDHEC, présentée comme « une pépinière d'agents staliniens (…) dont l'inutilité n'est plus à démontrer »[23]. En 1949 Léon Moussinac est poussé à la démission et Marcel L'Herbier, président du conseil d'administration, dont la carrière de cinéaste avait considérablement faibli après la guerre, assure pendant deux ans la direction générale[24]. L'autorité de tutelle - à l'époque le ministère de l'Industrie et du Commerce - impose en 1951 un nouveau directeur général, Rémy Tessonneau, qui ne sera délogé que par les événements de Mai 68. Marcel L'Herbier lui survivra un an à la présidence du conseil d'administration[25].

Le cinéaste Andrzej Zulawski, diplômé de l'IDHEC en 1959.

Le rôle de l'école dans le milieu professionnel s'accroît rapidement : il devient presque nécessaire, dans les années 1950, d'avoir fait l'IDHEC pour devenir rapidement décorateur ou monteur de cinéma[26]. Mais cette domination de l'IDHEC sur les grands corps de métier du cinéma ne va pas sans poser problème. L'universitaire américain C. G. Crisp avance l'hypothèse selon laquelle la « qualité française » des années 1950, tant décriée par François Truffaut et ses confrères de la Nouvelle Vague, serait en partie due au corporatisme et à la professionnalisation de l'école, contrecarrant quelque peu la spontanéité ou l'invention de formes nouvelles[27]. Constat partagé par Marin Karmitz qui se définira comme « formé par l'IDHEC au cinéma classique, mais déformé par la Nouvelle Vague », dont il préfèrera prendre le parti[28].

La formation des futurs cinéastes français comme étrangers

Le cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo, entré à l'IDHEC en 1982

Comme les autres grandes écoles européennes, l'IDHEC joua un rôle prépondérant dans la formation des futures cinématographies des pays pauvres ou en voie de développement. En 1960, 273 des 617 diplômés de l'école sont étrangers[29]. À leur sortie de l'IDHEC, beaucoup de ces étudiants retourneront dans leur pays pour y exercer leur art. Beaucoup d'étudiants latino-américains, attirés par la tradition cinéphilique française (foisonnement des rétrospectives, des revues) et par la politique des auteurs suivent l'enseignement délivré par l'école[30]. Les cinéastes mexicains Felipe Cazals et Paul Leduc ont étudié à l'IDHEC[31], tout comme le cinéaste Pham Ky Nam, qui tourna en 1959 le premier film de fiction nord-vietnamien[32]. L'école permet également l'émergence de la première génération des cinéastes d'Afrique Noire, comme Paulin Soumanou Vieyra, Georges Caristan, Blaise Senghor, Yves Diagne. Ne pouvant obtenir l'autorisation ou les moyens nécessaires pour tourner dans leurs pays, la plupart d'entre eux choisissent de faire ce que l'on pourrait appeler « des films africains en France ». C'est ainsi que le guinéen Mamadou Touré tourne en 1953 Mouramani et que Vieyra, Jacques Melokane et Mamadou Sarr réalisent ce que les historiens du cinéma ont coutume de présenter comme le premier long-métrage d'Afrique Noire : Afrique-sur-Seine, dans lesquels ils dénoncent la colonisation française et la vie misérable des immigrés africains à Paris[33]. Beaucoup de cinéastes sénégalais préfèrent cependant retourner dans leur pays après leur sortie de l'école. Ils y deviennent fonctionnaires et travaillent au service des Actualités sénégalaises (le seul organisme audiovisuel du pays), avant de se regrouper dans diverses associations, comme « Cinéastes Sénégalais Associés », puis la « Société des réalisateurs sénégalais », aidés par le Bureau du cinéma du Ministère français de la Coopération (un ancien directeur de l'école, Jean-René Debrix, y est d'ailleurs nommé en 1963)[34]. Le premier film camerounais, Aventure en France, a été tourné en 1962 par Jean-Paul Ngassa, diplômé de l'école. Ne trouvant pas dans leurs pays les structures indispensables à la production de films, certains diplômés de l'IDHEC se détournent du cinéma pour la littérature, la poésie et le théâtre. C'est le cas de l'Ivoirien Jean-Marie Adé Adiaffi, de Lotfi Maherzi, d'Ahmed Belhachmi (premier Marocain diplômé de l'IDHEC, en 1951) et d'Ahmed Bouanani. S'en suivra la promotion de Abderrahmane Tazi, Abdelmajid R'chich et Theo Angelopoulos. La formation de ces étudiants étrangers aura sans doute permis ou suggéré l'éclosion de formes narratives inédites dans le paysage cinématographique de leurs pays. Le film Wechma (1970) d'Hamid Bennani, diplômé trois ans plus tôt comme Merzak Allouache et Moumen Smihi, est ainsi considéré comme un tournant dans le cinéma marocain en raison de ses innovations formelles et dramatiques[35]. L'Algérien Merzak Allouache fera, lui, des allers-retours constants entre son propre pays et la France pour y réaliser ses films. La Tunisienne Moufida Tlatli, diplômée en 1968[36], devient une des monteuses attitrées du cinéma marocain, puis travaille sur des films tunisiens, palestiniens et algériens[37]. Son premier film en tant que réalisatrice, Les Silences du palais (1994), reçoit une mention spéciale de la Caméra d'Or au Festival de Cannes. La cinéaste sera nommée ministre de la culture de son pays en janvier 2011, dans le gouvernement d'union nationale formé lors de la révolution de jasmin[38].

Le cinéaste Constantin Costa-Gavras, reçu à l'IDHEC en 1956.

Les années 1950 et l'essor de la télévision

Si la majorité des étudiants de l'IDHEC se destinent au cinéma, certains voient d'un œil curieux l'apparition d'un nouveau médium : la télévision. Celle-ci n'en est qu'à ses débuts et a besoin d'attirer à elle de nombreux professionnels. Marcel L'Herbier l'avait bien compris, lui qui déclarait lors de l'ouverture de l'école : « Ne devons-nous prévoir, si nous ne voulons pas nous faire devancer, l'installation à un rythme accéléré de postes particuliers de télévision ? Et combien de films faudra-t-il pour la consommation de ce nouvel ogre ? Dès lors, combien de créateurs, de techniciens supplémentaires exigera la profession pour préparer cette fabuleuse pâture ? »[39]. L'analyse de L'Herbier s'avérera juste : la télévision n'hésitera pas à puiser dans le vivier de l'école pour constituer ses troupes. Stellio Lorenzi et Maurice Cazeneuve, tous deux issus de la première promotion, deviendront réalisateurs de télévision. Suivront ensuite Jean Prat, Pierre Badel, Ange Casta, Alain Boudet, Jean-Christophe Averty, qui intègreront l'ORTF à leur sortie de l'école[40]. Chacun de ses réalisateurs entraînera ensuite d'autres étudiants pour travailler à leurs côtés. C'est ainsi que Jean-Christophe Averty coptera Pierre Trividic[41]. Les pionniers de la fiction télévisuelle, qui connaît ses premiers succès au milieu des années 1950, ont donc souvent été formé à l'IDHEC[42].

Mai 68

Le producteur, distributeur et exploitant Marin Karmitz, diplômé de l'IDHEC en 1957.

Les étudiants, proches l'extrême-gauche et de la Jeunesse communiste révolutionnaire[43], occupent à partir du 16 mai 1968 leur école (installée depuis 1952 dans un ancien studio du cinéma muet 3bis, boulevard d'Aurelle de Paladines aux abords de la Porte Maillot), apportent leur soutien aux étudiants du Quartier Latin et mènent une fronde contre l'enseignement dispensé à l'école, jugé trop académique. Les cours sont suspendus et l'école adopte le 22 mai 1968 le principe de « grève active ». Ce mouvement conduit à la démission d'une grande partie de l'administration[44]. Les animateurs du comité d'occupation, Daniel Edinger et Richard Copans, défendent une organisation de l'école inspirée du modèle des usines autogérées : ils se constituent ainsi en association, pour pouvoir "juridiquement" utiliser le matériel de tournage de l'IDHEC et soumettent chaque projet de films à l'Assemblée Générale des élèves. Les élèves de l'école participent aux États généraux du cinéma, dont une tendance défend avec Marin Karmitz, diplômé de l'école dix ans plus tôt, un projet radical de cinéma militant et tentative d'auto-gestion[45]. Le 10 juillet 1968 les étudiants sont délogés des locaux qui seront bientôt démolis pour faire place au boulevard périphérique[46].

Les étudiants de l'IDHEC ont tenu un rôle important dans la propagation des idées de Mai 68 : nombre d'entre eux ont participé à la réalisation et à la diffusion des films militants produits dans le sillage des manifestations étudiantes[47]. On peut en voir un exemple dans un film de neuf minutes, La reprise du travail aux usines Wonder, tourné en juin 1968 par des étudiants de l'école[48]. Le film a été tourné le 10 juin 1968, jour où les dirigeants de l'usine Wonder de Saint-Ouen avaient convoqué les ouvriers pour leur demander de reprendre le travail. L'équipe ne possède alors qu'une boîte de pellicule. À l'entrée de l'usine, Pierre Bonneau saisit en plan-séquence la révolte d'une ouvrière qui refuse de retourner à son poste[49]. La bobine, intitulée « Wonder », est ensuite projetée en Assemblée Générale où il est décidé de la diffuser le plus vite possible, sans lui ajouter d'autres plans. Le film est présenté à l'été au Festival d'Hyères. Dans son numéro d'été, la revue Positif salue la forme « exceptionnellement concise, passionnée et authentique » de ces images. Le film rencontre une audience inattendue, si bien qu'il devient en 1970 le court-métrage d'avant-programme du film Camarades, de Marin Karmitz. Le film continuera d'être vu bien des années après, intégré sous forme d'extraits, dans différents documentaires comme Histoire de mai (1978) de Pierre-André Boutang et André Frossard, Mai 68, quinze ans après (1983) de Jean Labib, Génération (1988) de Daniel Edinger, Hervé Hamon et Patrick Rotman et dans Reprise (1996) d'Hervé Le Roux[50]. Jacques Rivette dira qu'il est le seul film « révolutionnaire », au sens strict, qu'il ait jamais vu « parce que c'est un moment où la réalité se transfigure à un tel point qu'elle se met à condenser toute une situation politique en dix minute d'intensité dramatique folle »[51]. Pour Serge Daney et Serge Le Péron, il est « la scène primitive du cinéma militant, La Sortie des usines Lumière à l'envers, un moment miraculeux dans l'histoire du cinéma direct »[52].

La cinéaste Claire Denis, diplômée de l'IDHEC en 1969

Le film continue d'être distribué par divers collectifs durant les années 1970 : on le trouve dans le catalogue de « Cinéma Rouge », un groupe trotskiste proche de la Ligue communiste révolutionnaire, dans celui de « Ciné Libre » et celui de « Cinélutte »[53]. Les étudiants de l'IDHEC sont très souvent à l'origine de ces nombreux groupes de cinéma militant, parfois initiés au sein même de l'école. Jean-Michel Carré, entré en 1969[54], fonde en 1974 « Les Films Grain de sable », d'abord sous la forme d'un collectif puis d'une maison de production cinématographique (toujours en activité aujourd'hui). Les films produits, inspirés des idées maoïstes, ont pour sujet le droit des femmes, le nucléaire, l'hôpital, ou encore l'éducation[55] : « A l’époque, explique Jean-Michel Carré, nous appliquions les principes maoïstes du centralisme démocratique et le cheminement dialectique ‘pratique-théorie-pratique’ : aller sur le terrain, tourner, prendre l’avis d’intellectuels et de chercheurs sur notre travail, puis repartir vers le terrain. Le cinéma nous paraissait être l’art le plus adéquat pour l’activisme politique. Nous avions, au sein du groupe, chacun un diplôme de prise de vue, de montage ou de réalisation (obtenu à l’IDHEC), ce qui nous permettait une rotation des tâches, qui désacralisait le rôle du metteur en scène »[56]. Autre exemple de collectif : le collectif Cinélutte créé en 1973 par François Dupeyron, Alain Nahum, Guy-Patrick Sainderichin et Richard Copans, tous étudiants de l'école, avec le concours de Jean-Denis Bonan et de Mireille Abramovici[57]. Cet organisme prend la forme d’une association non subventionnée, né des mouvements lycéens et étudiants contre la « loi Debré » sur la conscription militaire. Celui-ci ne se revendique d'aucun parti ou organisation politique, mais produit durant 8 années des films militants, fortement impregnés de marxisme-léninisme et parfois du maoïsme, sur les luttes sociales et politiques des années 1970[58]. Le collectif continue à diffuser « Wonder » durant toute cette période[53].

Vers La FEMIS

Le cinéaste Patrice Leconte, entré à l'IDHEC en 1967

Après 1968, l'IDHEC connaît une période faste, où les fondamentaux de l'enseignement ont été remis en cause mais où l'émulation entre les élèves s'est accrue. A la rentrée de 1968 est mis en place, sous la pression des élèves, un "Bureau d'Etudes provisoire" présidé par Louis Daquin. C'est ce "Bureau" où siègent les représentants des élèves, qui gère de fait l'école. Le concours d'entrée du printemps 1968, qui avait été bloqué par les élèves en Mai 68, est repoussé à janvier 1969. Il est entièrement redéfini sur les bases des propositions du Comité d'occupation de Mai 68. Le concours d'entrée à la FEMIS en porte les traces encore aujourd'hui. Les élèves ne veulent plus de professeurs à l'année mais l'intervention de professionnels en activité dans le cinéma ainsi que l'augmentation du travail pratique au détriment de l'enseignement purement théorique. Louis Daquin sera nommé directeur des études en 1970 et le restera jusqu'en 1978. Daquin bouleverse l’enseignement et attire à l'IDHEC comme moniteurs tous ceux qui font le cinéma de l'époque. Sa devise : « Il faut faire des films, c'est comme ça qu'on apprend ». Bien que membre important du P.C.F., il ouvre l'école à tous les courants d’extrême gauche[59]. En 1971, Daquin engage un triumvirat improbable (Richard Copans, Jean-Denis Bonan et Jean-André Fieschi) pour le seconder dans la mise en place de la nouvelle pédagogie de l'école.

De 1944 à 1985, l'Idhec forme 41 promotions et 1 439 professionnels du cinéma, français et étrangers. Au contraire de la future FEMIS, l'école ne propose pas encore de départementalisation. Les étudiants, quel que soit le poste qu'ils souhaitent occuper à leur sortie de l'école, doivent choisir entre deux sections généralistes : image et montage. Si des théoriciens et analystes de cinéma, tels que Georges Sadoul et Jean Mitry enseignent à l'école, la pratique y est relativement libre et l'accès au matériel facilité. Tout le monde peut, peu ou prou, réaliser ses propres films, dans « une utopie pragmatique où chacun travaillait sur les films des autres », comme l'explique le cinéaste Laurent Cantet[60]. L'école devient ainsi un laboratoire de formes et d'idées, et se veut ouverte à la société qui l'environne.

Le cinéaste Laurent Cantet, diplômé de l'IDHEC en 1986.

Les femmes restent néanmoins largement minoritaires à l'école. Il faudra attendre l'après 68 pour que les femmes y occupent une plus grande place[61]. L'interdiction de les voir intégrer l'ancienne section de mise en scène n'était pas formelle, mais il leur était fortement conseillé de rejoindre des sections considérées comme plus « féminines », comme le montage[62]. Mais les femmes ne sont encore, en 1973, que 4 sur 28 candidatures reçues[63]. L'école aura tout de même permis de former la chef opératrice Nurith Aviv, diplômée en 1967, souvent présentée comme la première femme française à accéder à ce poste[64], suivie de la cinéaste Claire Denis en 1969[65], de Dominique Le Rigoleur en 1971[66], de Caroline Champetier en 1976 ou d'Agnès Godard en 1980[67],[68].

Les années passent et malgré sa réputation, l'IDHEC (installée, depuis janvier 1974 à Bry-sur-Marne, dans les locaux de l'INA) décline peu à peu, faute d'argent. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, on songe à en redéfinir le rôle et le cadre. Un projet de « Palais de l'image » (qui inclurait l'art photographique) est lancé, suivi d'un autre, plus restrictif, nommé « Palais du cinéma ». Le projet tente d'associer une nouvelle école de cinéma et la Bibliothèque du Film[69]. Le rapport Bredin, en juin 1984, propose les règles de la future FEMIS, fondée sur un enseignement pluridisciplinaire gratuit, un concours à bac+2, une durée des études de trois ans, la création de sept départements et une ouverture sur le monde professionnel. Jack Gajos, alors directeur de l'Agence pour le développement régional du cinéma, est choisi pour diriger l'institution[70]. En 1986, la droite revient au pouvoir : le secrétaire d'état à la Culture, Philippe de Villiers, reprend le dossier et transforme l'Institut national de l'image et du son (INIS), créé par Jack Lang en février, en Fondation européenne des métiers de l'image et du son (FEMIS)[71]. L'école a les statuts d'une association régie par la loi du 1er juillet 1901. En novembre 1986, François Léotard, alors ministre de la culture, inaugure l'école, qui est située au Palais de Tokyo, en face du Musée d'art moderne de la Ville de Paris, et présidée par l'écrivain et scénariste Jean-Claude Carrière. Les cinéastes Noémie Lvovsky, Arnaud des Pallières, Solveig Anspach, Christine Carrière, Emilie Deleuze, Manuel Pradal, Sophie Fillières comptent parmi les élèves de la première promotion[72]. Jean-Luc Godard, qui avait tenté le concours d'entrée à l'IDHEC en 1949[73], enseigne à l'école et le philosophe Gilles Deleuze y tient une conférence remarquée, intitulée « Qu’est-ce que l’acte de création ? ». L'école fonctionne sous statut associatif jusqu'en 1998.

Des débuts difficiles (1988-1996)

Une remise en cause du concours d'entrée

Le scénariste Jean-Claude Carrière, président de la FEMIS de 1986 à 1996.

En 1988, le personnel de l'IDHEC rejoint la FEMIS, dans une fusion de l'ancienne école avec la nouvelle. L'IDHEC disparaît donc officiellement le 24 mars 1988[74]. En 1990, le concours d'entrée à l'école recense un millier de candidats. Une filière scripte est créée en 1993. À l'automne 1993, des examinateurs du concours, parmi lesquels Laurent Vachaud et Serge Le Peron, s'aperçoivent que leurs notations sont fréquemment remaniées[75]. Les faits sont corroborés par l'ancien directeur des études Jacques Fraenkel, licencié en juillet de la même année. Soupçonnant des irrégularités dans la notation, il avait conservé la reproduction des notes de deux candidats reçus au concours de 1992. Il apparaît que huit candidats auraient vu leurs notes truquées en 1993 et que cette fraude aurait également bénéficié, en 1992, au fils de Bernard Faivre d'Arcier (conseiller culturel du premier ministre Laurent Fabius, directeur du Théâtre et des Spectacles dans le ministère de Jack Lang, et directeur du Festival d'Avignon)[76]. Jack Gajos – qui dirige alors le concours, en plus d'être délégué général et directeur des études - reconnaît avoir favorisé certains candidats, enfants de personnalités amies ou « haut placées » en en modifiant les notes. Pour ne rien arranger, Jean-Claude Carrière justifie maladroitement ces pratiques de repêchage en évoquant un « usage » fondé sur « le flair » du délégué général et regrette ce qu'il qualifie de « campagne de délation »[77]. La grogne monte parmi les professionnels embauchés par l'école, les élèves s'interrogent sur les méthodes de Gajos, de nombreux journaux se font le relais du scandale, auxquels s'ajouteront des rumeurs sur une supposée dérive de la gestion financière de l'établissement. Le journal L'Express résume ainsi la polémique : « à ce stade, la comédie prend la dimension d'une affaire d'Etat. Assortie d'un conflit cornélien. Comment ne pas nuire à l'excellente réputation de l'établissement ? Comment réparer le préjudice subi par les candidats malheureux ? ». Jacques Toubon demande alors au chef de service de l’inspection générale une mission d’inspection sur la question[78]. Le ministère de la Culture condamne cet abus de pouvoir et Gajos, reconnaissant « une faute grave dont (il) assume toute la responsabilité », donne sa démission le 9 novembre 1993 à la suite du conseil d'administration.

Une nouvelle direction, et de nouvelles tensions

Le cinéaste Jean-Jacques Beineix, Président du concours d'entrée de la FEMIS en 1994

Alain Auclaire, membre du CNC, est nommé directeur de l'école, avec l'obligation d'assainir le concours d'entrée. Dès lors, la présidence du concours est donnée à une personnalité extérieure – Jean-Jacques Beineix en 1994 – et des mesures drastiques sont prises pour éviter toutes fraudes dans le déroulé du concours (anonymat absolu des copies, double ou triple correction, confidentialité renforcée quant au choix des sujets, etc.). Christine Juppé-Leblond, ancienne directrice de la Maison du geste et de l'image (MGI) et ex-épouse du chef de gouvernement d'alors, est nommée déléguée générale avec la mission, s'entend-elle dire par le ministère de la culture, « de nettoyer les écuries d'Augias »[79].

Mais le style de Christine Juppé-Leblond, volontariste et maladroit, déplaît aux étudiants et aux intervenants professionnels. Ses attaques contre le cinéma de la Nouvelle Vague ou contre toutes formes d'expérimentations filmiques déclenchent des levées de bouclier. Son projet d'enseigner la publicité au sein de l'école fait également débat. La direction passe en outre pour être plus familière du ministère de l'Éducation nationale que de celui du la Culture - entraînant quelques suspicions quant à sa possible fusion avec l'école Louis-Lumière et à son éloignement programmé des milieux cinématographiques. La grogne commence à monter chez les étudiants qui dénoncent un manque de dialogue avec la direction, un projet pédagogique flou, ainsi qu'une bureaucratie écrasante. Les élèves de la sixième promotion établissent alors un bilan collectif dans lequel ils critiquent « le manque de contact, de connaissance du milieu professionnel des principaux interlocuteurs directoriaux : responsable du 3e cycle, directeur des études, déléguée générale ». Le rôle de Maurice Failevic, directeur du département Réalisation et Pierre Baquet, directeur des études et adjoint de la déléguée générale, sont en outre remis en cause. Les ressources propres à l'école chutent également à cette même époque, ce qui rajoute à l'agitation générale[80]

André Téchiné (au centre), ancien enseignant à la FEMIS

Le cinéaste Emmanuel Mouret, élève à cette époque, résume le climat délétère qui règne alors dans l'école : « Nous voulions l’école dont nous avions envie. Or, à l’époque, madame Juppé-Leblond (...) faisait essentiellement venir l’un de ses amis réalisateurs à la télévision. À force de protestations, sont intervenus à sa place des gens comme Claude Miller ou Jean-Louis Comolli. »[81]. Mais les tensions ne disparaissent pas entre la direction d'une part et le corps enseignant supporté par les élèves d'autre part. Au mois de mai 1996, les cinéastes Pascal Bonitzer (ancien directeur du département Scénario, démissionnaire après que des élèves ont évoqué son absentéisme répété), Jean-Louis Comolli, Jean Douchet et André Téchiné publient une tribune dans le journal Libération, dans laquelle ils accusent l'école de "conformisme" : « il est à craindre que la FEMIS, par absence de projet pédagogique, par faiblesse de pensée, par ignorance des enjeux présents, ne cède à la tentation de privilégier ce qui gêne le moins : la fabrication d'objets audiovisuels supposés satisfaire un spectateur réduit au rôle de consommateur d'effets, éternel immature avide de sensations fortes ». Les quatre cinéastes estiment que l'école privilégie la professionnalisation et la formation technique à une pensée du cinéma - alors que cette dernière devrait être le privilège d'une école. Ils notent également que « l'actuelle ­et contestée direction de la FEMIS a laissé pour ainsi dire à l'abandon le département réalisation, clé et moteur de l'ensemble de l'école. Sans projet pédagogique, sans plan de travail élaboré, sans objectifs posés, les réalisateurs de la FEMIS ont été abandonnés à eux-mêmes et à la mauvaise fortune de l'école »[82]. Les étudiants leur apportent leur soutien et demandent la démission de la directrice des études[83].

Quelques jours plus tard, Christine Juppé-Leblond exprime, par voie de presse, son désir de se débarrasser des « vieux gourous et des ayatollahs » qui s'arrogent, selon elle, « le monopole de la pensée sur le cinéma ». Ces attaques visent nommément Jean Douchet, chargé d'enseigner l'histoire du ciméma, et Jean Narboni, responsable des cours d'analyse filmique[84]. Ses déclarations sur l'enseignement passent très mal (« Les élèves préfèrent être encadrés, maternés, doudounés. Ils sont très fragiles. Ils réclament un papa. Ils croient être autonomes, mais ils manquent terriblement de maturité : ce sont des étudiants. De luxe, certes. Mais des étudiants quand même » ; « Moi je réponds [aux étudiants] : « Quand tu auras fait La Guerre du feu, coco, tu pourras parler ! »). Ils ne veulent pas être confrontés à un cinéaste qui réalise des films ambitieux. Je leur demande : « Sérieusement, vous avez envie d'être pauvres, de passer aux Ursulines à 10 heures du matin ? ». Chaque élève de cette école coûte 300 000 francs. Pour ce prix-là, on ne va se faire un cinéma de pauvres ! »[85]. Un changement de statut est décidé à la même époque : l'école amorce un virage, passant d'association à un établissement public délivrant un diplôme public. Ce changement ne va pas sans tensions et c'est dans un climat délétère que la direction nommée après Jack Gajos démissionne, en mai 1996.

Une « nouvelle Nouvelle Vague » ?

À la même époque, les premiers diplômés de l'école, entrés en 1986, ainsi que les derniers étudiants de l'IDHEC se font connaître auprès du public sous le terme de « Nouvelle Vague bis » ou de « Nouvelle Nouvelle Vague », expression inventée par l'hebdomadaire Télérama et reprise ailleurs pour désigner cette génération de cinéastes apparue au début des années 1990[86],[87]. Un monde sans pitié d'Éric Rochant, puis La Sentinelle et Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) d'Arnaud Desplechin, Petits Arrangements avec les morts de Pascale Ferran, Rosine de Christine Carrière, Grande Petite de Sophie Fillières, Oublie-moi de Noémie Lvovsky, La Croisade d'Anne Buridan de Judith Cahen, En avoir (ou pas) de Laetitia Masson sortent sur les écrans : « Tous se démarquent du cinéma de la décennie précédente, qui ressemblait fâcheusement - par sa sclérose - à celui des années cinquante. Comme leurs ancêtres de la Nouvelle Vague, ils ont donc décidé de jouer l'invention contre la perfection ; la liberté contre la qualité », écrit Claude-Marie Trémois dans Télérama[88]. Fait rare, et sans doute permis par l'existence de l'école : la plupart des films sont dirigés par des femmes[89]. Les premières promotions de la FEMIS ont même compté plus de filles que de garçons, même si l'équilibre s'est rétabli en 1990[90]. Si certains décèlent dans ces premiers films un renouveau naturaliste et l'expression subtile d'un romanesque désabusé (mettant en scène « la précarité sentimentale de la jeunesse d'aujourd'hui »[91]), l'école se traîne aussi une image élitiste, nombriliste et parisianniste[92],[93]. C'est donc à cette époque qu'on commence à employer l'expression de « style FEMIS »[94]pour qualifier cette esthétique cinématographique.

Un établissement public industriel et commercial (depuis 1998)

De nouveaux statuts

Patrice Chéreau, président de la FEMIS en 2006.

René Bonnell, ancien directeur de la distribution chez Gaumont, directeur et vice-président du StudioCanal est nommé président de l'école, Patrice Béghain en est le directeur[95]. Carole Desbarat, venue de l'ESAV, devient directrice des études[96]. Le climat de tension s'apaise. L'école s'exile pour un an et demi dans les studios de la Plaine Saint-Denis[97], en attendant son emménagement rue Francoeur, dans les anciens studios Pathé qu'il faut mettre aux normes. Les nouvelles technologies numériques font leurs entrées à l'école. C'est à cette époque que l'école est transformée en EPIC, rattachée au ministère de la culture. La FEMIS devient officiellement l'ENSMIS (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), l'appellation "La FEMIS", désormais connue et réputée, est conservée. Sous la houlette du centre national de la cinématographie, l'école obtient le statut d’établissement public industriel et commercial, ce qui lui permet de bénéficier à la fois des subsides de l’État (et donc de frais de scolarité modiques : 229 euros par an) et de la possibilité de développer une activité économique. La loi du 16 décembre 1996[98] et le décret du 13 mai 1998[99] et confient quatre missions à l'école : la délivrance d'une formation initiale et continue validée par un diplôme d'enseignement supérieur, la promotion et la diffusion de la culture cinématographique et audiovisuelle, la coopération avec des établissements français et étrangers, l'édition et la diffusion de documents pédagogiques intéressants les métiers du cinéma[100].

À la rentrée 1999, La FEMIS prend ses quartiers définitifs 6 rue Francœur, dans les anciens studios de la société Pathé situés dans le 18e arrondissement de Paris. Les bâtiments, rachetés 55 millions de francs par la Régie immobilière de la ville de Paris et loués 5 millions de francs par an[97], sont rénovés par l'architecte Yves Lion[101]. L'identité graphique de l'école est confiée à Philippe Apeloig[102]. Les locaux flambants neufs sont inaugurés par Lionel Jospin, Premier ministre, et Catherine Trautmann, ministre de la Culture[103]. L'ENSMIS redevient La FEMIS – dénomination connue et reconnue des professionnels français et étrangers, qu'il fallait conserver. Alain Auclaire prend la présidence de l'école. Gérard Alaux en devient le directeur. Marc Nicolas, proche collaborateur de Jack Lang et directeur adjoint du CNC, lui succédera en 2001. Des stages professionnels sont proposés, des partenariats avec le CNSAD et l'école allemande de Ludwigsburg sont créés, ainsi que des accords d'échange avec l'Université Columbia à New York et la NFTS de Londres. La filière distribution-exploitation ouvre ses portes à la rentrée 2003. L'enseignement évolue : le journal Libération note qu'il est devenu avec le temps « plus pragmatique et ouvert aux expériences »[104]. Le cinéaste et metteur en scène Patrice Chéreau est nommé président de l'école en 2006 - poste dont il démissionnera quelques mois plus tard, en raison d'un emploi du temps surchargé[105]. Claude Miller prendra sa succession en 2007[106].

La deuxième génération de cinéastes

Le cinéaste François Ozon, diplômé de la FEMIS en 1993.
Arnaud des Pallières, diplômé de la FEMIS en 1988.

Comme durant les années 1990, une nouvelle génération de cinéastes issus de La FEMIS émerge sur les écrans au début des années 2000. Plus discrète que la précédente (à la fois par leurs œuvres et la personnalité de leurs auteurs), cette génération rassemble des cinéastes comme Yves Caumon, Jean-Paul Civeyrac, Emilie Deleuze, Solveig Anspach, Arnaud des Pallières, Hélène Angel, Frédéric Videau, Orso Miret, Emmanuelle Bercot, Antony Cordier. Leurs films appartiennent à une veine plus contemplative, mélancolique, voire lyrique que leurs aînés[107]. Ces films ne sont pas non plus dominés par la figure de Paris et la description sociologico-affective d'une génération, mais s'ancrent dans une réalité plus large (le milieu rural ou ouvrier pour Caumon[108] et Cordier[109], la province pour Orso Miret[110] et Des Pallières[111], les paysages glacés de l'Islande pour Anspach[112]). En parallèle et au même moment, émergent des figures plus marginales - bien que « rattrapées », depuis, par une forme plus classique : François Ozon (5e promotion) avec Sitcom et Les Amants criminels[113], Marina de Van (9e promotion) avec Dans ma peau[114], ou Delphine Gleize (9e promotion) avec Carnages[115] imposent dans leurs premiers films un univers plus déluré et fantaisiste, parfois potache ou provocant[116].

Grève de 2009

En mars 2009, la majorité des étudiants de l'école se met en grève en vue d'infléchir les orientations pédagogiques et administrative de l'établissement[117]. Estimant que l'École se noie dans « son administration lourde et l’autosatisfaction de son fonctionnement bien rodé », les étudiants regrettent le manque d'ouverture vers l'extérieur, notamment les autres écoles d'art, et demandent la mise à disposition « des locaux et du matériel à des cinéastes et productions externes ». Le contenu des enseignements - jugé sclérosé, inhibant et trop éloigné du cinéma contemporain - est remis en cause, parce qu'il ne serait pas de nature « à stimuler l’inventivité ». Les étudiants regrettent également « l’élitisme, le cloisonnement des départements et l’individualisme » de leur école, qui dépeint sur leurs propres travaux et leur réputation dans le milieu du cinéma. Le mouvement durera plusieurs mois et sera appuyé par de nombreuses personnalités[118]. En décembre 2009, le Conseil d'administration - dans lequel figurent des anciens étudiants de l'IDHEC comme Pascale Ferran - rend un rapport sur les dysfonctionnements de l'école. Le document, surnommé "Rapport Miller" (du nom du président de l'école), reprend et approuve les griefs formulés par les étudiants, ce qui provoque quelques grincements de dents au sein du personnel de l'école et des équipes pédagogiques[119]. Le département Réalisation cristallise les rancœurs : malgré son prestige et la difficulté pour y entrer, l'enseignement qui y serait délivré ne serait pas à la hauteur des attentes. Dans un article sur la crise que traverse l'école, Télérama souligne que les élèves des autres départements s'en sortent nettement mieux - les élèves du département scénario ayant eu, par exemple, le temps de développer, en quatrième année, un scénario de long-métrage : « on cherche en vain, ces dernières années, le nom d'anciens élèves de la section réalisation au générique des films sortis en salles. En revanche, les sections scénario ou image ont récemment offert quelques noms prometteurs, comme Léa Fehner », explique Télérama, auxquels s'ajoutent Céline Sciamma ou Rebecca Zlotowski, toutes issues du département scénario[93].

Ce mouvement conduit au départ de plusieurs personnalités de l'école, dont Carole Desbarat, la directrice des études ou Marie-Geneviève Ripeau, co-directrice du département scénario. En janvier 2010, sur proposition du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand[120], Raoul Peck succède à Claude Miller, qui est atteint par la limite d'âge, à la présidence de l'école. Marc Nicolas, directeur de l'école, est reconduit dans ses fonctions pour six mois malgré l'hostilité des étudiants à son égard[93]. Frédéric Papon, producteur et ancien coordinateur pédagogique au Fresnoy, et Isabelle Pragier, productrice, sont nommés respectivement directeur des études et directrice adjointe des études, en remplacement de Carole Desbarat[121].

Formations

Les formations offertes par l'École s'organisent comme suit :

La formation initiale

Le cursus principal

Le cursus principal s'organise entre sept départements (réalisation, scénario, production, image, décor, son, et montage) et accueille environ 38 élèves par an (six élèves par département, sauf en décor, où on n'en compte que deux)[122]. Le concours d'accès est à la fois national et international : deux à quatre élèves étrangers sont généralement admis par promotion. La durée des études est de quatre ans[123]. Le passage d'une année à l'autre est automatique et aucun examen, hormis le concours d'entrée et la soutenance du diplôme, ne sanctionne le parcours des élèves.

La première année
Le Conservatoire National Supérieur d'Art dramatique.

La première année (1er cycle) consiste en un enseignement général commun aux sept départements, durant lequel les élèves reçoivent une initiation aux différents métiers du cinéma et peuvent faire l'expérience de chacun des postes de la réalisation d'un film de fiction[104].

Le début de l'année est consacré au tournage d'exercices en vidéo, appelés « 3 minutes », écrits, tournés et montés en un temps extrêmement courts, avec l'obligation de respecter différentes contraintes techniques (utilisation du plan-séquence, forme « sonore » mais non « parlante », etc) ainsi que formelles (recours au flash-back, scénario devant contenir une course-poursuite, etc)[124].

Un exercice « Cadre » est une première sensibilisation au documentaire, à travers le tournage d'un plan-séquence documentaire, fixe et en vidéo, inspiré du dispositif formel propre aux premiers films Lumière.

Un atelier créé en association avec le CNSAD, permet aux élèves de s'essayer à la direction d'acteurs. L'école ayant passé un partenariat avec le Conservatoire, les élèves de cinéma seront amenés à travailler, tout au long de leur scolarité, avec les élèves comédiens[125].

La seconde partie de l'année est consacrée à un exercice appelé « Fiction 16 »[126]. Chaque élève écrit, réalise et monte un film d'une dizaine de minutes en 16 mm. Les élèves sont libres de leur sujet mais il doit pouvoir correspondre à un cahier des charges techniques précis. Les élèves aident à la création du film de leurs collègues, en occupant sur chaque film un poste différent (ils sont ainsi à tour de rôle chef opérateur, cadreur, assistant caméra, électricien, machiniste, ingénieur du son, perchman, mixeur, scripte, décorateur, accessoiriste et régisseur)[127].

La deuxième et troisième année
Photogramme d'une pellicule de cinéma 35 mm.

À partir de la deuxième année les élèves suivent un cursus spécifique (appelé 2e cycle) au département qu'ils ont choisi dès le concours, et qui comprend des cours théoriques, des exercices pratiques, des journées d'analyse de films, des séminaires de réflexion et la réalisation collective de plusieurs films[128],[129]. L'équilibre entre cours et exercices varie selon les départements. Chaque département a sa propre logique et son propre rythme de formation, mais l'ensemble du dispositif pédagogique constitue un réseau professionnel où tous les métiers concourent à la réalisation d'une même œuvre et n'existent que par le travail en équipe[130].

  • Département Réalisation : Les étudiants en réalisation tournent chacun un film documentaire en vidéo en deuxième année. En troisième année, ils tournent un film de fiction en 35 mm auquel participent les autres élèves, au poste pour lequel ils sont formés. Cet exercice en 35 mm consiste à la fabrication d'un film de fiction au sujet libre. Une enveloppe budgétaire définie par l'école et évaluée en fonction d'un film de 10 min est attribuée à chaque élève réalisateur. Cette enveloppe inclut la fabrication de la copie 0 étalonnée, son optique Dolby SR. Les films sont tournés sur 6 jours au maximum. Des ateliers d'écriture, de jeu sont également proposés dans l'année.
  • Département Image : Les étudiants en image participent aux films des étudiants en réalisation en occupant les postes de chef opérateur, caméraman, assistant caméra, ou étalonneur numérique. Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (optique appliquée, physique de la lumière, vidéo et numérique, analyse et perception, technologie des caméras film, technologie des sources lumineuses, sensitométrie, colorimétrie, technologie du laboratoire, transferts, banc-titre, dessin, trucages, Photoshop, After-effects, steadicam, maquillage, ateliers Caméra 35 scope, Digital Betacam et HD). Les étudiants suivent deux stages professionnels (en technologie des caméras et laboratoire)[131].
  • Département Son : Les étudiants en son participent aux films des étudiants en réalisation en occupant les postes de chef opérateur du son (ingénieur du son), perchman, monteur son, bruiteur, ou mixeur. Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (enregistrement sur disque dur Cantar et sur carte mémoire Compact flash, DAT, magnétophones multipistes Dash et Prodigi, psychoacoustique, acoustique physique, électroacoustique, informatique, parcours du signal analogique et numérique, systèmes de synchronisation, surveillance, connaissance des outils, repiquage, autoconformation, machines de montage virtuels, connaissance de l'enregistrement en auditorium, des différents systèmes de reproduction, des standards de diffusion cinéma, des versions internationales et des normes de diffusion télévisuelles.
  • Département Montage : Les étudiants en montage participent aux films des étudiants en réalisation en occupant les postes de monteur ou monteur son. Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (formation Avid, Première, Photoshop, After-effects, ProTools, DD1500 et montage analogique 35mm).
  • Département Décor : Les étudiants en décor participent aux films des étudiants en réalisation en occupant les postes de décorateur, constructeur ou ensemblier. Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (histoire de l'art et du décor, Photoshop, Illustrator, X Press, Vector Works, 3DS MAX/MAYA).
  • Département Production : Les étudiants en production participent aux films des étudiants en réalisation en occupant les postes de directeur de production. Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (grammaires de la production, connaissance du secteur, exercices de tournages).
Le Earl Hall de l'Université de Columbia aux États-Unis.
  • Département Scénario : Les élèves en scénario participent aux films des étudiants en réalisation en occupant le poste de coscénariste. Ils écrivent par ailleurs quatre longs métrages au cours des deux années de formation, dans un temps d'écriture réduit (trois semaines), répondant à des commandes et des contraintes formelles précises (adaptation d'un fait divers, écriture d'un long métrage en anglais, etc). Ils suivent également des cours théoriques et des exercices pratiques (initiation à la dramaturgie, l'art de raconter une histoire, encadrement de l'écriture des fictions 16 du premier cycle, analyses de films).

Des stages sont organisés à l'étranger en partenariat avec d'autres écoles de cinéma, notamment New-York pour les élèves en scénario (qui suivent un atelier d'écriture dirigé par l’auteur de cinéma et de théâtre Israël Horovitz à l'université Columbia)[132], Londres pour les étudiants en décor (qui travaillent sur une maquette de décor de science fiction à la National Film and Television School), ou encore Lausanne pour les élèves en montage (qui montent durant 6 semaines les films documentaires des élèves réalisateurs de l’ECAL)[133].

La quatrième année

La quatrième et dernière année (3e cycle) est consacrée à un travail de recherche personnelle (TFE), qui est la plupart du temps un film (pour les départements réalisation, montage, image, son et décors), un mémoire (pour les départements production, image et son) ou d'un scénario de long-métrage (pour le département scénario)[134], et à la participation aux TFE des autres élèves de la promotion[135]. Les films sont projetés à l'automne à la Cinémathèque française[136].

La filière scripte

La filière scripte accueille 4 élèves[135]. Le concours d'entrée a lieu tous les deux ans. La durée des études est de 28 mois[137],[138]. En première année, les élèves de cette filière participent à l'enseignement commun dispensé à l'ensemble des sept départements. En deuxième année, ils suivent des enseignements spécifiques et rédigent un mémoire au terme de leur scolarité, qu'ils présentent à un jury composé de professionnels en activité.

La filière distribution-exploitation

La filière exploitation forme les futurs directeurs de salles de cinéma.

La filière distribution-exploitation accueille environ 8 élèves : 3 en distribution, 5 en exploitation[135]. Sa durée est de 16 mois[137]. Avec cette filière, ouverte en 2003, la FEMIS conforte son rôle incontournable dans le cinéma français, devenant en même temps qu'une école d'art, une école commerciale de haut niveau pour la formation de cadres et dirigeants d'entreprises cinématographiques sensibilisés autant aux problématiques de l'entrepreneuriat que de la création.

La scolarité est organisée en trois séquences. Lors du premier trimestre, les élèves suivent l'enseignement général commun à tous les autres départements du cursus général. Ils suivent ensuite un enseignement spécialisé (un semestre) et à l'issue de ces enseignements, se consacrent à leur TFE et à un stage (un semestre)[139].

La formation continue

Depuis 1996, La FEMIS propose des ateliers de formation continue aux professionnels de ce secteur qui souhaitent faire évoluer leur carrière ou élargir leur domaine d'intervention en explorant de nouveaux domaines artistiques et techniques. Ces formations ont été mises en place avec différents partenaires à l'échelon international (programme MÉDIA de l'Union européenne), national ou régional (Conseils Régionaux, Centre de production en région). Elles sont pour la plupart conventionnées par l'AFDAS[140].

Les domaines abordés sont :

  • le documentaire (Atelier documentaire et Atelier documentaire européen Achidoc à base d'archives)[141],[142]
  • le scénario (Atelier scénario et Atelier réécriture)[143]
  • la production en Europe (Atelier / Masterclass)[144]
  • les fondamentaux de la réalisation, formation Initiation au cinéma[145]
  • la réécriture de scénario (atelier destiné aux scénaristes et aux auteurs-réalisateurs d'être accompagnés dans la réécriture de leur scénario de long-métrage de cinéma)[146]

En partenariat avec la Fondation Culture & Diversité, La FEMIS a également mis en place un programme d’égalité des chances destiné à des candidats ayant effectué leurs études secondaires dans des lycées relevant de l’éducation prioritaire. Il prend la forme d’une action de sensibilisation aux métiers du cinéma pour les lycéens et d’un atelier durant l’été, consacré à la découverte du monde du cinéma et à la fabrication collective d’un petit film de fiction[147],[148].

L'Université d'été

Depuis 1989, la direction de l’audiovisuel extérieur du ministère des Affaires étrangères et La FEMIS proposent chaque année une « université d’été », ouverte à des étudiants étrangers en cinéma ou audiovisuel ou à de jeunes étrangers professionnels du cinéma de moins de 30 ans. Il s'agit d'un programme sur la pratique du documentaire, qui s’étend sur 9 semaines à raison de 5 jours de cours intensifs par semaine. Les stagiaires, au nombre de 12, sont issus du Maghreb, d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie (sauf Corée du Sud, Japon et Singapour), d’Europe centrale et orientale (hors pays de l’Union européenne), et du Moyen-Orient[149].

L'Atelier Ludwigsburg-Paris

Ce programme d'un an est destiné aux jeunes producteurs et distributeurs, titulaires d'un bac+3 au minimum, issus de l'Union européenne élargie. Les participants suivent 4 séminaires répartis entre Ludwigsburg (Filmakademie de Baden-Württemberg) et Paris (la FEMIS). Cette formation inclut également des sessions de travail aux festivals Premiers Plans d’Angers, Cannes, Londres et Berlin[150].

L'Atelier rassemble chaque année 18 stagiaires : 1/3 de Français, 1/3 d'Allemands et 1/3 issus d'autres pays de l'Union européenne. À la fin de l’Atelier Ludwigsburg-Paris les participants produisent en collaboration avec ARTE, la Filmakademie de Baden-Württemberg et La FEMIS des courts-métrages. Ces films projetés dans des festivals et diffusés sur ARTE[151].

Programme pour l'égalité des chances

En 2008, deux programmes dits « pour l'égalité des chances » sont lancés.

L'un est à destination des lycéens en cours d’orientation. Une présentation de l'école est faite dans soixante-huit lycées français appartenant aux zones d’éducation prioritaires, suivis de rencontres avec les intervenants et les élèves de l'école[152]. L’idée, défendue par Claude Miller, est « de sensibiliser ces lycéens aux études artistiques, leur montrer que c’est à leur portée. Personne ne doit s’interdire de passer le concours de La FEMIS (…) On ne peut plus se contenter de la méritocratie française. On en voit tous les jours les limites. C’est de notre devoir de cinéaste de faire en sorte que le métier soit plus ouvert socialement. »[153].

Le second programme s'adresse à une quinzaine d'étudiants issus de l’éducation prioritaire ou boursiers de l’enseignement supérieur, qui s'engagent à passer les épreuves du concours national. Cet atelier est gratuit et se tient pendant trois semaines dans les locaux de La FEMIS. Les étudiants participent au cours de ces journées à la conception de petits films de fiction, et assistent à des conférences sur le cinéma, son histoire, ses métiers et ses différentes approches[154]. Des rencontres avec des professionnels du secteur et des universitaires sont également organisées (Regis Wargnier, Céline Sciamma, Claude Miller, Alain Bergala, Nicole Brenez en 2010)[155].

Si ce programme d'ouverture repose sur de bonnes intentions, certains doutes subsistent - comme l'exprime Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités - quant à sa véritable efficacité[156]. Le second programme permet aux futurs candidats de se familiariser avec l'histoire et les techniques du cinéma.

Moyens et équipements

Entrée de l'un des plateaux de tournage de la FEMIS

Le coût d'un jour de fonctionnement de l'école s'élève à environ 27 874 euros. Les subventions versées à l'école s'élevaient, pour l'année 2007, à 7,5 millions d'euros - auxquels s'ajoutent les ressources propres de l’école (d'un total de 2,2 millions d'euros) ainsi que la taxe d’apprentissage (800,000 euros)[157].

Les services de l'école sont répartis sur trois bâtiments d'une surface totale de 9 700 m². Elle possède 4 plateaux de tournage de 220 m² en moyenne, qui furent les anciens plateaux de la société Pathé. Marcel Carné y tourna Les Enfants du paradis pendant la seconde guerre mondiale[158], tout comme Robert Bresson pour son film Les Dames du bois de Boulogne[122]. L'école possède également 2 auditoriums numérique de mixage et 3 salles de projections (la salle Jean Renoir de 170 places, la salle Jacques Demy de 60 places et la salle Alice Guy de 20 places), équipées en dolby, DTS, 16-35, double bande, vidéo et dvd[159]. Les étudiants disposent de 11 caméras 16 mm et Super 16, de 4 caméras 35 mm, de 5 caméras Betacam SP, de 5 caméras DSR 300 ou 400, de 29 salles de montage numérique, d'une salle d'essais caméra, d'un laboratoire photo et d'un studio de prise de son[1],[160]. Une dizaine de salles de cours, une salle casting, une bibliothèque-vidéothèque, un foyer et des salles de production sont également à la disposition des élèves. Une menuiserie, employant deux salariés, permet la fabrication de décors[161]. L'école reçoit l'aide commerciale de Kodak, Fuji et Arriflex et le soutien d'organismes tels que l'ADAMI, la SCAM, la SACEM et Procirep[131]. Le budget annuel de la FEMIS s'élevait en 2006 à 9,76 millions d'euros[1].

100 films, de différents formats et répondant à différents enseignements, sont produits chaque année à la FEMIS par les élèves. Un élève, quel que soit son département, réalise en moyenne 4 films durant sa scolarité (parfois nettement plus, s'il est inscrit dans le département réalisation, par exemple)[104].

L'école n'emploie pas d'enseignants permanents mais fait appel à des intervenants professionnels. 300 professionnels en activité sont donc ainsi appelés à encadrer, chaque année, le travail des élèves. Des cinéastes comme Jean-Jacques Annaud, Cédric Klapisch, Christophe Honoré, Tony Gatlif, Xavier Beauvois ou encore Danièle Thompson enseignent ou ont enseigné à La FEMIS. L'école accueille aussi régulièrement des cinéastes étrangers, venus présenter leurs films et répondre aux questions des étudiants. Ce fut par exemple le cas d'Abbas Kiarostami[162], de David Cronenberg[163] ou de Woody Allen[164].

Concours

Le cinéaste franco-géorgien Otar Iosseliani, président du concours d'entrée de la FEMIS en 2000.

Conditions

Le concours de la FEMIS est l'un des concours les plus "lourds" des grandes écoles françaises, tous domaines confondus. Il s'échelonne sur cinq mois environ, de mars à juillet[125], et nécessite plus de 200 correcteurs et jurés, choisis parmi les professionnels du cinéma en activité.

Les inscriptions sont ouvertes aux titulaires d'un diplôme sanctionnant deux années d'études après le baccalauréat (trois pour le concours distribution/exploitation), âgés de moins de 27 ans au 1er janvier de l'année du concours, ou aux candidats âgés de moins de 30 ans au 1er janvier de l'année du concours et pouvant justifier d'une activité professionnelle d'au moins quatre années. Dans les faits, beaucoup d'étudiants reçus ont souvent déjà atteint le niveau bac+3[165]. Les candidats français et européens passent les épreuves du concours national, et les candidats étrangers ne dépendant pas de l'Union européenne passent les épreuves du concours international, organisées dans les ambassades de France à l'étranger)[166]. Chaque candidat doit mentionner dès l'inscription le département qu'il souhaite intégrer.

Tous les candidats doivent être francophones et ne peuvent se présenter plus de trois fois au concours.

Taux de réussite

Romain Goupil, président du concours d'entrée de la FEMIS en 2005.

Le concours national est réputé très sélectif. Un millier de candidats s'inscrivent chaque année au concours général. Les candidats au concours se répartissent environ de la manière suivante : 50 % en réalisation, 15 % en montage, 13 % en scénario, 10 % en image, 5 % en production et en son et 2 % en décor[167].

Le pourcentage d'admis par rapport au nombre de candidats est faible : au total, seuls 3 % des candidats inscrits au concours sont admis à l'école. Dans le détail, le taux de réussite est en moyenne de 1 % pour le très convoité département « réalisation » (pour lequel s'inscrivent presque la moitié des candidats), de 3 % pour le département « scénario » et le département image, de 5 % pour le département montage et le département décor, de 9 % pour le département production et de 12 % pour le département son[168].

La faible proportion d'élèves reçus à l'école est justifiée, selon son ancien président Claude Miller, par le fait que « le secteur du cinéma et de l'audiovisuel en général ne sont que peu créateurs d'emplois nouveaux »[168]. Le directeur de l'école, Marc Nicolas, évoquait effectivement « une volonté de l'État de ne pas former trop de gens à des professions qui ne concernent que 50 000 personnes en France »[163].

Profil des élèves reçus

Aucune formation ou diplôme spécifique n'est requis pour présenter le concours de l'école, si ce n'est l'obligation d'avoir obtenu un diplôme d'Etat équivalant à 2 années d'études. Le profil des élèves est assez hétérogène et le fait d'avoir suivi des études dans un autre domaine que le cinéma n'est pas pénalisant. Les épreuves des départements son et image exigent néanmoins quelques connaissances scientifiques.

44% des étudiants de la Fémis, en moyenne, ont obtenu un baccalauréat littéraire, 46% un bac scientifique, 9% un bac économique et social et 1% un bac technologique.

35% des étudiants sont détenteurs d'un bac+2 en entrant à l'école, 32% d'un bac+3, 21% d'un bac+4 et 12% d'un bac+5.

Pour les étudiants ayant suivi une formation à l'université, 32% d'entre-eux ont obtenu un diplôme en arts du spectacle, 10% en lettres, 5% en arts plastiques, 5% en philosophie, 3% en histoire ou en géographie, 3% en sciences, 2% en communication, 2% en histoire de l'art, 1,5% en commerce ou en économie, 0,5% en droit.

Pour les étudiants ayant suivi une formation dans une école, 17% ont un BTS, 9% des étudiants ont été inscrits en classe préparatoire de cinéma (Ciné'Sup de Nantes), 5% sont déjà passés par une école de cinéma privée, 3% par Sciences Po, 2% par une école d'art, 0,2% par une école d'ingénieur.

Les étudiants de la Fémis sont originaires, dans leur grande majorité, de province (à plus de 75%).

Détails des épreuves

Premier tour (pré-admissibilité)

Les deux épreuves sont communes à tous les candidats, quel que soit le département demandé.

  • Écriture d'un dossier d'enquête sur un thème imposé, parmi trois propositions. Ce document écrit, d'une quinzaine de pages, peut être accompagné d'images (dessins, photographies), de sons (bandes sonores) ou d'un film vidéo. La forme est laissée libre au candidat mais ne doit pas répondre aux règles d'un travail de type universitaire[128].
  • Épreuve sur table d'analyse de séquence. Il est demandé aux candidats d'analyser un court extrait de film projeté au début de l'épreuve (généralement les 10 premières minutes d'un long-métrage de fiction)[122].

Taux de réussite au 1er tour : de 10 % (candidats au département « Réalisation ») à 30 % (candidats au département «Décor»)[167].

Deuxième tour (admissibilité)

Les candidats admissibles au deuxième tour passent les épreuves correspondantes au département pour lequel ils se sont inscrits»[167]

  • Département Réalisation
    • Épreuve de scénario : Écriture d'un synopsis ou d'un projet de scénario, accompagné d'une scène dialoguée, d'après un thème imposé choisi parmi trois propositions.
    • Épreuve de tournage et de direction d'acteurs : Tournage d'une scène dialoguée, imposée et tirée au hasard, avec deux acteurs et un caméraman, sur un plateau de cinéma, en présence de deux jurés.
    • Épreuve de dérushage : Analyse des images tournées lors de la précédente épreuve, et discussion avec deux autres jurés n'ayant pas assisté au tournage.
  • Département Image
    • Épreuve écrite : Connaissances techniques (physique, optique, mathématiques, électricité), culture générale, histoire de l'art et du cinéma.
    • Épreuve pratique et orale : Réalisation d'une planche-contact photographique sur un thème imposé, discussion autour du travail rendu.
  • Département Scénario
    • Épreuve écrite : Écriture d'un synopsis et d'une scène dialoguée, sur un thème imposé choisi parmi trois propositions.
    • Épreuve orale : Invention d'une histoire de scénario et développement à l'oral, sur un sujet imposé tiré au sort.
  • Département Son
    • Épreuve écrite : Connaissances techniques (acoustique, physique, mathématiques, électricité), culture générale, histoire de l'art et du cinéma.
    • Épreuve pratique et orale : Réalisation d'un document sonore sur un thème imposé, et discussion.
    • Épreuve d'acuité et de sensibilité auditive : Analyse technique et artistique de divers documents sonores.
  • Département Décor
    • Épreuve d'élaboration de décor : Réalisation sur table d'un projet de décor (dessins, plans, maquettes) d'après un scénario imposé.
    • Épreuve orale : Discussion ouverte sur les documents fournis lors de la précédente épreuve.
  • Département Production
    • Épreuve unique et orale : Choix d'un projet parmi cinq propositions de longs-métrages imposées au candidat, préparation d'un argumentaire relatif au choix, soutenance du projet, et propositions de production + même procédé concernant un court-métrage, pour lequel le candidat doit proposer un projet de direction de production.

Taux de réussite du premier au deuxième tour : de 30 % (candidats au département « Réalisation ») à 70 % (candidats au département « Son »)»[167].

Troisième tour (admission)

Olivier Assayas, président du concours d'entrée de la FEMIS en 2002.

C'est une seule épreuve orale et publique, avec le président et les membres du jury. Le jury est généralement composé de 7 membres (un réalisateur, un producteur, un scénariste, un mixeur ou ingénieur du son, un directeur de la photographie, un monteur et un chef décorateur). L'épreuve consiste en une discussion libre de 30 minutes sur les projets du candidat, ses motivations, son parcours, sa culture, ses expériences. Le troisième tour s'échelonne sur une dizaine de jours[169].

À l'issue des entretiens, le jury choisit les reçus parmi les candidats du concours général, auxquels s'ajoutent les candidats du concours international. Les candidats reçus ne sont pas classés et n'ont pas connaissance de leurs notes aux épreuves. Ils peuvent les demander à la sortie de l'école, une fois diplômés. Les dossiers et les copies restent la propriété de l'école. Les candidats non reçus peuvent obtenir le détail de leurs notes quelques semaines après la fin des épreuves. L'âge moyen d'un élève admis est de 23 ans. Les promotions comportent généralement un peu plus de garçons que de filles, dans un rapport de 60-40. Les départements «réalisation» et «son» sont traditionnellement plutôt masculins, alors que les départements «scénario» et «décor» sont plutôt féminins.

Taux de réussite du deuxième au troisième tour : de 33 % (candidats au département Réalisation) à 50 % (candidats au département Production, Son ou Décor)[167].

Historique du concours

Année Film proposé à l'épreuve d'analyse de séquence Thèmes proposés pour le dossier d'enquête Président du jury Promotion
1986 L'Aurore - Allemagne, Friedrich Wilhelm Murnau La Porte. L'Argent. La Perspective. Henri Colpi (réalisateur) 1
1987 Monsieur Klein - France, Joseph Losey L'Harmonie. Le Commencement. Le Poison. René Laloux (réalisateur, dessinateur) 2
1988 L'Argent - France, Robert Bresson Les Cheveux. La Rupture. La Honte. Maurice Failevic (réalisateur) 3
1989 Voyage au bout de l'enfer - USA, Michael Cimino La Fête. Les Transports. Lieu(x) de culte. Anne Luthaud (dramaturge, romancière) 4
1990 Nouvelle Vague - France, Jean-Luc Godard La Preuve. Le Retard. La Rumeur. Anne Luthaud (dramaturge, romancière) 5
1991 Gertrud - Danemark, Carl Theodor Dreyer L'Écho. Le Modèle. Le Deuxième. Jack Gajos (président de la FEMIS) 6
1992 Toni - France, Jean Renoir L'Empreinte. Le Monstre. La Vibration. Jack Gajos (président de la FEMIS) 7
1993 Les Nuits blanches - Italie, Luchino Visconti La Peau. Le Vent. L'Intrus. Jack Gajos (président de la FEMIS) 8
1994 Cinq femmes autour d'Utamaro - Japon, Kenji Mizoguchi La Mosaïque. L'Horizon. Le Doute. Jean-Jacques Beineix (réalisateur) 9
1995 Identification d'une femme - Italie, Michelangelo Antonioni Le Déchet. La Transparence. La Colère. Christine Pascal (réalisatrice) 10
1996 L'Impératrice rouge - Allemagne, Josef von Sternberg La Ligne. Le Système. Le Sable. Robert Enrico (réalisateur) 11
1997 Monsieur Verdoux - USA, Charlie Chaplin Le Secret. Le Cri. La Table. Philippe Carcassonne (producteur) 12
1998 Val Abraham - Portugal, Manoel De Oliveira Le Pli. La Racine. La Chute. Jérôme Deschamps (metteur en scène, dramaturge) 13
1999 Le Grondement de la montagne - Japon, Mikio Naruse Le Jardin. L'Ombre. La Spirale. Humbert Balsan (producteur) 14
2000 Blade Runner - USA, Ridley Scott (Le) Noir. Le Vide. Le Parfum. Otar Iosseliani (réalisateur) 15
2001 Good Men, Good Women - Taïwan, Hou Hsiao-hsien La Marche. L'Étoffe. L'Instrument. Cédric Kahn (réalisateur) 16
2002 La Captive - France, Chantal Akerman La Boîte. La Feuille. L'Unique. Olivier Assayas (réalisateur) 17
2003 Femme Fatale - USA, Brian De Palma Le Milieu. La Machine. Le Reste. Benoît Jacquot (réalisateur) 18
2004 Viridiana - Espagne, Luis Buñuel L'Arme. La Vitesse. Le Caché. Emmanuèle Bernheim (romancière, scénariste) 19
2005 Van Gogh - France, Maurice Pialat Le Papier. La Gourmandise. La Frontière. Romain Goupil (réalisateur) 20
2006 Tigre et Dragon - Chine, Ang Lee Le Blanc. Le Chantier. Le Second. Pierre Chevalier (producteur) 21
2007 De la vie des marionnettes, RFA/Suède, Ingmar Bergman Le Voisin. L'Incident. La Main. Bruno Nuytten (directeur de la photographie, réalisateur) 22
2008 L'Enfant aveugle 2, Pays-Bas, Johan van der Keuken Le Geste. Miniature. Le Repas. Abderrahmane Sissako (réalisateur) 23
2009 A History Of Violence, USA, David Cronenberg La Constance. L'Arbre. Classer. Raoul Peck (réalisateur) 24
2010 Brève histoire d'amour, Pologne, Krzysztof Kieślowski L'Attention. Le Lit. Le Fragment. Jean-Paul Civeyrac (réalisateur) 25
2011 Tournée, France, Mathieu Amalric La Fenêtre. Jamais. L'Épisode. Jeanne Labrune (réalisatrice) 26

Statuts

Statut administratifs

Le cinéaste d'origine roumaine Radu Mihaileanu, entré à l'IDHEC aux débuts des années 1980 et membre du C.A de la FEMIS nommé en 2008.

Bien que cet établissement remplisse des missions de service public à caractère administratif (la formation initiale et continue), il a été constitué en établissement public à caractère industriel et commercial par le décret no 98-371 du 13 mai 1998. La FEMIS devient alors École nationale supérieure des métiers de l'image et du son. Son statut a été modifié par la loi du 26 juillet 2005 et par le décret du 3 novembre 2006.

L'école est financée à 75 % par le ministère de la culture, à 14 % par la taxe d'apprentissage et à 15 % par des ressources propres[170]. En 1997, le budget global de fonctionnement de la FEMIS s'est élevé à 44,9 millions de francs, dont 31,5 millions de francs de subventions de fonctionnement du CNC. Transformée en EPIC, elle a bénéficié en 1998 d'une subvention de fonctionnement du ministère de la culture de 31,50 millions de francs. Cette subvention a été inscrite au titre III du budget du ministère de la culture et non plus parmi les crédits du titre IV affectés au CNC[171],[172]. Les dépenses de l'école et ses recettes sont contrôlées en permanence par un contrôleur financier dépendant du ministère du Budget[173]. La FEMIS est soumise pour ses achats à l'ordonnance no 2005-649 du 6 juin 2005 et à son décret d'application no 2005-1742 du 30 décembre 2005.

Le président de l'école est nommé par décret en conseil des ministres. Il exerce sa fonction à titre bénévole. Le directeur de l'école est nommé par arrêté du Ministre de la Culture.

Le Conseil d'Administration de compose de membres titulaires et de membres suppléants. En 2008, Christine Albanel a nommé :

- en tant que membres titulaires : Claire Denis (cinéaste), Radu Mihaileanu (cinéaste), Roxane Arnold (distributrice-exploitante), Pascal Breton (producteur), et Caroline Champetier (directrice de la photographie), Rachid Bouchareb (cinéaste), membres titulaires du conseil d’administration de l'école. Ces quatre derniers sont remplacés les années suivantes par Manuel Alduy (directeur du cinéma à Canal+ ), Jérôme Clément (président d'ARTE France), Karim Dridi (cinéaste), François Ivernel (producteur).

- en tant que membres suppléants : Pascale Ferran (cinéaste), Alain Attal (producteur), Céline Sciamma (cinéaste), Dominique Hennequin (mixeur), Jacques Bidou (producteur) et Emmanuel Giraud (producteur)[174]. Serge Avédikian (cinéaste), Pascal Breton (producteur), Guillaume Canet (cinéaste et comédien), Caroline Champetier (directrice de la photographie), Pierre-Michel Menger (universitaire) et Danièle Thompson (cinéaste) les remplaceront les années suivantes.

Labels

La FEMIS porte le label Enseignement Supérieur Culture (ESC), créé par le ministère de la Culture et regroupant les grandes écoles françaises d'enseignement supérieur consacrées au domaine artistique.

L'école fait également partie du cercle restreint des écoles de cinéma de renommée mondiale, au même titre que la Tisch School of the Arts de l'Université de New York, USC à Los Angeles, la National Film and Television School de Londres, le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, la FAMU de Prague ou le VGIK de Moscou[175],[176].

La FEMIS est membre du CILECT (Centre international de liaison des écoles de cinéma et de télévision)[177] et du GEECT (groupement européen des écoles de cinéma et de télévision)[178]. La FEMIS entretient des liens privilégiés avec les grandes institutions culturelles : la Bifi, les Archives françaises du film, et les cinémathèques en régions. Elle cultive également un partenariat régulier avec les salles d’art et essai, l’agence du court-métrage, la CST, le GREC, la SCAM[130].

Éditions La FEMIS

Conformément à ses statuts, La FEMIS est également une maison d'édition. Les ouvrages édités, vendus en librairie et à l'école, portent essentiellement sur la technique et la pratique cinématographique. Ils sont signés par des professionnels du cinéma ayant enseigné à l'école, comme le monteur Albert Jurgenson (Pratique du montage), le directeur de la photographie Arthur Cloquet (Initiation à l’image de film) ou le scénariste Jean-Claude Carrière (Raconter une histoire). La FEMIS a également participé à des coéditions avec les Cahiers du Cinéma, la Cinémathèque française ou Yellow Now. Elle publie tous les dix ans environ un annuaire de ses anciens élèves ainsi que les annales de son concours[179].

Anciens élèves

Voir catégorie « Étudiant de la Fondation européenne pour les métiers de l'image et du son »

Palmarès

À ce jour, les trois prix les plus prestigieux du cinéma mondial que sont la Palme d'or du Festival de Cannes, le Lion d'or de la Mostra de Venise et l'Ours d'Or de la Berlinale ont été décernés dix fois à d'anciens élèves de l'IDHEC-FÉMIS. Ceci en fait l'école de cinéma la plus récompensée au monde[réf. nécessaire].

Volker Schloendorff, diplômé de l'IDHEC, Palme d'Or en 1979
Laurent Cantet (à droite), Palme d'or en 2008 pour Entre les murs.
  • 1re - IDHEC-Fémis, Paris, France : 3 Lions d'Or, 1 Ours d'Or, 6 Palmes d'Or
  • 2e ex aequo - Beijing Film Academy, Pékin, République populaire de Chine : 2 Lions d'Or, 3 Ours d'Or, 1 Palme d'Or
  • 2e ex aequo - NYU Tisch School of the Arts, NY, USA : 2 Lions d'Or, 2 Ours d'Or, 2 Palmes d'Or
  • 4e - VGIK, Moscou, Fédération de Russie : 3 Lions d'Or, 3 Ours d'Or
  • 5e - FAMU, Prague, République tchèque : 2 Lions d'Or, 3 Palmes d'Or
  • 6e - École nationale de cinéma de Łódź (PWSFTViT), Łódź, Pologne : 1 Lion d'Or, 2 Ours d'Argent, 1 Palme d'Or
  • 7e - Centro Sperimentale di Cinematografia, Rome, Italie : 2 Ours d'Or, 2 Palmes d'Or
  • 8e ex aequo - Dansk Filmskole, Copenhague, Danemark : 2 Palmes d'Or
  • 8e ex aequo - UCLA, Los Angeles, USA : 2 Palmes d'Or
  • 10e - HFF Munich, Munich, Allemagne : 1 Lion d'Or, 1 Palme d'Or

En 2011, le classement des meilleures écoles de cinéma du monde [180] publié par la revue professionnelle de référence The Hollywood Reporter classe La Fémis au 11e rang mondial (3e meilleure école européenne derrière la FAMU de Prague et la NFTS de Londres, 4e meilleure école basée hors des Etats-Unis).


Ces dernières années, de nombreux premiers films signés d'anciens élèves ont été primés. Durant quatre années consécutives, le Prix Louis-Delluc du premier film est allé à un jeune diplômé de l'école : Céline Sciamma en 2007[181], Samuel Collardey en 2008[182], Léa Fehner en 2009[93] et Rebecca Zlotowski en 2010[183]. Plusieurs films de fin d'étude ont reçu un prix de la Cinéfondation au festival de Cannes (Claire Burger en 2008[184] et Vincent Cardonna en 2010[185]) ou le Grand Prix du Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand (Franco Lolli en 2007[186] et Claire Burger en 2008 - qui obtiendra le César du meilleur court-métrage deux ans plus tard)[187].

En 2010, la présentation d'un film de fin d'études d'une étudiante de l'école (Presque normal de Keren Ben Rafaël) dans un festival cairote provoque un incident diplomatique entre la France et l'Égypte. Le Centre culturel français du Caire, qui devait projeter le film dans le cadre de son festival, décide de le déprogrammer à la demande d'un membre égyptien du jury (le réalisateur Ahmed Atef), au motif que sa réalisatrice est d'origine israélienne[188],[189]. L'affaire est portée en haut lieu si bien le Ministère des affaires étrangères doit intervenir pour confirmer un jour le retrait du film, puis son rétablissement le lendemain. Le maintien du film dans la programmation entraîne la démission des membres égyptiens du jury ainsi que le retrait des films nationaux - de nombreux artistes et intellectuels égyptiens s'étant opposés à la présentation de toute œuvre israélienne dans leur pays[190].

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. a, b et c Ministère de la culture, « Culture.gouv n°141 », octobre 2008, p. 16-17. Consulté le 14 février 2010
  2. Souvent précédé de l'article La, avec ou sans majuscule, on trouve aussi l'acronyme écrit sans accent (Femis), sans majuscule (fémis ou femis) ou entièrement en majuscule (FEMIS)
  3. Site officiel de la FEMIS. Consulté le 14 février 2010
  4. ENS Louis Lumière : Francine Levy, directrice sur pixelcreation.fr. Consulté le 14 février 2010
  5. Les enfants gâtés du septième art, par Véronique Radier dans Le Nouvel Observateur du 10 janvier 2008
  6. The classic French cinema, 1930-1960, par C. G. Crisp, Indiana University Press, 1993, p. 206
  7. French cinema : from its beginnings to the present, par Rémi Fournier Lanzoni, Continuum International Publishing Group, 2004, p. 49
  8. French national cinema, par Susan Hayward, Routledge, 2005, p. 37
  9. Selling Hollywood to the World : U.S. and European Struggles for Mastery of the Global Film Industry, 1920-1950, par John Trumpbour, Cambridge University Press, 2007, p. 263
  10. Histoire de la politique du cinéma français, Paul Léglise, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1970, p. 226
  11. The Liberation of France : Image and Event, Harry Roderick Kedward, Nancy Wood, Berg Publishers, 1995, p. 105
  12. Histoire du cinéma, Jean Mitry, Éditions universitaires, 1967, p. 31
  13. Clara Laurent, « Colloque Marcel L'Herbier : redécouverte d'une figure majeure du cinéma du XXe siècle » sur Bifi.fr, 2006. Consulté le 14 février 2010
  14. La bataille du film : 1933-1945, le cinéma français entre allégeance et résistance, Alain Weber, éditions Ramsay, 2007, p. 179
  15. L'art d'Alain Resnais, Alain Fleischer, Centre Georges Pompidou1998
  16. Hollywood, l'ellipse et l'infilmé, Jacqueline Nacache, L'Harmattan, 2001, p. 7
  17. "Gilles Deleuze : voir, parler, penser au risque du cinéma", Dork Zabunyan, Presses Sorbonne Nouvelle, 2006, p. 61
  18. Léon Chancerel : portrait d'un réformateur du théâtre français, 1886-1965, Maryline Romain, L'Age d'Homme, 2005, p. 377
  19. "Jean Epstein", Pierre Leprohon, Paris, Seghers, collection "Cinéma d'aujourd'hui", 1964, p. 60
  20. Le cinéma français dans la guerre froide : 1946-1956, par Patricia Hubert-Lacombe, L'Harmattan, 1996, p. 38
  21. Le Cinéma français dans la guerre froide, Patricia Hubert-Lacombe, L'Harmattan, 1996, (ISBN 2738440428), pp. 97-98
  22. L'Objectif, n°19-20, 22-30 octobre 1948
  23. Le Film français n°307, 22 septembre 1950
  24. Marcel L'Herbier sur Premiere.fr, 12 février 2010 (dernière mise à jour). Consulté le 14 février 2010
  25. L'âge classique du cinéma français, Pierre Billard, Flammarion, 1995, p. 368
  26. The classic French cinema, 1930-1960, Colin G. Crisp, Indiana University Press, 1993, p. 207
  27. The classic French cinema, 1930-1960, C. G. Crisp, Indiana University Press, 1993, p. 209
  28. "Bande à part" par M.-C. Arbaudie, dans Lire, février 1995
  29. The classic French cinema, 1930-1960, C. G. Crisp, Indiana University Press, 1993, p. 208
  30. Cinéma et littérature au Brésil, p. 7, Sylvie Debs
  31. La France et les cinémas d'Amérique latine, Carla Fernandes, Emmanuel Vincenot, Institut pluridisciplinaire d'études sur l'Amérique latine de Toulouse, Julie Amiot-Guillouet, Monique Roumette, Presses Universitaires du Mirail, 2004, p. 77
  32. La francophonie au Viet Nam, Valérie Daniel, Jean Louis Roy, Editions L'Harmattan, 1992, p. 71
  33. Afriques 50, Catherine Ruelle, Clément Tapsoba, Alessandra Speciale, p. 75
  34. Samba Félix Ndiaye, cinéaste documentariste africain, Henri-François Imbert, p. 141
  35. Postcolonial Images Par Roy Armes, p. 89
  36. Biographie de Moufida Tlatli sur africultures.com
  37. Women making art, Marsha Meskimmon, p. 138
  38. Les 24 membres du nouveau gouvernement tunisien sur leparisien.fr du 17 janvier 2011
  39. Le cinéma : entre l'art et l'argent, Pierre-Jean Benghozi, L'Harmattan, 1989, p. 158
  40. L'art de la télévision : Histoire et esthétique de la dramatique télévisée (1950-1965), Gilles Delavaud, De Boeck Université, 2005, p. 48
  41. Philippe Mangeot, Brigitte Tijou, « À qui appartient la télévision ? » sur vacarme.com, 1997. Consulté le 14 février 2010
  42. Sociétés et technologies de la communication - France et pays de langue anglaise, vol. 2, Presses Paris Sorbonne, 1992, p. 22
  43. La Fiction éclatée, Volume 1 : Études socioculturelles, Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audio-visuel, Editions L'Harmattan, 2007,ISBN 2-296-03000-9, p. 89
  44. Une expérience d'école auto-gérée. IDHEC, mai-juin 1969, Cahiers du cinéma n°203, août 1968, pp. 43-46
  45. French Cinema in the 1970s : The Echoes of May, Alison Smith, Manchester University Press, 2005, p. 81
  46. La Fiction éclatée, Volume 1 : Etudes socioculturelles, Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audio-visuel, Editions L'Harmattan, 2007,ISBN 2-296-03000-9, p. 87
  47. Le cinéma français contemporain, René Prédal, Henri Agel, Editions du Cerf, 1984, p. 90
  48. Le nouvel âge du cinéma d'auteur français, David Vasse, Klincksieck, 2008, p. 140
  49. La fiction éclatée : petits et grands écrans français et francophones ; actes du 4e colloque de l'AFECCAV, Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audio-visuel Colloque 04 Lyon, Jean-Pierre Bertin-Maghit, Geneviève Sellier, Colloque, Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audio-visuel, L'Harmattan, 2007, p. 85
  50. "Éphémère 68. À propos de Reprise, de Hervé Le Roux", par Yvette Delsaut, in Actes de la recherche en sciences sociales, Le Seuil, n°158, Mars 2005, pp. 62-95
  51. Le Temps déborde : entretien avec Jacques Rivette (Jacques Aumont, Jean-Louis Comolli, Jean Narboni, Sylvie Pierre), Les Cahiers du cinéma n°204, septembre 1968
  52. Serge Daney, Serge Le Peron, Les Cahiers du cinéma, mai 1981
  53. a et b La fiction éclatée : Études socioculturelles, par Association française des enseignants et chercheurs en cinéma et audio-visuel, dirigé par Jean-Pierre Bertin-Maghit et Geneviève Sellier, L'Harmattan, 2007, p. 95
  54. http://www.cinefil.com/star/jean-michel-carre
  55. http://www.cineclubdecaen.com/analyse/cinemafrancais70.htm
  56. http://www.films-graindesable.com/presentation.html
  57. http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sur_docks/fiche.php?diffusion_id=72926
  58. http://www.arkepix.com/kinok/DVD/MAI%2068/dvd_mai68_3.html
  59. Cinéma engagé, cinéma enragé, Ouvrage collectif, Éditions L'Harmattan, 1998, ISBN 2-7384-6419-X, p. 78
  60. Pour une méthode d'investigation du cinéma de Laurent Cantet : les déplacés, vertiges de soi, Yannick Lebtahi, Isabelle Roussel, Isabelle Roussel-Gillet, L'Harmattan, 2005, p. 23
  61. "Coline Serreau", Brigitte Rollet, Manchester University Press ND, 1998, p. 22
  62. Genre et légitimité culturelle, Delphine Naudier, Brigitte Rollet, Editions L'Harmattan, 2007, ISBN 2-296-03512-4, p. 145
  63. Femmes travesties, Christine Bard, Nicole Pellegrin, Presses Universitaires du Mirail, 1999,ISBN 2-85816-483-5, p. 235
  64. http://www.magazine-litteraire.com/content/recherche/article?id=13360
  65. http://cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr/index.php?pk=13892
  66. Cinema e'elles - 1981/2001, Françoise Audé, L'Age d'homme, 2002, p. 157
  67. http://www.cst.fr/spip.php?article500
  68. Cinema e'elles - 1981/2001, Françoise Audé, L'Age d'homme, 2002, p. 53
  69. Musée du cinéma : Esprit es-tu là ?, François Albera, in Revue 1895 n°43, p. 87-100, juin 2004
  70. La Politique cinématographique de Jack Lang (1981-1986), Céline Cléris, pp. 39-41 [PDF]
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