Fondation Calvet

Fondation Calvet
attribué à Pierre Mignard, La Reine des Amazones

La Fondation Calvet est une institution âgée de deux siècles. Située à Avignon, cet Établissement Public autonome est le fruit de la volonté d'Esprit Calvet[1].

Grand collectionneur et physiocrate de formation, il voua sa vie entière à la médecine et aux arts. Animé par la générosité et une exigence spirituelle, il légua l'intégralité de ses biens à l'institution qui plus tard allait porter son nom.

Constituée comme fondation par Napoléon 1er en 1811[2], organisée par le Conseil d'État en 1823, 1832 et 1833, appelée initialement Bibliothèque Calvet, puis Museum Calvet, puis Musée Calvet, et aujourd'hui à nouveau Fondation Calvet [3]

Aujourd'hui, la Fondation Calvet est chargée en France de la gestion d'un patrimoine artistique. C'est aussi l'un des premiers à avoir donné naissance au concept de musée.

Sa raison d'être : administrer et développer le patrimoine mobilier et immobilier[4] laissé par la succession Calvet. La Fondation gère un fonds mobilier et immobilier important : immeubles, maisons, exploitations agricoles, collections, œuvres d'art, bibliothèques, etc. Les donations et legs se sont succédé par milliers depuis 1811, de provenance locale et internationale (Avignon, Provence, Paris, Champagne, Italie, Grande Bretagne...)

Sommaire

La Fondation Calvet : une institution originale

Entrée du Musée Calvet d'Avignon

Cette institution au statut original, créée sous Napoléon 1er, possède une bibliothèque et plusieurs musées, abrités dans de magnifiques palais et Hôtels particuliers :

  • A Avignon le Musée archéologique, dit « Lapidaire », est établi dans l’ancien collège des jésuites.
  • Le musée du Moyen Age et de la renaissance italienne, avec plus de 700 peintures et sculptures, enrichi du dépôt de la collection CAMPANA, occupe l’ancien Palais des Évêques, dit Petit Palais, face au palais des Papes.
  • Le musée Calvet, proprement dit, est logé dans le très bel Hôtel de Villeneuve. où, parmi bien d’autres collections de grande valeur, est exposé, entre cour et jardin, un florilège des trésors de la grande peinture française, espagnole et hollandaise, de la Renaissance au XXe siècle.
  • Une bibliothèque dite « bibliothèque Calvet » riche de plus de 90.000 ouvrages anciens, à laquelle est jointe le second médailler de France, est abritée actuellement dans le Palais du Cardinal Ceccano.
  • Le musée d’histoire naturelle est situé dans l’hôtel particulier de RAFFELIS-SOISSANS.
  • A Cavaillon un second musée archéologique est installé dans l’Hôtel Dieu.
  • Un musée dit « Jouve » ou musée Comtadin et enfin un grand musée judaïque, situés l’un et l’autre dans l’enceinte de la vieille « carrière » autour d’une des plus belles synagogues de France avec ses bains rituels, sa boulangerie sa bibliothèque et sa boucherie, le tout constituant l’ancien ghetto juif de la ville.


Tout cela est le fruit de la volonté pugnace d’un homme du XVIIIe siècle, Esprit CALVET, esprit, un nom prédestiné pour une si vive et visionnaire intelligence. Son esprit éclairé donna naissance à une œuvre qui perdure depuis deux siècles. La Fondation se composait d'un Conseil d’administration avisé et prudent, où siégeaient les membres des plus illustres familles de la ville. Tous les conservateurs furent animés de la même intelligence, notamment : Esprit Requien, l’ami de Prosper Mérimée -- Henri Fabre, le célèbre entomologiste et Joseph Girard, le père de l’un des actuels Immortels. Leurs implications dévouées ont suscité la générosité de nombreux donateurs et testateurs. Parmi lesquels des noms respectables et mondialement connus, attirés par le sérieux, l’esprit d'indépendance, la stabilité financière et la renommée discrète de l’établissement.

En léguant, en 1810, sa bibliothèque et son cabinet d’antiquités à la ville d’Avignon, Esprit Calvet a pour dessein de créer un établissement indépendant afin que le public puisse admirer les trésors cachés jusque là dans des bibliothèques religieuses ou des cabinets privés. Monsieur Calvet souhaitait en effet que l’institution perdure et que son legs soit sans cesse enrichi de libéralités et d’achats d’œuvres nouvelles. Il dota pour cela sa Fondation d’immeubles de rapport dont les revenus devaient être affectés exclusivement à l’acquisition et à la restauration des œuvres d’art. Ce n'est que progressivement que ces chefs d'œuvre ont pu être présentés dans des espaces qui leur sont dignes grâce à une structure juridique appropriée. Celle-ci est l’œuvre de Calvet lui-même qui l’a conçue librement « sans l’aide de gens de loi », comme il le rappelle dans son testament et que le Conseil d’État traduisit en 1823, avec une merveilleuse concision, dans un règlement approuvé par le ministre de l’intérieur de Louis XVIII; règlement dont les Tribunaux et le Conseil d'État ont constamment sanctionné la violation avec une grande rigueur.

Cet établissement autonome, doté de la personnalité morale, est unique en France. Il est une synthèse pratique d’institutions anciennes et modernes, de droit public et de droit privé, sans idées théoriques ou intentions politiques, en adéquation parfaite avec l’objectif recherché. Son rôle est d'amener les détenteurs de trésors privés à les offrir au public en conservant l’impression de les garder encore un peu pour eux. Sa structure d’encadrement appelé « Conseil des huit » est à deux facettes, l’une privée, représentée par trois exécuteurs testamentaires[5] responsables sur leurs biens personnels, et l’autre, publique, incarnée par cinq personnes nommées par le conseil municipal de la ville d’Avignon. Les uns étant chargés de garantir la volonté des fondateurs, donateurs ou testateurs - un exécuteur testamentaire est en effet un mandataire post mortem - et les autres de représenter l’élite culturelle de leur temps ; tous cependant devant être hommes de « lettres », dans la définition de l’époque ; on pourrait dire aujourd’hui, un homme de morale, avisé, entreprenant et cultivé. Les premiers se renouvèlent entre eux par cooptation, les seconds sont nommés pour dix ans. Le Conseil est présidé par le maire de la ville lorsqu’il vient en séance ; la direction effective et quotidienne étant assurée par le vice président toujours choisi parmi les trois exécuteurs testamentaires, toute délégation étant proscrite. Joseph Girard[6] auteur de l‘histoire de l’institution, a qualifié ce Conseil dans un discours à l’Institut de France en 1933, de « Conseil des trustees », y repérant la notion juridique qui a fait la fortune des grandes bibliothèques et fondations anglo-saxonnes. La Fondation est en effet propriétaire et garant des biens fonciers et artistiques qu’elle possède, mais à charge cependant d’en permettre la jouissance au public. Craignant que les dépenses nécessaires pour abriter les collections et conserver les œuvres ne compromettent un jour la stabilité financière de l’institution, Calvet a imposé - à titre de charge de son legs - que la ville d’Avignon assumât seule l'entretien des bâtiments et du personnel des musées. Il réservait au « Conseil des huit » les ressources foncières, par la disposition et la gestion du parc immobilier, et l’enrichissement des collections dont la garde, la restauration et la mise en valeur étaient confiées à des conservateurs responsables devant lui. Cet équilibre, entre représentation des hommes, répartition des frais et gestion d’immeubles de rapport et d’œuvres d’art, a attiré à la Fondation d’innombrables libéralités qui se sont enrichies des achats effectués à partir de ses propres ressources.

Concrétisant la généreuse idée de son fondateur, l’Institution a ainsi accumulé, durant deux siècles, en restant toujours excédentaire, un patrimoine artistique mobilier et immobilier considérable et de haute qualité sans que les contribuables des villes d’Avignon et de Cavaillon n’aient à en supporter la charge. La Fondation est heureuse de laisser à ces collectivités l'honneur de montrer ses œuvres d'art au plus grand nombre. Les villes bénéficiant ainsi du prestige culturel que ce type de tourisme, en pleine croissance, génère.

Les origines de la Fondation Calvet

Esprit Calvet[7] naquit à Avignon le 24 novembre 1728, il était issu d'une ancienne famille implantée dans la cité pontificale depuis le XVe siècle. Grand collectionneur, Esprit Calvet était très conscient des grandeurs et des faiblesses de la nature humaine et croyait, dans une démarche humaniste, en la perfectibilité de l'homme .

Bien que très attaché à sa bibliothèque personnelle, il souhaita très tôt léguer ses biens au public, pour lui permettre d'accéder aux « Lumières ». Ainsi eut-il l'idée, très avant-gardiste, d'une institution démocratique offrant au public un lieu d'accès à la connaissance.

Naissance de la Fondation

Dans son testament[8], il annexa à la bibliothèque ses cabinets de médailles anciennes, son mobilier personnel, sa collection d'histoire naturelle et l'intégralité de ses biens immobiliers. Il exigea la création d'un Conseil dit « des huit » chargé d'administrer ses biens. C'est ainsi que naquit ce qui devait, au-delà peut-être des espérances de son fondateur, pérenniser son œuvre en devenant la « Fondation Calvet ».

Promise à un glorieux avenir

Avec le temps, avec les legs, donations, acquisitions et dépôts successifs, la Fondation allait s'accroître pour finir par abriter, dans les plus prestigieux immeubles d'Avignon et de Cavaillon, plusieurs musées importants, couvrant tous les domaines de l'art. Grâce au travail quotidien de ses administrateurs et des conservateurs, grâce aussi au soutien sans faille de la commune d'Avignon depuis près de deux siècles, la Fondation est aujourd'hui l'un des fleurons culturels de la ville, de la Provence et de la France.

Esprit Calvet avait également instauré par testament un concours de dessin biennal. Destiné aux jeunes gens de la ville d'Avignon de moins de 24 ans, il propose des prix intéressants. Les thèmes varient chaque année (par exemple en 2009 : "le paysage dans l'œuvre", en 2011 "Hommage aux peintres Vernet").

Le fonctionnement de la Fondation Calvet

La Fondation fonctionne selon les volontés testamentaires de son donateur[9]

L'organisation - avec les charges publiques qu'elle implique - proposée par Esprit Calvet est acceptée par un décret impérial signé de Napoléon 1er[10] et les statuts de la Fondation sont codifiés en 1823 par le Conseil d'État.

La gestion de la Fondation est assurée par un Conseil d'Administration[11]. Ce conseil groupe, sous la présidence du Maire d'Avignon, cinq représentants de la ville et trois exécuteurs testamentaires privés qui, ne pouvant être ni fonctionnaires, ni élus, se renouvellent par cooptation[12].

Les exécuteurs, tout en participant à la gestion de la Fondation, ont pour mission de garantir les donateurs et testataires de l'application exacte des volontés d'Esprit Calvet et d'en contrôler la stricte exécution. Ils doivent vérifier que la ville d'Avignon s'acquitte de ses charges, et notamment de l'entretien de tous les bâtiments de la Fondation. Les premiers exécuteurs testamentaires furent nommés par Esprit Calvet lui-même. Depuis, ils se renouvellent entre eux par cooptation. Les conditions de sélection sont claires et simples. Être avignonnais et résider à Avignon sont naturellement des conditions de base.

Le Conseil "des huit" (avril 2011)
  • Président : Marie-José Roig, maire d'Avignon
  • Vice-président : Bertrand Lapeyre, exécuteur testamentaire
  • Jacques Vernet, exécuteur testamentaire
  • Philippe de Cours de Saint Gervasy, exécuteur testamentaire
  • Thierry de Chirée, administrateur
  • Gérard Guerre, administrateur
  • Chantal de Saint-Priest d'Urgel, administratrice
  • Hélène Bout, administratrice
  • Dominique Peyronnet, administratrice

Le Patrimoine de la Fondation Calvet

Les Musées, bibliothèques et médaillier de la Fondation Calvet

La Fondation Calvet est propriétaire des œuvres de plusieurs musées, bibliothèques et d'un médaillier[13] :

  • Le Musée Calvet[14]
  • Le Musée Lapidaire[15]
  • Le Musée du Petit Palais[16]
  • Le Muséum Requien[17]
  • Musées et patrimoine de Cavaillon[18]
  • La bibliothèque et le Médaillier Calvet[19]
  • Les bibliothèques Calvet[20]
  • La bibliothèque Requien[21]

Un patrimoine foncier de rapport

Esprit Calvet avait compris que, pour garantir son indépendance et sa pérennité, la Fondation devait être dotée d'un important patrimoine foncier de rapport. Ce patrimoine est composé actuellement de plusieurs dizaines d'immeubles urbains et ruraux, dont les revenus actuels de plusieurs centaines de milliers d'euros lui permettent d'acquérir chaque année des œuvres nouvelles pour enrichir ses collections.

Cette situation unique en France a été voulue par le fondateur, Esprit Calvet, il y a près de 200 ans. Elle s'avère aujourd'hui particulièrement en avance sur son temps.

En voici quelques exemples :

  • Hôtel de Forbin La Barben, dit Hôtel Marcel Puech
  • Le Collège d'Annecy
  • Le Domaine de La Mayne et des Icards

Un patrimoine mobilier et immobilier éblouissant

Les collections et bâtiments légués ou donnés à la Fondation depuis le XIXe siècle renforcent la réputation internationale de la ville. Riches et variés, ces édifices et les œuvres qu'ils abritent constituent le pendant culturel du Palais des Papes. Ils sont devenus, pour l'amateur d'art et pour le touriste éclairé, aussi célèbres que le fameux Pont d'Avignon. Ils témoignent de la place qu'occupe, dans le domaine de l'esprit et de l'art, la cité pontificale et la Fondation Calvet.



Notes et références

Voir aussi

Liens externes



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fondation Calvet de Wikipédia en français (auteurs)

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